lundi 31 octobre 2016

Suzanne Valadon (1865 -1938)



Suzanne Valadon (1865 -1938)
Nature morte  aux roses et compotier
Collection privée

 Bientôt la 1000e nature morte publiée sur ce blog depuis 3 ans 


Que voit on ? Sur une table sombre posée contre un mur au papier peint à motif bleu : un compotier en cristal précisément dessiné et contenant pêches, pommes et poires. Encadrant le compotier, à gauche un vase contenant 3 roses et à droite, un saladier rempli de tomates (et/ ou de pommes et de poires).

Rappel biographique  :  Suzanne Valadon est une des plus importantes peintres françaises du 20 siècle et la premier femme admise, en 1894,  à la Société nationale des beaux-arts. Elle a commencé sa carrière en étant acrobate de cirque en 1880, jusqu’à ce qu’une chute mette fin prématurément а cette activité. Dans le quartier de Montmartre où elle habite avec sa mère, puis avec son fils naturel, le futur peintre Maurice Utrillo, né 1883, elle a la possibilité de s’initier à l’art. Devenue modèle d’artistes, elle les observe en posant, et apprend ainsi leurs techniques. Modèle de Pierre Puvis de Chavannes, Pierre-Auguste Renoir, Henri de Toulouse-Lautrec, elle noue des relations avec certains. Habituée des bars de Montmartre où la bourgeoisie parisienne vient s’encanailler, Toulouse-Lautrec, durant cette période, fait d’elle le portrait intitulé Gueule de bois.
Edgar Degas (pour qui elle n'a jamais posé), remarquant les lignes vives de ses dessins et de ses peintures, encourage ses efforts. Elle connaît de son vivant le succès et réussit à se mettre à l’abri des difficultés financières de sa jeunesse. Suzanne Valadon peint des natures mortes, des bouquets et des paysages remarquables par la force de leur composition et leurs couleurs vibrantes. Elle est aussi connue pour ses nus. Ses premières expositions au début des années 1890 comportent principalement des portraits, dont celui d’Erik Satie avec qui elle a une relation en 1893. Il lui propose le mariage au matin de leur première nuit.
Suzanne Valadon est alors connue pour travailler plusieurs années ses tableaux avant de les exposer.
La peintre trouve dans la galeriste Berthe Weill une alliée solide qui soutient son travail. La marchande fait ainsi participer l'artiste à près de dix-neuf expositions entre 1913 et 1932, dont trois rétrospectives personnelles.
Son mariage, en 1896, avec un agent de change, prend fin en 1909, Suzanne quitte son mari pour l'ami de son fils, le peintre André Utter (1886-1948), qu’elle épouse en 1914. Cette union, houleuse, dure près de trente ans. André Utter en Adam et elle-même en Eve figurent sur l’une de ses toiles les plus connues, Adam et Eve. En 1923 elle achète avec Utter le château de Saint-Bernard, au nord de Lyon, pour couper son fils Maurice Utrillo de ses penchants pour l'alcool. Ce dernier  qui signait ces toiles Maurice Utrillo V. (pour Valadon) peint le château ainsi que l’église ou encore le restaurant du village. Suzanne Valadon morte, le 7 avril 1938, entourée de ses amis peintres André Derain, Pablo Picasso et Georges Braque, est enterrée au cimetière parisien de Saint-Ouen.
Ses oeuvres sont conservées dans de nombreux musées, dont le Musée national d'art moderne à Paris, le Metropolitan Museum of Art à New York, le Musée de Grenoble, le Musée des beaux-arts de Lyon. 
Une exposition permanente lui est dédiée à Bessines-sur-Gartempe (Haute-Vienne), sa ville natale.






dimanche 30 octobre 2016

Willem Kalf (1619-1693) - Still Life with two glasses



Willem Kalf (1619-1693)
Still Life  with two glasses, 1660 
National Gallery of Art, Washington, USA 

Que voit on ? Une nature morte hollandaise très classique dressée sur un coin de desserte en marbre partiellement recouverte d'un tapis de Smyrne. Les composants en sont particulièrement précieux, comme les deux verres en cristal  très ouvragés et la coupe  noyée dans la pénombre. Un potiron au feuillage qui semble argenté et une précieuse porcelaine de Chine parachèvent cette allégorie d'une vie somptueuse et bien remplie... jusqu'au couteau destiné à marquer la perspective (ici orné d'un manches de cristal) et dont la lame s'enfouit sous le zeste du citron, symbole de la vie qui s'écoule inexorablement et qui découvre l'amertume de son fruit à mesure que l'on avance dans le temps. 
Une autre nature morte du même peintre, qui devait faire pendant à celle-ci n existe dans le même musée américain. 

Rappel biographique : le peintre néerlandais Willem Kalf est le l'un plus grands peintres de nature morte de son époque. Il travaille à Paris entre 1642 et 1646. Il retourne aux Pays-Bas et vit d'abord à Hoorn, puis s'installe en 1653 à Amsterdam. La qualité de ses œuvres le fait comparer à  Johannes Vermeer (1632-1675) pour le velouté des rendus de matières.




samedi 29 octobre 2016

Margaret Preston (1875-1963)


Margaret Preston (1875-1963)  
Still life with snail  (1949)
Private Collection 

Que voit on ?  Un ensemble de fruits exotiques très colorés parmi lesquels des grenades, des citrons, des bananes ,un ananas et des fruits de la passion, peints à la façon de certaines peintures aborigènes australiennes. Un escargot se glisse - non sans péril -  entre ananas et bananes. 

Rappel biographique :  Margaret Preston est une figure majeure de la peinture australienne du 20e siècle. Avec Grace Cossington, elle introduisit le mouvement moderniste en Australie dès le début du 20e siècle. A  la tête de ce qui constituait alors une véritable avant-garde artistique dans l'hémisphère sud, Margaret Preston fut  parmi la première artiste australienne que l'art aborigène influença notablement. Elle est connue pour ses peintures de la flore et de la faune autochtone australienne dont cette nature morte est un exemple. Avant son mariage, pour des raisons principalement financières, elle fit une carrière de pédagogue privée dans le domaine de l’art. Plus tard elle a enseigna dans le public,  à la fois au Collège Saint-Pierre et au Collège Presbyterian Ladies, à Adelaïde. Parmi ses élèves, on peut citer des artistes aussi remarquables que Bessie Davidson, Gladys Reynell ou Stella Bowen.


vendredi 28 octobre 2016

Karl Blossfeldt (1865-1932)


Karl Blossfeldt (1865-1932)
Untitled IX, 1929.

Que voit on ? une feuille très nervurée... et son ombre portée sur un fond blanc. 

Rappel biographique : Karl Blossfeldt  est un photographe allemand. Représentant de la Nouvelle Objectivité (Neuen Sachlichkeit), surtout connu pour son inventaire des formes et des structures végétales fondamentales. On peut comparer le résultat de son travail à celui d'un herbier... mais photographique. Dans la préface de son livre Wundergarten der Natur, Blossfeldt écrit :
« Les documents imagés parlent d'eux-mêmes. »
 « Mes documents sur les plantes doivent participer au rétablissement du lien avec la Nature. Ils devraient réveiller à nouveau le sens pour la Nature, indiquer les trésors riches dans la nature et favoriser l'observation de notre faune locale. »
L'image de la plante est agrandie entre 12 et 45 fois, а partir du négatif pris lui à l'échelle 1:1. Techniquement, les plantes devaient rester immobiles car le temps de pose était long. Blossfeldt s'est donc servi d'un coffrage en vitres placé autour de l'objet а photographier. Les reflets apparaissant sur l'image étaient supprimés durant le développement. Certaines photos comportaient des erreurs, mais il les conservait quand même dans sa collection. Ensuite, la photo était convertie en diapositive. Il a également utilisé des plantes synthétiques pour renforcer les contrastes de certaines images.
Il a utilisé une chambre photographique dite aussi chambre noire qu'il a probablement construite lui-même.
Les négatifs ont plusieurs formats : 6x9, 9x12, 13x18, et plus rarement 9x18. Les plaques en verre étaient enduites généralement d'émulsions orthochromatiques plus rarement panchromatiques. C'est pourquoi les images des plantes sont si précises.

jeudi 27 octobre 2016

Marie Laurencin (1883-1956) - Nature morte au citron


Marie Laurencin (1883-1956)
Nature morte  au citron
Collection Privée

Que voit on ? Dans un bol en porcelaine blanche tapissé de feuilles de citronnier et d'oranger :   un citron, seule touche de couleur tranchante de la toile et une orange verte comme à peu près tout le reste de ce tableau. Une grande force expressive atteinte avec très peu de moyens.

