jeudi 30 avril 2015

Edouard Manet (1832-1883) - Fruits sur la table



Edouard Manet (1832-1883)
Fruits sur la table (1864)
Musée d'Orsay- Paris

Que voit on ? Comme Cézanne et comme Monet qu'il influencera, Manet trouvait dans la nature morte, obéissante et disponible, un laboratoire d'expériences colorées dont il répercutait aussitôt les trouvailles dans d'autres compositions ; comme Cézanne et comme Monet, il dit cette curieuse obsession de l'éclatante blancheur et voulut peindre lui aussi ces tables servies avec leurs nappes blanches "comme une couche de neige fraîchement tombée" (Nature morte avec melon et pêches, Washington, National Gallery of Art ou Fruits sur une table, Musée d'Orsay Paris). Dans cette dernière, présentée ici, la "couche de neige fraîchement tombée" recouvre effectivement les trois quart de la surface de la toile et contraste fortement avec le mur de fond très sombre. Sur la nappe de gauche ç droite, une profusion de fruits du soleil : des mandes fraiches dans leur coques veloutés vertes, une grappe de raisin chasselas et blotti dans un bouquet de feuilles de vigne quelques grains de muscat. Un couteau en argent posé en travers de la nappe donne la perspective et clos la composition sur la droite, pointant vers une timbale en argent de facture hollandaise à l'arrière plan. Mais ce qui occupe le centre de cette nature morte (bien qu'à l'arrière plan) est un panier d'osier remplis de pêches veloutés à souhait.

Rappel biographique : le peintre français Édouard Manet est un peintre majeur de la fin du 19e siècle, initiateur de la peinture moderne qu'il libère de l'académisme, C'est une erreur de considérer Édouard Manet comme l'un des pères de l'impressionnisme : il s'en distingue en effet par une facture soucieuse du réel. Manet n'utilise pas (ou peu) les nouvelles techniques de la couleur et le traitement particulier de la lumière, utilisées par les impressionnistes. Il s'en rapproche cependant par certains thèmes récurrents comme les portraits, les paysages marins, la vie parisienne ou encore les natures mortes, tout en peignant de façon personnelle, dans une première période, des scènes de genre (sujets espagnols et odalisques entre autres).
Lorsque Manet a peint des natures mortes, c'est surtout pour des raisons financières qu'il l'a fait. Il avouait lui-même avoir plus de facilités à les négocier que ses portraits. Cela ne signifie pas qu'elles soient d'un intérêt mineur, bien au contraire : la scénographie qu'il impose à ses natures mortes est tout simplement prodigieuse, qu'il s'agisse de solo comme Le citron ou L'asperge ou de mise en scène collectives comme dans ces Fruits sur la table ou Panier de fruits.
Manet aimait aussi les natures mortes : « Un peintre peut tout dire avec des fruits ou des fleurs, ou des nuages seulement », affirmait-il. Une part non négligeable de son œuvre est consacrée à ce genre, avant 1870 surtout puis dans les dernières années de sa vie où la maladie l'immobilise dans son atelier. Certains éléments de ses tableaux constituent de véritables natures mortes comme le panier de fruits dans le Déjeuner sur l'herbe, le bouquet de fleurs dans Olympia ou le pot de fleurs, la table dressée et différents objets dans le Petit déjeuner dans l'atelier. Il en va de même dans les portraits avec le plateau portant verre et carafe dans le Portrait de Théodore Duret ou la table et les livres dans le portrait d’Émile Zola. Mais les natures mortes autonomes ne manquent pas dans l’œuvre de Manet : l'artiste a ainsi plusieurs fois peint poissons, huîtres ou autres mets (Nature morte au cabas et à l’ail, 1861-1862, Louvre-Abou Dhabi, ou La Brioche, 1870 - Metropolitan Museum of Art, New York), rendant ainsi une sorte d'hommage à Chardin. Il a peint plus souvent encore des sujets floraux qui évoquent la peinture hollandaise (roses, pivoines, lilas, violettes) ou encore des fruits et des légumes (poires, melons, pêches, citrons, asperges).
A sa mort, Édouard Manet laisse plus de 400 toiles, des pastels, esquisses et aquarelles. Ses plus grandes œuvres sont aujourd'hui visibles dans tous les musées du monde.
" Considérant l'importance de la nature morte chez Manet, beaucoup – et cela dès les années 1890 – y ont vu la marque la plus évidente de la révolution qu'il accomplissait, l'avènement d'une peinture uniquement préoccupée d'elle-même et débarrassée de la tyrannie du sujet. En refusant toute hiérarchie à l'intérieur même du tableau, en donnant autant d'importance à l'accessoire qu'à la figure, Manet assurément rompait avec les règles académiques. (...) Comme Cézanne et comme Monet qu'il influencera, Manet trouvait dans la nature morte, obéissante et disponible, un laboratoire d'expériences colorées dont il répercutait aussitôt les trouvailles dans d'autres compositions ; comme Cézanne et comme Monet, il dit cette curieuse obsession de l'éclatante blancheur et voulut peindre lui aussi ces tables servies avec leurs nappes blanches "comme une couche de neige fraîchement tombée" (Nature morte avec melon et pêches, Washington, National Gallery of Art). Manet, peintre de natures mortes, a médité les grands exemples anciens, celui des Espagnols et de leurs bodegones, celui des Hollandais, celui de Chardin). Dans les années 1860, il joue des franches oppositions du noir et du blanc, bois sombre de la table, éclat d'une nappe ou serviette sur lesquelles il dispose ses notes colorées. (...)"

Texte extrait du catalogue de l'exposition "Manet et les natures mortes" (Musée d'Orsay- Paris

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mercredi 29 avril 2015

Floris Gerritsz van Schooten (1585-1656) - Nature morte aux fruits dans des plats de Delft sur un entablement

Floris Gerritsz van Schooten (1585-1656) Nature morte aux fruits dans des plats de Delft sur un entablement Collection privée


Floris Gerritsz van Schooten (1585-1656)
Nature morte aux fruits dans des plats de Delft sur un entablement
Collection privée

Que voit-on ?  Sur un entablement recouvert d'une nappe blanche une succession de plats en faïence de Delft et de plats en argent présentant  des fruits aux coloris explosifs comme cela était le cas au début de la carrière de ce peintre dont on notera que la séparation du cadre en deux fonds contrastés (blanc à droite, et sombre a gauche) est un élément constant dans ses oeuvres.

Rappel biographique : Peintre néerlandais du siècle d'or, Floris Gerritsz van Schooten (1585-1656) est principalement connu pour ses natures mortes. Entre 1617 et 1642,  il va peindre une centaine de natures mortes. Les premières, dans des coloris très vifs et explosifs et les dernières avec une touche qui évolue progressivement vers des compositions plus monochromes privilégiant souvent les accords de bruns et des gris, déjà sensible plusieurs de ces toiles précédentes.
Floris Gerritsz van Schooten signait ses tableaux avec le monogramme FvS.
Le catalogue de ses œuvres fut établi, assez tardivement, dans les années 1960.
 
