Frédéric Bazille (1841-1870)
Nature morte aux poissons (1856)
Collection particulière
Que voit on ? Deux poissons et un panier de moules posés sur une caisse en bois partiellement recouverte d'un linge blanc. Les natures mortes de Bazille ne sont pas fréquentes, le peintre préférant la peinture de paysages... Celle-ci récemment entrée dans une collection privée fait écho aux
Deux Harengs conservés au Musée Fabre à Montpellier.
Rappel Biographique : Jean Frédéric Bazille est un des premiers grands peintres impressionnistes français mort au combat le 28 novembre 1870 à Beaune-la-Rolande (Loiret).
Une balle de fusil peut-elle changer le cours de l'histoire des arts ? Certainement, puisqu'un coup de feu prussien a fauché, le 28 novembre 1870, à Beaune-la-Rolande, le sergent-major Frédéric Bazille, peintre au civil et l'un des plus prometteurs de sa génération. Il n'avait pas 29 ans et ne saurait jamais que sur lui et ses amis
Monet,
Renoir,
Sisley, allait se lever le soleil de l'impressionnisme.
Cent cinquante ans plus tard, quelle a été la destinée de la soixantaine de tableaux qui forment l'œuvre de Bazille ? L'oubli profond d'abord, puis une timide résurrection due à l'historien d'art Henri Focillon en 1926. Mais il faudra attendre les années 1950-1960 pour qu'un vrai regard soit porté sur sa peinture, l'extrayant du cercle très local des initiés montpelliérains. C'est l'époque où ses tableaux s'évadent du cénacle familial et rejoignent les cimaises des musées américains. Le musée Fabre de Montpellier complète, dès qu'il le peut, son fonds déjà conséquent et monte en 1992 une exposition, puis à l'été 2016, cette rétrospective avec le musée d'Orsay et la National Gallery of Art de Washington
.
Frédéric Bazille aspirait pourtant à la lumière. Sans arrogance, mais sans fausse modestie non plus. « Je suis lancé et tout ce que j'exposerai dorénavant sera regardé », écrit-il à son frère, après que sa Scène d'été a été exposée au Salon de 1870 : une magnifique composition, peinte pendant l'été 1869, de jeunes garçons se baignant sous les ombres des pins et des bouleaux, une scène de nu moderne et une célébration du plein été. Fraîcheur de l'eau, délassement des corps et des esprits, allégresse d'un ciel céruléen… C'est aussi la glorification du Sud à laquelle se voue Bazille, cette Arcadie natale (« itinéraire spirituel »), vive dans ses couleurs et sa lumière, dont il revendique l'héritage légitime mais saisonnier, lui qui est devenu un exilé parisien.
Né en 1841 dans la bourgeoisie protestante de Montpellier, Bazille construit son œuvre trop brève entre ces deux pôles de sa vie, géographiquement et mentalement bien éloignés l'un de l'autre. Les bords du Lez, Aigues-Mortes, la propriété familiale du Domaine de Méric, surtout, qui composent cet inoubliable territoire de l'enfance, le « paradis des grandes vacances ».
Et puis le Nord, la Normandie des artistes, la forêt de Chailly et Paris, où il prend pied en 1862, ayant obtenu de ses parents l'autorisation de venir y poursuivre une éducation artistique commencée à Montpellier avec Joseph Baussan. Condition sine qua non : poursuivre ses études de médecine. Comme on peut s'en douter, les bancs de la faculté ne recevront pas souvent la visite de Bazille et, à partir de 1864, il n'appartient plus qu'à la peinture.
Car, sitôt parisien, il s'est inscrit aux cours de
Charles Gleyre La formation qu'il trouve rue Notre-Dame-des-Champs sera décisive, les rencontres qu'il y fait vont orienter sa vie : ses meilleurs amis se nomment Claude Monet, Auguste Renoir et Alfred Sisley. Le séjour de Bazille à Paris est presque entièrement l'histoire de leurs pérégrinations complices.
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