vendredi 30 juin 2017

Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) - Nature Morte Aux Figues et aux Grenades


Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)
Nature Morte Aux Figues  et aux Grenades 
Collection Privée 

Que voit-on ?   Une peinture de l'été !  Posées sur une table, des figues vertes et violettes et des grenades. L'une d'elle est ouverte et laisse apparaitre tout ce qui peut la différencie et la rapproche des figues. Coloris explosifs de l'été... 

Rappel biographique : L'un des plus célèbres peintres français, Pierre-Auguste Renoir, membre éminent s'il en est du mouvement impressionniste a peint beaucoup de natures mortes, comme l'ensemble de ses collègues impressionnistes d'ailleurs qui ont participé au renouveau de ce genre vieux de plus de 3000 ans.  Au début de sa carrière, ses natures mortes s'inspirent beaucoup de celles de Courbet avant d'imposer le style unique que l'on connait. La dernière toile qu'il aurait voulut peindre serait une nature morte florale. Sur son lit de mort, Renoir aurait demandé une toile et des pinceaux pour peindre le bouquet de fleurs qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre. En rendant pour la dernière fois ses pinceaux à l'infirmière il aurait déclaré : « Je crois que je commence à y comprendre quelque chose ».



jeudi 29 juin 2017

Raoul Dufy (1877-1953) - Nature morte aux poires et aux pommes.


Raoul Dufy (1877-1953) 
Nature morte aux poires et aux pommes.

Que voit on ? Exactement ce que décrit le titre à quoi s'ajoute un citron au centre de la composition, le tout posé sur une nappe blanche et bleue dont la légèreté de couleur évoque un ciel de vacances.

Rappel biographique : le peintre  français Raoul Dufy était aussi dessinateur, graveur, illustrateur de livres, créateur de tissus, céramiste, créateur de tapisseries et de mobilier, décorateur d'intérieur, décorateur d'espaces publics et décorateur de théâtre. Raoul Dufy a produit  plus 3 000 toiles, 6 000 grandes aquarelles, 6 000 dessins et en a détruit presque autant.
- Plus d 'informations du Raoul Dufy 

mercredi 28 juin 2017

William-Michael Harnett (1848-1892) - Job Lot Cheap



William-Michael Harnett (1848-1892)
Job Lot Cheap
Reynold House - Museum of American Art, Winston-Salem (North Carolina)

Que voit-on ?  Un mélange de livres à vendre, disposés au hasard sur une caisse en bois placée au premier plan. La caisse porte plusieurs étiquettes,  illisibles dans leur intégralité, Harnett ayant volontairement cadré l'image de façon à ce que les mots soient coupés et en laissent imaginer plus qu'il n'en disent... Dans le coin inférieur gauche, les mots Job Lot Cheap,  que l'on peut traduire par  "Lot de divers travaux à vendre pas cher" ont été peints à l'intérieur d'une couverture de livre retournée et plaquée contre la caisse en bois. Les livres eux-mêmes sont un mélange de volumes reliés en  cuir ou en carton ; certains titres sont gravés à l'or fin sur la tranche et d'autres simplement imprimés à l'encre noire.  L'historien d'art, Andrew Walker, s'est amusé à identifier les titres de quatre des livres : Homers's Odyssey ; Encyclopaedia Americana / Vol. II ; Arabian Nights et Forty five guardmen (Les quarante-cinq) d'Alexandre Dumas.
Ce Job Lot Cheap, fait figure d'exception dans l'oeuvre de Harnett, par l'absence de tout autre objet de type bougies, allumettes, pièces ou dollars en monnaie papier, journaux, tasses, instruments de musique, pipe fumante, lettres... qu'Harnett a souvent regroupé avec les livres dans ses autres natures mortes. Ajoutons qu'il s'agit là d'une des toutes premières peintures réalisée par Harnett qui démontre déjà largement son étonnante maitrise à créer l'illusion de la réalité.

Rappel Biographique : Le peintre américano-irlandais William-Michael Harnett est connu pour ses natures mortes en trompes-l'oeil faites à partir d'objets du quotidien au sens large puisque l'on y trouve aussi bien des livres que des ustensiles de bureau, de cuisine, des attributs de chasse ou des instruments de musique folklorique. Il se situe, dans ce sens, dans la tradition des grands peintres de trompes l'oeil et de natures mortes hollandais du 17e siècle et de Pieter Claesz en particulier. Beaucoup d'autres peintres américains se sont engouffrés dans cette tendance à la suite de William-Michael Harnett, comme Raphaelle Peale ou John Peto, mais il en demeure le représentant le plus spectaculaire et le maître incontesté.
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2017 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau


mardi 27 juin 2017

John La Farge (1835-1910) - Flowers on a Japanese Tray



John La Farge (1835-1910)
Flowers on a Japanese Tray
The Brooklyn museum, USA

Que voit on ? Exactement ce que décrit le titre du moins sur la droite de la composition. A gauche, posé sur la même table que le plateau japonais en laque, un magnifique bol en porcelaine à décor de pivoines, de la Compagnie des Indes,   contenant une pivoine rouge.

Rappel biographique : Le peintre et écrivain américain, John LaFarge est surtout connu pour son travail de peintre muraliste et auteur de vitraux. Ses rares natures mortes ont principalement été réalisées pendant ses voyages et sont essentiellement florales très imprégnées de l'influence de l'art japonais.

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lundi 26 juin 2017

Othon Friesz (1879-1949)


Othon Friesz (1879-1949)
Nature morte aux coquillages 
 Collection privée 

Que voit-on ? Une composition aux coquillages qui rend à la fois hommage à toutes lkes toiles  de  Jacques Linard  et d'Adrian Coorte, les deux maitres incontesté de ce genre aux 16e et 17e siècles mais qui s'inspire aussi d'une oeuvre célèbre d'un de ses contemporains Odilon Redon  dont le tableau La coquille ,que l'on peut voir aujourd'hui au Musée d'Orsay à Paris, fit sensation.

Rappel biographique :  Achille-Emile Othon Friesz, dit Othon Friesz, qui signait E. Orthon Friesz est un peintre et graveur français.  Othon Friesz est, avec Georges Braque et Raoul Dufy, l’élève de Charles Lhuillier à l’Ecole municipale des beaux-arts du Havre. Une bourse lui permet d’entrer à l’Ecole des beaux-arts de Paris dans l'atelier de Léon Bonnat en 1897, mais il préfère se former en fréquentant le musée du Louvre. D’abord influencé par les impressionnistes, puis par Vincent van Gogh et Paul Gauguin, quelques-unes de ses toiles sont exposées au Salon d'automne de 1905, avec des œuvres d'Henri MatisseAlbert Marquet et Henri Manguin. Les aplats de couleurs éclatantes et la nervosité du dessin donnent la sensation au spectateur de pénétrer dans une « cage aux fauves ». C’est le début du fauvisme, dont il va devenir l’un des représentants.
А l’été 1906, il effectue un séjour à Anvers avec Georges Braque, travaillant sur les mêmes sujets, puis, l’année suivante, à l’Estaque et La Ciotat, transposant sur leurs toiles la lumière du Midi. De retour à Paris, tandis que Braque élabore avec Pablo Picasso qu’il vient de rencontrer, les fondements du cubisme, Friesz poursuit un naturalisme influencé par Paul Cézanne et réalise des paysages, des natures mortes et des marines plus traditionnels, tout en conservant de sa période fauve l’énergie du trait et le goût affirmé pour la couleur et les contrastes forts.
En 1912, il ouvre son premier atelier en Normandie puis, de retour а Paris en 1919, il voyage dans le Jura et en Italie et commence а enseigner le dessin а l'Académie de la Grande Chaumière en 1921, et à l'atelier de peinture A de l'Académie scandinave. En 1937, il réalise la décoration du Palais de Chaillot avec Raoul Dufy. Outre ses peintures, il produit un grand nombre de dessins, de gravures et de lithographies.  De 1914 а son décès en 1949, il occupe un atelier au no 73 rue Notre-Dame-des-Champs à Paris. Othon Friesz est inhumé à Paris au cimetière du Montparnasse (27e division). Sa tombe est ornée de son portrait en médaillon en bronze par Paul Belmondo.

dimanche 25 juin 2017

James Ensor (1860-1949)



James Ensor (1860-1949)
Still-life in"chinoiseries", 1906
Private collection

Que voit on ? Le thème de prédilection de ce peintre (les masques... qu'ils soient de carnaval, de cérémonies sacrées ou de théâtre), traité dans un décor de chinoiseries figurées par un éventail planté dans un vase et représentant une scène de cour et par un fragment de papier peint accroché au mur représentant à peu près la même scène, à ceci près qu'il semble être de facture plutôt japonaise que chinoise. Cela ne préoccupe guère James Ensor, qui dans son fouillis orientaliste mêle, statue en porcelaine d'odalisque mirant son reflet dans l'onde, pot à parfum et théière, masque de théâtre No et masque de carnaval chinois dans une explosion de couleurs où domine toutefois le jaune, la couleur que seul l'Empereur de Chine avait le droit de porter.

