Georges Rouault (1871-1958)
Fleurs décoratives, 1937
Huile sur papier encollé sur toile
Collection particulière
Que voit on ? Décrit à travers la palette très lumineuse de Rouault, une toile représentant un bouquet de fleurs entouré d'un cadre. Les rouges somptueux, notamment, semblent éclairés de l'intérieur comme dans un vitrail, art dans lequel Rouault était aussi un maître. Pour qui douterait des extraordinaires talents de coloriste de ce grand peintre, voilà une modeste nature morte qui devrait convaincre.
Rappel biographique : Geroges Rouault, fils d'un ébéniste breton et d'une marchande de fruits parisienne vit le jour dans une cave du no 51 de la rue de la Villette à Paris au cours d'un bombardement des Versaillais.
Son grand-père maternel lui fit découvrir l'art. En 1886, Georges Rouault devint apprenti chez le peintre de vitraux Émile Hirsch. Employé par le même Hirsch de 1887 à 1891, il est admis à l'École des beaux-arts de Paris dans l'atelier de Jules-Élie Delaunay et, à la mort de ce dernier, entre dans l'atelier de Gustave Moreau où il côtoie
Henri Matisse,
Albert Marquet, Henri Manguin, et Léon Lehmann auquel il restera très lié. Il participe à deux reprises sans succès au concours du prix de Rome, la première fois en 1893 avec
Samson tournant la meule, pour lequel il obtient le prix Chenavard en 1894 et, en 1895, avec
Jésus parmi les Saintes femmes, pour lequel il obtient le prix Fortin d'Ivry.
En 1898, il est nommé, selon les vœux du maître lui-même, conservateur du musée Gustave-Moreau, à Paris, dès son inauguration cette année-là. C'est pour lui une période difficile, sa famille part pour l'Algérie, et sa santé l'oblige à faire deux séjours en Haute-Savoie. En 1901, il fréquente l'abbaye de Ligugé et y fait la connaissance de Joris-Karl Huysmans.
Aux côtés des fauves, Georges Rouault participe au Salon d'automne de 1905. Il aborde des thèmes liés à une observation critique de la société : juges, avocats, salles d’audience, miséreux, émigrés, fugitifs, sont autant le reflet d'une révolte face à la misère humaine qu'un prétexte à des recherches sur les formes et les couleurs.
En 1904, il fait la connaissance de Léon Bloy dont l'œuvre le touche profondément et de façon durable. Quelques années plus tard, il fréquente à Versailles le philosophe catholique Jacques Maritain. C'est entre 1906 et 1907 qu'il commence à peindre des céramiques. Le 27 janvier 1908, il épouse Marthe Le Sidaner (1873-1973, sœur du peintre
Henri Le Sidaner), qui lui donnera quatre enfants.
Profondément catholique, il reconnaît dans cette humanité souffrante le visage du Christ qu’il recherche dans de nombreuses toiles évoquant sa Passion, à l'exemple du tableau
Le Christ bafoué par les soldats (1932).
Dès 1910, les collectionneurs et les marchands reconnaissent la grande force de son œuvre, notamment Maurice Girardin ou Ambroise Vollard qui, en 1917, lui achète l'ensemble des toiles de son atelier, soit 770 œuvres. C'est en 1917 qu'il se lance dans la gravure, et 4 ans plus tard, en 1921, Michel Puy réalise sa première biographie.
En 1938, le Museum of Modern Art de New York fait une exposition de son œuvre gravé.
L'année suivante au mois de septembre, il s'installe à Beaumont-sur-Sarthe, qu'il quittera en juin 1940, pour y revenir de 1943 à 1946. Après la mort de Vollard, en 1946, il se trouve en procès avec les héritiers. Le tribunal lui reconnaît la propriété de ses œuvres.
Georges Rouault brûle 315 de ses tableaux en 1948 en présence d'un huissier.
Il arrête de peindre en 1957. À sa mort, en 1958, le gouvernement français lui fait des obsèques nationales à l'église Saint-Germain-des-Prés à Paris.
Son prestige en tant que coloriste et graveur n’a cessé de s’étendre, notamment au Japon et en Corée. Il est considéré comme l'un des peintres religieux les plus importants du xxe siècle.
Sa famille a fait une donation d'un ensemble de ses œuvres à l'État en 1963.
Son dernier atelier, installé dans un appartement près de la gare de Lyon, au 2, rue Émile-Gilbert à Paris, est conservé par sa famille dans l'état où il l'a quitté et sert de siège social à la Fondation Georges-Rouault.
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Un blog de Francis Rousseau