Rappel biographique : Marie Laurencin est une peintre française étroitement associée à la naissance de l'art moderne. Portraitiste, illustratrice et graveuse, elle fut également une épistolière  et a composé des poèmes en vers libres, indissociables, dans le cours de son processus de création, de l'expression picturale des scènes fantasmatiques qu'elle représente.
Co-disciple de Braque, créature de Roché, muse d'Apollinaire, disciple de Matisse soutenue par Derain, amie de Picasso jusqu'à leur rupture et amante de Nicole Groult, Marie Laurencin a fait de son style un dépassement du fauvisme que du cubisme. Sa vie entière apparait comme une œuvre emblématique, tant du point de vue artistique que de la libération de la femme. Si sa gloire internationale de l'entre-deux-guerres a été ternie durant l'Occupation par ses mondanités déplacées et sa collaboration muette, sa vie comme sa peinture ont fasciné de nouveau, après une longue période de purgatoire. Très peu exposée en France, il faut attendre 2011 pour qu'une biographie explore sa part d'ombre et le printemps 2013 pour qu'une exposition parisienne la fasse redécouvrir au grand public. Antithèses des cauchemars de Goya, qui fut son seul idéal, ses aquarelles vives et glacis pastel répètent indéfiniment le mystère ambigu et hallucinant de « princesses » et de bêtes féeriques, de fleurs et d'adolescentes à la pâleur irréelle. En une réminiscence des fêtes galantes de Watteau, le trait fluide saisit l'instant extatique d'une pose dansante par leurs regards muets comme ceux d'un masque. Ses natures mortes, qui ne sont pas très nombreuses, sont toutes très fluides et pour certaines même presque diaphanes, entraînant les sujets qu’elle traite vers une abstraction douce assez étrange...



mercredi 26 octobre 2016

Lucian Freud (1922-2011) - Bananas

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Lucian Freud  (1922-2011) 
Bananas
Tate modern, London

Que voit-on ? Encore accroché à son tronc presque blanc, un régime entier de bananes comptant plus d'une cinquantaine de fruits plus ou moins à maturité, les restes desséchés de la fleur au bas de la toile et les amples feuilles vertes du bananier dans un environnement que l'on devine tropical. Pour ceux qui s'inquièteraient du sens de présentation de cette toile : elle est bien dans le bon sens avec les fruits relevés vers le haut et non pendants vers le bas ! 

Rappel biographique : Petit fils de Sigmund Freud,  l'inventeur de la psychanalyse, le peintre britannique Lucian Freud est considéré comme un des peintres figuratifs les plus importants du 20e siècle. C'est aussi l'un des plus exemplaires grâce à un style à la fois réaliste, acéré et presque caricatural. Surtout connu pour ses portraits, dont celui de la reine Elizabeth II, il a peint aussi quelques nature mortes en soulevant le défi d'être à la fois d'un absolu modernisme et d'un grand classicisme.


2016 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau

mardi 25 octobre 2016

Henri Fantin-Latour (1836-1904) - Nature morte avec pomme et raisins

Henri Fantin-Latour (1836 -1904) Nature morte avec pomme et raisins (1870) Collection privée

Henri Fantin-Latour (1836 -1904)
Nature morte avec pomme et raisins (1870)
Collection privée

Que voit on ? Sur un coin de table recouvert d'une nappe blanche, une assiette en porcelaine blanche contenant une grappe de raison blanc et une grappe de raisins rouges (plus petite), séparées par une pomme.

Rappel biographique : Le peintre et lithographe français Henri Fantin-Latour était plus connu  de son vivant pour ses portraits de femmes, ses portraits de groupes dont il rénova le style compassé et  pour ses peintures allégoriques que pour ses natures mortes, pourtant admirables. Aujourd'hui c'est exactement le contraire  ! Membre du groupe dit « de 1863  », puis du Cénacle des Batignolles où l'Impressionnisme serait né, Fantin-Latour fait souvent figure de chaînon entre la peinture romantique et l'impressionnisme.  Ses natures mortes, fleurs ou fruits, ont souvent trouvé acquéreur grâce à son ami Whistler qui a attiré en l'attention en Angleterre sur Fantin, à une époque où la peinture impressionniste française était peu appréciée dans ce pays.

2016 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes


lundi 24 octobre 2016

Gustave Courbet (1819-1877) - Nature morte aux pommes et grenades



Gustave Courbet (1819-1877)
Nature morte aux pommes et grenades (1872)
Collection privée

Que voit on ?  Présentées dans un panier qui disparait sous les fruits et dont seule l'anse reste apparente : quatre pommes (une verte, une jaune deux rouges), deux grenades et une poire. Tonalité  générale sombre dont les fruits sont les seuls espoirs de couleur.

Rappel biographique :   Le  peintre et sculpteur français, Gustave Courbet est principalement reconnu pour le réalisme de ses œuvres opposées aux critères de l'académisme et transgressant la hiérarchie des genres, comme Un enterrement à Ornans (1850), qui provoqua le scandale chez ses contemporains. Anticlérical, ami de Proudhon et proche des anarchistes, il fut l'un des élus de la Commune de Paris de 1871. Accusé d'avoir fait renverser la colonne Vendôme, il fut emprisonné et est condamné à la faire relever à ses propres frais. Réfugié en Suisse, il meurt avant d'avoir commencé à rembourser.
Gustave Courbet enduisait sa toile d’un fond sombre, presque noir, à partir duquel il remontait vers la clarté. Cette technique est, peut-être, en train de condamner les œuvres de Courbet. En effet, ce goudron tend, avec le temps, à remonter à travers la peinture et à assombrir dangereusement les tableaux.
Courbet a eut parfois recours à la photographie, en particulier dans la représentation du nu féminin : comme Eugène Delacroix avant lui, il utilise des clichés à la place des traditionnelles séances de pose assurées par des modèles vivants. Ainsi, la figure centrale des Baigneuses (1853) s'inspire d'un cliché du photographe Julien Vallou de Villeneuve. De même, l'Origine du monde, tableau  qui fit récemment encore parlé de lui pour avoir été censuré par Facebook, rappelle, par son cadrage serré, les stéréophotographies pornographiques d'Auguste Belloc.
En 2013, un dossier plaidant pour le transfert de la dépouille de Gustave Courbet (conservée dans le cimetière d’Ornans depuis 1919) vers le Panthéon est déposé par le psychiatre Yves Sarfati auprès du président des Centre des monuments nationaux Philippe Bélaval. La proposition d’hommage posthume à l’artiste apparaît lors du colloque Transferts de Courbet à Besançon en 2011. Il est appuyé par une tribune de Thomas Schlesser dans le Quotidien de l’art du 25 septembre 2013 (numéro 250), où il est affirmé que « la République a une dette envers sa mémoire » ; puis par une tribune dans la rubrique « idées » du Monde d’Yves Sarfati et de Thomas Schlesser, où il est dit qu’ « en honorant Courbet, c'est l'engagement républicain et la justice, que l'on honorerait », qu’ « en honorant Courbet, c'est le monde d'aujourd'hui et celui des Beaux-arts, que l'on honorerait » et qu’ « en honorant Courbet, c'est la Femme, avec un grand F, que l'on honorerait. » 



dimanche 23 octobre 2016

Le Corbusier (1887-1965)