Rappel  biographique : Le peintre belge James Ensor se revendiquait du mouvement anarchiste et a laissé une œuvre expressionniste très importante. Il est un des membres fondateurs du groupe bruxellois d'avant garde Les Vingt. En 1898, il est l'un des instigateurs du bal du Rat mort qui a lieu à la fin du carnaval d'Ostende. Ensor doit attendre le début du 20e siècle pour assister à la reconnaissance de son œuvre : expositions internationales, visite royale, anoblissement avec titre de baron, Légion d'honneur ... on le  surnomme alors le prince des peintres. Et c'est précisément ce moment qu'il choisit pour abandonner la peinture et consacrer les dernières années de sa vie exclusivement à la musique !
Dans beaucoup de ses tableaux Ensor est fasciné par la lumière d'Ostende, sa ville natale, qui lui inspire des pâleurs secrètes : « La lumière déforme le contour. Je vis là-dedans un monde énorme que je pouvais explorer, une nouvelle manière de voir que je pouvais représenter. » 
Dans la Mangeuse d'huîtres (1882), une nappe immaculée éblouit l'avant-plan et tombe quasi en dehors des limites du cadre. Malgré les tableaux prestigieux que celui-là rappelle (toute la tradition des natures mortes  flamande du 17e siècle), mais aussi Edouard Vuillard, on le refuse au Salon d' Anvers. L'année suivante, toutes ses toiles sont rejetées du Salon de Bruxelles et il est mis à l'écart du Cercle des 20. Ulcéré, il  bascule dans la déraison, couvre et balafre ses toiles de couleurs rougeoyantes symbolisant son exaspération.
C'est entre 1887 et 1893 qu'il peint ses plus beaux tableaux : la gamme chromatique prend feu au milieu des nacres translucides des ciels et des marines. Contemporaine de Vincent Van Gogh et d'Edvard Munch, son œuvre contient beaucoup des futures révolutions du Fauvisme au Mouvement Cobra.
Il va s'appliquer à mettre en évidence les aspects grotesques des choses, et s'orienter vers une vision radicale, sarcastique et insolente du monde. Comme chez Pieter Brueghel l'Ancien ou Jérôme Bosch, l'inanimé respire et crie. Ses obsessions et ses peurs jouent un rôle manifeste dans les traits menaçants qu'il attribue aux objets utilitaires, aux revenants et aux masques. Ces derniers, à partir des années 1880  dominent son inspiration et renvoient au carnaval, ce « monde à l'envers », anarchique où les rapports sociaux sont démontrés par l'absurde.
Artiste pluraliste, il l'est également dans son style et ses techniques: toile, bois, papier, carton, couteau à palette, pinceau fin ou spatule… : « Chaque œuvre devrait présenter un procédé nouveau », écrit-il. 
Dans un but purement alimentaire, il édite des eaux-fortes, les fameux « biftecks d'Ensor », œuvres purement commerciales mais qui ont fait alors la fierté des marchands de souvenirs. Il réalise aussi des caricatures à la manière de Bruegel et de Bosch. 
Par sa prédilection pour les personnages masqués, les squelettes, qui, dans ses tableaux, grouillent dans une atmosphère de carnaval, Ensor est le père d'un monde imaginaire et fantastique qui annonce le surréalisme.

samedi 24 juin 2017

Renato Guttuso (1911- 1987) - La Vucciria



Renato Guttuso (1911- 1987)
La Vucciria (Palermo)
Museo de la Villa Cattolica, Bagueria

Que voit-on? Une nature morte prise sur le vif si on peut dire... en tout cas en plein marché. Pas n'importe quel marché puisqu'il s'agit d'un marché sicilien : oeufs, tomates, oignons, ails, cardons, citrons et fruits en tous genres, poissons (l'étal des raies, tranches de thon et espadon est à lui seul un chef d'oeuvre),crustacés et coquillages, gibiers, viandes, olives et salaisons, fromages et charcuteries avec une mortadelle "en majesté" de toute beauté ! confitures... tout y est, y est compris les humains auxquels toutes ces victuailles sont destinées. Depuis les maitres hollandais du 17e siècle ou Gustave Caillebotte on n'avait pas vu un aussi beau marché aussi bien achalandé... et aussi fourni en références picturales aux grands maîtres de Juan Sanchez Cotan à Caillebotte en passant par Goya et Picasso ou Davidsz de Heem...

Rappel biographique : Renato Guttuso est une figure extrêmment importante de la peinture italienne contemporaine, représentant du réalisme pendant les périodes fasciste et communiste de l'histoire italienne. Résistant, antifasciste, très tôt engagé aux côtés des communistes,  l'art de Guttuso transcende toute considération politique et bien que faisant constamment référence à une identité sicilienne, se situe aux antipodes du régionalisme.
Après ses études, dans ses premières toiles, sous l'influence de l'expressionnisme, apparurent de plus en plus souvent des motifs typiquement siciliens (comme les citronniers ou les oliviers) mais aussi une atmosphère de solitude mythique, insulaire, qui culmina en 1931 dans une exposition collective de six peintres siciliens accueillis par la critique comme « une révélation, une affirmation de l'identité sicilienne. » А Palerme, Guttuso s'installa dans un atelier sur le Corso Pisani et, avec l'artiste peintre Lia Pasqualino et les sculpteurs Barbera et Nino Franchina, il forma le Gruppo dei Quattro (groupe des Quatre).   Puis ce fut durant son long séjour de trois ans à Milan que murit l'« art social » de Guttuso, dont l'engagement politique se manifesta de plus en plus nettement dans les oeuvres de cette époque, Fucilazione in Campagna, qu'il dédia à Garcia Lorca, et les deux versions de la Fuga dall'Etna (1938-1939). Peu après, il emménagea а Rome, Via Margutta, où son caractère exubérant lui valut le surnom de « Sfrenato Guttuso », l'« Effréné ». Proche des artistes les plus représentatifs de son temps, L'oeuvre qui lui assura la célébrité sur fond de controverses avec l'Eglise catholique comme avec le Parti fasciste, fut La Crocifissione (1941), où le thème religieux sert de prétexte pour dénoncer les horreurs de la guerre.
Durant toute la période du conflit mondial, Guttuso travailla sans relâche, multipliant les natures mortes ponctuées d'humbles objets quotidiens, les vues du golfe de Palerme et une suite de dessins intitulés Massacri, diffusés clandestinement, qui dénonçaient les exactions de l'armée nazie.
En tant qu'opposant au fascisme, Guttuso rejoint le Parti communiste italien dès 1940 et participe à la Résistance des partisans italiens contre l'armée allemande à partir de 1943. Fidèle à ses convictions, il choisit les funérailles de Palmiro Togliatti pour sujet de l'un de ses tableaux, I funerali di Togliatti (1972), qui devait prendre valeur de manifeste politique. Dans une logique similaire, en 1971, il fit partie des 800 intellectuels qui signèrent dans l'hebdomadaire L'Espresso un document accusant de meurtre le commissaire Luigi Calabresi.
Enfin, Guttuso était un adversaire déclaré et engagé de la Mafia.
En 1972, l'URSS lui décerna le Prix Lénine pour la paix, équivalent soviétique du Nobel. En 1976, il fut élu au Sénat italien dans les rangs du PCI pour représenter la ville de Sciacca, située dans la province d'Agrigente. Seul depuis la mort de son épouse, Guttuso, selon le témoignage de Giulio Andreotti, se rapprocha du catholicisme, religion dont il avait partagé à sa façon les valeurs humanistes. Il légua de nombreuses œuvres а sa ville natale de Bagheria, aujourd'hui rassemblées au musée communal de la Villa Cattolica.

vendredi 23 juin 2017

Albert Marquet (1875-1947) - Nature morte à la tasse


Albert Marquet (1875-1947) 
Nature morte à la tasse
Collection privée

 Que voit-on ?  Sur une table recouverte d'une nappe  ou figure déjà une assiette vide, une tasse à thé une théière, un vase, des fleurs jaunes et quelques livres : une seul tasse à café isolée sur la droite du cadre et ressortant de l'ensemble grace à sa frise rouge. Une atmosphère très imprégnée de Vuillard et de Bonnard pour ce Marquet étrange et intimiste.

