dimanche 31 juillet 2016

François Bonvin (1817-1887) - Nature morte au Brie


François Bonvin (1817-1887)
Nature morte au Brie (1863)
Musée d'Orsay, Paris 

Que voit on ? Une composition qui occupe tout le cadre et présente à gauche une pot à lait en cuivre, à l'arrière dans un panier d'osier plein de fraises des bois et au premier plan sur une paillasse une superbe roue de Brie déjà entamée.

Rappel biographique : Le peintre  et graveur français François Bonvin est  considéré par beaucoup comme l'un des meilleurs peintres de genre et de nature morte du 19e siècle. Sa description des milieux modestes dont il est issu est accueillie favorablement par la critique et le marché de l 'art de son temps qui le rapproche souvent dans la thématique choisie par un Le Nain par exemple. François Bonvin fut d'abord influencé par les artistes flamands comme Pieter de Hooch, mais son style évolua assez rapidement pour devenir plus réaliste et ressembler finalement beaucoup à celui de Chardin. Cela ne signifie pas que Bonvin n'a pas sa propre personnalité  qui s'exprime d'ailleurs beaucoup plus dans ses natures mortes que dans ses tableaux de genre.

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samedi 30 juillet 2016

Blas de Ledesmas (1546-1614)


Blas de Ledesmas (1546-1614)
Basket of cherries
High Museum of Art, Atlanta.

Que voit on ? Un entablement de bois blanc au centre duquel trône véritablement  un panier d'osier  rempli a ras bod de cerises.  De chaque côté du panier, des arrangements symétriques de fleurs et de feuillages 

Rappel biographique : le peintre espagnol Blas de Ledesma fait partie des peintres de nature mortes ls plus importants d'Espagne au 17e siècle.  Sa biographie est très mal documentée et comporte beaucoup de zones d’ombres et de confusions. Ainsi l’a-t-on confondu longtemps avec un certain Blas de Prado, qui a peint des natures mortes de qualité assez médiocres. Ce que l’on sait de façon certaine c’est que Blas de Ledesma a travaillé  à Grenade en 1602 avec Pedro de Raxis sur le dôme qui couronne le grand escalier du monastère de Santa Cruz Real  En 1606, on retrouve sa trace à Andújar (Jaén) où il réalise la peinture de l'une des voûtes de l'église Santa Maria. Il est référencé comme  peintre muraliste par Francisco Pacheco, qui le cite avec beaucoup de compliments,  comme le principal introducteur des grotesques dans les fresques du  Palais de L'Alhambra. En 1614, on retrouve Ledesma à Grenade encore , où il réalise la voûte en plâtre de la salle Mocárabes de l'Alhambra et divers travaux dans la cathédrale.
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vendredi 29 juillet 2016

Cristoforo Munari (1667-1720)


Cristoforo Munari (1667-1720)
Stilleben mit Musikinstrumenten und Früchten (c.1706)

 Que voit on ?  Sur un entablement recouvert d'un damas de soie orange, un mélange d'instruments de musique, de fruits et de porcelaines.

Rappel biographique : le peintre italien Cristoforo Munari, aussi connu comme Cristofano Monari, était spécialisé dans les natures mortes. Il suivit sa formation initiale à Reggio Emilia, sa ville natale, puis vient à Modène sous le patronage de Rinaldo d'Este, duc de Modène. En 1703-1706, il vécut à Rome, puis à Florence pendant une dizaine d'années, où il fut attaché à la cour des Médicis.   Très apprécié de ses contemporains,  le collectionneur Gabburri le décrivait au 18e siècle comme  : " un peintre remarquable de natures mortes aux ustensiles de cuisine, instruments de musique, étoffes, verres, fruits et fleurs ".  La profusion mais aussi le raffinement qui s'étalent dans ses natures mortes (porcelaines de Chine, verre de Venise, tapis d'Orient, instruments de musique, etc...) suggèrent le luxe et l'abondance qui régnait à la cour des Médicis. Il a peint aussi des panoplies et des trophées de guerre. En 1715, il déménagea à Pise, où il  travailla presque exclusivement dans la restauration d'oeuvres d'art et où il mourut en 1720. Une retrospective de ses tableaux a été organisée en 1998 à Reggio Emilia, où elle a connu un énorme succès.




jeudi 28 juillet 2016

André Masson (1896-1987) - Nature morte avec dominos et-cartes

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André Masson (1896-1987) 
Nature morte avec dominos et-cartes (1923)
Collection privée

Que voit on ?  Une nature morte cubiste ou prédomine des cartes (un roi de trèfle) et des dominos autour d'un verre de vin.  

Rappel biographique : le peintre français André Masson participa au mouvement surréaliste du début des années 1920 à  1950 avec un épisode de rupture en 1929  lorsqu'il se brouille avec Breton. Notamment célèbre pour ses dessins automatiques et ses tableaux de sable, il est l'auteur d'une œuvre multiforme, marquée par l'« esprit de métamorphose » et l'« invention mythique ». Son influence est notable sur l'expressionnisme abstrait. Il a peint quelques nature mortes,  dont celle ci plus cubiste que surréaliste est sans doute une des  moins sombres. 


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mercredi 27 juillet 2016

Charles Camoin (1879-1965)



Charles Camoin (1879-1965)
Nature morte au-panier, légumes, assiette, bol et torchon à carreaux
Collection privée

Que voit-on ?  Sur une table de jardin en marbre, 4 éléments composent cette nature morte : un serviette à carreaux rouge au premier plan : une assiette contenant 3 tomates, un saladier en céramique vide, et un panier en osier contenant des poireaux ou des oignons.

Rappel biographique : Le peintre français né à Marseille Charles Camouin est connu pour sa participation au fauvisme. Elève de Gustave Moreau aux Beaux arts de Paris,  il reçoit  pendant quelques mois l’enseignement du maître. C’est dans l'Atelier de Gustave Moreau que Camouin rencontre et se lie d'amitié avec Matisse, Marquet et Manguin,  élèves de Moreau depuis déjà quelques années. « Moreau déjà très malade ne me corrigea que deux ou trois fois avant de mourir […]. Ce que je sais de lui, c'est surtout par Matisse et Marquet que je l'ai appris » écrit Camoin.
Pendant son service militaire qu'il rencontre Cézanne. Alors que son régiment est à Aix-en-Provence en octobre 1901, le jeune soldat Camouin ose se rendre un soir chez Cézanne, et sonner à la porte du 23, rue Boulégon. Le vieux maître est connu pour son caractère difficile, mais il se prend de sympathie pour celui qu’il appelle le vaillant marseillais, Carlo Camoin. Les deux peintres échangent une correspondance régulière et Camoin rend plusieurs fois visite à Cézanne par la suite. Il montre au maître sa production, que celui-ci apprécie et encourage, et a le privilège de l’accompagner « au motif ». Cézanne envoie au jeune Camoin des lettres paternelles et affectueuses dans lesquelles il lui délivre des conseils sur la manière d’aborder la peinture, notamment de se méfier de la mortification théorique, de considérer les maîtres du passé sans les pasticher, mais aussi, de se fier à ses « sensations » au contact de la nature.
Camouin qui était surtout un peintre de paysages et de lumières a laissé toutefois quelques natures mortes remarquables dans lesquelles ses talents de coloriste explosent littéralement. C'est le cas de cette nature morte au sujet très provençal (la gargoulette et le panier d'asperges) dans laquelle transparait le soleil du midi.




mardi 26 juillet 2016

Emile Bernard (1868-1941) - Nature-morte 1894


Emile Bernard (1868-1941)
Nature-morte, 1894
Collection privée

Que voit-on ? Un petit déjeuner composé d'une théière, d'une tasse à thé et d'une tasse à café et de deux poires... l 'ensemble  traité dans des dégradés de vert sur fond de orange.

