mercredi 27 août 2014

Juan van der Hamen y Leon (1596-1631) - Still life with sweets and ceramics


Juan van der Hamen y Leon (1596-1631)
Still life with sweets and ceramics, 1627
National Gallery of Art in Washington, D.C.

Que voit-on ?  une composition très géométrique et très élaborée s'étageant sur plusieurs niveaux et différents supports cubiques, assez abstraits somme toute, un peu à la manière du peintre espagnol Sánchez Cotán. Sur ces supports cubiques, un ensemble de cercles et de sphères, matérialisées sous formes d'objets que l'on rencontre souvent dans les natures mortes de ce peintre à savoir des boîtes en écorces de pin, des pots, des cristaux précieux, de céramiques rares répandues au premier niveau de la composition... mais aussi des pâtisseries (biscuits nappés de sucre glace, bretzels, pains d'épices etc...) et des confiseries (oranges confites, melons confits, etc...) rassemblés dans une corbeille en osier tressé au deuxième étage de la composition. Pour de nombreux peuples, les gâteaux marquent les étapes de la vie et en symbolisent les meilleurs instants... c'est précisément le cas ici. On voit aussi des fruits au sirop dans des bocaux et de la gelée de fruits, les deux faisant référence, dans la symbolique des natures mortes, à la douceur de la vie conjugale. Les boîtes quand à elles sont souvent symboles de secrets.

Rappel biographique : le peintre espagnol Juan van der Hamen y Leon (1596-1631) est surtout connu pour ses natures mortes et ses bouquets de fleurs bien qu'il ait peint également des motifs religieux, des paysages et des portraits. Influencé autant  par Juan Sanchez Cotan que par la peinture flamande de Frans Snyders dans ses premières natures mortes, il opta finalement pour un naturalisme plus italien et introduisit beaucoup de fraîcheur dans ses compositions. Sa touche est d'une grande délicatesse et d'un absolue précision. Van der Hamen emprunte à Sánchez Cotán le style apparemment sobre de ses compositions mais aussi cette façon systématique de détacher les objets sur un fond sombre et de les éclairer d'une  lumière puissante. Les arrangements en quinconces et les ombres portées renforcent l'impression de précision et révèlent que ces compositions sont finalement tout sauf simples ! A partir de 1626, Van der Hamen peint des natures mortes plus complexes que ses premières en plaçant les objets sur différents niveaux. Ce type de composition que l'on retrouve à Rome au début des années 1620  dans les œuvres de Tomasso Salini et d'Agostino Verrocchi, était déjà présent dans les natures mortes de l'Antiquité que l'on découvrira à Pompei et Herculanum au 18e siècle. Les natures mortes de Juan van der Hamen ont exercé une grande influence sur ses contemporains comme Francisco de Zurbarán et plus tard chez des peintres comme Antonio Ponce et Juan Arellano. Une des caractéristiques de la peinture de Van der Hamen, pour laquelle il était surtout connu de son vivant,  résidait dans la représentation des coûteuses et luxueuses verreries de Venise ou d'Allemagne. Très préoccupé par l'agencement harmonieux des objets et la représentation précise des textures et des lumières, Van der Hamen livre toujours des compositions très géométriques où les cercles et les sphères ont un rôle primordial (comme c'est le cas ici). Contrastant avec cette sévérité géométrique, l'artiste dispose souvent ses objets sur les bords des structures ou sur des escaliers en pierre, en faisant ainsi varier leur distance à partir de la source lumineuse. Les objets représentés, fruits légumes, bois, terre cuite, et  cristaux sont  toujours magistralement rendus avec une science de la répartition des couleurs, des ombres, des reflets et des lumières qui en font un maître d'une sensibilité incomparable.

2014 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau

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