jeudi 31 décembre 2015

René Magritte (1898-1967) - La saucisse casquée

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René Magritte (1898-1967)
La saucisse casquée, 1929
Kunsthaus, Zurich (The Nahmad collection)

Que voit-on ?  Sur un mur beige, un saucisse de Strashourg pendue à un clou par un système d'accrochage en acier, un bouchon qui recouvre une des extrémités de la saucisse. La surface de la saucisse, mate et soyeuse ne contient aucun défaut, sa légère courbe est impeccablement tracée et la maîtrise du rendu de l'ombre portée est magistrale. Cette perfection académique de la représentation donne à cette toile son aspect surréaliste. Cette image - car comme pour la célèbre pipe il s'agit d'une image de saucisse et non d'une saucisse - de quelque chose de très quotidien prend une dimension irréelle uniquement à cause du bouchon métallique qui la casque, que Magritte commente d'une phrase simple : " Je me suis fixé comme défi de transformer le quotidien en non quotidien ." 

Rappel Biographique :  René-François-Ghislain Magritte, est un peintre surréaliste belge.  La peinture de Magritte s’interroge sur sa propre nature, et sur l’action du peintre sur l’image. La peinture n’est jamais une représentation d’un objet réel, mais l’action de la pensée du peintre sur cet objet. Magritte réduisait la réalité à une pensée abstraite rendue en des formules que lui dictait son penchant pour le mystère : « je veille, dans la mesure du possible, à ne faire que des peintures qui suscitent le mystère avec la précision et l’enchantement nécessaire à la vie des idées », déclara-t-il. Son mode de représentation, qui apparaît volontairement neutre, académique, voire scolaire, met en évidence un puissant travail de déconstruction des rapports que les choses entretiennent dans la réalité. Magritte excelle dans la représentation des images mentales.  L’élément essentiel chez Magritte, c’est son dégoût inné de la peinture plastique, lyrique, picturale. Magritte souhaitait liquider tout ce qui était conventionnel. « L’art de la peinture ne peut vraiment se borner qu’à décrire une idée qui montre une certaine ressemblance avec le visible que nous offre le monde » déclara-t-il. La réalité ne doit certainement pas être approchée sous l’angle du symbole. 

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Un blog de Francis Rousseau 

mercredi 30 décembre 2015

Pompéi, Plaisirs de la table et de l'esprit



Pompéi 
Plaisirs de la table et de l'esprit 
Musée de Naples

Que voit-on ? C'est une nature morte sur deux étages comme cela est fréquemment le cas à Pompei et Herculanum.  Sur l'étagère du haut :  de gauche à droite, trois représentations de fruits composant un résumé de toutes les présentations possibles des fruits et de tous les états de conservation connus sous l'Antiquité : l'état sec avec un amoncellement de fruits types amandes, noix, noisettes, figues sèches posées à même l'étagère ; l'état liquide avec une gourde sans doute pleine de vin ou de jus de raisin  ; l'état frais avec une assiette contenant des fruits de saison de type pêches et pommes.
Sur l'étagère du bas : tous les outils de la connaissance sous l'Antiquité : un encrier et son stylet ; un parchemin de peau ou un papyrus roulé aux deux extrémités ; une tablette en cire avec son stylet graveur ; une boite en bois gainée de cuir contenant probablement plusieurs rouleaux de papyrus ou tablettes de cires, l'ancêtre de nos livres.
Le message de cette nature morte est assez explicite : cultiver autant les nourritures terrestres que les nourritures spirituelles.

Rappel historique : Pline l'Ancien raconte que dans la Grèce antique, le peintre Piraikos qui vivait au 3e siècle avant notre ère, vendait déjà fort cher ses " Provisions de cuisine ", des tableaux de chevalets représentant des victuailles ou des instantanés d'échoppes de cordonniers et de barbiers. Dans la hiérarchie des genres picturaux d'alors, ces représentations de provisions de cuisine sont déjà considérées comme un genre mineur... et  elles le resteront pendant de longs siècles... au moins jusqu'à Chardin, si ce n'est jusqu'à Cézanne. Genre mineur donc, loin derrière les sujets religieux, les portraits et les paysages, mais genre que les commanditaires s'arrachent pourtant !
Le grec Piraikos reste le plus célèbre des peintres de ce genre. Hélas, aucun exemple n'est parvenu jusqu'à nous de ces peintures des menus objets du quotidien par Piraikos,  peinture que l'on nommait à cette époque Rhyparographie .
A la même époque, un autre peintre grec, Zeuxis rivalisait avec la nature au point que des oiseaux voulaient picorer les raisins qu'il peignait et qu'il passe être l'inventeur du réalisme et  de l'illusionnisme  ne peinture, pour ne pas dire du premier trompe-l'oeil. Il faut là encore faire confiance au récit de Pline l'Ancien, car aucun exemple de cet art ne nous est parvenu.
Les premières natures mortes connues du monde occidental sont des fresques et des mosaïques du 1er siècle de l'ère chrétienne, provenant de Campanie (Herculanum et Pompéi) ou de Rome. Elles sont exécutées dans un style réaliste et illusionniste : fruits veloutés, poissons et volailles posés sur une marche de pierre ou sur deux étagères d'un garde manger, généralement en trompe l'œil avec des ombres portées, ou quelquefois dans des coupes en verre avec des transparences subtiles.
Ces peintures évoquent le xenion antique, un cadeau fait de denrées qu'un hôte doit offrir à ses invités. Pourtant la nature morte de l'Antiquité possède une autre ambition que celle du seul plaisir mimétique. Comme le précise Charles Sterling : « Il est clair que les natures mortes hellénistiques et romaines qui représentaient des mets prêts à être consommés comportaient une allusion épicurienne ». On trouve ainsi assez fréquemment des mosaïques de natures mortes et des vanités dans les atriums d'été romains, où les convives invités aux repas étaient ainsi encouragés à cueillir le jour qui passe, Carpe diem selon la célèbre formule d'Epicure, à profiter de la vie tant qu'il était encore temps de le faire. Une déclinaison plus sophistiquée de la tradition égyptienne pharaonique qui voulait que l'on fît passer un cadavre devant les convives avant de commencer un repas pour leur rappeler l'impermanence de la vie !  Les natures mortes garderont tout au long des siècles jusqu'à nos jours,  cette signification épicurienne.

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mardi 29 décembre 2015

Salvador Dali (1904-1989) - La corbeille de pain



Salvador Dali (1904-1989)
La corbeille de pain (1926)
Fundació Gala-Salvador Dalí, Museum Inc., St. Petersburg, Florida

Que voit-on ? Une nappe  au drapé complexe réalisé dans un clair obscur très précis dont l'envers est représenté  (au centre) laissant apparaître les détails les plus infimes du tissu. La nappe est posée sur un entablement gris et un fond noir, d'inspiration très classique (on pense à Cotan et a certains maîtres hollandais de l'âge d'or). Sur la nappe : une corbeille en argent contenant trois tranches de pain (dont la première est recouverte d'une épaisse couche de beurre), et un quignon.
Cette œuvre fut la première que Dali exposa hors d'Espagne à l'exposition internationale du Carnegie Institute de Pittsburgh en 1928. Elle fut réalisée peu après la fin de ses études d'art à Madrid, alors qu'il étudiait les maîtres hollandais. Il y démontre   la pleine possession de ses moyens picturaux alors qu'il a 22 ans. Représentée de façon très réaliste dans un clair-obscur très classique, la lumière blanche crue dans laquelle baigne l'ensemble parait vitrifier la scène. Dali réalisa une autre toile proche de celle-ci en 1945 (un jour avant la déclaration de la guerre) et qui porte le même nom mais présente le pain dans une corbeille en osier dans un environnement plus dépouillé (pas de drapé). 
Dans les natures mortes de l'âge d'or le pain a une double signification : il symbolise l'hospitalité, la charité mais aussi l’eucharistie. Le pain représente la consolation de celui qui a faim au sens physique et spirituel.  Si Dali accentue parfois la signification du sens physique, il garde pourtant présente à l'esprit la signification religieuse omniprésente dans son oeuvre.  « Le pain a toujours été l’un des thèmes les plus fétichistes et obsessionnels de mon travail, c’est celui auquel je suis resté le plus fidèle » a dit Dali lors du vernissage d’une exposition « Recent paintings », qui lui fut consacrée à la galerie Bignou à New York le 29 décembre 1945.