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mardi 28 avril 2015

Alan Salisbury



Alan Salisbury
Lemons from the 17th Century (2011)

Le peintre anglais Alan Salisbury est né à Preston, Lancashire et a étudié la peinture à Manchester, au  and Liverpool Colleges of Art  et au Royal College of Art de Londres. Il a abordé tous les genres, mais a déjà peint beaucoup de natures mortes en utilisant certains motifs célèbres des grandes natures mortes du  passé qu'il met en situation avec des  objets anachronismes.  Depuis peu, il explore le symbolisme attaché à la représentation des objets dans la peinture du siècle d'or de la nature morte,  et notamment Pieter Claesz et Ambrosius Bosscheart. dont il " subvertit certains des messages moraux"

lundi 27 avril 2015

Pablo Picasso (1881-1973) - Nature morte à la pastèque 1946



Pablo Picasso (1881-1973)
Nature morte à la pastèque  (1946)
Musée Picasso d'Antibes

Que voit-on ?  Cette nature morte appartient à la période dite  " de Vallauris "  ou  " antiboise "du peintre. Un des aspects marquants de cette période est le caractère de simplification et de géométrisation, tout de suite annoncé par Les Clefs d’Antibes. Cette Nature morte à la pastèque en est un bon exemple  Dans certaines œuvres, les objets représentés sont réduits à des formes et des signes très simples. Ainsi une grappe de raisin est figurée par un losange, des pommes par des cercles, des assiettes vues en perspective deviennent des ovales allongés, une tranche de pastèque,un simple demi-cercle. La lumière et l’ombre elles-mêmes sont traitées en surfaces simplifiées noires ou blanches.Souvent, la géométrisation est également une transformation : un objet circulaire comme un compotier peut devenir triangulaire, un grain de raisin peut être figuré par un carré, une bouteille peut devenir un losange. 

Rappel biographique : le peintre espagnol Pablo Ruiz Picasso qui a passé l'essentiel de sa vie en France, fut aussi  dessinateur et sculpteurUtilisant tous les supports pour son travail, il est considéré comme le fondateur du cubisme avec Georges Braque auquel son nom est lié surtout dans le domaine des natures mortes. Il est considéré comme l'un des plus importants artistes du 20e siècle tant par ses apports techniques et formels que par ses prises de positions politiques et que par l'immensité de sa production tous genres confondus, que l'on chiffre à près de 50 000 œuvres.
Les premiers collages et assemblages sont réalisés pendant l'hiver 1912, Nature morte à la chaise cannée (Paris, Musée Picasso), Guitare(s) en carton (Paris, Musée Picasso). A partir des années 20 ses natures mortes seront très proches, sur la même ligne de conception " cubiste analytique " que celles de George Braque, dont il devient un temps l'intime avant de s'en séparer définitivement.  Il y eut une connivence d'inspiration très rare entre ces deux peintres pendant une certaine période de leur vie et en particulier dans le domaine particulier du traitement de la nature morte. 
Picasso peint  beaucoup d'autres natures mortes après la Seconde guerre mondiale et hors de la période cubiste, mais ce n'est pas un genre qui tient une place aussi essentielle dans son oeuvre que dans l'oeuvre de Georges Braque.
Après la Seconde Guerre mondiale, ses tableaux deviennent plus optimistes, plus gais, montrant, comme l'indique le titre d'un tableau de 1946, la Joie de vivre qu'il ressent alors. Picasso adhère, le 5 octobre 1944, au Parti communiste français (PCF) et publie un article dans l'Humanité le 29-30 octobre 1944 intitulé « Pourquoi j'ai adhéré au parti communiste » dans lequel il explique que son engagement personnel date de la période de la Guerre d'Espagne,
Très opposé à la guerre, Picasso peint la célèbre Colombe de la paix (1949) à l'occasion de son adhésion au Conseil Mondial de la Paix. Il reçoit à ce titre un prix international de la paix en 1955.
En 1946, Picasso rejoint Françoise à Golfe-Juan, il rend visite à Henri Matisse à Nice. Puis en juillet, avec Françoise, il part pour Ménerbes (Vaucluse). En août, il s'installe chez Louis Fort à Golfe-Juan, et débute le travail au château d'Antibes en octobre.
Le 15 mai 1947, naît son fils Claude. En juin, il part pour Golfe-Juan. Lorsque Picasso visite Vallauris à l'été 1946, il se rend chez Georges et Suzanne Ramié et modèle trois pièces de céramique. Lorsqu'il reviendra l'année suivante, il retrouve ses pièces et débute alors une période intense de production de céramique qu'on estime à près de 4 500 pièces. Il s'installera à Vallauris en 1948 avec Françoise Gilot. Le 25 août 1948, Picasso va au Congrès des Intellectuels pour la Paix à Wroclaw. Il revient à Vallauris à la mi-septembre. Il peint les deux versions de La Cuisine (l'une est actuellement au Musée Picasso de Paris et l'autre au Museum of Modern Art de New York).
En février 1949, La Colombe est choisie par Aragon pour l'affiche du Congrès de la Paix qui ouvre à Paris le 20 avril. Le 19 avril 1949, naît Paloma. Le 6 août 1950, Laurent Casanova inaugure L'Homme au mouton à Vallauris. Picasso exécute La Chèvre, La Femme à la poussette, la Petite Fille sautant à la corde. Le 15 janvier 1951, il peint Massacre en Corée.
En 1952, il dessine La Guerre et la Paix pour la décoration de la chapelle de Vallauris, qui deviendra Musée Picasso, il écrit une seconde pièce de théâtre : Les Quatre Petites Filles.
Picasso meurt le 8 avril 1973 d'une embolie pulmonaire. Il est enterré deux jours plus tard dans le parc du château de Vauvenargues dans les Bouches-du-Rhône selon la décision de sa femme Jacqueline et de son fils Paul après que la mairie de Mougins ait refusé l'inhumation sur sa commune, voyant en lui un « communiste milliardaire »

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dimanche 26 avril 2015

Frida Khalo (1907-1954) - Viva la Vida

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Frida Khalo (1907-1954)
Viva la Vida

La peintre mexicaine Magdalena Frida Carmen Kahlo Calderónn plus connue sous le nom de Frida Kahlo a passé toute sa vie à Mexico City, bien qu'elle ait travaillé et voyagé aux Etats-Unis. Son œuvre comporte environ 250 tableaux, très souvent de petits formats, un certain nombre ayant été peints alors qu'elle était alitée. Elle a peint beaucoup d'autoportraits,  témoignant souvent de sa souffrance physique et morale (Hôpital Henry-Ford, 1932, Sans espoir, 1945), seule ou en compagnie d'animaux (Autoportrait au collier d'épines et colibri (1940), Moi et mes perroquets (1941)…), parfois des portraits de famille. Ses toiles sont empreintes de culture mexicaine : tenue traditionnelle, bijoux locaux, portraits d'indigènes
Quelques nature mortes, toutes très fortes se glissent au milieu de ces autoportraits ; elles ont la particularité de concerner en majeure partie des fruits ronds : pastèques, melons, courges, pamplemousse, avocats, kiwi, fruits de la passion, mangue. Ces fruits sont souvent traitée comme des chairs ouvertes sur des plaies. Une poupée d'enfant ou un animal stylisé se mêlent quelquefois au décor. Sa série des pastèques est intitulée Viva la vida  (Vive la vie). 
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samedi 25 avril 2015

Claude Monet (1840-1926) - Nature morte au melon



Claude Monet (1840-1926)
Nature morte au melon (1872)
Museu Calouste Gulbenkian, Lisbonne