Rappel biographique : Maître du paysage au regard aiguisé, le peintre français Albert Marquet a gardé de sa période fauve un certain sens de la couleur et de la lumière. Ami de Matisse et de Derain, il fait partie du mouvement des post impressionnistes. Les natures mortes qui sont  assez rares chez ce grand paysagiste sont toujours un régal pour les yeux.

2017 - A Still Life Collection 
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jeudi 22 juin 2017

Agostinho José da Mota (1824-1878)


Agostinho José da Mota (1824-1878)
Natureza morta com frutas
Pinacoteca do Estado de São Paulo

Que voit on ?  Une des premieres natures mortes de fruits tropicaux jamais peintes. On la doit au grand peintre Brésilien Agostinho José da Mota, quasiment encore aujourd'hui inconnu en Europe (à l'exception du Portugal peut être)  auquel cette oeuvre fut commandée par l'impératrice Teresa Cristina (née Marie-Therèse de Bourbon des Deux Siciles) pour le palais de Petropolis dont elle entendait orner la salle à manger d'apparat de fruits exclusivement brésiliens. Cette commande était une sorte de suites de panneaux publicitaires avant la lettre, destinés à promouvoir la production maraichère locale auprès des hôtes prestigieux que Pierre II, troisième et dernier empereur du Brésil et elle-même y recevaient.  Aujourd'hui encore le résultat de cette commande étonne et laisse admiratif. 

Rappel biographique : Agostinho José da Mota était un peintre et un enseignant brésilien. Son penchant pour l'art s’est manifesté dans son enfance et s'est amplifié avec le temps. En 1837, il s'inscrit à l'Académie impériale des Beaux-Arts de Sao Paulo où il est un des étudiants les plus brillants et reçoit un prix qui lui permet de voyager en Europe dès 1850. En 1851, il décide de partir à  Rome où il  étudie sous la direction du peintre français Jean-Achille Benouville. Il  passe 8 ans en Italie et y produit quelques très belles œuvres. De retour au Brésil en 1859, il commence à enseigner à l'Académie des Beaux Arts de Rio de Janeiro, d’abord le dessin puis le paysage. Parmi ses élèves, les plus connus furent : Modesto Brocos, Henrique Bernardelli, Pedro Peres, Firmino Monteiro et José Maria de Medeiros.
L'impératrice Teresa Cristina du Brésil, qui était elle-même d'origine italienne, lui commanda une suite de natures mortes, un genre dans lequel il a excellé d’autant plus qu’il fut parmi les premiers à peindre des fruits tropicaux quasiment inconnus en Europe.
Il fut aussi  le pionnier de la peinture en plein air au Brésil, bien avant Georg Grimm qui en revendiqua cependant le titre. A la fin de sa vie, très dépensier et menant grand train, il connut quelques difficultés financières et fut obligé de peindre des panneaux publicitaires pour survivre. 

mercredi 21 juin 2017

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - Les Attributs de la Musique

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Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
Les Attributs de la Musique
Musée du Louvre - Paris 

Que voit on ? Une nature morte de circonstance en ces jours de célébrations de Sainte-Cécile  (protectrice des musiciens) et de Fête de la Musique, où l'on remarque la présence sur le pupitre d'un chandelier destiné à éclairer la partition quand le musicien joue le soir ou dans la pénombre. On peut aussi noter aussi comment Chardin équilibre sa composition sur la droite et marque la perspective en utilisant l'embout d'une trompette en cuivre (dont on n'aperçoit pas le cornet) et la trompe d'un cor de chasse largement déployée, la pièce centrale demeurant une mandoline. A gauche ce sont deux livres  (des traités de musique sans doute) qui marquent la frontière.

Rappel biographique : Jean-Baptiste-Siméon Chardin est considéré comme l'un des plus grands peintres français et européens du 18e siècle. Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, il est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. A partir du Salon de 1748, Chardin expose de moins en moins de scène de genre, il multiplie désormais les natures mortes. Ce retour à ce type de peinture va durer une vingtaine d'années. Il est difficile de donner des raisons à ce changement de cap. On sait que pendant cette période la vie de Chardin est en pleine mutation. Il se remarie, il reçoit une pension du roi. Il est désormais à l'abri du besoin. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre (salle 39) . Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres.
Les natures mortes qu'il peindra à partir de 1760 sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.
Chardin cherchait à reproduire la matière, ces fruits semblent aussi vrais que nature, Diderot s'extasiait devant ce réalisme dans son compte-rendu du Salon de 1759 : " Vous prendriez les bouteilles par le goulot si vous aviez soif ". ou encore en 1763, " C'est la nature même; les objets sont hors de la toile et d'une vérité à tromper les yeux. (...)
 Pour regarder les tableaux des autres, il semble que j'ai besoin de me faire les yeux ; pour voir ceux de Chardin, je n'ai qu'à regarder ce que la nature m'a donné et   m'en bien servir ".
" O Chardin ! ce n'est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette: c'est la substance même des objets, c'est l'air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau et que tu attaches sur la toile ".

2017 - A Still Life Collection 
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mardi 20 juin 2017

Bernard Buffet (1928-1999) - Compotier et revolver

Bernard Buffet (1928-1999) Compotier et revolver, 1949  Musée d'Art Moderne (MAM)

Bernard Buffet (1928-1999)
Compotier et revolver, 1949 
Musée d'Art Moderne (MAM)

Que voit on ? sur un plan en carreau de faience blanche comme les carreaux qui ornaient alors les couloirs du metro parisien ou des morgue dans les hôpitaux : un grand carré de linge blanc, sans un pli, figurant l'espace délimité d'un ring de box dans lequel va se jouer le match ou le drame. A l'intérieur de  ce ring, le peintre a disposé  une bouteille noire et sans aucune nuance (symbolisant tous les alcools) et 3 balles (elle aussi noires et sans nuances) de revolver. A cheval sur le ring et l'extérieur du ring : un revolver. En dehors du  ring : un compotier vide de tous fruits, symbolisant l'absence des plaisirs de la vie, la vacuité de l'existence. En dehors du ring aussi une boîte fermée qui contient sans doute d'autres balles, pour ce qui semble être une tragique partie de roulette russe. Une nature morte dans la grande tradition des memento mori antiques avec des éléments empruntés à la modernité et au mal de vivre des années 50, la période de l'après Seconde Guerre Mondiale.
Cette nature morte est le pendant et la conclusion de Couvert et Compotier qui montre le peu d'appétit du peintre (un seul fruit au menu du repas) pour la vie et son peu d'espoir dans un avenir meilleur.

