jeudi 30 novembre 2017

Estêvão Silva (1844-1891)


Estêvão Silva (1844-1891) 
Natureza morta, 1888
Museu Afro Brasil Sao Paulo 

 Que voit on ? une magnifique composition de ce grand peintre brésilien très peu connu en Europe qui présente sur le fond noir si cher aux peintres hispaniques, un amoncellement de légumes quotidiens européens (navets, oignons rouges, radis) groupés autour d'un énorme chou vert, offrant une splendide étude de couleurs sur l'emploi des complémentaires.   

Rappel biographique : Stephen Roberto da Silva plus connu sous le nom d' Estêvão Silva est né et mort  au Brésil. Peintre, dessinateur et professeur, il eut une importance majeure dans son pays dans la seconde moitié du 19e siècle. Premier éminent peintre d'origine africaine diplômé de l'Académie impériale des Beaux-Arts du Brésil, il fut célèbre pour ses natures mortes, dont il est considéré comme l'un des plus grands maîtres brésiliens. A l'Académie impériale des Beaux-Arts de Rio de Janeiro, il fut été très influencé par son professeur Agostinho José da Mota, le tout premier peintre de natures mortes brésiliennes. Dans les années 1880, il se joint au groupe Grimm, renforçant la proposition novatrice de ses membres : l'étude de la nature par l' observation directe et la peinture en plein air.

mercredi 29 novembre 2017

Emilie Preyer (1849-1930)


Emilie Preyer (1849-1930) 
Plums and Apricots
Private collection 

Que voit on ?  Un magnifique exemple de traitement de texture presque parfait. Très académique mais très réussi, l'un n'empêchant heureusement pas l'autre !  Sur le côté droit de la toile : une mouche veille,  comme dans les natures mortes de l'âge d'or,  annonçant la décomposition prochaine des fruits, déjà bien entamée sur les feuilles des prunes.  

Rappel biographique : Emilie Preyer est une peintre allemande de natures mortes. Elle apprend la peinture auprès de son père Johann Wilhelm Preyer, lui-même peintre de natures mortes, dans la grande tradition nordique de la pratique familiale de ce genre pictural.  Les femmes n'étant pas acceptées dans les écoles des beaux-arts de l'Allemagne du 19e siècle, elle entre comme  élève libre à l'Académie des beaux-arts de Dusseldorf avant d'exposer à Berlin, Dresde et Dusseldorf. Dans ses natures mortes de fruits, elle opte volontiers pour  une lumière venant de côté, créant des ombres portée  et mettant l'accent sur le volume de petits objets ou le drapé des nappes. Elle acquiert une notoriété internationale dans le sillage de son père. Le Metropolitan Museum of Art de New York et la Picture Gallery de Philadelphie achètent ses tableaux ainsi que quelques importants  collectionneurs privés américains et anglais


mardi 28 novembre 2017

David Hockney (bn. 1937) - Still Life 1997


David Hockney (bn. 1937) 
Still Life 1997 
Private collection 

Que voit on ?  Un hommage à Matisse plutôt réussi techniquement et... du point de vue humoristique aussi. 

Rappel biographique :  David Hockney, est un  peintre, dessinateur, graveur, décorateur et photographe britannique, né en 1937 dans une famille anglaise modeste, quatrième enfant d’une fratrie de cinq. Il vit aujourd’hui dans le Yorkshire (Angleterre) sa province natale et à Londres,
après avoir vécu une grande partie de sa vie en Californie (Los Angeles), où il a d’ailleurs conservé son atelier (Santa Monica Boulevard) où sont stockées ses archives. Son père ayant été un objecteur de conscience pendant la seconde guerre mondiale, David Hockney a refusé de faire son service militaire entre 1957 et 1959. Après des études au Royal College of Art de Londres, il en sort diplômé en 1962.
 Il commence sa carrière comme dessinateur de presse pour le Sunday Times, au cours d’un voyage en Egypte. En 1964, il découvre la Californie, les polaroids, la peinture acrylique, les belles villas et leur piscine qui deviennent un des motifs principaux de ses œuvres.  Eloigné des courants les plus-avant-gardistes, Hockney pratique un art figuratif presque expressionniste où se mêlent portraits, photographies et videos.  En 1963, à New York, il rencontre Andy Warhol qui lui rendra plus tard plusieurs fois visites à Los Angeles. La légende veut que ce soit Warhol qui ait conseillé à Hockney de faire sa célèbre série sur les piscines « A bigger splash » . Homosexuel parmi les premiers à se revendiquer comme tel, David Hockney revient vivre à Londres en 1968 et prend pour compagnon  le réalisateur John Schlesinger, auteur notamment de Midnight Cow Boy (1969) ou Sunday Bloody Sunday (1971) autant de films militant ouvertement pour les droits des homosexuels dans une Angleterre qui  assimile toujours en justice  l'homosexualité à un crime. En 1973, Jack Hazan réalise un documentaire-fiction  qui lui est consacré intitulé  "A Bigger Splash"  qui assoit sa notoriété internationale naissante (le film est primé au Festival international du film de Locarno)   Entre 1974 et 1977, David Hockney s'installe à Paris où son travail tourne un peu en rond, avant de repartir en Californie en 1978.  En 1974, le Musée des Arts Décoratifs de Paris organise sa première rétrospective David Hockney. Il est considéré désormais comme une des figures du mouvement Pop Art des années 1960 et à ce titre, s'intéressa à peu près à tous les genres picturaux, bien qu'ayant développé, surtout ces dernières années,  une prédilection pour les paysages. Il a cependant peint beaucoup de nature mortes (surtout dans les années 1980) toujours traitée à sa façon, c'est à dire de manière décalée, anecdotique et toujours avec un indéniable talent de coloriste.
En 2010, il expose à Paris, à la Fondation Pierre Bergé - Yves Saint-Laurent, ses œuvres réalisées sur iPhone et iPad, il met aussi en avant la possibilité de rediffuser le processus créatif, à travers des logiciels  déclarant « La seule expérience semblable est celle où l’on voit Picasso dessiner sur du verre pour un film » 4 (en référence au film « Le Mystère Picasso » d'Henri-Georges Clouzot).
Le 2 janvier 2012, il a été nommé par la reine Elizabeth II, membre de l’Ordre du mérite britannique. Une grande exposition s'est ouverte le 23 janvier 2012 à la Royal Academy de Londres et au Musée Guggenheim de Bilbao où elle restée en place pendant tout  l'été 2012 et a connu un immense succès.

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2017 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau

lundi 27 novembre 2017

Edouard Vuillard (1868-1940 - La saucière


Edouard Vuillard (1868-1940)
La  saucière, 1897
Collection privée

Que voit on ? Une saucière en effet dans cette composition quelquefois faussement répertoriée sous le titre "Saucière et rond de serviette". Sur un guéridon recouvert d'une épais tapis de table, on aperçoit aussi une théière en étain qui semble vouloir danser sur la table, un verre à godrons, un flacon en verre contenant un liquide vert (absinthe ?) avec son bouchon de cristal. Il y a aussi trois serviettes : deux enroulées dans des ronds de serviette rouges et une soigneusement repliée à côté du verre. Au loin sur la gauche : une ouverture vers le jardin qui invite à la promenade. Visiblement le repas est terminé.

