vendredi 31 mai 2019

Mosaïques romaines- Nature morte aux poissons et canard (2)




Mosaïques romaines
Nature morte aux poissons et canard
Musée archéologique de Naples

Que voit on ?  La composition est divisée en deux parties horizontales et trois parties verticales.
A gauche en bas : un panier d'osier tressé contenant des seiches et des écrevisses.
A gauche en haut : deux poissons et un canard déplumé pendus à un crochet.
En bas au centre : un poisson, tête renversée et bouche fermée.
En haut à droite : un généreux régime de dattes et son ombre projetée, pendu à un crochet invisible. En bas à droite : une botte de céréales verte et son ombre projetée, maintenue et liée par un triple lien végétal.

Rappel historique : La mosaïque est l'art romain par excellence car ni la Grèce classique ni les Grecs d'Alexandrie n'avaient su lui donner la richesse du répertoire iconographique qu'elle a eue sous l'Empire romain et encore moins la répandre dans tout le bassin méditerranéen comme le fera Rome. La mosaïque polychrome est ti maitrisée par les Romains au IIe siècle av. J.-C. Grâce à l'activité de ses ateliers itinérants, toutes les provinces situées autour du mare nostrum, ont connu dès les débuts de l'expansion romaine cet art qui a trouvé un terrain d'élection dans les pays où la lumière est reine.
L'exposition, organisée en 2001 par l'Union Latine au musée archéologique de Madrid a mis l'accent sur l'art de la mosaïque tel qu'il est illustré dans les pays du bassin méditerranéen.
L'une de ses particularités majeures est l'abondance et l'extrême diversité des représentations  animales et végétales.
Les natures mortes antiques trouve selon Pline l'Ancien leur origine  dans la Grèce antique, lorsque  le peintre Piraikos (3e siècle avant JC), vendait déjà fort cher ses " Provisions de cuisine ", des tableaux de chevalets représentant des victuailles ou des instantanés d'échoppes de cordonniers et de barbiers. Dans la hiérarchie des genres picturaux d'alors, ces représentations de provisions de cuisine sont déjà considérées comme un genre mineur... et  elles le resteront pendant de longs siècles... au moins jusqu'à Chardin, si ce n'est jusqu'à Cézanne. Genre mineur donc, loin derrière les sujets religieux, les portraits et les paysages, mais genre que les commanditaires s'arrachent pourtant !
Le grec Piraikos reste le plus célèbre des peintres de ce genre. Hélas, aucun exemple n'est parvenu jusqu'à nous de ces peintures des menus objets du quotidien par Piraikos,  peinture que l'on nommait à cette époque Rhyparographie .
A la même époque, un autre peintre grec, Zeuxis rivalisait avec la nature au point que des oiseaux voulaient picorer les raisins qu'il peignait et qu'il passe être l'inventeur du réalisme et  de l'illusionnisme, pour ne pas dire du premier trompe-l'oeil. Il faut là encore faire confiance au récit de Pline l'Ancien, car aucun exemple de cet art ne nous est parvenu.
Les premières natures mortes connues du monde occidental sont des fresques et des mosaïques du 1er siècle de l'ère chrétienne, provenant de Campanie (Herculanum et Pompéi) ou de Rome. Elles sont exécutées dans un style réaliste et illusionniste : fruits veloutés, poissons et volailles posés sur une marche de pierre ou sur deux étagères d'un garde manger, généralement en trompe l'œil avec des ombres portées, ou quelquefois dans des coupes en verre avec des transparences subtiles.
Ces peintures évoquent le xenion antique, un cadeau fait de denrées qu'un hôte doit offrir à ses invités. Pourtant la nature morte de l'Antiquité possède une autre ambition que celle du seul plaisir mimétique. Comme le précise Charles Sterling : « Il est clair que les natures mortes hellénistiques et romaines qui représentaient des mets prêts à être consommés comportaient une allusion épicurienne ». On trouve ainsi assez fréquemment des mosaïques de natures mortes et des vanités dans les atriums d'été romains, où les convives invités aux repas étaient ainsi encouragés à cueillir le jour qui passe, Carpe diem selon la célèbre formule d'Epicure, à profiter de la vie tant qu'il était encore temps de le faire. Une déclinaison plus sophistiquée de la tradition égyptienne pharaonique qui voulait que l'on fît passer un cadavre devant les convives avant de commencer un repas pour leur rappeler l'impermanence de la vie !  Les natures mortes garderont tout au long des siècles jusqu'à nos jours,  cette signification épicurienne.
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jeudi 30 mai 2019

Georges Braque (1882-1963) - Nature morte sur un Manteau de Cheminée


Georges Braque (1882-1963)
Nature morte sur un Manteau de Cheminée,  c. 1923
(Still Life on a Mantelpiece)
Albright-Knox Art Gallery, Buffalo, New York

Que voit on ? Il s'agit en réalité d'un nature morte à la guitare, l'un des thèmes favoris et l'un des objets fétiches de Braque (et de Picasso). Celle-ci est intrigante en ce que l'instrument semble posé en équilibre sur le manteau en marbre gris d'une cheminée dont Braque a surligné (au sens propre!) le détail. Sur ce manteau on trouve aussi, à droite de la guitare : un pichet gris foncé et deux pommes un peu rabougries posées au premier plan...

Rappel biographique
: le peintre français Georges Braque qui fut aussi sculpteur et graveur est le maître incontestable de la nature morte au 20e siècle, genre qu'il a profondément transformé et renouvelé tout au long de sa vie, s'inscrivant (consciemment ou inconsciemment) dans une démarche similaire à celle de Chardin au 18e siècle. Engagé dans le sillage du fauvisme, influencé par Matisse, Derain et Othon Friesz, il peint, à l'été 1906 les paysages de l'Estaque avec des maisons en forme de cubes (Maisons à L'Estaque) que Matisse qualifie de cubistes. A partir de 1909, il entre dans ce que les spécialistes appellent la période du " cubisme analytique ". Les paysages qui prédominaient jusqu'alors dans son œuvre vont céder la place aux natures mortes.
Ce sont principalement des natures mortes d'objets et/ou d'instruments de musiques (violons, guitare, pipe, journaux et magazines, objets divers de décorations intérieurs comme les nappes, les guéridons...) qu'il peint délaissant volontiers les thématiques habituelles du genre (fruits, légumes, pâtisseries, porcelaines). Dès avant la Première Guerre mondiale, sa peinture s'enrichit de combinaisons imprévues, avec une multiplication des facettes. Les formes sont géométrisées et simplifiées. Comme le remarque Bernard Zurcher, dans son ouvrage Braque vie et œuvre : « Si l'on considère que la bataille du cubisme s'est jouée sur le thème de la nature morte, Braque y était le mieux préparé ou plutôt il a été à même, en consolidant chacune des étapes de son évolution, d'aller plus sûrement à ce « signe qui suffit » tel que l'a nommé Matisse »
Entre 1919 et 1939, son style et ses recherches vont évoluer. De son passé cubiste, il conserve la simultanéité des points de vue et il opère une partition des objets et des plans qui les éloignent de tout réalisme. Guitare et nature morte sur la cheminée 1925, et Fruits sur une nappe et compotier, sont caractéristiques de cette évolution. Les objets semblent des accessoires de la composition," l'effort porte sur la couleur". Braque pousse l'usage du contraste encore beaucoup plus loin dans Nature morte à la clarinette, avec des formes qualifiées de « naturalistes » . Avec Le Guéridon, 1928 et Le Grand guéridon, qu'il continue à travailler jusqu'en 1936-1939, Braque opère un long mûrissement des formes. Il retravaille même en 1945 Le Guéridon rouge, commencé en 1939 en réduisant le motif ornemental. Le thème du guéridon revient souvent dans l'œuvre de 1911 à 1952 qui reçoit en 1937 le premier prix de la Fondation Carnegie de Pittsburgh.
Cloîtré dans son atelier pendant toute la durée de la Seconde guerre Mondiale, il refuse toute compromission avec les nazis et le régime de Vichy, malgré les nombreuses propositions qui lui sont faites. Braque se consacre au thème des Intérieurs avec un retour en force du noir qui donne une impression de dépouillement et de sévérité. Pendant cette période, Braque poursuit son sujet favori le nature morte et particulier les natures mortes aux instruments de musique qui n'ont cessé d'apparaître dans ses tableaux depuis 1908 . « L'instrument de musique, en tant qu'objet, a cette particularité qu'on peut l'animer en le touchant, voilà pourquoi j'ai toujours été attiré par les instruments de musique » .1942 est une année particulièrement féconde pour le peintre qui commence plusieurs toiles sur le thème de la musique, qu'il terminera plus tard comme L'Homme à la guitare (1942), 1942-1961.
A cette époque là il réalise une nature morte à sujet animalier Deux poissons dans un plat avec une cruche, (1949-1941) qui inaugure une série de poissons sur fond noir Les Poissons noirs, 1942, et plusieurs Vanités.
A la Libération, Aimé Maeght devient son nouveau marchand parisien, et publie la première édition des Cahiers G. Braque. En 1948, lorsqu'il présente la série des Billards à la Biennale de Venise, il reçoit le Grand Prix pour l'ensemble de son œuvre. Suit une série d'expositions en particulier au MoMa de New York, qui parachève la reconnaissance internationale de son œuvre immense et essentielle.
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mercredi 29 mai 2019