Rappel biographique : Salvador Domingo Felipe Jacinto Dalí i Domènech, connu comme Salvador Dalí, marquis de Dalí de Púbol, est un  peintre, sculpteur, graveur et écrivain catalan de nationalité espagnol, considéré comme l'un des principaux représentants du surréalisme et comme l'un des plus célèbres peintres du 20e siècle... en tout cas l'un des plus médiatisés de son vivant ! Les thèmes qu'il aborda le plus fréquemment furent le rêve, la sexualité, le comestible, sa femme Gala et la religion. La nourriture, et l'acte de manger, ont une place centrale dans l'œuvre et la pensée dalinienne pour qui « la beauté sera comestible ou ne sera pas ». La création picturale peut-être la plus connue de Dalí est Montres molles. Elles coulent comme un camembert et dans l'explication surréaliste qu'il en donnera il dira  « Les montres molles sont comme du fromage, et surtout comme le camembert quand il est tout à fait à point, c’est-à-dire qui a la tendance de commencer à dégouliner. Et alors, mais quel rapport entre le fromage et le mysticisme ? […] Parce que Jésus, c’est du fromage. »
Figure picturale essentielle, le pain fut très présent dès 1926.  Après le pain, thème rémanent dans ses natures mortes, l'œuf au plat sans le plat revient régulièrement dans son œuvre.  Figure picturale essentielle, le pain fut très présent dès 1926 dans l'œuvre de Dali. La très classique Corbeille de pain (1926), et  La corbeille de pain, Plutôt la mort que la souillure (1945) qui reprend le thème classique de la précédente furent exposées à une place d'honneur par Dalí au musée de Figueras, exprimant l'importance qu'il leurs accordait. Ce fut d'ailleurs avec une baguette de pain de 2 mètres qu'il débarqua aux États-Unis pour la première fois suscitant l'étonnement des médias locaux d'alors qui y virent le symbole de la France, alors que le symbole était bien entendu double !  Et au cas justement ou l'on aurait mal interprété son geste, il  réitéra en France cette fois dans une conférence parisienne qu'il donna en 1959 en se présentant avec une baguette de pain de 12 mètres de long, " Trrrriom-phalliquement " portée par plusieurs boulangers. Salvador Dalí  réalisa plus de 1500 toiles dans sa vie, et produisit également des illustrations de livres, des lithographies, des costumes de théâtres, un grand nombre de dessins, de sculptures, d'objets et plusieurs films.

2015 - A Still Life Collection 
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lundi 28 décembre 2015

Robert Mapplethorpe (1946-1989)



Robert Mapplethorpe (1946-1989) 
Calla Lilly (1986)
Solomon R. Guggenheim Museum, New York

Que voit-on ?  Il s'agit d'une fleur d'arum fanée et rongée par un insecte. A hauteur du pistil très rabougri, près de la tige, on aperçoit des pustules sans doute signes d'une maladie. Robert Mapplethorpe est arrivé à New York dans les années 1970 alors que se produisaient  deux événements simultanés  mais bien distincts : la prise en considération de la photographie comme un e forme d'art, et l'explosion du mouvement  punk et des cultures gays. Initialement formé à la peinture et à la sculpture, Mapplethorpe s'oriente assez rapidement vers la photographie en réalisant en 1969-70 des collages érotiques, à partir d'images découpées dans des magazines, avant de créer ses propres images à l'aide d'un appareil  Polaroïd. En quelques années, il expose des nus masculins et féminins érotiques, des natures mortes de fleurs et des portraits de célébrités, tous réalisés avec un appareil grand format. Tout au long des années 1970, son travail se développe dans un style à la fois classique et élégant en privilégiant une thématique homo-érotique très explicite qui va le rendre rapidement célèbre dans le monde entier.  
Bien qu'il ait travaillé de temps en temps en couleur, Mapplethorpe est resté tres fidèle à l'élégance minimaliste de la photo en noir et blanc. Dans nombre de ses œuvres la distinction entre hommes et femmes est problématisée : Calla Lily par exemple présente une fleur d'arum, normalement censée incarner la féminité et  la re-déploie comme un organe  sexuelle masculin mâle.  
L'emploi du noir et blanc par  Mapplethorpe a une époque ou la plupart de ses contemporains des années 1980 travaillent en couleur le rapproche de certains maitres anciens et apporte à ces photos d' indéniable qualités poétiques et mélancoliques. A l'apogée de sa carrière, Mapplethorpe a été frappé par le sida et ses dernières photos  ont toute une humeur plus sombre  qui insistent sur le caractère transitoire de la vie.

Extrait de la notice du Guggenheim Museum

dimanche 27 décembre 2015

Robert Doisneau (1912-1994)



Robert Doisneau (1912-1994)
Dunoyer de Ségonzac peignant une nature morte (Vers 1951)
Bibliothèque nationale de France 

Note de la Bnf :  " À l'instar du peintre Dunoyer de Segonzac organisant, sous l'objectif de Doisneau, les éléments de son prochain tableau, des photographes tels Sougez ou Sudek ne dérogent pas à la règle d'une composition préalable à la prise de vue. Si les objets tendent à se singulariser selon une épuration visuelle toute moderne, leur agencement dans l'espace et les effets de lumière exaltant, comme en peinture, les rendus de matières, n'en requièrent pas moins un traditionnel travail de préparation. "

samedi 26 décembre 2015

William J. McCloskey (1859-1941)



William J. McCloskey (1859-1941) 
Apples in a basket (1906)
Private Collection 

Que voit-on ?  Sur une table en bois verni, huit pommes présentées dans leur panier et papier d'emballage, plusieurs étant  répandues sur la table. Le thème des fruits dans un panier ou sur une étagère a été très fréquemment utilisé par William McCloskey. Ce thème lui fournit ici  à la fois l'opportunité d'une étude très détaillée de la texture des pommes vues sous toutes leurs facettes mais aussi une étude tout aussi détaillée de la texture des objets les plus quotidiens  comme le papier de soie servant, à partir du 19e siècle, à protéger les fruits pendant leur transport. Comme on peut le voir ici, William McCloskey excelle dans l'art de peindre les plis complexes du papier de soie qui sert véritablement de toile de fond aux pommes brillantes et dodues se déversant du panier penché et se reflétant sur le bois verni.

Rappel biographique : Le peintre américain William-J.-Mac-Closkey fut une figure déterminante de la scène de la nature morte Californienne au 19e et 20e siècle. Très peu connu en Europe, il est célèbre dans son pays pour ses peintures de fruits (oranges et pommes notamment) présentés dans leur emballage de livraison. Originaire de Philadelphie, il étudie la peinture à la Pennsylvania Academy of Fine Arts avec un maître du réalisme à la technique implacable, Thomas Eakins. Son attrait pour la nature morte s'explique par l'influence qu'exerça sur lui la famille Peale (et surtout Raphaelle Peale dont plusieurs toiles sont présentées sur ce site), véritable dynastie qui avait dominé le monde de l'art à Philadelphie au début du siècle. C'est à cette époque que William épouse Alberta Binford (1855–1911) elle-même artiste de renom. Malgré leurs succès en Californie, le couple McCloskeys déménagent à New-York au début de 1886 et c'est dans cette ville que William va connaitre un véritable triomphe en se spécialisant dans les natures mortes réalistes de fleurs et de fruits. Tout au long de leurs carrières très  distinctes, les McCloskeys vont être extrêmement mobiles, n'hésitant jamais à voyager à travers les Etats-Unis aussi bien qu'en Europe, pour satisfaire des commandes de portraits ou pour exposer et promouvoir leur travail. Ainsi, ils ont vécu et travaillé à San Francisco, Londres, Paris, Salt Lake City, Los Angeles en plus de leur long séjour à New York. Dans la dernière partie de leur carrière, vers le milieu des années 1920, le style très réaliste du couple Mac-Closkey ne fait plus recette. William, aussi bien que sa femme tombent dans l'oubli jusqu'à ce qu'en 1996,  une grande rétrospective leur soit consacrée au Bowers Museum of Cultural Art in Santa Ana en  Californie, faisant réapparaitre au grand jour (et sur le marché de l'art américain) bon nombre de leurs œuvres.  Les tableaux d'oranges enveloppées dans du papier de soie de William (car il en a peint plusieurs) sont aujourd'hui les plus connus. Alberta, elle, a peint  plutôt d'autres fruits et quelques fleurs...