Rappel biographique : Le peintre français Jean-Édouard Vuillard  qui est connu pour  être le fondateur du mouvement Nabis  a peint aussi bien des portraits que des intérieurs,  des natures mortes, des compositions murales et des décors de théâtre. Vuillard exposa pour la première fois au Salon des Indépendants en 1901 et au Salon dAutomne en 1903. C'est dans le années 1890 qu'il  fit la connaissance des frères Alexandre et Thadée Natanson, les fondateurs de la Revue Blanche, et en 1892, sous leur conseil, il fit ses premières décorations (fresques d'appartements) pour la maison de Madame Desmarais. Plus tard il reçut de nombreuses commandes semblables. En 1895 pour Alexandre Natanson, en 1898 pour Claude Anet, en 1908 pour Bernstein et en 1913 pour Bernheim et pour le Théâtre des Champs Elysées. Les dernières commandes qu'il reçut datent de 1937 (Palais de Chaillot à Paris, avec Bonnard) et de 1939 (Palais des Nations à Genève, avec Denis, Roussel y Chastel).

dimanche 26 novembre 2017

Jacopo Ligozzi (1547-1627)




Jacopo Ligozzi (1547-1627)
Opus Sectile, opificui delle pietre dure, 1610
Oil on paper
Museo dell Opificio delle Pietre Dure Firenze

Rappel  Biographique : Fils de Giovanni Ermanno Ligozzi, issu  d’un milieu de brodeurs et de décorateurs de Vérone, Jacopo Ligozzi dessina d'abord un grand nombre d'animaux et de fleurs pour la cour des Habsbourg à Vienne. Invité à Florence par les Médicis, il s'installe dans la ville et devient l'un des artistes les plus marquants de la cour ducale. À la mort de Giorgio Vasari, en 1574, il le remplace à la tête de l'Académie du dessin de Florence et devient l'artiste en chef de l'atelier granducal, superintendant de la Galerie, premier peintre de la cour, servant François Ier, Ferdinand Ier, Cosme II et Ferdinand II, grands-ducs de Toscane.
Il compléta de ses peintures la Tribune des Offices, galerie privée des Médicis.
Rompant avec le maniérisme alors en vogue, il s'inspire de la nature et de ses merveilles (animaux et végétaux confondus), qu'il traduit par un foisonnement visuel - motifs végétaux, cartouches avec masques ou symboles macabres, scènes bibliques ou allégories le plus souvent rehaussés d’or - visible dans chacun de ses tableaux. Son dessin est dense, précis, très maîtrisé, avec des détails méticuleux.  Son  univers est  marqué du sceau de l’étrangeté et d’une singulière poésie, « obsédé par la damnation, la mort est une des figures les plus représentées en dehors des allégories et des scènes mystiques », où il se dégage cependant, une « grâce adoucissante et pieuse mais que d'aucuns trouvent funeste. »


Parmi ses élèves : Marie de Médicis, épouse du roi de France Henri IV et Bartolomeo Bimbi qui fut un de ses continuateurs dans le domaine de la nature morte, au service des Médicis.


samedi 25 novembre 2017

Igor Grabar - Игорь Эммануилович Грабарь (1878-1960)


Igor Grabar - Игорь Эммануилович Грабарь (1878-1960)
 Jam Jar and Apples. 1904.
Zakarpatskaya Picture Gallery, Uzhgorod

Rappel biographique : Igor Emmanouïlovitch Grabar (Игорь Эммануилович Грабарь) est un peintre, un historien d'art et un muséologue soviétique né  à Budapest (Autriche-Hongrie) et décédé à Moscou. Grabar fut (et reste) l'une des figures les plus importantes et les plus intéressantes de l'art Russe puis de l'art officiel soviétique.
En 1894, il entra à l'Académie impériale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg où il s'inscrivit dans l'atelier de peinture dirigé par Ilia Répine tandis que Pavel Tchistiakov lui enseignait le dessin. Bien que fervent admirateur de Répine, il fut rapidement déçu par son enseignement et en juillet 1895 il profita de l'offre du magazine Niva qui finançait un voyage d'étude en Europe occidentale, pour commencer à prendre ses distances. Lors de ce premier voyage en Europe dont le but était d'étudier les monuments de renommée mondiale et les chefs-d'œuvre des pinacothèques françaises, allemandes et italiennes, il  tomba en admiration chez le galeriste Ambroise Vollard, devant les toiles de Gauguin, de Cézanne et de Vincent van Gogh qu'il découvrait et qu'il surnomma « Le roi des peintres »... mais au-dessus duquel, il plaçait tout de même Diego Vélasquez.
En avril 1913, de retour en Russie, Igor Grabar fut nommé directeur de la Galerie Tretiakov, responsabilité qu'il accepta d'autant plus qu'on lui accordait une autorité illimitée dans la réforme du musée. Son passage se traduisit par une sélection et une présentation des œuvres fondées sur le principe historique.  
Survint la Révolution d'Octobre et Grabar eut à faire face,  à des problèmes financiers qu'il n'avait sans doute pas choisis dans la gestion de la Galerie Tretiakov, mais qu'il assuma avec intelligence et efficacité. Avec les nationalisations, celle de la Galerie Tretiakov, en 1918 d'une part, des collections d'œuvres d'art privées et du patrimoine religieux d'autre part, il y eut un tel afflux que, une à une, les salles d'exposition furent fermées au public et converties en entrepôts. Le manque de place exigeait l'agrandissement de l'édifice et en 1926 Alexeï Chtchoussev remplaça Grabar pour diriger la nouvelle Galerie Tretiakov.
A la suite de la Révolution d'Octobre, le ministre de la culture, Lounatcharski invita Grabar à fonder le Service de muséologie et de conservation des monuments historiques pour la région de Moscou sous l'égide du Commissariat du Peuple aux affaires culturelles. 
En 1923, il rédigea l'introduction et le catalogue de l'exposition d'Art de Russie aux États-Unis et participa à la présentation des œuvres à New York et dans d'autres villes.
En 1930, Igor Grabar abandonna toutes ses fonctions administratives, éditoriales, universitaires et même celle de rédacteur en chef de la Grande Encyclopédie soviétique pour se consacrer exclusivement à la peinture. 
De 1937 à 1943, il retourna à la fonction administrative et devint directeur de l'Institut national des Arts plastiques de Moscou, si bien que dès 1940 il avait retrouvé toute sa place dans l'establishment artistique soviétique.
C'est en 1944 que fut fondé l'Institut de recherche scientifique d'Histoire de l'Art placé sous l'égide de l'Académie des sciences d'URSS où il resta directeur jusqu'à sa mort en 1960. Il y publia une série d'ouvrages sur l'histoire de la peinture russe. Son activité exceptionnelle fut gratifiée du titre de peintre émérite du peuple de l'URSS, décorée de deux ordres, celui  de Lénine et celui de l'ordre du travail. Avec autant d'hommages officiels, d'importantes fonctions, vétéran chevronné des milieux artistiques et administratifs, âgé de 74 ans, Grabar put s'affranchir de la pression idéologique et ainsi rédiger un article nécrologique dans L'Art soviétique à l'occasion du décès de Leonid Pasternak en juin 1945.
En 1947, il rencontra Staline pour préparer les cérémonies du 800e anniversaire de la fondation de Moscou. Il persuada l'ombrageux secrétaire général du parti de rendre l'ancien monastère Andronikov, qui avait servi de prison, à la communauté artistique. Les vestiges du monastère restaurés par Baranovski devinrent le Musée central de la culture et de la peinture russe ancienne Andreï Roublev. 
En 1948, avec d'autres, il fut la cible d'une campagne de purges dirigée contre des personnalités des arts et des sciences, mais il parvint à conserver son siège à l'université et ses postes administratifs. 
En 1954, il participa à la rédaction de L'Architecture russe dans la première moitié du XVIIIe siècle,  une étude qui remettait en cause les connaissances recueillies par les historiens avant 1917. 
 Artiste on ne plus officiel de l'appareil soviétique, il n'hésita pas cependant dès la  mort de Staline en 1953, à être le premier à dénoncer publiquement le Réalisme socialiste soviétique et à payer sa dette à  Lentoulov et Konchalovsky. Cela lui valut d'être surnommé l'« anguille tricheuse » ou « Hérode le voleur ».
 Aujourd'hui, près d'un demi siècle après sa mort, Grabar, encore très détesté par certains ou trop admiré par d'autres,  reste un grand peintre post impressionniste russe dont le talent a traversé les aléas d'une histoire politique mouvementée. 

vendredi 24 novembre 2017

Henri Matisse (1869-1954) - Fruits et tasse à café


Henri Matisse (1869-1954) Fruits et tasse à café, 1899 Ermitage Museum, St Petersburg


Henri Matisse (1869-1954)
Fruits et tasse à café, 1899
Ermitage Museum, St Petersburg

Que voit on ? Matisse a 30 ans quand il peint cette nature morte qui omet dans le titre un autre élément important de la composition : la cafetière d'un modèle qui n'existe plus de nos jours, posée à gauche de la tasse et du plat de fruits. La facture est résolument impressionniste mais les couleurs, dont les nuances bleutées annoncent les heures glaciales du petit matin, disent à elles seules qu'il s'agit d'un peintre habité par une génie singulier...

