Pierre Bonnard (1867-1947)
La Table de Toilette, 1908
Huile sur toile, 52 x 45.5 cm
Musée d'Orsay, Paris
Que voit-on ? Une table de toilette effectivement avec son pichet d'eau et sa cuvette ainsi que des éponges rassemblées dans un petit panier suspendu sur un côté du miroir, quelques flacons d'onguents et de parfums et une boite de poudre de riz. Le comble du modernisme pour cette toilette dite "mouillée" en opposition à la" toilette sèche" qui fit fureur pendant tout le 18e siècle et pour laquelle l'on utilisait jamais d'eau ! C'est aussi pour Bonnard le prétexte aànous donner, à travers le reflet dans le miroir, un magnifique nu sans visage, mêlant ainsi, un peu à la façon des romains de l'Antiquité, la nature morte et le nu.
Rappel biographique : le peintre français Pierre Bonnard est
connu pour ses peintures de personnages, ses nus, ses portraits, ses
paysages animés, ses intérieurs et ses natures mortes de fleurs et
fruits. Bonnard est un artiste post-impressionniste, membre du groupe
des Nabis qui regroupait autour de Paul Serusier, Paul René Piot, Henri-Gabriel Ibels, Maurice Denis, Édouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel, Paul Ranson, Jan Verkade, Félix Vallotton,
Georges Lacombe, Mogens Ballin, József Rippl-Rónai, Charles Filiger,
Adolf Robbi, ainsi que Georges Joseph Rasetti et le sculpteur Aristide
Maillol. En réaction à l'impressionnisme, les Nabis veulent libérer leur
peinture des exigences du réalisme : « Ensemble, nous avons méprisé
l'école et les écoles, les rapins, leurs traditions, leurs farces et
leurs bals inutilement nudistes. Ensemble nous nous sommes sérieusement
amusés ». Les artistes nabis cherchent des voies plus spirituelles
au contact de philosophies et de doctrines nouvelles teintées d'Orient,
d'orphisme, d'ésotérisme, et de théosophie. Ils s'appliquent à retrouver
le caractère « sacré » de la peinture et à provoquer un nouvel élan
spirituel par le seul moyen de l'art.
Une fois devenu célèbre,
Pierre Bonnard fut connu pour ne pouvoir s’empêcher de retoucher ses
toiles une fois celles-ci achetées et exposées dans un musée. Ses amis
appelaient ça « bonnarder » ou « bonnardiser ». Un journaliste relate
cette attitude devenue visiblement coutumière. « Au musée de Grenoble
et au Musée du Luxembourg, il arriva à Bonnard de guetter le passage
d'un gardien d'une salle à l'autre, de sortir d'une poche une minuscule
boîte garnie de deux ou trois tubes et, d'un bout de pinceau,
d'améliorer furtivement de quelques touches un détail qui le
préoccupait. Et, son coup fait, de disparaître, radieux, comme un
collégien après une inscription vengeresse au tableau noir. »
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Un blog de Francis Rousseau
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