vendredi 11 avril 2014

Nicolas de Staël (1914-1955) - Nature morte au marteau


Nicolas de Staël (1914-1955)
Nature morte au marteau (1954)
Collection privée

Ce que l'on voit : une masse noire de laquelle se détache un aplat banc sur la droite, un autre aplat gris foncé difficilement identifiable au-dessus d'un marteau clairement dessiné à la force d'une pointe qui trace des sillons blancs dans la matière noire. La nature morte aurait pu s'appelait Nature morte au verre, ce n'est pas le titre que Nicolas de Stael choisira, lui préférant la silhouette du marteau tracée à la pointe sèche dans la peinture, qui joue ici le rôle du couteau dans le langage de la nature morte classique.  Un certificat de Monsieur Jacques Dubourg en date du 28 avril 1955 accompagne l'œuvre : " Nicolas de Staël poursuivait ses nouvelles recherches. Les innombrables natures mortes, les paysages qu'il peint alors apparaissent comme autant d'exercices où le peintre tente d'appréhender au travers d'un style tout traditionnel les objets pour les situer dans l'espace avec autant de force qu'auparavant. Mais cette véhémence naît maintenant de la transparence, troisième dimension du tableau où s'organisent les ponctuations rythmées de l'ombre et de la lumière. Staël utilise les éléments les plus conventionnels de la nature morte, la diagonale du couteau, la plage lumineuse de la palette, les jeux mélodieux de bouteilles pour traduire, comme par le clair-obscur de ses paysages, le mystère et l'angoisse. " 

Rappel biographique : Le peintre français  d'origine russe Nicolas de Staël, né baron Nicolaï Vladimirovitch Staël von Holstein,  est issu d'une branche cadette de la famille de Staël-Holstein. Plus d'un demi siècle après sa mort, il reste l'un des peintres les plus marquants du 20e siècle posant un problème aux historiens de l'art qui ne savent pas dans quelle catégorie le classer,  ce qui doit le réjouir post mortem, lui qui détestait les catégories et les courants.
La réinvention de la figuration opérée par Staël a été mal comprise alors qu'elle anticipait d'une vingtaine d'année l'évolution générale de l'art. Il a « retrouvé le visible sans renoncer aux possibilités expressives et à la liberté d'action qui définissent la peinture contemporaine»  alors que Paris perd sa place de capitale des arts, dès les années 1960, sous l'effet du marché de l'art et de la surenchère : " on y est devenu incapable de discerner le pastiche de l'original " selon Umberto Eco.
Selon Marcelin Pleynet et Michel Seuphor : « ...il faut tenir compte de Nicolas de Staël, vu et revu souvent avec et travers l'avant-garde américaine de années cinquante. Ces nouveaux mouvements d'abstraction suivent le cheminement de Staël, délaissant la peinture gestuelle pour une peinture brossée, voir maçonnée ».
Peu exposé de son vivant, son œuvre a donné lieu à de nombreuses manifestations posthumes qui ont confirmé sa stature sur le plan international. " Staël fut le plus puissant créateur de sa génération dans l'École de Paris de l'après-guerre, sur laquelle il a exercé une forte influence Il a été le premier à dépasser l'antinomie  abstraction-figuration ".
Nicolas de Staël meurt à 41 ans en se jetant de la terrasse de l'immeuble où il avait son logement et un de ses ateliers à Antibes. L'ensemble de son oeuvre s'étend sur 15 années. Il a peint, à partir de 1952, plusieurs natures mortes dont quelques unes sont aujourd'hui conservées et exposées au Musée Picasso d'Antibes à quelques pas de son ancien atelier. Plusieurs sont présentées sur ce blog.

2014 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 

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