Rappel Biographique : Le peintre français Henri Matisse, chef de file du Fauvisme figure majeure du 20e siècle, a peint tout au long de sa vie, un très grand nombre de natures mortes dans des styles aussi différents que les périodes qu'il a traversées. Il aimait particulièrement ce genre à tel point qu'une de ses toutes premières peintures connues, actuellement conservée au Musée Malraux du Havre (France) est une nature morte, Nature morte au pichet peinte en 1896-97. Les animaux marins, les poissons et les mollusques dont les huitres, fréquents chez Matisse, sont toujours des signes de son évolution vers une peinture simplifiée et synthétique. Son maître, Gustave Moreau lui avait dit avec clairvoyance et d’un léger ton de reproche : « Vous allez simplifier la peinture… » ou encore, « Vous n’allez pas simplifier la peinture à ce point-là, la réduire à ça. La peinture n’existerait plus… ». Il a aussi beaucoup regardé les estampes d’Hiroshige ou d’Hokusaï, dont on retrouve souvent  l’influence chez lui dès lors qu'il s 'agit de peindre la mer et les poissons. 


jeudi 23 novembre 2017

Jan Davidszoon de Heem (1606-1684) - Eucharistie entourée d'une guirlande de fruits


Jan Davidszoon de Heem (1606-1684)  
Eucharistie entourée d'une guirlande de fruits, 1648
Kunsthistorisches Museum Vienna 

 Que voit on ? Sur un fond de grisaille représentant la niche sculptée d'un autel idéalisé, trônant en majesté : un calice en argent finement ciselé d'or au dessus duquel flotte en lévitation, une ostie eucharistique rayonnante de lumière.  Autour de cette eucharistie -  sujet assez inhabituel d'une nature morte -  qui est le seul "objet" de cette composition à n'être porteur d'aucune symbolique que celle de sa propre représentation, les fruits eux symbolisent tous quelque chose de très précis dans la codification du 17e siècle. Groupés autour du calice qui lui même symbolise le sang versé par le Christ,  Le raisin symbolise l4incarnation du Christ, les cerises symbolisent le paradis, les pommes renvoient au péché originel d'Adam,   le citron à  l'amertume de la Chute, les épis de blés  à la Vérité de la Résurrection  et de la vie éternelle... il s'agit donc bien ici d'une nature véritablement sacrée.

Rappel biographique : Le peintre hollandais Jan Davidszoon de Heem est un des membres d'une véritable dynastie de peintres, dont quelques uns spécialisés exclusivement dans les nature mortes.  Ses premières œuvres sont dans le style de Balthasar van der Ast (1593/94-1657), son maître. Il travaille ensuite à Leyde et montre un style proche des toiles de Pieter Claesz (1595/97-1661) et de Willem Claesz Heda (1594-1680). En 1636 , il s'installe à Anvers dont il  devient citoyen de la ville, ce qui signifie qu'il y a acquiert respectabilité pour son métier et fortune relative.  Il est le fils du peintre David de Heem le vieux (1570 ?-1632 ?) et le père des peintres Cornelis de Heem (1631-1695) et Jan Jansz de Heem (1650-après 1695). On ne lui connait pas d'autres oeuvres que des natures mortes, le plus souvent florales et dans la grande tradition de la nature morte hollandaise. 

mercredi 22 novembre 2017

William H. Johnson (1901-1970)



William H. Johnson (1901-1970)
 Still life,1926

Rappel biographique :  William Henry Johnson est un peintre afro-américain, né à Florence (Caroline du Sud)  considéré par beaucoup comme l'un des grands peintres américains du 20e siècle.
Issu d'un mariage mixte, William Henry Johnson naît d'une mère noire avec des origines amérindiennes et d'un père blanc. À l'âge de 17 ans, il part s'installer à New York où il exerce de nombreux petits métiers afin de pouvoir se payer des études d'art. Il parvient à entrer à la National Academy of Design où, entre 1921 et 1926, il étudie différentes techniques sous la direction de Charles Webster Hawthorne qui parvient à lui obtenir une bourse de fin d'études en France.
De 1926 à 1929, il s’établit d'abord à Paris, se passionnant pour le mouvement expressionniste, en particulier pour Chaïm Soutine, dont il reconnaît l'influence sur ses premières œuvres. Durant un long séjour à Cagnes-sur-Mer, il rencontre l'artiste danoise Holcha Krake (1885-1943), de quinze ans son aînée, et avec qui il se marie.
Entre 1930 et 1938, il commence à voyager en Europe puis en Tunisie (1932) d'où il rapporte de nombreux tableaux ; Holcha, elle, s'inspire des techniques locales de tissage et de céramique. Le couple s'installe ensuite au Danemark, puis aux îles Lofoten et enfin sur l'île de Fionie. Ils organisent des expositions et tentent de vivre de leur art, Holcha se spécialisant dans le design textile et céramique. Fin 1938, le couple part s'installer à New York et connaît des difficultés financières. William parvient à intégrer le Federal Art Project, enseigne à Harlem et produit beaucoup : son art évolue vers des formes plus simples, contrastées, très imprégnées par la vie urbaine des quartiers qui l'entourent. Il se qualifie lui-même de  « artiste primitif ».
En 1943, son épouse, atteinte d'un cancer, meurt. William décide alors de retourner au Danemark vivre avec sa belle-famille. Malade à son tour, rattrapé par les symptômes d'une syphilis contractée sans doute dans sa jeunesse, il doit être interné, d'abord en Norvège, puis est rapatrié aux États-Unis avec tous ses tableaux. Sa lucidité étant atteinte, il est interné en 1947 dans une institution publique à Central Islip (Long Island) spécialisée dans les traitements neuro-psychiatriques. Il meurt en 1970, après 23 années d'internement.
Le legs de ses œuvres avait été entre-temps effectué auprès de la Harmon Foundation qui organisa en 1967 le transfert de tous ses travaux à la Smithsonian Institution grâce aux efforts de la conservatrice Adelyn Dohme Breeskin. La première rétrospective de William Johnson eut lieu en 1971 et son impact sur la communauté noire, mais pas seulement, est alors sensible, rendant à l'artiste sa place au sein de l'histoire moderne de la peinture américaine.
En 2012, la Poste américaine émet un timbre en l'honneur de William H. Johnson, le 11e de la série « American Treasures » qui rassemble les grandes figures artistiques américaines du 20e siècle.



mardi 21 novembre 2017

Paul Gauguin (1848-1903) - "Le repas" dit aussi "Les bananes"


Paul Gauguin (1848-1903) 
"Le repas" dit aussi "Les bananes", 1891 
Huile sur papier marouflé sur toile 
Musée d'Orsay

Que voit-on ?  Notice du Musée d'Orsay : Gauguin peint Le Repas dans les premiers mois de son arrivée à Tahiti. Malgré son désir de peindre la vie de l'île, ses premières toiles sont pleines d'artifice. Il ne s'agit pas ici d'un vrai repas, mais d'une scène arrangée comprenant deux registres distincts : au premier plan, une nature morte justifiant le titre du tableau, et à l'arrière-plan trois enfants alignés, deux garçons et une fille. La proportion de la nature morte est étonnante. Le régime de bananes à cuire, appelées fei en tahitien, occupe presque un quart de la composition avec ses fruits énormes tirant sur le vermillon et leur ombre violette projetée sur la nappe. On remarque également la taille imposante du récipient en bois sculpté contenant du lait de coco, mais qui était traditionnellement utilisé pour accommoder du poisson. Pour compléter sa composition et ajouter des taches de couleur, Gauguin fait figurer un bol occidental en faïence, une calebasse servant à transvaser le liquide, des fruits, une goyave entamée et des oranges. Un couteau placé en oblique indique la profondeur de l'espace. La nappe blanche, avec ses plis bien marqués, est également une réminiscence des compositions de Cézanne, ou de Manet.
Cette nature morte savamment composée ne correspond à aucun repas réel, d'autant qu'il n'est pas coutume à Tahiti de manger sur une table. Gauguin a agencé ces éléments familiers dans un pur souci décoratif et exotique. Les enfants placés derrière ne semblent pas accorder beaucoup d'importance à ces mets. Leurs regards fuient comme préoccupés ou interrogatifs. La présence dans la cour d'un mystérieux personnage assis dans une flaque de lumière accentue la dimension inquiétante de la scène dont la signification aujourd'hui encore nous échappe.