Ce que l'on voit : On sent bien ici tout ce que l'influence d'Eugène Boudin signifiait pour sur Monet. Cette nature morte à la précision (surtout dans le rendu de la porcelaine) et à la luminosité éclatante fait partie de ses toiles les plus travaillées. Monet n'aurait, d'après ses admirateurs, pas eu recours aux croquis ni aux aquarelles. Pour le peintre, le premier contact avec le motif revêt une importance primordiale. Il prend le pinceau en main. « Il commence brusquement à couvrir une toile blanche de plaques de couleurs qui correspondent aux taches colorés que lui donne la scène naturelle entrevue ». Dès la première séance, la toile doit être couverte autant que possible sur son étendue. Sur une toile ébauchée, Monet peint à  pleine pâte, sans mélange, avec quatre ou cinq couleurs franches, en juxtaposant ou superposant les tons crus. Monet renonce d'ailleurs aux bases sombres dès 1865. Ainsi, une étude à laquelle Monet a travaillé une fois est revêtue de traits épais d'environ un demi centimètre et distants l'un de l'autre de deux centimètres, lesquels sont destinés à fixer l'aspect de l'ensemble. Le lendemain,  il ajoute à la première esquisse et les détails s'accentuent, les contours se précisent. Ainsi, sur une toile qui a bénéficié de deux séances, les traits sont nettement plus rapprochés et le sujet commence à prendre forme. Un tableau doit être poussé aussi loin que l'artiste le juge nécessaire, lui seul pouvant déterminer le moment à partir duquel il est impossible d'aller plus loin. L'importance qu'il accordait aux détails est ici très visible dans le rendu des reflets de la porcelaine, de la peau du melon et du velouté des pêches. 

Rappel biographique : le peintre français Claude Monet, l'un des fondateurs de l'impressionnisme, est surtout connu pour ses paysages et ses portraits.  " La couleur, disait-il " est mon obsession quotidienne, ma joie et mon tourment ".   Claude Monet est l’un des fondateurs de l'impressionnisme. En 1859, il part à Paris tenter sa chance sur le conseil d'Eugène Boudin. Après des cours à l'académie Suisse puis chez Charles Gleyre et la rencontre de Johan Barthold Jongkind, le tout entrecoupé par le service militaire en  Algérie, Monet se fait remarquer pour ses peintures de la baie d'Honfleur. En 1866, il connait le succès au Salon de la peinture. Toute cette période est cependant marquée par une grande précarité. Il fuit ensuite la  guerre de 1870  à Londres puis aux Pays-Bas. Dans la capitale anglaise, il fait la rencontre du marchand d'art Paul Durand-Ruel qui lui assurera sa principale source de revenu pendant le reste de sa carrière. Revenu en France, la première exposition des futurs impressionnistes a lieu en 1874. À partir de 1890, Monet se consacre à des séries de peintures, c'est-à-dire qu'il peint le même motif à différentes heures de la journée, à diverses saisons. Il peint alors parfois des dizaines de toiles en parallèle, changeant en fonction de l'effet présent. La fin de sa vie est marquée  par une maladie, la  cataracte, qui affecte son travail.
Monet peint devant le modèle sur l'intégralité de sa toile dès les premières ébauches, il retouche ensuite de nombreuses fois jusqu'à ce que le résultat le satisfasse. Contrairement à ce qu'il affirme, il termine la plupart de ses toiles en atelier, prenant modèle sur les premières peintures d'une série pour peindre les autres. D'un caractère parfois difficile, prompt à la colère comme au découragement, Claude Monet était un grand travailleur qui n'hésitait pas à défier la météo pour pratiquer sa passion. Monet résume sa vie ainsi de la meilleure manière : « Qu'y a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d'un homme que rien au monde n'intéresse que sa peinture - et aussi son jardin et ses fleurs ».








vendredi 24 avril 2015

Eugenio Lucas Velazquez (1817-1870)



Eugenio Lucas Velazquez (1817-1870)
Nature morte de fruits avec pastèque, orange, raisins, pommes et poires.



Le peintre espagnol Eugenio Lucas y Padilla, dit Eugenio Lucas Velázquez,  admirait particulièrement l'Art de de l'autre  Velasquez... le grand Diego Velázquez. S'il fut surnommé ou  qu'il se surnomma "Velasquez", si ce n'est en raison  justement de l'admiration qu'il portait à son  prestigieux aîné. Ce n'est en tout cas pour sa façon de peindre qui le rapprochait plutôt de  Goya dont il était un "suiveur" et dont dont il possédait parfaitement la touche rapide et les empâtements. Plusieurs œuvres de Lucas ont d'ailleurs été attribuées par erreur à Goya. Assez célèbre et comblé de son vivant, il fut nommé "Peintre de la Chambre du Roi" et chevalier de l'ordre de Charles III. Il a peint très peu de natures mortes.  

jeudi 23 avril 2015

Giuseppe Recco (1634-1695)



Giuseppe Recco (1634-1695)
Nature morte avec pastèque, figues, pêches et fleurs (1675)
Museo Cerralbo (Madrid)

Que voit on ? Impeccablement rangé sur deux plans étagés à la façon des natures mortes antiques que l'on peut voir à Pompei et Herculanum, des fruits de fin d'été parmi lesquels une pastèque ouverte en deux, des figues, des grenades, des pommes, des cerises et quelques fleurs d'orangers répandus sur l'entablement.  L'ensemble symbolisant  diverses stades de la condition féminine.

Rappel biographique : Issu d'une famille de peintres napolitains, Giuseppe Recco se forma d'abord près de son père, Giacomo, dans un milieu auquel avait  été transmis l'impulsion décisive du caravagisme. Malgré sa grande importance dans l'histoire de la nature morte  napolitaine, Giuseppe Recco, surtout  peintre de fleurs, ne peut être toutefois considéré comme un chef d'école, même s'il ne fait pas de doutes qu'il ait initié à ce genre quelques-uns de ses meilleurs représentants comme  Paolo Porpora, Luca Forte, puis ses propres fils, Giambattista et Giuseppe. 
Mais la manière brillante de ce dernier, la qualité qui s'affirme dès ses premières œuvres datées (1664) révèlent une personnalité beaucoup plus vigoureuse que celle de son père, une ouverture aussi à d'autres exemples : celui de son frère Giambattista, celui des Lombards — Evaristo Baschenis, Bettera — qu'il découvre au cours d'un séjour à Milan vers sa vingtième année. 
Au-delà de ces influences, l'art de Giuseppe Recco s'affirme par une sensibilité extrême à la poésie de la nature, dont une observation attentive lui fait percevoir les nuances les plus subtiles, les modulations les plus riches. Qu'il peigne des Fleurs (pinacothèque de Pesaro, musée de Varsovie), des Poissons (musée du Prado, palais Pitti, Florence), une Nature morte au gibier (palais de Montecitorio, Rome) ou une Cuisine (galerie de l'Académie, Vienne), la fraîcheur de sa vision picturale servie par une touche rutilante et déliée lui assure une place de premier plan parmi les maîtres de la nature morte italienne.

mercredi 22 avril 2015

Cristoforo Munari (1667-1720)



Cristoforo Munari (1667-1720) 
Natura Morta con meloni, fichi, mortadella
Fondation Custodia - Collection Frits Lutz

Que voit- on ? Cette nature morte avec un melon découpé et des figues soigneusement disposés sur un plateau, mêlés avec de la céramique, de la verrerie de Venise et une mortadelle découpée dont on aperçoit deux tranches gisant sur des feuilles de figuiers posées à même l'entablement de marbre. Ce tableau appartient à une série réalisés autour de 1710 présentant tous des motifs similaires mais ordonnés à chaque fois différemment. 
Notice Fondation Custodia : Comme la nature morte aux coquillages de Porpora, ce tableau a d’abord été attribué au peintre napolitain Giuseppe Recco (1634-1695). Il est maintenant catalogué sous le nom de Cristoforo Munari, artiste très apprécié de ses contemporains, que le collectionneur Gabburri décrivait au18e siècle comme un peintre remarquable de natures mortes aux ustensiles de cuisine, instruments de musique, étoffes, verres, fruits et fleurs. Cette nature morte avec un melon découpé et des figues soigneusement disposés sur un plateau, mêlés avec de la céramique, appartient à une série de tableaux réalisés autour de 1710 présentant tous des motifs similaires mais ordonnés à chaque fois différemment.

