mercredi 31 mars 2021

Luis Egidio Meléndez-(1716-1780) - Bodegón con granadas y manzanas, cajas de dulces y otros recipiente


Luis Egidio Meléndez-(1716-1780)
Bodegón con granadas y manzanas, cajas de dulces y otros recipiente
Nature Morte aux grenades et pommes, boîtes de bonbons et autres contenants
Huile sur toile  37 x 49 cm
Musée national du Prado, Madrid

Que voit-on ? Dans cette œuvre, Meléndez représente différentes boîtes de bonbons, rondes et rectangulaires. Il faut savoir que les bonbons étaient une friandise luxueuses réservée aux grandes occasions. Avec la pulpe fruits des pommes et des grenades, on fabriquait  une gelée ou une pâte de fruits qui, pendant un repas,  accompagnait les viandes. On aperçoit aussi deux  objets en faïence de Manises, l'un plutôt noir et l'autre aux reflets cuivrée, comme il y en souvent dans les natures mortes de Melendez ; leur rôle était de conserver les aliments que l'on ne consommait pas immédiatement.  Ces faïences étaient les ancêtres des boites de conserve, en quelque sorte. Ces pots  aux reflets métalliques ou dorés ont  été introduit en Espagne par  les Maures (Moriscos) et leur fabrication a décliné après leur expulsion en 1609. Le secret des plus beaux  reflets dorés et lumineux a été perdu,  avec leur départ et les poteries fabriqée au 18ème siècle (comme celle ci dessus) ont des reflets plus rougeâtres que dorés.

Rappel biographique : Le peintre espagnol d'origine napolitaine, Luis Egidio Melendez a fait carrière presque exclusivement à Madrid. Contemporain de Goya, il est considéré aujourd'hui comme l’un des meilleurs peintres de natures mortes du 18e siècle, réputation qu'il n'avait pas de son vivant qu'il a passé dans une misère noire. C'est son père, Francisco Meléndez et Louis Michel van Loo (dont il est l'assistant de 1742 à 1748) qui assurent sa formation de peintre.
Le futur Charles IV d'Espagne lui commanda une grande série de natures mortes (dont celle ci-dessus) dont une partie importante est aujourd'hui conservée au musée du Prado à Madrid.
Ses toiles peintes dans de petits formats (jamais plus de 50 cm) dans la grande tradition de l'austérité espagnole, n'en foisonnent pas moins d'une minutie des détails. toujours peints avec une absolue perfection. La composition simple et le contraste clair-obscur, s’inscrivent dans la tradition des natures mortes baroques de Zurbaran et de Cotan. Comme eux, Meléndez étudia les effets de lumière, la texture et la couleur des fruits et des légumes, ainsi que celles des récipients en céramique, verre et cuivre ou pailles. À la différence des maîtres du 17e siècle, il présente le sujet plus près du spectateur, en légère plongée. Ce sont des objets disposés sur une table, ce qui donne à ses formes une certaine monumentalité. Le genre permet au spectateur d’étudier l’objet par lui-même. Les fonds sont neutres, et c'est un puissant éclairage qui mettent valeur les contours de l’objet. C’est ainsi qu’il représente le duvet des fruits, les transparences des peaux des raisins, les intérieurs brillants des pastèques et quelquefois les accidents présents à la surface des fruits (comme ici avec les figues vertes).
Chaque toile de Meléndez est minutieusement composée et fait l'objet d'un mise en scène précise afin de créer le plus grand réalisme possible. Les « grands thèmes » n’intéressèrent jamais Meléndez qui portent surtout son attention sur les choses de la vie quotidienne, sur l’observation et l’étude de la nature. Il fut souvent comparé à Chardin, jusqu'à être même parfois surnommé le « Chardin Espagnol » ce qui est assez stupide eut égard au caractère unique de son style et à tout ce qui différencie ces deux grands peintres.

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mardi 30 mars 2021

Juan Gris (1887‑1927) - La Nappe verte

 

Juan Gris (1887‑1927) La Nappe verte, 1925 , nature morte, cubisme, Espagne,

 

Juan Gris (1887‑1927)
La Nappe verte, 1925
Collection privée

Que voit-on  ? Juan Gris a souvent peint sur le thème de la nappe verte. Ici elle recouvre un guéridon  ovale sur lequel sont posés :  trois  livres ouverts dont un est présenté côté couverture (rose), un journal français (au titre très explicite !), un lampe de style art déco et trois piores vertes dans un récipient rectangulaire en porcelaine jaune.   L'extraordinaire talent de coloriste  de Juan Gris apparait ici dans toute sa subtilité.
 