Rappel biographique  : Le peintre et écrivain français Émile Bernard, est un peintre associé à l'école de Pont-Aven,  Ses œuvres les plus radicales ont été réalisées dans ses années de jeunesse (1887-1892) où il participe aux innovations stylistiques de la fin du 19e siècle : il inaugure le cloisonnisme avec Louis Anquetin et Paul Gauguin. Ses recherches sur la  simplification de la forme le conduisent vers le synthétisme puis le symbolisme.  En 1893, il part habiter en Egypte où il vivra plus de 10 ans.  Il n'a pas peint énormément de natures mortes qui n'étaient pas son sujet de prédilection.
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lundi 25 juillet 2016

David Hockney (bn 1937) - Still Life On a Glass Table




David Hockney (bn 1937)
Still Life On a Glass Table 1971
Private collection

Que voit-on ?  Sur une table en verre typique des tables de salon des années 70, divers objets eux mêmes en  tous verre  sont disposés selon un ordre aléatoire et assez espacés les uns des autres. Parmi ces objets : un vase bleu rempli de tulipes jaunes, un vase bleu vide, une lampe-champignon en verre, un flacon-vaporisateur de parfum, un soliflore octogonal, un cendrier rond bicolore...

Rappel biographique :  David Hockney, est un  peintre, dessinateur, graveur, décorateur et photographe britannique, né en 1937 dans une famille anglaise modeste, quatrième enfant d’une fratrie de cinq. Il vit aujourd’hui dans le Yorkshire (Angleterre) sa province natale et à Londres,
après avoir vécu une grande partie de sa vie en Californie (Los Angeles), où il a d’ailleurs conservé son atelier (Santa Monica Boulevard) où sont stockées ses archives. Son père ayant été un objecteur de conscience pendant la seconde guerre mondiale, David Hockney a refusé de faire son service militaire entre 1957 et 1959. Après des études au Royal College of Art de Londres, il en sort diplômé en 1962.
 Il commence sa carrière comme dessinateur de presse pour le Sunday Times, au cours d’un voyage en Egypte. En 1964, il découvre la Californie, les polaroids, la peinture acrylique, les belles villas et leur piscine qui deviennent un des motifs principaux de ses œuvres.  Eloigné des courants les plus-avant-gardistes, Hockney pratique un art figuratif presque expressionniste où se mêlent portraits, photographies et videos.  En 1963, à New York, il rencontre Andy Warhol qui lui rendra plus tard plusieurs fois visites à Los Angeles. La légende veut que ce soit Warhol qui ait conseillé à Hockney de faire sa célèbre série sur les piscines « A bigger splash » . Homosexuel parmi les premiers à se revendiquer comme tel, David Hockney revient vivre à Londres en 1968 et prend pour compagnon  le réalisateur John Schlesinger, auteur notamment de Midnight Cow Boy (1969) ou Sunday Bloody Sunday (1971) autant de films militant ouvertement pour les droits des homosexuels dans une Angleterre qui  assimile toujours en justice  l'homosexualité à un crime. En 1973, Jack Hazan réalise un documentaire-fiction  qui lui est consacré intitulé  "A Bigger Splash"  qui assoit sa notoriété internationale naissante (le film est primé au Festival international du film de Locarno)   Entre 1974 et 1977, David Hockney s'installe à Paris où son travail tourne un peu en rond, avant de repartir en Californie en 1978.  En 1974, le Musée des Arts Décoratifs de Paris organise sa première rétrospective David Hockney. Il est considéré désormais comme une des figures du mouvement Pop Art des années 1960 et à ce titre, s'intéressa à peu près à tous les genres picturaux, bien qu'ayant développé, surtout ces dernières années,  une prédilection pour les paysages. Il a cependant peint beaucoup de nature mortes (surtout dans les années 1980) toujours traitée à sa façon, c'est à dire de manière décalée, anecdotique et toujours avec un indéniable talent de coloriste.
En 2010, il expose à Paris, à la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint-Laurent, ses œuvres réalisées sur iPhone et iPad, il met aussi en avant la possibilité de rediffuser le processus créatif, à travers des logiciels  déclarant « La seule expérience semblable est celle où l’on voit Picasso dessiner sur du verre pour un film » 4 (en référence au film « Le Mystère Picasso » d'Henri-Georges Clouzot).
Le 2 janvier 2012, il a été nommé par la reine Elizabeth II, membre de l’Ordre du mérite britannique. Une grande exposition s'est ouverte le 23 janvier 2012 à la Royal Academy de Londres et au Musée Guggenheim de Bilbao où elle restée en place pendant tout  l'été 2012 et a connu un immense succès.

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dimanche 24 juillet 2016

Blaise-Alexandre Desgoffe (1830-1901)


Blaise-Alexandre Desgoffe (1830-1901)
Vase en cristal de roche
 Musée du Louvre, Paris 


Que voit on ?  Disposé au centre de la composition sur une piédestal en bronze ouvragé recouvert d'un velours cramoisi carmin  : un vas en cristal de roche ciselé de motifs mythologiques et d'allégories de la danse, le tout rehaussé de garnitures en guirlandes de bronze doré.