vendredi 25 décembre 2015

René Magritte (1898-1967) - Les belles réalités



René Magritte (1898-1967)
Les belles réalités (1964)
Collection privée

Que voit on ?  Une pomme  qui flotte librement dans un ciel très nuageux et qui occupe le centre de l'image. L'absence de tout soutien pour cette pomme flottante, laisse penser qu'elle est en apesanteur, contredisant ainsi de façon insolente et incongrue le célèbre principe Newtonien. Cette impression est renforcée par le positionnement d'une table sur le sommet de la pomme qui semble agir comme une force antagoniste qui pousserait la pomme vers le bas. La bizarrerie de cette association entre la pomme et la table est encore renforcée par les disparités d'échelles : le gigantisme de la pomme et le nanisme la table recouverte d'une nappe en lin, présentée dans une logique inversée par rapport à  celle de la réalité dans laquelle  la table devrait être plus grosse que la pomme qui devait a peine être visible !  L'incertitude règne et c'est précisément ce que vise Magritte. Sa représentation extraordinaire des objets les plus familiers pousse le spectateur vers une appréciation plus  " grandiose " du monde...et ceci  tout en révolutionnant littéralement les codes de la nature morte ! 
La forme sphérique présentée en apesanteur, qu'elle soit celle de la pomme ou d'autre chose, se rencontre très souvent dans l'oeuvre de Magritte  pour qui elle  suggère l'harmonie cosmique. La sphère apparaît sous diverses formes tout au long de sa carrière, que ce soit sous la forme  d'un ballon d'un œuf, d'un chapeau, d'un grelot... Cependant la pomme avec ses références à Newton et au Siècle des Lumières, est peut-être l'itération la plus reconnaissable de la forme en général dans l'art de Magritte. Parmi ses emplois les plus célèbres on peut citer celui que Magritte en fait dans La chambre d'écoute où la pomme atteint des proportions colossales pour être finalement pris eau piège dans un intérieur domestique. 
Dans une lettre à Harry Torczyner du 3 Octobre 1963, Magritte a donné une explication assez   le titre de tableau :   " Belles réalités, écrit il, est basé sur le principe que le « sens des réalités »  pour être bien connu de tous ne devrait pas à être analysé à l'aulne de ce préjugé tenace qui  rend toujours  la «réalité»  laide, insupportable etc. " (R. Magritte, Magritte / Torczyner, Lettres Entre Amis, New York, 1994, p. 90).  Ce tableau serait donc une sorte de "  manifeste du bonheur " ... celui de Magritte peut-être même dont la prospérité était immense dans les années 1960,  mêlant reconnaissance internationale croissante et une influence indéniable  sur toute la jeune génération montante d'artistes.

Rappel Biographique :  René-François-Ghislain Magritte, est un peintre surréaliste belge.  La peinture de Magritte s’interroge sur sa propre nature, et sur l’action du peintre sur l’image. La peinture n’est jamais une représentation d’un objet réel, mais l’action de la pensée du peintre sur cet objet. Magritte réduisait la réalité à une pensée abstraite rendue en des formules que lui dictait son penchant pour le mystère : « je veille, dans la mesure du possible, à ne faire que des peintures qui suscitent le mystère avec la précision et l’enchantement nécessaire à la vie des idées », déclara-t-il. Son mode de représentation, qui apparaît volontairement neutre, académique, voire scolaire, met en évidence un puissant travail de déconstruction des rapports que les choses entretiennent dans la réalité. Magritte excelle dans la représentation des images mentales.  L’élément essentiel chez Magritte, c’est son dégoût inné de la peinture plastique, lyrique, picturale. Magritte souhaitait liquider tout ce qui était conventionnel. « L’art de la peinture ne peut vraiment se borner qu’à décrire une idée qui montre une certaine ressemblance avec le visible que nous offre le monde » déclara-t-il. La réalité ne doit certainement pas être approchée sous l’angle du symbole.
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jeudi 24 décembre 2015

Nicklaus Stoecklin (1896-1982)



Nicklaus Stoecklin (1896-1982)
Stilleben mit Achat 1946
Collection Privée 

Que voit-on ? Cette nature morte composé autour d'une pierre d'agate brute qui apporte dans la peinture méticuleuse d'un intérieur bourgeois assez banal, une indéniable dimension d'étrangeté . L'intérieur bourgeois en question est composé d'un plateau d'argent qui retient avec la précision maniaque que l'on connait à ce peintre, le moindre des reflets  qu'on lui présente ; d'un verre plein d'eau contenant une branche de fleur ; d'un rideau à l'imprimé délicatement restitué dans ses plus infimes détails ; d'une main grattoir en ébène et ivoire ; d'une petite aquarelle représentant une vue de ville fluviale dans un cadre très sobre. L'agathe présentée dans toute pureté semble etre un oeil un porte ouvert vers un  univers rempli de monde nouveaux, de promesses de galaxie lointaine, d'ailleurs.

Rappel biographique : Nicklaus Stoecklin  est un peintre et graphiste suisse du  20 siècle. Après avoir fréquenté les cours de Robert Engels à l'École des beaux-arts de Munich (1914), puis avoir appris l'art de la lithographie avec Burkhard Mangold (1915-1918), il travaille dans l'atelier de son oncle, où il réalise ses premières affiches. Sa grande virtuosité en ce domaine lui permet de reproduire la réalité avec un souci qui confine à la précision photographique ou, au contraire, de se complaire dans une stylisation poussée à l'extrême. Les thèmes choisis sont ceux issus de la société de consommation, comme les produits de la technologie moderne et les pratiques culturelles (sport, expositions, tourisme). La composition est construite très rigoureusement et obéit à un ordre qui baigne l'ensemble d'une atmosphère hermétique comme dans Automobilpost in den schweizer Alpen, 1925. Chaque réalisation est abordée avec une exigence, une précision et un style proches de l'esthétique de la Nouvelle Objectivité, à laquelle l'artiste est maintes fois associé par le biais d'expositions auxquelles il prend part : en 1925 à la Städtische Kunsthalle de Mannheim, en 1979 au Kunstmuseum de Winterthur. Les tableaux qu'il réalise par ailleurs révèlent un réalisme poussé jusqu'à une stylisation exacerbée. Les thèmes en sont des paysages (Lago Maggiore, 1916, Bâle, K. M.), des vues urbaines (Sperrstrasse, 1918), des natures mortes (Stilleben mit Brioches, 1937) ou des scènes du quotidien (Atelierfenster im Johanniterhaus, 1928). Le monde de Stoecklin est fait d'éléments sensibles ou triviaux que contrebalance toujours une vision géométrique. Son œuvre a fait l'objet de présentations à la Kunsthalle de Bâle en 1928 et au Deutsches Plakat Museum d'Essen en 1987.

mercredi 23 décembre 2015

Nicolas de Staël (1914-1955) - Le pot rouge



Nicolas de Staël (1914-1955)
Le pot rouge (1952)
Collection privée 

Que voit-on ?  La figuration sous l'abstraction (ou le contraire) avec ce qui pourrait être une vue d'une terrasse dans le sud de la France.  Dans le haut du cadre une plongée sur la mer (les 2 bleus) et un paysage de campagne (noir et vert). Au premier plan un sol fait de quatre bandes de couleurs différentes sur lesquels est posé le pot rouge qui donne son nom à cette toile, en plein centre de la composition, stupéfiant d'expressivité.