Rappel biographique : Bernard Buffet est un peintre français expressionniste, qui a peint aussi bien des personnages que des figures, animaux, nus, paysages, intérieurs, natures mortes, fleurs. Aquarelliste, c'est également un peintre de décors de théâtre et un illustrateur. Il remporte le concours d’entrée de l'École nationale supérieure des beaux-arts en décembre 1943 à quinze ans, passant deux ans dans l'atelier du peintre Eugène Narbonne où il est déjà considéré comme très doué. Il s'y lie notamment d'amitié avec les peintres Maurice Boitel et Louis Vuillermoz.
En 1947, il expose L'Homme accoudé au Salon des indépendants et en décembre a lieu sa première exposition particulière présentée par Pierre Descargues, à la Librairie des impressions d'art.  On y reconnait déjà un graphisme très caractéristique qui sera tout au long de sa vie, la marque du peintre. L'État, par l'intermédiaire de Raymond Cogniat, lui fait son premier achat pour le Musée national d'art moderne de Paris avec la peinture Nature morte au poulet. En 1955, il obtient la première place au référendum organisé par la revue Connaissance des arts désignant les dix meilleurs peintres de l'après-guerre. Il peint les maquettes des décors et des costumes pour La Chambre argument de Georges Simenon qui devient son ami. Élu à l’Académie des beaux-arts au fauteuil de Paul Jouve, Bernard Buffet est alors le plus jeune académicien jamais élu sous la coupole.
En 1978, à la demande de l’administration des postes, Bernard Buffet réalise une maquette pour un timbre de trois francs L’Institut et le Pont des arts. À cette occasion le musée postal à Paris présente une exposition rétrospective de ses œuvres. Dans les années 1970-80, Bernard Buffet est un artiste au sommet de sa gloire que les critiques n'épargnent pas, comme tout artiste qui connait un grand succès de son vivant. Ils lui reprochent principalement le  " statisme " de sa touche dans laquelle ils décèlent peu d'évolutions au cours des années, le traitant volontiers de  " peintre académique ".
Au début des années 1980 son œuvre immense, est plus appréciée à l'étranger qu'en France, et principalement en Extrême Orient, aux Etats-Unis, en Amérique du sud et au surtout Japon où elle connait un succès considérable et où lun musée est spécifiquement construit pour lui à Surugadaira, ce qui, à cette époque, est inédit pour un peintre vivant.
En 1986, sa femme et modèle favori, Annabel, publie D’amour et d’eau fraîche ; la même année sortent les deux premiers volumes de la monographie de Yann Le Pichon, Bernard Buffet, couvrant la période 1947-1982, qui obtiennent immédiatement le Prix Élie Faure.
Bernard Buffet, diminué par la maladie de Parkinson, se suicide par asphyxie, le 4 octobre 1999, dans son atelier du Domaine de la Baume près de Tourtour (Var), étouffé dans un sac en plastique noir sur la surface duquel son nom était dessiné avec sa calligraphie si caractéristique ; dernière mise en scène un rien macabre d'un très grand artiste du 20e siècle, qui toute sa vie avait adoré mettre en scène sa propre existence. En novembre 2007, paraît le troisième et dernier volume de la monographie de Yann Le Pichon, couvrant la période de 1982 à 1999.
En 2016- 2017, le MAM (Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris), rend hommage au peintre à travers une exposition où sont présentées toutes les acquisitions du musée  faites dans les années 47- 55 et quelques chef d'oeuvres prêtées par le musée Bernard Buffet de Surugadaira.

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lundi 19 juin 2017

Balthus (1908-2001) - Still-Life with Figure


Balthus (1908-2001) 
Still-Life with Figure 
Tate Modern, London

Que voit-on ?  Sur un table recouverte à la fois d'une nappe et d'un napperon : un compotier baroque en cristal et bronze présentant des pommes en équilibre sur sa structure. A l'autre bout de la table, un verre à pied à moitié plein de vin et un quart de miche de pain blanc, dans laquelle un couteau a été enfoncé. Un personnage féminin aux cheveux blonds, regarde cette nature morte en s'appuyant d'une main sur la table et en écartant un épais rideau de damas de l'autre main. La présence d'un personnage dans une nature pour être rare n'est pas inhabituel. Les hollandais de l'Age d'or en avait introduit l'usage au 16e et 17e siècle mais principalement pour dépeindre des professions en rapport avec la nature morte présentée (une maraichère, un poissonnier, un boucher..). Au 18e siècle, lorsqu'un personnage est présent dans une nature morte ,c'est toujours un(e) domestique qui sert le thé ou le chocolat. Balthus reprend cet " usage " du personnage dans la nature morte en l'adaptant à ce qui pourrait être la maîtresse de maison... ou la maîtresse tout court !

Rappel biographique : Le peintre français d'origine polonaise Balthus (pseudonyme de Balthasar Kłossowski de Rola) est un peintre du 20e siècle qui appartient au mouvement figuratif  dans une époque où l'abstraction est reine. Il est le frère de l'écrivain et dessinateur Pierre Klossowski.
« La meilleure façon de commencer est de dire, Balthus est un peintre dont on ne sait rien. Et maintenant, regardons les peintures » telle est la réponse laconique que le peintre adresse à la Tate Gallery, qui, organisant une exposition de ses œuvres, souhaitait également agrémenter le catalogue de quelques éléments biographiques. L'œuvre peint de Balthus est relativement peu abondant puisqu'on ne compte qu'environ 300 peintures, dont beaucoup ne sont pas datées. Artiste méticuleux - certains tableaux nécessitant plusieurs années pour être achevés après de nombreuses études préparatoires - Balthus est resté célèbre pour ses tableaux de jeunes filles nubiles, souvent peintes dans des poses ambiguës, jouant sur l'idée de l'innocence perdue à l'adolescence. 
Ses natures mortes sont assez rares et toujours assez énigmatiques.

2017 - Wandering Vertexes...
by Francis Rousseau 

dimanche 18 juin 2017

Gustave Caillebotte (1848-1894)


Gustave Caillebotte (1848-1894) 
Pêches, nectarines et abricots, 1871 
Private collection, USA

Que voit on ? Caillebotte peint ici les pêches, les nectarines et les abricots pour leur texture et leur couleur exactement comme Courbet peignait les pommes. Un clin d'oeil d'un Gustave à l'autre, un hommage et surtout un magnifique petit tableau.

Rappel Biographique : le peintre français Gustave Caillebotte fut aussi mécène, collectionneur  et organisateur des expositions impressionnistes de 1877, 1879, 1880 et 1882. Le talent de Caillebotte fut longtemps méconnu (sauf aux États-Unis) au profit de son rôle de « mécène éclairé ». Le peintre fut redécouvert dans les années 1970 à l'initiative de collectionneurs américains. Les rétrospectives de ses œuvres sont désormais fréquentes. Certains de ses tableaux se trouvent maintenant au musée d'Orsay à Paris.
Caillebotte est l'un des premiers grands peintres français à exposer régulièrement aux États-Unis, où il rencontre un vif succès, et où se trouvent aujourd'hui nombre de ses toiles. Il est l'un des fondateurs du courant « réaliste », qu'illustrera par exemple au 20e siècle l'américain  Edward Hopper.
Fortuné, il n'a pas besoin de vendre ses toiles pour vivre, si bien que ses descendants possèdent encore près de 70 % de ses œuvres. À sa mort, Martial et Auguste Renoir son exécuteur testamentaire, prennent les dispositions pour que l’État accepte le legs de ses tableaux impressionnistes.
Les historiens d'art qualifient volontiers cet artiste « d’original et audacieux ». Sa technique ne l'est pas moins assez proche de l'art photographique, mais, par de puissants effets de perspectives tronquées, les distances et les premiers plans sont écrasés et l'horizon absent, d'où la perception instable et plongeante (Caillebotte invente la vue en plongée dans la peinture). Les effets de vue plongeante s'imposent dans son art à travers les personnages au balcon et ses vues en surplomb des rues et des boulevards. 
Dans ses natures mortes saisies souvent dans des cadrages et sous des angles inhabituels, il s'intéresse surtout à l'aspect préparé et alimentaire. Il affectionne les natures mortes à l'étalage dont il croque le plan sur les marchés, dans les restaurants, ou dans les boutiques et qu'il retravaille entièrement dans son atelier, car contrairement aux impressionnistes qui peignent en plein air, Caillebotte retravaille toutes ses esquisses à l'atelier. 

samedi 17 juin 2017

Patrick Heron (1920-1999)


Patrick Heron (1920-1999)
Still-Life with Bottle, Hyacinth, Lamp, Fruit and Percolator, 1947
Tate Modern, London

Que voit on ?  Ce que décrit le titre à quoi il faut ajouter ce qui semble être au premier plan le dessin  inachevé d'un violon. A la fois cubiste et abstraite, cette toile qui faisait partie de la première grande exposition que fit ce peintre-coloriste de génie, s'exprime dans des tonalités plutôt sombres et sourdes, celles là-mêmes de l'Angleterre d'alors, à peine remise des douloureuses blessures de la Seconde Guerre Mondiale.  