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - La Table de Cuisine




Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
La Table de Cuisine, 1755
Huile sur toile (39.7 x 47.6 cm) 
Museum of Fine Arts Boston (Gallery 248)


Que voit-on ? Sans doute l'une des plus merveilleuses nature morte de Chardin qui en a pourtant peint énormément ! Celle-ci qui représente de modestes ustensiles de cuisine a été exposée au Salon de 1757. en même temps qu'une autre, La Table d'Office dite aussi Les Débris d'un  Déjeuner, présentant des ustensiles beaucoup plus élégants. Un examen attentif de cette composition révèle que Chardin a modifié la position de nombreux objets alors qu'il les peignait, preuve de son travail minutieux et de sa détermination à créer un équilibre harmonieux dans ce qui semble être, à première vue, le fruit du hasard et du désordre d'une cuisine comme une autre. Il n'en est rien ! Le repentir (repeint) du mortier et du pilon à droite sont les plus évidents à l'œil nu.
Cette toile quitta son pendant (actuellement conservé au Musée des Beaux Arts de Carcassonne) en 1880 pour entrer dans les magnifiques collections du Museum of Fine Arts de  Boston.

Rappel biographique : Jean-Baptiste-Siméon Chardin est considéré comme l'un des plus grands peintres français et européens du 18e siècle. Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, il est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. A partir du Salon de 1748, Chardin expose de moins en moins de scène de genre, il multiplie désormais les natures mortes. Ce retour à ce type de peinture va durer une vingtaine d'années. Il est difficile de donner des raisons à ce changement de cap. On sait que pendant cette période la vie de Chardin est en pleine mutation. Il se remarie, il reçoit une pension du roi. Il est désormais à l'abri du besoin. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre. Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres.
Les natures mortes qu'il peindra à partir de 1760 sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres... Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.
Chardin cherchait à reproduire la matière, ces fruits semblent aussi vrais que nature, Diderot s'extasiait devant ce réalisme dans son compte-rendu du Salon de 1759 : " Vous prendriez les bouteilles par le goulot si vous aviez soif " ou encore en 1763, " C'est la nature même; les objets sont hors de la toile et d'une vérité à tromper les yeux. (...)
 Pour regarder les tableaux des autres, il semble que j'ai besoin de me faire les yeux ; pour voir ceux de Chardin, je n'ai qu'à regarder ce que la nature m'a donné et m'en bien servir ".
" O Chardin ! ce n'est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette: c'est la substance même des objets, c'est l'air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau et que tu attaches sur la toile ".

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mardi 28 mai 2019

Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) - Pêches et amandes



Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) 
Pêches et amandes
Huile sur toile 31.1 x 41.3 cm, 1901)
The Tate Gallery, London

Que voit-on ?  Sur une table blanche posée contre un fond d lambris de bois, un amoncellement de pêches et d'amandes fraiches auxquelles s'ajoutent sur l'extrême droite du cadre quelques figues vertes.

Rappel biographique : L'un des plus célèbres peintres français, Pierre-Auguste Renoir, membre éminent s'il en est du mouvement impressionniste a peint beaucoup de natures mortes, comme l'ensemble des impressionnistes d'ailleurs qui ont participé au renouveau de ce genre vieux de plus de 3000 ans.  Au début de sa carrière, ses natures mortes s'inspirent beaucoup de celles de Courbet avant d'imposer le style unique que l'on connait. La dernière toile qu'il aurait voulut peindre serait une nature morte florale. Sur son lit de mort, Renoir aurait demandé une toile et des pinceaux pour peindre le bouquet de fleurs qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre. En rendant pour la dernière fois ses pinceaux à l'infirmière il aurait déclaré : « Je crois que je commence à y comprendre quelque chose ».

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lundi 27 mai 2019

Nicolas de Staël (1914-1955) - Lanterne





Nicolas de Staël (1914-1955) (1914-1955) 
Lanterne  1955
Huile sur toile (116 x 89 cm) 
Collection particulière 

Que voit on ? Une nature morte - car tout laisse à penser que c'en est une - (à défaut que le titre ne l'exprime clairement),  très lumineuse malgré ou peut être précisément à cause du fait qu'elle a été exécutée l'année même du suicide du peintre.  On y voit bien une lanterne, posée sur une pile de carnets noirs, se détachant avec d' éclatants rouges et d'intrigants blancs sur ce fond orange de soleil couchant  intense... On y voit aussi un éventail rond en rotin suspendu dans le vide, à moins qu'il ne s'agisse d'une lanterne chinoise.bariolée .. et, dans le lointain, comme en écho à la lanterne posée sur les livres, un phare qui tente d'éclairer le fond du tableau. Enfin en bas de la composition  on remarque une bougie solitaire dans son vieux chandelier en laiton... La recherche désespérée de la lumière semble  partout présente ici....  

Rappel biographique : Le peintre français d'origine russe Nicolas de Staël, né baron Nicolaï Vladimirovitch Staël von Holstein, est issu d'une branche cadette de la famille de Staël-Holstein. Plus d'un demi siècle après sa mort, il reste l'un des peintres les plus marquants du 20e siècle posant un problème aux historiens de l'art qui ne savent pas dans quelle catégorie le classer, ce qui doit le réjouir post mortem, lui qui détestait les catégories et les courants. 
La réinvention de la figuration opérée par Staël a été mal comprise alors qu'elle anticipait d'une vingtaine d'année l'évolution générale de l'art. Il a « retrouvé le visible sans renoncer aux possibilités expressives et à la liberté d'action qui définissent la peinture contemporaine » alors que Paris perd sa place de capitale des arts, dès les années 1960, sous l'effet du marché de l'art et de la surenchère : 
" On y est devenu incapable de discerner le pastiche de l'original " selon Umberto Eco.
Selon Marcelin Pleynet et Michel Seuphor : « ...il faut tenir compte de Nicolas de Staël, vu et revu souvent avec et travers l'avant-garde américaine de années cinquante. Ces nouveaux mouvements d'abstraction suivent le cheminement de Staël, délaissant la peinture gestuelle pour une peinture brossée, voir maçonnée ».
Peu exposé de son vivant, son œuvre a donné lieu à de nombreuses manifestations posthumes qui ont confirmé sa stature sur le plan international. " Staël fut le plus puissant créateur de sa génération dans l'École de Paris de l'après-guerre, sur laquelle il a exercé une forte influence Il a été le premier à dépasser l'antinomie abstraction-figuration ".
Nicolas de Staël meurt à 41 ans en se jetant de la terrasse de l'immeuble où il avait son logement et un de ses ateliers à Antibes. L'ensemble de son oeuvre s'étend sur 15 années. Il a peint, à partir de 1952, plusieurs natures mortes dont quelques unes sont aujourd'hui conservées et exposées au Musée Picasso d'Antibes à quelques pas de son ancien atelier. Plusieurs sont présentées sur ce blog.
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dimanche 26 mai 2019

Martiros Sergeyevich Saryan (1880-1972) - Still life, Grapes



Martiros Sergeyevich Saryan (1880-1972)
Still life, Grapes. 1911
Tempera on cardboard
Tretyakov Gallery

Que voit on ? Deux grappes de raisins blanc et rouges, un régime de bananes, une poire, des oranges et un vase contenant un bouton de tulipe. Ces éléments semblent tous peints sur le meme plan, sans perspective, mais à y regarder de plus près ils ne le sont pas... ce qui constitue une des illusiosnsd'optique favorite de Saryan.