Rappel biographique 
: le peintre français Paul Gauguin est un peintre post impressionniste, chef de file  bien connu de l'École de Pont-Aven et inspirateur des Nabis. Il est considéré comme l'un des peintres français majeurs du 19e siècle. En 1874, la connaissance qu'il fait de Camille Pissaro et  la première exposition du courant impressionniste, l'inclinent à devenir amateur d'art et à s'essayer alors à la peinture.  En 1882, il abandonne son emploi de courtier en bourse  pour se consacrer uniquement à sa nouvelle passion, la peinture. De janvier à novembre 1884, il s'établit à Rouen où Pissaro vivait également. Pendant ces 10 mois passés à Rouen, il réalise près de quarante tableaux, principalement des vues de la ville et de ses alentours et quelques natures mortes très classiques. Cela ne suffit pas pour vivre et il part avec sa femme et ses enfants dans la famille de celle-ci à Copenhague.
Ses affaires ne vont pas bien et il revient à Paris en 1885 pour peindre à plein temps, laissant femme et enfants au Danemark, n'ayant pas les moyens d'assurer leur subsistance. Il est déchiré par cette situation. Il expose avec les impressionnistes régulièrement de 1876 à 1886.
C'est en juillet 1886 que Paul Gauguin effectue un premier séjour en Bretagne. Il s'installe pour 3 mois à la pension Le Gloanec, à Pont-Aven où vit une colonie d'artistes. Il y rencontre le très jeune peintre (et écrivain) Emile Bernard  adepte du " Cloisonnisme ", une technique picturale cernant chaque plan de couleur d'une fine cloison, un peu à la manière de la technique du vitrail ou des estampes japonaises.
Influencé par Emile Bernard et par le courant symboliste, Paul Gauguin renonce à l'impressionnisme pour élaborer, une nouvelle théorie picturale, le " Synthétisme ". Sa recherche va alors dans le sens d'une simplification des formes, il élimine les détails pour ne garder que la forme essentielle, simplification obtenue par l'usage du cerne et de l'aplat de couleur.
Nabis et Synthétistes, inspirés également par Stéphane Mallarmé et les symbolistes littéraires, partageront pendant quelques temps des convictions communes sur la nécessité de libérer la peinture de sa sujétion au réel et de laisser davantage de place à l'idée ou à la symbolique. Maurice DenisPaul Sérusier, Édouard VuillardPierre BonnardOdilon Redon font partie de ce mouvement.
Gauguin retournera en Bretagne en 1889 et 1890, au Pouldu, tout proche de Pont-Aven, deux lieux où chaque été une importante colonie d'artistes tentera d'élaborer une nouvelle peinture. Il y loge à " la Buvette de la Plage " de Marie Henry, en compagnie des peintres Meyer de Haan, Sérusier et Filiger.
En 1891, ruiné, il s'embarque pour la Polynésie, grâce à une vente de ses œuvres dont le succès a été assuré par deux articles enthousiastes  d'Octave Mirbeau. Il s'installe à Tahiti où il espère pouvoir fuir la civilisation, tout ce qui est artificiel et conventionnel.  
Influencé par l'environnement tropical et la culture polynésienne, son œuvre gagne en force, il réalise des sculptures sur bois et peint ses plus beaux tableaux, notamment son œuvre majeure, aujourd'hui au Musée des Beaux arts de Boston  au titre explicite de D'où venons nous? Que sommes sommes, Où allons nous ? qu'il considère lui-même comme son testament pictural. En 1901, il va vivre a Atuona dans les îles Marquises. Il lui semble être au paradis. Il va vite déchanter en se rendant compte des abus des autorités et en essayant de se battre pour les indigènes. Malgré ce combat auprès des autorités, Gauguin reste peu apprécié des Polynésiens en général et des Marquisiens en particulier, qui ont l'impression d'avoir eu affaire à un homme qui s'est servi d'eux, de leur culture ancestrale et surtout des femmes, comme si cela lui était dû. Affaibli, fatigué de lutter, il meurt au printemps 1903. Il est enterré dans le cimetière d'Atuona. La tombe du chanteur Jacques Brel est juste à côté de la sienne.

lundi 20 novembre 2017

Nicolas Issaiev (1891-1977)


Nicolas Issaiev (1891-1977)
Nature morte sur Isorel 


Rappel biographique : Nicolas Issaiev est un artiste français né près d'Odessa en 1891. Peintre, graphiste et décorateur de théâtre, Issaiev a étudié à Odessa et Kharkiv dans les studios de V. Shuchajev et A. Yakovlev et à l'Académie Ranson à Paris. Il était dans l'armée pendant la Première Guerre mondiale avant d' immigrer en 1919 à Belgrade où il travailla au Théâtre national comme décorateur. En 1925 il s'installe à Paris où il se fait connaître du milieu artistique du Montparnasse en peignant des paysages, des natures mortes et quelques portraits.  Il ne sera cependant jamais intégré parmi les peintres célèbres de Montparnasse comme Soutine et Foujita et encore moins parmi les peintres de l'Ecole de Paris dont il faisait pourtant bel et bien partie. Le seul mouvement et groupe auquel il parvient à s'intégrer fut l'assez obscur groupe tcheco-belge Circle (Krug) Group avec lequel il exposa de nombreuses fois, aussi bien à Bruxelles, Paris que Belgrade. En 1940-1945, il s'installa dans le sud de la France pour y vivre seul. Après la Seconde Guerre mondiale, il fit de fréquents séjours en Suisse, Italie et Espagne. Entre 1945 et 1950, Issaiev réalisa de nombreuses  illustrations pour des ouvrages d'éditions d'art notamment sur les publications de Pierre de Ronsard, Edgar Allan Poe et Nikolay Gogol. Dans les années 1950 et 1960, il exposa à Paris dans les galeries La Boétie et A. Weil de même qu'à la galerie P. Bernet à New York.  Il participa avec plusieurs de ses toiles à la grande exposition qui eut lieu à Paris en 1961 puis en Russie en 1974 sous le titre Les Artistes russes de l'École de Paris, trouvant ainsi trois ans avant son décès un début de reconnaissance.



dimanche 19 novembre 2017

Pablo Picasso (1881-1973) - Compotier, Fruit, and Glass


Pablo Picasso (1881-1973)
Compotier, Fruit, and Glass, 1909
The State Hermitage Museum, St. Petersbourg, Russia

Que voit on ? une nature morte datant du tout début de  la période cubiste du peintre, mais surtout une splendeur absolu de couleurs de ses fruits, tous saisis dans leur verdeur printanière. On ne peut pas ignorer le somptueux jeu de clair obscur du côté des poires et du verre posés sur le guéridon.
Une nature morte "pas comme les autres " de  Picasso qui en a peint beaucoup mais celle-ci, acquise par la Russie avant la Révolution de 1917,  tranche définitivement sur le reste de sa production de cette époque.

Rappel biographique : le peintre espagnol Pablo Ruiz Picasso qui a passé l'essentiel de sa vie en France, est l'auteur d'un oeuvre immense, tous genres confondus, que l'on chiffre à près de 50 000 pièces. Les premiers collages et assemblages sont réalisés pendant l'hiver 1912, Nature morte à la chaise cannée (Paris, Musée Picasso), Guitare(s) en carton (Paris, Musée Picasso). A partir des années 20 ses natures mortes seront très proches, sur la même ligne de conception " cubiste analytique " que celles de George Braque, dont il devient un temps l'intime avant de s'en séparer définitivement.  Il y eut une connivence d'inspiration très rare entre ces deux peintres pendant une certaine période de leur vie et en particulier dans le domaine du traitement de la nature morte. 
Picasso a peint énormément d'autres natures mortes après la Seconde guerre mondiale et hors de la période cubiste, mais malgré leur impressionnante quantité, rapportées à la masse énorme de sa production, elles ne constituent pas un genre qui tient autant de place dans son oeuvre que dans l'oeuvre de Georges Braque.