Rappel biographique : Patrick Heron est un peintre anglais qui vivait à St Ives en Cornouailles
où il passa son enfance avant de devenir élève à la Slade School of Fine Art (1937-1939). Il commence à peindre après la Seconde Guerre mondiale tout en travaillant comme assistant dans  l’Atelier de Poterie de Bernard Leach à St Ives (1945).  Entre  1953 et 1956, il  enseigna à la Central School of Fine Art .  Entre 1947 et 1950, il devint  un critique d’art influent pour les journaux  New Stateman et The Nation. De 1955 a 1958, il fut  le correspondant londonien de la revue Arts. Il est l’auteur de  plusieurs ouvrages dont The Changing Forms of Art (1955), Ivon Hitchens (1955),  et Braque (1956). A ses débuts, son oeuvre fut plutôt  influencée par Matisse et Braque avec un style figurativo-cubiste et des couleurs très vives. Plus tard, il développa un style abstrait sur le modèle de l’Ecole américaine de New York. Sa première exposition eut lieu à Londres en 1947 à la Redfern Gallery puis à New York chez Bertha Schaefer Gallery en 1960. En 1952, il fut présent à la Biennale de Sao Paulo avec 12 toiles. Heron était également dessinateur de motifs pour tissus imprimés. Il a écrit un livre The Shape of Colour (1978), dans lequel il se livre à une analyse détaillée des formes rencontrées dans la nature. Une partie de ces travaux les plus conséquents ont disparu dans l’incendie qui ravagea l’entrepôt de stockage du Momart le 24 mai 2004.

vendredi 16 juin 2017

Paul Cézanne (1839-1906) - Nature morte aux oignons


Paul Cézanne (1839-1906)
Nature morte aux oignons,  1896-1898
Musée d'Orsay, Paris

Que voit on ?  Posés sur une coin de table de cuisine de style provençale :  une nature morte très classique avec  une bouteille, un verre, des oignons et LE couteau. les oignons, éléments quotidiens voir même vulgaires dans la culture occidentale (ce que n'était pas le cas dans la culture égyptienne antique) sont mis en scène (et en valeur) par Cézanne de façon très différente :  tour à tour présentés à même le bois de la table ou sur une assiette en porcelaine blanche  pour mieux rehausser le rose de la peau ou brillant et soyeux, posé sur une nappe un peu rugueuse et repliée à la hâte.

Rappel biographique : Parmi les quelques 900  tableaux et 400 aquarelles que Paul Cézanne,  ce sont  les natures mortes qui arrivent en tête , et notamment les pommes qui arrivent en tête de ses premières « obsessions picturales ». Pour Cézanne, la nature morte est un motif comme un autre, équivalent à un corps humain ou à une montagne, mais qui se prête particulièrement bien à des recherches sur l'espace, la géométrie des volumes, le rapport entre couleurs et formes : « Quand la couleur, est à sa puissance, la forme est à sa plénitude » disait-il. Incomprises en leur temps, les natures mortes de Cézanne sont devenues depuis lors l'un des traits caractéristiques de son génie.

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2017 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau

jeudi 15 juin 2017

Louis Daguerre (1787-1851)


Louis Daguerre (1787-1851)  
Nature morte à l'atelier - Daguerreotype Daguerre, 1837  
Société française de photographie 


Que voit on ? Une nature morte expérimentale d'atelier, composée dans le goût des vitrines de magasins d'Antiquaires, alors très en vogue à Paris. L'artiste veut y faire la preuve que la photographie peut rendre aussi bien que la peinture la différence des textures : la pierre, le marbre, le plâtre, l'osier, le bois  et le tissu sont mis ici à contribution pour un résultat laissé a l'appréciation du spectateur.

Rappel biographique :  Louis Daguerre, est un peintre et photographe français. Sa commercialisation du daguerréotype  qui inspira des travaux de Joseph Nicéphore Nièpce l'a fait considéré, pendant un temps, comme l'inventeur de la photographie. Louis Daguerre fut d'abord peintre avant de se convertir au métier de décorateur de théâtre pour lequel il exécuta des tableaux remarquables (notamment les décorations d'Aladin ou la Lampe merveilleuse à l'Opéra de Paris)...
- Plus d'informations sur Louis Daguerre

mercredi 14 juin 2017

Germain Ribot (1845-1893) - Nature morte aux cerises et groseilles à maquereaux

Germain  Ribot (1845-1893)  Nature morte aux cerises et groseilles à maquereaux  Collection Privée

Germain  Ribot (1845-1893)
 Nature morte aux cerises et groseilles à maquereaux 
Collection Privée

Que voit on ? Un plat en terre cuite renversée duquel se déverse une profusion de cerises et de groseilles à maquereaux. Deux coupelles en verre sur la droite de la composition attestent de la consommation immediate de ces délices.

Rappel Biographique : Fils de Théodule Ribot (1823-1891),  il étudie avec son père, puis avec Antoine Vollon. Il expose au Salon de 1870 à 1883. Germain Ribot se consacre principalement aux natures mortes florales et atteint rapidement à son époque, une renommée dans ce domaine.  Renommée qui lui sera fatale puisqu'il est resté oublié du 20e siècle et du début du 21e  !
 
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2017 - A Still Life Collection
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mardi 13 juin 2017

Gustave Caillebotte (1848-1894) - Gousses d'ail et couteau sur un coin de buffet

http://astilllifecollection.blogspot.com

Gustave Caillebotte (1848-1894)
Gousses d'ail et couteau sur un coin de buffet, 1871-1878
Propriétaire inconnu

Que voit-on ?  Une étrange nature morte de Caillebotte - qui est un peintre que ce blog aime particulièrement - non pas tant par le sujet (plus un sujet était quotidien, plus il l'intéressait) que par  le modernisme avec lequel elle est peinte. On est surpris par ces peaux de gousses d'ails qui sont comme des virgules de peinture sur le bois de la commode... et que dire du scintillement de la lame du couteau,  qui est obtenu avec un trait de pinceau blanc tenu in extenso jusqu'à son assèchement !!! C'est d'autant plus magistral que cette toile n'est pas très grande (36x25cm).  Au delà du modernisme du trait on est aussi surpris par le minimalisme de la palette, quasiment monochrome n'utilisant que le marron, le blanc et le noir !
 Enfin autre mystère attachée à cette oeuvre, comme à sept autres oeuvres de Caillebotte : on ne sait pas où elle se trouve aujourd'hui.  Bien que n'ayant jamais été volée, la trace de ses acquéreurs se perd à un certain moment pour ne plus jamais réapparaître. Le tableau est-il dans un coffre-fort ? A-t-il été détruit ?  On ne sait pas ... toujours est-il que cette reproduction est la seule trace qui reste de ce qui est sans doute une des plus belles natures de Gustave Caillebotte qui en a pourtant peint beaucoup d'autres magnifiques.