Rappel biographique : Martiros Sarian ou Saryan (Մարտիրոս Սարյան est un peintre arménien né en Russie. Il est considéré comme le père de la peinture moderne arménienne.
Lorsqu'il découvre l'Arménie en 1901, il ressent une « passion presque charnelle » pour elle, et n'a « de cesse de la représenter par des toiles inondées de lumière et vibrantes de couleurs ». Bien très influencé par Paul Gaughin, il fut le premier à réaliser la nécessité d'élaborer un style propre basé sur les anciennes traditions nationales.avec une palette « délibérément gaie, vive et colorée .
Il disait lui-même : « La couleur devrait chanter. Elle devrait exprimer la perception de l'essence de la vie qui réside en chaque être humain. En utilisant la couleur, j'augmente encore plus ce que je vois, afin que la lumière puisse être plus brillante dans mes oeuvres. »
En 1909, Sarian se tourne vers les changements réels qui affectent son temps. Il observe l'éloignement de l'homme et de la nature. Il choisit de peindre des motifs que la civilisation industrielle n'avait pas encore touchés et qui portent l'empreinte et l'enseignement d'une vie séculaire. Il devient ainsi passeur de mémoire des lieux et des jours. Il généralise à l'extrême la nature et il révèle l'expressivité des formes. Il construit l'art de sa composition sur un seul plan en répartissant régulièrement les grandes taches de couleur pure. Il s'inspire en cela du principe et de l'art de la miniature arménienne, ainsi que l'art de l'enluminure arménienne. Les couleurs de la palette de Sarian irradient la lumière. La combinaison harmonieuse et contrastée de trois ou quatre tons principaux permet au peintre d'obtenir expressivité, chaleur et surtout lumière. Cette lumière alliée à des couleurs suaves et chantantes qu'elle fait rayonner sont devenues des symboles de la patrie du peintre. Sa sagesse et son habileté ont pu le préserver des persécutions politiques dont son fils spirituel Minas Avétissian fut mortellement frappé. C'est pour cela que les historiens de la peinture arménienne ont toujours privilégié la peinture du jeune Sarian à celle plus académique du vieux peintre.
En 1960 Louis Aragon de lui : « Comme cette lumière de Rome qui nous parvient à travers les siècles français par le pinceau de Nicolas Poussin, puis de Jean-Baptiste Corot, la lumière d'Arménie nous atteint grâce à Martiros Sarian. Lumière enfin dégagée des larmes qui brouillaient la voix des poètes de Naпri, lumière enfin heureuse sur les fruits, les hommes, les montagnes, elle est un trésor retrouvé, comme si les eaux du déluge s'étant retirées, la plaine d'Erevan n'était que la pure couleur de l'avenir. Si bien que les siècles, à côté de notre Cézanne et de notre Matisse, placeront Sarian à la première place, car il est un peintre du bonheur. »
En 1980, huit ans après son décès une grande exposition lui a été consacrée au Centre Pompidou- Paris.
 
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samedi 25 mai 2019

Cy Twombly (1928-2011) - Still life #2, 1951





Cy Twombly (1928-2011)
Still life #2, 1951  
Pigment print 
Private collection

Que voit on ?  Trois éléments posés sur un entablement qui semble être une toile trouée, déchirée et tachée. Les éléments sont deux bouteilles à bouchons à vis et un gobelet ;  les mêmes tâches apparaissent sur les objets que sur la toile...

Rappel biographique :  Edwin Parker Twombly Jr., dit Cy Twombly, est un peintredessinateursculpteur et photographe américainSon œuvre croise les enjeux majeurs de l'art au 20 e siècle : le dilemme abstraction/figuration, l'intervention de la psychanalyse, le primitivisme, le rôle de l'écriture en peinture, l'hommage aux anciens (il choisit souvent ses thèmes dans l'Antiquité ou dans la littérature ancienne), les liens artistiques entre Europe et Amérique.
L'œuvre de Cy Twombly se développe en marge des courants dominants de l'art américain et s'organise en de vastes cycles qui alternent. Jamais illustratrice, ni uniquement abstraite, elle demeure en retrait des débats concernant la figuration, ce qui constitue un apparent paradoxe formel. Celui-ci lui confère un caractère multiple et unique а la fois, dont témoignent l'ampleur et la diversité de ses œuvres sur papier.
L'œuvre peinte montre une grande diversité dans ses techniques et ses enjeux. Nombre de ses toiles sont des surfaces blanches recevant toute sorte de traces : chiffres, croix, schémas géométriques, barbouillages réalisés au doigt, griffonnages en hachures ou en boucles, écoulements sanglants ou scatologiques et enfin quelques mots (noms de dieux ou de héros antiques, vers de poètes célèbres, etc.). La peinture а l'huile reprend les teintes des humeurs corporels (du blanc-crème au brun) L'écriture est heurtée, les lettres capitales se mélangent aux minuscules, les mots les plus simples sont raturés. L'œuvre achevée, l'essentiel de la surface de la toile reste vierge. 
Au cours des dernières années, et malgré son âge avancé, l'artiste s'est considérablement renouvelé.  Chaque motif apporte ses propres couleurs si bien que le bas de certains tableaux est une juxtaposition de coulures dont les teintes alternent aléatoirement. Le gribouillage énergique a laissé sa place а un geste plus ample avec une peinture liquide sur laquelle la gravité agit. De plus, la palette est plus riche et les couleurs (notamment les jaunes ou les rouges) atteignent une intensité rare . Twombly prouve ici ses qualités de coloriste. Un thème nouveau est venu accompagner cette entrée dans la couleur : les fleurs. Sur des toiles ou des planches de plusieurs mètres de long, Twombly peint des roses ou des pivoines hors d'échelle en de grands mouvements d'enroulement. Les vers d'Emily Dickinson ou de Ingeborg Bachmann accompagnent ces motifs. Reste une constante : le rejet de la maîtrise. L'écriture est raturée, biffée, parfois effacée sommairement ; les motifs feignent la maladresse ; la gravité, associée à la texture du support et а la viscosité de la peinture, déstructure les formes. Les cycles Lepanto, Blossoms, Roses témoignent le mieux de ces récentes nouveautés.
Twombly est également photographe, activité dans laquelle on retrouve la modestie et la douceur poétique qui imprègne tout son œuvre.

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vendredi 24 mai 2019

Edouard Manet (1832-1883) - Poissons



Edouard Manet (1832-1883)
Poissons, 1864
Huile sur toile (73.5 × 92.4 cm)
Art Institute of Chicago (Gallery 22) 

Que voit on ? 
Les huîtres, le rouget et l'anguille sont des thèmes fréquents dans les natures mortes de Manet. Ici, comme à son habitude, Manet utilise  pour relever les tonalités de sa palette le citron (qu'il a aussi peint tout seul).
Cette nature morte qui date d'avant 1870 et se ressent davantage du mouvement Réaliste que de l'Impressionnisme n'en reste pas moins une des plus belles que Manet ait peinte. Elle appartient à la période ou Manet s'intéresse le plus au genre de la nature morte.  L'Art Institute of Chicago  qui possède une fabuleuse collection de Manet, propose de cette toile l'analyse suivante : " L’attention portée par Manet aux natures mortes coïncide avec la réhabilitation progressive de genre au XIXe siècle, en partie due à  l'émergence d'une classe moyenne dont les goûts se portent plutôt en priorité vers ces œuvres intimistes  endues à prix modérés. Cette peinture, comme beaucoup de natures mortes de Manet, rappelle les modèles hollandais du XVIIe siècle. L’exécution directe, le trait audacieux et l’immédiateté de la vision affichée sur la toile permettent toutefois de mieux comprendre pourquoi le public trouva le travail de Manet si peu orthodoxe. Alors que " Poissons" est bien une "nature morte", il semble tout à coup de plus rien apparaitre de ce genre (très codifié) dans cette toile :  les produits sont-ils trop vivants et la peinture trop vigoureuse pour le public de l'époque ? Il faut dire la carpe, jetée au milieu de la composition, vient animer de façon inattendue la composition en contredisant violemment  la diagonale unificatrice de tous les  autres éléments. Manet n'a jamais soumis ses natures mortes au Salon français officiel, mais les a plutôt vendues à travers son  florissant réseau de galeries d'art parisiennes ou a préféré les donner à des amis."

