vendredi 16 décembre 2016

Jean Lurçat (1892-1966) - Nature morte à la guitare et au plat au coq


Jean Lurçat (1892-1966)  
Nature morte à la guitare et au plat au coq
(carton de tapisserie) 
Collection privée.

Que voit on ? Posés sur un guéridon à peine esquissé, recouvert d'un tissu imprimé d'inspiration espagnole ou portugaise, un guitare classique à cinq cordes, traitée dans le goût cubiste de Braque, de Picasso ou de Juan Gris qui traitèrent tous trois beaucoup ce thème. Sur le tissu imprimé, on aperçoit aussi deux citrons fermés et un plat en céramique à motif de coq très inspiré des céramiques de Vallauris que Picasso produisit avec générosité pendant les années 50-60 et qui furent extrêmement copiées (pas toujours avec bonheur d'ailleurs!).  Ce plat au coq repose sur une partition de musique dont on aperçoit seulement les portées.

Rappel biographique : Le peintre, céramiste et créateur de tapisseries monumentales français, Jean Lurçat doit principalement sa notoriété à ses travaux de tapisserie dont il rénova en profondeur le langage. Après des études dans l'atelier de Victor Prouvé, le chef de l'Ecole de NancyJean Lurçat s'installe à Paris où  s'inscrit à  l'Académie Colarossi puis à l'atelier du graveur Bernard Naudin. Il découvre alors Matisse ,Cézanne, Renoir. Il devient ensuite apprenti auprès du peintre fresquiste Jean-Paul Lafitte avec lequel il mène, en 1914, un premier chantier à la Faculté des sciences de Marseille. 
En 1917, Jean Lurçat fait exécuter par sa mère, ses premiers canevas : Filles vertes et Soirées dans Grenade. Dès la fin de la guerre, en 1918, il revient en Italie où il passe, en 1919 des vacances en compagnie de Rilke, Busoni,  Hermann Hesse et Jeanne Bucher. Sa deuxième exposition se tient à Zurich cette année-là.
En 1920, il s'installe à Paris avec Marthe Hennebert qui avait été, à partir de 1911, la muse de Rainer Maria Rilke. C'est elle qui tisse au petit point deux tapisseries : Pêcheur et Piscine. Il expose cette année-là au Salon des indépendants deux tapisseries et quatre toiles. En 1927,  il décore le salon de la famille David Weill  : il s'agit de quatre tapisseries au petit point et réalise L'Orage pour Georges Salles (Musée d'art moderne de Paris). En 1928. il fait sa  première exposition à  New York. 
En 1930, il expose à Paris, Londres, New-York,  Chicago.
En juillet 1937, à Angers la vision de L'Apocalypse (14e siècle) provoque chez lui un choc esthétique et artistique annonciateur de l'œuvre à venir. En 1938, Moisson (2,75 × 5,50 m) est tissée chez Tabard. La manufacture de Beauvais tisse les tapisseries pour quatre fauteuils, un divan et un paravent destinés à accompagner la tenture d'Icare. En 1939, il expose à New-York et Paris. 
En septembre, il s'installe à Aubusson avec  Gromaire et Dubreuil pour essayer de redonner vie à la tapisserie qui, à l'époque, subit une grave crise. Il met au point un nouveau langage technique : carton numéroté, palette réduite, tissage robuste à large point. Et désormais, il abandonne le travail à l'huile au profit de la gouache.
En 1944, ses tapisseries sont exposées à Paris et ses peintures à New-York.
Comblé d'honneur et au fait de la gloire, Jean Lurçat meurt subitement en janvier 1966 à  Saint-Paul de Vence où il réside.  Sur sa tombe un soleil gravé dans la pierre avec une devise : « C'est l'aube ». Ces deux mots sont le début de la phrase, écrite par lui, qu'il avait fait graver sur son épée d'académicien : « C'est l'aube d'un temps nouveau où l'homme ne sera plus un loup pour l'homme… ». 
Cette aube tarde à venir, semblerait il !

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2016- A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau 

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