Charles-Édouard Jeanneret  dit le Corbusier (1887-1965) 
Nature morte  "Harmonique et périlleuse " 1931
Musée Cantini, Marseille 

Que voit on ? Une nature morte de style cubiste, à mi chemin entre les styles de Fernand Léger et d'Amédée Ozenfant, une sorte de Vénus à tiroirs qui semble détailler les anatomies de plusieurs sculptures antiques de femmes et d'hommes mêlés à des éléments végétaux, des dominos et des équerres.... Harmonique peut-être, mais périlleux sans aucun doute, cet exercice de style fait partie des curiosités thématiques qu'un artiste vouloir peut placer lui-même dans la catégorie... des natures mortes !!!

Rappel biographique : L'architecte et urbaniste français d'origine suisse, Charles-Édouard Jeanneret-Gris plus connu sous le pseudonyme de Le Corbusier fut aussi peintre, sculpteur, décorateur et hommes de lettres, reléguant très loin dans les nimbes la sempiternelle incompatibilité  entre architecte et artiste ! Dans le domaine de l'architecture il est l'un des principaux représentants du mouvement moderne avec  Ludwig Mies van der RoheWalter GropiusAlvar Aalto...
En même temps que sa pratique architecturale, Le Corbusier n'a de cesse de nourrir sa réflexion par une pratique régulière des arts plastiques. Son premier « voyage d'Orient » le fait passer par Vienne où il rencontre entre autres Gustav Klimt. Sa collaboration avec Amédée Ozenfant est féconde (l'esprit nouveau, le purisme, etc.) de même que celle qu'il entama avec Fernand Léger,  Pablo Picasso et Georges Braque. Après 1917, il ne cesse jamais de peindre. Malgré une trentaine d'années de mise entre parenthèses de son activité picturale en France (1923-1953),  il participe à de nombreuses expositions à l'étranger. Dès 1940, il se lance dans la peinture murale.
Le dessinateur instaure des partenariats en ce qui concerne la sculpture après 1947 et les tapisseries à partir de 1948.  Après 1950, il s'intéresse aux collages. Dans l'atelier de Jean Martin, à partir de 1953, il grave des émaux sur tôle d'acier. La diffusion de ses lithographies est immense. Sa production  de dessins, d'aquarelles et de toiles est gigantesque.   Quelques natures mortes parsèment cette oeuvre considérable, dont certaines ont servi de cartons pour des tapisseries réalisées dans les ateliers d'Aubusson. 

samedi 22 octobre 2016

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - La tabagie (pipes et vases à boire)

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Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
La tabagie ou pipes et vases à boire, 1740
Huile sur toile, 32 x 40cm
Musée du Louvre, Paris

Que voit on ? Un nécessaire du fumeur et un "nécessaire" à boire (appelés "vases à boire" par Chardin et que l'on nomme plus volontiers " timbales" aujourd'hui) sont mêlés sans raison apparente, et constituent un pêle-mêle d'objets, saisis comme au hasard par le pinceau du peintre.  Cet aspect improvisé cache très bien une composition extrêmement pensée et un parfait regroupement d'objets qui donnent une impression de naturel voir même d'improvisation, alors que ce n'est pas du tout le cas. Dans ce chef-d'œuvre qui est un des joyaux des collections de natures mortes du Musée du Louvre, le grain crémeux, soyeux de la texture  - et pourquoi ne pas le dire impressionniste avant la lettre - est une prouesse et une innovation technique pour ce milieu de 18e siècle habitué aux trompes-l'oeil virtuoses de Jean-Baptiste Oudry ou de De La Porte, les deux autres grands maîtres de ce genre. Loin de leur exactitude et de leur réalisme, Chardin invente littéralement avec cette " tabagie " une peinture qui rend perceptible la vie silencieuse des objets et dans laquelle quelque chose d'indicible flotte dans la lumière. Dans cette toile qui tend vers la monochromie, le travail est basé sur une harmonie de bleus et de blancs, cassée par la lueur argentée de la coupe, la masse sombre du coffret de bois et les roses fanées du motif de la céramique du petit pot et de son couvercle. Le peintre affine encore le jeu de couleur en ajoutant un touche de rouge dans le logement de la pipe en terre à long bec où se consume le  tabac.  La Tabagie est est sans doute l'une des plus belles natures mortes de Chardin, une sorte d'aboutissement dans l'œuvre d'un peintre qui enchaîna pourtant les toiles sublimes. Le peintre Albert Marquet lui rendra hommage en la copiant à l'identique (voir ici).

Rappel biographique : Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, Chardin est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui dans les collections du  Musée du Louvre à Paris. Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va  donner à ce "genre inférieur" ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres.
Les natures mortes qu'il peindra à partir de 1750-1760 sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux  effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi.

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2016 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau

vendredi 21 octobre 2016

Francis Picabia (1879-1953) - Nature morte au poisson rouge



Francis Picabia (1879-1953)
Nature morte au poisson rouge
Collection privée

Que voit on ? Un poisson rouge énorme posé sur une table. Il  recouvre un congénère qui se mord la queue,  lui-même recouvert par une silhouette aux traits noirs d'un poisson aussi transparent que le vide.

Rappel biographique : Le peintre, graphiste et écrivain français Francis-Marie Martinez de Picabia fut proche du mouvement Dada. On connait de lui une trentaine de toiles parmi lesquelles un très petit nombre de natures mortes, peintes sans doute pour des raisons alimentaires.  
 
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2016 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau 



jeudi 20 octobre 2016

Roger Fry (1866-1934)


Roger Fry (1866-1934) 
Nature morte, 1915
Collection privée

Que voit on ? Posé sur un tapis dont un des motifs est tout à fait dans le goût des décors de Gustav Klimt :  un plateau rond en laque dorée qui contient plusieurs ustensiles de vaisselle dont un sucrier rempli de morceaux de sucre blanc, un confiturier fermé, une cafetière en métal argenté, et une tasse en porcelaine rose dans laquelle on a planté une banane dont un des côtés est très mûr.