Rappel biographique : le peintre français Blaise-Alexandre Desgoffe a fait ses études de peinture dans l'atelier d'Hippolyte Flandrin à l'Ecole des beaux-arts de Paris et a reçu les conseils de William Bouguerreau. Après une formation en peinture d'histoire, il se tourne vers la peinture de natures mortes dans laquelle il développe une grande virtuosité rappelant celle des maîtres hollandais du 17e siècle. Il expose au  Salon de Paris de 1857 à 1882. Il remporte une médaille de 3e classe en 1861 et une médaille de 2e classe en 1863. A l'exposition Universelle de 1867, il expose Un coin de cabinet de Louis XVI.  Le succès de sa carrière de peintre de nature morte a été considérable de son vivant, malgré des problèmes relationnels avec ses contemporains attisé par un ego démesuré et sa fâcheuse tendance à se prendre pour un génie. Très académique et spectaculaire, sa peinture qui a beaucoup influencé des peintres comme William Meritt Chase est totalement tombée dans l'oubli en Europe au 20e siècle, même si elle restée assez célèbre aux Etats Unis à la même période. 

samedi 23 juillet 2016

Antoine Vollon (1833-1900) - Nature morte, 1892



Antoine Vollon (1833-1900)
Nature morte (1892)
Philadelphia Museum of Art

 Que voit on ?  Sur un entablement de bois partiellement recouvert d'un linge foncé, un plat d'argent posé en équilibre instable et duquel s'échappe plusieurs grappes de raisins et deux pêches. Une poire et une pomme gisent deja ailleurs sur l'entablement près d'un verre en et d'un bock de bière dans le goût des ustensiles du 17e siècle hollandais.

Rappel biographique : le peintre français Antoine Vollon est considéré comme appartenant au mouvement réaliste, bien que son style s'adapte toujours en fonction du sujet traité. Artiste productif, fougueux et extrêmement doué, Antoine Vollon affichait une préférence marquée pour les effets de lumière. Il a peint des ports, des marines aux grands cieux tourmentés et des pêcheurs mais c'est surtout comme peintre de natures mortes qu'il aimait se présenter lui-même.
Il débute sa carrière à Lyon, où il apprend la gravure sur métaux et fréquente l 'Ecole des beaux-arts de la ville où il est l'élève de Théodule Ribot. Il développe rapidement une attention particulière surtout pour les natures mortes qui relèvent d’un défi technique et artistique. Ce défi couvre un champs très large qui va de la représentation d'une motte de beurre, à la peinture de fruits et de fleurs isolés (poires, prunes, cerises, pêches, tomates, courges, violettes...) en passant par le rendu des reflets du métal des ustensiles de cuisines jusqu'à la représentation des matières vivantes quotidiennes de la cuisine (plateau d'huîtres, œufs, carcasse de cochon pendu et vidé, poissons de mer en attente de cuisson...).   Ses œuvres sont aujourd’hui conservées dans les musées du monde entier (Amsterdam, Londres) et principalement aux Etats-Unis où Vollon est beaucoup plus connu qu'en Europe (Washington, New York, Boston, Philadelphie…). En France, le musée d'Orsay à Paris conserve une de ses toiles (Autoportrait), de même que les musées de Lyon (sa ville natale), Amiens et Rouen. Le musée des beaux arts de Dieppe quant a lui conserve deux toiles : Femmes du Pollet à Dieppe et Poissons de mer.
Alexandre Dumas fils était le grand collectionneur  français de l'œuvre de Vollon, ainsi que de riches américains, comme Henry Frick ou le peintre William Merritt Chase qui l'admirait beaucoup et s'inspira, dans la plupart de ses propres natures mortes de celles d'Antoine Vollon.




vendredi 22 juillet 2016

Adolphe de Meyer (1868-1948) - Hydrangea still life


Adolphe de Meyer (1868-1948)
Hydrangea still life (1907) 

Que voit on ?  Posé sur un entablement dans un grand verre d'eau, deux fleurs d'hydrangea (Hortensia) dont - par le jeu de la mise au point de l'objectif photographique - l'une semble être le reflet ou l'ombre de l'autre.  Une technique très sophistiquée pour l'époque de la prise de vue (le début du 20e siècle). 

Rappel biographique : Le baron Adolf Gayne de Meyer est un photographe d'origine allemande.
Il est le fils d'un banquier juif allemand vivant à Paris, Adolphus Louis Meyer et d'Adele Watson d'origine écossaise. Il est déclaré auprès des autorités parisiennes le 3 septembre 1868 par son père, alors rentier, sous le nom de Adolphe Edouard Sigismond Meyer. Bien que né à Paris, il passe son enfance à Dresde. Au cours de sa vie, il utilisera différentes versions de son nom, Meyer, von Meyer, de Meyer, de Meyer-Watson et Meyer-Watson. C'est a cette époque que le  jeune Adolf Meyer aurait pris des cours privés de peinture et de dessin auprès du célèbre peintre Claude Monet. Adepte du pictorialisme, mouvement en opposition avec le réalisme de l’épreuve, il finit cependant par se spécialiser dans la photographie de portraits.
En 1893, Adolf de Meyer affirme son inclination pour la photographie en devenant membre de la Royal Photographic Society. 
А partir de 1897, il est connu sous le nom baron Adolph Edward Sigismond de Meyer, bien que des citations contemporaines le recensent sous le patronyme baron Adolph von Meyer et baron Adolph de Meyer-Watson.
En juin 1899, il épouse à Londres Olga Caracciolo (1871-1930), fille biologique du prince de Galles Albert Edward, le futur roi Edouard VII. Cette union fut un mariage de convenances, du fait de l'homosexualité  d'Adolf de Meyer d'une part et de celle de son épouse Olga. Peu après son mariage, Adolf de Meyer fut anobli comme baron de Meyer par Frédéric-Auguste III de Saxe, à la demande du prince de Galles. Dès1903, il est également membre de la société Linked Ring Brotherhood qui a pour but  de promouvoir la photographie comme un art à part entière.
Entre 1900 et 1910, Adolf de Meyer réalisa un (ou plusieurs) voyage au Japon, accompagné de sa femme Olga. Il y réalisa une importante série de photographies, aujourd'hui conservées au MET de New-York. Il y a très peu de personnages sur ces clichés avant tout constitués des paysages et de bâtiments dans des mises en scènes où la population japonaise n'apparaît que rarement. 
De 1898 а 1913, il habite à le très chic hôtel Cadogan Garden de Londres. Il fait la connaissance du photographe Alfred Stieglitz qui devient son mentor et ami, et avec qui il entretient une correspondance. Il rejoint également le mouvement artistique de Photo-Secession initié par Stieglitz. Entre 1903 et 1907, ses œuvres sont publiées dans la revue trimestrielle Camera Work, dirigée par Alfred Stieglitz. А la même époque, il expose à deux reprises à la Galerie 291, fondée par Alfred Stieglitz et Edward Steichen а New-York. Cecil Beaton le qualifiera alors de  « Debussy de la photographie ». C'est à cette époque qu'il réalise de nombreux clichés de natures mortes, où son travail sur la transparence, l'opacité et la lumière est mis en avant.En 1912, il travaille également en collaboration avec les Ballets russes à Paris et assure en partie leur promotion avec sa femme Olga à l'occasion de leur première représentation à Londres. Il réalise alors des clichés de Nijinski, dans le ballet L'Après-midi d'un faune, clichés devenus depuis célébrissimes.
Alors que la Première Guerre mondiale éclate, les époux de Meyer prennent les noms de Gayne (pour Adolf de Meyer) et Mahrah (pour Olga de Meyer) sur les conseils d'un astrologue, et partent pour New York. Là, Adolf Gayne de Meyer rencontre Condé Nast, propriétaire des magazines Vogue et Vanity Fair, et grâce à qui il devient photographe de mode. Il réalise ses premières photographies de mode en 1910 pour Vogue, puis y devient photographe à temps plein de 1913 à 1921, avant de rejoindre la revue Vanity Fair. Il est considéré comme le tout premier photographe de mode du monde, les magazines de mode étaient jusque là illustrés par des croquis et des dessins. Dans ses nombreux clichés de mode, Adolf de Meyer suggère la ligne d’un couturier dans des ambiances floues et crée, par des effets de transparence, une  inimitable impression de légèreté.
En 1921-1922, de Meyer accepte de revenir à Paris pour devenir responsable de la photographie du magazine Harper's Bazaar, propriété  du célèbre homme d'affaires William Randolph Hearst ; il y passera les 16  années de sa vie. Vers 1934, un nouvel éditeur est chargé de rajeunir l'image du magazine, ce qui mettra fin а la carrière d'Adolf de Meyer au sein de la publication. Il voyage alors en Europe avant de quitter à nouveau le vieux continent.
А la veille de la Seconde Guerre mondiale, il retourne aux Etats-Unis, et s'installe dans le sud de la Californie où il passe ses dernières années dans la pauvreté et l'anonymat. Il meurt à Los Angeles en janvier 1946, sa mort étant enregistrée dans l'état-civil dans les termes suivants : « Gayne Adolphus Demeyer, writer (retired) », « Gayne Adolphus Demeyer, écrivain retraité ».
Seule une partie de son œuvre a survécu jusqu’à nos jours, la majorité ayant été détruite durant la Seconde Guerre mondiale et par Adolf de Meyer lui-même à la fin des années 1930.


