Roy Lichtenstein (1923-1997)
Bananas and Grapefruit
Private collection
Que voit-on ? Difficile de faire plus simple, plus dépouillé, plus sans nuances pour ses deux bananes et ses 4 pamplemousses. C'était d'ailleurs le principe voulu par ce peintre, maître du pop art, si j'en réfère à l'entretien que j'avais eu avec lui dans son atelier de New York en 1992.
Voulue ou non (quoique très appuyée pour être le seul fait de l'inconsient !), la symbolique sexuelle de cette nature morte n'échappera pas non plus à beaucoup de monde...
Rappel biographique : Le peintre américain Roy Fox Lichtenstein est un des artistes les plus importants du mouvement pop art américain. Ses œuvres s'inspirent fortement de la publicité et de l'imagerie populaire de son époque, ainsi que des « comics » . Il décrira lui-même son style comme étant « aussi artificiel que possible » et tirera une grande fierté de cette superficialité revendiquée. Extrêmement célèbre de son vivant, sa côte atteint très vite des sommets. On estime qu'il laisse au total 4 500 œuvres en circulation dans le monde, sachant qu'au moment de sa mort il lui restait encore une bonne dizaine de commandes privées qu'il n'aurait pu honoré qu'avec 2 années de retard.
Le « pop art », terme abrégé de « popular art » en anglais, signifiant « art populaire » en français, émerge vers la fin des années 1950 en Angleterre. C’est un mouvement artistique caractérisé par le rôle prépondérant de la consommation et de la culture de masse dans la société américaine. Le pop art regroupe des artistes qui contestent l’omniprésence et l’influence de la publicité, de la télévision, des magazines, etc, ou qui en empruntent seulement les codes. En isolant des objets issus de la culture populaire pour en faire des œuvres d’art, les artistes pop rompent avec la vision élitiste et authentique de prime abord que la société avait de l’art. Lichtenstein déclare : « Je pense que ce qui me plaît dans l’art commercial – dans le nouveau monde extérieur largement façonné par l’industrialisation ou par la publicité – c’est sa force, son impact, ainsi que la franchise et cette sorte d’agressivité et d’hostilité qu’il véhicule. […] ». A l’instar d’Andy Warhol reprenant une idole telle que Marilyn Monroe, Lichtenstein reproduit les icônes des bandes-dessinées comme Mickey et Donald en 1961 dans son tableau Look Mickey. Il peint aussi des tableaux de guerre, des produits de consommation courante comme le hot-dog, et s’intéresse à la passion amoureuse. En 1963, il lance une série de portraits de femmes glamour, sorties tout droit des bandes-dessinées sentimentales très populaires de l’époque destinées aux adolescents, comme Secret Hearts ou Girls’ Romances (cf Roy Lichtenstein, Oh, Jeff… I Love You, Too… But…, 1964, Huile et Magna sur toile, 121,9 x 121,9 cm). L’artiste reproduit les vignettes des comics de l’époque, en les agrandissant et en reprenant leurs codes d’illustration, identifiables par un style lisse et épuré, l’accentuation des contours par des traits noirs, les bulles de dialogue, les onomatopées, l’aplat des couleurs primaires (jaune, rouge, bleu) de manière directe et d’un ton vif, et enfin, les trames en pointillés et en lignes parallèles, utilisées dans l’imprimerie et le dessin industriel. Malgré les critiques de l’époque qui ne considéraient pas la reproduction comme une réelle création artistique, le travail de Lichtenstein est en réalité plus complexe qu’il n’y paraît. En effet, les trames relevaient d’une extrême précision et il s’efforçait de peindre d’une façon mécanique. Pour cela, il utilisait souvent le Magna, une peinture acrylique permettant de modifier la couleur sans laisser de traces. Il déclare : « Je veux que mon tableau ait l’air d’avoir été programmé. Je veux cacher la trace de ma main. ». Il expérimenta plusieurs matériaux, notamment l’émail (donnant un reflet brillant) et le plexiglas. Nous connaissons Lichtenstein en tant que peintre pop, mais une part bien méconnue de son travail repose sur sa pratique de la sculpture, de la céramique et de l’estampe. De plus, l’exposition met en avant des œuvres qui s’inspirent des grands mouvements artistiques et d’artistes référents qui ont façonné l’histoire de l’art. En effet, Lichtenstein se réapproprie les chefs-d’œuvre de nombreux maîtres tels que Picasso, Matisse, Léger, Mondrian, Cézanne, Brancusi, Vélasquez, Delacroix et Rembrandt.