Rappel biographique : le peintre français Édouard Manet est un peintre majeur de la fin du 19e siècle, initiateur de la peinture moderne qu'il libère de l'académisme, C'est une erreur de considérer Édouard Manet comme l'un des pères de l'impressionnisme : il s'en distingue en effet par une facture soucieuse du réel. Manet n'utilise pas (ou peu) les nouvelles techniques de la couleur et le traitement particulier de la lumière, utilisées par les impressionnistes. Il s'en rapproche cependant par certains thèmes récurrents comme les portraits, les paysages marins, la vie parisienne ou encore les natures mortes, tout en peignant de façon personnelle, dans une première période, des scènes de genre (sujets espagnols et odalisques entre autres).
On a beaucoup dit que lorsque Manet avait peint des natures mortes, c'était surtout pour des raisons financières qu'il l'avait fait. Il avouait lui-même avoir plus de facilités à les négocier que ses portraits. Cela ne signifie pas qu'elles aient été d'un intérêt mineur pour lui bien au contraire : la scénographie qu'il impose à ses natures mortes est tout simplement prodigieuse, qu'il s'agisse de solo comme Le citron ou L'asperge ou de mise en scène collectives comme dans Fruits sur la table ou Le Panier de fruits ou d'hommage à d'illustres maitres comme son hommage à Chardin avec La Brioche, 1870 (MET, New York).
Manet aimait authentiquement les natures mortes : « Un peintre peut tout dire avec des fruits ou des fleurs, ou des nuages seulement », affirmait-il. Une part non négligeable de son œuvre est consacrée à ce genre, avant 1870 surtout puis dans les dernières années de sa vie où la maladie l'immobilise dans son atelier. Certains éléments de ses tableaux constituent de véritables natures mortes comme le panier de fruits dans Le Déjeuner sur l'herbe, le bouquet de fleurs dans Olympia ou le pot de fleurs, la table dressée et différents objets dans Le Petit déjeuner dans l'atelier. Il en va de même dans les portraits avec le plateau portant verre et carafe dans le Portrait de Théodore Duret ou la table et les livres dans le Portrait d’Émile Zola. Mais les natures mortes autonomes, qui se revendiquent comme telles, ne manquent pas dans l’œuvre de Manet !
Considérant l'importance de la nature morte chez Manet, beaucoup – et cela dès les années 1890 – y ont vu la marque la plus évidente de la révolution qu'il accomplissait, l'avènement d'une peinture uniquement préoccupée d'elle-même et débarrassée de la tyrannie du sujet. En refusant toute hiérarchie à l'intérieur même du tableau, en donnant autant d'importance à l'accessoire qu'à la figure, Manet assurément rompait avec les règles académiques. (...) Comme Cézanne et comme Monet qu'il influencera, Manet trouvait dans la nature morte, obéissante et disponible, un laboratoire d'expériences colorées dont il répercutait aussitôt les trouvailles dans d'autres compositions ; comme Cézanne et comme Monet, il dit cette curieuse obsession de l'éclatante blancheur et voulut peindre lui aussi ces tables servies avec leurs nappes blanches "comme une couche de neige fraîchement tombée" (Nature morte avec melon et pêches, National Gallery of Art, London). Manet, peintre de natures mortes, a médité les grands exemples anciens, celui des Espagnols et de leurs bodegones, celui des Hollandais et bien sûr celui de Chardin. Dans les années 1860, il joue des franches oppositions du noir et du blanc, bois sombre de la table, éclat d'une nappe ou serviette sur lesquelles il dispose ses notes colorées.
A sa mort, Édouard Manet laisse plus de 400 toiles, des pastels, esquisses et aquarelles. Ses plus grandes œuvres sont aujourd'hui visibles dans tous les plus grands musées du monde.

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jeudi 23 mai 2019

Eva Gonzales (1849-1883) - Nature morte au panier renversé et violettes


Eva Gonzalès (1849-1883)
Nature morte au panier renversé et violettes, 1881
Collection particulière 

Rappel biographique : Eva Gonzales est née à Paris dans une famille bourgeoise d’origine espagnole installée en France. Son père est l’écrivain célèbre Emmanuel Gonzalès. Elle entre, en 1866, à 16 ans, dans l’atelier de Charles Chaplin, homonyme du célèbre acteur de cinéma mais qui était un peintre à la mode chez lequel se précipitait beaucoup de jeunes filles de bonne famille. En mai 1867, elle abandonne sans regret l’atelier, jugeant l’enseignement dispensé par Chaplin, trop classique. Deux ans plus tard, elle rencontre Edouard Manet et devient son élève. Une grande amitié et une admiration réciproque les lient, suscitant la jalousie de Berthe Morisot qui lui envie son amitié avec le maître. Manet exécute le portrait d’Eva en 1869, et l’expose au Salon de 1870 pendant qu’elle présente Le Clairon directement inspiré du Fifre. Eva Gonzalès travaille dans l’esprit du maître de nombreuses natures mortes, des scènes de plein air et sujets intimistes, des aquarelles, des huiles et des pastels. Bien que les sujets de ses toiles soient les mêmes que ceux choisis par les impressionnistes, le style en est différent, plus proche des peintures « espagnoles » des débuts de Manet. Après plusieurs années d’indifférence face à son travail, à partir de 1879 et après l’exposition au Salon d’ Une loge aux Italiens, le public et les critiques d’art s’enthousiasment pour ses œuvres et reconnaissent son talent. Elle se refuse à participer aux Salons Impressionnistes, mais reste très proche de ce courant artistique et de ses amis. En 1879, Eva Gonzalès épouse Henri Guérard, graveur de Manet et peintre occasionnel. Elle meurt brutalement, en 1883, d’une embolie peu après la naissance de leur fils Jean-Raymond Guérard et seulement six jours après le décès de son maître Édouard Manet, alors qu’elle lui préparait un hommage.

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mercredi 22 mai 2019

Raymond Rochette (1906-1993) - Nature morte aux bûches et aux champignons


Raymond Rochette (1906-1993)
Nature morte aux bûches et aux champignons, 1973
Collection privée

Que voit-on ? Un cageot en bois , un accessoire souvent traité dans les natures mortes de Rochette comme dans Le Cageot de cerises). Ici il sert de support à une thématique très automnale et sylvestre où se mêlent bêches, champignons, mousses, pommes de pins et branchages...
tout ce que la nature produit et nous offre à la fin d'un été flamboyant et avant un hiver rigoureux. Un sujet très en contraste avec sls thématiques industrielles habituelles de ce peintre.