Rappel biographique : Le peintre français  d'origine russe Nicolas de Staël, né baron Nicolaï Vladimirovitch Staël von Holstein,  est issu d'une branche cadette de la famille de Staël-Holstein. Plus d'un demi siècle après sa mort, il reste l'un des peintres les plus marquants du 20e siècle posant un problème aux historiens de l'art qui ne savent pas dans quelle catégorie le classer,  ce qui doit le réjouir post mortem, lui qui détestait les catégories et les courants.
La réinvention de la figuration opérée par Staël a été mal comprise alors qu'elle anticipait d'une vingtaine d'année l'évolution générale de l'art. Il a « retrouvé le visible sans renoncer aux possibilités expressives et à la liberté d'action qui définissent la peinture contemporaine»  alors que Paris perd sa place de capitale des arts, dès les années 1960, sous l'effet du marché de l'art et de la surenchère : " on y est devenu incapable de discerner le pastiche de l'original " selon Umberto Eco.
Selon Marcelin Pleynet et Michel Seuphor : « ...il faut tenir compte de Nicolas de Staël, vu et revu souvent avec et travers l'avant-garde américaine de années cinquante. Ces nouveaux mouvements d'abstraction suivent le cheminement de Staël, délaissant la peinture gestuelle pour une peinture brossée, voir maçonnée ».
Peu exposé de son vivant, son œuvre a donné lieu à de nombreuses manifestations posthumes qui ont confirmé sa stature sur le plan international. " Staël fut le plus puissant créateur de sa génération dans l'École de Paris de l'après-guerre, sur laquelle il a exercé une forte influence Il a été le premier à dépasser l'antinomie  abstraction-figuration ".
Nicolas de Staël meurt à 41 ans en se jetant de la terrasse de l'immeuble où il avait son logement et un de ses ateliers à Antibes. L'ensemble de son oeuvre s'étend sur 15 années. Il a peint, à partir de 1952, plusieurs natures mortes dont quelques unes sont aujourd'hui conservées et exposées au Musée Picasso d'Antibes à quelques pas de son ancien atelier. Plusieurs sont présentées sur ce blog.

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mardi 22 décembre 2015

Giorgio Morandi (1890-1964) - Natura Morta Pere 1924



Giorgio Morandi (1890-1964)
Natura Morta Pere 1924
Private Collection 

Que voit-on ? sur une table recouverte d'une nappe blanche virant au rose sur sa surface,  huit fruits sont disposés, ce qui est assez rare dans les natures mortes de ce peintre qui préfèrent souvent les objets et ustensiles de cuisine aux fruits. De gauche à droite : sur une base de prunes mauves est posée ce qui semble être tomate, traitée dans la même couleur mauve que les prunes mais avec une pointe de rouge qui semble en définit l'identité  assises sur leur base, quatre poires assurent une transition des mauves  (une poire est même franchement mauve!) au vert, couleur dans laquelle le peintre a choisi de représenter deux des quatre poires. Ce jeu de couleurs à la fois réelles et irréelles pour certains fruits (une tomate mauve et une poire mauve)  donnent à cette composition une aspect extraordinaire et magique à partir d'un sujet on ne peut plus  quotidien !

Rappel biographique : Le peintre italien Giorgio Morandi, bien que qualifié de futuriste ne peut être identifié à aucun mouvement pictural du 20e siècle en particulier. Ayant peint de très nombreuses natures mortes, l’œuvre de Cézanne représente évidemment une influence majeure pour lui ; il lui emprunte la monumentalité des formes et les zones denses de couleurs. Mais simultanément, il développe une approche beaucoup plus intime de l’art.
Les natures mortes de Giorgio Morandi représentent des objets toujours ordonnés avec soin sur une table dans l'atelier, pour être observés et peints. Ces objets qu'il a lui même achetés chez des brocanteurs, qui lui ont été donnés par des amis ou qu'il a ramassés dans la rue, sont facilement identifiables de toile en toile ; ce sont des bouteilles, cubes,  entonnoirs auxquels viennent se mêler, à l'occasion mais rarement, un coquillage ou un fruit. Le positionnement des objets dans le cadre est réalisé avec une attention particulière portée à la " géométrisation" de l'espace qui peut alors se lire en carrés et diagonales. Un lent travail de maturation est mis en œuvre par le dessin et la peinture par reprises successives, superpositions de couleurs faites d'une pâte ample avec des dégradés de gris d'une extrême sensibilité, qu'amplifie une sorte de délectation morose. Morandi avait la réputation de broyer lui-même ses couleurs.

lundi 21 décembre 2015

Antoine Vollon (1833-1900) - Nature morte au samovar et au bol de fruits



Antoine Vollon (1833-1900)
Nature morte au samovar et au bol de fruits
National Trust of Scotland (Broadie Castle)

Que voit-on ?  Sur un entablement de bois partiellement recouvert d'un drapé vert sur la droite du cadre, un magnifique samovar d'apparat en cuivre (bouilloire russe destinée à la préparation du thé) ; une grande tasse à thé en cuivre repoussé et abondamment sculpté, en forme de mug (appelé aussi  moque en français du 19e siècle), fermée d'un couvercle et principalement utilisée dans les régions littorales ou par les marins en Europe du Nord ; une cuillère en or ou en vermeil  attestant de la richesse du propriétaire ; un bol en porcelaine de Chine contenant trois pêches.

Rappel biographique : le peintre français Antoine Vollon est considéré comme appartenant au mouvement réaliste, bien que son style s'adapte toujours en fonction du sujet traité. Artiste productif, fougueux et extrêmement doué, Antoine Vollon affichait une préférence marquée pour les effets de lumière. Il a peint des ports, des marines aux grands cieux tourmentés et des pêcheurs mais c'est surtout comme peintre de natures mortes qu'il aimait se présenter lui-même. 
Il débute sa carrière à Lyon, où il apprend la gravure sur métaux et fréquente l 'Ecole des beaux-arts de la ville où il est l'élève de Théodule Ribot. Il développe rapidement une attention particulière surtout pour les natures mortes qui relèvent d’un défi  technique et artistique. Ce défi couvre un champs très large qui va de la représentation d'une motte de beurre (comme ici), à la peinture de fruits et de fleurs isolés (poires, prunes, cerises, pêches, tomates, courges,violettes...) en passant par le rendu des reflets du métal des ustensiles de cuisines jusqu'à la représentation des matières vivantes quotidiennes de la cuisine (plateau d'huîtres, œufs, carcasse de cochon pendu et vidé, poissons de mer  en attente de cuisson...)   Ses œuvres sont aujourd’hui conservées dans les musées du monde entier (Amsterdam, Londres) et principalement aux Etats-Unis où Vollon est beaucoup plus connu qu'en Europe (Washington, New York, Boston…). En France, le musée d'Orsay à Paris conserve une de ses toiles (Autoportrait), de même que les musées de Lyon (sa ville natale), Amiens et Rouen. Le musée des beaux arts de Dieppe quant a lui conserve deux toiles : Femmes du Pollet à Dieppe et Poissons de mer.
Alexandre Dumas fils était le grand collectionneur  français de l'œuvre de Vollon, ainsi que de riches américains, comme  Henry Frick ou le peintre William Merritt Chase qui l'admirait beaucoup et s'inspira, dans la plupart de ses propres nature mortes de celles d'Antoine Vollon. 



dimanche 20 décembre 2015

Anne Vallayer-Coster (1744-1818) - Nature morte avec homard


Anne Vallayer-Coster (1744-1818)
Nature morte avec homard (1781)
Toledo Museum of Art,  Ohio

Que voit-on ? Sur en entablement de pierre noircie et brisée en son centre, de gauche à droite :  un huilier vinaigrier  dans une base formant une petite corbeille en or ou bronze ; un homard cuit posé sur un linge blanc ;  une soupière  en argent avec son couvercle est en équilibre sur le rebord : deux pains bien cuits ; un pot de fruits au sirop (des prunes sans doute) et du raisin dans le fond du cadre. L'association du homard et des raisins dans une nature morte serait une façon de contourner l'interdit de la représentation de l'image de Dieu en peinture faite en particulier au peintre de confession protestante au 17e siècle en Europe du nord.

Rappel biographique : L'artiste peintre française Anne Vallayer-Coster, fille d'un orfèvre connu, fut, en peinture, l'élève de Madeleine Basseporte et de Claude Joseph Vernet.  Elle est admise à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1779 en tant que peintre de natures mortes et elle expose au Salon dès l’année suivante.  Elle devient chef du cabinet de peinture de la reine Marie-Antoinette qui la prit sous sa protection ainsi que son professeur de dessin. Un appartement lui est même attribué au Louvre sous la Grande Galerie. D'abord spécialisée dans le portrait, elle abandonne ce genre pour ce consacrer au nature morte vers la fin de sa vie et s’illustre aussi dans les tableaux de genre et la miniature. Elle poursuit sa carrière avec succès jusqu’à sa mort.

