dimanche 18 octobre 2015

Jacob Foppens van Es (1596-1666) - Nature morte au pichet, au citron, à la pivoine et au verre de Venise

Jacob Foppens van Es (1596-1666) Nature morte au pichet, au citron, à la pivoine et au verre de Venise Huile sur toile, 38,8 x 56,2 cm Musée des Beaux-Arts de Valenciennes


Jacob Foppens van Es (1596-1666)
Nature morte au pichet, au citron, à la pivoine et au verre de Venise
Huile sur toile, 38,8 x 56,2 cm
Musée des Beaux-Arts de Valenciennes


Que voit-on ?  De gauche à droite, sur une table en bois recouverte au trois quart d'un linge vert : deux pivoines roses dont l'une repose sur le bord d'un plateau d'argent avec une tige et des feuilles traversant le plateau de part en part. Le centre du plateau d'argent reposant lui-même sur le bord de la table est occupé par deux citons : l'un entier, et l'autre en moitié dont le zeste déborde du plateau et la table(effet qui donne la profondeur de champ). Un verre de Venise très précieux et vide de tout contenu occupe le fond du tableau et l'éclaire alors qu'un couteau débordant de la table accuse la perspective. Un pichet en porcelaine à couvercle d'argent ferme la composition de toute sa hauteur sur la droite du tableau.
L'influence des maîtres espagnols n'est sans doute pas étrangère à la relative sobriété de cette nature morte qui ne comporte que 8 objets. Très symbolique, cette nature morte épicurienne est une ode à la fragilité de la condition du vivant. Les éléments posés en équilibre les uns sur les autres et le citron coupé et pelé en sont les symboles les plus évidents, les plus utilisés dans les natures mortes de cette époque, matérialisant à la fois la fragilité mais aussi l'amertume de l'existence humaine  La pivoine, fleur connue pour sa beauté mais aussi pour sa fragilité, est l'autre symbole de cette ode avec le verre de Venise, lui aussi si pur, si délicat et si fragile. Le pichet, le plateau d'argent et le couteau, sont  là pour inviter le spectateur à profiter de ce qui lui est offert, tant qu'il en est encore temps... Au contraire des autres natures mortes que nous connaissons de van Es, cette Nature morte au pichet, au citron, à la pivoine et au verre deVenise nature morte au fruit met en scène relativement peu d'éléments par rapport aux compositions quelquefois très surchargées de ses contemporains. Il n'y a  pas  non plus d'insectes ou de papillons comme Van Es aime en placer dans presque toutes ses propres compositions, ce qui pourrait révéler sur un problème d'attribution. C'est assez souvent le cas dans les natures mortes de cette période.


Rappel biographique : Jacob Foppens van Es est un peintre né à Anvers dans les Pays-Bas espagnols, spécialisé dans les peintures de repas, les natures mortes et les fleurs, comme bon nombre de peintres flamands de cette époque. Les données biographiques sur la vie de Jacob Foppens van Es sont rares. L’inscription sur un portrait de Foppens van Es gravé par Venceslas Hollar d’après un tableau de Joannes Meyssens indique qu’il est né à Anvers. En 1617, il devient maître de la Guilde de Saint-Luc à Anvers. Le fait qu’il n’ait pas été inscrit comme élève à la Guilde avant de devenir maître indique qu’il s’est probablement formé en dehors d’Anvers. Au moment de son enregistrement en tant que maître à Anvers, il était déjà marié à Joanna Claessens avec qui il avait un fils appelé Nicolaas. Nicolaas devint maître de la Guilde en 1648. Son succès en tant qu’artiste est attesté par la présence de ses oeuvres odans de nombreuses collections anversoises au 17ème siècle. Même l’inventaire du principal peintre baroque flamand Peter Paul Rubens comprenait deux de ses œuvres. Jacob Foppens van Es jouissait d’un statut élevé parmi les plus grands artistes anversois et a été actif pendant 50 ans. Jacob Foppens van Es fut un artiste très prolifique. Environ 125 de ses œuvres sont parvenues jusqu'à nous , toutes signées de son nom complet « I. (ou IACOB) VAN ES ». Mais étant donné qu'il ne datait jamais ses œuvres, il est impossible aujourd'hui de retracer la chronologie de sa production et l’évolution de son travail. Ses natures mortes décrivent généralement une accumulation d’objets sans rapport entre eux, posés sur un plan fortement inclinée, la principale préoccupation du peintre semblant être non pas la signification des symboles mais la réalisation de couleurs riches. Ses natures mortes sont dites "archaïsantes" sur le modèles de celles des grands maîtres flamands Osias Beert et Clara Peeters. Certaines subissent directement l'influence de Floris van Schooten.

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2015 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau

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