Luis Egidio Meléndez-(1716-1780)
Bodegón con granadas y manzanas, cajas de dulces y otros recipiente
Nature Morte aux grenades et pommes, boîtes de bonbons et autres contenants
Huile sur toile 37 x 49 cm
Musée national du Prado, Madrid
Que voit-on ? Dans cette œuvre, Meléndez représente différentes boîtes de bonbons, rondes et rectangulaires. Il faut savoir que les bonbons étaient une friandise luxueuses réservée aux grandes occasions. Avec la pulpe fruits des pommes et des grenades, on fabriquait une gelée ou une pâte de fruits qui, pendant un repas, accompagnait les viandes. On aperçoit aussi deux objets en faïence de Manises, l'un plutôt noir et l'autre aux reflets cuivrée, comme il y en souvent dans les natures mortes de Melendez ; leur rôle était de conserver les aliments que l'on ne consommait pas immédiatement. Ces faïences étaient les ancêtres des boites de conserve, en quelque sorte. Ces pots aux reflets métalliques ou dorés ont été introduit en Espagne par les Maures (Moriscos) et leur fabrication a décliné après leur expulsion en 1609. Le secret des plus beaux reflets dorés et lumineux a été perdu, avec leur départ et les poteries fabriqée au 18ème siècle (comme celle ci dessus) ont des reflets plus rougeâtres que dorés.
Rappel biographique : Le peintre espagnol d'origine napolitaine, Luis Egidio Melendez a fait carrière presque exclusivement à Madrid. Contemporain de Goya, il est considéré aujourd'hui comme l’un des meilleurs peintres de natures mortes du 18e siècle, réputation qu'il n'avait pas de son vivant qu'il a passé dans une misère noire. C'est son père, Francisco Meléndez et Louis Michel van Loo (dont il est l'assistant de 1742 à 1748) qui assurent sa formation de peintre.
Le futur Charles IV d'Espagne lui commanda une grande série de natures mortes (dont celle ci-dessus) dont une partie importante est aujourd'hui conservée au musée du Prado à Madrid.
Ses toiles peintes dans de petits formats (jamais plus de 50 cm) dans la grande tradition de l'austérité espagnole, n'en foisonnent pas moins d'une minutie des détails. toujours peints avec une absolue perfection. La composition simple et le contraste clair-obscur, s’inscrivent dans la tradition des natures mortes baroques de Zurbaran et de Cotan. Comme eux, Meléndez étudia les effets de lumière, la texture et la couleur des fruits et des légumes, ainsi que celles des récipients en céramique, verre et cuivre ou pailles. À la différence des maîtres du 17e siècle, il présente le sujet plus près du spectateur, en légère plongée. Ce sont des objets disposés sur une table, ce qui donne à ses formes une certaine monumentalité. Le genre permet au spectateur d’étudier l’objet par lui-même. Les fonds sont neutres, et c'est un puissant éclairage qui mettent valeur les contours de l’objet. C’est ainsi qu’il représente le duvet des fruits, les transparences des peaux des raisins, les intérieurs brillants des pastèques et quelquefois les accidents présents à la surface des fruits (comme ici avec les figues vertes).
Chaque toile de Meléndez est minutieusement composée et fait l'objet d'un mise en scène précise afin de créer le plus grand réalisme possible. Les « grands thèmes » n’intéressèrent jamais Meléndez qui portent surtout son attention sur les choses de la vie quotidienne, sur l’observation et l’étude de la nature. Il fut souvent comparé à Chardin, jusqu'à être même parfois surnommé le « Chardin Espagnol » ce qui est assez stupide eut égard au caractère unique de son style et à tout ce qui différencie ces deux grands peintres.
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