dimanche 14 février 2016

Emmanuel Sougez (1889-1972)




Emmanuel Sougez (1889-1972)
Nature morte avec linges, 1935
BnF, Estampes et Photographie, Paris

Que voit on ?  Les natures mortes de Sougez répondent à une fascination visuelle pour la répétition d'un même motif. Qu'il s'agisse de piles de linge, de sardines disposées en rond, ou de bouteilles alignées, la multiplication d'objets simples et leur organisation en ensembles graphiques élaborés les détachent de leur trivialité fonctionnelle pour en dégager une esthétique élémentaire. Dans ses nombreuses natures mortes, Sougez cherche à atteindre une certaine perfection des formes : mises en lumière avec soin et prises à la chambre pour un meilleur rendu des nuances, ses compositions épurées ne laissent rien au hasard. Par leur agencement, le photographe soumet les éléments choisis aux lois de l'équilibre et des contrastes optiques.

Rappel BiographiqueJeune étudiant aux Beaux-arts de Bordeaux, Emmanuel Sougez voit bientôt dans la photographie le moyen de circonvenir le risque d'un éventuel insuccès artistique. L'histoire de la photographie est heureusement riche de ces détournements de vocations, et Paris puis Lausanne offrent à Sougez les moyens de ses ambitions. Dans les studios qui l'emploient, il perfectionne une pratique de l'image appliquée à la publicité et l'illustration.
Par le hasard d'une rencontre, Sougez est conduit en 1926 à fonder le service photographique du journal l'Illustration. Devenu acteur important du Paris photographique, il contribue par ailleurs à perfectionner un système de prise de vue en couleur : le procédé Finlay.
Dans la florescence éditoriale de l'entre-deux guerres, Emmanuel Sougez publie dans la revue Arts et Métiers Graphiques, éditée par l'indéfectible Charles Peignot. Les plus grandes signatures, Kertész, Man-Ray, Krull, Moholy-Nagy s'y expriment et cet illustre voisinage finit d'asseoir sa renommée.
Expositions et succès critique s'enchaînent. En 1937, Emmanuel Sougez participe à l'émergence du groupe Le Rectangle, qui défend une photographie technique, professionnelle et maîtrisée. Pourtant, la situation de la France occupée, dans le conflit mondial, jette sur l'entreprise un voile de malentendu qui s'estompera en 1946 avec la fondation du Groupe des XV.
Adepte des grands formats, rigoureux à la prise de vue comme au tirage, et créditant l'objet de sa photographie d'un équilibre et d'une exactitude formels intrinsèques, Emmanuel Sougez peut s'inscrire dans le grand courant de la photographie objective, qui s'étendrait d'Albert Renger-Patzsch à Edward Weston. Puriste par ferme conviction il n'a de cesse de pratiquer la photographie qu'en " ennemi du hasard ".




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