Rappel biographique : le peintre français Gustave Caillebotte fut aussi mécène, collectionneur  et organisateur des expositions impressionnistes de 1877, 1879, 1880 et 1882. Le talent de Caillebotte fut longtemps méconnu (sauf aux États-Unis) au profit de son rôle de « mécène éclairé ». Le peintre fut redécouvert dans les années 1970 à l'initiative de collectionneurs américains. Les rétrospectives de ses œuvres sont désormais fréquentes. Certains de ses tableaux se trouvent maintenant au Musée d'Orsay à Paris. Caillebotte est l'un des premiers grands peintres français à exposer régulièrement aux États-Unis, où il rencontre un vif succès, et où se trouvent aujourd'hui la plupart de ses toiles. Il est l'un des fondateurs du courant « réaliste », qu'illustrera par exemple au 20e siècle l'américain  Edward Hopper. Fortuné, il n'avait pas besoin de vendre ses toiles pour vivre, si bien que ses descendants possèdent encore près de 70 % de ses œuvres. À sa mort, Martial et Auguste Renoir son exécuteur testamentaire, prennent les dispositions pour que l’État accepte le legs de ses tableaux impressionnistes. Les historiens d'art qualifient volontiers cet artiste « d’original et audacieux ». Sa technique ne l'est pas moins assez proche de l'art photographique, mais, par de puissants effets de perspectives tronquées, les distances et les premiers plans sont écrasés et l'horizon absent, d'où la perception instable et plongeante (Caillebotte invente la vue en plongée dans la peinture). Les effets de vue plongeante s'imposent dans son art à travers les personnages au balcon et ses vues en surplomb des rues et des boulevards. Dans ses natures mortes saisies souvent dans des cadrages et sous des angles inhabituels, il s'intéresse surtout à l'aspect préparé et alimentaire. Il affectionne les natures mortes à l'étalage dont il croque le plan sur les marchés, dans les restaurants, ou dans les boutiques et qu'il retravaille entièrement dans son atelier, car contrairement aux impressionnistes qui peignent en plein air, Caillebotte n'est pas un peintre de plein air et retravaille toutes ses esquisses à l'atelier.

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lundi 12 juin 2017

Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) - Nature morte aux fruits et légumes du sud

Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)  Nature morte aux fruits et légumes du sud, 1881 Huile sur toile, 51x 68,5cm Art Institute, Chicago

Pierre-Auguste Renoir (1841-1919) 
Nature morte aux fruits et légumes du sud, 1881
Huile sur toile, 51x 68,5cm
Art Institute, Chicago

 Que voit on ?  Sur un guéridon blanc de jardin : un plat en porcelaine dans lequel s'entassent oignons, citrons, poivrons et aubergines dont le peintre a choisi quelques exemplaires pour les mettre encore plus en valeur en les isolant à même le guéridon. Une explosion de couleurs pour cette " ratatouille impressionniste"  qui met d'autant plus l'eau à la bouche qu'elle a été touillée par Renoir !

Rappel biographique : L'un des plus célèbres peintres français, Pierre-Auguste Renoir, membre éminent, s'il en est, du mouvement impressionniste a peint beaucoup de natures mortes, comme l'ensemble de ses collègues impressionnistes d'ailleurs qui ont participé au renouveau de ce genre vieux de plus de 3000 ans. Au début de sa carrière, ses natures mortes s'inspirent beaucoup de celles de Courbet avant d'imposer le style unique que l'on connait. La dernière toile qu'il aurait voulut peindre serait une nature morte florale. Sur son lit de mort, Renoir aurait demandé une toile et des pinceaux pour peindre le bouquet de fleurs qui se trouvait sur le rebord de la fenêtre. En rendant pour la dernière fois ses pinceaux à l'infirmière il aurait déclaré : « Je crois que je commence à y comprendre quelque chose ».

dimanche 11 juin 2017

Richard Diebenkorn (1922-1993) - Untitled - Knife on the rocks



Richard Diebenkorn (1922-1993) 
Untitled - Knife on the rocks 
Private collection 

Que voit-on ?  Sur un fond beige recouvrant à grands coups de truelles et de brosses un premier fond bleu foncé  : un verre à eau rempli au 3/4 de whisky. Au fond du verre : ce qui ressemble à un glaçon, mais un glaçon qui refuse de flotter à la surface du liquide ! Dans le verre : la lame du couteau dont le manche en bois dépasse dans le vide. Une des natures mortes les plus puissantes de Diebenkorn réalisée avec une grande économie de mise en scène. Quatre éléments seulement : un verre, un glaçon, du whisky et un couteau suffisent à construire la dramaturgie... et quelle dramaturgie !

Rappel biographique : Richard Diebenkorn est un peintre américain du 20e siècle dont le style navigue de l’abstrait au figuratif en fonction des périodes qu’il a traversées. Après une première exposition au California Palace of the Legion of Honor à San Francisco en 1948, ses débuts sont associés à l'expressionnisme abstrait et à l'Ecole de San Francisco, mouvement figuratif des années 1950-1960.  De 1955 à 1966,  il vit à Berkeley (Californie), change de style et devient un peintre figuratif important, dans un genre qui réunit  à la fois la manière de Henri Matisse qu’il admire et l'expressionnisme abstrait. Diebenkorn, Elmer Bischoff, Henry Villierme, David Park, James Weeks participent ensemble à une renaissance de la peinture figurative, qu'on appelle l'École de San Francisco (Bay Area Figurative Movement). En 1967, Diebenkorn s'installe à Santa Monica et devient professeur à l'UCLA. Il installe son atelier dans le même immeuble que son vieil ami Sam Francis. Pendant l'hiver 1966-1967, il revient une nouvelle fois à l'abstraction, cette fois avec une vision très personnelle, un style géométrique qui se démarque clairement de ses débuts de la période expressionniste abstraite. La série Ocean Park, qu’il commence en 1967 se poursuit pendant les  dix-huit années suivantes. Elle est devenue la partie de son œuvre la plus célèbre aujourd’hui. Elle se compose d'environ 135 peintures. Basées sur le paysage vu depuis la fenêtre de son atelier, ses compositions abstraites à grande échelle sont nommées d'après une communauté de Santa Monica où il a eu un temps son atelier. A la même époque, il peint aussi ce qu’il appelle des found still life,  c’est a dire des toiles d’après ce qu’il trouve sur sa table san rien retoucher à l’arrangement qu’il voit (c'est le cas du tableau présenté ici).
La première rétrospective importante de son oeuvre a eu lieu à la Albright–Knox Art Gallery а Buffalo en 1976 et 1977.  En 1989, John Elderfield, conservateur au MOMA (New York) organise une exposition d’oeuvres de Diebenkorn sur papier, qui constitue d’ailleurs la partie la plus prolifique de sa production.
En 2012, l'exposition Richard Diebenkorn : The Ocean Park Series, organisée par Sarah C. Bancroft, a lieu simultanément à la Corcoran Gallery of Art,  à l'Orange County Museum of Art et au Forth Worth Museum of Modern Arts de Washington.

samedi 10 juin 2017

Pompei - Offrandes funéraires


Pompei 
Offrandes funéraires
Musée de Naples 

Que voit- on ? une fresque qui représente une console murale servant sans doute d'autel et sur laquelle sont posés trois vases : deux jarres en terre cuite contenant sans doute de l'huile et une jarre en cuivre contenant du vin précisément signalées étant des offrandes funéraires.

Rappel historique : Pline l'Ancien raconte que dans la Grèce antique, le peintre Piraikos qui vivait au 3e siècle avant notre ère, vendait déjà fort cher ses " Provisions de cuisine ", des tableaux de chevalets représentant des victuailles ou des instantanés d'échoppes de cordonniers et de barbiers. Dans la hiérarchie des genres picturaux d'alors, ces représentations de provisions de cuisine sont déjà considérées comme un genre mineur... et  elles le resteront pendant de longs siècles... au moins jusqu'à Chardin, si ce n'est jusqu'à Cézanne. Genre mineur donc, loin derrière les sujets religieux, les portraits et les paysages, mais genre que les commanditaires s'arrachent pourtant !
Le grec Piraikos reste le plus célèbre des peintres de ce genre. Hélas, aucun exemple n'est parvenu jusqu'à nous de ces peintures des menus objets du quotidien par Piraikos,  peinture que l'on nommait à cette époque Rhyparographie .
A la même époque, un autre peintre grec, Zeuxis rivalisait avec la nature au point que des oiseaux voulaient picorer les raisins qu'il peignait et qu'il passe être l'inventeur du réalisme et  de l'illusionnisme  ne peinture, pour ne pas dire du premier trompe-l'oeil. Il faut là encore faire confiance au récit de Pline l'Ancien, car aucun exemple de cet art ne nous est parvenu.
Les premières natures mortes connues du monde occidental sont des fresques et des mosaïques du 1er siècle de l'ère chrétienne, provenant de Campanie (Herculanum et Pompéi) ou de Rome. Elles sont exécutées dans un style réaliste et illusionniste : fruits veloutés, poissons et volailles posés sur une marche de pierre ou sur deux étagères d'un garde manger, généralement en trompe l'œil avec des ombres portées, ou quelquefois dans des coupes en verre avec des transparences subtiles.
Ces peintures évoquent le xenion antique, un cadeau fait de denrées qu'un hôte doit offrir à ses invités. Pourtant la nature morte de l'Antiquité possède une autre ambition que celle du seul plaisir mimétique. Comme le précise Charles Sterling : « Il est clair que les natures mortes hellénistiques et romaines qui représentaient des mets prêts à être consommés comportaient une allusion épicurienne ». On trouve ainsi assez fréquemment des mosaïques de natures mortes et des vanités dans les atriums d'été romains, où les convives invités aux repas étaient ainsi encouragés à cueillir le jour qui passe, Carpe diem selon la célèbre formule d'Epicure, à profiter de la vie tant qu'il était encore temps de le faire. Une déclinaison plus sophistiquée de la tradition égyptienne pharaonique qui voulait que l'on fît passer un cadavre devant les convives avant de commencer un repas pour leur rappeler l'impermanence de la vie !  Les natures mortes garderont tout au long des siècles jusqu'à nos jours,  cette signification épicurienne.

