Vincent van Gogh (1853-1890)
Une paire de bottes,1887
Huile sur toile, 32,7 x 41,3 cm
Baltimore Museum of Art
Que voit on ? Le motif des souliers usés que Van Gogh a repris de très nombreuses fois comme dans Les Souliers ou dans Nature morte à la paire de Chaussures, 1888, ou encore Nature morte aux Sabots rappelle le caractère obsessionnel de certains sujets choisis par le peintre. Faisant fi des conventions ou des règles privilégiant le choix des « beaux » sujets (fleurs, fruits, livres???), Van Gogh va peindre et repeindre inlassablement ces chaussures délacées, délaissées, usées jusqu'à la corde qu,i selon certains, donneraient à voir une humanité aussi émouvante sinon plus que ne pourraient le faire une série de portraits. Concernant cette parie en particulier, un collègue étudiant de Van Gogh à Paris rapporta qu'il les avait acheté au marché aux puces avec l'intention de les utiliser pour une nature morte. Ne les trouvant pas assez "parlantes", il aurait décidé de les porter lors d'une longue promenade sous la pluie. C'est en revenant de cette promenade qu'il décida de les peindre.
Rappel biographique : Au début du mois de mars 1886,
Vincent van Gogh rejoint son frère Theo à Montmartre, avec l'envie de s'informer sur les nouveautés de la peinture impressionniste. À l'époque, Theo est gérant de la galerie montmartroise Boussod, Valadon & Cie. Seule la connaissance du milieu artistique parisien peut véritablement permettre à Van Gogh de renouveler et d'enrichir sa vision. Cette année-là est celle de la dernière exposition impressionniste que Vincent découvre, et en 1887 doit avoir lieu la première rétrospective de l’œuvre de Millet. Paris se prépare alors à accueillir plusieurs expositions : en plus du Salon, où sont exposées les œuvres de
Puvis de Chavannes, Van Gogh visite les salles de la cinquième exposition internationale à la galerie Georges Petit, qui présente des toiles d'
Auguste Renoir et de
Claude Monet. Ces derniers n'avaient pas souhaité participer à la huitième et dernière exposition des impressionnistes, qui offrait le spectacle d'un groupe déchiré, entre les défections et les nouvelles arrivées, et ouvrait ses portes à la nouveauté du moment, le néo-impressionnisme, avec la toile de
Georges Seurat, Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande Jatte. À Paris dans les années 1886-1887, Van Gogh fréquente un moment l’Académie du peintre Cormon, où il fait la connaissance de
Henri de Toulouse-Lautrec, de Louis Anquetin, d’
Émile Bernard ainsi que de John Peter Russell. Ce dernier réalise son portrait. Il rencontre également, par l’intermédiaire de son frère, presque tous les impressionnistes, en particulier Georges Seurat et
Camille Pissarro, ainsi que
Paul Gauguin. Dans la boutique du père Tanguy, il devient l'ami de
Paul Signac. Sous l’influence des estampes japonaises, ses compositions acquièrent peu à peu davantage de liberté et d’aisance, tandis qu’il s’essaie à la technique de l’aplat coloré. Pissarro l’initie également aux théories nouvelles sur la lumière et au traitement divisionniste des tons. La palette de l'artiste s’enrichit alors de couleurs vives et sa touche s’anime et se fragmente, ceci grâce également à Signac avec qui il travaille en 1887. Exalté par la ferveur du climat artistique parisien, Van Gogh brûle les étapes de son renouvellement artistique grâce à la fréquentation des peintres les plus anticonformistes du moment : il s'essaye au néo-impressionnisme auprès de Signac et Pissarro, enquête sur les profondeurs psychologiques du portrait avec son ami Toulouse-Lautrec, est précocement informé de la synthèse du cloisonnisme par ses compagnons Louis Anquetin et Émile Bernard, et peut apprécier les toiles exotiques réalisées par Gauguin en Martinique. Régénéré par cette modernité, il est prêt à réaliser son rêve méditerranéen, à la recherche de la lumière aveuglante de la Provence, qui fait resplendir les couleurs pures de la nature, étudiées jusque-là dans sa collection d'estampes japonaises. C'est une période très fertile où son art s'oriente vers l'impressionnisme, mais l'absinthe et la fatigue aggravent son état mental. Le 19 février 1888, il quitte Paris....
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