samedi 16 août 2014

Juan van der Hamen y Leon (1596-1631) - Peras en un plato de plata

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Juan van der Hamen y Leon (1596-1631)
Peras en un plato de plata
Colección privada

Que voit-on ?  Un plateau en argent dans lequel sont posées à peu près deux douzaines de poires à tous les degrés possibles de maturité. A cette époque là, dans la symbolique des natures mortes, la poire est associée à Vénus. Sa forme féminine et sensuelle est la métaphore de l’amour et de la maternité, la déesse Athéna étant considérée comme la mère des poiriers dans la Grèce antique. Les chinois voient dans le poirier un symbole de longévité, tandis que pour les chrétiens, il est l’expression de l’amour du Christ pour l’Humanité.  Nous sommes donc là - avec une ambigüité malicieusement cultivée par Van Der Hamen - soit devant un tableau qui symbolise l'incommensurable amour du Christ pour le genre humain, soit -  plus vraisemblablement étant donné la forme particulière de ses poires très proches de la forme de seins de femme -  en présence d'un ode à la féminité ...servie sur un plateau.

Rappel biographique : le peintre espagnol Juan van der Hamen y Leon (1596-1631) est surtout connu pour ses natures mortes et ses bouquets de fleurs bien qu'il ait peint également des motifs religieux, des paysages et des portraits. Influencé autant  par Juan Sanchez Cotan que par la peinture flamande de Frans Snyders dans ses premières natures mortes, il opta finalement pour un naturalisme plus italien et introduisit beaucoup de fraîcheur dans ses compositions. Sa touche est d'une grande délicatesse et d'un absolue précision. Van der Hamen emprunte à Sánchez Cotán le style apparemment sobre de ses compositions mais aussi cette façon systématique de détacher les objets sur un fond sombre et de les éclairer d'une  lumière puissante. Les arrangements en quinconces et les ombres portées renforcent l'impression de précision et révèlent que ces compositions sont finalement tout sauf simples ! A partir de 1626, Van der Hamen peint des natures mortes plus complexes que ses premières en plaçant les objets sur différents niveaux. Ce type de composition que l'on retrouve à Rome au début des années 1620  dans les œuvres de Tomasso Salini et d'Agostino Verrocchi, était déjà présent dans les natures mortes de l'Antiquité que l'on découvrira à Pompei et Herculanum au 18e siècle. Les natures mortes de Juan van der Hamen ont exercé une grande influence sur ses contemporains comme Francisco de Zurbarán et plus tard chez des peintres comme Antonio Ponce et Juan Arellano. Une des caractéristiques de la peinture de Van der Hamen, pour laquelle il était surtout connu de son vivant,  résidait dans la représentation des coûteuses et luxueuses verreries de Venise ou d'Allemagne. Très préoccupé par l'agencement harmonieux des objets et la représentation précise des textures et des lumières, Van der Hamen livre toujours des compositions très géométriques où les cercles et les sphères ont un rôle primordial (comme c'est le cas ici). Contrastant avec cette sévérité géométrique, l'artiste dispose souvent ses objets sur les bords des structures ou sur des escaliers en pierre, en faisant ainsi varier leur distance à partir de la source lumineuse. Les objets représentés, fruits légumes, bois, terre cuite, et  cristaux sont  toujours magistralement rendus avec une science de la répartition des couleurs, des ombres, des reflets et des lumières qui en font un maître d'une sensibilité incomparable.

2014 - A Still Life Collection 


Un blog de Francis Rousseau

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