2017 - A Still Life Collection 


Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 

samedi 18 novembre 2017

Vladimir Weisberg (1924-1985)



Vladimir Weisberg (1924-1985) 
White Pitcher and Plate on a Towel, 1960
Tretyakov State Gallery, Moscow

Rappel biographique : Vladimir Grigoryevich Weisberg (Владимир Григорьевич Вейсберг) était un peintre juif russe et un intellectuel-théoricien  de l'art. Weisberg soutenait que les problèmes du colorisme tels qu'ils se posaient après  le passage de Cézanne  sur la scène picturale étaient résolus (voire meme que le sujet était épuisé)  et que " la couleur insaturée par la semi-couleur ne comportait que très peu d'informations : toute complexité coloristique étant le résultat de la différenciation pigmentaire".
En 1960, Weisberg  créa un tableau des principaux types de perception de couleurs qu'il est possible d'avoir, de leurs signes et de leurs structures.
L'art de Weisberg a tenté de trouver une synchronicité entre la demi-teinte, la composition et le dessin. Ses œuvres sont exposées à la Galerie Tretyakov de Moscou, au Musée des beaux-arts Pouchkine et dans de nombreux autres musées russes et étrangers.
La plupart de ses toiles sont dispersées dans diverses collections privées.

vendredi 17 novembre 2017

Osias Beert (1580-1623) - Three Dishes of Sweetmeats and Chestnuts with Three Glasses on a Table.

Osias Beert (1580-1623)  Three Dishes of Sweetmeats and Chestnuts with Three Glasses on a Table.

Osias Beert (1580-1623) 
Three Dishes of Sweetmeats and Chestnuts with Three Glasses on a Table. 

Que voit on ?  Ce que décrit le titre avec cette précision documentaire unique de Beert pour décrire  les friandises les plus extravagantes que l'on consommait sous la Renaissance. La couleur particulière, presque monochrome de l'ensemble tient à ce qu'il s 'agit d'une peinture à l'huile sur cuivre. 

Rappel historique : Il existe aujourd'hui douze tableaux signés Osias Beert, auxquels s'ajoute une trentaine d'œuvres qui lui sont attribuées. Deux autres artistes, Isaac Soreau et Jacob van Hulsdonck, travaillent alors dans le même esprit. Les œuvres d'atelier présentent généralement une qualité plastique un peu plus faible et un certain archaïsme de la composition. Beert aime disposer sur la profondeur les éléments de sa composition, n'hésitant pas à les faire déborder sur les côtés du cadre. La présence d'éléments étrangers, par exemple une libellule  lui permet d'évoquer le côté périssable et la vanité des biens terrestres. L'introduction d'insectes dans une nature morte quelle qu'elle soit a toujours au 16e et 17e siècle cette même signification. En comparaison du nombre de tableaux qu'il a peints, la proportion de ceux qui contiennent des huîtres et des friandises est impressionnante. Ce furent deux de ses thèmes les de prédilection, symbolisant eux aussi la fragilité du vivant. Considéré comme un précurseur dans le développement de la nature morte, Beert, demeuré longtemps méconnu, a été redécouvert en 1938 lorsque les collectionneurs ont commencé à s'intéresser aux natures mortes. Simultanément à ses activités de peintre, Beert travailla dans le négoce du liège pour augmenter ses ressources. Il habitait dans le quartier des pêcheurs et il fut membre de la Chambre de réthorique Den Olijftak à partir de 1615. Il forma dans son atelier quelques élèves dont : Jean Ykens, Pierre Doens, François Ykens, Paulus Pontius, Jean Willemssen et François van der Borcht. Il aurait aussi collaboré avec Rubens.

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jeudi 16 novembre 2017

Meiffren Conte ou Ephren Leconte (1630-1705)


Meiffren Conte ou Ephren Leconte (1630-1705) 
Nature morte sur un rideau rouge 
Collection privée

Que voit on ? Du rouge!!! couleur préférée de ce peintre français baroque très influencé par l'Ecole napolitaine. Proposés comme autant de variations au rouge du rideau : les rouges des fruits, de celui éclatant des grenades et des pommes, à celui augmenté de bleu des figues et des raisins. 

Rappel biographique : Le peintre français Meiffren Conte ou Comte connu aussi sous le nom d'Ephren Leconte a commencé sa carrière à Marseille où il est né avant de partir compléter sa formation de peintre à Rome où il est fortement influencé par Francesco Noleti ou Francesco Ferivarino dit le Maltais. Il travaille à Paris et Aix-en-Provence avant de revenir s'installer à Marseille. Les natures mortes qui constituent l'essentiel de son œuvre sont toujours mises en scène dans des décors très somptueux, très évocateur de l'Ecole Napolitaine bien que son goût immodéré pour la représentation de pièces d'orfèvrerie le rapproche souvent et l'a même fait confondre (pour une de deux de ses toiles au moins) avec Jan Davidz de Heem.


mercredi 15 novembre 2017

Milton Avery (1885-1965) - Still life with Bottles



Milton Avery (1885-1965)
Still life with Bottles, 1944
Nassau County Museum of Art

 Que voit on? Sur la droite de la composition ? Casserole retournée ou coiffe de fantassin ? La date donne la réponse. 

Rappel biographique :  Milton Clark Avery est un artiste peintre américain de figures, portraits, animaux, intérieurs, paysages et quelques rares natures mortes. S'il existe un lien entre le monde de la peinture traditionnelle américaine du début du 20e siècle et de celui de l'expressionnisme abstrait autour de 1945, c'est bien Milton Avery qui l'a créé. On ne lui connait aucune formation particulière, sinon en 1913 un cours de dessin d'après nature donné par Charles Noël Flagg à la Connecticut League of Art à Hartford. En 1925, il épouse Sally Michel, également peintre, dont on retrouve l'image dans les nombreux portraits exécutés par son époux. Sa première exposition personnelle a lieu en 1928, elle est suivie d'autres à partir de 1940.
Après la période Fauve de ses débuts, qui lui a permis de jouer avec de riches couleurs, il atténue sa palette et simplifie ses compositions qui tendent vers un dépouillement de plus en plus grand. Ses sujets restent simples tels que Rothko les définit. C'est dans un style presque Intimiste - Avery peignant son atelier, sa femme Sally, sa fille March, Central Park, les plages et montagnes où il passait l'été, des vaches, des poissons, des vols d'oiseaux, ses amis réunis dans son atelier...- qu'il peint des œuvres aux formes simplifiées, aux plans colorés, découpés, dans un espace à deux dimensions, évoquant l'art de Matisse. Toutefois, ses peintures ne sont jamais brillantes quoique très riches. Il maîtrise fort bien ses rapports de couleurs dont les contours peuvent être parfois fluides, créant une sorte d'osmose entre elles. L'art de Milton Avery rejoint ainsi, peu à peu l'abstraction expressionniste de Rothko et de Adolph Gottlieb. Ensemble, ils ont participé à de longues conversations hebdomadaires qui ont facilité la naissance de la peinture abstraite américaine d'après guerre et plus particulièrement de l'Ecole de New York.
Une grande rétrospective lui a été consacrée en 1952 au Baltimore Museum, puis à la Fondation Ford et au Whitney Museum en 1960. Une autre rétrospective posthume fut présentée à Lincoln puis à Little Rock en 1966, puis deux autres encore en 1983, à la Albright-Knox Art Gallery de Buffalo et au Minneapolis Institute of Arts. 

mardi 14 novembre 2017

Juan Fernandez El Labrador (actif de 1626 à 1639)


Juan Fernandez El Labrador (actif de 1626 à 1639)
Bodegon con uvas membrillo y frutos secos
The Royal Collection Trust, Her Majesty the Queen

