Georges Braque (1882-1963)
La Table de Jardin, 1952
Collection of Mr. and Mrs. Paul Mellon NGA
Que voit on ? L'ombre et la lumière sous les frondaisons du jardin.
Rappel biographique : le peintre français Georges Braque qui
fut aussi sculpteur et graveur est le maître incontestable de la nature
morte au 20e siècle, genre qu'il a profondément transformé et renouvelé
tout au long de sa vie, s'inscrivant (consciemment ou inconsciemment)
dans une démarche similaire à celle de Chardin au 18e siècle. Engagé dans le sillage du fauvisme, influencé par Matisse, Derain et Othon Friesz,
il peint, à l'été 1906 les paysages de l'Estaque avec des maisons en
forme de cubes (Maisons à L'Estaque) que Matisse qualifie de cubistes. A
partir de 1909, il entre dans ce que les spécialistes appellent la
période du " cubisme analytique ". Les paysages qui prédominaient
jusqu'alors dans son œuvre vont céder la place aux natures mortes.
Ce
sont principalement des natures mortes d'objets et/ou d'instruments de
musiques (violons, guitare, pipe, journaux et magazines, objets divers
de décorations intérieurs comme les nappes, les guéridons...) qu'il
peint délaissant volontiers les thématiques habituelles du genre
(fruits, légumes, pâtisseries, porcelaines). Dès avant la Première
Guerre mondiale, sa peinture s'enrichit de combinaisons imprévues, avec
une multiplication des facettes. Les formes sont géométrisées et
simplifiées. Comme le remarque Bernard Zurcher, dans son ouvrage Braque
vie et œuvre : « Si l'on considère que la bataille du cubisme s'est
jouée sur le thème de la nature morte, Braque y était le mieux préparé
ou plutôt il a été à même, en consolidant chacune des étapes de son
évolution, d'aller plus sûrement à ce « signe qui suffit » tel que l'a
nommé Matisse »
Entre 1919 et 1939, son style et ses recherches vont
évoluer. De son passé cubiste, il conserve la simultanéité des points de
vue et il opère une partition des objets et des plans qui les éloignent
de tout réalisme. Guitare et nature morte sur la cheminée 1925,
et Fruits sur une nappe et compotier, sont caractéristiques de cette
évolution. Les objets semblent des accessoires de la composition,"
l'effort porte sur la couleur". Braque pousse l'usage du contraste
encore beaucoup plus loin dans Nature morte à la clarinette, avec des
formes qualifiées de « naturalistes » . Avec Le Guéridon, 1928 et Le
Grand guéridon, qu'il continue à travailler jusqu'en 1936-1939, Braque
opère un long mûrissement des formes. Il retravaille même en 1945 Le
Guéridon rouge, commencé en 1939 en réduisant le motif ornemental. Le
thème du guéridon revient souvent dans l'œuvre de 1911 à 1952 qui reçoit
en 1937 le premier prix de la Fondation Carnegie de Pittsburgh.
Cloîtré
dans son atelier pendant toute la durée de la Seconde guerre Mondiale,
il refuse toute compromission avec les nazis et le régime de Vichy,
malgré les nombreuses propositions qui lui sont faites. Braque se
consacre au thème des Intérieurs avec un retour en force du noir qui
donne une impression de dépouillement et de sévérité. Pendant cette
période, Braque poursuit son sujet favori le nature morte et particulier
les natures mortes aux instruments de musique qui n'ont cessé
d'apparaître dans ses tableaux depuis 1908 . « L'instrument de musique,
en tant qu'objet, a cette particularité qu'on peut l'animer en le
touchant, voilà pourquoi j'ai toujours été attiré par les instruments de
musique » .
1942 est une année particulièrement féconde pour le
peintre qui commence plusieurs toiles sur le thème de la musique, qu'il
terminera plus tard comme L'Homme à la guitare (1942), 1942-1961.
A
cette époque là il réalise une nature morte à sujet animalier Deux
poissons dans un plat avec une cruche, (1949-1941) qui inaugure une
série de poissons sur fond noir Les Poissons noirs, 1942, et plusieurs Vanités.
A
la Libération, Aimé Maeght devient son nouveau marchand parisien, et
publie la première édition des Cahiers G. Braque. En 1948, lorsqu'il
présente la série des Billards à la Biennale de Venise, il reçoit le
Grand Prix pour l'ensemble de son œuvre. Suit une série d'expositions en
particulier au MoMa de New York, qui parachève la reconnaissance
internationale de son œuvre immense et essentielle.
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2024 - Une collection de Natures mortes
Un blog de Francis Rousseau
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