2015 - A Still Life Collection 


Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 

samedi 19 décembre 2015

Clara Peeters (1594-1657) - Tavola


Clara Peeters (1594-1657) 
Tavola (1610)
Museo del Prado, Madrid

Que voit-on ? Une nature morte d'apparat  dite du " petit déjeuner " (uontbijtgen) -  correspondant à notre actuel déjeuner  - d'un raffinement extrême.  La peintre ne se contente pas d'y accumuler les mets délicats (gibiers, pâtés, tourtes...) et les objets précieux en or argent, cristaux et porcelaine finement ciselée mais s'applique à une éblouissante démonstration de sa maîtrise des textures et des reflets. Reflets, du plus proche au plus lointain, à la fois sur les plateaux d'argent et sur la salière en argent ciselé dans laquelle le reste de la pièce se reflète,  tout comme dans l'arrondi du verre Roemer.  Textures extraordinairement différenciées des olives dans le pat de porcelaine ou de la carafe en porcelaine finement sculptée en dentelle de biscuit ou en core de la nappe en " jacquard " dont l'impression ton sur ton, est rehaussée par la dissémination ici et la d'éléments de décor isolés, comme des petites fleurs, des feuilles ou des fragments de branchages qui pourraient presque sembler broder sur la nappe.

Rappel biographique : la peintre Flamande Clara Peeters  était autodidacte et a peint essentiellement des natures mortes. (à l'exception d'un auto portrait). Elle fut active très jeune en tant que peintre (dès l'âge de 13 ou 14 ans selon les documents !) et fait partie des premières femmes peintres qui ait exercé officiellement ce métier, avec une place reconnue de son vivant, par les Guildes des peintres de la période d'or du baroque flamand.  Cette femme à la personnalité hors du commun, dont on pense qu'elle fut, adolescente, l'élève très privée d'Osias Beertse spécialise, dès l'âge de 18 ans, dans les natures mortes dont elle saisit les sujets soit autour de la table des repas quotidiens soit dans des mises en scène plus sophistiquées. Elle s'intéresse beaucoup aux reflets sur les objets métalliques, pièces, plats, vases, coupes, timbales bijoux, présents fréquemment dans ses compositions, en premier plan, avec un fond plus sombre. Ces plus belles natures mortes - qui sont autant de chef d'oeuvres - ont été peintes dans l'année 1611 et sont conservées au Musée du Prado.

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2016 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau 

vendredi 18 décembre 2015

Willem Claeszoon Heda (1594-1680) - Stilleben mit Schinken



Willem Claeszoon Heda (1594-1680)
Stilleben mit Schinken (1635) 
Alte Pinacoteca, München

Que voit-on ? C'est une nature morte symbolisant la fin de la vie dont il s'agit. Sur une table en bois partiellement recouverte d'un drapé froissé, plusieurs éléments attestent d'un repas consommé dans un certain luxe comme le montre la vaisselle précieuse utilisée. Deux plats d'argents à gauche du cadre : dans l'un,  une tranche de jambon très gras, accompagné de deux toasts et d'un couteau à manche d'ambre ; dans l'autre  l'os apparent d'un jambon dont on arrive à la fin de la consommation ; un pot de moutarde ; un beau verre Rummer à moitié plein de vin blanc dans la courbure duquel se reflète la réalité (la partie de la pièce que l'on ne voit pas) ; un pinte de bière ; un timbale en argent ciselée renversée sur un plat en argent contenant des noix dont une partie déborde de la table dans le vide, symbole de la fragilité de la vie du dédicataire qu'aucune des richesses étalées ne pourra renforcer.

Rappel biographique : Le peintre néerlandais Willem Claeszoon Heda qui signait de son prénom "Claez " ce qui engendre souvent des confusions ave cun autre peintre de nature morte Pieter Claesz, fut un peintre spécialisé dans la peinture exclusive de natures mortes. Il travailla toute sa vie à Haarlem où il fut le président de la célèbre Guilde de Saint Luc.
Sa peinture montre son excellence dans le rendu des reflets et dans la qualité de la reproduction de la surface des objets. Les natures mortes de Heda ont souvent une composition en forme de triangle, dans laquelle les objets les plus hauts sont placés sur un côté. Il utilise assez peu de couleur dans ses peintures qui semblent presque être des monochromies. Il réutilise souvent les mêmes objets d'un tableaux sur l'autre : récipients en argent, coûteux verres de Venise  Nautiles, intensifient les contrastes entre le rose des jambons en tranches ou les fruits mûrs sur fond clair obscur.  Les tableaux de l'artiste furent le plus souvent des huiles exécutées sur panneau de bois, plus rarement sur toile. On peut déceler dans ses œuvres d’avant  1635, l’influence de Pieter Claesz (ainsi que de Floris Van Dyck (1575-1651). Après 1640 les compositions  de Heda s'agrandissent, deviennent plus riches, plus décoratives, telle la nature morte exposée au Musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg. Dès cette époque, Heda abandonne le format horizontal qu'il utilisait traditionnellement pour le vertical.


jeudi 17 décembre 2015

Ottmar Elliger l'Ancien (1633-1679)



Ottmar Elliger l'Ancien (1633-1679)
Nature morte au  citron pelé, Römer, crabe
Collection privée

Que voit-on ?  C'est une nature morte au message épicurien assez classique. Sur une table, partiellement recouverte d'un drapé frangé d'une riche passementerie de fil d'argent, un plateau en argent posé en équilibre sur le bord de la table,  pour symboliser la fragilité des richesses de ce monde.  Sur le plateau quelques cerises symbolisant les plaisirs sensuels et une citron dont la peau a été taillé en spirale symbolisant le temps qui s'écoule inexorablement et nous rapproche de la mort.  Le crabe sur la droite du cadre est un symbole de résurrection, il perd son enveloppe au printemps pour prendre une nouvelle carapace mais peut aussi symboliser (comme le homard) l’inconstance, l’instabilité  (en raison de sa démarche caractéristique) ou dans certains cas - surtout quand il est retourné comme ici -  évoquer une forme de " déviance morale."  Une grappe de raisins aux grains énormes symbolise aussi les plaisirs de la vie alors que le verre Römer a l'arrière plan rempli de vin représente la vanité des richesses de ce monde. Monde qui d'ailleurs se reflète dans la courbe du verre  ou l'on peut voir l'autre coté de la pièce avec une fenêtre sur la gauche du reflet et des éléments de décor (des livres ouvert)  sur la droite du reflète . on notera aussi dans cette toile la complémentarité des mouvements et des couleurs du drapé bleu et du zeste de citron en spirale dont la taille est tout a fait démesurée.  Ce peintre a réalisé de nombreuses variations sur ce même thème, alternant Römer et  Nautile, crabe et homard...

Rappel biographique :  Ottmar Elliger (1633-1679) était un peintre baroque flamand. spécialisé dans les natures mortes et en particulier les fleurs. Selon l'Institut néerlandais pour Histoire de l'art, il est né à Göteborg, mais il a été formé à Anvers par Daniel Seghers. Sa première œuvre datée est de 1653. Il est inscrit à Copenhague en 1654, Amsterdam en 1660, Dordrecht en 1662 et Hambourg en 1665. [ En 1670, il est devenu peintre de la cour  de Friedrich Wilhelm von Brandebourg à Berlin, où il a séjourné.   

mercredi 16 décembre 2015

Jan Davidszoon de Heem (1630-1680) - Nature morte avec deux Verres " façon Venise "


Jan Davidszoon de Heem (1630-1680) Nature morte avec deux Verres façon Venise Collection privée

Jan Davidszoon de Heem (1630-1680)
Nature morte avec deux Verres façon Venise
Collection privée

Que voit-on ? Cette nature morte s'étage sur 3 niveaux à la façon des natures mortes espagnoles de la même époque et de natures mortes antiques trouvées à Pompéi mais que les peintres du 17e siècle ne pouvaient pas connaitre.  Sur l'étage du bas elle présente de fruits épars, orange  citron pelés et des cerises  symbole de passion et d'érotisme. Sur l'étagère médiane dans une coupe en porcelaine de Delft, des fraises et framboises sucrées qu'une cuillère invite à la dégustation : elles sont entourées d'autres fruits rouges, myrtilles, groseilles et d'un morceau de pain déjà entamé.  Dans le fond de la composition au troisième étage de celle ci : deux verres "façon Venise" aux cols évasé, l'un en flûte contenant un vin rosé translucide, l'autre en coupe avec un pied somptueusement sculpté contenant un reste de vin blanc. tous deux sont les symboles des plaisirs et des richesses de la vie... mais attention le citron pelé vient avertir du goût amer que leur jouissance peut laisser à qui en abuse !