jeudi 21 juillet 2016

Albert Anker (1831-1910) - Stillleben Unmässigkeit


Albert Anker (1831-1910)
Stillleben Unmässigkeit
Museum of fine arts, Berne

Que voit-on ?  La composition est séparée en deux : une masse claire en bas, une masse sombre en haut. La masse claire figure un entablement en bois sur lequel sont posés divers objets usuels (couteaux, boite d'allumette et cigare dans son fume-cigare, tire bouchon), une assiette contenant des reliefs de tranche de jambon, un plat contenant le jambon entier, un verre de vin blanc, un morceau de pain de campagne à al mie compacte et généreuse. A l'arrière plan de ce repas frugale mais appétissant, dans la masse sombre plusieurs objets en verre dont trois carafes, une bouteille de vin bouchée, et une verre de vin rouge. Une composition complexe pour des jeux sur les textures qui le sont tout autant. 

Rappel biographique : le peintre et illustrateur suisse Albert Anker jouit d'une grande célébrité dans son pays surtout  pour les représentations populaires de la vie des villages du 19e siècle qu'il a restituer dans ses tableaux.   Elève à Paris, avec Pierre-Auguste Renoir de Charles Gleyre, il suit les cours de L'Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris où il va résider longtemps. Anker a peint, entre autres, des portraits d'enfants, (pour lesquels il fut extrêmement célèbre) des représentations historiques et religieuses, des natures mortes et des paysages ruraux typiquement suisse. Il se distingue de son maître Gleyre par une représentation des personnages très animée, pas du tout stylisée et qui ne cherche surtout pas pas à atteindre la perfection. Dessinateur accompli (il a laissé plusieurs milliers de dessins sur toutes sorte de format, on retrouve la précision  extrême de son trait dans ses natures mortes. On connait de lui des travaux au crayon, fusain, plume, craie, sanguine, pastel ou sépia et des mélanges de divers techniques sur des formats variés. Le style de son langage pictural va du travail au crayon finement exécuté au dessin au noir de charbon vigoureusement tracé qui est à la base de ses aquarelles, peintures à l'huile et faïence, qui représentent une partie importante de son œuvre.

mercredi 20 juillet 2016

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)- Panier de prunes, verre d'eau, concombres et bouteille

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Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
Panier de prunes, verre d'eau, concombres et bouteille
Frick Collection, New York.

Que voit on ? Le verre d'eau (sujet familier à Chardin pour le jeu sur les textures et les reflets qu'il permet) et la bouteille (noire en opposition à la transparence du verre d'eau) sont les éléments centraux de cette nature morte. Pourtant ce ne sont pas eux qui attirent l'oeil  en premier  lieu, mais les deux énormes concombres sur la droite du tableau dont  la pâte tourmentée qui en rend la rugosité étonne et fascine. C'est sans doute une volonté de Chardin qui place toute la lumière sur ces deux elements  qui se chevauchent et se reflètent à la fois dans le verre d'eau et dans la bouteille.  On en oublierait presque ce petit chef d'oeuvre en soi qu'est le panier de prune sur la gauche du cadre, admirable travail sur la texture veloutée et sucrée de la peau des fruits. Bref un chef d'oeuvre de plus - bien que peu connu - à l'actif de Chardin  qui en a déjà produit beaucoup.

Rappel biographique : Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, Chardin est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre. Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres. Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1750-1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux  effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.

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mardi 19 juillet 2016

Edouard Manet (1832-1883) - Branche de pivoines blanches et sécateurs

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Edouard Manet (1832-1883)
Branche de pivoines blanches et sécateurs (1864)
Musée d'Orsay, Paris

Que voit on ? Deux pivoines dont la blancheur est rehaussée par le fond sombre sur lequel elles sont présentées  et un secateur émergeant sur la gauche du cadre au milieu de quelques feuilles  éparses esquisssées.

Rappel biographique :  Lorsque Manet a peint des natures mortes, c'est  surtout pour des raisons financières qu'il l'a fait. Il avouait lui-même avoir plus de facilités à les négocier que ses portraits. Cela ne signifie pas qu'elles soient d'un intérêt mineur, bien au contraire : la scénographie qu'il impose à ses natures mortes est tout simplement prodigieuse, qu'il s'agisse de solo comme Le citron ou L'asperge ou de mise en scène collectives comme dans ces Fruits sur la table ou Panier de fruits
A sa mort, Édouard Manet laisse plus de 400 toiles, des pastels, esquisses et aquarelles. Ses plus grandes œuvres sont aujourd'hui visibles dans tous les musées du monde. 
" Considérant l'importance de la nature morte chez Manet, beaucoup – et cela dès les années 1890 – y ont vu la marque la plus évidente de la révolution qu'il accomplissait, l'avènement d'une peinture uniquement préoccupée d'elle-même et débarrassée de la tyrannie du sujet. En refusant toute hiérarchie à l'intérieur même du tableau, en donnant autant d'importance à l'accessoire qu'à la figure, Manet assurément rompait avec les règles académiques. (...) Comme Cézanne et comme Monet qu'il influencera, Manet trouvait dans la nature morte, obéissante et disponible, un laboratoire d'expériences colorées dont il répercutait aussitôt les trouvailles dans d'autres compositions ; comme Cézanne et comme Monet, il dit cette curieuse obsession de l'éclatante blancheur et voulut peindre lui aussi ces tables servies avec leurs nappes blanches "comme une couche de neige fraîchement tombée" (Nature morte avec melon et pêches, Washington, National Gallery of Art). Manet, peintre de natures mortes, a médité les grands exemples anciens, celui des Espagnols et de leurs bodegones, celui des Hollandais, celui de Chardin). Dans les années 1860, il joue des franches oppositions du noir et du blanc, bois sombre de la table, éclat d'une nappe ou serviette sur lesquelles il dispose ses notes colorées. (...)"
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lundi 18 juillet 2016