Rappel biographique : l'artiste peintre français Raymond Rochette est né aux frontières de la forêt morvandelle et de l’usine métallurgique du Creusot. Malgré ses nombreux échanges avec des peintres parisiens et de province, malgré ses nombreuses lectures artistiques, ses voyages à Paris, en Italie, au Maroc, il reste en dehors des écoles et des tendances tout en réussissant à être un peintre témoin de son temps. Avant la guerre, ses sources essentielles d’inspiration sont les scènes de vie dans le Morvan, les vues du Creusot et de nombreux portraits. Pendant la guerre, les difficultés pour trouver du matériel le conduisent à réaliser une peinture très lisse, et une cinquantaine de tableaux de cette époque sont peints recto/verso.
Son obsession reste cette envie de représenter la vie dans les ateliers. d'usine. En 1949, 13 ans après sa première demande, il obtient l’autorisation de venir peindre à l'usine : « J’aime les machines comme on peut aimer les fontaines de Provence ; les ateliers me font penser aux nefs des cathédrales, et leurs lueurs aux fêtes nocturnes sur le grand canal. Les danseurs de l’opéra n’ont pas de gestes plus beaux que ceux des ouvriers, Claude Lorrain peignant ses palais n’avait pas de plus pure joie que celle que j’éprouve en dessinant les ateliers, le foisonnement des titanesques assemblages métalliques me donne la joie du Piranèse, mais c’est la joie de Le Nain que je goûte en en glorifiant soudeurs, meuleurs, lamineurs qui deviennent dans mes tableaux les magiciens d’une flamboyante forêt, celle de la métallurgie lourde. »
En 1962, il apprend la construction de l’immense usine de Dunkerque et passe ses congés d’été à en peindre l’évolution. Très intéressé aussi par la mine, il descendra à plusieurs reprises au fond et en rapportera des paysages et des portraits de mineurs saisissants.
Malgré cette soif de peindre le milieu industriel, tous les sujets, même les plus communs, lui donnent le désir le les peindre ; il est un peintre de l’actualité, du quotidien, fixant dans tous les aspects de son environnement le temps qui passe.
Pendant 70 ans, Raymond Rochette n’a cessé de peindre : un paysage, un visage, un fruit, des objets simples, tout fascinait son regard. Il décède en 1993 dans sa maison natale.
Depuis 2006, centenaire de sa naissance, de nombreuses expositions ont eu lieu en Bourgogne, à Paris, Dijon mais aussi au Luxembourg et en Allemagne (au Rheinisches Industriemuseeum d'Oberhausen), au siège social d'Arcelor Mittal Paris.

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mardi 21 mai 2019

Eero Nelimarkka (1891–1977) - Nature morte aux deux madeleines



Eero Nelimarkka (1891–1977)
Nature morte aux deux madeleines, 1948
Collection privée

Que voit on ? Posées sur un coin de nappe de cuisine : une bouteille de lait dont une partie a été versée dans un bol  noir et deux madeleines  groupées au pied de la bouteille de lait. 

Rappel biographique : Le peintre finlandais Eero Aleksander Nelimarkka est connu pour ses paysages plats d' Ostrobotnie (les Lakeus), mais également pour ses nombreux autoportraits, portraits de notables Finlandais et de membres de leur famille et pour ses natures mortes aux sujets souvent inhabituels. En 1912, Nelimarkka vient étudier à Paris à l'Académie de la Grande Chaumière et à l' Académie Julian. En 1945, devenu un artiste connu, il se consacre à l'enseignement et crée la "Fondation Nelimarkka" avec mission de préserver et de promouvoir la production et le travail de la vie d'Eero Nelimarkka. En 1964, la fondation construit le Musée Nelimarkka dans la ferme de son père à Alajärvi, dans le sud de l'Ostrobotnie. Sa collection est riche d'environ 1700 œuvres.


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lundi 20 mai 2019

Dick Ket (1902-1940) - Stilleven met druiventros



Dick Ket (1902-1940)
Stilleven met druiventros
Museum ArnHem, Pays-Bas

 Que voit on ? L'univers habituel et un peu décrépi de grand peintre hollandais du 20e siècle, témoin de la Première guerre mondiale et qui refusa de vivre la Seconde : des papiers tachés, un bol vide et ébréché, des bouteilles dont le contenu disparu ne fait pas mystère (de l'alcool), un univers triste et terne duquel il ne préfère retenir dans le titre que la grappe de raisin sombre et veloutée...

Rappel biographique : Dick Ket était un peintre connu pour ses natures mortes et ses autoportraits.
Ses natures mortes méticuleusement composées tournent toujours autour des mêmes thèmes et représentent souvent les mêmes objets à savoir des bouteilles, un bol vide, des œufs, des instruments de musique, des journaux... Ket a juxtaposé ces objets dans des arrangements angulaires, vus d'un point de vue élevé, dans un cadrage "en plongée",  les ombres portées des objets créant toujours d'intéressantes diagonales. Dick Ket a réalisé environ 140 peintures, dont une quarantaine d'autoportraits. Ses expérimentations techniques de différents additifs dans la composition de ses pigments, medium  et vernis, ont eut pour effet de provoquer un résultat étonnant et difficilement gérable par les conservateurs, puisque certaines de ses peintures ne sont pas complètement sèches après quatre vingt ans !!! Le Rijksmuseum d'Amsterdam, le musée Arnhem et le musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam figurent parmi les musées présentant des œuvres de Dick Ket.

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dimanche 19 mai 2019

Nikiforos Lytras (1832–1904) - Still-life with pears


Nikiforos Lytras (1832–1904) 
Still-life with pears
Private collection 


Nikiforos Lytras (Νικηφόρος Λύτρας) est un peintre grec qui après des études à l'École d'art d'Athènes, il obtient une bourse en 1860 pour l'Académie royale des beaux-arts de Munich. À la fin de ses études, il enseigne à l'École des beaux-arts d'Athènes. Il conserve ce poste toute sa vie. 
Durant l'été 1873, il voyage en Asie Mineure en compagnie de son ami Nikolaos Gysis. A pue pres inconnu de nos jours dans le reste de l'Europe, son nom demeure connu aujourd'hui dans son pays pour avoir été le défenseur d'un académisme pictural romantique appris à Munich, pour l'appliquer aux thèmes ethnographiques et aux portraits. Il a peint très peu de natures mortes ...

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samedi 18 mai 2019

Paul Cézanne (1839-1906) - Nature morte à la mangue verte


Paul Cézanne (1839-1906)
Nature morte à la mangue verte  c. 1890
Aquarelle sur carton
Collection particulière

Que voit on ? Une nature more aux fruits exotiques (oranges, citrons et mangue verte) peinte avec humour et faisant appel à toutes ressources de l'aquarelle comme ces blancs (fond et reflets sur l'orange) gagnés sur la réserve... avec la justesse et la précision habituelle à ce grand maitre du genre.

Rappel biographique : Parmi les quelques 900  tableaux et 400 aquarelles que Paul Cézanne,  ce sont  les natures mortes qui arrivent en tête , et notamment les pommes qui arrivent en tête de ses premières « obsessions picturales ». Pour Cézanne, la nature morte est un motif comme un autre, équivalent à un corps humain ou à une montagne, mais qui se prête particulièrement bien à des recherches sur l'espace, la géométrie des volumes, le rapport entre couleurs et formes : « Quand la couleur, est à sa puissance, la forme est à sa plénitude » disait-il. Incomprises en leur temps, les natures mortes de Cézanne sont devenues depuis lors l'un des traits caractéristiques de son génie.


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vendredi 17 mai 2019

Pieter Claesz (1597-1660) - Nature morte aux huitres, à la dinde, et à la tourte



Pieter Claesz (1597-1660) 
Nature morte aux huitres, à la dinde, et à la tourte 1627
Rijksmuseum, Amsterdam

Que voit-on ? A qui aurait tendance à oublier quel niveau de maitrise absolue, de virtuosité technique et de génie imaginatif atteignirent les peintres d el' Age d'or flamand, on en peut que conseiller de regarder encore et encore les natures martes du maître  incontestable du genre, Pieter Claesz. Tout y est, y compris la nature morte à l'intérieur de la nature morte pour qui se donne la peine d'agrandir et de regarder le reflet dans l'aiguière d'argent.  Sans commentaires.

