dimanche 29 septembre 2019

Martiros Sergeyevich Saryan (1880-1972) - Nature morte avec mules persanes


Martiros Sergeyevich Saryan (1880-1972)
Nature morte avec mules persanes, 1913
Collection  particulière 

Que voit on ? Posées sur différents supports tissés très colorés : trois tasses en porcelaine ;  l'une blanc-bleu et lesdeux autres à motifs Compagnie des Indes. L'une est renversée, une autre contient un citron entier, et la troisième est vide. Quelques fruits au premier plan encadrent une paire de mules persanes qui donne te titre à cette nature morte à l'atmosphère très orientale. 

Rappel biographique : Martiros Sarian ou Saryan (Մարտիրոս Սարյան est un peintre arménien né en Russie. Il est considéré comme le père de la peinture moderne arménienne.
Lorsqu'il découvre l'Arménie en 1901, il ressent une « passion presque charnelle » pour elle, et n'a « de cesse de la représenter par des toiles inondées de lumière et vibrantes de couleurs ». Bien très influencé par Paul Gaughin, il fut le premier à réaliser la nécessité d'élaborer un style propre basé sur les anciennes traditions nationales.avec une palette « délibérément gaie, vive et colorée .
Il disait lui-même : « La couleur devrait chanter. Elle devrait exprimer la perception de l'essence de la vie qui réside en chaque être humain. En utilisant la couleur, j'augmente encore plus ce que je vois, afin que la lumière puisse être plus brillante dans mes oeuvres. »
En 1909, Sarian se tourne vers les changements réels qui affectent son temps. Il observe l'éloignement de l'homme et de la nature. Il choisit de peindre des motifs que la civilisation industrielle n'avait pas encore touchés et qui portent l'empreinte et l'enseignement d'une vie séculaire. Il devient ainsi passeur de mémoire des lieux et des jours. Il généralise à l'extrême la nature et il révèle l'expressivité des formes. Il construit l'art de sa composition sur un seul plan en répartissant régulièrement les grandes taches de couleur pure. Il s'inspire en cela du principe et de l'art de la miniature arménienne, ainsi que l'art de l'enluminure arménienne. Les couleurs de la palette de Sarian irradient la lumière. La combinaison harmonieuse et contrastée de trois ou quatre tons principaux permet au peintre d'obtenir expressivité, chaleur et surtout lumière. Cette lumière alliée à des couleurs suaves et chantantes qu'elle fait rayonner sont devenues des symboles de la patrie du peintre. Sa sagesse et son habileté ont pu le préserver des persécutions politiques dont son fils spirituel Minas Avétissian fut mortellement frappé. C'est pour cela que les historiens de la peinture arménienne ont toujours privilégié la peinture du jeune Sarian à celle plus académique du vieux peintre.
En 1960 Louis Aragon de lui : « Comme cette lumière de Rome qui nous parvient à travers les siècles français par le pinceau de Nicolas Poussin, puis de Jean-Baptiste Corot, la lumière d'Arménie nous atteint grâce à Martiros Sarian. Lumière enfin dégagée des larmes qui brouillaient la voix des poètes de Naпri, lumière enfin heureuse sur les fruits, les hommes, les montagnes, elle est un trésor retrouvé, comme si les eaux du déluge s'étant retirées, la plaine d'Erevan n'était que la pure couleur de l'avenir. Si bien que les siècles, à côté de notre Cézanne et de notre Matisse, placeront Sarian à la première place, car il est un peintre du bonheur. »
En 1980, huit ans après son décès une grande exposition lui a été consacrée au Centre Pompidou- Paris.

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samedi 28 septembre 2019

André Lanskoy (1902–1976) - Nature morte


André Lanskoy (1902–1976) 
Nature morte, 1935
Collection particulière 

Que voit-on ? Posés sur une nappe blanche  une dizaine d'objet allant de vase de fleurs contenant un bouquet de roses, à la cafetier en passant par la bouteille, l'assiette de fruits (au centre), l'assiette de patisseries (à droite ) ou des fruits eux mêmes posées à même la nappe  (melon, tomates, pamplemousse)...  Le contraste entre le fond très sombre et la blancheur de la  nappe donne aux objets un relief particulier et le style du peintre n'est plus ni tout à fait figuratif ni abstrait...

Rappel biographique : Le peintre russe André Lanskoy appartient à la nouvelle Ecole de Paris. Après des études à  Saint Petersburg, puis à Kiev, il  arrive à  Paris en 1921  où il fréquente la Grande Chaumière et se consacre à la peinture. Après une longue période figurative, André Lanskoy s'oriente, à partir de 1938,  vers l'abstraction, . Il a peint quelques nature mortes en utilisant  une palette de couleurs  tout à fait inhabituelle dans ce genre.
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vendredi 27 septembre 2019

Suzanne Valadon (1865-1938) - Nature morte avec hareng


Suzanne Valadon (1865-1938) 
Nature morte avec hareng, 1936
Collection privée

 Que voit-on ? Posé sur une chaise en paille, un torchon rouge et blanc et une assiette en porcelaine blanche dans laquelle sont posées un hareng et un citron entier.  Un thème traité quasiment à l'identique dans Nature Morte aux poissons
La différence : au sol sur la droite de la composition, un porte bouteille en metal contenant 3 bouteilles de vin mousseux et une bouteille de vin, ouvertes et vides.  


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jeudi 26 septembre 2019

Pieter Gerritsz van Roestraten (1630-1700) - Still-Life with Chinese Teabowls



Pieter Gerritsz van-Roestraten (1630-1700)
Still-Life with Chinese Teabowls
Gemäldegalerie, Berlin

 Que voit-on ?  Posées sur un entablement verni propre à réfléchir tout objet qui s'y trouve (ce qu'il ne manque pas de faire) : 4  bols à thé en porcelaine chinoise dont 3 pleins et 2 vides, légèrement renversés de façon à présenter  les détails  de leurs dessins. Sur ce entablement  figure aussi (et surtout) un somptueux sucrier en argent  avec incrustation de pierres dures sombres et une théière en terre cuite laissée dans l'ombre Une cuillère en vermeil et deux gros morceaux de sucre cristal parachève la somptuosité et l'extravagance de cette nature morte.

Rappel biographique : Le peintre hollandais Pieter Gerritsz van Roestraten a été actif dans le domaine des natures mortes et des scènes de genre pendant la période de ce qu'il est convenu d'appeler l'Age d'or néerlandais. Elève de Frans Hals dont il épousa la fille en 1654,  il vécut à Amsterdam avant de déménager à Londres en 1666. Dans cette ville, Roestraten acquit très rapidement la réputation d'être le meilleur peintre de natures mortes à sujet d'orfevrerie qui soit.  Sir Peter Lely lui fit un véritable pont d'or pour qu'il abandonne la peinture des portraits qui était sa spécialité à son arrivée à Londres. Et c'est ce qu'il fit pour la somme alors importante de quarante à cinquante livres sterling par tableau.

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mercredi 25 septembre 2019

Félix Vallotton (1865-1925) - Nature morte avec fraises



Félix Vallotton (1865-1925)
Nature morte avec fraises, 1921
Collection particulière

Que voit on ? Les plis de la nappe, la chair des fraises, le velouté du feuillage, la porcelaine de l'assiette les noeuds du bois... autant de textures et de matières différentes étalées avec un réalisme  pourtant très éloigné de la tentation du trompe l'oeil.  Le génie de Vallotton tient dans cette capacité a être réaliste... sans l'être tout à fait !