Edvard Munch (1863-1944)



Edvard Munch (1863-1944)
 Still life with Tomatoes, Leek and Casseroles, 1926
Private collection

Que voit on ? Sur un entablement posé devant un mur, un premier plan constitué d'un plat en céramique contenant 4 tomates, deux poireaux et des oignons. A l'arrière plan  une casserole et une soupière laissant supposer que les elements présentés sont constitutifs d'un potage à venir... Eclatantes couleurs très  inhabituelles chez ce peintre, très peu coutumier du genre de la Nature-morte et  dont le tableau le plus célèbre reste Le Cri . 

Rappel biographique :
 Edvard Munch est un peintre et graveur expressionniste norvégien, considéré comme le pionnier de l'expressionnisme dans la peinture moderne. Ses techniques sont la peinture et la tempera sur carton.
Au début du xxe siècle, Munch était en position de construire une véritable carrière. Une exposition de ses œuvres  à Prague influença de nombreux artistes tchèques. Les portraits, souvent en pied, prirent une place de plus en plus importante dans son œuvre. Le portrait de groupe Les Quatre Fils du docteur Max Linde (1904) compte parmi les plus grands chefs-d'œuvre du portrait moderne. En 1906, il fait les décors de la pièce Les Revenants de Max Reinhardt. Mais sa vie personnelle n'est pas simple : en 1902, au cours d'une scène violente avec Tulla Larsen, il se blesse d'un coup de revolver à la main gauche. En 1908, souffrant de dépression et d'hallucinations, il séjourne six mois dans une clinique à Copenhague. Le tableau La Mort de Marat (1907) laisse apparaître la hantise de la mort. En 1916, Munch achète une confortable maison à Skøyen, près d'Oslo. Il y mène une existence solitaire mais apaisée et honorée, et continue à peindre. Vers 1930, il a des problèmes oculaires (hémorragie du vitré) avec la vision de corps flottants importants qu'il a représentés dans certains de ses tableaux. Dans les années 1930 et 1940, les nazis jugeront son œuvre « art dégénéré » et retireront ses tableaux des musées allemands. Munch sera profondément remué par cette situation, lui qui était antifasciste mais considérait l'Allemagne comme sa seconde patrie.

dimanche 17 juillet 2016

Bror Oscar Eugen Börjeson (1903-1999)

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Bror Oscar Eugen Börjeson (1903-1999)
Poemdroem
Private collection

Que voit on ? Une composition délicate et diaphane prétexte à variations multiples sur les bleus et les jaunes.

Rappel biographique : L'artiste plasticien suédois Bror Oscar Eugen Börjeson fut un pupil de la nation, né de mère inconnue et dont la légende veut que le père ait été le Prince Eugène  en personne. Placé dans une famille d'accueil sur Gotland, il y a fait ses études primaires et secondaires puis part pour Stockholm où il  étudie à l'Académie des Arts.
Il a commencé sa carrière de peintre comme portraitiste de la bonne société finlandaise mais également suédoise. Il est cependant  principalement connu en Suède pour ses paysages et notamment ses peintures de Grèce où il fit de nombreux voyages.
Il a peint assez peu de natures mortes mais toutes dans une pâte très vigoureuse et avec une technique très sûre qui lui a permis d'atteindre une précision remarquable du rendu. Même si on peut le classer parmi les peintres expressionnistes scandinaves, Bror Oscar Eugen Börjeson n'a jamais voulu appartenir à aucun des mouvements de la peinture au 20e siècle et a toujours opté pour un grand classicisme qu'il arrangeait à sa manière et dont toute mièvrerie est définitivement absente.

2016 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau

samedi 16 juillet 2016

Adriana Johanna Haanen (1814-1895)




Adriana Johanna Haanen (1814-1895)
 Grapes
Private collection

Que voit on ?  Un généreux amoncellement de raisins blancs et de raisins rouges et leurs feuillages présentées sur un muret de pierres situé en lisière d'un jardin que l'on devine somptueux. Les nuances des couleurs et des textures des grains et des feuilles sont ici travaillées avec un soin extrême.

Rappel biographique : la peintre hollandaise Adriana Johanna Haanen est issue d'une famille de professionnels de la peinture et en particulier de la nature morte. Une sorte de dynastie dont le métier est exclusivement axé autour de la peinture de natures mortes, puisqu'elle est la soeur des peintres George Gillis HaanenElisabeth Alida Haanen, et Remigius Adrianus Haanen, mais aussi la tante du peintre Cecil van Haanen !  Elle représente l'exemple même de la nature morte académique dans toute sa splendeur...  et  assez souvent, splendeur il y a, effectivement ! 

