lundi 16 février 2015

Alexandre-François Desportes (1684-1743) - Fleurs, fruits, animaux et gibier et un beau chien blanc



Alexandre-François Desportes (1684-1743)
Fleurs, fruits, animaux et gibier et un beau chien blanc.
Musée des Beaux-Arts d'Angers

Que voit-on ?  comme souvent dans les tableaux de Desportes, nous sommes à l'extérieur. La balustrade, l'oranger  en  fleurs et le rosier dans un potiche en terre cuite atteste que nous sommes sur le perron d'une riche demeure du sud. Ce que l'on voit d'abord est un grand et magnifique chien blanc qui est un " Porcelaine ", une race française de chiens de chasse (55 à 58cm au garrot pour le mâles, 53 à 56cm pour les femelles)  rapide et spécialisée pour le lièvre. Il s'agit probablement de la plus ancienne race de chien originaire de Franche Comté. Il serait descendant des grands Saint-Hubert blancs de Lorraine, eux-mêmes descendants des chiens blancs du roy, utilisés dans les meutes royales par  François 1er.  Ce chien porcelaine est indubitablement le personnage central de cette nature morte avec le grand  lièvre qu'il vient probablement de chasser (à gauche du cadre) et qui semble valser dans les airs, ne reposant sur aucun support.  Un faisan et une perdrix gisent sur la marche supérieure du perron entourés d'un melon tranché, de pêches, de poires et d'une multitude de figues fraîches sagement rangées sur la marche inférieure. Un chat, autre personnage de la toile, ne sachant plus où donner de la tête, ne la perd cependant pas totalement, observant la scène caché sous la potiche qui abrite le rosier, à l'abri du chien qui ne semble pas l'avoir en amitié, à une portée de patte du faisan, mais beaucoup plus intéressé par l' oiseau bien vivant qui gazouille inconscient du danger sur la balustrade sous l'oranger !  Mais comment y accéder avec ce chien porcelaine tout puissant qui trône au centre de la composition ?!!

Rappel biographique :  le peintre français Alexandre-François Desportes est le maître incontesté de la peinture animalière au 17e et 18e siècle. Ce genre était considéré fort injustement avec la nature morte, comme une sous catégorie pictural, ce qui n'empêcha ni Louis XIV ni Louis XV de faire largement appel à Desportes pour peindre leurs chiens favoris.  Elève de Frans Snydersil s’est  largement imprégné de la tradition flamande. Portraitiste à la Cour de Pologne au début de sa carrière, il  rejoint la Cour de Versailles à partir de 1700 et ne la quittera plus jusqu'à sa mort. Il exécute de nombreux tableaux décoratifs pour orner les demeures royales (Versailles, Marly, Meudon Compiègne, Choisy...) et devient  peintre des chasses et de la meute royales pour Louis XIV puis pour Louis XV. Lors des chasses royales, Desportes suit le roi et Saint Simon rapporte :  « qu’il allait même d’ordinaire à la chasse à ses côtés, avec un petit portefeuille pour dessiner sur les lieux leurs diverses attitudes, entre lesquelles le roi choisissait, et toujours avec goût, celles qu’il préférait aux autres. »  La nature morte n'entre dans l'art de Desportes que très épisodiquement et uniquement pour son aspect décoratif et la mise en scène dont elle permet d'entourer les peintures de gibiers et d'animaux morts ou pour rehausser les portraits des chiens royaux.

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