Rappel biographique : Félix Vallotton, peintre d'origine suisse naturalisé français en 1900, est un artiste à cheval sur deux siècles, deux pays et plusieurs tendances esthétiques, des Nabis à la Neue Sachlichkeit (Nouvelle Objectivité). S'il est aujourd'hui moins connu en France qu'en Suisse, c'est pourtant à Paris, dans les années 1890, que ses gravures sur bois novatrices lui ont valu une renommée qui s'est rapidement étendue à l'Europe entière. Tout au long de sa vie le " Nabi étranger ", comme il était surnommé, s'est intéressé à une gamme étendue de sujets récurrents - intérieurs, toilettes, nus féminins, paysages, natures morte, rendus étranges par son style lisse et froid, aux couleurs raffinées, aux découpages et aux cadrages audacieux. Et bien qu'il ne fût pas toujours compris par la critique de son temps, Vallotton a su s'imposer comme une figure en vue de la scène artistique parisienne et trouver sa place dans le courant moderne, notamment en participant à de nombreuses manifestations internationales d'avant-garde devenues mythiques. C'est surtout à  partir de 1910, que Félix Vallotton s’intéresse au genre de la nature morte et le transforme dans chacune de ces toiles.
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mardi 24 septembre 2019

Eugène Joors (1850-1910) - Nature morte aux oranges



Eugène Joors (1850-1910) 
Nature morte aux oranges, 1886. 
Private collection

Que voit on ? Le thème des oranges emballées dans du papier fin noué en papillote fut très à la mode à a fin du 19e siècle. Les peintre européens (et américains) trouvaient ainsi dans les premiers développements du transport trans-frontalier  de fruits et légumes et dans leur méthode de  conservation des fruits, une source d'inspiration  inédite pour un sujet que le 17è et 18e siècle (surtout italiens) avaient largement traité sous tous les angles. Ici, la paille le papier et la peau de l'orange fournisse au peintre l'opportunité de montrer son savoir dans le traitement  des textures. 

Rappel biographique : Eugène Joors  était un peintre belge au style réaliste. Il étudia de 1865 à 1870 à l' Académie royale des beaux-arts (Anvers). En 1886, il devient professeur de peinture de nature morte , en coopération avec son ami Frans Mortelmans. La peintre allemande Helene Cramer fit partie de ses élèves.  Il exécuta à la fois les natures mortes traditionnelles soigneusement préparées et la variété florale plus naturelle, ainsi qu’une grande variété de paysages, de portraits et de scènes de genre. À partir de 1879, il est un exposant régulier à Anvers et à l'étranger, recevant une médaille d'or lors d'un salon à Munich où l'un de ses tableaux a été acheté par le prince Leopold.

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lundi 23 septembre 2019

Sir Lawrence Alma Tadema (1836-1912) - Japanese Peonies



Sir Lawrence Alma Tadema (1836-1912)
Japanese Peonies, 1870 -1871
Private collection 

Que voit-on ? Un éclatant bouquet de pivoines roses présentées dans un vase en verre transparent posé sur une table en marqueterie  de nacre et d'ébène, devant un mur en lavis de verts. Une splendide  composition de l'ère Victorienne. 

Rappel biographique : le célébrissime peintre anglais d'origine néerlandaise Lawrence Alma-Tadema, est généralement plus connu pour ses portraits de femmes, ses grandes scènes de genre et ses grandiloquentes reconstitutions historiques que pour ses natures; mortes. Il lui arriva d'en peindre  cependant quelques unes, principalement florales. 
Lawrence Alma-Tadema montre très tôt dans son enfance de grandes dispositions artistiques qu'il développe en dessinant et peignant, de même qu'un grand sens de la méthode. Ainsi, en 1851, il peint un portrait de sa sœur qu'il numérote Opus I, une pratique qu'il gardera tout au long de sa vie, sa dernière toile portant le numéro Opus CCCCVIII.
En 1852, il intègre l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers et devient l'élève de Gustave Wappers puis de Nicaise De Keyser. Tous deux sont proches du mouvement romantique, et de Keyser, en particulier, encourage ses élèves à peindre des sujets historiques. 
En 1856, il quitte l'académie, devient l'assistant du peintre Henri Leys et s'installe chez l'archéologue Louis de Taye, au contact duquel il s'intéresse à l'histoire et à l'archéologie.
En 1862, il se rend à Londres pendant l'Exposition universelle. Lorsqu'il visite le British Museum, il est très impressionné par la collection d'objets antiques et particulièrement par la « frise du Parthénon », ce qui influencera considérablement son œuvre par la suite.
En 1863, il épouse une Française, Marie Pauline Gressin de Boisgirard, et découvre l'Italie lors de leur voyage de noces. Alors qu'il avait prévu d'y étudier l'architecture des églises primitives, il tombe sous le charme des ruines de Pompéi. Il en rapportera une impressionnante collection de photographies (plus de 168 albums) qui lui servira de documentation pour ses toiles à venir, représentant pour la plupart des scènes de la vie courante durant l'Antiquité. Plus tard, sa grande habileté à reproduire l'architecture antique lui vaudra le surnom de « peintre du marbre ».
De retour d'Italie, il s'installe à Paris où il rencontre le célèbre marchand d'art belge Ernest Gambart, qui l'encourage dans la voie qu'il a choisie et lui commande une vingtaine de toiles pour sa galerie londonienne. Le succès est immédiat. En 1865, son fils meurt de la variole, puis il perd son épouse en 1869, se retrouvant seul avec deux fillettes, Anna et Laurence.
Craignant une invasion prussienne, il quitte la France, tout comme Monet et Pissarro, et s'installe à Londres en 1870. Il se remarie avec une de ses élèves âgée de dix-sept ans, Laura Epps, et en 1873, devient sujet britannique.
Les expositions se succèdent, lui assurant un immense succès, aussi bien en Europe qu'aux États-Unis ou en Australie, pays où de nombreux prix lui sont décernés.
En 1876, il devient membre de l'Académie Royale et en 1899, il est anobli par la reine Victoria.
Après une carrière de près de soixante ans, il meurt au spa de Wiesbaden, le 25 juin 1912. 
Son corps repose dans la cathédrale Saint-Paul de Londres.

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dimanche 22 septembre 2019

Evert Collier (1640-1708) - Vanitas Still Life




Evert Collier (1640-1708) 
Vanitas Still Life  1662 
Rijksmuseum

Que voit on ?  Point ici de vanité au sens de tete de mort, mais  plutôt une accumulation de symboles de richesse  extrême et de pouvoir où  couronnes, coffres à  bijoux, calices précieux, coiffes exotiques à plumes d'oiseaux des îles et sceptres le disputent à mappemondes, livres savants et/ou sacrés,  incunables et autres traités de paix en cours de révision... L'allusion à la vanité de toute entreprise humaines se trouve consigner sur la petite feuille de papier qui dépasse de ce bel incunable au fermoir d'argent  finement ciselé que l 'on voit à la droite de la composition, et rappelle de façon très visible  en latin : Vanitas, Vanitatum et Omnias Vanitas   (Vanité, Vanités, Tout e'est que Vanité)

Rappel biographique : le peintre Evert Collier est un peintre de natures mortes et de trompes-l'oeil de la fin de la période de l'âge d'or hollandais. Plusieurs orthographes existent pour son prénom et son nom, ce qui en rend l'identification mal aisée : le prénom est parfois orthographié Edward ou Edwaert ou Eduwaert ou Edwart et son nom est parfois orthographié Colyer ou Kollier.
Evert Collier a été formé à Haarlem. Ses premières peintures montrent l'influence très nette de Vincent Laurensz van der Vinne, membre de la Haarlem Guilde de Saint-Luc dès 1649, qui a probablement été son professeur lorsque Collier a été inscrit lui-même dans cette Guilde de Haarlem en 1664. Ils ont tous deux plus tard influencé le peintre de natures mortes Barend van Eisen. Collier a vécu et travaillé à Leyde, à Amsterdam et enfin à Londres où il a terminé sa carrière et où il est enterré. Ses natures mortes, principalement constituées d'objets partagent la caractéristique d'être avant tout spectaculaires et fastueuses, quel que soit le sujet traité.