Rappel biographique :  Roger Eliot Fry, peintre et critique d'art britannique, appartenait au Bloomsbury Group. L'historien d'art Kenneth Clark voyait en lui le successeur de John Ruskin. Virginia Woolf publia sa biographie en 1940.  Au cours de plusieurs voyages à Paris, en Provence (où il travaille avec le peintre de l'Ecole de Paris Zygmunt Landau) et en Italie, il commence à peindre des paysages. Plus tard, il réalise différents portraits et autoportraits. Peu de natures mortes dans son oeuvre. Dans les années 1900, Roger Fry commence à enseigner l'histoire de l'art à la Slade School of Fine Art de University College à Londres. Il collabore à l’Athenaeum à partir de 1901 et participe en 1903 ) la fondation du Burlington Magazine avec Bernard Berenson et Herbert Horne. Entre 1906 et 1910, il passe quatre ans aux Etats-Unis, où il travaille au Metropolitan Museum of Art de New York comme conservateur du département des peintures. C'est lors de ce séjour qu'il découvre l'œuvre de Cézanne et se désintéresse peu à peu des primitifs italiens, au profit des peintres français.
De retour en Angleterre, il organise aux Grafton Galleries de Londres, en 1910, une exposition Manet et les post-impressionnistes, terme dont il est l'auteur. Celle-ci exerce une influence considérable sur le goût du public, tout en étant fraîchement accueillie par la critique. Fry organise alors, en 1912, une seconde exposition d'art post-impressionniste. Il reçoit le soutien financier de Lady Ottoline Morrell, avec qui il a une liaison éphémère. En 1913, il fonde avec Vanessa Bell et Duncan Grant les Omega Workshops, un atelier d'art et d'artisanat situé à Fitzroy Square (Londres).
Deux de ses essais, Vision and Design (1920) et Transformations (1926), contribuent également à faire découvrir la peinture française contemporaine.
En 1933, il occupe la chaire Slade pour l'enseignement des beaux-arts à l'université de Cambridge, poste qu'il avait vivement souhaité.
Roger Fry est mort d'une chute à son domicile. Vanessa Bell a décoré son cercueil avant qu'il ne soit enseveli dans la chapelle de King's College, à Cambridge.

mercredi 19 octobre 2016

Chaïm Soutine (1893-1943) - Dindon et tomates


Chaïm Soutine (1893 - 1943), 
Dindon et tomates  (1923-1924) 
Coll. Jean Walter et Paul Guillaume 
Musée de l'Orangerie, Paris

 Que voit-on ?  Présenté en hauteur sur ce que l'on imagine être un table à gibier en marbre, un dindon partiellement déplumé dont on aperçoit la tête et le bec en haut du cadre et les pattes en bas à droite, les chairs de l'animal donnant au peintre l'opportunité d'une étude de couleurs qui vont du blanc gris du cou pelé au jaune sanguinolent du corps.  Une généreuse grappe de tomates charnue ponctue la composition sur la droite dans le bas du cadre.  


Rappel biographique :
 Le 
peintre français d'origine biélorusse Chaïm Soutine a développé une technique de peinture très qui utilise une palette de couleurs éclatantes et tourmentées tout en se situant dans une mode expressionniste avant la lettre qui a pu peut parfois, dans ses portraits, rappeler le style d' Egon Schiele. Il est l'un des peintres majeurs rattachés, à ce qu'on appelle l'École de Paris avec Modgliani et Chagall  et sans doute le personnage le plus extravagant de la bande.  
Dans le domaine des natures mortes, Soutine a commencé par traiter (avant la première guerre mondiale) des sujets assez banals (Nature morte a la pipe ou  Nature morte à la Soupière) puis se consacre surtout  à la représentation des animaux et en particulier des animaux écorchés ou éventrés qu’il prend comme modèle. Ces visions morbides issues de son enfance hanteront une bonne part de sa peinture, comme la série des carcasses de bœufs et celle des volailles (dindons, poulets, lapin etc...). Les voisins, horrifiés par les cadavres d’animaux qu’il conserve dans son atelier et les poissons qu'il laissent  plusieurs jours à l'air libre avant de les peindre, se plaignent des odeurs qui émanent de son atelier. Visiblement les natures mortes à sujets de  fleurs échappent à cette règle  (Glaïeuls (1919) et Le Vase de fleurs (1918).  
Pendant la Seconde guerre mondiale Soutine, traqué puisque juif, mène une vie clandestine, retournant souvent à Paris pour se faire soigner d'un ulcère récidivent. Bien que conscient du danger auquel il s’expose, il n'a jamais fait ou même tenter de faire les démarches nécessaires pour fuir la France. Suite à une dénonciation, il se réfugie près de Tours, avec sa nouvelle liaison, Marie-Berthe Aurenche, ex épouse de Max Ernst.  Le 31 juillet 1943, il est fiévreux et doit être hospitalisé. Avant d’être transporté, il se rend à son atelier et brûle ses toiles. À l’hôpital de Chinon, on le dirige vers une clinique parisienne. Les contrôles de la France occupée doivent être évités et le voyage se révèle plus long que prévu. Opéré sept jours  après son arrivée, il meurt deux jours après l'opération.
Au cimetière du Montparnasse, rien ne fut gravé sur la tombe avant la fin de la guerre. Pablo Picasso fut l'un des rares à suivre son enterrement. Malgré des interruptions plus ou moins longues, Chaïm Soutine a beaucoup peint et beaucoup détruit ses oeuvres et ce jusqu’à la fin de sa vie.

mardi 18 octobre 2016

Cy Twombly (1928-2011) - Cabbages (bright)



Cy Twombly (1928-2011)
Cabbages (bright) 1998
Private collection

 Que voit on ?  Trois chou frisés dont toutes les nuances de verts et de jaunes apparaissent.
Le rendu est volontairement trouble.

Rappel biographique :  Edwin Parker Twombly Jr., dit Cy Twombly, est un peintredessinateursculpteur et photographe américainSon œuvre croise les enjeux majeurs de l'art au 20 e siècle : le dilemme abstraction/figuration, l'intervention de la psychanalyse, le primitivisme, le rôle de l'écriture en peinture, l'hommage aux anciens (il choisit souvent ses thèmes dans l'Antiquité ou dans la littérature ancienne), les liens artistiques entre Europe et Amérique.
L'œuvre de Cy Twombly se développe en marge des courants dominants de l'art américain et s'organise en de vastes cycles qui alternent. Jamais illustratrice, ni uniquement abstraite, elle demeure en retrait des débats concernant la figuration, ce qui constitue un apparent paradoxe formel. Celui-ci lui confère un caractère multiple et unique а la fois, dont témoignent l'ampleur et la diversité de ses œuvres sur papier.
L'œuvre peinte montre une grande diversité dans ses techniques et ses enjeux. Nombre de ses toiles sont des surfaces blanches recevant toute sorte de traces : chiffres, croix, schémas géométriques, barbouillages réalisés au doigt, griffonnages en hachures ou en boucles, écoulements sanglants ou scatologiques et enfin quelques mots (noms de dieux ou de héros antiques, vers de poètes célèbres, etc.). La peinture а l'huile reprend les teintes des humeurs corporels (du blanc-crème au brun) L'écriture est heurtée, les lettres capitales se mélangent aux minuscules, les mots les plus simples sont raturés. L'œuvre achevée, l'essentiel de la surface de la toile reste vierge. 
Au cours des dernières années, et malgré son âge avancé, l'artiste s'est considérablement renouvelé.  Chaque motif apporte ses propres couleurs si bien que le bas de certains tableaux est une juxtaposition de coulures dont les teintes alternent aléatoirement. Le gribouillage énergique a laissé sa place а un geste plus ample avec une peinture liquide sur laquelle la gravité agit. De plus, la palette est plus riche et les couleurs (notamment les jaunes ou les rouges) atteignent une intensité rare . Twombly prouve ici ses qualités de coloriste. Un thème nouveau est venu accompagner cette entrée dans la couleur : les fleurs. Sur des toiles ou des planches de plusieurs mètres de long, Twombly peint des roses ou des pivoines hors d'échelle en de grands mouvements d'enroulement. Les vers d'Emily Dickinson ou de Ingeborg Bachmann accompagnent ces motifs. Reste une constante : le rejet de la maîtrise. L'écriture est raturée, biffée, parfois effacée sommairement ; les motifs feignent la maladresse ; la gravité, associée à la texture du support et а la viscosité de la peinture, déstructure les formes. Les cycles Lepanto, Blossoms, Roses témoignent le mieux de ces récentes nouveautés.
Twombly est également photographe, activité dans laquelle on retrouve la modestie et la douceur poétique qui imprègne tout son œuvre.

