vendredi 4 mars 2016

Edward Steichen (1879-1973)



Edward Steichen (1879-1973)
An Apple, A Boulder, A Mountain, 1921
National Gallery of Art Washington


Que voit on ? En l’occurrence l'une des natures mortes les plus célèbres d'Edward Steichen, exécutée pour marquer un changement radical  - une rupture même - dans l’exercice de son art de photographe. Abandonnant le style pictural de ses premières photographies, Steichen appréhende cette pomme avec une lucidité inédite jusque là  pour lui. En renversant la pomme, comme Paul Cézanne (et Gustave Courbet) l’avait fait déjà fait avant lui, il amplifie à la fois ses qualités formelles et tactiles et démontre comment un petit objet, présenté sous une lumière nouvelle, peut aussi représenter la monumentalité d'un objet beaucoup plus grand.  De la pomme à la montagne ! Ce gros plan d'une forme très connue et repérable apr tout le monde relie cette photographie à des œuvres d'autres artistes modernes américains des années 1920, comme Georgia O'Keeffe, Stieglitz et Edward Weston.
Techniquement, il s’agit ici d’un tirage photographique au platine, exceptionnellement rare.

Rappel biographique : Edward Steichen est un photographe, peintre américain d'origine luxembourgeoise, qui fut aussi éditeur de magazine, galeriste et conservateur du MoMA de New York de 1947 à 1962), où il joua le rôle de trait d'union culturel entre les Etats-Unis et l'Europe. Après un bref apprentissage de lithographie à Milwaukee où il apprend à peindre et faire des photos, il expose ses premières photographies picturales au Salon de Philadelphie de 1899 où ils fait remarquer par Alfred Stieglitz comme  « l’incarnation même du nouvel Art photographique «. Désormais protégé et collaborateur de Stieglitz, il déménagé à  New York puis Paris où il réalise  deux tableaux et des photographies de peintres et de sculpteurs tels que  Auguste Rodin, Henri Matisse et John Marin. En 1905, il  encourage Stieglitz à ouvrir sa  propre galerie  à New York où il organise plusieurs expositions qualifiées de révolutionnaires qui présente l'art européen et américain moderne. Cette étroite amitié  entre Steichen et Stieglitz ne va pas résisté a l’épreuve de la Première Guerre mondiale où  Stieglitz  exprime ses sympathies pro-allemandes alors que Steichen rejoint l'US Army Signal Corps.
Après la guerre, Steichen déprimé, incertain de son avenir,se prend à douter  de la valeur de  ce qu’il a produit jusque là.  Pendant sa convalescence en France, il remarque les peintures naïves de son jardinier et reconnait qu’elles ont un  «charme curieux et une simplicité directe"  qui manque  cruellement à ses propres réalisations. Abandonnant la peinture, il décide de se concentrer sur la photographie et commence a apprendre de façon autodidacte les bases de la photographie et sur la façon de contrôler le contenu des négatifs.
Après avoir passé des mois à photographier une tasse et une soucoupe, à apprendre la lumière et la texture, il  aborde la question du volume. Il décide d'utiliser une lumière très faible et des expositions exceptionnellement longues avant de  découvrir que cette technique a un impact esthétique évident sur ses oeuvres. Il écrira : «pour la première fois dans une photographie, on pouvait à la fois identifier le volume et la form,"  Il a ensuite expérimenté de nombreux  procédés de fabrication pour ses impressions, avant de choisir les tirages au  platine ou le papier de palladium seules a meme de lui fournir la gamme très étendus de de tons subtils et de douceur lui permettant de mieux rendre l’appréciation des volumes.
Au début des années 1920, l'éditeur américain Condé Nast le choisit pour devenir le photographe en chef des publications du groupe, imposant ses exigences en matière de photographie : « La distinction, l'élégance et le chic2 ». Il travaille particulièrement pour Vanity Fair et pour Vogue, magazines pour lesquels il réalise notamment de nombreux portraits de célébrités, démontrant une grande capacité à mettre en valeur ses sujets. Il travaillera également étroitement avec Carmel Snow d'Harper's Bazaar.
Il photographie Gloria Swanson en 19243, puis l'une de ses photographies de l'actrice Greta Garbo, datant de 1928, parue en couverture du magazine Life le 10 janvier 19554, est considéré comme l'un des portraits inoubliables de l'actrice.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est directeur de l'Institut photographique naval (Naval Photographic Institute). Son film documentaire, The Fighting Lady, remporte en 1945 l'Oscar du meilleur documentaire. À partir de 1947 et jusqu'en 1962, Steichen est le directeur du département de la photographie du MoMA, le musée d'art moderne de New York.
En 1970, l'année de leur création, les Rencontres internationales de la photographie d'Arles présentent son œuvre lors d'une soirée de projection au Théâtre antique, intitulée « Edward Steichen, photographe » et présentée par Martin Boschet

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