lundi 5 décembre 2016

Pierre Bonnard (1867-1947) - Coin de table







Pierre Bonnard (1867-1947)
Coin de table, 1935
Centre Pompidou, Paris

 Que voit on ? Sous un cadrage très inhabituel, à la fois gros plan et contre plongée qui serait un peu "en-dessus-de-dessous", un coin de table pas encore dressée pour un repas, au retour du marché, comme semble l'attester le panier à anse en osier, en haut de la composition. A moins que ce ne soit un panier de pique-nique et que tous ces fruits, pains et biscuits ne soient en attente d'être chargés pour un départ dans les champs. Pas de couteau dans cette nature morte pour donner la perspective mais un dossier de chaise que l'on aperçoit dans le fond et qui, lui aussi est comme tout le reste, "en-dessus-de-dessous" !  Une extraordinaire luminosité, presque irréelle émane de ce tableau peint avec très peu de couleurs : beaucoup de blanc, beaucoup de jaune, un peu de rouge, deux pointes de  noir et une trace de bleu.  Cette chef d'œuvre d'une intemporalité frappante est visible dans les collections permanentes du Centre Pompidou à Paris.

Rappel biographique : le peintre français Pierre Bonnard est connu pour ses peintures de personnages, ses nus, ses portraits, ses paysages animés, ses intérieurs et ses natures mortes de fleurs et fruits. Bonnard est un artiste post-impressionniste, membre du groupe des Nabis, par lesquels il fut surnommé le Nabi japonard.
En réaction à l'impressionnisme, les Nabis veulent libérer leur peinture des exigences du réalisme : « Ensemble, nous avons méprisé l'école et les écoles, les rapins, leurs traditions, leurs farces et leurs bals inutilement nudistes. Ensemble nous nous sommes sérieusement amusés ». Les artistes nabis cherchent des voies plus spirituelles au contact de philosophies et de doctrines nouvelles teintées d'Orient, d'orphisme, d'ésotérisme, et de théosophie. Ils s'appliquent à retrouver le caractère « sacré » de la peinture et à provoquer un nouvel élan spirituel par le seul moyen de l'art.
Une fois devenu célèbre, Pierre Bonnard fut connu pour ne pouvoir s’empêcher de retoucher ses toiles une fois celles-ci achetées et exposées dans un musée. Ses amis appelaient ça « bonnarder » ou « bonnardiser ». Un journaliste relate cette attitude devenue visiblement coutumière. « Au  musée de Grenoble et au Musée du Luxembourg, il  arriva à Bonnard de guetter le passage d'un gardien d'une salle à l'autre, de sortir d'une poche une minuscule boîte garnie de deux ou trois tubes et, d'un bout de pinceau, d'améliorer furtivement de quelques touches un détail qui le préoccupait. Et, son coup fait, de disparaître, radieux, comme un collégien après une inscription vengeresse au tableau noir. »

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2016 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau 



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