Rappel biographique : Le peintre hollandais Jan Davidszoon de Heem est un des membres d'une véritable dynastie de peintres, dont quelques uns spécialisés exclusivement dans les nature mortes.  Ses premières œuvres sont dans le style de Balthasar van der Ast (1593/94-1657), son maître. Il travaille ensuite à Leyde et montre un style proche des toiles de Pieter Claesz (1595/97-1661) et de Willem Claesz Heda (1594-1680). En 1636 , il s'installe à Anvers dont il  devient citoyen de la ville, ce qui signifie qu'il y a acquiert respectabilité pour son métier et fortune relative.  Il est le fils du peintre David de Heem le vieux (1570 ?-1632 ?) et le père des peintres Cornelis de Heem (1631-1695) et Jan Jansz de Heem (1650-après 1695). On ne lui connait pas d'autres oeuvres que des natures mortes, le plus souvent florales et dans la grande tradition de la Nature morte hollandaise. Celle-ci qui est composée uniquement de vieux livres aux reliures défectueuses ou inexistantes est une exception dans sa thématique habituelle, même si le message délivré est toujours le même : celui de la fragilité de l'existence humaine, de ses activités... et du savoir. 

mardi 15 décembre 2015

Pierre-Antoine Lemoine (1605-1665)



Pierre-Antoine Lemoine (1605-1665)
Nature morte aux raisins (1654)
Collection privée

Que voit- on ? Des grappes de raisins blancs et rouges encore accrochées à leur treille et dégoulinant le long d'un mur prétexte à une brillante démonstration de textures fruitières. Au bas de ce mur sur une entablement de pierre à peine visible, des figues ouvertes, des pommes abimées et une grenade éclatée comme autant de symboles de sensualité. Ce tableau - qui est l'un des quatre seuls de Lemoine à être parvenu jusqu'à nous - fut le morceau de réception de Lemoine à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture  et fut offert au cardinal de Mazarin dans les collections duquel il resta longtemps.


Rappel biographique : le peintre français Pierre-Antoine Lemoine appartient à ce corpus de peintres du début du 17e siècle dont peu d'éléments nous sont parvenus mais qui semble avoir été très considéré en son temps : « Pierre Antoine Le Moine de Paris peignit les fruits avec beaucoup de finesse & de légèreté. » L'artiste fut pourtant totalement oublié jusqu'à la réapparition, sur le marché de l'art en 1992, de son morceau de réception à l'Académie Royale de Peinture et de sculpture. Également musicien, il bénéficia de recherches en archives par Michel Faré et Claudia Salvi,  laquelle a récemment remarqué que ce morceau de réception constituait « un évènement très important pour l'histoire de la nature morte en France  au 17e siècle »
« Vous estes prié d'assister au Convoy, Service et Enterrement de Monsieur le Moine, vivant Peintre du Roy en son Académie Royale de Peinture et Sculpture, ordinaire de la musique de la Chambre de Sa Majesté et de Monsieur ; décédé en sa maison, rue des Déchargeurs, qui se fera Jeudy, 20 Aoust 1665, à dix heures du matin, en l'église de St Germain l'Auxerrois, sa Paroisse, où il sera inhumé; les Dames s'y trouveront s'il leur plaist. »
Membre d'une maîtrise vieillissante, et malgré les avis défavorables de Charles Le Brun et d'Eustache Lesueur,  Lemoine est admis à l'Académie en 1654 et il en deviendra un membre important et remarqué puisque son " morceau de reception " sera offert en présent au cardinal de Mazarin. En 1657, il est chargé « d'orner le logis » du chancelier Pierre Séguier, ce qui parachève de le rendre célèbre.  Les œuvres de Lemoine (environ 4 toiles signées à ce jour), prouvent à elles-seules combien l'artiste avait la maitrise du réalisme des fruits, un sens de l'observation aiguisé et possédait l'art de la traduction des saveurs. À une remarquable qualité picturale parvenue jusqu'à nous, s'ajoute en effet, une certaine volupté des textures fruitières, dans une tradition française alors principalement représentée par Pierre Dupuis, et  un talent de coloriste enthousiasmant.


lundi 14 décembre 2015

René Nourisson (1610-1652)



René Nourisson (1610-1652) 
Pêches et porcelaine de Chine
Collection privée

Que voit-on ? Posé sur un entablement de bois et occupant tout le cadre une coupe en porcelaine de Chine contenant un peu plus d'une douzaine de pêches à la peau très veloutée, symboles des qualités de coeur et de la vérité. Sur l'entablement ,de part et d'autre de la coupe ,quelques grains de raisin noir et de raisins blanc symboles de la maturation que le temps peut apporter ; ici les grains sont très translucides et leur texture brillante accuse le contraste avec le la peau veloutée des pêches. A gauche des grains de raisins noirs, quelques gouttes d'eau réalisées dans un parfait trompe l'oeil  donnent la mesure de la maîtrise technique du peintre et symbolise sûrement la jeunesse du dédicataire de la toile, sans doute le jeune roi Louis XIV lui-même.

Rappel biographique  : Ce peintre français spécialisé dans les natures mortes fut Peintre ordinaire du roi et apparait dans les états de la maison du jeune roi  Louis XIV en 1644 et 1645. Bien que l'on manque de détails sur sa vie ,on sait que le 6 août 1646, il épouse Anne Duchastel, fille du peintre Nicolas Duchastel, avec laquelle il a deux fils.

dimanche 13 décembre 2015

Isaac Soreau (1604-1644)



Isaac Soreau (1604-1644)
Nature morte aux fleurs et fruits.
The Ashmolean Museum

Que voit-on ? Sur un entablement de bois, quatre éléments très différents constituant une nature morte de fleurs et de fruits. De gauche à droite : une verre de facture très simple contenant un bouquet sommaire de fleurs des champs à base de roses, de bleuets et de campanules. Dans une coupe en porcelaine de Delft très précieuse :  des pêches - symboles des qualités de coeur et de la vérité - et des prunes noires symbolisant l'humilité. Dans un panier en osier tressé et ajouré, des grappes de raisins rouge et blancs avec leur feuillage et leur sarments, symbolisant aussi la nourriture des amants et la lente maturation des sentiments. Enfin dans une petite tasse aussi en porcelaine de Delft des mures dont Pline l'Ancien écrivait que " l'arbre qui les porte passe pour sage, au contraire de l’amandier précoce, et son fruit, attribut de Minerve, symbolise  prudence et sagesse." Jetés dans un apparent désordre sur l'entablement lui-même : un oeillet-dieu ; une rose retournée ; deux cerises symbolisant la sensualité et la volupté ; trois fraises sauvages évoquant l’humilité. On remarque que dans cette nature morte les sentiments vertueux sont placés dans des contenants précieux alors que les sentiments plus " volages "sont placés dans des contenants en paille, voir dans aucun contenant, livrés au hasard. Un message peint qui devait sans doute s'adresser, à cette époque, à une jeune épouse si l'on en croit la présence de l'oeillet-dieu, fleur symbolisant le mariage et à la rose symbolisant la féminité.

Rappel biographique : Le peintre allemand Isaac Soreau, fut l'élève de Jacob van Hulsdonck et fortement influencé par son style, sa façon de peindre et sa palette harmonieuse. Certains historiens d'art pensent que Soreau a travaillé dans le très prospère atelier de van Hulsdonck à Anvers qui fournissait des natures mortes quasiment à la chaîne aux riches marchands de la ville. Dans ce prestigieux atelier, il aurait été en charge de la  peintures de fruits mais aussi de certains éléments de décors comme des contenants, paniers, vaisselles...  d'où la grande maîtrise qu'il acquis dans ce domaine en particulier dans le rendu des paniers en osier tressé.

samedi 12 décembre 2015

Pierre Binoit (1589-1632)



Pierre Binoit (1589-1632)
Nature morte avec raisins, colimaçons et oiseaux (1618)
Musée des beaux-arts de Bordeaux

Que voit-on ?  Sur un entablement de pierre posé devant une ouverture murale sur l'extérieur, une coupe en porcelaine de Chine contenant une dizaine de grappes de raisins issus de plusieurs cépages différents, aux grains serrés, mûrs à point et symboles de la lente maturation que seul le temps peut apporter. Ces grappes sont encore accrochées à leurs sarment et feuillages assez frais pour se tenir fièrement. A gauche de la coupe, trois oeillets-Dieu caractérisés par leur couleur rouge et blanche et à la symbolique précise lorsqu'ils sont associés aux raisins : présents dans les portraits de mariage du 16e siècle, ils empruntent au florilège marial du moyen âge, la couleur rouge et blanche combinant l’expression de l’amour à celle de la pureté ; à droite trois pêches, symboles des qualités de coeur ou de la vérité qui associées aux deux colimaçons du centre sont censées mettre en garde la spectatrice présumée (à qui la peinture s’adresse) contre le " mensonge " du plaisir et rappelle la nécessité de préserver la virginité de la jeune fille avant le mariage. Quatre oiseaux dont un posé sur le rebord de l'ouverture, un sur une grappe à droite et deux autres sur des grappes à gauche, symbolisent l’idée de fécondité accréditant la thèse selon laquelle il pourrait s'agir ici d'une nature morte offerte à une jeune mariée le jour de ses noces.