Rappel biographique : Le peintre Pieter Claesz  ou Pieter Claesz Van Haarlem  (du nom de la ville ou il fut le plus actif),  dont ce blog a posté déjà de nombreuses natures mortes, est un des plus grands représentants de la nature morte hollandaise de l'époque baroque, un maître auquel la plupart des peintres de natures mortes se sont référés à un moment ou a un autre de leur carrière.  Willem Claeszoon Heda avec lequel on peut le confondre tant celui ci s'inspira de  Pieter Claezs jusqu'à signer ses tableaux de son prénom abrégé (Claez), il fut l’un des peintres les plus importants de ce genre très diversifié qu'est la nature morte.
Bien que très construites et obéissant a un style très défini,  une évolution dans la composition des natures mortes de Claez est perceptible. Si, au début, il disposait fréquemment les objets en croix ou dans une diagonale rigoureuse, par la suite il utilisa beaucoup plus le chevauchement des objets, ce qui crée une plus grande profondeur. En outre, au cours de sa vie, il élargit son point de vue  et la vue latérale sur la table de la nature morte devient plus fréquente que la vue en plongée.
Claesz, souvent, utilisa les mêmes objets dans ses natures mortes : un couteau avec un lourd manche en nacre,  une bouteille de verre brun, des assiettes en étain et des cruches à col de cygne, ainsi que de fin coquillages  des porcelaines importés de Chine.  On retrouve ces éléments d'une nature morte à l'autre, on les reconnait comme des objets familiers. Souvent, un verre est représenté couché, ce qui confère une certaine tension à la composition.
Si, au début de sa carrière, Claesz utilisait assez souvent des couleurs vives, il adoucit considérablement sa palette par la suite, employant des couleurs presque monochromatique et conférant ainsi à ses tableaux une  atmosphère plus intimiste.
L’utilisation qui est faite de la lumière et de l’ombre par Claesz est remarquable. Il  donne un tel rendu des textures par l'effet de la lumière sur les surfaces, que l'on peut reconnaître immédiatement une assiette en étain d’une assiette en argent, un roemer d'un pot en céramique. Cette maîtrise dans le traitement de la matière et des textures (les reflets du vin dans les verres sont des effets de pur génie !) est une caractéristique partagée par plusieurs peintres néerlandais du 17e siècle. C'est ce qui fait leur spécificité.
Claesz, avec Heda, fut à l’origine d’une véritable école de la nature morte, donnant à ce genre un statut véritablement noble. À partir de 1628, une sérieuse concurrence apparaît à Haarlem entre Pieter Claesz et Willem Claeszoon Heda, lequel s’inspirait fortement de lui et le suivait de près dans toutes ses innovations.
Nicolaes Berchem, le fils de Claesz, fut  quant à lui un peintre de paysage très réputé.

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jeudi 16 mai 2019

Rodolphe-Théophile Bosshard (1889- 1960) - Trois pommes



Rodolphe-Théophile Bosshard (1889- 1960) 
Trois pommes 1944 
Collection particulière

Que voit-on ? Le peintre suisse reprend un thème cher à plusieurs peintres de natures mortes (Cézanne, Courbet....)  pour présenter ces trois sujets dans un inquiétant paysages de soleil couchant, à cité d'une calepin bleu fermé et  au premier plan. Sérénité et inquiétude se dégage successivement de cette toile  à mesure que l'on va du premier plan à l'arrière plan. 

Rappel biographique : Rodolphe-Théophile Bosshard est un artiste-peintre suisse qui fut actif à Paris entre les deux guerres mondiales et se spécialisa plutôt dans les nus féminins. Considéré comme une figure majeure de la peinture suisse de la première moitié du 20e siècle, il s' installa à Montparnasse seulement pendant quatre petites années mais pendant lesquelles il attira l'attention des critiques par une peinture originale et novatrice. Il noua des amitiés avec Chagall, Zadkine, Derain ou Lurçat. Beaucoup de ses natures mortes ont des similitudes avec celles de Jean Fautrier qui est son exact contemporain.
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mercredi 15 mai 2019

Pietro Gaudenzi (1880 - 1955) - Natura morta di fichi.


Pietro Gaudenzi (1880 - 1955)
Natura morta di fichi.
Collection Particulière

Pietro Gaudenzi était un peintre italien  qui fut l'élève du peintre Felice Del Santo, dont il acquit sa première formation artistique. Il était alors élève de Cesare Viazzia Genova, à l' Académie des Beaux-Arts. Apres avoir reçu le Prix de la duchesse de Galliera, il  s'installa à Rome en 1904 et y resta cinq années, l'occasion pour lui d'étudier les maîtres de la Renaissance et de se familiariser avec les peintures de Sartorio,  Michetti, Spadini et Mancini.
En 1932, il exposa à la Biennale de Venise et en 1935 à la Quadriennale de Rome .
Son prestige, largement attesté par sa présence dans les événements artistiques les plus importants, de son temps, contraste avec une phase de travail assez solitaire dans la période de l’après-guerre, et ceci en raison de l’évolution du goût du public.
En 1951, il dirigea l'école de la mosaïque du Vatican et consacra l'essentiel de ses dernières années à cette technique.
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mardi 14 mai 2019

Philippe Rousseau (1816-1887) - Nature morte au jambon et au Figaro


Philippe Rousseau (1816-1887)
Nature morte au Jambon et au Figaro
Huile sur toile (92,1 x73 cm), c.1870
The MET (Gallery 810)

Que voit-on ? Selon la notice du MET ou est conservée ce tableau : " Cette composition allie l'admiration de Rousseau pour les natures mortes du XVIIIe siècle et met l'accent sur des détails plus contemporains, comme l'exemplaire du journal Le Figaro (à gauche) et la lettre au centre, adressée à l'artiste chez lui à Acquigny, dans le nord de la France. Ce succulent jambon est garni d'un brin de feuilles de laurier, comme cela était l'habitude (au XVIIIe siècle notamment pour les charcuteries). "
Les natures mortes telles que celle-ci valurent un grand succès à Philippe Rousseau dans les milieux artistiques et dans les milieux mondains de son époque, et notamment le mécénat fidèle du banquier James de Rothschild. Ce tableau fut exposé pour la première fois en public au Salon de 1877 sous le titre "Le déjeuner" avant d'être acquis par le Musée Van Gogh d'Amsterdam en 1922 puis par le Metropolitan Museum of Arts de New York  en 1982 à travers la donation provenant du Fond de la Catharine Lorillard Wolfe Collection.
Rappel biographique : Philippe Rousseau est un peintre français, élève d'Antoine-Jean Gros et de Jean-Victor Bertin à l'Ecole des beaux-arts de Paris. Il débute comme paysagiste, puis peint des natures mortes et des sujets animaliers. Il expose au Salon à partir de 1834.
Le succès lui vint à partir de 1840 avec ses illustrations des Fables de La Fontaine notamment.
Par la suite, l'afflux de commandes l’incitère à diversifier son propos. Ses natures mortes, deviennent plus ambitieuses  tout en restant  des pastiches des Hollandais du XVIIe siècle,   oscillant toutefois entre intimisme hérité de Chardin, grande fraicheur du traitement et pompe académique. Philippe Rousseau n’en reste pas moins un de ces peintres du XIXème qui a revalorisé le terme réducteur de Nature Morte. Il connut un réel succès en son temps avec des récompenses aux Salons, des commandes de la cour impériale française ou encore du Baron James de Rothschild (un de ses principaux mécènes) et l'admiration de Baudelaire.
En 1845, Charles Baudelaire écrit : « M. Philippe Rousseau dont chacun a souvent remarqué les tableaux pleins de couleurs et d'éclat, est dans un progrès sérieux. C'était un excellent peintre, il est vrai ; mais maintenant il regarde la nature avec plus d'attention, et s'applique а rendre les physionomies. J'ai vu dernièrement, chez Durand-Ruel, des canards de M. Rousseau qui étaient d'une beauté merveilleuse, et qui avaient bien les moeurs et les gestes des canards ».
Aujourd'hui particulièrement bien représenté dans les collections privées et publiques néerlandaises, Philippe Rousseau qui a enfin récupéré son statut de grand peintre, se trouve conservé au Musée Orsay à Paris, au Metropolitan de New-York, à Munich et dans beaucoup de musées des beaux-arts comme Lyon, Rouen, Compiègne, Lille... qui lui sont toujours restés fidèles.
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lundi 13 mai 2019

Périclès Pantazis (1849 -1884) - Nature morte avec théière



Périclès Pantazis (1849 -1884)
Nature morte avec théière
Collection particulière (via Hellenistic Auctions)