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samedi 21 septembre 2019

Gustave Caillebotte (1848-1894) - Nature morte avec vase de glaïeuls



Gustave Caillebotte (1848-1894)
Nature morte avec vase de glaïeuls, 1887
Collection particulière

Que voit on ? Un somptueux vase de glaïeuls rouges présentés sur un fond noir et dans un vase vert de façon à augmenter l'intensité des rouges. Au milieu de cette débauche de rouge et de façon a ce que le spectateur ne soit pas submergé par cette couleur volcanique, le grand Caillebotte (dont la diversité des styles fascine toujours) a posé un  (et un seul!) glaïeul blanc  accompagné  d'un renoncule bleue pâle, la seul elle aussi de son cette couleurs dans la base de renoncules rouges que le peintre a voulu pour ce bouquet magique.

 Rappel Biographique : le peintre français Gustave Caillebotte fut aussi mécène, collectionneur  et organisateur des expositions impressionnistes de 1877, 1879, 1880 et 1882. Le talent de Caillebotte fut longtemps méconnu (sauf aux États-Unis) au profit de son rôle de « mécène éclairé ». Le peintre fut redécouvert dans les années 1970 à l'initiative de collectionneurs américains. Les rétrospectives de ses œuvres sont désormais fréquentes. Certains de ses tableaux se trouvent maintenant au musée d'Orsay à Paris. Caillebotte est l'un des premiers grands peintres français à exposer régulièrement aux États-Unis, où il rencontre un vif succès, et où se trouvent aujourd'hui nombre de ses toiles. Il est l'un des fondateurs du courant « réaliste », qu'illustrera par exemple au 20e siècle l'américain  Edward Hopper. Fortuné, il n'a pas besoin de vendre ses toiles pour vivre, si bien que ses descendants possèdent encore près de 70 % de ses œuvres. À sa mort, Martial et Auguste Renoir son exécuteur testamentaire, prennent les dispositions pour que l’État accepte le legs de ses tableaux impressionnistesLes historiens d'art qualifient volontiers cet artiste « d’original et audacieux ». Sa technique ne l'est pas moins assez proche de l'art photographique, mais, par de puissants effets de perspectives tronquées, les distances et les premiers plans sont écrasés et l'horizon absent, d'où la perception instable et plongeante (Caillebotte invente la vue en plongée dans la peinture). Les effets de vue plongeante s'imposent dans son art à travers les personnages au balcon et ses vues en surplomb des rues et des boulevards. 
Dans ses natures mortes saisies souvent dans des cadrages et sous des angles inhabituels, il s'intéresse surtout à l'aspect préparé et alimentaire. Il affectionne les natures mortes à l'étalage dont il croque le plan sur les marchés, dans les restaurants, ou dans les boutiques et qu'il retravaille entièrement dans son atelier, car contrairement aux impressionnistes qui peignent en plein air, Caillebotte retravaille toutes ses esquisses à l'atelier. 
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vendredi 20 septembre 2019

Boris Kustodiev (1878-1927) - Coquillages



Boris Kustodiev (1878-1927) 
Coquillages
Collection particulière

Que voit-on ? Trois magnifiques coquillages dans la grande tradition des natures mortes aux coquillages des 17 et 18e siècles, ici revus  par un peintre du 19e  très proches de l'impressionnisme européen mais qui ne manque cependant pas de saisir, comme il l'aurait fait avec des bijoux précieux, tous les reflets (nacrés ou plus rugueux) et toute la splendeur de ses pièces exotiques autrefois conservées dans les cabinets de curiosités puis sorties au 19 e siècle des collections pour devenir des objets plus quotidiens. 

Rappel biographique : Le peintre russe et décorateur de théâtre Boris Mikhaïlovitch Koustodiev (Борис Михайлович Кустодиев) a commencé à prendre des cours d'art privés avec Pavel Vlassov), avant de devenir l'assistant d'Ilya Répine à l'Académie impériale des beaux-arts de Saint-Pétersbourg de 1896 à 1903. Il expose ses œuvres pour la première fois en 1896. En 1909, il est élu à l'Académie impériale des beaux-arts et continue à travailler intensivement, malgré une maladie grave (la tuberculose de la colonne vertébrale) qui requiert son attention urgente. Sur le conseil de ses médecins, il passe une année en Suisse dans une clinique privée. Sa patrie lui manque, et les thèmes russes continuent d'être à la base de toutes les œuvres qu'il exécute pendant l'année.
Il devient paraplégique en 1916. « Maintenant ma chambre est mon monde entier » écrit-il.
Sa capacité de rester joyeux et vif en dépit de sa paralysie est étonnante. Ses peintures pleines de couleurs vives ne révèlent pas sa souffrance physique ; au contraire, elles donnent l'impression d'une vie heureuse et sans soucis.
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jeudi 19 septembre 2019

Sören Emil Carlsen (1853-1932) - White pot and black pot



Sören Emil Carlsen (1853-1932)
White pot and black pot 
Private collection 

Que voit on ? Un  beau travail sur les différence de textures et de couleurs  entre un pot noir en métal émaillé dont l'intérieur est blanc et un pot en céramique blanche vernissée, les deux objets étant posés sur l' entablement crayeux d'un atelier . Un loge blanc posé dans le pot en métal noir accentue le contraste des textures...

Rappel biographique : Sören Emil Carlsen est un peintre impressionniste américain d'origine danoise. Rapidement qualifié de " Chardin américain " par la critique locale de son  temps, il se spécialisa dans les natures mortes. Membre de la National Academy of Design, professeur de dessin respecté à Chicago, San Francisco et New York,  et bien que figurant dans plusieurs collections privées, il n'a jamais été classé parmi les grands peintres américains du 20e siècle et pourtant... il l'est bel et bien ! 


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mercredi 18 septembre 2019

Dick Ket (1902–1940) - Stilleven met de hand



Dick Ket (1902–1940)
Stilleven met de hand, 1933
oil on canvas
Museum Arnhem

Que voit on ? Quelques uns des éléments habituellement contenus dans les natures mortes hétéroclites de ce peintre hollandais du 20e siècle comme le bol ébréché et vide, les papiers tachés que le peintre trimbalent de tableaux en tableaux (cf. publications précédentes ) ... auxquels s'ajoutent ici une vieille photo, un bocal de bicarbonate, un mini cactus en pot.. et surtout une main posé sur un pantalon ( en bas a droite du cadre) qui accentue l'aspect interrogateur de la composition.

Rappel biographique : Dick Ket était un peintre connu pour ses natures mortes et ses autoportraits.
Ses natures mortes méticuleusement composées tournent toujours autour des mêmes thèmes et représentent souvent les mêmes objets à savoir des bouteilles, un bol vide(et de préférence ébreché,) des œufs, des instruments de musique, des journaux... Ket a juxtaposé ces objets dans des arrangements angulaires, vus d'un point de vue élevé, dans un cadrage "en plongée",  les ombres portées des objets créant toujours d'intéressantes diagonales. Dick Ket a réalisé environ 140 peintures, dont une quarantaine d'autoportraits. Ses expérimentations techniques de différents additifs dans la composition de ses pigments, medium  et vernis, ont eut pour effet de provoquer un résultat étonnant et difficilement gérable par les conservateurs, puisque certaines de ses peintures ne sont pas complètement sèches après quatre vingt ans !!! Le Rijksmuseum d'Amsterdam, le musée Arnhem et le musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam figurent parmi les musées présentant des œuvres de Dick Ket.