Rappel biographique : le peintre italien Cristoforo Munari, aussi connu comme Cristofano Monari, était spécialisé dans les natures mortes. Il suivit sa formation initiale à Reggio Emilia, sa ville natale, puis vient à Modène sous le patronage de Rinaldo d'Este, duc de Modène. En 1703-1706, il vécut à Rome, puis à Florence pendant une dizaine d'années, où il fut attaché à la cour des Médicis.   Très apprécié de ses contemporains,  le collectionneur Gabburri le décrivait au 18e siècle comme  : " un peintre remarquable de natures mortes aux ustensiles de cuisine, instruments de musique, étoffes, verres, fruits et fleurs ".  La profusion mais aussi le raffinement qui s'étalent dans ses natures mortes (porcelaines de Chine, verre de Venise, tapis d'Orient, instruments de musique, etc...) suggèrent le luxe et l'abondance qui régnait à la cour des Médicis. Il a peint aussi des panoplies et des trophées de guerre. En 1715, il déménagea à Pise, où il  travailla presque exclusivement dans la restauration d'oeuvres d'art et où il mourut en 1720.
Une retrospective de ses tableaux a été organisée en 1998 à Reggio Emilia, où elle a connu un énorme succès.

mardi 21 avril 2015

Giovanni Battista Ruoppolo (1629 -1693)





Giovanni Battista Ruoppolo (1629 -1693)
Cocomeri, meloni, fichi, pesche e uva su una trabeazione
Collection privée


Que voit-on ? Sur un entablement de pierre un pastèque ouverte, une grappe de raisin blanc, des pêches, des cerises, un melon entier,des poires et des grenades à l'arriere plan,glissant d'un panier en paille tressée.

Rappel biographique : le peintre napolitain Giovanni Battista Ruoppolo fut l'un des plus célèbres des peintres de natures mortes de l'Ecole de Naples. Ses peintures ont commencé par être collectionnées par l'aristocratie et l'élite des riches marchands de la cité avant de se retrouver  dans toutes les grandes collections européennes.  La profusion, l'abondance  jusqu'à la surcharge bien souvent, de fruits, de fleurs et de légumes caractérisent ce style très coloré, très fourni, très maîtrisé.

lundi 20 avril 2015

Johann Amandus Winck (1748-1817)



Johann Amandus Winck (1748-1817)
Stilleben, verschiedeneFrüchte und eine Maus mit Walnuß auf einem Steinsims

Le peintre allemand  Johann Amandus Winck est surtout connu pour l'introduction systématique de petits animaux qu'il pratiquait à l'intérieur de ses natures mortes.et qui leurs donne un aspect moins figé. C'est l'opportunité aussi pour lui de montrer tout son talent de peintres animalier sachant saisir  les petites expressions et le caractère de chaque animal occupé à chaparder. 

dimanche 19 avril 2015

Luis Egidio Melendez (1716-1780) - Bodegon con sandías

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Luis Egidio Melendez (1716-1780) 
Bodegon con sandías
Museo Nacional del Prado. Madrid.

Que voit-on ?  Dans un paysage de ciel tourmenté, posées à même le sol, et prenant appui sur un rocher comme souvent chez Melendez, de gauche a droite : quelques pommes  dodues mais piquées et trois pastèques dont une a été brisée pour en extraire un quartier assez grossier.  Il faut se souvenir que pour ouvrir les pastèques, l'on avait plutôt coutume alors de les briser en les jetant au sol ou contre  un rocher, ce qui semble être le cas ici.  Les autres pastèques contre le rocher sont prestes a subir le même sort. Quelques pépins de cette pastèque ouverte gisent sur le sol près des pommes.

Rappel biographique : Le peintre espagnol d'origine napolitaine, Luis Egidio Melendez  a fait carrière presque exclusivement à Madrid. Il  est considéré aujourd'hui comme l’un des meilleurs peintres de natures mortes du 18e siècle, reputation qu'il n'avait pas de son vivant qu'il a passé dans une misère noire. C'est son père, Francisco Meléndez et Louis Michel van Loo (dont il est l'assistant de 1742 à 1748) qui assurent sa formation de peintre. Le futur  Charles IV d'Espagne lui commanda une grande série de natures mortes, dont une partie importante est conservée au musée du Prado  à Madrid. Ses toiles peintes dans de petits formats, dans la grande tradition de l'austérité espagnole, n'en foisonnent pas moins d'une minutie des détails. toujours peints avec une absolue perfection. La composition simple et le contraste clair-obscur, s’inscrivent dans la tradition des natures mortes baroques de Zurbaran et de CotanComme eux, Meléndez étudia les effets de lumière, la texture et la couleur des fruits et des légumes, ainsi que celles des récipients en céramique, verre et cuivre ou pailles. À la différence des maîtres du 17e siècle, il présente le sujet plus près du spectateur, en légère plongée. Ce sont des objets disposés sur une table, ce qui donne à ses formes une certaine monumentalité. Le genre permet au spectateur d’étudier l’objet par lui-même. Les fonds sont neutres, et c'est un puissant éclairage qui mettent valeur les contours de l’objet. C’est ainsi qu’il représente le duvet des fruits, les transparences des peaux des raisins, les intérieurs brillants des pastèques et quelquefois les  accidents  présents à la surface des  fruits (comme ici avec les figues vertes). 
Chaque toile de Meléndez est minutieusement composée et fait l'objet d'un mise en scène précise afin de créer  le plus grand réalisme possible. Les « grands thèmes » n’intéressèrent jamais Meléndez qui portent surtout son attention sur les choses de la vie  quotidienne,  sur  l’observation et l’étude de la nature. Il fut souvent comparé à Chardin, jusqu'à être même parfois surnommé  le « Chardin Espagnol » ce qui est assez stupide eut égard au caractère unique de son style et a tout ce qui différencie ces grands peintres. 

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samedi 18 avril 2015

Cristoforo Munari (1667-1720)



Cristoforo Munari (1667-1720)
Natura morta con anguria e violino
Palazzo Montecitorio, Roma

Que voit-on ? Dans cette nature morte comme assez fournie, on retrouve des éléments que l'on a déjà vus dans beaucoup d'autres  natures mortes du peintre mais qu'il réemploie toujours volontiers: les verreries de Venise, les petits bols en porcelaine de Chine, le violon et sa partition, des livres, des biscuits et .. la pastèque brisée, un morceau de bravoure dans le traitement des rouges et des formes géométriques. Il y a ici un seul objet nouveau :  la pendule.  Le jeu pour Munari ne consiste pas tant à rechercher de nouveaux objets que de nouvelles façons de les présenter et de les mettre en scène. Ainsi dans celle nature morte, tout est présenté en biais et non de face. On remarque aussi  dans le haut du cadre, à droite de la pendule, une potiche en porcelaine de Chine rangée sur étagère ; elle se présente au spectateur sous l'angle d'une ouverture vide, offrant ainsi à Munari l'opportunité de démontrer son talent dans le rendu du fond du vase,et sa maîtrise des reflets et du trompe l'oeil.

