vendredi 26 janvier 2018

Jean Fautrier (1898-1964) - Le grand sanglier noir ou Le Sanglier Ecorché


Jean Fautrier (1898-1964) 
Le grand sanglier noir ou Le Sanglier Ecorché  1926.
Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris (MAM) , France

Aujourd'hui s'ouvre au Musée d'art Moderne de la Ville de Paris, la troisième rétrospective consacrée depuis au peintre français Jean Fautrier.  S'il vous plait, ne la manquez pas... 
Elle durera jusqu'au 20 mai 2018. 
Les deux précédentes ont eu lieu l'année de sa mort en 1964 et en 1989... 
Que voit on ?  La  référence historique est évidente : « Le Bœuf écorché » de Rembrandt, sans doute la nature morte la plus forte de l'Histoire de l'Art... mais aussi  référence à celle de Goya sur le même thème de l'animal écorché,  une vision que réactive Chaïm Soutine en 1920 mais qui n'a cependant jamais cessé d'être présente depuis les natures mortes de l'antiquité romaine. 
De cette toile très forte conservée au MAM, l'analyste artistique Jacques Tcharny a fort justement écrit : " Le ressenti du spectateur est irréfragable : (...) une panique primitive de ce que pourrait être le destin de l’humanité, une terreur irraisonnée d’un avenir irrémédiable. « L’angoisse de la bête », qui sera une des principales caractéristiques de l’art bi-dimensionnel d’après 1945, est déjà présente ici avec cette différence de taille : l’animal est mort. Mais son côté précurseur ne peut être ignoré.  Fautrier vient frapper à la porte de notre inconscient individuel comme à celui, collectif, des sociétés privilégiées de notre civilisation occidentale... Elle qui paraissait à l’abri des horreurs suprêmes vécues entre 1940 et1945. Sous cet angle, « Le Sanglier écorché » est, tout à la fois, constatation d’un état de fait : celui de la nullité des militaires de 1914, joyeux bouchers du haut-commandement et officiers ; et prémonitoire des catastrophes à venir."

Rappel biographique : le peintre, sculpteur et graveur  français Jean Léon Fautrier est, avec Jean Dubuffet, le plus important représentant du courant de  "l'Art Informel"  appelé aussi " Art Brut " ou   " Tachisme " . L’Art Informel regroupe à la fois le courant de  l’abstraction lyrique avec ses techniques d’expressions essentiellement gestuelles, le matiérisme dont l’objet est de travailler les matières sur les surfaces de la toile, et par rapprochement, le spatialisme dont les recherches portent sur les dimensions de l’espace et du temps et sur la lumière. D’autres courants, comme le mouvement CoBrA, le Groupe Gutai, l’expressionnisme abstrait en Allemagne, l’Action Painting de Jacskon Pollock aux Etats-Unis peuvent être rapprochés aussi de l'art Informel. Fautrier est aussi un pionnier de la technique des hautes pâtes.  Dès l'âge de 14 ans, il étudie l’art à la Royal Academy de Londres et  découvre  les peintures de Turner qui l'impressionnent beaucoup. De retour en France, il est mobilisé en 1917. Gazé à Montdidier, il est définitivement réformé en 1921. Il expose dès 1921 des natures mortes et des portraits. En 1923, il rencontre Jeanne Castel, avec laquelle il vivra un certain temps. En 1924, première exposition personnelle et premières ventes ; l’année suivante, le marchand d’art Paul Guillaume  lui achète quelques tableaux. C’est avec ce même Paul Guillaume que Fautrier passe un contrat d’exclusivité en 1927. Jusqu'en 1933  il se partage entre sculpture, peinture et gravures. Il réalise notamment des gravures pour l'édition illustrée de l'Enfer de Dante préparée par Gallimard, projet qui n'aboutira pas. Quelques unes de ses peintures sont exposées en 1945 à la Galerie Drouin, suscitant une vive admiration de l'intelligentsia parisienne. Le catalogue de l'exposition était préfacé par André Malraux. Dans les années qui suivent, Fautrier travaille à l'illustration de plusieurs ouvrages, parmi lesquels L'Alleluiah de Georges Bataille et enchaîne sur une série consacrée aux petits objets familiers. En  1950, il invente avec sa compagne,  Jeanine Aeply, un procédé complexe mêlant reproduction chalcographique et peinture, qui permet de tirer ses œuvres à plusieurs exemplaires, pour obtenir ce qu’ils appelleront des « originaux multiples ».

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