mardi 14 mars 2017

Adolphe de Meyer (1868-1948) - Still life 1912


Adolphe de Meyer (1868-1948)
 Still life, 1912

Que voit-on ?  Des fleurs de lys dans un broc de cuisine en verre rempli d'eau claire. Un contraste saisissant et souhaité entre la sophistication de ces fleurs et la simplicité du contenant. Simplicité apparente seulement, car c'est une véritable symphonie de reflets et de formes qui se joue dans ce simple morceau de verre mis sous l'objectif d'un des très grands maîtres de la transparence du 20e siècle.

Rappel biographique : Le baron Adolf Gayne de Meyer est un photographe d'origine allemande.
Il est le fils d'un banquier juif allemand vivant à Paris, Adolphus Louis Meyer et d'Adele Watson d'origine écossaise. Il est déclaré auprès des autorités parisiennes le 3 septembre 1868 par son père, alors rentier, sous le nom de Adolphe Edouard Sigismond Meyer. Bien que né à Paris, il passe son enfance à Dresde. Au cours de sa vie, il utilisera différentes versions de son nom : Meyer, von Meyer, de Meyer, de Meyer-Watson et Meyer-Watson. C'est à cette époque que le  jeune Adolf Meyer aurait pris des cours privés de peinture et de dessin auprès de Claude Monet. 
Adepte du pictorialisme, mouvement en opposition avec le réalisme de l’épreuve, il finit cependant par se spécialiser dans la photographie de portraits. En 1893, Adolf de Meyer affirme son inclination pour la photographie en devenant membre de la Royal Photographic Society. 
En juin 1899, il épouse, à Londres, Olga Caracciolo (1871-1930), fille biologique du prince de Galles Albert Edward, futur roi d'Angleterre sous le nom d' Edouard VII. Cette union fut un mariage de convenances, du fait de l'homosexualité déclarée d'Adolf de Meyer d'une part et de celle de son épouse Olga. Peu après son mariage, Adolf de Meyer fut anobli comme baron de Meyer par Frédéric-Auguste III de Saxe, à la demande du prince de Galles. Dès1903, il est également membre de la société Linked Ring Brotherhood qui a pour but de promouvoir la photographie comme un art à part entière.
Entre 1900 et 1910, Adolf de Meyer réalisa un (ou plusieurs) voyage au Japon, accompagné de sa femme Olga. Il y réalisa une importante série de photographies, aujourd'hui conservées au MET de New-York. Il y a très peu de personnages sur ces clichés avant tout constitués des paysages et de bâtiments dans des mises en scènes où la population japonaise n'apparaît que rarement. 
De 1898 à 1913, il habite le très chic hôtel Cadogan Garden de Londres. Il fait la connaissance du photographe Alfred Stieglitz qui devient son mentor et ami, et avec qui il entretient une correspondance. Il rejoint également le mouvement artistique Photo-Secession initié par Stieglitz. Entre 1903 et 1907, ses œuvres sont publiées dans la revue trimestrielle Camera Work, dirigée par Alfred Stieglitz. А la même époque, il expose à deux reprises à la Galerie 291, fondée par Alfred Stieglitz et Edward Steichen à New-York. Cecil Beaton le qualifiera alors de « Debussy de la photographie ». C'est à cette époque qu'il réalise de nombreuses natures mortes dans lesquelles son travail sur la transparence, l'opacité et la lumière est mis en avant. En 1912, il travaille également en collaboration avec les Ballets russes à Paris et assure, en partie, leur promotion avec sa femme Olga à l'occasion de leur première représentation à Londres. Il réalise alors des clichés de Nijinski, dans le ballet L'Après-midi d'un faune, clichés devenus depuis célébrissimes.
Alors que la Première Guerre mondiale éclate, les époux de Meyer prennent les noms de Gayne (pour Adolf de Meyer) et Mahrah (pour Olga de Meyer), sur les conseils d'un astrologue, et partent pour New York. Là, Adolf Gayne de Meyer rencontre Condé Nast, propriétaire des magazines Vogue et Vanity Fair, grâce à qui il devient photographe de mode. Il réalise ses premières photographies de mode en 1910 pour Vogue, puis y devient photographe à temps plein de 1913 à 1921, avant de rejoindre la revue Vanity Fair. Il est considéré comme le tout premier photographe de mode du monde, les magazines de mode étaient jusque là illustrés par des croquis et des dessins. Dans ses nombreux clichés de mode, Adolf de Meyer suggère la ligne d’un couturier dans des ambiances floues et crée, par des effets de transparence, une inimitable impression de légèreté. En 1921-1922, de Meyer accepte de revenir à Paris pour devenir responsable de la photographie du magazine Harper's Bazaar, propriété du célèbre homme d'affaires William Randolph Hearst ; il y passera seize années de sa vie. Vers 1934, un nouvel éditeur est chargé de rajeunir l'image du magazine, ce qui mettra fin à la carrière d'Adolf de Meyer au sein de la publication. Il voyage alors en Europe avant de quitter à nouveau le vieux continent.
А la veille de la Seconde Guerre mondiale, il retourne aux Etats-Unis, et s'installe dans le sud de la Californie où il passe ses dernières années dans la pauvreté et l'anonymat. Il meurt à Los Angeles en janvier 1946, sa mort étant enregistrée dans l'état-civil dans les termes suivants : « Gayne Adolphus Demeyer, writer (retired) », « Gayne Adolphus Demeyer, écrivain retraité ».
Seule une partie de son œuvre a survécu jusqu’à nos jours, la majorité ayant été détruite durant la Seconde Guerre mondiale et par Adolf de Meyer lui-même à la fin des années 1930.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.