John Stewart (1919-2017)
Two figs, Two Nuts, 1975
Tirage photographique
Collection privée
Que voit-on ? Exactement ce que le titre décrit; posés sur un linge blanc déplié dont on aperçoit les plis et qui est très inspiré des natures mortes espagnoles des 16 et 17e siècle, un référence très fréquente dans l'œuvre de ce photographe.
Rappel biographique : John Stewart est né à Londres en 1919 puis a
été élevé à Paris. En 1951, sa rencontre avec Henri Cartier-Bresson,
lors de l’inauguration de la Chapelle de Matisse à Vence marque
«l’instant décisif» de sa vie de photographe. Il se remettait alors de
six années de guerre dans l’armée britannique, dont trois ans et demi
dans des camps de prisonniers japonais en Thaïlande sur la Rivière Kwai.
II devait sa survie à l’apprentissage de la langue japonaise, qui lui
permit d'acquérir le statut de prisonnier-interprète, moins pénible que
celui de manœuvre. Son endurance morale, sa résilience, même se résume
dans ce conseil : " Quoique qu’il se passe, ne jamais perdre
l’émerveillement d’être en vie et toujours rester en mesure de se dire,
aujourd’hui j’ai vu ou senti ceci, que je n’aurais jamais pu connaître
auparavant ". Avant le milieu des années 50, fort de sa passion
pour la photographie, il part s'installer à New York où il devient
rapidement, aux côtés de Richard Avedon et d’Irving Penn, l’un des
collaborateurs d’Alexey Brodovitch pour le prestigieux magazine de mode
Harper’s Bazaar. Puis c'est la revue Fortune qui fait appel à lui et lui
permet de photographier des personnalités aussi diverses qu'Andy Warhol
ou Muhammnad Ali. Dans les années 50 toujours, à la demande de Diana
Vreeland et d’Alex Liberman, il travaille plusieurs années pour un
autre grand magazine de mode, celui de de Condé Nast cette fois ci,
Vogue, dont c'est véritablement dans ces années là, la période d'or.
Une deuxième aventure asiatique s'offre à lui quand on lui propose le
poste de conseiller technique pour le film Le Pont sur la Rivière Kwai
tourné au Sri Lanka. C’était le début de nombreux voyages en Asie – une
année entière au Ladakh, la remontée de la Rivière Kwai et l’entrée en
Birmanie avec les « guerilleros », deux mois dans une province du Tibet
interdite aux étrangers, et en 1996 l’établissement d’une organisation
caritative (ONG) avec Michèle Claudel au Cambodge.
En 1976, après 20 années de photographie de reportage, de mode et de
publicité aux Etats-Unis et en France, John Stewart change de braquet et
décide de développer un travail plus personnel.
De retour en France, tournant résolument le dos à la photographie en
couleur qui fit sa réputation dans les magazines, il se passionne pour
la nature morte et devient un maître du noir et blanc et des tirages
d’art avec l’aide de la famille Fresson, dont la technique de tirage au
charbon contribue largement au rendu unique de ses natures mortes. Le
tirage au Charbon a été élaboré en 1890 par Michel Fresson. qui
utilisait, comme pigment, le pied de vigne calciné plutôt que les sels
d’argent, base de toute la photographie jusqu’à l’arrivée du numérique.
Sa pratique requiert un long travail (trois jours pour sortir un tirage
60x80 cm), et une étroite collaboration entre le photographe et le
tireur pour arriver à un résultat d’une résonance et d’une richesse
caractéristiques du “charbon”. Ces tirages qui ne sont pas sensibles aux
rayons ultra-violets et qui sont stables en dépit de leur exposition au
soleil, dépendent en revanche énormément du “coup de main” et des
conditions météorologiques, si bien il est impossible d’obtenir une
constance absolue. C'est ce qui rend chacun de ces tirages unique. A
partir de ce moment là, pour John Stewart, les expositions se succèdent
rapidement : la première à NewYork, la deuxième à la Bibliothèque
Nationale de France à Paris, en 1976, puis son travail est montré à
Genève, Shanghai, Hong Kong, Londres... Le Metropolitan Museum de New
York à été le premier musée à lui acheter des tirages. Les oeuvres de
John Stewart sont désormais exposées dans plus de 60 musées et galeries
dans le monde. En 2004, Jan Krugier a présenté ses images à la FIAC et
la Galerie Acte 2 a organisé une rétrospective de son œuvre en 2008. Il a
également été exposé en 2009 à la Galerie Pia Pierre à Shanghaï, à la
Galerie Binôme, au Art Fair de San Francisco, à Art Basel Miami et à
Genève en 2010. La même année, la Gallery Tristan Hoare de Londres lui a
organisé une rétrospective. Il a également exposé en 2014 à la Galerie
Anne Clergue à Arles une série de " Véroniques" qui sont une référence directe à
l'œuvre de Zurbaran.
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2022 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau
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