samedi 13 mai 2017

Giorgio de Chirico (1888-1978) - Vita silente con frutta

Giorgio de Chirico (1888-1978) Vita silente con frutta, c. 1964 Private collection, USA


Giorgio de Chirico (1888-1978)
Vita silente con frutta, c. 1964
Private collection, USA

Que voit-on ? Un amoncellement de fruits présentés au premier plan d'un paysage théâtralement mis en scène comme un décor de théâtre. Pommes, poires, grenades et raisins (dont certains ressemblent étrangement à des olives) ont pour point commun d'être gâtés par la grêle ou/et les vers. Une interprétation du Tempus fugit et un Memento mori au sens premier. D'une façon générale, c'est le thème central chez ce peintre dont la peinture qualifiée d'« oraculaire » s'applique à dire à la fois l’horreur devant la fuite des heures et la revanche de l’espace contre  « ce minotaure que les hommes appellent le Temps et qu’ils représentent sous l’aspect d’un grand vieillard desséché, assis d’un air pensif entre une faux et une clepsydre ». La vie finit cependant cependant toujours  par se réconcilier avec l’éternité, ne serait-ce que dans l’« éternité d’un moment ».

Rappel Biographique : Giorgio De Chirico est un peintre, sculpteur et écrivain italien  né en grève et dont les œuvres, unanimement admirées des surréalistes jusqu'en 1925, ont ensuite été rejetées tout aussi unanimement après. Son patron était l'éditeur Emilio Bestetti. On distingue généralement trois grandes périodes dans l'oeuvre de Chirico :
- les années 1910, dont les œuvres dites « métaphysiques » l'ont consacré comme symbole de la modernité,
- les années 1920-1930, période romantico-baroque, au cours de laquelle De Chirico revient sur des positions qu'il avait précédemment dénoncées,
- les années après 1940, qui voient le retour à une « néo-métaphysique » où se multiplient les répliques et les copies.
La rupture définitive avec les surréalistes intervient en 1928. En réponse à sa nouvelle exposition organisée par Paul Guillaume, les surréalistes organisent une contre-exposition à laquelle ils donnent pour titre Ci-gît Giorgio De Chirico. Dans un compte rendu de cette exposition, Raymond Queneau conclut « qu'il est inutile de s'attarder derrière ce grand peintre (...) Une barbe lui a poussé au front, une sale vieille barbe de renégat ». Cinquante ans plus tard, De Chirico répondra : « J'aurais préféré qu'on s'occupe de moi d'une façon plus intelligente. Mais je ne peux rien faire contre. »
La polémique n'empêche pas De Chirico de poursuivre son œuvre dans une voie plus académique mais aussi plus rémunératrice. Il s'entoure d'aides pour reproduire ses propres tableaux et investir ainsi les marchés européen et américain de l'Art, déclinant à l'infini ses tableaux dans son style « métaphysique »

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