Rappel Biographique : Juan Gris vécut et travailla en France à partir de 1906. Il fut proche du mouvement cubiste mais il occupa en même temps une place très à part dans la peinture de son temps, sans doute toujours dans l'ombre de Picasso qui l'aurait volontiers " éliminé de la carte " selon les dires de Gertrude Stein. Salvador Dali disait de lui : « Juan Gris est le plus grand des peintres cubistes, plus important que Picasso parce que plus vrai. Picasso était constamment tourmenté par le désir de comprendre la manière de Gris dont les tableaux étaient techniquement toujours aboutis, d'une homogénéité parfaite, alors qu'il ne parvenait jamais à remplir ses surfaces de façon satisfaisante, couvrant avec difficulté la toile d'une matière aigre. Il interrogeait sans cesse : « Qu'est-ce que tu mets là ? — De la térébenthine. » Il essayait le mélange, échouait, abandonnait aussitôt, passant à autre chose, divin impatient. »
Aujourd'hui Juan Gris apparait comme un génie injustement resté dans l'ombre. Il a peint quasiment autant de natures mortes que de paysages ou de portraits.  Jusqu’en 1920, sa peinture est encore marquée par l’Espagne, celle des natures mortes de l’école de Séville des 16e-17e siècles – d’un José Sanchez Cotan, d’un Valdes Léal ou d’un Zurbaran, par exemple – Gris aime profondément ces peintures des « blancs chartreux qui, dans l’ombre, glissent silencieux sur les dalles des morts ». Des blancs contrastant avec les noirs, il va donc tirer le parti le plus fort.   

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lundi 29 mars 2021

Henri Matisse (1869-1954) - Nature morte aux trois vases


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Henri Matisse (1869-1954)
Nature morte aux trois vases, 1933
Huile sur toile, 73,5 x 60,5 cm
Collection privée

Que voit-on ? Sur un grand entablement vert:   plusieurs objets dont les trois vases de formes et de couleurs différentes (un vert, un blanc et un blanc-bleu) remplis de fleurs de couleurs roses (dahlias ? chrysanthèmes ?)  qui donnent son titre au tableau. En dehors des trois vases, deux grappes de citrons encore sur leur branche, deux livres rouges et une petite tasse (en bout de table) peuplent cet espace. Au bout de la table le dossier d'une chaise rouge contre un mur bleu. Une merveilleuse harmonie de couleurs parfaitement maitrisées et jetées sur un espace simplifié à l'extrême.
 
Rappel biographique : Henri Matisse, peint son premier tableau, Nature morte avec livres et chandelle en juin 1890, à l'âge de 21 ans Peu après, il se rend à Paris. En 1892, il rencontre Albert Marquet à l'École des Arts déco puis s'inscrit en 1895, à l'École des beaux-arts, dans l'atelier de Gustave Moreau. L'enseignement du maître encourage ses élèves à penser leur peinture, à la rêver, au-delà de la virtuosité technique. Matisse, comme ses condisciples, Georges Rouault, Léon Lehmann, Simon Bussy, Eugène Martel, Albert Huyot ou Henri Evenepoel, est stimulé par cette conception de la peinture et entend développer la sienne selon son individualité. Gustave Moreau, lors d'une correction d'un de ses premiers dessins, lui dit : « Vous allez simplifier la peinture. »
Cette prophétie peut être considérée comme le programme esthétique de l'œuvre d'Henri Matisse.
En 1896, Matisse expose pour la première fois au Salon des Cent et au Salon de la Société nationale des beaux-arts, dont il devient membre associé sur proposition de Pierre Puvis de Chavannes. Cette fonction lui permet notamment d'exposer sans passer par un jury. Il passe l'été à Belle-Île-en-Mer et rencontre l'Australien John Peter Russell, qui l'introduit auprès d'Auguste Rodin et Camille Pissarro. Il commence à s'intéresser à la peinture impressionniste qu'il découvre en 1897 au musée du Luxembourg. Il est alors un peintre classique de natures mortes réalistes aux textures amples. Pour gagner sa vie, Matisse et Marquet travaillent comme peintre décorateurs à la journée, pour les décorateurs de théâtre.
En voyage à Londres, sur les conseils de Pissarro, Matisse découvre la peinture de Joseph Mallord William Turner, puis il part s'installer en Corse où il habite dans la Villa Rocca. A Ajaccio, il peint une cinquantaine de toiles dont Le Mur rose qui représente l'arrière de l'hospice Eugénie vu depuis la Villa de la Rocca. Matisse s'inspire alors de Turner.
En 1899, il découvre le traité de Paul Signac, d’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme.
À partir de 1900, Matisse travaille la sculpture et le modelage, à l'Académie de la Grande Chaumière, sous la direction d'Antoine Bourdelle et fréquente également l'atelier d'Eugène Carrière. Il y fait la connaissance d'André Derain et de Jean Puy. Derain lui présente Maurice de Vlaminck. Il expose au Salon des indépendants (1901) et participe à la première édition du Salon d'automne (1903)

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samedi 27 mars 2021

Paul Gauguin (1848-1903) - Anémones et anthémis dans un vase

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Paul Gauguin (1848-1903)
Anémones et anthémis dans un vase, 1874-76
Huile sur toile, 35.3 x 27.1 cm
Collection privée (Sotheby's)


