dimanche 1 octobre 2017

Alexandre-François Desportes (1661-1743) - Nature morte avec gibier préparé, viandes et fruits



Alexandre-François Desportes 1661-1743)
Nature morte avec gibier préparé, viandes et fruits, 1734
National Gallery of Art, Washington

Que voit on ? Cette extraordinaire nature morte - qui fut l'une des toutes premières peintures à entrer à la National Gallery of Art de Washington - est une des plus belles réussites d'Alexandre-François Desportes qui en comptent pourtant de nombreuses à son actif.  Elle fait partie des peinture dite de « buffet », contenant quelques exemples de couverts précieux (le couteau à manche en os placé en équilibre sur le bord de la table en bois à gauche), des ustensiles de cuisine (le pot de cuivre sous le panier d'oranges à droite) et un service de plats à décors extrêmement raffinés comme le grand plat central contenant les faisans, rangés toute gorge déployée. Les détails de ce raffinement ainsi que l'abondance des aliments représentés, indiquent que le propriétaire de la peinture est noble et riche. Tout en travaillant avec les éléments habituels de la nature morte de chasse, l'artiste a réussi à créer une composition inhabituelle grâce aux multiples détails (quasi chirurgicaux) avec lesquels chaque animal, chaque fruit, chaque objet est rendu. L'attention du spectateur est ainsi attirée, ici, sur les encolures de saindoux qui enveloppent les faisans encore parés de leur plumage, là sur les pieds palmés et les griffes courbées des faisans disposés sur un drapé  blanc approprié.... Quand à la carcasse d 'agneau et les entrailles suspendues aux crochets, elles sont  le prétexte à un jeu virtuose sur la différence des textures (chair translucide et blancheur des os).
Au premier plan,  es poires solides, bulbeuses et comme rougeoyantes de timidité sont un hommage appuyé à l'esthétique flamande  de même que les oranges lumineuses à l' arrière-plan  qui complètent l'ensemble. C'est une  prouesse artistique absolue à  laquelle nous assistons, un tour de force pictural  qui oscille sans arrêt entre beauté et bizarrerie. Un immense chef d'oeuvre !

Rappel biographique : Issu d’une famille modeste, Alexandre-François Desportes à ne pas confondre avec Nicolas Desportes ou Jean Desportes, deux autres peintres de nature mortes ayant vécu à la meme époque)  était destiné à être paysan mais, à la suite d’une longue période de convalescence, il s’initia au dessin et acquit peu à peu une grande maitrise de cette technique. Il devint l’élève de Nicasius Bernaerts d'origine flamande, alors membre de l’Académie royale et spécialisé dans la peinture animalière et de Frans Snydersil s’est largement imprégné de la tradition flamande. Au cours de ses premières années, il découvrit ainsi la peinture flamande dont il va subir l’influence tout au long de sa carrière.  A la mort de Bernaerts, Desportes ne se fia plus qu’à la nature. En 1695-1696, il fut nommé portraitiste à la cour de Pologne avant d’être rappelé en France où il abandonna le genre du portrait pour se consacrer presque exclusivement à la peinture animalière. Reçu à l’Académie royale en 1699, il participa à la décoration de la ménagerie de Versailles. Outre la peinture animalière, Alexandre-François Desportes se distingua aussi par ses natures mortes où il excella véritablement. On y perçoit l’approche réaliste flamande qui se traduit aussi bien dans les fonds de paysage que dans le rendu riche et méticuleux des matières alliée à une délicatesse alors réputée être très française.

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