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lundi 17 octobre 2016

Emilie Mediz-Pelikan (1861-1908)



Emilie Mediz-Pelikan  (1861-1908)
Nature vivante aux radis (1890)
Collection privée

Que voit on ? Sur une table recouverte d'un drap d'une couleur gris bleu éteinte tout à fait extraordinaire, deux bottes de radis et de rave avec leur fanes entourées par deux pots en grès vernissés marron et noir. La tonalité globalement éteinte de cette nature morte intitulée volontairement nature vivante par l'artiste est rehaussée par la seule couleur  (rouge) des radis et blanc des raves. Cette œuvre magnifique fut totalement incomprise et rejetée du vivant de l'artiste.

Rappel biographique : Peintre, lithographe et aquarelliste, elle fut la femme de Karl Mediz et une des artistes les plus en vue de la scène picturale des années 1900 en Autriche.  Elle décide tôt de rejoindre l'académie des Beaux Arts de Vienne, dans le but d'étudier avec Albert Zimmermann. Elle suit son professeur quand il est nommé à Salzburg en 1880, puis à Munich en 1885. Elle reste à ses côtés jusqu'à sa mort en 1888. Ses voyages l'amènent à rejoindre la communauté d'artistes de Dachau, où elle fait connaissance d'Adolf Holzl. Après un séjour à Paris, elle passe un temps à Knokke, en Belgique. En 1889-1890, elle y rencontre le jeune peintre Karl Mediz et l'épouse. Elle gagne la reconnaissance du public en exposant sa peinture à l'huile Champs d'ajoncs, en 1890. Ludwig Hevesi écrit en 1903 : "A Munich, personne n'a jamais vu un tel spectacle d'impressionnisme."  Néanmoins, les deux artistes vivent plutôt chichement à Vienne, où leurs œuvres sont rejetées. Leur fille Gertrud naît à Krems en 1893. Ils s'installent ensuite à Dresde. Leur percée arrive au tournant du siècle. Elle peut être lue à côté de Leibl, Uhde, Thoma ou Klinger dans les critiques de l'époque. En 1901, quelques unes de ses œuvres sont exposées à l'Exposition Internationale d'Art de Dresde. En 1903, une exposition Mediz-Pelikan est organisée à la Hagenbund. La Galerie Moderne Belvédère acquiert deux de ses œuvres et d'autres expositions importantes suivent, jusqu'à sa mort soudaine en 1908. Emilie Mediz-Pelikan  a été redécouverte dans les années 1980. 

dimanche 16 octobre 2016

Blaise-Alexandre Desgoffe (1830-1901) - Nature morte aux fleurs, statuette et coupe de cristal de roche


Blaise-Alexandre Desgoffe (1830-1901)
Nature morte aux fleurs, statuette et coupe de cristal de roche
Collection privée 

Que voit on ? Exactement ce que le titre annonce... à quoi il faut ajouter, plusieurs brocards précieux, un magnifique portefeuille de dame en soie et fermoir d'étain, une dague coupe-livre au manche en bronze doré, une statuette d 'Hercule en ivoire inspirée de l'antique, une coupe à parfum en onyx et en bronze doré, un somptueux plat en porcelaine de Delft, un coffret en acajou incrusté de scènes sculptées dans l'ivoire, le tout posé sur une somptueuse commode dont on aperçoit la veine du bois précieux et un bronze de serrure. Pour ponctuer l'ensemble : un bouquet de narcisse et d'oeillets négligemment posé sur le rebord de la commode, seule touche vivante de cette accumulation d'objets précieux.

Rappel biographique : le peintre français Blaise-Alexandre Desgoffe a fait ses études de peinture dans l'atelier d'Hippolyte Flandrin à l'Ecole des beaux-arts de Paris et a reçu les conseils de William Bouguerreau. Après une formation en peinture d'histoire, il se tourne vers la peinture de natures mortes dans laquelle il développe une grande virtuosité rappelant celle des maîtres hollandais du 17e siècle. Il expose au  Salon de Paris de 1857 à 1882. Il remporte une médaille de 3e classe en 1861 et une médaille de 2e classe en 1863. A l'exposition Universelle de 1867, il expose Un coin de cabinet de Louis XVI.  Le succès de sa carrière de peintre de nature morte a été considérable de son vivant, malgré des problèmes relationnels avec ses contemporains attisé par un ego démesuré et sa fâcheuse tendance à se prendre pour un génie. Très académique et spectaculaire, sa peinture qui a beaucoup influencé des peintres comme William Meritt Chase est totalement tombée dans l'oubli en Europe au 20e siècle, même si elle restée assez célèbre aux Etats Unis à la même période.

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samedi 15 octobre 2016

Bernard Buffet (1928-1999) - La fin du grand jeu


Bernard Buffet (1928-1999) La fin du  grand jeu, 1977 Huile sur toile, 89,7 x 117 cm Collection privée


Bernard Buffet (1928-1999)
La fin du  grand jeu, 1977
Huile sur toile, 89,7 x 117 cm
Collection privée

Que voit on ?  Sur une table de bridge couverte d'une feutrine verte, éclairée par la pâle lueur d'un plafonnier de cuisine, sont rassemblés tous les éléments du drame des joueurs professionnels : les cartes bien sûr - sobrement représentées ici par une carré d'as -  une roulette de casino, une paire de dés, un cendrier publicitaire (en fonction !),  une boîte à cigares, un paquet de cigarettes (Gauloises), plusieurs bouteilles de bière et de vin d'où semble dégouliner du sang, une dague et deux revolvers, éléments décisifs de la dramaturgie qui se se joue sur cette table dominée par la présence d'une Vanité adossée à une bouteille vide. Une nature morte très sombre, comme beaucoup de celles que peignit ce très grand peintre dont on semble aujourd'hui redécouvrir toute la valeur.

Rappel biographique : Bernard Buffet est un peintre français expressionniste, qui a peint aussi bien des personnages que des figures, animaux, nus, paysages, intérieurs, natures mortes, fleurs. Aquarelliste, c'est également un peintre de décors de théâtre et un illustrateur. Il remporte le concours d’entrée de l'École nationale supérieure des beaux-arts en décembre 1943 à quinze ans, passant deux ans dans l'atelier du peintre Eugène Narbonne où il est déjà considéré comme très doué. Il s'y lie notamment d'amitié avec les peintres Maurice Boitel et Louis Vuillermoz.
En 1947, il expose L'Homme accoudé au Salon des indépendants et en décembre a lieu sa première exposition particulière présentée par Pierre Descargues, à la Librairie des impressions d'art.  On y reconnait déjà un graphisme très caractéristique qui sera tout au long de sa vie, la marque du peintre. L'État, par l'intermédiaire de Raymond Cogniat, lui fait son premier achat pour le Musée national d'art moderne de Paris avec la peinture Nature morte au poulet. En 1955, il obtient la première place au référendum organisé par la revue Connaissance des arts désignant les dix meilleurs peintres de l'après-guerre. Il peint les maquettes des décors et des costumes pour La Chambre argument de Georges Simenon qui devient son ami. Élu à l’Académie des beaux-arts au fauteuil de Paul Jouve, Bernard Buffet est alors le plus jeune académicien jamais élu sous la coupole.
En 1978, à la demande de l’administration des postes, Bernard Buffet réalise une maquette pour un timbre de trois francs L’Institut et le Pont des arts. À cette occasion le musée postal à Paris présente une exposition rétrospective de ses œuvres. Dans les années 1970-80, Bernard Buffet est un artiste au sommet de sa gloire que les critiques n'épargnent pas, comme tout artiste qui connait un grand succès de son vivant. Ils lui reprochent principalement le  " statisme " de sa touche dans laquelle ils décèlent peu d'évolutions au cours des années, le traitant volontiers de  " peintre académique ".
Au début des années 1980 son œuvre immense, est plus appréciée à l'étranger qu'en France, et principalement en Extrême Orient, aux Etats Unis, en Amérique du sud et au surtout Japon où elle connait un succès considérable et où lun musée est spécifiquement construit pour lui à Surugadaira, ce qui, à cette époque, est inédit pour un peintre vivant.
En 1986, sa femme et modèle favori, Annabel, publie D’amour et d’eau fraîche ; la même année sortent les deux premiers volumes de la monographie de Yann Le Pichon Bernard Buffet  couvrant la période 1947-1982, qui obtiennent immédiatement le Prix Élie Faure.
Bernard Buffet, diminué par la maladie de Parkinson, se suicide par asphyxie, le 4 octobre 1999, dans son atelier du Domaine de la Baume près de Tourtour (Var), étouffé dans un sac en plastique noir sur la surface duquel son nom était dessiné avec sa calligraphie si caractéristique ; dernière mise en scène un rien macabre d'un très grand artiste du 20e siècle, qui toute sa vie avait adoré mettre en scène sa propre existence. En novembre 2007, paraît le troisième et dernier volume de la monographie de Yann Le Pichon, couvrant la période de 1982 à 1999.
En 2016- 2017, le MAM (Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris), rend hommage au peintre a travers une exposition ou sont présentées toutes les acquisitions du musée  faites dans les années 47- 55 et quelques chef d'oeuvres prêtées par le musée Bernard Buffet de Surugadaira.

