dimanche 13 mars 2016

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - Pot en étain, panier de pêches, prunes et noix (1750)

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) Pot en étain, panier de pêches, prunes et noix (1750) Staatliche Kunsthalle, Karlsruhe.


Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
Pot en étain, panier de pêches, prunes et noix (1750)
Staatliche Kunsthalle, Karlsruhe.

Que voit-on ? Dans la conception de Chardin, le premier acte de l’artiste était la mise en scène de la lumière, de façon à obtenir un cône d’éclairage, de lumière du jour, provenant d’en haut à gauche et descendant vers la droite, pour aboutir sur une dalle de pierre, comme c'est le cas dans cette nature morte. Tandis que l’arrière-plan à gauche reste ainsi dans l’ombre, la partie droite reçoit un éclairage indirect et diffus, réfléchi par cette dalle, ce qui permet de distinguer parfois un mur ou une niche. Mais ce mur de fond, Chardin fait en sorte que nous ne puissions pas en évaluer la distance exacte.
Dans le cône lumineux lui-même, il dispose à l’évidence les objets de manière à ce que chacun d’eux soit touché par la lumière et la reflète dans son propre alentour. Ici  les différences évidentes des matières et des reflets métalliques pour le pot en étain et satinés pour les peaux des fruits, créent une sorte de halo diffus qui baigne toute la toile. C’est peut-être ce phénomène de halo que Diderot évoquait  quand il écrivait  a propos des toiles présentées au Salon de 1763 : « D’autres fois, on dirait que c’est une vapeur qu’on a soufflée sur la toile. »
Le cône de lumière de Chardin est aussi limité vers l’avant de la scène. Les côtés en bas des tableaux se perdent progressivement dans l’ombre. De ce fait, le groupe des petits objets se manifeste comme une île lumineuse dans un espace profond, où l’ombre n’est ja-mais noire, mais toujours pleine d’une douce luminosité dorée c'est le cas ici du groupe formé par les noix à gauche. C'est ce que Diderot qualifiait d' «air circulant autour de ces objets! »

Rappel biographique : Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, Chardin est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre. Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres. Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1750-1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux  effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.

2016 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.