Pierre Bonnard (1867-1947)
Salle à manger sur le jardin, 1934-35
Huile sur toile 135 x 127 cm
Solomon R. Guggenheim Museum
Que voit on ?
Une étonnante nature morte de Bonnard non pas tant à cause de la
situation dans une salle à manger donnant sur un jardin (ce n'est pas la
première ni la dernière qu'il a peint ainsi), ni à cause de la
présence d'un personnage (ce qu'il réitéra souvent aussi) mais surtout à
cause du saisissant contraste qui existe entre la luminosité de
l'intérieur et l'ombre de l'extérieur du jardin où pourtant le ciel et
la mer sont limpides ... Un contre-jour sous lequel les
couleurs explosent littéralement.
Rappel biographique : le peintre français
Pierre Bonnard
est connu pour ses peintures de personnages, ses nus, ses portraits,
ses paysages animés, ses intérieurs et ses natures mortes de fleurs et
fruits. Bonnard est un artiste post-impressionniste, membre du groupe
des Nabis qui regroupait autour de
Paul Serusier, Paul René Piot, Henri-Gabriel Ibels,
Maurice Denis,
Édouard Vuillard, Ker-Xavier Roussel, Paul Ranson, Jan Verkade, Félix
Vallotton, Georges Lacombe, Mogens Ballin, József Rippl-Rónai, Charles
Filiger, Adolf Robbi, ainsi que Georges Joseph Rasetti et le sculpteur
Aristide Maillol. En réaction à l'impressionnisme, les Nabis veulent
libérer leur peinture des exigences du réalisme : « Ensemble, nous avons
méprisé l'école et les écoles, les rapins, leurs traditions, leurs
farces et leurs bals inutilement nudistes. Ensemble nous nous sommes
sérieusement amusés ». Les artistes nabis cherchent des voies plus
spirituelles au contact de philosophies et de doctrines nouvelles
teintées d'Orient, d'orphisme, d'ésotérisme, et de théosophie. Ils
s'appliquent à retrouver le caractère « sacré » de la peinture et à
provoquer un nouvel élan spirituel par le seul moyen de l'art.
Une
fois devenu célèbre, Pierre Bonnard fut connu pour ne pouvoir s’empêcher
de retoucher ses toiles une fois celles-ci achetées et exposées dans un
musée. Ses amis appelaient ça « bonnarder » ou « bonnardiser ». Un
journaliste relate cette attitude devenue visiblement coutumière. « Au
musée de Grenoble et au Musée du Luxembourg, il arriva à Bonnard de
guetter le passage d'un gardien d'une salle à l'autre, de sortir d'une
poche une minuscule boîte garnie de deux ou trois tubes et, d'un bout de
pinceau, d'améliorer furtivement de quelques touches un détail qui le
préoccupait. Et, son coup fait, de disparaître, radieux, comme un
collégien après une inscription vengeresse au tableau noir. »
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