vendredi 14 octobre 2016

Edvard Munch (1863-1944)


Edvard Munch (1863-1944)
Still life with cabbage and other vegetables, 1926 
Private Collection 

Que voit on ?  Sur le marbre d'une desserte de cuisine plusieurs légumes posés dans un grand plat rond en céramique vernissée,  entouré de plusieurs autres éléments de vaisselle. Les légumes : un choux blanc, des oignons blancs et leurs fanes (fréquemment représentés par Munch et dont il accentue l'aspect chevelu) , des oignons jaunes, deux cerises ou prunes égarées. Des légumes qui, bien que posés dans un plat, semblent vouloir se mettre en mouvement et s'enfuir du cadre. 

Rappel biographique : Edvard Munch est un peintre et graveur expressionniste norvégien, considéré comme le pionnier de l'expressionnisme dans la peinture moderne. Ses techniques sont la peinture et la tempera sur carton.
Au début du xxe siècle, Munch était en position de construire une véritable carrière. Une exposition de ses œuvres  à Prague influença de nombreux artistes tchèques. Les portraits, souvent en pied, prirent une place de plus en plus importante dans son œuvre. Le portrait de groupe Les Quatre Fils du docteur Max Linde (1904) compte parmi les plus grands chefs-d'œuvre du portrait moderne. En 1906, il fait les décors de la pièce Les Revenants de Max Reinhardt. Mais sa vie personnelle n'est pas simple : en 1902, au cours d'une scène violente avec Tulla Larsen, il se blesse d'un coup de revolver à la main gauche. En 1908, souffrant de dépression et d'hallucinations, il séjourne six mois dans une clinique à Copenhague. Le tableau La Mort de Marat (1907) laisse apparaître la hantise de la mort. En 1916, Munch achète une confortable maison à Skøyen, près d'Oslo. Il y mène une existence solitaire mais apaisée et honorée, et continue à peindre. Vers 1930, il a des problèmes oculaires (hémorragie du vitré) avec la vision de corps flottants importants qu'il a représentés dans certains de ses tableaux. Dans les années 1930 et 1940, les nazis jugeront son œuvre « art dégénéré » et retireront ses tableaux des musées allemands. Munch sera profondément remué par cette situation, lui qui était antifasciste mais considérait l'Allemagne comme sa seconde patrie.


jeudi 13 octobre 2016

André Marchand (1907-1997) - Les pommes

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André Marchand (1907-1997)
Les pommes
Collection privée

Que voit-on ?  Posés sur une table bleue : cinq pommes jaune et une bleu. Quelques rares feuilles, noircies et parfois rabougries parsèment la surface.

Rappel biographique : Dans les années 1930-1950, André Marchand est l’un des grands représentants de la « jeune peinture française ». A ses débuts il peint des toiles ou « humanisme » et « surréalisme » se côtoient, cherchant par là son style et à exprimer sa sensibilité. A partir de 1940, sa palette se colore vivement. Il aborde différents registres : les arlésiennes, les taureaux dans le Delta du Rhône, les flamands roses, les nus et natures mortes appelées les Vies silencieuses, terme qui traduit bien ce désir de s’affranchir des apparences et de souligner l’intériorité des êtres et des choses. Ce qui l’amenait à dire qu’il ressentait en lui le passage du vent dans les feuilles de l’arbre qu’il était en train de peindre. « C’est une peinture qui s’inscrit dans un courant novateur… dont les recherches et l’évolution marquent une avancée dans l’histoire de la peinture ».
Il séduit alors les plus grand marchands : Galerie Carré, Maeght, Pierre Matisse, Maurice Garnier. Son succès est aussi bien critique que public  mais son caractère exigeant surtout auprès des galeristes qui l'exposent, l'isole dans la solitude.  On dit souvent qu'a cel s'est ajouté le fait que Marchand a été victime d’une blessure d’amour propre.  Il envisageait en effet d’installer sa fondation au musée Réattu à Arles où il avait travaillé. Apprenant ce projet, Picasso offrit à ce musée 56 dessins ce qui rendait impossible d’y installer la fondation. Marchand en fut profondément blessé. Et pourtant, André Marchand s’était révélé lui aussi un dessinateur exceptionnel que Matisse admirait. À 90 ans, quelques mois avant sa mort, il manifestait une vitalité étonnante qui l’incitait, chaque matin, à assurer la mise en forme de sa main en reproduisant les remous du Rhône. Il  disait : « Un peintre fait toujours le même tableau et le jour de sa mort, il a l’impression qu’il n’est même pas commencé »

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mercredi 12 octobre 2016

Evert Collier (1640-1708) - Vanitas Still Life with a candlestick, musical instruments...

Evert Collier (1640-1708) Vanitas Still Life with a candlestick, musical instruments, dutch book, a writing set, an astrological ans a terrestrial globe, and an hourglass, all in a drapped table. Private collection

Evert Collier (1640-1708)
Vanitas Still Life with a candlestick, musical instruments, dutch book, a writing set, an astrological ans a terrestrial globe, and an hourglass, all in a drapped table.
Private collection

Que voit on ? On peut dire que le titre décrit  précisément tout ce qui se trouve dans cette nature morte qui appelle à réfléchir sur l'impermanence des activités culturelles sur terre : une bougeoir et sa bougie éteinte, un nécessaire à écriture (plume à écrire et cire à cachets), des instruments de musiques (mandoline, violon et flûte), un globe terrestre et un globe céleste, une montre à gousset, et des livres ouverts dont le sujet est visiblement la Hollande, le tout sur une table recouverte d'une drapé. Dans le titre très descriptif, manque uniquement le drapeau qui recouvre une partie du fond du tableau ...   