2016 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau

vendredi 15 juillet 2016

Adolphe de Meyer (1868-1948) - Water lilies



Adolphe de Meyer (1868-1948) 
Water lilies (1903 or 1906)
Private collection 


Rappel biographique : Le baron Adolf Gayne de Meyer est un photographe d'origine allemande.
Il est le fils d'un banquier juif allemand vivant а Paris, Adolphus Louis Meyer et d'Adele Watson d'origine écossaise. Il est déclaré auprès des autorités parisiennes le 3 septembre 1868 par son père, alors rentier, sous le nom de Adolphe Edouard Sigismond Meyer. Bien que né à Paris, il passe son enfance à DresdeAu cours de sa vie, il utilisera différentes versions de son nom, Meyer, von Meyer, de Meyer, de Meyer-Watson et Meyer-WatsonC'est a cette époque que le  jeune Adolf Meyer aurait pris des cours privés de peinture et de dessin auprès du célèbre peintre Claude Monet. Adepte du pictorialisme, mouvement en opposition avec le réalisme de l’épreuve, il finit cependant par se spécialiser dans la photographie de portraits.
En 1893, Adolf de Meyer affirme son inclination pour la photographie en devenant membre de la Royal Photographic Society
А partir de 1897, il est connu sous le nom baron Adolph Edward Sigismond de Meyer, bien que des citations contemporaines le recensent sous le patronyme baron Adolph von Meyer et baron Adolph de Meyer-Watson.
En juin 1899, il épouse à Londres Olga Caracciolo (1871-1930), fille biologique du prince de Galles Albert Edward,  le futur roi Edouard VII. Cette union fut un mariage de convenances, du fait de l'homosexualité  d'Adolf de Meyer, et de son épouse Olga. Peu après son mariage, Adolf de Meyer fut anobli comme baron de Meyer par Frédéric-Auguste III de Saxe, à la demande du prince de Galles.  Dès 1903, il est également membre de la société Linked Ring Brotherhood qui a pour but  de promouvoir la photographie comme un art à part entière.
Entre 1900 et 1910, Adolf de Meyer réalisa un (ou plusieurs) voyage au Japon, accompagné de sa femme Olga. Il y réalisa une importante série de photographies, aujourd'hui conservées au MET de New-York. Il y a très peu de personnages sur ces clichés  avant  tout  constitués des paysages et  de bâtiments dans des mises en scènes où la population japonaise n'apparaît que rarement
De 1898 а 1913, il habite à l'hôtel chic Cadogan Garden de Londres. Il fait la connaissance du photographe Alfred Stieglitz qui devient son mentor et ami, et avec qui il entretient une correspondance. Il rejoint également le mouvement artistique de Photo-Secession initié par Stieglitz. Entre 1903 et 1907, ses œuvres sont publiées dans la revue trimestrielle Camera Work, dirigée par Alfred Stieglitz. А la même époque, il expose а deux reprises à la Galerie 291, fondée par Alfred Stieglitz et Edward Steichen а New-York. Cecil Beaton le qualifiera alors de  « Debussy de la photographie »C'est a cette époque qu'il réalise de nombreux clichés de natures mortes, où son travail sur la transparence, l'opacité et la lumière est mis en avant.
En 1912, il travaille également en collaboration avec les Ballets russes à Paris et assure en partie leur promotion avec sa femme Olga à l'occasion de leur première représentation à Londres. Il réalise alors des clichés de Nijinski, dans le ballet L'Après-midi d'un faune, clichés devenus depuis célébrissimes.
Alors que la Première Guerre mondiale éclate, les époux de Meyer prennent les noms de Gayne (pour Adolf de Meyer) et Mahrah (pour Olga de Meyer) sur les conseils d'un astrologue, et partent pour New York. Là, Adolf Gayne de Meyer rencontre Condé Nast, propriétaire des magazines Vogue et Vanity Fair, et grâce à qui il devient photographe de mode. Il réalise ses premières photographies de mode en 1910 pour Vogue, puis y devient photographe à temps plein de 1913 à 1921, avant de rejoindre la revue Vanity FairIl est considéré comme le  tout premier photographe de mode du monde, les magazines de mode étaient jusque là illustrés par des croquis et des dessins. Dans ses nombreux clichés de mode, Adolf de Meyer suggère la ligne d’un couturier dans des ambiances floues et crée, par des effets de transparence, une  inimitable impression de légèreté.
En 1921-1922, de Meyer accepte de revenir à Paris pour devenir responsable de la photographie du magazine Harper's Bazaar, propriété  du célèbre homme d'affaires William Randolph Hearst ; il y passera les 16  années de sa vie. Vers 1934, un nouvel éditeur est chargé de rajeunir l'image du magazine, ce qui mettra fin а la carrière dґAdolf de Meyer au sein de la publicationIl voyage alors en Europe avant de quitter à nouveau le vieux continent.
А la veille de la Seconde Guerre mondiale, il retourne aux Etats-Unis, et s'installe dans le sud de la Californie où il passe ses dernières années dans la pauvreté et l'anonymat. Il meurt à Los Angeles en janvier 1946, sa mort étant enregistrée dans l'état-civil dans les termes suivants : « Gayne Adolphus Demeyer, writer (retired) », « Gayne Adolphus Demeyer, écrivain retraité ».
Seule une partie de son œuvre a survécu jusqu’à nos jours, la majorité ayant été détruite durant la Seconde Guerre mondiale et par Adolf de Meyer lui-même à la fin des années 1930.

jeudi 14 juillet 2016

Patrick Heron (1920-1999)




Patrick Heron (1920-1999)
The log table with fruit 1949
Tate modern

Que voit on ?  A propos de cette oeuvre la Tate modern qui conserve ce tableau précise : "  Dans cette nature morte de jeunesse de Heron, l'attention à la couleur reflète son enthousiasme pour le travail de Bonnard et Matisse. Il a dit lui même :  " Tout au long de ma jeunesse, j'ai eu  à mener une formidable bataille contre le  total mépris anglais pour tout ce qui  pouvait se rapprocher a un degré ou à un autre du décoratif. La surface parfaitement ordonnée de cette nature morte m'apporte un grand plaisir. Ce même plaisir que les Anglais s'évertuent à fuir ". Les céramiques (les pots à eau, la cafetière et le plat à fruits) peints dans cette œuvre ont été produits par la poterie Leach, dans laquelle Heron a travaillé pendant de la Seconde Guerre mondiale."

 Rappel biographique : Patrick Heron est un peintre anglais qui vivait à St Ives en Cornouailles
où il passa son enfance avant de devenir élève à la Slade School of Fine Art (1937-1939). Il commence à peindre après la Seconde Guerre mondiale tout en travaillant comme assistant dans  l’Atelier de Poterie de Bernard Leach à St Ives (1945).  Entre  1953 et 1956, il  enseigna à la Central School of Fine Art .  Entre 1947 et 1950, il devint  un critique d’art influent pour les journaux  New Stateman et The Nation. De 1955 a 1958, il fut  le correspondant londonien de la revue Arts. Il est l’auteur de  plusieurs ouvrages dont The Changing Forms of Art (1955), Ivon Hitchens (1955),  et Braque (1956).  A ses débuts, son oeuvre fut plutôt  influencée par Matisse et Braque avec  un style figurativo-cubiste et des couleurs très vives. Plus tard il  développa un style abstrait sur le modèle de l’Ecole américaine de New York. Sa première exposition eut lieu à Londres en 1947 à la Redfern Gallery puis à New York chez Bertha Schaefer Gallery en 1960. En 1952, il fut présent à la Biennale de Sao Paulo avec 12 toiles. Heron était également dessinateur de motifs pour tissus imprimés. Il a écrit un livre The Shape of Colour (1978), dans lequel il se livre à une analyse  détaillée des formes rencontrées dans la nature. Une partie de ces travaux les plus conséquents ont disparu dans l’incendie qui ravagea l’entrepôt de stockage du Momart le 24 mai 2004.

mercredi 13 juillet 2016

Lucian Freud (1922-2011) Still Life with Lemon

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Lucian Freud  (1922-2011) 
Still Life with Lemon, 1946.
 Private Collection 

Que voit-on ? Comme la date l'indique avec une insistance marquée, ce tableau a été fait le 24 décembre 1946, (veille de Noel, donc) et représente un citron de Sicile à peine cueilli, comme l'atteste son  feuillage  en pleine vigueur  et la branche à laquelle il est  accroché. Un Noel sous le ciel de l'Italie  pour Lucian Freud !  