Rappel biographique : Le peintre italien Cristoforo Munari, aussi connu comme Cristofano Monari, était spécialisé dans les natures mortes. Il suivit sa formation initiale à Reggio Emilia, sa ville natale, puis vient à Modène sous le patronage de Rinaldo d'Este, duc de Modène. En 1703-1706, il vécut à Rome, puis à Florence pendant une dizaine d'années, où il fut attaché à la cour des Médicis.   Très apprécié de ses contemporains,  le collectionneur Gabburri le décrivait au 18e siècle comme  : " un peintre remarquable de natures mortes aux ustensiles de cuisine, instruments de musique, étoffes, verres, fruits et fleurs "
La profusion mais aussi le raffinement qui s'étalent dans ses natures mortes (porcelaines de Chine, verre de Venise, tapis d'Orient, instruments de musique, etc...) suggèrent le luxe et l'abondance qui régnait à la cour des Médicis. Il a peint aussi des panoplies et des trophées de guerre. En 1715, il déménagea à Pise, où il  travailla presque exclusivement dans la restauration d'oeuvres d'art et où il mourut en 1720.
Une retrospective de ses tableaux a été organisée en 1998 à Reggio Emilia, où elle a connu un énorme succès.

vendredi 17 avril 2015

Meiffren Conte (1630-1705)




Meiffren Conte (1630-1705)
Nature morte avec aiguière d'argent, pêches, grenades et coquillages sur un entablement recouvert de velours bleu.

Le peintre français Meiffren Conte ou  Comte connu aussi sous le nom d'Ephren Leconte a commencé sa carrière a Marseille où il est né avant de partir compléter sa formation de peintre à Rome où il est fortement influencé par Francesco Noleti ou Francesco Ferivarino dit le Maltais.
Il travaille à  Paris et Aix-en-Provence avant de revenir s'installer a Marseille. Les natures mortes qui constituent l'essentiel de son oeuvre sont toujours mises en scène dans des décors très somptueux, très évocateur de l'Ecole Napolitaine bien que son goût immodéré pour la représentation de pièces d'orfèvrerie le rapproche souvent et l'a même fait confondre  (pour une de deux de ses toiles au moins) avec Jan Davidz de Heem.

jeudi 16 avril 2015

Francisco de Zurbarán (1598-1664) - Bodegon con granadas en una bandeja de plata



Francisco de Zurbarán (1598-1664)
Bodegon con granadas en una bandeja de plata.
Museo Nacional del Prado. Madrid.

Que voit -on ? Plein cadre : un plateau d'argent dans lequel se reflètent  8 grenades présentées en pyramide et dont deux fruits (un à la base, un au sommet sont ouverts). Symboliques comme la plupart des natures mortes de Zurbaran, les grenades révèlent un contenu sensuel pour ne pas dire... sexuel.

Rappel historique : le peintre espagnol  Francisco de Zurbarán appartient au Siècle d'or espagnol. Surtout célèbre pour ses sujets religieux et ses peintures dévotes souvent d'une grande puissance et d'un grand mysticisme, il a commencé par y glisser quelques natures mortes avant de peindre des natures mortes pour elles-mêmes à part entière (comme ici avec ce simple  plateau de grenades) et d'en devenir un maître absolu. Contemporain et ami de Vélasquez, Zurbarán s'est distingué par la grande force visuelle de ses sujets et par un style austère et sobre qui le rapproche beaucoup des maîtres maniéristes italiens. Bien qu'à son époque la nature morte ait été considérée comme un genre mineur, Zurbarán ne pense pas déchoir lorsqu'il peint  - en sujet isolé -  le  mouton aux pattes liées de l'Agnus Dei. Dans ses natures mortes,  Zurbarán fait toujours preuve d'une attention affectueuse à l'égard d'objets modestes qu'il dote d'une valeur symbolique,  au point que « ses natures mortes ont une densité, une plénitude si poussée que, même quand elles ne sont qu'un des éléments d'une composition, leur présence s'impose autant que la scène principale » (Encyclopædia Universalis).
« Tout au long de sa carrière, Zurbarán attache un soin particulier à la représentation des objets. Depuis la précieuse tasse avec une rose apparaissant dans ses premiers tableaux, La Guérison miraculeuse du bienheureux Regnaud d'Orléans jusqu'aux derniers fruits sur une assiette d'étain de La Vierge, l'Enfant et saint Jean, daté de 1662  » (Catalogue de l'exposition de 1988, p. 171).
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mercredi 15 avril 2015

De Scott Evans (1847-1898) - Hanging Apples



De Scott Evans (1847-1898) 
Hanging Apples
Private Collection

Que voit-on ?   Deux pommes attachées a une ficelle sur une planches de bois avec un titre à double sens le double sens Hanging Apples c'est à dire ces Pommes pendantes.  Evans quant  à lui s'est intéressé à traiter ce sujet dès les années 1947 avec un premier trompe l'oeil représentant des noisettes, (présenté sur ce blog). A cette époque, de nombreux artistes américains se faisaient une spécialité de peindre des trompe-l'œil, mais Evans en prolongeant le réalisme jusqu'à rendre le grain de bois avec une réalisme véritablement inégalé ! Cette  peinture, qui n'était pas destinée à être encadrée, cherche a cultiver l'illusion que son propriétaire avait  placé une planche en bois  sur son mur ! Pour renforcer le réalisme, Evans n'hésite pas a ajouter des entailles sur le bois ou des traces dues à chocs ou des trous de puces à bois, des noeuds de la placce ou même une fausse signature gravée dans le bois. Les facéties de ce peintre qui avait un sens de l'humour très développé sont toujours un délice.

Rappel biographique : Le peintre américain De Scott Evans s'est illustré avec un égal talent dans des genres très différents du portrait mondain  de dame de la haute société américaine dont il flattait élégamment les anatomies à la nature morte en trompe-l'oeil. Élevé dans l'Indiana, il a réalisé une grande partie de sa carrière dans l'Ohio avant de venir s'installer à New-York City. Sa réputation posthume est largement basée sur un certain nombre de trompe-l'œil de natures mortes, à tel point que l'on pas hésité à lui attribuer des tableaux qu'il n'avait jamais peints. La marque absolue de la célébrité dans les Etats-Unis du 19e siècle ! 

mardi 14 avril 2015

Danquart Anthon Weggeland (1827-1918) - Still Life with Apples



Danquart Anthon Weggeland (1827-1918)
Still Life with Apples
oil on canvas
Springville Museum of art

Le peintre américain d'origine norvégienne  Danquart Anthon Weggeland  ou Dan Weggeland est connu pour avoir été le père de l'art made in Utah !  Si ce peintre a peu près inconnu ailleurs est  tellement connu aux Etats-Unis, c'est en grande partie parce qu'il est l'illustrateur de la  Bible et du Livre des Mormons de même que le fresquiste attitré de bons nombre de temples Mormons au 19e siècle dont le célèbre et gigantesque  grand temple de Salt Lake City.  Hors ces faits de gloire confessionnelle, sa peinture reste parfait exemple de l'académisme consensuel de l'Amérique bien pensante du 19e siècle : un peinture de la narration au premier degré, une pâte parfaite et un manque d'audace savamment cultivé.
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dimanche 12 avril 2015

Roger de La Fresnaye (1885-1925)


Roger de La Fresnaye (1885-1925)
Nature morte à la cafetière et au melon
Collection privée

Que voit-on ?  dans cette nature morte très cubiste le haut du tableau est occupé par des ustensiles (cafetière, pichet, verre à godrons, tasse à thé, assiette contenant une part de gâteau) alors que bas est occupé par des fruits (principalement pastèque ou melon et figues de barbarie).  Si ce n'est le rouge de la pastèque, la palette utilise très peu de variétés de couleurs. Roger de la Fresnaye a peint au moins deux natures mortes sur ce thème de la cafetière et du melon.