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mardi 17 septembre 2019

Jacob Foppen van Es (circa 1596 -1666) - A Breakfast Table



Jacob van Es (circa 1596 -1666) 
A Breakfast Table 
Oil on panel   
Nationalmuseum, Stockholm

Que voit on ? Ce que décrit le titre mais aussi tout ce qu'il ne décrit pas : les somptueux verres (au nombre de 4) dont deux seulement sont vraiment visibles ; les deux autres (à gauche et au centre derrière le fromage à côté du verre de vin rouge) ne présentant que des reflets fugaces dans une pénombre savamment entretenue. Il y aussi cette chiffonnade de jambon (comme on dirait aujourd'hui) présentée sur un plat d'argent à droite de la composition sous le somptueux Nautile et juste derrière la miche de pain de seigle... en réalité il y a trois natures mortes dans cette nature morte. A gauche : une nature morte au pain blanc, orange, asperges et persil ; au centre : une nature morte au fromage surmonté d'une plat de beurre ; à droite : une nature morte au jambon, Nautile, pain de seigle et homard cru discrètement disposé dans un plat sur le pain de seigle. La choppe de bière en terre cuite  vernissée est presque là pour rendre plus humain ce déferlement de luxe, d'exotisme et d'étrangeté. 
 
Rappel biographique : Jacob Foppens van Es est un peintre né à Anvers dans les Pays-Bas espagnols, spécialisé dans les peintures de repas, les natures mortes et les fleurs, comme bon nombre de peintres flamands de cette époque. Les données biographiques sur la vie de Jacob Foppens van Es sont rares. L’inscription sur un portrait de Foppens van Es gravé par Venceslas Hollar d’après un tableau de Joannes Meyssens indique qu’il est né à Anvers. En 1617, il devient maître de la Guilde de Saint-Luc à Anvers. Le fait qu’il n’ait pas été inscrit comme élève à la Guilde avant de devenir maître indique qu’il s’est probablement formé en dehors d’Anvers. Au moment de son enregistrement en tant que maître à Anvers, il était déjà marié à Joanna Claessens avec qui il avait un fils appelé Nicolaas. Nicolaas devint maître de la Guilde en 1648. Son succès en tant qu’artiste est attesté par la présence de ses oeuvres odans de nombreuses collections anversoises au 17ème siècle. Même l’inventaire du principal peintre baroque flamand Peter Paul Rubens comprenait deux de ses œuvres. Jacob Foppens van Es jouissait d’un statut élevé parmi les plus grands artistes anversois et a été actif pendant 50 ans. Jacob Foppens van Es fut un artiste très prolifique. Environ 125 de ses œuvres sont parvenues jusqu'à nous , toutes signées de son nom complet « I. (ou IACOB) VAN ES ». Mais étant donné qu'il ne datait jamais ses œuvres, il est impossible aujourd'hui de retracer la chronologie de sa production et l’évolution de son travail. Ses natures mortes décrivent généralement une accumulation d’objets sans rapport entre eux, posés sur un plan fortement inclinée, la principale préoccupation du peintre semblant être non pas la signification des symboles mais la réalisation de couleurs riches. Ses natures mortes sont dites "archaïsantes" sur le modèles de celles des grands maîtres flamands Osias Beert et Clara Peeters. Certaines subissent directement l'influence de Floris van Schooten.
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lundi 16 septembre 2019

Edouard Manet (1832-1883) - Fleurs dans un vase en cristal




Edouard Manet (1832-1883)
Fleurs dans un vase en cristal c.1882  
National Gallery of Art, Washington, D.C.

Que voit-on ? Un petit bouquet de fleurs parmi lesquels on croit deviner des roses, des oeillets, des bleuets, des pensées ou même des pois de senteur das un vase de forme simple mais dont les reflets bleutés des pieds ne laissent aucun doute sur la matière  dont il est constitué  : le plus pour des cristaux de roche.   Un petit chef-d'oeuvre !


Rappel biographique : L
e peintre français Édouard Manet est un peintre majeur de la fin du 19e siècle, initiateur de la peinture moderne qu'il libère de l'académisme, C'est une erreur de considérer Édouard Manet comme l'un des pères de l'impressionnisme : il s'en distingue en effet par une facture soucieuse du réel. Manet n'utilise pas (ou peu) les nouvelles techniques de la couleur et le traitement particulier de la lumière, utilisées par les impressionnistes. Il s'en rapproche cependant par certains thèmes récurrents comme les portraits, les paysages marins, la vie parisienne ou encore les natures mortes, tout en peignant de façon personnelle, dans une première période, des scènes de genre (sujets espagnols et odalisques entre autres).
On a beaucoup dit que lorsque Manet avait peint des natures mortes, c'était surtout pour des raisons financières qu'il l'avait fait. Il avouait lui-même avoir plus de facilités à les négocier que ses portraits. Cela ne signifie pas qu'elles aient été d'un intérêt mineur pour lui bien au contraire : la scénographie qu'il impose à ses natures mortes est tout simplement prodigieuse, qu'il s'agisse de solo comme Le citron ou L'asperge ou de mise en scène collectives comme dans Fruits sur la table ou Le Panier de fruits ou d'hommage à d'illustres maitres comme son hommage à Chardin avec La Brioche, 1870 (MET, New York).
Manet aimait authentiquement les natures mortes : « Un peintre peut tout dire avec des fruits ou des fleurs, ou des nuages seulement », affirmait-il. Une part non négligeable de son œuvre est consacrée à ce genre, avant 1870 surtout puis dans les dernières années de sa vie où la maladie l'immobilise dans son atelier. Certains éléments de ses tableaux constituent de véritables natures mortes comme le panier de fruits dans Le Déjeuner sur l'herbe, le bouquet de fleurs dans Olympia ou le pot de fleurs, la table dressée et différents objets dans Le Petit déjeuner dans l'atelier. Il en va de même dans les portraits avec le plateau portant verre et carafe dans le Portrait de Théodore Duret ou la table et les livres dans le Portrait d’Émile Zola. Mais les natures mortes autonomes, qui se revendiquent comme telles, ne manquent pas dans l’œuvre de Manet !
Considérant l'importance de la nature morte chez Manet, beaucoup – et cela dès les années 1890 – y ont vu la marque la plus évidente de la révolution qu'il accomplissait, l'avènement d'une peinture uniquement préoccupée d'elle-même et débarrassée de la tyrannie du sujet. En refusant toute hiérarchie à l'intérieur même du tableau, en donnant autant d'importance à l'accessoire qu'à la figure, Manet assurément rompait avec les règles académiques. (...) Comme Cézanne et comme Monet qu'il influencera, Manet trouvait dans la nature morte, obéissante et disponible, un laboratoire d'expériences colorées dont il répercutait aussitôt les trouvailles dans d'autres compositions ; comme Cézanne et comme Monet, il dit cette curieuse obsession de l'éclatante blancheur et voulut peindre lui aussi ces tables servies avec leurs nappes blanches "comme une couche de neige fraîchement tombée" (Nature morte avec melon et pêches, National Gallery of Art, London). Manet, peintre de natures mortes, a médité les grands exemples anciens, celui des Espagnols et de leurs bodegones, celui des Hollandais et bien sûr celui de Chardin. Dans les années 1860, il joue des franches oppositions du noir et du blanc, bois sombre de la table, éclat d'une nappe ou serviette sur lesquelles il dispose ses notes colorées.
A sa mort, Édouard Manet laisse plus de 400 toiles, des pastels, esquisses et aquarelles. Ses œuvres sont aujourd'hui visibles dans  les plus grands musées du monde.
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dimanche 15 septembre 2019

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (699-1779) - Nature morte avec faisan pendu par une patte et gibecière



Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
Nature morte avec faisan pendu par une patte et gibecière, 1760
Huile sur toile  72 x 58 cm.
Gemäldegalerie, Berlin

 Que voit on ? Sans doute l'un des  grands chefs d'oeuvres de Chardin ...qui en peignit beaucoup !  Ce faisan pendu par une patte dont on devine plutôt qu'on ne la voit la splendeur du plumage est volontairement maintenue dans l'ombre pas le peintre qui choisit de rehausser  par la lumière la clarté de la gibecière  posée sur la pierre, laissant le dernier mot au revers des  plumes de l'aile de l'oiseau, d'une blancheur éclatante qui zèbre la composition comme un éclair fulgurant. 

