Arman (1928-2005)
Poubelle des Halles 1961
Centre Pompidou, Paris
Que voit on ? Une accumulation de déchets dans une boîte vitrée, composée de papier journal, carton, tissu, paille, boîte métallique, mimosa séché, culot d'ampoule, crayon, film plastique, étiquettes, dans une boîte en bois et verre. Les contenus des poubelles sont des objets ou des détritus qu’Arman a trouvé dans les poubelles des Halles à Paris (haut lieu de passage et de consommation parisien). Arman s'arrêtait devant les poubelles et les fouillait afin de trouver des détritus divers qu'il jugeait correspondre à la société parisienne de l'époque. Une fois sa récolte effectuée, il déposait tout ce qu’il avait trouvé dans une boîte en verre. Arman remplissait toujours ces boîtes à ras-bord. Il ne faisait pas ça par hasard, mais pour montrer la consommation à outrance à travers ces boîtes (Arman en a fait plusieurs) sur le point de déborder. Le geste d’Arman, de ramasser les poubelles et les mettre dans les boîtes, était un geste inédit dans le domaine de la composition d'une nature morte : non seulement il se mettait dans la peau d'un mendiant en « faisant les poubelles », se confrontant au regard des passants, mais en plus il faisait de l'art avec des masses de détritus, des montagnes d'objets désordonnés rejetés par la société, alors que certains maîtres de la nature morte du passé s'étaient - au mieux - contentés de les peindre en les rangeant de façon individualisée. Récente acquisition du Centre Pompidou cette "Poubelle des Halles" de 1961 apparaît comme une oeuvre-clef de la production dite "historique" de l'artiste. Elle sera suivi par de nombreuses autres jusqu'en 1971-72.
Rappel Biographique : Né en 1928 à Nice, Armand Fernandez fait ses études aux Arts décoratifs de Nice (1946-1949) et à l'école du Louvre à Paris (1949-1950). En 1951, il décide de signer de son seul prénom, comme Vincent Van Gogh, prénom qui perdra son « D » pour devenir son pseudonyme définitif, Arman, en 1958.
En 1955, la Galerie du Haut-Pavé organise sa première exposition personnelle à Paris. Ses premiers « Cachets » (traces d'objets encrés ou peints) à Paris datent de 1956.
En 1959, il commence la réalisation de la série des « Poubelles » : il expose des ordures ménagères, des détritus trouvés dans la rue et des déchets. Ses « accumulations » d'objets suivant une logique quantitative qui efface leur singularité renvoient une image de profusion, en même temps qu'elles soulignent le caractère périssable des produits de la société d'abondance.
En 1960, il est cofondateur du mouvement des Nouveaux Réalistes. Le Nouveau Réalisme réunit des artistes divers mais qui ont un point commun dans leur création : ils s'approprient de manière directe le réel et réalisent un « recyclage poétique du réel urbain, industriel, publicitaire » (Pierre Restany, 60/90. Trente ans de Nouveau Réalisme, édition La Différence, 1990, p. 76). Ils donnent ainsi une nouvelle vision de ce qui nous entoure au quotidien. Cette même année 1960, Arman utilise pour la première fois du plexiglas dans ses oeuvres. En 1961, il entame la série des « Colères » : destructions d'objets (les « Coupes » de violon, de piano, de contrebasse…) savamment recollés sur piédestal ou sur supports muraux. Dans les « Combustions » (1963), ces mêmes objets sont brûlés.
Arman s'installe en 1963 aux Etats-Unis et prend la nationalité américaine en 1972.
Entre 1980 et 1999, l'éventail des œuvres et des techniques s'élargit. Arman décline et multiplie les diverses procédures d'exécution. À la fin des années 1990, l'œuvre se radicalise en une succession de gestes reliés à l'objet (Accumulations en Relation, Cascades, Sandwiches Combo). Il montre un intérêt renouvelé pour la peinture (par exemple dans les séries des "Nuits étoilées" et des "émersions"). En 2000, il travaille sur des fragmentations sur panneau, des fragments (dessins et sculptures). Il présente une rétrospective thématique (« La Traversée des Objets »), au château de Villeneuve, à Vence. Ses sculptures en bronze participent d'un geste semblable : l'artiste se saisit des icônes de l'art occidental (Vénus de Milo, Hercule Farnèse, etc.), qu'il tronçonne pour ensuite les ressouder dans un désordre fouillé.
En 2002-2003, Arman renoue avec la peinture de chevalet en une série d'œuvres, « Serious Paintings », qui allient la recomposition d'instruments de musique à leur « mise en scène » en peinture.
Il meurt en 2005 à New York.
Une grande rétrospective a lieu à la Galerie nationale du Jeu de Paume de janvier à avril 1998, exposition qui réunit plus de cent œuvres (de 1959 à 1997). La rétrospective voyage ensuite jusqu'en 2001 en Allemagne, Portugal, Israël, Brésil, Mexique, Taiwan, Espagne…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.