Pierre Tal Coat (1905-1985)
Insecte, 1972,
Collection Privée
Que voit on ? Un insecte peu identifiable sinon qu'il a deux antennes, un dard et une patte. S'agit-il d'un moustique ? d'une guêpe ? Peu importe. La question de avoir si un insecte peut être considéré comme une nature morte est celle qu'a voulu évoquer Tal Coat avec cette gouache. Les insectes ont pourtant une histoire commune de près de 20 siècles avec les natures mortes, lesquelles grouillent dès l'Antiquité romaine et au 16e, 17e et 18e siècle de mouches, des moustiques, des poux ou des mites ou des moisissures s'attaquant aux fruits et aux légumes. Les Hollandais en plein âge d'or de la nature morte posèrent ainsi la règle de l'insecte utilisé comme symbole de la corruption de la matière, de la brièveté et de la beauté et de la vie. Une règle que les Romains de l'Antiquité avaient été les premiers à inventer. Les insectes sont donc ainsi une partie intrinsèque (sans mauvais jeu de mots) du memento mori que constitue toute nature morte. Au 19e siècle, la pasteurisation, les progrès de la science et l'hygiénisme expurgent les insectes des nature mortes : un belle nature morte ne saurait contenir d'insectes, symbolisant ainsi l'immortalité possible de l'homme, l'éternité potentielle de la matière vivante ! Illusion que le 20e siècle s'empresse de détruire de même que le mythe du scientisme tout puissant. Les insectes reviennent alors peu à peu, d'abord, chez Dali et Magritte, puis chez Balthus, ou de façon plus surprenante ici chez Tal Coat, et jusque dans des oeuvres d'art video de la fin du siècle comme celle de Sam Taylor qui sera bientôt publié dans ce blog.
Rappel biographique : Le peintre, graveur et illustrateur français Pierre Tal Coat (pseudonyme de Pierre Jacob pour éviter l'homonymie avec Max Jacob quimpérois comme lui), apparenté au mouvement de l'École de Paris Avec les artistes de ce mouvement, il exposa régulièrement à la Galerie de France (de 1943 а 1965), dans les galeries Maeght (de 1954 а 1974), Benador (de 1970 à 1980) puis à la galerie H-Met , la galerie Clivages. En 1956, seize de ses peintures furent présentées à la Biennale de Venise. Aux côtés de Joan Miro et de Raoul Ubac, il collabore en 1963 aux réalisations pour la Fondation Maeght de Saint-Paul de Vence d'une mosaïque pour le mur d'entrée.
En 1968 le Grand Prix national des arts.
Une grande exposition rétrospective lui fut consacrée au Grand Palais à Paris en 1976.
А partir de 1961, Tal Coat s'installа à la Chartreuse de Dormont près de Vernon (Eure), où il finira sa vie. Tal Coat a illustré de nombreux livres d'art avec des gouaches, dessins, pointes sèches ou aquatintes, notamment de nombreux ouvrages d'André du Bouchet, Pierre Schneider, Pierre Torreilles, Philippe Jaccottet, Claude Esteban , Maurice Blanchot, Pierre Lecuire, Jacques Chessex...
Tal Coat a peint une série importante de natures mortes, toutes réalisées en 1942, en pleine guerre, alors qu'il se trouvait réfugié à Aix-en-Provence. De toutes ces peintures très dépouillées et exécutées avec une grande économie de moyens, il se dégage une grande force.
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