Rappel biographique : Jean-Baptiste-Siméon Chardin est considéré comme l'un des plus grands peintres français et européens du 18e siècle. Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, il est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. A partir du Salon de 1748, Chardin expose de moins en moins de scène de genre, il multiplie désormais les natures mortes. Ce retour à ce type de peinture va durer une vingtaine d'années. Il est difficile de donner des raisons à ce changement de cap. On sait que pendant cette période la vie de Chardin est en pleine mutation. Il se remarie, il reçoit une pension du roi. Il est désormais à l'abri du besoin. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre. Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres.
Les natures mortes qu'il peindra à partir de 1760 sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres... Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.
Chardin cherchait à reproduire la matière, ces fruits semblent aussi vrais que nature, Diderot s'extasiait devant ce réalisme dans son compte-rendu du Salon de 1759 : " Vous prendriez les bouteilles par le goulot si vous aviez soif " ou encore en 1763, " C'est la nature même; les objets sont hors de la toile et d'une vérité à tromper les yeux. (...)
 Pour regarder les tableaux des autres, il semble que j'ai besoin de me faire les yeux ; pour voir ceux de Chardin, je n'ai qu'à regarder ce que la nature m'a donné et m'en bien servir ".
" O Chardin ! ce n'est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette: c'est la substance même des objets, c'est l'air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau et que tu attaches sur la toile ".

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samedi 14 septembre 2019

Felix Vallotton (1865-1925) - Nature morte avec une tasse bleue et blanche ...



Felix Vallotton (1865-1925),
Nature morte avec une tasse bleue et blanche à côté d'une d'un pot à café en argent, 1887
Collection particulière (signée en bas à droite)

Qu voit on ? Felix Valotton a 22 ans quand il peint cette toile dont le titre décrit avec précision le contenu. Le moins que l'on puisse dire est que cette composition n'est pas apparemment pas représentative de ses productions futures...  et pourtant en y regardant de plus près on risque d'avoir des surprises !  En effet on ne peut pas ignorer les étranges reflets que le peintre a placé sur le pot en argent et qui laisse entrevoir l'autre partie de la pièce tout en la noyant dans une imprécision très abstraite qui fait penser à certaines compositions de... Nicolas de Staël.

Rappel biographique : Félix Vallotton, peintre d'origine suisse naturalisé français en 1900, est un artiste à cheval sur deux siècles, deux pays et plusieurs tendances esthétiques, des Nabis à la Neue Sachlichkeit (Nouvelle Objectivité). S'il est aujourd'hui moins connu en France qu'en Suisse, c'est pourtant à Paris, dans les années 1890, que ses gravures sur bois novatrices lui ont valu une renommée qui s'est rapidement étendue à l'Europe entière. Tout au long de sa vie le " Nabi étranger ", comme il était surnommé, s'est intéressé à une gamme étendue de sujets récurrents - intérieurs, toilettes, nus féminins, paysages, natures morte, rendus étranges par son style lisse et froid, aux couleurs raffinées, aux découpages et aux cadrages audacieux. Et bien qu'il ne fût pas toujours compris par la critique de son temps, Vallotton a su s'imposer comme une figure en vue de la scène artistique parisienne et trouver sa place dans le courant moderne, notamment en participant à de nombreuses manifestations internationales d'avant-garde devenues mythiques. C'est surtout à  partir de 1910, que Félix Vallotton s’intéresse au genre de la nature morte et le transforme dans chacune de ces toiles.

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vendredi 13 septembre 2019

Clara Peeters (1594-1657) - Still Life with Cat and Fish


Clara Peeters (1594-1657) 
Still Life with Cat and Fish (c. 1622-30) 
Oil on panel, 34.3 x 47 cm. 
National Museum of Women in the Arts, Washington DC 

Que voit on ?  La grande habileté de Clara Peeters à restituer une texture et des détails naturalistes trouve son aboutissement dans ce chef d'oeuvre qu'est cette Nature morte aux Poissons et au Chat. Dans ce travail, elle  décrit de façon on ne pleut plus réaliste l'abondance  qui règne dans la cuisine de cette maison, sans que la toile ne contienne les habituelles subtiles allusions morales des natures mortes. La passoire en céramique rougeâtre contient plusieurs types de poisson, y compris une anguille. Son corps long et mince forme une boucle saillante qui ajoute un intérêt visuel au coin supérieur gauche de la composition.  D'autre part Clara Peeters agrandit l'espace de la toile vers le bas en jouant avec les  reflets du plat en étain. Les diverses textures exposées à travers les écailles de poisson glissantes, l'argile épaisse de la passoire, la fourrure de chat, la  brillance de la nacre et la rugosité  extérieure des  coquilles d’huître, et enfin l'éclat du d’un plat en étain  rehaussent de façon magistrale les qualités sensorielles de la peinture. 
Le chat, les oreilles pointées en arrière et l'oeil menaçant reste vigilant face à tout intrus potentiel, duquel il protège d'une patte ferme, le poisson qu'il a saisi...

Rappel biographique : la peintre Flamande Clara Peeters était autodidacte et a peint essentiellement des natures mortes. (à l'exception d'un auto portrait). Elle fut active très jeune en tant que peintre (dès l'âge de 13 ou 14 ans selon les documents !) et fait partie des premières femmes peintres qui ait exercé officiellement ce métier, avec une place reconnue de son vivant, par les Guildes des peintres de la période d'or du baroque flamand.  Cette femme à la personnalité hors du commun, dont on pense qu'elle fut, adolescente, l'élève très privée d'Osias Beertse spécialise, dès l'âge de 18 ans, dans les natures mortes dont elle saisit les sujets soit autour de la table des repas quotidiens soit dans des mises en scène plus sophistiquées. Elle s'intéresse beaucoup aux reflets sur les objets métalliques, pièces, plats, vases, coupes, timbales bijoux, présents fréquemment dans ses compositions, en premier plan, avec un fond plus sombre. Ces plus belles natures mortes - qui sont autant de chef d'oeuvres - ont été peintes dans l'année 1611 et sont conservées au Musée du Prado.

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jeudi 12 septembre 2019

Alexandre Isidore Leroy de Barde (1777-1828) - Nature morte aux oiseaux exotiques II,



Alexandre Isidore Leroy de Barde (1777-1828)
Nature morte aux oiseaux exotiques II, 1804
gouache et aquarelle
Musée du Louvre, Paris

Que voit on ? Exactement ce que le titre décrit : une collection d' oiseaux exotiques naturalisés et rangés par case dans une série de boites en bois précieux accumulées les unes sur les autres pur former une cadre parfaitement rectangulaire. Parmi les oiseaux : divers perroquets, toucans et autres canaris des iles  avec en bas de cadre une case réservée aux oeufs de différentes espèces dont certaines ne sont pas présentes dans le cadre (comme les autruches par exemple !). Un cabinet de curiosités qui sacrifie clairement la rigueur scientifique aux choix esthétiques ? Qui s'en plaindrait ! 

Rappel biographique : Peintre de natures mortes, de paysages, aquarelliste, collectionneur de curiosités et initiateur des cabinets de curiosités, Alexandre-Isidore Leroy de Barde étudie en 1797 à l'Académie Royale. Le roi Louis XVIII achète certaines de ses toiles et le nomme "Premier peintre d'histoire naturelle". Il voyage dans le monde entier pour rechercher des objets, des minéraux, des fossiles, sa grande passion. Il ouvre, à Paris, un Cabinet de Curiosités constitué de tous ses spécimens d'histoire naturelle (oiseaux, coquillages, animaux, minéraux), de vases et objets d'antiquités et d'objets provenant des mers du Sud (armes, habillement, ustensiles, instruments de marine, de musique). L'artiste expose à la Royal Academy de Londres à partir de 1797, et devient membre de la Société anglaise des aquarellistes.
Il lègue en 1823, son immense collection à la ville de Boulogne-sur-Mer.