Périclès Pantazis (Περικλής Πανταζής) est un peintre et dessinateur grec, lié au mouvement impressionniste, et  principalement actif en Belgique. Formé à l'École d'Art d'Athènes de 1864 à 1871, sous la direction de Nikiforos Lytras, Périclès Pantazis poursuit ses études à Munich, puis s'installe à Marseille et ensuite à Paris. Il fréquente l'atelier de Gustave Courbet et d'Antoine Chintreuil, découvre les œuvres d'Eugène Boudin, de Johan Barthold Jongkind et le mouvement impressionniste.
En 1873, muni d'une lettre de référence rédigée par Édouard Manet, il s'installe à Bruxelles en Belgique, où il subit l'influence de Louis Dubois, d'Édouard Agneessens et d'Hippolyte Boulenger. Jean Économou  un négociant grec en vins, lui commande de nombreux tableaux. Il est membre du Cercle La Patte.
Pantazis est cofondateur du groupe La Chrysalide, fondé en 18752. Il se lie d'amitié avec le peintre Guillaume Vogels qui l'emploie pendant une année comme peintre décorateur dans son entreprise "Peinture et Décoration". En 1883, il est un des membres fondateurs du groupe bruxellois d'avant-garde Les Vingt. Périclès Pantazis est également un ami proche du sculpteur Auguste Philippette, dont il épouse la sœur. Son œuvre est reconnue à la fin des années 1870. Il représente la Grèce à l'exposition de Paris en 1878. Périclès Pantazis meurt de la tuberculose à l'âge de 35 ans, à Bruxelles.
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dimanche 12 mai 2019

Pavel Tchelitchew (1898-1957) - Still life untitled






























Pavel Tchelitchew (1898-1957)
Still life untitled, 1923
Gouache and pencil on paper
MoMA

Que voit on ? Sur un entablement de marbre reposant symboliquement sur une pied en fer forgé, posé devant un chaise en bois et un lambris de bois formant comme autant de plan géométrique superposés : un petit " casse croûte" posé sur une serviette blanche et composé d'un verre de vin, d'un morceau de pain et d'une bouteille dont les proportions sont comme réduites par rapport au reste de la composition.

Rappel biographique : le peintre américain d'origine russe Pavel Tchelitchew fut à la fois un peintre qui appartint au mouvement surréaliste et un créateur reconnu de décors et de costumes de théâtre. Ainsi travailla-t-il un temps à Paris pour Serge de Diaguilev en créant des décors et des costumes pour les Ballets russes en 1928. En 1930, Tchelitchev présenta ses œuvres dans le cadre d'une exposition collective dans le tout nouveau Museum of Modern Art de New York, ouvert depuis une année seulement. Quatre ans plus tard, il décida de quitter Paris avec son compagnon, l'écrivain Charles Henri Ford, et de vivre à New York, où il continua à travailler pour des metteurs en scène et des chorégraphes, tels que George Balanchine ou encore A. Everett Austin, pour lesquels il dessina des décors et des costumes de ballet. De 1940 à 1947, il publia des illustrations dans le magazine surréaliste View, dirigé par son compagnon Charles Henri Ford et par le critique de cinéma Parker Tyler.

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samedi 11 mai 2019

María Izquierdo (1902-1955) - The Racquet



María Izquierdo (1902-1955)
The Racquet, 1938
Oil on canvas (27 1/2 x 19 3/4 in)
Meadows Museum at Southern Methodist University, Dallas TX


María Cenobia Izquierdo Gutierrez est une peintre mexicaine. qui  fut la première  à exposer ses œuvres hors du Mexique dès 1930. Son œuvre se caractérise par l'emploi de couleurs intenses, et des thématiques qui vont de l'autoportrait, des paysages et des natures morte, au surréalisme.
Elle entre à l'École nationale des Beaux-Arts, en janvier 1928. Au Palais des beaux-arts de Mexico, des peintres tenaient une galerie d'art, où a lieu la première exposition de María Izquierdo, qui a les honneurs de la presse de l'époque. L'introduction du catalogue a pour auteur Diego Rivera, qui dirigeait déjà l'École nationale des Beaux-Arts. Dans ce texte, il souligne la maturité de la jeune peintre, qu'il décrit comme l'un des meilleurs éléments de l'Académie, "une valeur sûre, sûre et concrète". A cette époque, c'est surtout l'influence du peintre mexicain Rufino Tamayo que l'on peut déceler dans la de la peinture d'Izquierdo ; cela peut s'expliquer par la relation professionnelle intense et par la relation amoureuse qui s'est poursuivie entre eux de 1929 à 1933.
En 1930, l'Art Center Gallery de New York accueille la première exposition individuelle aux États-Unis de María Izquierdo montrant 14 de ses huiles, dont des natures mortes, des portraits et des paysages, faisant ainsi d'elle la première femme peintre mexicaine exposée hors de son pays. La même année, l’American Federation of Arts présente au Metropolitan Museum of Art une exposition d'art populaire et de peinture mexicaine, qui inclut, entre autres, des œuvres de Rufino Tamayo, María Izquierdo, Diego Rivera et Agustín Lazo.

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vendredi 10 mai 2019

Jean Fautrier (1898-1964) - Nature morte aux têtes de poissons



Jean Fautrier (1898-1964)
Nature morte aux têtes de poissons
Collection privée

Que voit-on ? Trois têtes de poissons dans un papier d'emballage tout juste ouvert. L'une (à gauche) est encore sanguinolente et la tâche quelle a laissé dans le papier atteste de sa fraîcheur ; une autre (à droite) semble surgit du papier lui même laissant finalement le spectateur perplexe (en bas) sur le fait de savoir si la tête est réellement posée dans le papier ou s'il est juste juste dessinée.

Rappel biographique : le peintre, sculpteur et graveur français Jean Léon Fautrier est, avec Jean Dubuffet, le plus important représentant du courant de " l'Art Informel " appelé aussi " Art Brut " ou " Tachisme ". L’Art Informel regroupe à la fois le courant de l’abstraction lyrique avec ses techniques d’expressions essentiellement gestuelles, le matiérisme dont l’objet est de travailler les matières sur les surfaces de la toile, et par rapprochement, le spatialisme dont les recherches portent sur les dimensions de l’espace et du temps et sur la lumière. D’autres courants, comme le mouvement CoBrA, le Groupe Gutai, l’expressionnisme abstrait en Allemagne, l’Action Painting de Jacskon Pollock aux Etats-Unis peuvent être rapprochés aussi de l'Art Informel.
Fautrier est aussi un pionnier de la technique des hautes pâtes. Dès l'âge de 14 ans, il étudie l’art à la Royal Academy de Londres et découvre les peintures de Turner qui l'impressionnent beaucoup. De retour en France, il est mobilisé en 1917. Gazé à Montdidier, il est définitivement réformé en 1921. Il expose dès 1921 des natures mortes et des portraits. En 1923, il rencontre Jeanne Castel, avec laquelle il vivra un certain temps. En 1924, première exposition personnelle et premières ventes ; l’année suivante, le marchand d’art Paul Guillaume lui achète quelques tableaux. C’est avec ce même Paul Guillaume que Fautrier passe un contrat d’exclusivité en 1927. Jusqu'en 1933 il se partage entre sculpture, peinture et gravures. Il réalise notamment des gravures pour l'édition illustrée de l'Enfer de Dante préparée par Gallimard, projet qui n'aboutira pas. Quelques unes de ses peintures sont exposées en 1945 à la Galerie Drouin, suscitant une vive admiration de l'intelligentsia parisienne. Le catalogue de l'exposition était préfacé par André Malraux. Dans les années qui suivent, Fautrier travaille à l'illustration de plusieurs ouvrages, parmi lesquels L'Alleluiah de Georges Bataille et enchaîne sur une série consacrée aux petits objets familiers. En 1950, il invente avec sa compagne, Jeanine Aeply, un procédé complexe mêlant reproduction chalcographique et peinture, qui permet de tirer ses œuvres à plusieurs exemplaires, pour obtenir ce qu’ils appelleront des « originaux multiples ».