Rappel biographique :  De confession protestante, originaire de Tournai, la famille de Pierre Binoit doit fuir les Pays-Bas espagnols pour échapper aux persécutions religieuses. Etabli à Cologne, il rejoint la petite communauté des peintres réformés wallons. Il suit vraisemblablement l'enseignement de Daniel Soreau à son arrivée à Francfort, en 1610. Il vécut comme citoyen et peintre de la ville de Hanau, jusqu'à sa mort, le 14 mars 1632.

vendredi 11 décembre 2015

Pierre-Auguste-Renoir (1841-1914) - Nature morte à la tasse bleue (1900)


Pierre-Auguste-Renoir (1841-1914)
Nature morte à la tasse bleue (1900)
Brooklyn Museum

Que voit-on ? Dans cette minuscule toile de Renoir  (15, 2 cm sur 33 cm), posées sur une nappe blanche, de gauche à droite : une tasse à thé en céramique vernissé blanc bleu à décor floral sommaire, qui donne son titre au tableau ; deux pommes jaunes et rouges et trois figues vertes.

Rappel biographique : L'un des plus célèbres peintres français, Pierre-Auguste Renoir, membre éminent s'il en est du mouvement impressionniste a peint beaucoup de natures mortes, comme l'ensemble de ses collègues impressionnistes d'ailleurs qui ont participé au renouveau de ce genre vieux de plus de 3000 ans.  Au début de sa carrière, ses natures mortes s'inspirent beaucoup de celles de Courbet avant d'imposer le style unique que l'on connait. La dernière toile qu'il aurait voulut peindre serait une nature morte florale. Sur son lit de mort, Renoir aurait demandé une toile et des pinceaux pour peindre le bouquet de fleurs qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre. En rendant pour la dernière fois ses pinceaux à l'infirmière il aurait déclaré : « Je crois que je commence à y comprendre quelque chose ».




mercredi 9 décembre 2015

Francesco Noletti Fieravino dit Il Maltese (1611-1654)

 

Francesco Noletti Fieravino dit Il Maltese (1611-1654)
Nature morte au brocart, objets d'orfèvrerie et violon,
Musée Fesch, Ajaccio


Que voit-on ? Une accumulation d'objets précieux  envahissant tout le cadre du tableau avec l'intention de laiseer le spectateur stupéfait devant  tant de richesses. On ne compte plus ici les tentures, tapis, pièces de brocards et coussin ornés de passementeries, Noletti étant un maître incontesté du rendu des textures. Cet ensemble de tissus est posé sur une console ornée de sculptures qui semble être,  à l'instar du mythique mobilier des empeurs romains, taillée dans l'or. Deux aiguières émergent de l'amas de tissus, l'une en or est dressée dans le fond du cadre et l'autre en argent est renversée en signe de fragilité des richesses. A la droite du cadre, presque caché sous toutes ces richesses matérielles, le bas d'un violon, signe que le dédicataire du tableau s'intéresse à l'acquisition des connaissances

Rappel biographique : Les œuvres de Francesco Noletti, surnommé il Maltese en raison de son origine Maltaise, ont longtemps été attribuées sous le nom de Francesco Fieravino jusqu'à la découverte de son identité véritable au début des années 2000. Spécialiste des natures mortes avec tapis et tentures qu'il peint somptueusement, Noletti s'est installé à Rome, probablement entre 1636 et 1640, où il meurt en 1654.

mardi 8 décembre 2015

August Sander (1876-1964) - Nature morte aux interrupteurs

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August Sander (1976-1964)
Nature morte aux interrupteurs (1931)
Collection privée

Que voit-on ? Sur un mur banc qui est peut être un présentoir de magasin, trois interrupteurs électriques de forme et de couleurs différentes et leur ombre projetée. 

Rappel Biographique  le photographe allemand August Sander fut un portraitiste scrupuleux, réunissant photographie documentaire et pratique artistique dans une démarche considérée aujourd'hui comme exemplaire. Il qualifiait la photographie par trois mots : « Voir, observer, penser ». La démarche de ce photographe professionnel engagé dans une pratique artistique est une référence essentielle pour les artistes photographes des années 1970 et 1980. Les études sur la réception de son œuvre, inachevée à sa mort ne font que commencer. Elles s'avèrent essentielles au moment où les pratiques documentaires se multiplient dans et hors le champ artistique, remettant celui-ci en question. L'œuvre inachevée de Sander et immense a fait l'objet de plusieurs reconstitutions fondées sur des tirages rescapés et sur de très nombreux négatifs. 
La première fut publiée sous la direction de son fils en 1980 (431 portraits) avec la participation de l'historien Ulrich Keller. La seconde établie en 2002 par Suzanne Lange, conservatrice des archives du photographe à Cologne, a élargi le nombre des photographies selon une méthode argumentée.
Œuvre d’une vie, conçue vers 1925, son travail était encore en cours en 1964 et comprenait des clichés allant de 1892 à 1954. Mais il semble difficile de distinguer parmi les photographies réalisées dans le cadre de son activité professionnelle celles qu'il a considérées comme relevant de sa démarche artistique (entre 500 et 600). Œuvre largement posthume puisque publiée en 2002. Décédé en 1964 ce n’est qu’au début des années 1970 que Sander réussit à acquérir une certaine notoriété par la publication, aux éditions Bucher, d’une vaste série de portraits intitulée Menschen ohne Maske (Hommes sans masque).
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2015 - A Still Life Collection 
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lundi 7 décembre 2015

Antoine Vollon (1833-1900) - Nature morte avec de table



Antoine Vollon (1833-1900) 
Nature morte de table, 
Huile sur toile, 55,2 x 46,2 cm
Collection privée

Que voit-on ? Cinq éléments compose cette nature morte. De gauche à droite : une pile de livres fermés ; une partition de musique écornée sur laquelle repose une aiguière en argent richement sculptée d'un décor mythologique et deux citrons dont l'un pelé ; un luth à l'arrière-plan en porte-à -faux sur une pile de livre fermés, symbole de la fragilité des connaissances.  

Rappel biographique : le peintre français Antoine Vollon est considéré comme appartenant au mouvement réaliste, bien que son style s'adapte toujours en fonction du sujet traité. Artiste productif, fougueux et extrêmement doué, Antoine Vollon affichait une préférence marquée pour les effets de lumière. Il a peint des ports, des marines aux grands cieux tourmentés et des pêcheurs mais c'est surtout comme peintre de natures mortes qu'il aimait se présenter lui-même. 
Il débute sa carrière à Lyon, où il apprend la gravure sur métaux et fréquente l 'Ecole des beaux-arts de la ville où il est l'élève de Théodule Ribot. Il développe rapidement une attention particulière surtout pour les natures mortes qui relèvent d’un défi  technique et artistique. Ce défi couvre un champs très large qui va de la représentation d'une motte de beurre (comme ici), à la peinture de fruits et de fleurs isolés (poires, prunes, cerises, pêches, tomates, courges,violettes...) en passant par le rendu des reflets du métal des ustensiles de cuisines jusqu'à la représentation des matières vivantes quotidiennes de la cuisine (plateau d'huîtres, œufs, carcasse de cochon pendu et vidé, poissons de mer  en attente de cuisson...)  
Ses œuvres sont aujourd’hui conservées dans les musées du monde entier (Amsterdam, Londres) et principalement aux Etats-Unis où Vollon est beaucoup plus connu qu'en Europe (Washington, New York, Boston…). En France, le musée d'Orsay à Paris conserve une de ses toiles (Autoportrait), de même que les musées de Lyon (sa ville natale), Amiens et Rouen. Le musée des beaux arts de Dieppe quant a lui conserve deux toiles : Femmes du Pollet à Dieppe et Poissons de mer.
Alexandre Dumas fils était le grand collectionneur  français de l'œuvre de Vollon, ainsi que de riches américains, comme  Henry Frick ou le peintre William Merritt Chase qui l'admirait beaucoup et s'inspira, dans la plupart de ses propres nature mortes de celles d'Antoine Vollon. 