Rappel biographique : Juan Fernández, surnommé El Labrador (Le Fermier), était un peintre baroque espagnol actif entre 1629 et 1636, spécialisé dans la peinture de natures mortes. Juan Fernández est un peintre énigmatique, dont la biographie est d'autant plus mal connue qu'il vivait loin de la cour, n'apparaissant  qu'une fois par an  pendant la Semaine Sainte, pour livrer une toile de fleurs ou de fruits... sa production totalisant à peine 5 toiles, toutes présentes dans les inventaires de l'époque,  et qui lui vaudront une réelle notoriété internationale de son vivant. 
Sir Arthur Hompton, secrétaire de l'ambassadeur d'Angleterre à la cour de Madrid entre 1629 et 1631, atteste  dans sa correspondance de l'intérêt personnel porté par l'ambassadeur à l'acquisition d' œuvres de ce peintre, "... Une tâche non exempte de difficulté, le peintre venant à Madrid uniquement pendant la semaine sainte et produisant très peu"
Ce retrait volontaire s'expliquerait par le fait que Juan Fernandez était agriculteur avant d'être peintre (d'où son surnom) et qu'il n'avait nullement l'intention d'abandonner son métier pour trainer dans les couloirs des palais madrilènes. Hopton commanda directement deux tableaux à Juan Fernandez en 1635 et en envoya au moins un au roi Charles Ier d'Angleterre.
 Il s'agit du tableau ci dessus Bodegon con uvas membrillo y frutos secos (Nature morte avec des raisins, des coings et des noix) , qui se trouve toujours dans la Collection royale britannique, où il est inventorié dès 1639. 
Peintre de tradition caravagiste, El Labrador place ses objets sur des fonds noirs et utilise la lumière dirigée pour donner du volume à ces objets, décrits après une observation patiente d'une manière totalement individuelle et avec un extreme sens du détail. 





lundi 13 novembre 2017

Miguel de Pret (1595-1644)


Miguel de Pret (1595-1644)  (attribué  à) 
Dos racimos de uvas con una mosca  1630-1644
Museo del Prado, Madrid 

 Rappel biographique : Miguel de Pret (1595 -1644) était un peintre d'origine flamande né à Anvers et actif à Madrid, spécialisé dans les natures mortes. Une seule et unique nature morte signée de sa main, actuellement conservée dans la collection Abello, à Madrid fut longtemps considérée comme faisant partie de sa production picturale ;  il s’agissait  de Bodegón con cesta de higos, cesta de ciruelas, melón y fruta colgando qui résume toutes les caractéristiques des natures mortes madrilènes de la première moitié du 17e siècle, avec un mise en scène très ordonnée de fruits et légumes et un éclairage généreux et direct qui met en évidence les objets sur un fond noir.  Un style qui rappelle à bien des égards celui de Juan Sanchez Cotan. L’apparition de la signature de Miguel de Pret, à l’occasion d’une radiographie d'une Grappe de raisin blanc du Musée Cerralbo, jusqu’alors attribuée à Juan Fernandez el Labrador, a conduit récemment les experts à reviser les attributions et à créditer Miguel de Pret de plusieurs oeuvres (dont celle présentée ci-dessus) jusqu’alors attribuées à Juan Fernandez el Labrador.  
Cinq oeuvres sont maintenant attribuées de façon certaine à Miguel de Pret. 


dimanche 12 novembre 2017

Suzanne Valadon (1865-1938)


Suzanne Valadon (1865 -1938)
Nature morte avec panier de pommes, vase de fleurs et raisins, 1928  
Collection  privée

Que voit on?  Sur un guéridon nu : un groupe de fleurs et de fruits. Fruits dans les paniers d'osier pour les pommes et dans une coupe en céramique bleue et jaune pour les raisins ;  fleurs dans un vase en verre transparent qui permet de voir les tiges de chaque élément du bouquet.

Rappel biographique : Suzanne Valadon est une des plus importantes peintres françaises du 20e siècle et la premiere femme admise, en 1894,  à la Société nationale des beaux-arts. Elle a commencé sa carrière comme acrobate de cirque en 1880, jusqu’à ce qu’une chute mette fin prématurément à cette activité. Dans le quartier de Montmartre où elle habite avec sa mère, puis avec son fils naturel, le futur peintre Maurice Utrillo, né 1883, elle a la possibilité de s’initier à l’art. Devenue modèle d’artistes, elle les observe en posant, et apprend ainsi leurs techniques. Modèle de Pierre Puvis de Chavannes, Pierre-Auguste Renoir, Henri de Toulouse-Lautrec, elle noue des relations avec certains. Habituée des bars de Montmartre où la bourgeoisie parisienne vient s’encanailler, Toulouse-Lautrec durant cette période, fait d’elle le portrait intitulé Gueule de bois. Edgar Degas (pour qui elle n'a jamais posé), remarquant les lignes vives de ses dessins et de ses peintures, encourage ses efforts. Elle connaît de son vivant le succès et réussit à se mettre à l’abri des difficultés financières de sa jeunesse. Suzanne Valadon peint des natures mortes, des bouquets et des paysages remarquables par la force de leur composition et leurs couleurs vibrantes. Elle est aussi connue pour ses nus. Ses premières expositions au début des années 1890 comportent principalement des portraits, dont celui d’Erik Satie avec qui elle a une relation en 1893. Il lui propose le mariage au matin de leur première nuit.
Suzanne Valadon est alors connue pour travailler plusieurs années ses tableaux avant de les exposer.
La peintre trouve dans la galeriste Berthe Weill, une alliée solide qui soutient son travail. La marchande fait ainsi participer l'artiste à près de dix-neuf expositions entre 1913 et 1932, dont trois rétrospectives personnelles. Son mariage, en 1896, avec un agent de change, prend fin en 1909, Suzanne quitte son mari pour l'ami de son fils, le peintre André Utter (1886-1948), qu’elle épouse en 1914. Cette union, houleuse, dure près de trente ans. André Utter en Adam et elle-même en Eve figurent sur l’une de ses toiles les plus connues, Adam et Eve. En 1923 elle achète avec Utter le château de Saint-Bernard, au nord de Lyon, pour couper son fils Maurice Utrillo de ses penchants pour l'alcool. Ce dernier  qui signait ces toiles Maurice Utrillo V. (pour Valadon) peint le château ainsi que l’église ou encore le restaurant du village. Suzanne Valadon morte, le 7 avril 1938, entourée de ses amis peintres André DerainPablo Picasso et Georges Braque, est enterrée au cimetière parisien de Saint-Ouen.
Ses oeuvres sont conservées dans de nombreux musées, dont le Musée national d'art moderne à Paris, le Metropolitan Museum of Art à New York, le Musée de Grenoble, le Musée des beaux-arts de Lyon. Une exposition permanente lui est dédiée à Bessines-sur-Gartempe (Haute-Vienne), sa ville natale.

samedi 11 novembre 2017

William Henry Fox Talbot (1800-1877)


William Henry Fox Talbot (1800-1877) 
Articles of China c. 1844 
Calotype Marjorie and Leonard Vernon Collection

Rappel biographique:  William Henry Fox Talbot est un scientifique britannique devenu l’un des pionniers de la photographie. Il était а la fois mathématicien, physicien et philologue ; également intéressé par la botanique, la philosophie et l’archéologie, il parlait plusieurs langues.
Talbot commença à s'intéresser aux images obtenues avec une chambre noire en 1833. Il est l’inventeur du calotype, ou talbotype, qu'il breveta en 1841. Ce procédé photographique permettait d’obtenir de multiples images positives sur papier à partir d'un seul négatif papier.
Talbot mena ses recherches en parallèle avec celles de Daguerre. Après l’annonce de l’invention du daguerréotype en 1839, il tenta de faire reconnaître l’antériorité de ses travaux. Il n’y parvint pas, mais son procédé du négatif-positif devint la base de la photographie argentique moderne.
Il fut lauréat de la Royal Medal en 1838 pour ses travaux sur le calcul des intégrales.
Talbot fut également l’auteur du premier livre illustré de photographies, Pencil of Nature (Le Crayon de la nature), paru en 1844.

vendredi 10 novembre 2017

Tomás Yepes (1595-1674) - Bodego con pollo


Tomás Yepes (1595-1674)
Bodegón con pollo
 Private collection 


 Rappel Biographique  : Tomas Yepes est un peintre Valencien de la période baroque. C'est une personnalité mal connue, occupant une place à part dans l'histoire de la nature morte espagnole, car il peint dans une tradition des premières décennies du siècle avec des compositions d'une rigoureuse symétrie. Ses œuvres, datées à partir de 1642, comprennent des bouquets de fleurs, corbeilles de fruits, ustensiles de cuisine, dans une technique  dite "ténébriste" avec une gamme de tons foncés et des fonds souvent noirs. Son  style  est proche de celui de Juan Bautista de Espinosa.



jeudi 9 novembre 2017

Renato Guttuso (1911- 1987) - Arance


Renato Guttuso (1911- 1987)
Arance

Que voit on ?  On remarque surtout la planche très blanche sur laquelle ces oranges sont posées en équilibre, une blancheur obtenue sur la réserve de la toile.