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vendredi 9 juin 2017

Raoul Dufy (1877-1953) - Nature morte au compotier de fruits



Raoul Dufy (1877-1953) 
Nature morte au compotier de fruits
Collection privée 

Que voit-on ?  Une composition presque monochrome de Dufy simplement colorée par le bleu pale du guéridon de jardin sur lequel la nature morte est composée, par le jaune d'une tranche de fruits et - surtout - par le vert des figues posées dan le compotier. L'indicible sensation de fraicheur et de légèreté d'un matin d'été.

Rappel biographique : le peintre  français Raoul Dufy était aussi dessinateur, graveur, illustrateur de livres, créateur de tissus, céramiste, créateur de tapisseries et de mobilier, décorateur d'intérieur, décorateur d'espaces publics et décorateur de théâtre. Raoul Dufy a produit  plus 3 000 toiles, 6 000 grandes aquarelles, 6 000 dessins et en a détruit presque autant.
- Plus d 'informations sur Raoul Dufy

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jeudi 8 juin 2017

Sebastian Stoskopff (1597-1657)


Sebastian Stoskopff (1597-1657)
 Nature morte au pain et au vin 
 Musée de l'œuvre Notre Dame, Strasbourg 

 Que voit on ? Ce que décrit le titre mais dans une atmosphère très dépouillée. Exceptionnellement dans ce tableau : un unique verre et rempli de vin chez ce peintre connu pour ses amoncellements de verres vides et brisés. Posées sur un plat d'argent dans lesquelles elle se reflètent, trois quiches lorraines, ce qui permet de certifié l'existence dès le17e siècle de cette recette emblématique du fast food européen dont raffole toujours nos contemporains !

Rappel biographique : le peintre alsacien Sébastien Stoskopff a été formé par Frédéric Brentel puis par Daniel Soreau. Sébastien Stoskopff vit à Paris entre 1621 et 1641 environ et voyage en Italie vers 1629.  Très apprécié à son époque, il est considéré comme l'un des maîtres européens de la nature morte très à l'aise dans le traitement des textures opposées comme le verre et l'osier d'un côté, ou le verre et l'étain etc...  L'œuvre de Sebastian Stoskopff a été redécouverte très tardivement, au milieu du 20e siècle, dans les années 1930, ce qui signifie qu'elle est restée dans l'ombre pendant plus de 3 siècles !   Il reste de l’œuvre de Stoskopff entre 60 et 69 tableaux, selon les critiques. 10 d’entre eux sont datés et 26 à 29 sont signés de la main du maître. Toutes les œuvres signées sont des natures mortes. Mais des correspondances attestent que Stoskopff était aussi portraitiste, et qu’il a notamment exécuté un double portrait du comte Jean de Nassau-Idstein et de son épouse Anna. Pour la plupart, les œuvres de l’artiste ont pour thème la représentation d’objets quotidiens, très souvent dans le domaine de la cuisine ou de la nourriture.
En 1640, lorsqu'il revient à Strasbourg, les peintres locaux jalousent cet artiste apprécié, célibataire de surcroît. On lui interdit de porter le titre de maître peintre. Qu'importe! Son insolence et la beauté de ses oeuvres le rendent intouchable et la protection de Jean de Nassau fait le reste. Avec de l'huile et quelques pigments, il s'attaque au clair-obscur. Dans la Corbeille de verres vénitiens, son chef-d'oeuvre, les très fines lignes blanches et les légers reflets d'un verre brisé procurent la même émotion qu'un tableau religieux.
Sébastien Stoskopff meurt assassiné chez Jean de Nassau au terme d'une messe noire où il aurait abusé de drogue et d'alcool. L'organisateur du sabbat finira brûlé sur le bûcher pour sorcellerie. La vie de Stoskopff reste donc un mystère. 
 
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mercredi 7 juin 2017

Suzanne Valadon (1865 -1938)


Suzanne Valadon (1865-1938)
Nature morte avec fruits et oignons
Collection privée

 Que voit on ? Ce que le titre décrit mais aussi un compotier en porcelaine blanche contenant trois oranges disposées en plein centre de la composition, de même qu'une théière volontairement ignorée dans le titre. Le tout est peint sur un fond sombre qui est un somptueux mélange de bleu, violet et noir.

Rappel biographique  :  Suzanne Valadon est une des plus importantes peintres françaises du 20e siècle et la premiere femme admise, en 1894,  à la Société nationale des beaux-arts. Elle a commencé sa carrière comme acrobate de cirque en 1880, jusqu’à ce qu’une chute mette fin prématurément à cette activité. Dans le quartier de Montmartre où elle habite avec sa mère, puis avec son fils naturel, le futur peintre Maurice Utrillo, né 1883, elle a la possibilité de s’initier à l’art. Devenue modèle d’artistes, elle les observe en posant, et apprend ainsi leurs techniques. Modèle de Pierre Puvis de Chavannes, Pierre-Auguste Renoir, Henri de Toulouse-Lautrec, elle noue des relations avec certains. Habituée des bars de Montmartre où la bourgeoisie parisienne vient s’encanailler, Toulouse-Lautrec durant cette période, fait d’elle le portrait intitulé Gueule de bois. Edgar Degas (pour qui elle n'a jamais posé), remarquant les lignes vives de ses dessins et de ses peintures, encourage ses efforts. Elle connaît de son vivant le succès et réussit à se mettre à l’abri des difficultés financières de sa jeunesse. Suzanne Valadon peint des natures mortes, des bouquets et des paysages remarquables par la force de leur composition et leurs couleurs vibrantes. Elle est aussi connue pour ses nus. Ses premières expositions au début des années 1890 comportent principalement des portraits, dont celui d’Erik Satie avec qui elle a une relation en 1893. Il lui propose le mariage au matin de leur première nuit.
Suzanne Valadon est alors connue pour travailler plusieurs années ses tableaux avant de les exposer.
La peintre trouve dans la galeriste Berthe Weill, une alliée solide qui soutient son travail. La marchande fait ainsi participer l'artiste à près de dix-neuf expositions entre 1913 et 1932, dont trois rétrospectives personnelles. Son mariage, en 1896, avec un agent de change, prend fin en 1909, Suzanne quitte son mari pour l'ami de son fils, le peintre André Utter (1886-1948), qu’elle épouse en 1914. Cette union, houleuse, dure près de trente ans. André Utter en Adam et elle-même en Eve figurent sur l’une de ses toiles les plus connues, Adam et Eve. En 1923 elle achète avec Utter le château de Saint-Bernard, au nord de Lyon, pour couper son fils Maurice Utrillo de ses penchants pour l'alcool. Ce dernier  qui signait ces toiles Maurice Utrillo V. (pour Valadon) peint le château ainsi que l’église ou encore le restaurant du village. Suzanne Valadon morte, le 7 avril 1938, entourée de ses amis peintres André Derain, Pablo Picasso et Georges Braque, est enterrée au cimetière parisien de Saint-Ouen.
Ses oeuvres sont conservées dans de nombreux musées, dont le Musée national d'art moderne à Paris, le Metropolitan Museum of Art à New York, le Musée de Grenoble, le Musée des beaux-arts de Lyon. Une exposition permanente lui est dédiée à Bessines-sur-Gartempe (Haute-Vienne), sa ville natale.

mardi 6 juin 2017

Winifred Nicholson (1893-1981)



Winifred Nicholson (1893-1981)
Nursery Bunch 
Tate London 

Que voit-on ?  Un bouquet de fleurs des champs posé dans un grand verre, devant une fenêtre, à côté de quelques tubes de peinture à l'huile qui ont largement bien été employés !

