samedi 14 janvier 2017

Paul Rebeyrolle (1926-2005) - Deux lampes


Paul Rebeyrolle (1926-2005)  
Deux lampes, 1973
Collection Privée 

Que voit on ? Dans l'atmosphere sombre de l'intérieur d'une remise ou d'un atelier d'où surgit, comme venant de l'intérieur d'une boite éventrée, une intense tâche jaune centrale : une accumulation d'objets disparates parmi lesquels de gauche à droite : de véritables fragments de cagette de bois brisé, comme celleq dont on se sert pour allumer des feux ; une table pleine de journaux froissés dont on devine à peine les titres ; une autre table avec encore de véritables fragments de journaux anciens et jaunis ;  à droite fermant la composition deux chassis de tableaux avec leurs toiles enduites mais encore vierges de tout contenu. En haut de la composition, les deux éléments qui donnent leur nom à cette nature morte d'objets : deux lampes et leur suspension de porcelaine, l'une blanche, l'autre verte.  Des ampoules en pendent : celle de gauche est éclairée, celle de droite éteinte.

Rappel biographique :  Le peintre français Paul Rebeyrolle fut aussi lithographe et sculpteur. Rattaché au courant de la Nouvelle figuration, on le définissait volontiers comme  expressionniste et matiériste. Son œuvre, immense, toujours figurative, est marquée par la violence, la rage, la révolte face à l'oppression ou l'engagement politique. Elle est ponctuée de tableaux animaliers et paysagers, ainsi que de tableaux employant des matières collées sur la toile (terre, crin, ferraille...) et de quelques natures mortes qui n'en portent cependant jamais clairement le titre. 
Peu médiatisée de son vivant, méconnue du grand public ainsi que de certaines institutions, cette œuvre a néanmoins été appréciée par des personnalités tels que  Jean-Paul Sartre ou Michel Foucault ainsi que par certains collectionneurs, dont François Pinault.
L'enfance de Paul Rebeyrolle  fut marquée par une tuberculose osseuse, l'obligeant à de longs moments d'immobilité. Il étudie à Limoges avant de rejoindre Paris à la Libération. Il découvre alors les peintres contemporains ainsi que la peinture classique au musée du Louvre. Il est un acteur engagé du Manifeste de l'homme témoin qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, prône autour du critique d'art Jean Bouret un retour au réalisme contre les tendances de l'art contemporain. Il participe ainsi le 21 juin 1948 à la Galerie du Bac à l'exposition de « L'homme témoin » (avec Bernard Lorjou, Yvonne Mottet, Michel Thompson, Bernard Buffet  et Michel de Gallard). Ce groupe de L'homme témoin sera fondateur du Mouvement de la Jeune Peinture.
En 1949, Paul Rebeyrolle fut même  à l'origine du « Salon de la Jeune Peinture » dont la première édition se tint le 26 janvier 1950 à la Galerie des beaux-arts avec Denys Chevalier, Pierre Descargues, Philippe Cara Costea et Gaëtan de Rosnay,
Membre du parti communiste français à partir de 1953, Rebeyrolle rompt avec ce dernier en 1956 lors de l'invasion russe en Hongrie et du fait de la duplicité du Parti face à la guerre d'Algérie.
À cette occasion, il peint un grand tableau intitulé À bientôt j'espère.
En 1959, à 33 ans, il exécute un grand tableau qu'il intitule Planchemouton, commandé par le comité de la première Biennale de Paris, pour orner l'escalier du Palais des Beaux-arts. En 1963, il quitte Paris et s'installe à la campagne pour y vivre et y travailler, d'abord dans l'Aube puis en Côte d'Or ou il restera jusqu'à sa mort en 2000. Plusieurs retrospectives lui ont été consacrée dans sa carrière dont une en 1979 au Grand Palais (Paris), une en  2000 à la  Fondation Maeght (Saint-Paul-de-Vence),
et une 2015, Rebeyrolle vivant ! - 60 ans d'une oeuvre essentielle », à Espace Rebeyrolle (Eymoutiers).

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2017 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau 

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