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mercredi 11 septembre 2019

Henri Rousseau (1844-1910) - Nature morte ca, 1922



Henri Rousseau  (1844-1910) 
Nature morte  ca, 1922
Collection particulière 

Que voit-on ? Sur un entablement constitué d'une nappe blanche dont on perçoit nettement les pli,  et devant un fond sombre : un vase en céramique vernissée noire  t son ombre projetée sur la nappe, contenant un bouquet de fleurs du jardin  présenté comme s'il s 'agissait d'un fragment de jungle  en pot !  Pourtant il n'y a là guère qu'un hortensia rose, des chrysanthèmes et marguerites, et quelques feuillages.  Toutes les natures mortes florales d' Henri Rousseau ont tendance a suivre un modèle de composition similaire d'une grande simplicité  (l'entablement, le vase et les fleurs  en bouquet)  mais chacune parvient à exprimer cependant  à travers ce modèle identique une spécificité  propre et une poésie  très singulière...

Rappel biographique : Le peintre français Henri Rousseau (Henri-Julien-Félix Rousseau) dit "Le Douanier Rousseau " est considéré comme un représentant majeur de l'art naïf. Issu d'une famille modeste, il étudie le droit avant de partir à Paris, où il travaille dans un octroi d'où son surnom de " douanier ".
Il apprend lui-même la peinture sans le recours à un quelconque enseignement et produit un grand nombre de toiles qui représentent souvent des paysages de jungle, bien qu'il n'ait jamais quitté la France.
Il s'inspire en réalité de livres illustrés, des jardins botaniques et de rencontres avec des soldats qui ont participé à des expéditions exotiques et qui lui racontent les paysages lointains. Ses toiles montrent une technique élaborée, mais leur aspect enfantin a valu beaucoup de moqueries et de mépris professionnel à Henri Rousseau pensant de nombreuses décennies. Ses premières critiques positives arrivent à partir de 1891. A la fin de sa vie il rencontre même quelques autres artistes de son temps (et pas des moindres) qui lui reconnaissent publiquement un talent certain, comme, entre autres, Robert Delaunay, Paul Gauguin, Toulouse-Lautrec ou Pablo Picasso....
Son travail est aujourd'hui considéré comme crucial pour l'art naïf et il a influencé de nombreux artistes, notamment surréalistes et l'autodidacte Henri Rousseau occupe une des premieres places dans le Panthéon pictural du 20e siècle.

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mardi 10 septembre 2019

Maximilian Pfeiler (1656-1746) - Nature morte à la mandoline




Maximilian Pfeiler (1656-1746)
Nature morte à la mandoline
Huile sur toile, 97,6 x 73 cm.
Collection privée  (Sotheby's Monaco)

Que voit on ?  La mandoline qui donne son nom à cette nature morte  est très anecdotique puisque pour la trouver il faut aller au au fond du tableau à droite  où elle se cache  juste devant le paysage !  On a bine compris  que cette mandoline était prétexte à dépeindre une profusion de fruits (citrons, cédrats, oranges, raisin, pêches, figues violettes) et de fleurs  (roses charnues, ipomées) présentées avec une magnificence rare, dans des porcelaines de Sèvres ou  enrubannés sur des plateaux du plus bel argent et posés sur de précieux précieux du lointain Orient.  

Rappel biographique : Par une curieuse ironie de l'histoire, la biographie de Maximilien Pfeiler, peintre allemand de l'abondance et du faste est très peu documentée ! En 1683 on trouve une première trace de lui comme membre de la Guilde des Peintres à Prague. Puis on le retrouve à Rome où il est actif de 1694 à 1721 uniquement. On sait cependant que tout ce que la Ville éternelle comptait de gens importants lui passa commandes de somptueuses compositions florales ou de natures mortes très extravagantes dont il était un spécialiste reconnu. On sait aussi qu'il fut l'élève de Christian Berentz par lequel il fut très influencé et qu'il collabora avec Francesco Trevisani et Michele Rocca. Bien que la postérité l'ait oublié, sa notoriété de son vivant devait être immense puisque l'on retrouvait ses compositions chez les amateurs d'art les plus éclairés de son temps, comme dans la collection du cardinal Fesch par exemple.

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lundi 9 septembre 2019

Edouard Vuillard (1868-1940) - La boîte à peinture de l'artiste et un vase de roses



Edouard Vuillard (1868-1940)
La boîte à peinture de l'artiste et un vase de roses, 1898
Huile sur carton (25,4 x 21,4 cm)
Collection Privée 

Que voit on ? La boîte de peinture de l'artiste, sur laquelle est pisé un vase de rose, et une carnet de dessins ou d'aquarelles.  Cette huile sur carton fait  partie des   peintures de Vuillard de la période Nabi (années 1890)

Rappel biographique : Jean-Édouard Vuillard, connu pour être le fondateur du mouvement Nabis, a peint aussi bien des portraits que des intérieurs, des natures mortes, des compositions murales et des décors de théâtre. Vuillard exposa pour la première fois au Salon des Indépendants en 1901 et au Salon dAutomne en 1903. C'est dans le années 1890 qu'il fit la connaissance des frères Alexandre et Thadée Natanson, les fondateurs de la Revue Blanche, et en 1892, sous leur conseil, il fit ses premières décorations (fresques d'appartements) pour la maison de Madame Desmarais. Plus tard il reçut de nombreuses commandes semblables. En 1895 pour Alexandre Natanson, en 1898 pour Claude Anet, en 1908 pour Bernstein et en 1913 pour Bernheim et pour le Théâtre des Champs Elysées. Les dernières commandes qu'il reçut datent de 1937 (Palais de Chaillot à Paris, avec Bonnard) et de 1939 (Palais des Nations à Genève, avec Maurice Denis, Roussel et Roger Chastel).

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dimanche 8 septembre 2019

Giovanni Segantini (1858-1899) - Funghi



Giovanni Segantini (1858-1899)
Funghi,  1886
Oil on canvas, 56 x 87 cm
Segantini Museum, St. Moritz

Que voit on ? Sur le magnifique entablement de marbre blanc d'une desserte d'office ou, peut être, de magasin, un panier en osier tressé  dont l'intérieur est recouvert de papier journal et duquel déborde une généreuse cueillette de champignon toute prête à être pesé à l'aide d'une balance de voyage   (à gauche) on ne plus traditionnelle ? 

Rappel biographique  :  Le peintre italo-suisse Giovanni Segantini  est  habituellement rattaché au courant du symbolisme. C'est un peintre de genre, qui a représenté des sujets typiques, dont des paysages de montagnes et très peu de natures mortes.  Pour un critique du  journal français Le Monde, « il s'agit d'un des artistes majeurs de son temps, entre symbolisme, postimpressionnisme et primitivisme ». Orphelin dès l'âge de 8 ans, il fréquente l'Académie des beaux-arts de Brera à Milan.
En 1895, il reçoit le premier Grand Prix de la première Biennale de Venise. Il s'installe alors en Suisse, à Maloja, près de Saint-Moritz, en Haute-Engadine, où il peint de nombreux paysages de montagnes sans jamais les nommer  précisément. Il  mourra des suites d'une expédition en montagne menée pour peindre son Tryptique alpin  devenu, depuis sa mort,  une oeuvre majeure.  
Sur sa tombe est écrit « Arte e amore vincono il tempo » (« L'art et l'amour triomphent du temps »).