Rappel biographique : Renato Guttuso est une figure extrêmment importante de la peinture italienne contemporaine, représentant du réalisme pendant les périodes fasciste et communiste de l'histoire italienne. Résistant, antifasciste, très tôt engagé aux côtés des communistes,  l'art de Guttuso transcende toute considération politique et bien que faisant constamment référence à une identité sicilienne, se situe aux antipodes du régionalisme.
Après ses études, dans ses premières toiles, sous l'influence de l'expressionnisme, apparurent de plus en plus souvent des motifs typiquement siciliens (comme les citronniers ou les oliviers) mais aussi une atmosphère de solitude mythique, insulaire, qui culmina en 1931 dans une exposition collective de six peintres siciliens accueillis par la critique comme « une révélation, une affirmation de l'identité sicilienne. » А Palerme, Guttuso s'installa dans un atelier sur le Corso Pisani et, avec l'artiste peintre Lia Pasqualino et les sculpteurs Barbera et Nino Franchina, il forma le Gruppo dei Quattro (groupe des Quatre).   Puis ce fut durant son long séjour de trois ans à Milan que murit l'« art social » de Guttuso, dont l'engagement politique se manifesta de plus en plus nettement dans les oeuvres de cette époque, Fucilazione in Campagna, qu'il dédia à Garcia Lorca, et les deux versions de la Fuga dall'Etna (1938-1939). Peu après, il emménagea а Rome, Via Margutta, où son caractère exubérant lui valut le surnom de « Sfrenato Guttuso », l'« Effréné ». Proche des artistes les plus représentatifs de son temps, L'oeuvre qui lui assura la célébrité sur fond de controverses avec l'Eglise catholique comme avec le Parti fasciste, fut La Crocifissione (1941), où le thème religieux sert de prétexte pour dénoncer les horreurs de la guerre.
Durant toute la période du conflit mondial, Guttuso travailla sans relâche, multipliant les natures mortes ponctuées d'humbles objets quotidiens, les vues du golfe de Palerme et une suite de dessins intitulés Massacri, diffusés clandestinement, qui dénonçaient les exactions de l'armée nazie.
En tant qu'opposant au fascisme, Guttuso rejoint le Parti communiste italien dès 1940 et participe à la Résistance des partisans italiens contre l'armée allemande à partir de 1943. Fidèle à ses convictions, il choisit les funérailles de Palmiro Togliatti pour sujet de l'un de ses tableaux, I funerali di Togliatti (1972), qui devait prendre valeur de manifeste politique. Dans une logique similaire, en 1971, il fit partie des 800 intellectuels qui signèrent dans l'hebdomadaire L'Espresso un document accusant de meurtre le commissaire Luigi Calabresi.
Enfin, Guttuso était un adversaire déclaré et engagé de la Mafia.
En 1972, l'URSS lui décerna le Prix Lénine pour la paix, équivalent soviétique du Nobel. En 1976, il fut élu au Sénat italien dans les rangs du PCI pour représenter la ville de Sciacca, située dans la province d'Agrigente. Seul depuis la mort de son épouse, Guttuso, selon le témoignage de Giulio Andreotti, se rapprocha du catholicisme, religion dont il avait partagé à sa façon les valeurs humanistes. Il légua de nombreuses œuvres а sa ville natale de Bagheria, aujourd'hui rassemblées au musée communal de la Villa Cattolica.

mercredi 8 novembre 2017

Roger Chastel (1897-1981)


Roger Chastel  (1897-1981) 
Tour de carte 1957

Rappel biographique :  Roger Chastel est un peintre français de l'Ecole de Paris dont l'œuvre s'inscrit à la limite de la non figuration.
« L’importance de Chastel lui vient de sa situation à un carrefour où il n’a jamais cessé de se tenir… L’art de Chastel n’est pas autre chose qu’une lente pénétration. (...) А la netteté du savoir il ajoute la plénitude de l’émotion. (...) Chastel se place dans cette sphère où l’art devient sa propre réalité… Le dépassement auquel parvient Chastel ne s’opиre pas malgré l’intégration toujours plus large du monde dans sa peinture, mais а cause d’elle. Il est le résultat de l’enchaînement de ses intégrations successives. Cet enchaînement seul, parce qu’il n’élimine rien du monde, est en mesure, engageant profondément le peintre dans le réel et l’en dégageant а la fois, de faire déboucher son art sur l’univers de la pure peinture. »
Jean-Louis FerrierRoger Chastel, dans Les Temps modernes, Paris, novembre 1958.

« Les tonalistes sont rares dans l’histoire de l’art. Ils y occupent une place singulière. C’est qu’ils donnent à la peinture son visage le plus secret en mкme temps que le plus patient. Pour Chastel les couleurs ne se différencient que parce qu’elles expriment des valeurs comparables. Entre un violet de cobalt et un violet d’alizarine la différence n’est pas de couleur, elle est de noirceur. »
Jean Lescure, préface à Chastel, Dessins, Galerie Numaga, La Chaux-de-Fonds, 1959.

« La couleur est ici comme dissoute dans la lumière. Flexible, modulée, discrète jusque dans ses violences, elle s'entoure de ses échos, s'amortit dans des ombres qui l'exaltent, développe longtemps ses alliances. Elle cesse d'être couleur. La lumière l'emporte. Chastel est un tonaliste. (...) Aussi ne s’йtonnera-t-on pas de l’њuvre de Chastel ait moins d’amateurs, mais plus de fervents, moins de connaisseurs, mais plus d’amoureux que celles de ses contemporains. Une grâce spéciale intervient. On peut aimer ou ne pas aimer Chastel, mais dès qu’on l’aime, on le préfère. »
Jean Lescure, préface à ChastelMusée Rath, Genève et Musée-Maison de la Culture, Le Havre, 1962, p. 6 et 10



mardi 7 novembre 2017

Roger Fenton (1819-1869),


Roger Fenton (1819-1869)
 Still life with flowers, fruits and vegetables  1861

Que voit on ? Un amoncellement de victuailles, l'idée étant à cette époque de rendre la photographie la plus réaliste possible de façon à ce que le spectateur puisse aisément reconnaitre chaque élément et ceci même en l'absence de couleurs. 

Rappel biographique : Le photographe anglais Roger Fenton fut un pionnier de la photographie comme photographe de guerre, notamment puisqu'il fut le premier à  photographier la Guerre de Crimée (1853-1856). Il fonda en 1853 la Royal Photographic Society et en 1854 commença à faire des portraits pour la famille royale anglaise. Il est toujours secrétaire honoraire de la Royal Photographic Society lorsqu'il obtient le titre et la mission de photographe officiel de la Guerre de Crimée. À son retour en Angleterre, ses images sont célèbres et il est reçu par la Reine Victoria. Ses photos sont exposées à Londres et à Paris et des gravures sur bois réalisées dont  les plus remarquables sont publiées dans le Illustrated London News.
Jusqu'en 1862, il poursuit une carrière de photographe de paysages et d'architecture et aussi de natures mortes, genre pour lequel il fut  aussi - dans le domaine de la photographie - un pionnier.  

lundi 6 novembre 2017

Utagawa Hiroshige (1797-1858) - Langouste et Crevettes

Utagawa Hiroshige  (1797-1858) Langouste et crevettes Collection  privée


Utagawa Hiroshige  (1797-1858)
Langouste et crevettes
Collection  privée

Que voit on ? Trois grosses crevettes (dite du Pacifique) et une langouste, les trois crustacés étant vivants de couleurs grises et brunes comme ils le sont lorsqu'ils n'ont pas encore été passés dans l'eau bouillante. Le fond bleu évoque l'eau dans laquelle ils vivent...