Rappel biographique : le peintre Evert Collier est un peintre de natures mortes et de trompes-l'oeil de la fin de la période de l'âge d'or hollandais. Plusieurs orthographes existent pour son prénom et son nom, ce qui en rend l'identification mal aisée : le prénom est parfois orthographié Edward ou Edwaert ou Eduwaert ou Edwart et son nom est parfois orthographié Colyer ou Kollier.
Evert Collier a été formé à Haarlem. Ses premières peintures montrent l'influence très nette de Vincent Laurensz van der Vinne, membre de la Haarlem Guilde de Saint-Luc dès 1649, qui a probablement  été son professeur lorsque Collier a été inscrit lui-même dans cette Guilde de Haarlem en 1664. Ils ont tous deux plus tard influencé le peintre de natures mortes Barend van Eisen. Collier a vécu et travaillé à Leyde, à Amsterdam et enfin à Londres où il a terminé sa carrière et où il est enterré. Ses natures mortes, principalement constituées d'objets partagent la caractéristique d'être avant tout spectaculaires et fastueuses, quel que soit le sujet traité.

mardi 11 octobre 2016

Juan Gris (1887‑1927) - Nature morte avec une guitare


Juan Gris (1887‑1927)
Nature morte avec une guitare, 1925 
Museum of Fine Arts, Boston

Que voit on ? Dans une composition très cubiste, posée sur un napperon de feutrine vert et cadrée en plein centre, une guitare s'adosse sur deux partitions superposées. A gauche : une bouteille à moitié pleine et un  journal dont on aperçoit un fragment du titre. A droite : le bleu du ciel au travers d'une fenêtre qui ressemble à un cadre et un compotier très géométrique dans lequel 4 poires bleues attendent.

Rappel Biographique : Le peintre espagnol Juan Gris vécut et travailla en France à partir de 1906, où il fut proche du mouvement cubiste mais occupa une place très à part dans la peinture de son temps, sans doute toujours dans l'ombre de Picasso qui l'aurait volontiers  " éliminé de la carte "  selon les dires de Gertrude Stein. Salvador Dali disait de lui : « Juan Gris est le plus grand des peintres cubistes, plus important que Picasso  parce que plus vrai.  Picasso était constamment tourmenté par le désir de comprendre la manière de Gris dont les tableaux étaient techniquement toujours aboutis, d'une homogénéité parfaite, alors qu'il ne parvenait jamais à remplir ses surfaces de façon satisfaisante, couvrant avec difficulté la toile d'une matière aigre. Il interrogeait sans cesse : « Qu'est-ce que tu mets là ? — De la térébenthine. » Il essayait le mélange, échouait, abandonnait aussitôt, passant à autre chose, divin impatient. »
Aujourd'hui Juan Gris apparait comme un génie injustement resté dans l'ombre. Il a peint quasiment autant de natures mortes que de paysages ou de portraits.

Jusqu’en 1920, sa peinture est encore marquée par l’Espagne, celle des natures mortes de l’école de Séville des 16e-17e siècles – d’un Sanchez Cotan, d’un Valdes Léal ou d’un Zurbaran, par exemple – Gris aime profondément ces peintures des « blancs chartreux qui, dans l’ombre, glissent silencieux sur les dalles des morts ». Des blancs contrastant avec les noirs, il va donc tirer le parti le plus fort. Les œuvres des années de guerre 1916-1917 se distinguent par une sobriété, une austérité toutes particulières des couleurs sombres autant que des motifs : « C’est bien là cette ardeur castillane qui s’habille de noir, s’interdit tout éclat, et qui paraît de la froideur à un observateur superficiel », écrit Kahnweiler. Et Maurice Raynal de renchérir : « Toute l’Espagne est dans son œuvre : l’Espagne des tons livides, sulfureux et sombres du Greco, de Zurbaran, de Ribera, de Herrera. Rien ne servait davantage la notion du tableau-objet en soi que les choses les plus simples, les plus humbles et les plus maniables, auxquelles ils feront subir toutes les déformations possibles pour réaliser la plénitude de cet « objet ». 

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lundi 10 octobre 2016

Emmanuel Sougez (1880-1972)


Emmanuel Sougez (1880-1972)
Trois poires, 1934
BnF, Paris

Que voit on ?  Sur une desserte recouverte d'une nappe blanche dont l'empesage extrême est révélé par la précision d'un pli aussi immuable que du plâtre : un empilement d'assiettes en porcelaine et une assiette isolée contenant trois poires Comices.

Rappel biographique : Jeune étudiant aux Beaux-arts de Bordeaux, Emmanuel Sougez voit bientôt dans la photographie le moyen de circonvenir le risque d'un éventuel insuccès artistique. L'histoire de la photographie est heureusement riche de ces détournements de vocations, et Paris puis Lausanne offrent à Sougez les moyens de ses ambitions. Dans les studios qui l'emploient, il perfectionne une pratique de l'image appliquée à la publicité et l'illustration.
Par le hasard d'une rencontre, Sougez est conduit en 1926 à fonder le service photographique du journal l'Illustration. Devenu acteur important du Paris photographique, il contribue par ailleurs à perfectionner un système de prise de vue en couleur : le procédé Finlay.
Dans la florescence éditoriale de l'entre-deux guerres, Emmanuel Sougez publie dans la revue Arts et Métiers Graphiques, éditée par l'indéfectible Charles Peignot. Les plus grandes signatures, Kertész, Man-Ray, Krull, Moholy-Nagy s'y expriment et cet illustre voisinage finit d'asseoir sa renommée.
Expositions et succès critique s'enchaînent. En 1937, Emmanuel Sougez participe à l'émergence du groupe Le Rectangle, qui défend une photographie technique, professionnelle et maîtrisée. Pourtant, la situation de la France occupée, dans le conflit mondial, jette sur l'entreprise un voile de malentendu qui s'estompera en 1946 avec la fondation du Groupe des XV.
Adepte des grands formats, rigoureux à la prise de vue comme au tirage, et créditant l'objet de sa photographie d'un équilibre et d'une exactitude formels intrinsèques, Emmanuel Sougez peut s'inscrire dans le grand courant de la photographie objective, qui s'étendrait d'Albert Renger-Patzsch à Edward Weston. Puriste par ferme conviction il n'a de cesse de pratiquer la photographie qu'en " ennemi du hasard ".

dimanche 9 octobre 2016

Sarah Miriam Peal (1800-1885)




Sarah Miriam Peal (1800-1885)
Still Life with Watermelon, by Sarah Miriam Peale, 1822
Fogg Art Museum, Harvard University

Que voit on ?  Sur un entablement de bois qui porte sur la tranche (en bas à gauche) la signature de la peintre, un demi melon ouvert dont quelques pépins se sont échappés sur la table, un quart de pastèque, absolument somptueuse, dont un pépin hésite à la chute sur un des bords, une grappe de raisin rouge, une grappe de raisin blanc et deux pêches. Une absolue maîtrise des textures et des couleurs que la bonne société américaine du 19e siècle, commanditaire de ce genre d'œuvres, appréciait particulièrement.

Rappel biographique  :  Sarah Miriam Peale était une peintre portraitiste américaine, dont la famille comptait une nombre important d'artistes miniaturistes et peintres de natures mortes, notamment James Peale, son père.  Miriam Peale fut connue principalement comme peintre de portrait de personnalités politiques et de personnalités militaires de son temps. 
Lafayette a posé pour elle pas moins de quatre fois !
Sarah fut formée à la fois par son père James Peale et son oncle  moins célèbre que son père, Charles Willson Peale. D'abord assistante dans l'atelier de son père, elle commença à livrer ses propres toiles en 1816, des toiles à sujets de fleurs et des natures mortes. En 1818, après trois mois passés chez son cousin  - qui se prénommait modestement Rembrandt - à Baltimore, elle décide de se tourner vers le portrait. Rembrandt Peale eut une grande influence aussi bien sur sa peinture que sur le choix de ses sujets. Pendant 25 ans, elle peint à Baltimore (1822-1847) et, par intermittence, à Washington, DC. Elle assiste à de nombreuses sessions du Congrès et peint des portraits de nombreuses personnalités publiques. En 1824, elle fait son entrée à la Pennsylvania Academy of Fine Arts. Avec sa sœur Anna Claypoole Peale, elles furent les premières femmes à obtenir cette distinction. Plus d'une centaine de portraits de commande de la bonne société de Baltimore et de Washington sont répertoriés la concernant, lui forgeant une solide réputation d'artiste "la plus prolifique de Nouvelle Angleterre".  En 1847, des problèmes de santé l'oblige à déménager à Saint-Louis (Missouri) où elle est devient la toute première femme artiste professionnelle en Amérique en mesure de gagner sa vie par son travail. Vers 1860, elle délaisse peu à peu le portrait pour revenir à la nature morte, mais avec plus de spontanéité que dans ses premières années.  En 1878, elle retourna vivre dans sa ville natale avec ses sœurs Anna Claypoole  et Margaretta Angelica.  Comme ses sœurs, elle ne se maria jamais.  Elle est morte en 1885,  à l'âge de 85 ans.