dimanche 6 décembre 2015

Bernard Buffet (1928-1999) - Paravent - Les instruments de musique


Bernard Buffet (1928-1999) 
Paravent - Les instruments de musique (1961) 
Collection Privée

Que voit-on ?  C'est une œuvre beaucoup plus surréaliste qu'il ne parait à première vue. On y voit une sorte de vestiaire d'instruments de musiques rassemblés sur un paravent dont chacun des quatre panneaux peint du même bleu et signé de façon indépendante, comme autant d'oeuvres différentes. En réalité, il s'agit d'un trompe l'oeil,  à la manière des maîtres du passé, car il s'agit bien d'une seule et même œuvre : une huile sur toile de 178 cm sur 190 cm représentant un paravent ! Dans la partie gauche ou pour les deux panneaux de gauche, Buffet propose deux duos harmoniquement très improbables ou, en tout cas, d'une audace encore jamais tentée à ce jour : un duo mandoline et cor de chasse et un duo violon et trompette. A droite deux solos : un cornet à piston, instrument fréquemment présent dans les effectifs des grands orchestres symphoniques et un saxophone, faisant aussi partie habituellement de ces effectifs, mais plus connu au 20e siècle pour son rôle dans le jazz.

Rappel biographique : Bernard Buffet est un peintre français expressionniste, qui a peint aussi bien des personnages que des figures, animaux, nus, paysages, intérieurs, natures mortes, fleurs. Aquarelliste, c'est également un peintre de décors de théâtre et un illustrateur. Il remporte le concours d’entrée de l'École nationale supérieure des beaux-arts en décembre 1943 à quinze ans, passant deux ans dans l'atelier du peintre Eugène Narbonne où il est déjà considéré comme très doué. Il s'y lie notamment d'amitié avec les peintres Maurice Boitel et Louis Vuillermoz.
En 1947, il expose L'Homme accoudé au Salon des indépendants et en décembre a lieu sa première exposition particulière présentée par Pierre Descargues, à la Librairie des impressions d'art.  On y reconnait déjà un graphisme très caractéristique qui sera tout au long de sa vie, la marque du peintre. L'État, par l'intermédiaire de Raymond Cogniat, lui fait son premier achat pour le Musée national d'art moderne de Paris avec la peinture Nature morte au poulet. En 1955, il obtient la première place au référendum organisé par la revue Connaissance des arts désignant les dix meilleurs peintres de l'après-guerre. Il peint les maquettes des décors et des costumes pour La Chambre argument de Georges Simenon qui devient son ami. Élu à l’Académie des beaux-arts au fauteuil de Paul Jouve, Bernard Buffet est alors le plus jeune académicien jamais élu sous la coupole.
En 1978, à la demande de l’administration des postes, Bernard Buffet réalise une maquette pour un timbre de trois francs L’Institut et le Pont des arts. À cette occasion le musée postal à Paris présente une exposition rétrospective de ses œuvres. Dans les années 1970-80, Bernard Buffet est un artiste au sommet de sa gloire que les critiques n'épargnent pas, comme tout artiste qui connait un grand succès de son vivant. Ils lui reprochent principalement le  " statisme " de sa touche dans laquelle ils décèlent peu d'évolutions au cours des années, le traitant volontiers de  " peintre académique ".
Au début des années 1980 son œuvre immense, est plus appréciée à l'étranger qu'en France, et principalement en Extrême Orient, aux Etats Unis, en Amérique du sud et au surtout Japon où elle connait un succès considérable et où un musée est spécifiquement construit pour lui à Surugadaira, ce qui, à cette époque, est inédit pour un peintre vivant.
En 1986, sa femme et modèle favori, Annabel, publie D’amour et d’eau fraîche ; la même année sortent les deux premiers volumes de la monographie de Yann Le Pichon Bernard Buffet  couvrant la période 1947-1982, qui obtiennent immédiatement le Prix Élie Faure.
Bernard Buffet, diminué par la maladie de Parkinson, se suicide par asphyxie, le 4 octobre 1999, dans son atelier du Domaine de la Baume près de Tourtour (Var), étouffé dans un sac en plastique noir sur la surface duquel son nom était dessiné avec sa calligraphie si caractéristique ; dernière mise en scène un rien macabre d'un très grand artiste du 20e siècle, qui toute sa vie avait adoré mettre en scène sa propre existence. En novembre 2007, paraît le troisième et dernier volume de la monographie de Yann Le Pichon, couvrant la période de 1982 à 1999.
En 2016- 2017, le MAM (Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris), rend hommage au peintre a travers une exposition ou sont présentées toutes les acquisitions du musée  faites dans les années 47- 55 et quelques chef d'oeuvres prêtées par le musée Bernard Buffet de Surugadaira.

samedi 5 décembre 2015

Henri-Horace Roland de La Porte (1724-1793) - Nature morte aux instruments de musique

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Henri-Horace Roland de La Porte (1724-1793)
Nature morte aux instruments de musique
Musée des beaux-arts du château de Blois

Que voit-on ?  Sur une table en bois, apparaissent de gauche à droite  : un  tambourin, sur lequel repose une viole de gambe (ancêtre du violoncelle) et son archet. entre la viole de gambe et le tambourin au premier plan, un instrument de musique ancien, la vielle à roue que l'on jouait en actionnant une manivelle en porcelaine que l'on aperçoit se détachant sur la tranche de la viole de gambe. On peut aussi voir  plusieurs partition dont une enroulée et une dépliée sur laquelle repose un flûte. A l'arrière plan : une boite en bois comme à peine esquissée qui servait sans doute à protéger le tambourin pendant son transport. Les premières natures mortes aux instruments de musique apparurent dès la seconde moitié du 15e siècle, sur des trompe-l’œil en intarsia ornant les portes des studioli d’Udine (vers 1472), de Mantoue (1505) ou de Monte Oliveto Maggiore (1503-1505). Elles connurent dès lors une diffusion européenne. Cette nature morte  comme toutes les autres, célèbre les plaisirs d'un fête champêtre si l'on en juge par les instruments de musique représentés. Mais sous cette évidence, se dissimulent des allusions philosophiques sur la brièveté de la vie et la limite du savoir avec la partition froissée. Sous la gaieté et l'innocence d'une fête de village ou d'un mariage peut-être, cette nature morte possède elle aussi la dimension symbolique d’un memento mori (« Souviens toi que tu vas mourir »).

Rappel biographique : Elève de Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), Roland de La Porte fut reçu à l’Académie le 26 novembre 1763 avec Vase de lapis, sphère et musette (1763, Paris, musée du Louvre). S’il étendit son talent au portrait, Roland de La Porte assit sa réputation avec ses natures mortes qu’il signait rarement. Il est décrit souvent comme un « imitateur » de Chardin, voire sa « victime » selon Diderot (Salon de 1765). L’influence du maître est certes indéniable mais la dimension décorative l’emporte sur une méditation. Tout comme Jeaurat de Bertry (1728-v. 1796), Roland de La Porte ne faisait que reprendre un style et une esthétique qui lui assurait  la faveur  de ses commanditaires dont le principal était le marquis de Marigny, frère de Madame de Pompadour et de certains collectionneurs 
Avant tout, cette nature morte est caractéristique du soin que portait l’artiste à la répartition de la lumière et de la couleur. Son traitement illusionniste de la profondeur et sa précision dans le rendu des objets le démarquent en fait de Chardin. En revanche, il se rapproche du maître par la dimension intimiste de l’image et par le rendu des matières, jouant sur la rugosité ou le poli, la brillance ou la matité, la simplicité ou la préciosité des surfaces et des matières, à l’exemple de la vielle à roue.

2015 - A Still Life Collection 

Un blog de Francis Rousseau