Philip Guston (1913-1980)
Transition, 1975
Huile sur toile, 168 x 205 cm
Smithsonian American Art Museum.
Que voit on ? Une belle illustration de l'univers toujours assez spécial, ambigu et humoristique de Philip Guston. Cette nature morte qui semble être faite de tranches de pain de mie (un motif récurrent chez ce peintre) se révèle être en réalité une accumulation de semelles de chaussures usagées (un autre de ses motifs récurrents !). Une main appuyée sur une chaise témoigne qu'un propriétaire gît quelque aart sous la table .. à la recherche de l'orpheline de la paire sans doute !
Rappel biographique : Philip Guston,
né Phillip Goldstein est un peintre américain. Il est rattaché à la New
York School parmi laquelle figurent de nombreux membres de
l'expressionnisme abstrait tels que Jackson Pollock ou Willem De
Kooning.
En 1970, alors très reconnu comme un grand peintre de
l'expressionnisme abstrait, Guston fait scandale en présentant, à la
Marlborough Gallery à New York, de nouvelles peintures figuratives,
peintes dans un style enfantin, proches de la bande dessinée et
représentant de simples objets, livres, chaussures, immeubles, paysages
urbains inquiétants, peuplés de la figure récurrente du Klansman (membre
du Ku Klux Klan). Inspiré par le dessin des comics de Robert Crumb et
le désir de « raconter des histoires », il renoue avec les thèmes
sociaux de ses premières années. La figure du Ku Klux Klan revient comme
symbole des violences sociales. Beaucoup ne lui pardonneront pas
d'avoir rompu avec la tradition moderniste. Ainsi, Hilton Kramer, le
critique d'art du New York Times, le qualifie de « mandarin qui fait
semblant d'être un abruti » dans un célèbre article sur l'exposition de
la Marlborough Gallery. Robert Hughes ; le critique de Time Magazine
qualifie ces nouvelles peintures de « Ku Klux Komix ». Seul De Kooning
qui lui écrit : « Tu sais quel est ton sujet : c'est la liberté ! », et
un cercle de proches le soutiendront dans cette évolution. Vers la fin
de sa vie, Guston s'installe alors à Woodstock où il fait la rencontre
de Philip Roth avec qui il se liera d'une longue amitié. Demeuré un
temps sans galerie, il rejoint David McKee, un ancien de la Marlborough
qui vient d'ouvrir sa propre petite galerie au Barbizon Hotel, auquel il
restera fidèle jusqu'à la fin de sa vie.
Depuis sa mort, l'influence de Philip Guston au sein de la jeune peinture new-yorkaise et américaine n'a cessé de grandir.
De
nombreuses rétrospectives lui ont été consacrées depuis les années
1990, entre autres à Paris au Centre Pompidou, à Londres à la Royal
Academy, au SFMOMA à San Francisco, à l'IVAM à Valencia, ou encore au
MASS MoCA à North Adams.
Il est significatif que la grande exposition
consacrée à l'expressionnisme abstrait new-yorkais par le Museum of
Modern Art de New York, en 2010-2011, se soit clôt avec une grande
peinture figurative de Philip Guston réalisée du début des années 1970,
comme pour annoncer l'avènement d'une nouvelle ère dont Guston serait
l'origine.
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2023- A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau
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