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jeudi 9 mai 2019

Paul Gauguin (1848-1903) - Nature morte, avec l'Espérance



Paul Gauguin (1848-1903)
Nature morte, avec l'Espérance, 1901
Collection privée (via Christie's)

Que voit on ? Dans une couleur générale très rouge se détachent un bouquet de tournesol posé sur une coffre en bois des iles, un très beau bol peint à motif floral, et puis surtout... ce tableau dans le tableau qui donne son titre à cette composition : L'espérance. Il s 'agit d'une jeune fille nue se détachant sur un paysage de désolation qu'avait peint Puvis de Chavannes pour symboliser l'espoir de renouveau après la guerre franco- prussienne. Gaughin qui était un grand admirateur de Puvis de Chavannes avait copié cette toile pour l'emporter avec lui à Tahiti dans son atelier et la reproduisit dans cette nature morte de même que ce qui semble être (plus bas à gauche) un monotype de Degas. L'espérance de Puvis de Chavannes se trouve aujourd'hui en deux versions distinctes à la Walters Art Gallery de Baltimore (la version que reproduisit Gaughin) et au Musée d'Orsay à Paris.

Rappel biographique : le peintre français Paul Gauguin est un peintre post impressionniste, chef de file bien connu de l'École de Pont-Aven et inspirateur des Nabis. Il est considéré comme l'un des peintres français majeurs du 19e siècle. En 1874, la connaissance qu'il fait de Camille Pissaro et la première exposition du courant impressionniste, l'inclinent à devenir amateur d'art et à s'essayer alors à la peinture. En 1882, il abandonne son emploi de courtier en bourse pour se consacrer uniquement à sa nouvelle passion, la peinture. De janvier à novembre 1884, il s'établit à Rouen où Pissaro vivait également. Pendant ces 10 mois passés à Rouen, il réalise près de quarante tableaux, principalement des vues de la ville et de ses alentours et quelques natures mortes très classiques. Cela ne suffit pas pour vivre et il part avec sa femme et ses enfants dans la famille de celle-ci à Copenhague.
Ses affaires ne vont pas bien et il revient à Paris en 1885 pour peindre à plein temps, laissant femme et enfants au Danemark, n'ayant pas les moyens d'assurer leur subsistance. Il est déchiré par cette situation. Il expose avec les impressionnistes régulièrement de 1876 à 1886.
C'est en juillet 1886 que Paul Gauguin effectue un premier séjour en Bretagne. Il s'installe pour 3 mois à la pension Le Gloanec, à Pont-Aven où vit une colonie d'artistes. Il y rencontre le très jeune peintre (et écrivain) Emile Bernard adepte du " Cloisonnisme ", une technique picturale cernant chaque plan de couleur d'une fine cloison, un peu à la manière de la technique du vitrail ou des estampes japonaises.
Influencé par Emile Bernard et par le courant symboliste, Paul Gauguin renonce à l'impressionnisme pour élaborer, une nouvelle théorie picturale, le " Synthétisme ". Sa recherche va alors dans le sens d'une simplification des formes, il élimine les détails pour ne garder que la forme essentielle, simplification obtenue par l'usage du cerne et de l'aplat de couleur.
Nabis et Synthétistes, inspirés également par Stéphane Mallarmé et les symbolistes littéraires, partageront pendant quelques temps des convictions communes sur la nécessité de libérer la peinture de sa sujétion au réel et de laisser davantage de place à l'idée ou à la symbolique. Maurice Denis, Paul Sérusier, Édouard Vuillard, Pierre Bonnard, Odilon Redon font partie de ce mouvement.
Gauguin retournera en Bretagne en 1889 et 1890, au Pouldu, tout proche de Pont-Aven, deux lieux où chaque été une importante colonie d'artistes tentera d'élaborer une nouvelle peinture. Il y loge à " la Buvette de la Plage " de Marie Henry, en compagnie des peintres Meyer de Haan, Sérusier et Filiger.
En 1891, ruiné, il s'embarque pour la Polynésie, grâce à une vente de ses œuvres dont le succès a été assuré par deux articles enthousiastes d'Octave Mirbeau. Il s'installe à Tahiti où il espère pouvoir fuir la civilisation, tout ce qui est artificiel et conventionnel.
Influencé par l'environnement tropical et la culture polynésienne, son œuvre gagne en force, il réalise des sculptures sur bois et peint ses plus beaux tableaux, notamment son œuvre majeure, aujourd'hui au Musée des Beaux arts de Boston au titre explicite de D'où venons nous? Que sommes sommes, Où allons nous ? qu'il considère lui-même comme son testament pictural. En 1901, il va vivre a Atuona dans les îles Marquises. Il lui semble être au paradis. Il va vite déchanter en se rendant compte des abus des autorités et en essayant de se battre pour les indigènes. Malgré ce combat auprès des autorités, Gauguin reste peu apprécié des Polynésiens en général et des Marquisiens en particulier, qui ont l'impression d'avoir eu affaire à un homme qui s'est servi d'eux, de leur culture ancestrale et surtout des femmes, comme si cela lui était dû. Affaibli, fatigué de lutter, il meurt au printemps 1903. Il est enterré dans le cimetière d'Atuona.

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2019 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau


mercredi 8 mai 2019

Christopher Wood (1901-1930) - Lemons in a blue basket


Christopher Wood (1901-1930)
Lemons in a blue basket, 1922
Private collection

Christopher ’’Kit’’ Wood,  est un peintre anglais dont l’œuvre a influencé le développement du modernisme anglais, malgré sa disparition prématurée due sans doute à sa  à vie mouvementée  marquée par l'addiction aux drogues. C'est l'un des rares peintres britanniques à avoir obtenu une certaine reconnaissance de ma part du monde parisien des arts des années 1920.
En 1926, Diaghilev confie à Wood la création des décors et costumes du ballet commandé au tout jeune compositeur Constant Lambert Roméo et Juliette, sur proposition de celui-ci. Mais la collaboration se passe mal et la commande est annulée pour être confiée à Joan Miró et Max Ernst. Wood retourne alors en Angleterre où il prend part aux activités du Groupe de Londres — bien qu'il ne rejoigne pas formellement le Groupe16 — puis, en 1927, de la Seven and Five Society à l'occasion de la sixième exposition de la société, en compagnie, entre autres, du couple Nicholson. Il ne cessera cependant les trajets entre le Royaume-Uni et la France, tantôt en Bretagne, tantôt dans le sud de la France ou en Cornouailles, exposant avec les Nicholson à Paris ou à Londres.
Avec les Nicholson, Kit se rend en 1928 dans le Cumberland puis dans les Cornouailles britanniques, stimulé par l’implication de Ben dans son propre travail artistique. Durant un voyage à St Ives, avec celui-ci, il rencontre le peintre-pêcheur Alfred Wallis, dont le style naïf répond à leurs aspirations communes à une expression primitive de la peinture ; cette influence finira d’asseoir le style personnel de Wood. Après une aventure malheureuse avec la peintre et riche héritière Meraud Guinness, il se lie avec Frosca Munster, une aristocrate russe qui a fui la révolution bolchevique. Cette dernière parait apporter un semblant d’équilibre à Wood qui demeure très dépendant aux drogues, quoiqu’il peigne de plus en plus.
Dans les années suivant sa mort, plusieurs expositions posthumes de ses tableaux seront organisées par d’importantes galeries londoniennes (Wertheim, Lefevre, Redfern,…) qui compteront dans l’élan donné au néo-romantisme anglais. En 1938, il figurera au pavillon anglais de la biennale de Venise, et la Royal Academy organisera une importante rétrospective qui achèvera de consacrer son œuvre, désormais largement représentée dans les collections publiques d’Europe et des États-Unis.
L’essentiel de la production de Christopher Wood a pris place entre 1928 et 1930, essentiellement en Bretagne et dans les Cornouailles. Ses peintures sont d’une facture très personnelle, dans un style faussement naïf aux couleurs profondes et de plus en plus terreuses, qui, s’il a été influencé par Ben Nicholson  et Winifred Nicholson, est caractéristique de l’artiste. 
Malgré sa vie brève et mouvementée, ce fut pourtant un artiste productif puisqu’on compte environ 500 huiles sur toile dans son œuvre.
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