jeudi 18 mai 2017

Olivier Debré (1920-1999)



Olivier Debré (1920-1999)
Nature-Morte, 1958
Collection privée

Que voit on ? C'est l'ultime degré d'interprétation de la nature morte en peinture : l'abstraction. Pas celle que l'on trouve déjà dans certaines natures mortes de Giorgio Morandi ou de Nicolas de Staël - chez lesquels les objets qui composent la nature morte sont souvent nommés -  mais une abstraction totale, revendiquée, assumée. Même si tout à coup le jeu des interprétations, des transpositions, nous est confisqué par la nature même de la nature (abstraite), toute forme n'a pas disparu de la composition et l'oeil (à qui le peintre a tout de même pris le soin d'indiquer qu'il s'agissait d'une nature morte) ne peut s'empêcher de recomposer, presque mécaniquement, ici une bouteille, là un vase, voir une orange ou deux prunes...

Rappel biographique :  Le peintre français Olivier Debré est un représentant majeur du courant de  l’Abstraction lyrique. Fils du professeur Robert Debré, le frère de Michel Debré (Premier ministre du Général de Gaulle) et l'oncle de Bernard Debré et de Jean-Louis Debré, il fut le seul artiste d'une famille qui compte surtout des hommes politiques et des médecins. En juin 1937, il subit un choc en voyant, exposé au Pavillon de l’Espagne de l’Exposition internationale à Paris, le Guernica de Picasso. Georges Aubry, dont la galerie est située rue de Seine à Paris, l'encourage en l'exposant le premier. Il est remarqué par Dunoyer de Segonzac et Picasso qu'il rencontrera en 1941, ce dernier l’invitant dans son atelier  rue des Grands-Augustins pendant l’hiver 1942-1943.
Durant la Seconde Guerre mondiale, son art est marqué par l'expression graphique. Le dessin lui permet de traduire toute l'horreur de la guerre : Le Mort de Dachau, Le Sourire sadique du Nazi, Le Mort et son âme. En 1946, il installe un atelier à Cachan, il y peint une toile de 8 m de long : La Vérité et la Justice poursuivant le crime.
En 1949, il présente sa première exposition personnelle à la galerie Bing, à Paris, marchand de Soutine et de Modigliani. А l'automne, Olivier Debré installe un second atelier rue de Saint Simon à Paris et  fait la connaissance de ses grands aînés:  Hans Hartung, Gérard Schneider, Serge Poliakoff, Maria Elena Vieira da Silva. Il réalise ses premiers Signes-personnages.
Dans les années 1950, privilégiant la matière et les couleurs sourdes.
1953 correspond à une période charnière dans son œuvre où il délaisse les signes-personnages pour les signes-paysages. C'est à cette époque qu'il prend conscience des possibilités multiples offertes par la technique de la lithographie qu'il n'a jamais cessé de pratiquer. En 1956, Michel Warren organise sa première exposition individuelle à Paris. L'année suivante, la seconde exposition chez Michel Warren le fait figurer « désormais en bonne place parmi les chefs de file de l'Ecole de Paris », écrit John Prossot dans Apollo dont la couverture reproduit le tableau exposé. Après un voyage en Espagne, il expose, en 1959, а la Phillips Gallery а Washington et rencontre Rothko.
Sa première exposition personnelle à Oslo se tient à la galerie Haaken A.Christensen en 1966. Il voyagera et peindra en Norvège jusqu'à la fin de sa vie.  En 1967, il participe à l'exposition internationale de Montréal avec une gigantesque peinture Signe d'homme, pour le pavillon français. En 1975-1976, il fait partie, avec Pierre Alechinsky, Hans Hartung, Roberto Matta, Zoran Music, Edouard Pignon et Pierre Soulages, de l'exposition itinérante en France Trente créateurs organisée par André Parinaud.
De 1980 а 1985, Olivier Debré est nommé professeur, chef d'atelier de peinture murale а l'Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. La consécration du peintre est également marquée par l'inauguration d'une salle Olivier Debré au Musée des beaux-arts de Tours en 1992.  Le 17 mars 1999, quelques mois avant sa mort en juin, il est élu membre de l'Institut de France, à l'Académie des beaux-arts, au fauteuil précédemment occupé par le peintre Georges Cheyssac.
En 2015, le CCC - Centre de Création Contemporaine de Tours est devenu le "Centre de Création contemporaine Olivier Debré". Il s'implante en 2016 dans un nouveau bâtiment actuellement en construction sur le site du jardin François 1er. Le lieu ne sera pas un musée consacré à Olivier Debré mais un centre d'art qui fera vivre l’œuvre du peintre en la mettant en résonance avec la création artistique contemporaine.

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