samedi 8 octobre 2016

Salvador Dalí (1904-1989) - Still Life with Two Lemons



Salvador Dali (1904-1989)
Still Life with Two Lemons, 1926
Private collection

Que voit-on ? Sur un entablement de bois traité à la manière cubiste, une grande serviette serviette blanche a été jetée. Dans les plis de son drapé émergent deux citrons aux contours extrêmement soulignés. L'ombre projetée des citrons à l'intérieur même de cette serviette est l'élément majeur qui plonge l'ensemble de la composition dans un atmosphère irréelle pour ne pas dire sur-réelle.

Rappel biographique : Salvador Domingo Felipe Jacinto Dalí i Domènech, connu comme Salvador Dalí, marquis de Dalí de Púbol, est un  peintre, sculpteur, graveur et écrivain catalan de nationalité espagnol, considéré comme l'un des principaux représentants du surréalisme et comme l'un des plus célèbres peintres du 20e siècle... en tout cas l'un des plus médiatisés de son vivant ! Les thèmes qu'il aborda le plus fréquemment furent le rêve, la sexualité, le comestible, sa femme Gala et la religion. La nourriture, et l'acte de manger, ont une place centrale dans l'œuvre et la pensée dalinienne pour qui « la beauté sera comestible ou ne sera pas »La création picturale peut-être la plus connue de Dalí est Montres molles. Elles coulent comme un camembert et dans l'explication surréaliste qu'il en donnera il dira  « Les montres molles sont comme du fromage, et surtout comme le camembert quand il est tout à fait à point, c’est-à-dire qui a la tendance de commencer à dégouliner. Et alors, mais quel rapport entre le fromage et le mysticisme ? […] Parce que Jésus, c’est du fromage. » 
Figure picturale essentielle, le pain fut très présent dès 1926.  Après le pain, thème rémanent dans ses natures mortes, l'œuf au plat sans le plat revient régulièrement dans son œuvre.  

2016 - A Still Life Collection 
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vendredi 7 octobre 2016

Pablo Picasso (1881-1973) - Nature morte avec tête de taureau, livre et palette


Pablo Picasso (1881-1973) 
Nature morte avec tête de taureau, livre et palette
Collection particulière

Que voit-on ?  Sur un fond déstructuré, principalement constitué par trois aplats de couleurs pastels (bleu, jaune et rose) : une tête de taureau surgit. Autour d'elle, une palette de peintre dégoulinant sur un papier journal (plus que sur un livre), un toque de toreador, un bougie allumée dont la flamme ressemble à un oeil inversé.  Picasso peintre des corridas ? 

Rappel biographique : le peintre espagnol Pablo Ruiz Picasso qui a passé l'essentiel de sa vie en France, est l'auteur d'un oeuvre immense, tous genres confondus, que l'on chiffre à près de 50 000 pièces. Les premiers collages et assemblages sont réalisés pendant l'hiver 1912, Nature morte à la chaise cannée (Paris, Musée Picasso), Guitare(s) en carton (Paris, Musée Picasso). A partir des années 20 ses natures mortes seront très proches, sur la même ligne de conception " cubiste analytique " que celles de George Braque, dont il devient un temps l'intime avant de s'en séparer définitivement.  Il y eut une connivence d'inspiration très rare entre ces deux peintres pendant une certaine période de leur vie et en particulier dans le domaine du traitement de la nature morte. 
Picasso a peint énormément d'autres natures mortes après la Seconde guerre mondiale et hors de la période cubiste, mais malgré leur impressionnante quantité, rapportées à la masse énorme de sa production, elles ne constituent pas un genre qui tient autant de place dans son oeuvre que dans l'oeuvre de Georges Braque.

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mercredi 5 octobre 2016

Luis Egidio Meléndez (1716-1780) - Bodegón con Naranjas y Nueces

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Luis Egidio Meléndez (1716-1780) 
Bodegón con Naranjas y Nueces (1772)
National Gallery, London

Que voit on ?  Sur un entablement de bois (vermoulu par endroit) :  un empilement d'objets occupant toute la partie droite du cadre et composé de poteries en terre cuite, un tonnelet et des boites en copeaux de bois qui ne sont pas mentionnées dans le titre ; sur l'une d'entre elle (en bas à droite) figure la signature du peintre et la date. Le partie gauche du cadre est occupée par une autre empilement , constitué de fruits, parmi lesquels des oranges, des noix posées sur un assiette et un melon à l'arrière plan. Le fond noir du tableau ajoute à la précision et à la magie de cette accumulation.


Rappel biographique : Le peintre espagnol d'origine napolitaine, Luis Egidio Melendez  a fait carrière presque exclusivement à Madrid. Contemporain de Goya, il  est considéré aujourd'hui comme l’un des meilleurs peintres de natures mortes du 18e siècle, réputation qu'il n'avait pas de son vivant qu'il a passé dans une misère noire. C'est son père, Francisco Meléndez et Louis Michel van Loo (dont il est l'assistant de 1742 à 1748) qui assurent sa formation de peintre.
Le futur  Charles IV d'Espagne lui commanda une grande série de natures mortes, dont une partie importante est conservée au musée du Prado  à Madrid.
Ses toiles peintes dans de petits formats, dans la grande tradition de l'austérité espagnole, n'en foisonnent pas moins d'une minutie des détails. toujours peints avec une absolue perfection. La composition simple et le contraste clair-obscur, s’inscrivent dans la tradition des natures mortes baroques de Zurbaran et de CotanComme eux, Meléndez étudia les effets de lumière, la texture et la couleur des fruits et des légumes, ainsi que celles des récipients en céramique, verre et cuivre ou pailles. À la différence des maîtres du 17e siècle, il présente le sujet plus près du spectateur, en légère plongée. Ce sont des objets disposés sur une table, ce qui donne à ses formes une certaine monumentalité. Le genre permet au spectateur d’étudier l’objet par lui-même. Les fonds sont neutres, et c'est un puissant éclairage qui mettent valeur les contours de l’objet. C’est ainsi qu’il représente le duvet des fruits, les transparences des peaux des raisins, les intérieurs brillants des pastèques et quelquefois les  accidents  présents à la surface des  fruits (comme ici avec les figues vertes). 
Chaque toile de Meléndez est minutieusement composée et fait l'objet d'un mise en scène précise afin de créer  le plus grand réalisme possible. Les « grands thèmes » n’intéressèrent jamais Meléndez qui portent surtout son attention sur les choses de la vie quotidienne,  sur l’observation et l’étude de la nature. Il fut souvent comparé à Chardin, jusqu'à être même parfois surnommé  le « Chardin Espagnol » ce qui est assez stupide eut égard au caractère unique de son style et à tout ce qui différencie ces  deux grands peintres. 

2016 - A Still Life Collection 





Un blog de Francis Rousseau