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vendredi 6 septembre 2019

Georges Braque (1882-1963) - Les poissons noirs


Georges Braque (1882-1963)
Les poissons noirs,1942.
Huile sur toile, 33 x 54.8 cm.
Centre Georges Pompidou, Paris

Que voit on ? Cloîtré dans son atelier pendant toute la durée de la guerre, Braque se consacre au thème des Intérieurs avec un retour en force du noir qui donne une impression de dépouillement et de sévérité. La guerre est pour Georges Braque synonyme d'austérité et d'accablement. À ce moment-là, « il n'y a guère de place pour l'émulation dans la vie de Braque : ni concours, ni discussion, ni travail en commun.  1942 est une année particulièrement féconde pour le peintre qui commence plusieurs toiles sur le thème de la musique, réalise encore quelques dessins de femme  et... de nombreuses natures mortes reprend le pas : Deux poissons dans un plat avec une cruche, 1939-1941,  inaugure une série de poissons sur fond noir,  dont  le tableau ci dessus  Les Poissons noirs est une autre exemple. Ces intérieurs rappellent que l'artiste s'est « cloîtré » chez lui pendant toute la durée de la guerreSes toiles les plus significatives ont pour sujets des objets de la vie quotidienne, objets dérisoires, utiles à la survie, ou à la nourriture rationnée.

Rappel biographique :  Braque et la deuxième guerre mondiale 
En 1941, un grand nombre des peintures de Braque déposées à Libourne sont confisquées par les autorités allemandes. Cette même année,  Braque ne participe pas au voyage à Berlin organisé par Arno Breker et Otto Abetz dont André Derain, Othon FrieszMaurice de Vlaminck, Kees van Dongen, André Dunoyer de Segonzac font partie.  Mais il ne souhaite pas désavouer son ami Derain, et le commentaire de lui rapporté par Fernand Mourlot : « Heureusement, ma peinture ne plaît pas, je n'ai pas été invité ; sans quoi, à cause des libérations [de prisonniers] promises, j'y serais peut-être allé »  reste, selon Alex Dantchev et Fernand Mourlot, une forme d'exonération de toute accusation de collaboration envers l'ami Derain. Certes, le lien avec Derain est rompu tout comme celui avec les autres artistes qui ont fait le même voyage.
Braque met un soin particulier à se tenir  très à l'écart du régime de Vichy pendant toute la guerre. Pourtant, les avances de l'occupant ne manquent pas, ses tableaux déchaînent l'enthousiasme de Pierre Drieu la Rochelle lors de l'exposition de vingt de ses toiles au Salon d'automne 1943. Les officiers allemands qui visitent son atelier, le jugeant trop froid, proposent de lui livrer du charbon, ce que Braque refuse avec finesse. Il refuse également de créer un emblème pour le gouvernement de Vichy, alors que Gertrude Stein s'est proposée pour traduire les discours de Pétain. Braque a le défaut inverse : il ne se laisse pas acheter. Sa position est claire : pas de compromis, pas de compromission. Ce qui ne l'empêche pas de recevoir Ernst Jünger dans son atelier le 4 octobre 1943. Écrivain et poète en uniforme d'occupant cette année-là, Jünger, qui recevra le prix Goethe en 1982 et qui entre dans la Pléiade en 2008, apprécie les peintures « dégénérées » d'Edvard Munch, de James Ensor, du Douanier Rousseau, de Picasso auquel il a rendu visite cette même année et aussi de Braque, dont il a vu les peintures au Salon d'automne 1943, et qu'il trouve « réconfortantes, parce qu'elles représentent l'instant où nous sortons du nihilisme». Leur force, tant dans les formes que dans les tons représentent pour lui le moment où se rassemblent en nous la matière de la création nouvelle.
En 1945, à la fin de la guerre, Braque se tient à l'écart de l'épuration et rejoint Varengeville. 
Il n'adhère pas non plus au Parti communiste français malgré les démarches répétées de Picasso et de Simone Signoret. Il se tient aussi à l'écart de Picasso dont il apprécie de moins en moins l'attitude et que Maïa Plissetskaïa qualifiera plus tard de hooligan. Il décline l'invitation à séjourner à La Californie à Cannes, choisissant plutôt d'habiter chez son nouveau marchand parisien, Aimé Maeght, à Saint-Paul-de-Vence. Il n'empêche que chacun des deux peintres essaie d'avoir des nouvelles de l'autre. Notamment lorsque Braque subit une opération pour un double ulcère à l'estomac, en 1945, Picasso vient le voir chaque jour, et il continue à chercher son approbation malgré son attitude distante.
À partir de 1951, une sorte de réconciliation va s'amorcer. Françoise Gilot rend visite très souvent à Braque, même après sa séparation, elle lui présente son fils Claude Picasso, alors adolescent, qui ressemble tant à son père que Braque fond en larmes : le garçon est le portrait vivant de son « compagnon de cordée » de l'époque. La véritable nature du lien entre les deux peintres reste difficile à cerner. Selon Braque, ce n'était pas une coopération artistique mais « une union dans l'indépendance».
Après une convalescence de deux ans, Braque reprend sa vigueur, et il expose au Stedelijk Museum d'Amsterdam, puis à Bruxelles au Palais des beaux-arts. 
En 1947, il est à la Tate Gallery de Londres. 
La même année, Aimé Maeght devient son nouveau marchand parisien, et publie la première édition des Cahiers G. Braque.
En 1948, à la Biennale de Venise, où il a présenté la série des Billards, il reçoit le Grand Prix pour l'ensemble de son œuvre. Suit une série d'expositions en particulier au MoMA de New York, qui parachève la reconnaissance internationale de son œuvre. Paul Rosenberg lui consacre encore une nouvelle exposition dans sa galerie de New York en 1948.

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jeudi 5 septembre 2019

Pierre Bonnard (1867-1947) - Fruits, Harmonie claire




Pierre Bonnard (1867-1947)
Fruits, Harmonie claire, 1930
Dessin et graphite, 36,5 × 33,5 cm
Musée d'Orsay, Paris

Que voit on ? De simples fruits (au nombre de 5) dans une assiette dont le reflet apparait sur la surface où elle est posée. A l'arrière plan, un pot de confiture. Ce qui attire l'oeil  dans cette magnifique nature morte, au delà des coloris lumineux,  c'est le cadrage (gros plan) choisi par Bonnard, cadrage qui n'est pas très rare dans les natures mortes mais  que Bonnard n'a pas utilisé souvent dans son oeuvre.

Rappel biographique : le peintre français Pierre Bonnard est connu pour ses peintures de personnages, ses nus, ses portraits, ses paysages animés, ses intérieurs et ses natures mortes de fleurs et fruits. Bonnard est un artiste post-impressionniste, membre du groupe des Nabis, par lesquels il fut surnommé le Nabi japonard. En réaction à l'impressionnisme, les Nabis veulent libérer leur peinture des exigences du réalisme : « Ensemble, nous avons méprisé l'école et les écoles, les rapins, leurs traditions, leurs farces et leurs bals inutilement nudistes. Ensemble nous nous sommes sérieusement amusés ». Les artistes nabis cherchent des voies plus spirituelles au contact de philosophies et de doctrines nouvelles teintées d'Orient, d'orphisme, d'ésotérisme, et de théosophie. Ils s'appliquent à retrouver le caractère « sacré » de la peinture et à provoquer un nouvel élan spirituel par le seul moyen de l'art.
Une fois devenu célèbre, Pierre Bonnard fut connu pour ne pouvoir s’empêcher de retoucher ses toiles une fois celles-ci achetées et exposées dans un musée. Ses amis appelaient ça « bonnarder » ou « bonnardiser ». Un journaliste relate cette attitude devenue visiblement coutumière. « Au  musée de Grenoble et au Musée du Luxembourg, il  arriva à Bonnard de guetter le passage d'un gardien d'une salle à l'autre, de sortir d'une poche une minuscule boîte garnie de deux ou trois tubes et, d'un bout de pinceau, d'améliorer furtivement de quelques touches un détail qui le préoccupait. Et, son coup fait, de disparaître, radieux, comme un collégien après une inscription vengeresse au tableau noir. »

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mercredi 4 septembre 2019

Paul Rebeyrolle (1926-2005) - Still Life 1949


Paul Rebeyrolle (1926-2005)
Still Life, 1949
Private collection

 Que voit-on ? Posés sur une napperon en dentelle : une assiette vide, une cafetière rose, une bouteille de vin au 3/4 vide, et une autre pleine et encore bouché. A l'arrière plan, sur une nappe à carreaux bleus :  une poire.

