vendredi 27 novembre 2015

Blas de Ledesma (1546-1614)



Blas de Ledesma (1546-1614)
Bodegon de esparragos, limones et alcachofa (1617)
The Bowes Museum

Que voit-on  ? Cette petite nature morte représente l'un des thèmes favoris de l'artiste qu'il a peint a plusieurs reprises, l'association de citrons, d'artichauts et d'asperges  Selon la nature morte qu'il doit peindre, ces mêmes éléments sont arrangés selon un ordre précis et une mise en scène chaque fois différente. Ici on remarque que tous les éléments sont disposés selon un ordre très symétrique dans un seul et unique bol en porcelaine de Chine encadré par deux citrons entiers disposés sur un petit entablement de bois sombre. A l'intérieur du bol, artichauts et citrons sont alternés et encadrés par deux bottes d'asperges plantées à la verticale, ce qui est assez fréquent chez Blas de Ledesma. La symbolique est évidemment très forte et - autant le dire tout de suite - entièrement orientée autour de l'érotisme, à commencer par l'artichaut. Hiéroglyphe représentant la fragilité humaine, dans l'Egypte des pharaons, cette nourriture réputée aphrodisiaque, change de signification au 16e siècle où il est de nouveau présent dans les traités botaniques pour représenter cette fois l’espèce rare, l’exotisme et l’extravagance, le caprice de la nature attirant par sa saveur et curieux par son aspect. Idem pour les asperges dont Pline l’Ancien rapporte qu'une très ancienne légende les considéraient comme étant  " le produit de cornes de bélier enterrées dans la terre ". Cet animal étant l’un des symboles de la puissance sexuelle,  les érudits antiques attribuèrent très tôt à l’asperge des pouvoirs aphrodisiaques, sachant que lorsqu'elles sont dressées comme ici, l'allusion à l'organe sexuel masculin est encore plus évident. Quand aux citrons présents en grand nombre dans cette nature morte (ce qui est assez inhabituel), les antiques les considéraient comme le symbole de la fidélité amoureuse. Ainsi Vénus, pleurant la mort d’Adonis demande qu’il soit transformé en arbre pour continuer à pouvoir honorer sa mémoire et le couvrir elle-même de fleurs blanches et de citrons en faisant,  par là même, l’ornement du jardin des Hespérides. Cette nature morte raconte donc l'histoire d'une grande, très grande fidélité amoureuse  (vu le nombre de citrons!)... et sexuelle.

Rappel biographique : le peintre espagnol Blas de Ledesma fait partie des peintres de nature mortes ls plus importants d'Espagne au 17e siècle.  Sa biographie est très mal documentée et comporte beaucoup de zones d’ombres et de confusions. Ainsi l’a-t-on confondu longtemps avec un certain Blas de Prado, qui a peint des natures mortes de qualité assez médiocres. Ce que l’on sait de façon certaine c’est que Blas de Ledesma a travaillé  à Grenade en 1602 avec Pedro de Raxis sur le dôme qui couronne le grand escalier du monastère de Santa Cruz Real  En 1606, on retrouve sa trace à Andújar (Jaén) où il réalise la peinture de l'une des voûtes de l'église Santa Maria. Il est référencé comme  peintre muraliste par Francisco Pacheco, qui le cite avec beaucoup de compliments,  comme le principal introducteur des grotesques dans les fresques du  Palais de L'Alhambra. En 1614, on retrouve Ledesma à Grenade encore , où il réalise la voûte en plâtre de la salle Mocárabes de l'Alhambra et divers travaux dans la cathédrale.
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