Rappel biographique : Le peintre français Roger de la Fresnaye, décédé à l'âge de 40 ans, est connu pour avoir jouer un rôle important dans l'histoire du cubisme français. Élève du peintre Nabi Maurice Denis, dont l'influence est évidente sur ses œuvres de jeunesse, La Fresnaye s'essaye aussi à la sculpture en compagnie de Maillol. Si le paysage l'inspire (vues de Meudon), ce sont surtout les natures mortes qui lui permettent de poursuivre ses recherches dans le sens de l'abstraction (La Cafetière, Museum of Art, Toledo). Pendant la Première Guerre mondiale, sa santé s'altère gravement, et cela modifiera son orientation picturale : jusqu'à sa mort à Grasse, La Fresnaye se consacre essentiellement au dessin (Les Malades) et à des toiles de dimensions réduites qui s'éloignent de plus en plus du cubisme pour approcher d'une sorte de surréalisme (Les Palefreniers, Kunstmuseum, Berne). La pâte est moins transparente, plus sensuelle. Le classicisme de La Fresnaye a pris définitivement le pas sur son cubisme tempéré.

samedi 11 avril 2015

Gaston Diehl (1912-1994)



Gaston Diehl (1912-1994)
Nature morte à la Fenêtre (1945)


 Gaston Diehl a été connu pour être surtout un réalisateur, un journaliste,  un professeur d'histoire de l'art et  un critique d'art et pas tellement pour ses peintures. En octobre 1943,  pendant  l'Occupation, Gaston Diehl fonde le Salon de Mai à Paris, en opposition à l'idéologie du nazisme et à sa condamnation de l'art dégénéréTrès lié à Rouault, et aux jeunes peintres de tradition française dont il préface les expositions dès 1943 à la Galerie de France  il fréquente également  Bonnard, Matisse, Picasso, Braque Bernard Buffet ou Hans Hartung. En1948  il est à l'origine du Festival International du Film d'Art et termine la réalisation des films :  Van Gogh  (1948) puis Gaughin (1950) avec Alain Resnais et Les Fêtes galantes  (1950) avec  Jean Aurel. Il a peint  quelques toiles dont cette nature morte  très cubiste.  

vendredi 10 avril 2015

Fernand Léger (1881-1955) - Nature morte au couteau




Fernand Léger (1881-1955)
Nature morte au couteau (1950)
Collection privée

Que voit-on ? Sur un fond bleu très présent  une nappe ou un plateau blanc sur lequel sont posées de gauche à droite : un verre rouge à pied gris contenant un liquide (sans doute du vin) ; une assiette dans laquelle sont répandus des fruits en quartier (comme des pommes frites) autour d'un fruit central  rouge orangé  qui si l'on en apercevait pas les feuilles pourrait être confondus avec une pièce de viande ; on aperçoit les feuilles en équilibre enfin à la fois sur l'assiette, la nappe et le fond bléu : le couteau qui donne son nom à la nature morte.

Rappel Biographique : le peintre français Fernand Léger fut un peintre aussi créateur de cartons de tapisseries et de vitraux, décorateur, céramiste, sculpteur, dessinateur, illustrateur. Il a été l’un des premiers à exposer publiquement des travaux d’orientation cubiste. Cet amoureux du modernisme, du machinisme et de l'industrie, va peindre énormément de natures mortes tout au long de sa carrière. Déjà remis au goût du jour par les cubistes, "le genre traditionnel de la nature morte est réinterprété par Léger par le biais de sa théorie de l’objet. Tandis que les surréalistes l’intègrent à leurs œuvres pour sa charge symbolique, lui l’utilise comme point de départ d’une formulation plastique. La nature morte sert de prétexte à l’affirmation radicale de la valeur plastique de l’objet" (voir texte de référence :« Un nouveau réalisme, la couleur pure et l’objet », extrait d’une conférence au MoMA, New York, 1935).

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jeudi 9 avril 2015

Maria Blanchard (1881-1932)



Maria Blanchard (1881-1932)
Bodegón de la guitarra (1918)


La peintre espagnole María Blanchard, appartient à l'École de Paris, ville dans laquelle elle s'installe définitivement  à partir de 1916. Elle se lie avec Juan Gris et André Lhote, faisant un moment partie des peintres soutenus par Léonce Rosenberg dans sa galerie L'effort moderne.  À partir de 1920, María Blanchard revient à la figuration. Elle traverse en 1927 une crise religieuse qui l'engage dans un profond catholicisme, songe à entrer dans un couvent mais en est dissuadée par son confesseur. Surtout intéressée par la représentation de la figure humaine, elle a cependant peint plusieurs natures mortes, très proches de celles de Juan Gris dans leur composition mais radicalement opposées du point de vue de la palette de couleurs.

mercredi 8 avril 2015

Roger Toulouse (1918-1994)


Roger Toulouse (1918-1994)

Nature morte au Phonogramme (1947)

Le peintre français Roger Toulouse est aussi connu pour avoir été illustrateur et sculpteur. A sa sortie des Beaux arts d 'Orléans, Roger Toulouse s'orienta vers la peinture en exposant dans sa ville une quinzaine de toiles chez un marchand de couleurs. Par chance, elles furent remarquées par le poète Max Jacob qui le mit en contact avec ses amis peintres parisiens. Roger Toulouse, peintre au style expressionniste puissant et coloré, possède une manière qui n'a cessé d'évoluer au fil des années, le portant de plus en plus vers l'abstraction, et incluant aussi, à la fin des années 1940, une nouvelle dimension, mystique et philosophique. Il  a peint peu de natures mortes. Dans celle-ci, il inclue un objet emblématique de la modernité " le phonogramme " que l'on commence tout juste à appeler phonographe, munis de ses deux cornets acoustiques  que l'on appelle pas encore des " hauts parleurs " et encore moins des  " baffles " . 