Rappel Biographique : Petit fils de Sigmund Freud, le peintre britannique Lucian Freud est considéré comme un des peintres figuratifs les plus importants du 20e siècle et l'un des plus exemplaires grâce à un style à la fois réaliste, acéré et presque caricatural. Surtout connu pour ses portraits, dont celui de la reine Elizabeth II, il a peint aussi quelques nature mortes en soulevant le défi d'être à la fois d'un absolu modernisme et d'un grand classicisme. 

2016 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau




mardi 12 juillet 2016

Ben Nicholson (1894-1982)




Ben Nicholson (1894-1982)
Still Life with  Three mugs (1944)
Private Collection

Que voit-on ? Le titre décrit le tableau:  trois mugs dont un blanc, un rouge et noir et une beige sur find jaune pour une composition cubiste d'un grand équilibre.

Rappel biographique : Le peintre britannique Ben Nicholson est connu pour être un des promoteurs de l'abstraction dans son pays. d'abord influencé par les cubistes. Au tournant des années 1928-30, son travail va progressivement évoluer du cubisme vers une abstraction géométrique proche de celle de Mondrian qu'il rencontre à Paris. Lauréat du premier prix Guggenheim en 1956, ses œuvres sont exposées dans les collections de la Tate Gallery de Londres, entre autres.



lundi 11 juillet 2016

Balthus (1908-2001) - Still-life with lamp



Balthus (Balthazar Klossowsky de Rola) (1908-2001)
Still-life with lamp, 1956.
Private collection

Que voit-on ?  Sur un entablement de pierre située devant ce qui semble être un paysage de campagne mais qui pourrait tout aussi bien être une toile peinte ou un  papier peint : deux coings, une pomme et deux poires forment avec quelques feuilles de lierres établies sur le coin droit du tableau, une paisible nature morte d'automne.

Rappel biographique : Le peintre français d'origine polonaise Balthus (pseudonyme de Balthasar Kłossowski de Rola) est un peintre du 20e siècle qui appartient au mouvement figuratif  dans une époque où l'abstraction est reine. Il est le frère de l'écrivain et dessinateur Pierre Klossowski.
« La meilleure façon de commencer est de dire, Balthus est un peintre dont on ne sait rien. Et maintenant, regardons les peintures » telle est la réponse laconique que le peintre adresse à la Tate Gallery, qui, organisant une exposition de ses œuvres, souhaitait également agrémenter le catalogue de quelques éléments biographiques.
L'œuvre peint de Balthus est relativement peu abondant puisqu'on ne compte qu'environ 300 peintures, dont beaucoup ne sont pas datées. Artiste méticuleux - certains tableaux nécessitant plusieurs années pour être achevés après de nombreuses études préparatoires - Balthus est resté célèbre pour ses tableaux de jeunes filles nubiles, souvent peintes dans des poses ambiguës, jouant sur l'idée de l'innocence perdue à l'adolescence.  
Ses natures mortes sont assez rares et toujours assez énigmatiques.

2016 - Wandering Vertexes...

by Francis Rousseau 

dimanche 10 juillet 2016

Anna Atkins (1799-1871)



Anna Atkins (1799-1871)
Ferns
Specimen of Cyanotype 1840s 
National Gallery of Art, 
Washington R.K. Mellon Family Foundation Fund

Que voit on ?   C'est un photo. La toute première jamais faite dans les années 1840 de branches de fougères présentés à la façon d'un herbier.  Avant tout considéré comme un travail scientifique à l'époque où elle fut présentée, cette photo comme tous les cynaotypes d'Anna Atkins sont aujourd'hui aussi considérés comme des oeuvres d'art. 

Rappel biographique : Anna Atkins est une botaniste britannique, considérée comme une pionnière de l'utilisation d'images photographiques (notamment par cyanotype) pour l'illustration d'ouvrages imprimés, en l'occurrence des herbiers qu'elle fit paraître à partir de 1843. Certains la considèrent même comme la première femme à avoir réalisé une photographie, titre qu'elle dispute avec Constance Talbot, l'épouse de William Henry Fox Talbot.
Orpheline de mère très jeune, c’est son père, John George Children (1777-1852), naturaliste réputé, qui l’élève. Elle reçoit ainsi une formation scientifique rare pour les femmes de son époque. Illustratrice de renom, elle réalise les deux cent cinquante gravures qui illustreront la traduction anglaise de l’ouvrage de Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829), Histoire des mollusques, qui paraît en 1822-1824, sous le titre de Genera of Shells. Cette traduction, réalisée par son père, a un rôle important dans la nomenclature des coquillages car elle fournit les types permettant d’identifier les genres créés par Lamarck.
Elle se marie en 1825 avec John Pelly Atkins et se consacre dès lors à la biologie et commence la confection d’un herbier. Anna Atkins offre certains spécimens au Museum du Kew Gardens. Elle devient membre, en 1839, de la Société botanique de Londres, l’une des rares sociétés savantes ouvertes aux femmes. En 1841, elle commence à s’intéresser aux algues à la suite de la publication de A Manual of the British marine Algae de William Henry Harvey (1811-1866).
Grâce а son père, elle connaît très bien les travaux de sir John Herschel (1792-1871) et de William Henry Fox Talbot (1800-1877), deux pionniers de la photographie. Elle commence à faire paraître en 1843 son ouvrage British Algae: Cyanotype Impressions qui est le premier ouvrage publé à utiliser des photogrammes réalisés par cyanotype, une technique tout juste inventée par Herschel. Douze parties paraissent jusqu’en 1853, tirées à environ 400 exemplaires, dont une douzaine nous sont parvenus plus ou moins complets. En 1853, elle applique le même procédé aux fougères et fait paraître Cyanotypes of British and Foreign Ferns. Elle travaille en collaboration avec son amie Anne Dixon (1799-1864). Les cyanotypes ont l’avantage d'être simples à réaliser et de présenter une grande stabilité dans le temps.
Elle lègue son herbier au British Museum en 1865.




samedi 9 juillet 2016

Andy Warhol (1928-1987)- Still life polaroid exhibition 16


Andy Warhol (1928-1987)
Still-life - polaroid exhibition 16- (1977-1983)

Que voit on ?  Sur un fond noir, une boîte en plastique contenant une douzaine d'œufs très blancs. Sur le fond noir lui-même : un vingtaine d'œufs visibles en totalité ou en partie seulement dont certains ont la caractéristique  (irréelle!)  d'être attachés l'un à l'autre par un côté comme les amibes dans le processus de reproduction par scissiparité.   

