Francis Picabia (1879-1953),
Sans titre (Pot de fleurs), c. 1924-25
Collection privée
Que voit on ? Le dadaïsme et le surréalisme à leur mieux ! D'abord une nature morte "Sans titre" mais qui s'appelle tout de même "Pot de fleurs" ! Le pot en question est fait avec trois bouts de ficelles (4 en réalité juste assez pour ne pas être assimilé à la fameuse expression !) ; les tiges des fleurs sont faits avec les vieux pinceaux de l'artiste, les fleurs elles-mêmes avec des couvercles de pots de peinture Ripolin ; les pétales de la fleur bleue avec des cures-dents en plume d'oie ; les feuilles avec des clés de châssis de tableaux.... Le fond (la seule chose peinte de toute la toile) est ripoliné en noir ! Une œuvre conceptuelle avant l'heure et, en tout cas, un régal de pédagogue pour expliquer l'art aux enfants !
Rappel Biographique : Francis Picabia, né Francis-Marie
Martinez de Picabia est un peintre, dessinateur et écrivain français,
proche du mouvement dada, puis surréaliste. De 1913 à 1915, Picabia se
rend plusieurs fois à New York et prend une part active dans les
mouvements d'avant-garde, introduisant l'art moderne sur le continent
américain. En 1916, après une série de compositions « mécanistes »,
où il traite les objets manufacturés avec une distante ironie, il lance
à Barcelone la revue 391 et se rallie au dadaïsme. Il rencontre Tristan
Tzara et le groupe dada de Zurich, en 1918 après avoir côtoyé à New
York Marcel Duchamp, Man Ray, Arthur Cravan et Henri-Pierre Roché. Il se
fait alors le saboteur de dada avec André Breton, à Paris. Polémiste,
iconoclaste, sacrilège, Picabia s'agite autour de dada en électron
libre, en étant en principe « anti-tout », voire anti-Picabia. En 1921, las des querelles et des provocations, il rompt avec ses anciens complices. «
J'ai inventé le dadaïsme ainsi qu'un homme met le feu autour de lui, au
cours d'un incendie qui gagne, afin de ne pas être brûlé », écrit
Francis Picabia en 1947. Il n'en demeurera pas moins fidèle au côté
iconoclaste des dadaïstes dans ses écrits et avec ses tableaux
résolument provocateurs, tel son L’œil cacodylate simplement
couvert des signatures de ses amis, se moquant du fait que la signature
de l'artiste est ce qui confère de la valeur à une œuvre.
En 1940,
conviés sans doute par leur ami Robert Dumas — haut personnage des
casinos, qui sera préfet du Lot de la Résistance, dit « le préfet des
bois » —, qu'ils ont connu à Monte-Carlo, Francis Picabia et Olga Mohler
se réfugient chez les Dumas, à Calamane, dans le Lot. Ils s'y marient
le 14 juin. Mme Dumas est leur témoin. Ils reviendront plus tard à Golfe
Juan. Ils s'installent ensuite à Tourrettes-sur-Loup, puis à Felletin,
dans la Creuse. Il continue de peindre des tableaux réalistes, souvent
repris de photographies. Son indifférence provocante autant envers la
Résistance que la collaboration lui valent des ennuis à la fin de la
guerre. Après 1945, il regagne Paris, renoue avec l'abstraction et
publie des écrits poétiques. Son goût immodéré pour les fêtes et les
voitures (il en collectionnera plus de 150), le ruine malgré la fortune
familiale dont il avait hérité et qui l'avait longtemps mis à l'abri.
Il multiplie les petites toiles de nombreux genres, parfois même
inspirées de magazines pornographiques. Confronté à des ennuis de santé,
ses derniers tableaux relèvent du minimalisme : des points de couleurs
semés sur des fonds épais et monochromes, titrés
Je n'ai plus envie de peindre ou
Quel prix ? ou
Peinture sans but ou
Silence…. Au printemps 1949, la galerie René Drouin, à Paris, organise sa première rétrospective.
On
connait de lui une trentaine de toiles parmi lesquelles un très petit
nombre de natures mortes, peintes sans doute pour des raisons
alimentaires.
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