mardi 7 avril 2015

David Hockney (bn. 1937) - Four Flowers Still Life



David Hockney (bn. 1937)
Four Flowers Still Life (1990) 
Tate Modern

Rappel biographique :  David Hockney, est un  peintre, dessinateur, graveur, décorateur et photographe britannique, né en 1937 dans une famille anglaise modeste, quatrième enfant d’une fratrie de cinq. Il vit aujourd’hui dans le Yorkshire (Angleterre) sa province natale et à Londres,
après avoir vécu une grande partie de sa vie en Californie (Los Angeles), où il a d’ailleurs conservé son atelier (Santa Monica Boulevard) où sont stockées ses archives. Son père ayant été un objecteur de conscience pendant la seconde guerre mondiale, David Hockney a refusé de faire son service militaire entre 1957 et 1959. Après des études au Royal College of Art de Londres, il en sort diplômé en 1962.
 Il commence sa carrière comme dessinateur de presse pour le Sunday Times, au cours d’un voyage en Egypte. En 1964, il découvre la Californie, les polaroids, la peinture acrylique, les belles villas et leur piscine qui deviennent un des motifs principaux de ses œuvres.  Eloigné des courants les plus-avant-gardistes, Hockney pratique un art figuratif presque expressionniste où se mêlent portraits, photographies et videos.  En 1963, à New York, il rencontre Andy Warhol qui lui rendra plus tard plusieurs fois visites à Los Angeles. La légende veut que ce soit Warhol qui ait conseillé à Hockney de faire sa célèbre série sur les piscines « A bigger splash » . Homosexuel parmi les premiers à se revendiquer comme tel, David Hockney revient vivre à Londres en 1968 et prend pour compagnon  le réalisateur John Schlesinger, auteur notamment de Midnight Cow Boy (1969) ou Sunday Bloody Sunday (1971) autant de films militant ouvertement pour les droits des homosexuels dans une Angleterre qui  assimile toujours en justice  l'homosexualité à un crime. En 1973, Jack Hazan réalise un documentaire-fiction  qui lui est consacré intitulé  "A Bigger Splash"  qui assoit sa notoriété internationale naissante (le film est primé au Festival international du film de Locarno)   Entre 1974 et 1977, David Hockney s'installe à Paris où son travail tourne un peu en rond, avant de repartir en Californie en 1978.  En 1974, le Musée des Arts Décoratifs de Paris organise sa première rétrospective David Hockney. Il est considéré désormais comme une des figures du mouvement Pop Art des années 1960 et à ce titre, s'intéressa à peu près à tous les genres picturaux, bien qu'ayant développé, surtout ces dernières années,  une prédilection pour les paysages. Il a cependant peint beaucoup de nature mortes (surtout dans les années 1980) toujours traitée à sa façon, c'est à dire de manière décalée, anecdotique et toujours avec un indéniable talent de coloriste.
En 2010, il expose à Paris, à la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint-Laurent, ses œuvres réalisées sur iPhone et iPad, il met aussi en avant la possibilité de rediffuser le processus créatif, à travers des logiciels  déclarant « La seule expérience semblable est celle où l’on voit Picasso dessiner sur du verre pour un film » 4 (en référence au film « Le Mystère Picasso » d'Henri-Georges Clouzot).
Le 2 janvier 2012, il a été nommé par la reine Elizabeth II, membre de l’Ordre du mérite britannique. Une grande exposition s'est ouverte le 23 janvier 2012 à la Royal Academy de Londres et au Musée Guggenheim de Bilbao où elle restée en place pendant tout  l'été 2012 et a connu un immense succès.

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lundi 6 avril 2015

Pierre Tal-Coat (1905-1985) - Nature morte au bol et aux pommes



Pierre Tal-Coat (1905-1985)
Nature morte au bol et aux pommes
Collection privée

Que voit-on ? Sur un entablement posé contre un mur, une nappe banche et une assiette sur laquelle sont posées un pichet et 2 pommes vertes. Comme d'habitude chez Tal Coat peu de couleurs pour cette nature morte : blanc, marron, gris et le vert étrange de ces deux pommes.

Rappel biographique : Le peintre, graveur et illustrateur français Pierre Tal Coat (pseudonyme de Pierre Jacob pour éviter l'homonymie avec Max Jacob quimpérois comme lui), apparenté au mouvement de l'École de Paris a peint une série importante de natures mortes, toutes réalisées en 1942, en pleine guerre, alors qu'il se trouvait réfugié  à Aix-en-Provence. De toutes ces peintures très dépouillées et exécutées avec une grande économie de moyens, il se dégage une grande force.

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dimanche 5 avril 2015

Andy Warhol (1928-1987) - Eggs

Andy Warhol (1928-1987) 
Eggs (1982)

Que voit on ? Des formes ovoïdes traitées comme autant de pastilles de couleur sur un fond noir. 

 Rappel biographique : On ne présente plus l'artiste américain Andy Warhol, pape du Pop art, (Pope of the pop), sujet de multiples expositions, livres, et films avant et depuis sa mort... Warhol est généralement reconnu comme l'un des très grands artistes du  20e siècle. Avec lui la nature morte peut prendre toutes les formes humoristiques imaginables (et même inimaginables!) des célèbres boîtes de Campbell soup à des oeufs en forme de pastilles colorées (déjà publiés dans ce blog), en passant par des trèfles à 4 feuilles traitées façon capucines et vendus en rouleaux de papier peint. Warhol iconoclaste adoré de son vivant par les grands de ce monde, les élites intellectuelles, les stars d'Hollywood et les riches aristocrates anglos saxons qu'il aimait malmené, était en fait un puritain, très religieux et assez " coincé "...
Tout commence pour lui au début des années 1960, lorsque publicitaire déjà  reconnu, il utilise dans ses dessins une technique directe sur du papier hydrofuge et repasse les contours avec de l'encre encore humide sur des feuilles de papier absorbant, en adoptant le vieux principe du buvard. Bien qu'à cette époque, beaucoup d'artistes soient illustrateurs publicitaires pour des entreprises, tous le font discrètement. Pour Warhol, c'est le contraire : il est tellement connu en tant que publicitaire que son travail artistique n'est pas pris au sérieux. Il présente dans une galerie quelques-unes de ses œuvres, mais c'est un échec. Reconsidérant alors son travail alimentaire et son travail de peintre, plutôt que de les opposer, il pense à les réunir. Il a l'idée d'élever les images de la culture populaire au rang de l'art élitiste, rejoignant ainsi les artistes du pop art, mouvement lancé à Londres au milieu des années 1950 par Richard Hamilton et Eduardo Paolozzi, qui l'expérimentent indépendamment les uns des autres. Si Roy Lichtenstein et Jasper Johns en sont les pionniers, Andy Warhol  en sera véritablement le pape.
En 1963, il adopte la technique qu'il utilisera pour ses œuvres les plus célèbres : la photographie sérigraphiée sur toile. 
Les photographies simplifiées en noir et blanc, sans gris, sont imprimées en sérigraphie sur la toile peinte de grands aplats de couleurs. Le motif est parfois reproduit plusieurs fois sur la toile, comme un motif de papier peint. C'est le stéréotype du pop art.
Ses motifs de prédilection sont des noms célèbres de marques déposées, le symbole du dollar, les visages de célébrités...  
Le thème des Comics, qui avait d'abord intéressé l'artiste, était déjà largement exploité  par le peintre Roy Lichtenstein qui en avait fait sa marque de fabrique. Jasper Johns avait choisi la typographie. Pour se démarquer, Warhol comprit qu'il devait lui aussi trouver sa marque. Ses amis lui ayant conseillé de peindre ce qu'il aimait le plus, il choisit de représenter les conserves de Campbell's Soup, pour sa première exposition majeure. Les boîtes de Campbell's Soup ouvertes ou neuves, rouillées, aux étiquettes déchirées, uniques ou multipliées, en séries, en damiers, seront le thème récurrent de Warhol. Pour lui, l'image, son pouvoir au sein de la société de consommation est en lien avec la mort. La répétition de la figure se rapporte souvent à son extinction. Le choix des sujets est en rapport avec cette obsession de la mort, y compris pour les toiles célèbres sérigraphiées de Marilyn Monroe (peintes après sa mort, notamment les Diptyque Marylin) ou de Liz Taylor (peinte alors que l'actrice était gravement malade), icônes reproductibles à l'infini qui deviennent des images de consommation.
Dans les dernières années de son œuvre, Warhol presque peintre officiel, appliquera son style à de nombreux portraits de commande, tout en continuant à expérimenter d'autres techniques picturales dans ses séries ShadowsOxydation paintings, et ses reprises de toiles de Botticelli ou de Léonard de Vinci.

samedi 4 avril 2015

François Garnier (1600-1672)



François Garnier (1600-1672) 
Nature morte avec Cerises et Groseilles à maquereaux sur un entablement de bois (1644)
Musée du Louvre, Paris

Que voit on ? Exactement ce que décrit le titre, mais surtout une une nature morte qui tient plus du "portrait" de fruits que de la nature morte décorative.  Cette une approche  "naturaliste"  voir scientifique de la nature morte, est caractéristique du style de François Garnier, peintre tres novateur en son temps et injustement méconnu encore aujourd'hui. Ce tableau  signé et daté de1644 et donné au Musée du Louvre par Charles Sterling en 1952, est mentionné comme  "disparu" dans le catalogue sommaire illustré publié en 1986 et produit un code d'erreur sur la liste des toiles figurant dans les collections du Musée du Louvre. Cette image virtuelle est donc, peut être, tout ce qu'il reste de cette magnifique et mystérieuse oeuvre .


