Cristoforo Munari (1667-1720)
Natura morta con melone, una tazza blu e bianca ottagonale su un caricatore d'argento
Private collection
Que voit-on ? Dans ce tableau extrêmement célèbre de Munari, on peut voir un bel exemple de sa capacité à rendre un sujet avec des détails remarquables et une grande fidélité à la nature. L'artiste oppose ici la douce texture de la chair du melon et la texture de l'émail étincelant des pièces de porcelaine chinoise. Il peint le jeu subtil des reflets et des transparences entre les objets et le plateau d'argent sur lequel ils reposent. avec une justesse rare. Le fond sombre du tableau est aussi une des caractéristiques stylistiques de Munari pour découper plus nettement les formes des objets, en l'occurrence les bols (l'hexagonale et le rond) et le melon.
Francesca Baldassari rappelle dans sa monographie de Munari parue en 2008, que cette nature morte qui se trouvait dans la collection Lodi, possédait un " pendant " représentant 3 coquillages et 2 tasses de porcelaine. Il était courant que Munari peigne ses natures mortes en paire, sans doute pour satisfaire aux exigences de décoration des palais de sa riche clientèle. Le pendant se trouve aussi aujourd'hui dans un collection privée, mais séparé de cette toile.
Rappel biographique : le peintre italien Cristoforo Munari, aussi connu comme Cristofano Monari, était spécialisé dans les natures mortes. Il suivit sa formation initiale à Reggio Emilia, sa ville natale, puis vient à Modène sous le patronage de Rinaldo d'Este, duc de Modène. En 1703-1706, il vécut à Rome, puis à Florence pendant une dizaine d'années, où il fut attaché à la cour des Médicis. Très apprécié de ses contemporains, le collectionneur Gabburri le décrivait au 18e siècle comme : " un peintre remarquable de natures mortes aux ustensiles de cuisine, instruments de musique, étoffes, verres, fruits et fleurs ".
La profusion mais aussi le raffinement qui s'étalent dans ses natures mortes (porcelaines de Chine, verre de Venise, tapis d'Orient, instruments de musique, etc...) suggèrent le luxe et l'abondance qui régnait à la cour des Médicis. Il a peint aussi des panoplies et des trophées de guerre. En 1715, il déménagea à Pise, où il travailla presque exclusivement dans la restauration d'oeuvres d'art et où il mourut en 1720.
Une retrospective de ses tableaux a été organisée en 1998 à Reggio Emilia, où elle a connu un énorme succès.