Rappel biographique: Utagawa Hiroshige (歌川広重) est un dessinateur, graveur et peintre japonais. Il se distingue par des séries d'estampes sur le mont Fuji et sur Edo (actuel Tōkyō), dessinant de façon évocatrice les paysages et l'atmosphère de la ville, en reprenant les instants de la vie quotidienne de la ville avant sa transformation à l'ère Meiji (1868-1912). Auteur prolifique, actif entre 1818 et 1858, il crée une œuvre constituée de plus de 8000 estampes, parmi lesquels très peu de natures mortes au sens stricte du terme, si l'on exclut de ce genre les kachō-ga, cet art très japonais de représenter les fleurs et les oiseaux qu'Hiroshige va aussi porter à un sommet..
Il est avec Hokusai, avec qui on le compare souvent — pour les opposer — l'un des derniers très grands noms de l’ukiyo-e et, en particulier, de l'estampe de paysage, qu'il aura menée à un sommet inégalé avant le déclin de la xylographie au Japon. Ses séries les plus connues, les Cent vues d'Edo, Les Soixante-neuf Stations du Kiso Kaidō et surtout Les Cinquante-trois Stations du Tōkaidō, rivalisent en notoriété avec la célèbre série de Hokusai, les Trente-six Vues du mont Fuji.
Le style d'Hiroshige est cependant bien différent de celui d'Hokusai. Hiroshige se fait l'humble interprète de la nature, qui, à l'aide des moyens frustes de la gravure sur bois, sait exprimer comme à travers « une fenêtre enchantée » les délicates transparences de l'atmosphère au fil des saisons, dans des paysages où l'homme est toujours présent. La composition de ses œuvres est saisissante, caractérisée par une maîtrise subtile des couleurs franches — avec une dominante du vert et du bleu. Son sens du premier plan sera repris plus tard par Degas, et l'on retrouvera en photographie.
Peu après la réouverture forcée du Japon aux échanges avec l'Occident, c'est principalement à travers l'œuvre d'Hiroshige que le monde découvre vers 1870 l'étonnante originalité des arts graphiques dans ce pays. Le japonisme aura une influence déterminante sur les peintres impressionnistes et ensuite sur l'Art nouveau. Hiroshige  aura une influence déterminante aussi bien sur Vincent Van Gogh, sur Claude Monet que sur Alfred Sisley.
 

dimanche 5 novembre 2017

William-Michael Harnett (1848-1892) - Old Models

William-Michael Harnett (1848-1892) Old Models 1892 Huile sur toile, 138,11 x 71,75 cm Boston Museum of Fine Arts

William-Michael Harnett (1848-1892)
Old Models, 1892
Huile sur toile, 138,11 x 71,75 cm
Boston Museum of Fine Arts
 
Que voit on ?   Old Models a  été peint  pour l'Exposition universelle de 1893 qui se tint à Chicago. Pour que l'œuvre soit remarquée, Harnett décida de choisir une toile verticale  de grandes dimensions et de composer une nature morte monumentale. Sur une porte aux ferronneries rouillées que ce maître américain du trompe l'oeil  affectionnait particulièrement, accrochés à des clous (rouillés eux aussi) : un clairon à clé, un recueil  de musique dont la couverture bleue affiche "50 mélodies pour violon " publié à Paris, et un archet de violon posé en travers de la porte, annonçant le beau violon lui-même (probablement pas le Guarnerius annoncé) qui repose plus bas, debout mais légèrement incliné, en équilibre sur une étagère. Une feuille extraite d'une partition de musique (Tis the Last Rose of Summer de Thomas Moore) coincée sous une pile de livres ( Les tragédies de Shakespeare, l'Odyssée d'Homère et un ouvrage  médical du 17e siècle) et un pichet de bière posé sur la pile de livres achèvent de composer ce trompe l'oeil  qui fut la dernière peinture d'Harnett, avant sa  mort.
 

Rappel Biographique : Le peintre américano-irlandais William-Michael Harnett est connu pour ses natures mortes en trompes-l'oeil faites à partir d'objets du quotidien au sens large puisque l'on y trouve aussi bien des livres que des ustensiles de bureau, de cuisine, des attributs de chasse ou des instruments de musique folklorique. Il se situe, dans ce sens, dans la tradition des grands peintres de trompes l'oeil et de natures mortes hollandais du 17e siècle et de Pieter Claesz en particulier. Beaucoup d'autres peintres américains se sont engouffrés dans cette tendance à la suite de William-Michael Harnett, comme Raphaelle Peale ou John Peto, mais il en demeure le représentant le plus spectaculaire et le maître incontesté.
 
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samedi 4 novembre 2017

Suzanne Valadon (1865 -1938)


Suzanne Valadon (1865-1938)
 Nature morte avec fleurs, fruits et pain

Que voit on  ? Ce que décrit le titre sauf une bouteille de vin tapie dans la pénombre de l'arrière plan, hors du guéridon où se déroule cette nature morte aimable et nourricière qui présente, en outre, une baguette de pain saisissante de réalisme qui aurait fait pâlir d'envie Dali !

Rappel biographique  :  Suzanne Valadon est une des plus importantes peintres françaises du 20e siècle et la premiere femme admise, en 1894,  à la Société nationale des beaux-arts. Elle a commencé sa carrière comme acrobate de cirque en 1880, jusqu’à ce qu’une chute mette fin prématurément à cette activité. Dans le quartier de Montmartre où elle habite avec sa mère, puis avec son fils naturel, le futur peintre Maurice Utrillo, né 1883, elle a la possibilité de s’initier à l’art. Devenue modèle d’artistes, elle les observe en posant, et apprend ainsi leurs techniques. Modèle de Pierre Puvis de Chavannes, Pierre-Auguste Renoir, Henri de Toulouse-Lautrec, elle noue des relations avec certains. Habituée des bars de Montmartre où la bourgeoisie parisienne vient s’encanailler, Toulouse-Lautrec durant cette période, fait d’elle le portrait intitulé Gueule de bois. Edgar Degas (pour qui elle n'a jamais posé), remarquant les lignes vives de ses dessins et de ses peintures, encourage ses efforts. Elle connaît de son vivant le succès et réussit à se mettre à l’abri des difficultés financières de sa jeunesse. Suzanne Valadon peint des natures mortes, des bouquets et des paysages remarquables par la force de leur composition et leurs couleurs vibrantes. Elle est aussi connue pour ses nus. Ses premières expositions au début des années 1890 comportent principalement des portraits, dont celui d’Erik Satie avec qui elle a une relation en 1893. Il lui propose le mariage au matin de leur première nuit.
Suzanne Valadon est alors connue pour travailler plusieurs années ses tableaux avant de les exposer.
La peintre trouve dans la galeriste Berthe Weill, une alliée solide qui soutient son travail. La marchande fait ainsi participer l'artiste à près de dix-neuf expositions entre 1913 et 1932, dont trois rétrospectives personnelles. Son mariage, en 1896, avec un agent de change, prend fin en 1909, Suzanne quitte son mari pour l'ami de son fils, le peintre André Utter (1886-1948), qu’elle épouse en 1914. Cette union, houleuse, dure près de trente ans. André Utter en Adam et elle-même en Eve figurent sur l’une de ses toiles les plus connues, Adam et Eve. En 1923 elle achète avec Utter le château de Saint-Bernard, au nord de Lyon, pour couper son fils Maurice Utrillo de ses penchants pour l'alcool. Ce dernier  qui signait ces toiles Maurice Utrillo V. (pour Valadon) peint le château ainsi que l’église ou encore le restaurant du village. Suzanne Valadon morte, le 7 avril 1938, entourée de ses amis peintres André DerainPablo Picasso et Georges Braque, est enterrée au cimetière parisien de Saint-Ouen.
Ses oeuvres sont conservées dans de nombreux musées, dont le Musée national d'art moderne à Paris, le Metropolitan Museum of Art à New York, le Musée de Grenoble, le Musée des beaux-arts de Lyon. Une exposition permanente lui est dédiée à Bessines-sur-Gartempe (Haute-Vienne), sa ville natale.