2018 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau
Voulue ou non (quoique très appuyée pour être le seul fait de l'inconsient !), la symbolique sexuelle de cette nature morte n'échappera pas non plus à beaucoup de monde...
Rappel biographique : Le peintre américain Roy Fox Lichtenstein est un des artistes les plus importants du mouvement pop art américain. Ses œuvres s'inspirent fortement de la publicité et de l'imagerie populaire de son époque, ainsi que des « comics » . Il décrira lui-même son style comme étant « aussi artificiel que possible » et tirera une grande fierté de cette superficialité revendiquée. Extrêmement célèbre de son vivant, sa côte atteint très vite des sommets. On estime qu'il laisse au total 4 500 œuvres en circulation dans le monde, sachant qu'au moment de sa mort il lui restait encore une bonne dizaine de commandes privées qu'il n'aurait pu honoré qu'avec 2 années de retard.
Le « pop art », terme abrégé de « popular art » en anglais, signifiant « art populaire » en français, émerge vers la fin des années 1950 en Angleterre. C’est un mouvement artistique caractérisé par le rôle prépondérant de la consommation et de la culture de masse dans la société américaine. Le pop art regroupe des artistes qui contestent l’omniprésence et l’influence de la publicité, de la télévision, des magazines, etc, ou qui en empruntent seulement les codes. En isolant des objets issus de la culture populaire pour en faire des œuvres d’art, les artistes pop rompent avec la vision élitiste et authentique de prime abord que la société avait de l’art. Lichtenstein déclare : « Je pense que ce qui me plaît dans l’art commercial – dans le nouveau monde extérieur largement façonné par l’industrialisation ou par la publicité – c’est sa force, son impact, ainsi que la franchise et cette sorte d’agressivité et d’hostilité qu’il véhicule. […] ». A l’instar d’Andy Warhol reprenant une idole telle que Marilyn Monroe, Lichtenstein reproduit les icônes des bandes-dessinées comme Mickey et Donald en 1961 dans son tableau Look Mickey. Il peint aussi des tableaux de guerre, des produits de consommation courante comme le hot-dog, et s’intéresse à la passion amoureuse. En 1963, il lance une série de portraits de femmes glamour, sorties tout droit des bandes-dessinées sentimentales très populaires de l’époque destinées aux adolescents, comme Secret Hearts ou Girls’ Romances (cf Roy Lichtenstein, Oh, Jeff… I Love You, Too… But…, 1964, Huile et Magna sur toile, 121,9 x 121,9 cm). L’artiste reproduit les vignettes des comics de l’époque, en les agrandissant et en reprenant leurs codes d’illustration, identifiables par un style lisse et épuré, l’accentuation des contours par des traits noirs, les bulles de dialogue, les onomatopées, l’aplat des couleurs primaires (jaune, rouge, bleu) de manière directe et d’un ton vif, et enfin, les trames en pointillés et en lignes parallèles, utilisées dans l’imprimerie et le dessin industriel. Malgré les critiques de l’époque qui ne considéraient pas la reproduction comme une réelle création artistique, le travail de Lichtenstein est en réalité plus complexe qu’il n’y paraît. En effet, les trames relevaient d’une extrême précision et il s’efforçait de peindre d’une façon mécanique. Pour cela, il utilisait souvent le Magna, une peinture acrylique permettant de modifier la couleur sans laisser de traces. Il déclare : « Je veux que mon tableau ait l’air d’avoir été programmé. Je veux cacher la trace de ma main. ». Il expérimenta plusieurs matériaux, notamment l’émail (donnant un reflet brillant) et le plexiglas. Nous connaissons Lichtenstein en tant que peintre pop, mais une part bien méconnue de son travail repose sur sa pratique de la sculpture, de la céramique et de l’estampe. De plus, l’exposition met en avant des œuvres qui s’inspirent des grands mouvements artistiques et d’artistes référents qui ont façonné l’histoire de l’art. En effet, Lichtenstein se réapproprie les chefs-d’œuvre de nombreux maîtres tels que Picasso, Matisse, Léger, Mondrian, Cézanne, Brancusi, Vélasquez, Delacroix et Rembrandt.
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