Oscar Dominguez (1906-1957)
Compotier
Collection privée
Que voit on ? C'est la limite de l'abstraction pour une nature morte ...et pour Dominguez une stylisation extrême de son sujet favori : le compotier. Sur une structure et un fond doré très japonisant, les deux fruits posés aux extrémités du compotier, sont des leurres : on pense à une cerises ou à une pomme mais ce sont fruits sans doute inspirés de la recherche médicale et de la fascination exercée sur certains surréalistes par les premières photos de structures bactériennes et virales microscopiques observées alors en laboratoire. Tout à fait d'actualité !
Rappel biographique : Óscar Domínguez est un peintre surréaliste espagnol qui a fait l'essentiel de sa carrière à Paris dans le groupe des Surréalistes. Il vient à Paris pour la première fois en 1927, pour surveiller les affaires de son père, riche négociant agricole à Ténérife. Il en découvre la vie nocturne, dépensant l'argent familial. En 1928, il rentre à Tenerife pour effectuer son service militaire et commence à exposer. Revenu à Paris dès 1929, il doit à la mort de son père, en 1931, gagner sa vie en réalisant des illustrations pour la publicité.
Ses premières toiles surréalistes datent de 1932. Il est, en 1934, intégré au groupe parisien dans lequel il introduit, selon André Breton, « le sifflement ardent et parfumé des îles Canaries. » Domínguez participe jusqu'en 1940 aux expositions du groupe.
Sous l'Occupation, il séjourne à Marseille, à la villa Air Bel et travaille au fameux Croque fruit. Il rejoint fin 1941 son ami le poète Robert Rius à Paris et participe aux activités du groupe la Main à plume, dont il est l'un des principaux illustrateurs. Pendant cette période, il réalise sa première exposition personnelle à la galerie Louis Carré (1943) où il montre une œuvre marquée de plus en plus par l'influence de Picasso. Après la guerre, cette évolution picturale lui vaut d'être écarté par Breton.
Surnommé « le dragonnier des Canaries » par André Breton, « l'ours mal léché à la tête d'hidalgo gigantesque » par le photographe Brassaï, ou plus simplement « Putchie » par sa maîtresse la vicomtesse de Noailles, Domínguez, personnage extrême, mythique, pouvait se montrer violent. Provocateur, il avait présenté en décembre 1945, lors de la grande exposition « Surréalisme » de Bruxelles, une inscription murale géante :
« Je souhaite la mort de trente mille curés toutes les trois minutes. »
Óscar Domínguez se donne la mort en s'ouvrant les veines le 31 décembre 1957 dans son atelier de la rue Campagne-Première à Montparnasse. Avec lui disparaît le dernier peintre maudit de Montparnasse.
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Un blog de Francis Rousseau
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