Rappel Biographique : Le peintre français François Garnier, spécialisé dans les natures mortes, fut  très connu dans les milieux calvinistes parisiens. En 1620, il épouse Marie Gilbert, veuve du peintre et marchand de tableaux Nicolas Moillon (père de Louise Moillon et d'Isaac Moillon).  On peut d'ailleurs tout à fait imaginer qu'il initia Louise au genre de la nature morte., tant certaines de leurs oeuvres se ressemblent. Calviniste comme sa femme, il habite dans l'Ile de la Cité  à Paris et possède le titre de bourgeois de Paris. Peintre et marchand de tableaux il achète une loge rue Mercière, à la foire Saint-Germain, en 1627. Sa femme meurt en 1630 et il se remarie en 1634 avec Denise Du Pont, la veuve de l'orfèvre Jacques Le Sage. Quelques-unes de ses nature mortes sont conservées au Musée du Louvre, bien que l'une d'entre elles ait disparue du catalogue. Elles se caractérisent toutes par une grande réserve et une sobriété de moyens inhabituelle en France, si on les compare au délire décoratif qu'atteint ce genre au 17e siècle partout en Europe. 

vendredi 3 avril 2015

Louyse Moillon (1610 -1696) - Nature morte au panier de Bigarades et Grenades

Louyse Moillon (1610 -1696)  Nature morte au panier de Bigarades et Grenades sur un entablement, vers 1650 Huile sur panneau, 50 x 64,5 cm  Collection privée



Louyse Moillon (1610 -1696) 
Nature morte au panier de Bigarades et Grenades sur un entablement, vers 1650
Huile sur panneau, 50 x 64,5 cm 
Collection privée
 
 Que voit on ?    Optant pour une disposition des fruits plus libre et spontanée, Louyse Moillon parvient à donner vie à l'ensemble. Les fruits sont subtilement mis en scène par un jeu d'ombre et de lumière dans une composition à la fois sobre et élégante. Ce procédé du clair-obscur dont elle use davantage dans ses oeuvres de maturité lui permet d'accentuer le volume des fruits et de dynamiser l'espace. Cette œuvre est créditée de véhiculer une forte symbolique religieuse.  De confession protestante, Louyse Moillon était très attachée à sa communauté et à la religion.  La grenade, avec ses grains serrés sous une même écorce, symbolise en effet l'Eglise et les fidèles unis dans la foi chrétienne.

Rappel biographique : Louyse Moillon est l'une des rares femmes peintres du XVIIe siècle français dont l’œuvre est aujourd'hui bien identifiée, la signature et la datation de ses tableaux ayant permis qu'elle échappe à l'anonymat. Depuis la redécouverte de l'artiste en 1934 lors de l'exposition des Peintres de la réalité en France au XVIIe siècle au musée de l'Orangerie, la reconnaissance de son art est longtemps restée tributaire des préjugés envers les femmes peintres. La réhabilitation de l'artiste à la fin des années 1970 est liée à l'intérêt nouveau porté aux femmes peintres et, depuis 2009, à la publication du catalogue raisonné de son œuvre par Dominique Alsina. Répertoriant précisément 69 tableaux, il replace l'artiste dans le contexte de "La nature morte au Grand Siècle" au même rang que ses contemporains masculins, Jacques Linard (1597-1645), Nicolas Baudesson (1611-1680) ou Lubin Baugin (1612-1663). Equilibre et stabilité sont les fondements des compositions de Louyse Moillon, fidèles à un schéma répétitif centré sur des corbeilles ou des paniers de fruits, posés sur une table ou une margelle, dépeints en légère contre-plongée, dans un cadrage resserré et sur un fond sombre. Le réalisme minutieux de ses œuvres, une touche précise, des coloris pleins et le rendu du velouté ou de la transparence des fruits témoignent de la maîtrise du métier, hérité de l'art flamand et acquis en côtoyant la colonie des peintres hollandais de Saint-Germain. Après la mort, de son père, Nicolas, peintre lui aussi, alors qu'elle a seulement 9 ans, sa mère se remarie avec le peintre protestant de natures mortes, François Garnier, dont le titre de « bourgeois de Paris » laisse supposer une situation prospère. Il est aussi marchand de tableaux lié au milieu de Saint-Germain-des-Prés. La fillette qui a entamé sa formation auprès de son père défunt la poursuit avec son beau-père, dont on reconnait nettement l'influence dans ses œuvres.

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jeudi 2 avril 2015

Jacob van Hulsdonck (1582-1647)


Jacob van Hulsdonck (1582-1647)
Nature morte aux Pêches, Prunes et Raisins dans une corbeille sur un entablement de bois

Le peintre flamand Jacob van Hulsdonck, contemporain de  Rubens, se forme a la nature morte à rejoint à Middlegourg auprès d'Ambrosius Bosschaert, célèbre pour ses natures mortes à sujets floraux. De retour à Anvers, il entre dans la guilde des peintres en  1608 et connaît, à la tête d'un atelier, une brillante carrière jusqu'à sa mort. Il a réalisé des natures mortes, de fleurs, de fruits et de déjeuner.  Il glisse souvent dans ses natures mortes des éléments symboliques. 

mercredi 1 avril 2015

Isaac Soreau (1604-1644)



Isaac Soreau (1604-1644)
Prunes, Abricots, Cerises et Groseilles dans une corbeille avec coupelles de framboises et de fraises des bois sur un entablement
The Ashmolean Museum

Que voit-on ? Sur un entablement de bois, trois contenants précieux en or ou cuivre ciselé et porcelaine constituant une nature morte de fruits et de fleurs de fruits.  De gauche à droite : une tasse  en porcelaine de Delft pleine a ras bords de fraises sauvages et de framboises, nourritures des amants symbolisants la sensualité et la volupté.  Un  grand panier de table en or ou en cuivre finement ciselé et ajouré contenant des pêches - symboles des qualités de coeur et de la vérité -, et des prunes mauves et noires symbolisant pour les premières la souffrance pour les secondes l'humilité. D'autres fruits rouges accrochées a leur branche agrémentent le panier : cerises, groseilles symboles aussi de sensualité, d'autant que certaines branches sont encore en fleurs. Mélangées dans la même petite soucoupe en porcelaine de Delft : des mûres - symboles de  prudence et de sagesse -  et des framboises symboles érotiques. Le message moral est clair ! Comme souvent chez Soreau, jetés dans un apparent désordre sur l'entablement lui-même : plusieurs fleurs éparses et fruits secs symboles de renoncement et de simplicité.  Un message apparemment contradictoire qui appelle à se méfier de la tentation tout en adjoignant à y céder ! 

Rappel biographique : Le peintre allemand Isaac Soreau, fut l'élève de Jacob van Hulsdonck et fortement influencé par son style, sa façon de peindre et sa palette harmonieuse. Certains historiens d'art pensent que Soreau a travaillé dans le très prospère atelier de van Hulsdonck à Anvers qui fournissait des natures mortes quasiment à la chaîne aux riches marchands de la ville. Dans ce prestigieux atelier, il aurait été en charge de la  peintures de fruits mais aussi de certains éléments de décors comme des contenants, paniers, vaisselles...  d'où la grande maîtrise qu'il acquis dans ce domaine en particulier dans le rendu des paniers en osier tressé.