Rappel biographique : On ne présente plus l'artiste américain Andy Warhol, pape du Pop art, (Pope of the pop), sujet de multiples expositions, livres, et films avant et depuis sa mort... Warhol est généralement reconnu comme l'un des très grands artistes du  20e siècle. Avec lui la nature morte peut prendre toutes les formes humoristiques imaginables (et même inimaginables!) des célèbres boîtes de Campbell soup à des oeufs en forme de pastilles colorées (déjà publiés dans ce blog), en passant par des trèfles à 4 feuilles traitées façon capucines et vendus en rouleaux de papier peint. Warhol iconoclaste adoré de son vivant par les grands de ce monde, les élites intellectuelles, les stars d'Hollywood et les riches aristocrates anglos saxons qu'il aimait malmené, était en fait un puritain, très religieux et assez " coincé "...
Tout commence pour lui au début des années 1960, lorsque publicitaire déjà  reconnu, il utilise dans ses dessins une technique directe sur du papier hydrofuge et repasse les contours avec de l'encre encore humide sur des feuilles de papier absorbant, en adoptant le vieux principe du buvard. Bien qu'à cette époque, beaucoup d'artistes soient illustrateurs publicitaires pour des entreprises, tous le font discrètement. Pour Warhol, c'est le contraire : il est tellement connu en tant que publicitaire que son travail artistique n'est pas pris au sérieux. Il présente dans une galerie quelques-unes de ses œuvres, mais c'est un échec. Reconsidérant alors son travail alimentaire et son travail de peintre, plutôt que de les opposer, il pense à les réunir. Il a l'idée d'élever les images de la culture populaire au rang de l'art élitiste, rejoignant ainsi les artistes du pop art, mouvement lancé à Londres au milieu des années 1950 par Richard Hamilton et Eduardo Paolozzi, qui l'expérimentent indépendamment les uns des autres. Si Roy Lichtenstein et Jasper Johns en sont les pionniers, Andy Warhol  en sera véritablement le pape.
En 1963, il adopte la technique qu'il utilisera pour ses œuvres les plus célèbres : la photographie sérigraphiée sur toile. 
Les photographies simplifiées en noir et blanc, sans gris, sont imprimées en sérigraphie sur la toile peinte de grands aplats de couleurs. Le motif est parfois reproduit plusieurs fois sur la toile, comme un motif de papier peint. C'est le stéréotype du pop art.
Ses motifs de prédilection sont des noms célèbres de marques déposées, le symbole du dollar, les visages de célébrités...  
Le thème des Comics, qui avait d'abord intéressé l'artiste, était déjà largement exploité  par le peintre Roy Lichtenstein qui en avait fait sa marque de fabrique. Jasper Johns avait choisi la typographie. Pour se démarquer, Warhol comprit qu'il devait lui aussi trouver sa marque. Ses amis lui ayant conseillé de peindre ce qu'il aimait le plus, il choisit de représenter les conserves de Campbell's Soup, pour sa première exposition majeure. Les boîtes de Campbell's Soup ouvertes ou neuves, rouillées, aux étiquettes déchirées, uniques ou multipliées, en séries, en damiers, seront le thème récurrent de Warhol. Pour lui, l'image, son pouvoir au sein de la société de consommation est en lien avec la mort. La répétition de la figure se rapporte souvent à son extinction. Le choix des sujets est en rapport avec cette obsession de la mort, y compris pour les toiles célèbres sérigraphiées de Marilyn Monroe (peintes après sa mort, notamment les Diptyque Marylin) ou de Liz Taylor (peinte alors que l'actrice était gravement malade), icônes reproductibles à l'infini qui deviennent des images de consommation.
Dans les dernières années de son œuvre, Warhol presque peintre officiel, appliquera son style à de nombreux portraits de commande, tout en continuant à expérimenter d'autres techniques picturales dans ses séries ShadowsOxydation paintings, et ses reprises de toiles de Botticelli ou de Léonard de Vinci.

vendredi 8 juillet 2016

André Marchand (1907-1997) - Nature morte Jaune

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André Marchand (1907-1997)
Nature morte Jaune, 1944
Collection Privée.

Que voit-on ?  Sur un table à damier jaune et noire, une pomme et ses feuilles et une grappe de raisins rouge posées à côté d'un compotier noir contenant deux poires, une pomme et une grappe de raisin rouge.  La tonalité d'ensemble qui donne son nom a la toile est le jaune, une couleur fréquemment utilisées par Marchand dans ses natures mortes. 

Rappel biographique : Dans les années 1930-1950, André Marchand est l’un des grands représentants de la « jeune peinture française ». A ses débuts il peint des toiles ou « humanisme » et « surréalisme » se côtoient, cherchant par là son style et à exprimer sa sensibilité. A partir de 1940, sa palette se colore vivement. Il aborde différents registres : les arlésiennes, les taureaux dans le Delta du Rhône, les flamands roses, les nus et natures mortes appelées les Vies silencieuses, terme qui traduit bien ce désir de s’affranchir des apparences et de souligner l’intériorité des êtres et des choses. Ce qui l’amenait à dire qu’il ressentait en lui le passage du vent dans les feuilles de l’arbre qu’il était en train de peindre. « C’est une peinture qui s’inscrit dans un courant novateur… dont les recherches et l’évolution marquent une avancée dans l’histoire de la peinture ».
Il séduit alors les plus grand marchands : Galerie Carré, Maeght, Pierre Matisse, Maurice Garnier. Son succès est aussi bien critique que public  mais son caractère exigeant surtout auprès des galeristes qui l'exposent, l'isole dans la solitude.  On dit souvent qu'a cel s'est ajouté le fait que Marchand a été victime d’une blessure d’amour propre.  Il envisageait en effet d’installer sa fondation au musée Réattu à Arles où il avait travaillé. Apprenant ce projet, Picasso offrit à ce musée 56 dessins ce qui rendait impossible d’y installer la fondation. Marchand en fut profondément blessé. Et pourtant, André Marchand s’était révélé lui aussi un dessinateur exceptionnel que Matisse admirait. À 90 ans, quelques mois avant sa mort, il manifestait une vitalité étonnante qui l’incitait, chaque matin, à assurer la mise en forme de sa main en reproduisant les remous du Rhône. Il  disait : « Un peintre fait toujours le même tableau et le jour de sa mort, il a l’impression qu’il n’est même pas commencé »
Aujourd'hui, André Marchand mérite d’être revu pour son talent singulier qui donne la parole au silence et nous renvoie en écho son regard si pénétrant des âmes.  Représentant de l’Ecole de Paris, plusieurs de ses œuvres figurent notamment au musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et au Centre Georges Pompidou et dans la plupart des grands musées du monde.

2016 - A Still Life Collection 

Un blog de Francis Rousseau