Giovanna Garzoni (1600-1670)
Natura morta con una ciotola di citrati, 1640
Tempera sur toile
Getty Center
Que voit on ? Ce que décrit le titre a quoi s'ajoute les fleurs de cédrats aux pétales en étoiles très caractéristiques des fleurs d'agrumes. La mouche sur l'un des fruits est - à cette époque de la peinture de la nature morte - le symbole de la mort (la mort du fruit en tout cas !), toute nature morte étant avant tout et encore un memento mori.
Rappel biographique : Giovanna Garzoni est sans aucun doute l'une des plus extraordinaires peintres de nature morte de l'Ecole Napolitaine non seulement par sa façon de peindre (par petites touches rapprochées immédiatement identifiable) et par les supports sur lesquels elle a peint (toujours des petits formats sur parchemin ou papier) que par l'immense célébrité qu'elle acquit de son vivant, faisant d'elle, l''une des peintres les plus adulées et les plus demandées de son époque.
Après un premier séjour à Venise entre 1625 et 1630, où ses premières oeuvres la font immédiatement remarquer de quelques grandes familles de la ville, elle commence très rapidement à travailler pour les grandes cours d'Italie. A Rome, elle reçoit des commandes de la famille Colonna. A Naples, elle entre au service du vice-roi. Entre 1632 et 1637, elle est employée par Victor-Amédée Ier de Savoie.... Toutes les cours de la péninsule se l'arrachent et veulent posséder des oeuvres d'elle. Giovanna Garzoni passe d'une cour à l'autre, consciente de sa valeur et de son succès et travaillant toujours pour le plus offrant !
Entre 1642 et 1651, on la retrouve comme peintre de la prestigieuse cour grand-ducale de Florence, où elle restera le plus longtemps, forte de l'infaillible soutient et de l'admiration (presque sans limite) d'une bonne partie de la famille Medicis Le grand-duc Ferdinand II de Medicis et son épouse Vittoria della Rovere, son cousin le prince Laurent, et les cardinaux Carlo, Giovancarlo et Leopoldo, furent ses grands admirateurs, et ses soutiens constants, à tel point que les galeries florentines conservent encore aujourd'hui un nombre considérable de ses oeuvres. Bien avoir quitté la cour Florentine pour retourner à Rome en 1650, elle continue à travailler pour elle, comme si un lien indefectible les liait. C'est ainsi qu'entre 1650 et 1670, sur commande de Ferdinand II de Médicis pour la Villa di Poggio Imperiale, elle exécuta vingt petits natures mortes absolument qui restent parmi les plus belles de son époque ; plusieurs sont aujourd'hui conservées au Palais Pitti à Florence.
En 1666, Giovanna Garzoni, sans enfants, légua toute sa succession à l'association romaine de peinture Accademia di San Luca, à condition que celle ci lui fasse construire un tombeau dans l'église Santi Luca e Martina. On peut toujours voir aujourd'hui ce monumental tombeau, oeuvre de Mattia de Rossi, à la droite de l'entrée de cette église.
Largement autodidacte, il est probable que Giovanna Garzoni ait été influencée par plusieurs de ses contemporains à commencer par la peintre Fede Galizia mais aussi sans doute par le napolitain Giovanni Battista Ruoppolo ou par Jacopo Ligozzi (présent dans les collections grand-ducales florentines). Outre ses natures mortes, elle fut aussi l'auteur d'illustrations botaniques, de petits portraits, de copies de tableaux, privilégiant toujours la technique de la détrempe sur parchemin et les petits formats.
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