Tamara de Lempicka (1898-1980)
Bouquet d'hortensias et citron, c.1922
Collection privée
Que voit-on ? Sans doute une des natures mortes les moins caricaturales du style de cette grande peintre qui opta un peu plus tard dans sa carrière pour cette manière "art déco", reconnaissable entre toutes et qui fit sa réputation notamment dans ses portraits de célébrité. On remarque ici l'originalité du sujet (hortensia et agrumes) jamais traités - à ma connaissance - dans le genre de la nature morte. L'hortensia en pot et ses fleurs sont magnifiquement peinte ; les citrons d'une jaune incandescent sont relevés par la le fond de la toile d'un bleu profond et nuancé. Mais que l'on ne s'y trompe pas : sous l'apparente naïveté du sujet se cache déjà la symbolique érotique que l'on retrouve dans presque toute les natures mortes de cette peintre. : l'hortensia figurant ici le féminin et les citrons le masculin...à moins que ce ne soit le contraire car Lempicka a toujours cultivé, sans pour autant en faire un dogme, l'ambiguïté des genres.
Rappel biographique : Tamara de Lempicka est une peintre polonaise représentative du mouvement Art déco. Fille de Boris Gorski, juif russe, et d'une mère polonaise, son enfance se passe dans un milieu aisé et cultivé entre Saint-Pétersbourg, Varsovie, Lausanne et Paris. En 1920, à l'Académie Ranson à Paris, elle reçoit l'enseignement de Maurice Denis et à l'Académie de la Grande Chaumière celui d'André Lhote. C'est là qu'elle forge petit à petit son style qui, dans une synthèse de l'art maniériste de la Renaissance et du néo-cubisme, va correspondre parfaitement à la mode de son temps. L'envol de sa carrière coïncide avec sa première exposition personnelle à Milan en 1925. En France, elle participe pleinement à la vie artistique et mondaine parisienne où elle rencontre André Gide, Suzy Solidor, de riches industriels, des princes russes émigrés, etc. En 1928, elle installe sa maison-atelier au no 7 de la rue Méchain, dans le 14e arrondissement, conçue par Robert Mallet-Stevens. A partir de 1929, elle expose simultanément en Pologne (médaille de bronze à l'exposition internationale de Poznan), à Paris (dans quatre salons et à la galerie Colette Weil) et aux États-Unis (Carnegie Institute de Pittsburgh).
Tamara de Lempicka occupe une place à part dans l'art du 20e siècle : malgré une production modeste (à peine 150 tableaux dans sa meilleure période, qu'on situe entre 1925 et 1935), ses œuvres évoquent et reflètent le style et la mode des années folles de l'entre-deux-guerres. Avec une stylisation néo-cubiste, ses œuvres, principalement des portraits, se caractérisent par un modelé accentué, des couleurs vives mais dans une gamme restreinte, mises en valeur par des fonds gris ou noirs. La composition très resserrée s'inspire du cadrage cinématographique. Bien que la nature morte ne soit pas sa spécialité, elle en a peint une vingtaine.
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2020- A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau
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