Rappel biographique : La peintre anglaise Winifred Nicholson, fille de George Howard, 9e comte de Carlisle, a développé tout au long de son oeuvre une approche très personnelle de l'impressionnisme à travers des paysages vus, la plupart du temps, du rebord d'une fenêtre dans le droit fil d'un genre pictural que Matisse adorait et que l'on pourrait appeler : la nature morte avec vue !
La production  picturale de Winifred Nicholson est assez abondante. Elle a été réalisée soit dans sa propre maison soit au cours des voyages qu'elle fit en  Grèce et en Ecosse. Plusieurs de ses œuvres sont encore dans des collections privées, mais les plus importantes sont la propriété de la Tate Gallery de Londres. Winifred Nicholson qui avait une véritable fascination pour l'arc en ciel et son spectre de couleurs a développé une utilisation assez innovante des couleurs de ce spectre dans plusieurs de ses peintures. Elle a laissé de nombreux témoignages écrits concernant ses recherches et considérations sur la couleur.

lundi 5 juin 2017

Serge Charchoune (1888-1975)


Serge Charchoune (1888-1975) 
Nature morte, 1939
Collection Privée

Que voit-on ?  Et bien justement... on ne sait pas trop !  Cet unique objet mystérieux en plein centre de la composition est-il un gâteau, un chapeau, un fruit exotique inconnu, un chou rouge ou tout simplement une pomme de pin en gros plan ?  L'atmosphère est à la fois sombre et chaude, comme si un soleil voilé tentait de percer le secret d'une alcôve ou de quelque sous bassement dérobé au regard... le mystère reste entier et c'est sans doute le but poursuivi par ce peintre dadaïste et qui le resta sans aucun reniement - fait assez rare pour être souligné - jusqu'à sa mort.

Rappel biographique : Sergei Ivanovitch Charchoune (Сергей Иванович Шаршун) est un peintre  et poète d'origine russe dont l'essentiel de la carrière s'est déroulée à Paris.  En 1912, renonçant au métier de négociant qui lui était destiné et après avoir déserté l'armée russe, il arrive à Paris et s'inscrit dans l'atelier du peintre cubiste Henri Le Fauconnier. Après la déclaration de guerre de1914, il se réfugie à Barcelone où il rencontre le boxeur-poète Arthur Cravan, les peintres Albert Gleizes, Marie Laurencin et Francis Picabia, et Josef Dalmau à la fois antiquaire et passionné par l'art d'avant-garde. Grâce à ce dernier, Charchoune expose dès 1916 et 1917, des peintures abstraites qu'il qualifie lui-même d'« ornementales ». 
Après la révolution bolchévique d'octobre 1917, il tente de rentrer en Russie, mais échoue finalement à Paris. Le 26 mai 1920, il assiste au Festival Dada de la salle Gaveau et retrouve Picabia. Il fréquente les réunions des dadaïstes au café Certá (passage de l'Opéra) et participe aux manifestations Dada, notamment le « Procès Barrès » organisé par André Breton en mai 1921. 
Au salon Dada de la galerie Montaigne, organisé par Tristan Tzara un mois plus tard, Charchoune expose des dessins inspirés des œuvres « mécaniques » de Picabia. Il compose également un poème illustré de douze dessins, Foule immobile, très bien accueillis par les dadaïstes.
À son tour, il crée un groupe Dada appelé Palata Poetov (La Chambre des Poètes) qui se réunit au café Caméléon, 146, boulevard du Montparnasse. Le 21 décembre 1921, une soirée « dadaïste russe » est un échec malgré la présence de Breton et Louis Aragon. Charchoune ne persiste pas et, en mai 1922, il se rend à Berlin, toujours dans l'espoir d'obtenir un visa pour l'URSS. Il y créé une revue Dada en langue russe Perevoz Dada («Le Transbordeur Dada ») dont il rédige seul le premier numéro (juin 1922). Après avoir édité une anthologie de poésie dadaïste allemande, française et russe Dadaizm, kompilacija et collaboré à diverses revues comme Merz de Kurt Schwitters, Charchoune délaisse le mouvement.
À Berlin, toujours, il expose une nouvelle série de peintures qu'il appelle « cubisme ornemental ». Il rencontre des artistes russes déçus par la révolution, dont la danseuse Isadora Duncan. Charchoune renonce alors à rentrer en URSS et retourne à Paris  en 1923. Après sa rencontre avec Amédée Ozenfant, il adopte le style puriste. À partir de 1954 ,son œuvre devient de plus en plus abstraite et dépouillée, quasi monochrome, inspirée par la musique.
Bien qu'il se gardera de participer à tout autre mouvement, Charchoune n'aura jamais, jusqu'à sa mort, renié son adhésion à Dada. Très peu connu du grand public, et pourtant dans les collections de nombreux musées, Charcoune n'a jamais été vraiment oublié des professionnels de l'art. Depuis les années 2000, son oeuvre bénéficie d'un regain d'interêt certain ... qu'elle mérite amplement.

dimanche 4 juin 2017

Severin Roesen (1816-1872)


Severin Roesen (1816-1872)
Still Life with Fruits
Private collection

Que voit-on ? Une composition très académique présentant une profusion de fruits groupés autour d'un panier d'osier débordant lui-même de grappes de raisins entremêlées, de pêches et de prunes. Rien ne manque de ce qui fait la splendeur et l'abondance de l'été dans cette commande destinée à figurer en bonne place soit dans une salle à manger (la pièce la plus moderne d'un intérieur bourgeois au milieu du 19e siècle) ou dans un restaurant (une autre des grandes innovations dans l'Amérique du 19e siècle). En tout cas l'abondance est au rendez-vous et c'est précisément ce que demandait le commanditaire !

Rappel biographique : Le peintre germano-américain Severin Roesen est surtout connu pour ses natures mortes de fleurs et de fruits.  On sait assez peu de choses sur sa vie, sinon qu'il arriva à New York en 1847 et que dès 1948 il y expose onze tableaux à l'American Art Union.  C'est un homme qui ne perdait pas de temps !  Il a ensuite vécu à Philadelphie, puis a commencé à se déplacer au grè des rassemblements de la communauté germano-américaine... à Harrisburg, Huntingdon, et Williamsport, où il installa définitivement son atelier autour de 1863 et où l'on a retrouvé un grand nombre de ses toiles.  Il exposa alors ses oeuvres à la Maryland Historical Society de Baltimore en 1858, à la Pennsylvania Academy of Fine Arts en 1863, et à la Brooklyn Art Association en 1873. 
Ses natures mortes sont des peintures de l'abondance que les émigrants européens s'attendaient à trouver sur le sol américains. Il trouva vite de nombreux clients enchantés de ces tableaux où triomphait la profusion alimentaire, inspirés des grandes natures hollandaises de l'âge d'or. Les grandes villes qui hébergeaient d'importantes communautés allemandes, furent son terrain de démarchage favori. Les riches commerçants prospères se pressaient pour lui acheter ses natures mortes destinées à orner leurs maisons nouvellement construites mais aussi - et surtout - les tavernes, les restaurants et les hôtels. Un célèbre hôtelier et brasseur de l'époque, Jacob Flock, possédaient plus de cinquante tableaux de Roesen, qui ont sans doute été négociés contre son hébergement et sa consommation de bière, boisson préférée de l'artiste. Le dernier tableau connu de Roesen est daté de 1872... après cela  et son exposition à la la Brooklyn Art Association en 1873.  On a plus aucune trace de lui. Le lieu et les circonstances de sa mort restent à ce jour inconnus.