Rappel biographique :  Le peintre français Paul Rebeyrolle fut aussi lithographe et sculpteur. Rattaché au courant de la Nouvelle figuration, on le définissait volontiers comme expressionniste et matiériste. Son œuvre, immense, toujours figurative, est marquée par la violence, la rage, la révolte face à l'oppression ou l'engagement politique. Elle est ponctuée de tableaux animaliers et paysagers, ainsi que de tableaux employant des matières collées sur la toile (terre, crin, ferraille...) et de quelques natures mortes qui n'en portent cependant jamais clairement le titre. 
Peu médiatisée de son vivant, méconnue du grand public ainsi que de certaines institutions, cette œuvre a néanmoins été appréciée par des personnalités tels que  Jean-Paul Sartre ou Michel Foucault ainsi que par certains collectionneurs, dont François Pinault.
L'enfance de Paul Rebeyrolle fut marquée par une tuberculose osseuse, l'obligeant à de longs moments d'immobilité. Il étudie à Limoges avant de rejoindre Paris à la Libération. Il découvre alors les peintres contemporains ainsi que la peinture classique au musée du Louvre. Il est un acteur engagé du Manifeste de l'homme témoin qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, prône autour du critique d'art Jean Bouret un retour au réalisme contre les tendances de l'art contemporain. Il participe ainsi le 21 juin 1948 à la Galerie du Bac à l'exposition de « L'homme témoin » (avec Bernard Lorjou, Yvonne Mottet, Michel Thompson, Bernard Buffet  et Michel de Gallard). Ce groupe de L'homme témoin sera fondateur du Mouvement de la Jeune Peinture.
En 1949, Paul Rebeyrolle fut même  à l'origine du « Salon de la Jeune Peinture » dont la première édition se tint le 26 janvier 1950 à la Galerie des beaux-arts avec Denys Chevalier, Pierre Descargues, Philippe Cara Costea et Gaëtan de Rosnay,
Membre du parti communiste français à partir de 1953, Rebeyrolle rompt avec ce dernier en 1956 lors de l'invasion russe en Hongrie et du fait de la duplicité du Parti face à la guerre d'Algérie.
À cette occasion, il peint un grand tableau intitulé À bientôt j'espère.
En 1959, à 33 ans, il exécute un grand tableau qu'il intitule Planchemouton, commandé par le comité de la première Biennale de Paris, pour orner l'escalier du Palais des Beaux-arts. En 1963, il quitte Paris et s'installe à la campagne pour y vivre et y travailler, d'abord dans l'Aube puis en Côte d'Or ou il restera jusqu'à sa mort en 2000. Plusieurs retrospectives lui ont été consacrée dans sa carrière dont une en 1979 au Grand Palais (Paris), une en  2000 à la  Fondation Maeght (Saint-Paul-de-Vence),
et une 2015, Rebeyrolle vivant ! - 60 ans d'une oeuvre essentielle », à Espace Rebeyrolle (Eymoutiers).

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mardi 3 septembre 2019

Nicolas-Henri Jeaurat de Bertry (1728–1796) - Nature morte en trompe l’œil aux instruments de musique et au livret de


Nicolas-Henri Jeaurat de Bertry (1728–1796)
Nature morte en trompe l’œil aux instruments de musique et au livret de Castor et Pollux de Rameau
Collection privée ( Sotheby's)

Que voit on ?  Présenté dans une belle niche en pierre à l'ovale élégant, des instruments de musique dont un cor, une viole de gambe, un violon, une trompette, une cornemuse... autrement dit (presque) tout le matériel instrumental nécessaire à faire de la bonne musique baroque, en l'occurrence  la  Castor et Pollux de Rameau dont le livret se trouve à gauche du cadre et la partition à droite. Mais le plus important dans cette composition est ce qui est à peine suggéré ou presque caché comme cette paire de clés et  ses besicles, discrètement accrochées à un clou (à gauche de la niche) ou encore - plus surprenant - juste au-dessus des clés, cette carte à jouer à moitié dissimulée dans un jointure de la pierre. C'est un 10 de carreau dont ne voit qu'une partie... mais suffisamment intrigante pour que le spectateur veuille en savoir plus. Dans la cartomancie, le 10 de carreau est  "une carte de très bon augure qui indique la réussite après une période de difficulté. Le 10 de carreau renvoie à l'aboutissement des efforts et à la réussite par le travail. Le changement de situation induit par la réussite du projet devant apporter beaucoup de satisfaction personnelle... "
Jeaurat de Bertry qui ne manquait pas d'humour nous signifie peut être tout simplement qu'il est heureux de sa composition  (il peut l'être) et qu'il en espère des retombées (et il en eut !)

Rappel biographique : Fils d’Edme Jeaurat, graveur du Roy, Jeaurat de Bertry a étudié avec son oncle, le peintre Etienne Jeaurat. Il a établi sa réputation dans la nature morte, genre où il excellait, réussissant à saisir les objets de la vie quotidienne avec un détail et une vitalité rappelant le maitre du genre, Chardin, mais pour un critique comme Théodore Lejeune : « Autant Chardin excelle dans le clair-obscur, autant Jeaurat est cru et sec. » Fait remarquable et rare,  il a été à la fois nommé et reçu, par accord verbal de l’assemblée, académicien et professeur à l’Académie royale de peinture et de sculpture, le même jour, le 31 janvier 1756, avec deux natures mortes comme morceaux de réception : l’un, Ustensiles de cuisine près d’un petit fourneau en terre allumé qui rappelle l’esprit de Chardin et l’autre ses trophées militaires.
L’année suivante, il a prйsentй au Salon de 1757 trois natures mortes représentant des instruments de musique, une allégorie de la guerre, une de la science, qui ont attiré une critique favorable du Mercure d’octobre : « On a vu avec plaisir trois tableaux de M. Jeaurat de Bertry : ils sont d’une belle imitation et bien grouppés. » 
On ignore où se trouvent ses dernières oeuvres, mais le tableau aux instruments de musique, signé et daté de 1756, actuellement dans les collections du musée Carnavalet, semble être le premier de ces trois tableaux au Salon. Quelques natures mortes de la Réunion des Musées Nationaux (dont celui de Cambrai) attribuées un temps par erreur à Chardin et à Henri- Horace Roland de La Porte, l’un contenant même son monogramme  "JB", lui ont récemment été réattribués.
En 1761, il est nommé peintre et pensionnaire de Marie Leszczynska et signe ses lettres du titre de « peintre de la Reine ». Reconnu, il quitte Paris pour s’installer Versailles où il résidera jusqu’à la mort de la reine en juin 1768. Le 1er juillet de la même année, il reçoit une pension de 400 livres de gratification annuelle, « en considération des services qu’il a rendus а la feue Reine, pour l’amusement de cette princesse dans l’art de la peinture. » Il repart alors pour Paris d’où il ne sortira plus , exception faite d’un second séjour de quatre ans à la cour.
Pendant la Révolution, il se concentrera sur le portrait, certains de nature satirique voilée, ainsi que sur les constructions allégoriques comportant des portraits, le drapeau tricolore, les pyramides et l’oeil maçonnique. Au Salon de 1796, il expose le Portrait du Citoyen Gelé à l’instant où il reçoit le brevet d’imprimeur de la Gendarmerie nationale. Au même Salon, il expose encore une Vue de la collégiale et du pont de Corbeil, où il évoque  sa propre disparition avec un coche descendant passant sous le porche de la collégiale.
Le fait qu'il fut comblé d'honneur par la reine, ne lui valut pas que des amis et l'on fut bien sévère avec ce peintre dont le talent mérite aujourd'hui largement d'être débarrassé des jalousies opportunistes de son époque.
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