Que voit on ?
Une très remarquable nature morte peinte peu après le mariage de Gauguin en 1873, au moment même où il s’installait à Paris pour travailler comme agent de change, emploi qui lui avait assuré son tuteur, Gustave Arosa. Riche financier, Arosa possédait également une formidable collection de peintures françaises modernes qui alimentaient les ambitions artistiques naissantes de Gauguin. Gauguin rencontra Camille Pissarro chez Arosa et devint en 1879 un élève plus ou moins officiel de l’artiste. À l’invitation de Pissarro, Gauguin participa aux expositions impressionnistes du début des années 1880 qui le conduisirent à abandonner sa carrière de financier (cf. biographie ci-dessous).  Cette nature morte pourtant des débuts de sa carrière, donne déjà une idée précise de la puissance qui fut la sienne par la suite. Ce qui frappe aussi ici c'est le grand modernisme de la composition et la grande économie de moyens de la palette.

Rappel biographique : le peintre français Paul Gauguin fut le chef de file bien connu de l'École de Pont-Aven et inspirateur des Nabis. Il est considéré comme l'un des peintres français majeurs du 19e siècle. En 1874, la connaissance qu'il fait de Camille Pissaro et la première exposition du courant impressionniste, l'inclinent à devenir amateur d'art et à s'essayer alors à la peinture. En 1882, il abandonne son emploi de courtier en bourse pour se consacrer uniquement à sa nouvelle passion, la peinture. De janvier à novembre 1884, il s'établit à Rouen où Pissaro vivait également. Pendant ces 10 mois passés à Rouen, il réalise près de quarante tableaux, principalement des vues de la ville et de ses alentours et quelques natures mortes très classiques. Cela ne suffit pas pour vivre et il part avec sa femme et ses enfants dans la famille de celle-ci à Copenhague.
Ses affaires ne vont pas bien et il revient à Paris en 1885 pour peindre à plein temps, laissant femme et enfants au Danemark, n'ayant pas les moyens d'assurer leur subsistance. Il est déchiré par cette situation. Il expose avec les impressionnistes régulièrement de 1876 à 1886.
C'est en juillet 1886 que Paul Gauguin effectue un premier séjour en Bretagne. Il s'installe pour 3 mois à la pension Le Gloanec, à Pont-Aven où vit une colonie d'artistes. Il y rencontre le très jeune peintre (et écrivain) Emile Bernard adepte du " Cloisonnisme ", une technique picturale cernant chaque plan de couleur d'une fine cloison, un peu à la manière de la technique du vitrail ou des estampes japonaises.
Influencé par Emile Bernard et par le courant symboliste, Paul Gauguin renonce à l'impressionnisme pour élaborer, une nouvelle théorie picturale, le " Synthétisme ". Sa recherche va alors dans le sens d'une simplification des formes, il élimine les détails pour ne garder que la forme essentielle, simplification obtenue par l'usage du cerne et de l'aplat de couleur. Nabis et Synthétistes, inspirés également par Stéphane Mallarmé et les symbolistes littéraires, partageront pendant quelques temps des convictions communes sur la nécessité de libérer la peinture de sa sujétion au réel et de laisser davantage de place à l'idée ou à la symbolique. Maurice Denis, Paul Sérusier, Édouard Vuillard, Pierre Bonnard, Odilon Redon font partie de ce mouvement.
Gauguin retournera en Bretagne en 1889 et 1890, au Pouldu, tout proche de Pont-Aven, deux lieux où chaque été une importante colonie d'artistes tentera d'élaborer une nouvelle peinture. Il y loge à " la Buvette de la Plage " de Marie Henry, en compagnie des peintres Meyer de Haan, Sérusier et Filiger. En 1891, ruiné, il s'embarque pour la Polynésie, grâce à une vente de ses œuvres dont le succès a été assuré par deux articles enthousiastes d'Octave Mirbeau. Il s'installe à Tahiti où il espère pouvoir fuir la civilisation, tout ce qui est artificiel et conventionnel.
Influencé par l'environnement tropical et la culture polynésienne, son œuvre gagne en force, il réalise des sculptures sur bois et peint ses plus beaux tableaux, notamment son œuvre majeure, aujourd'hui au Musée des Beaux arts de Boston au titre explicite de D'où venons nous? Que sommes sommes, Où allons nous ? qu'il considère lui-même comme son testament pictural. En 1901, il va vivre a Atuona dans les îles Marquises. Il lui semble être au paradis. Il va vite déchanter en se rendant compte des abus des autorités et en essayant de se battre pour les indigènes. Malgré ce combat auprès des autorités, Gauguin reste peu apprécié des Polynésiens en général et des Marquisiens en particulier, qui ont l'impression d'avoir eu affaire à un homme qui s'est servi d'eux, de leur culture ancestrale et surtout des femmes, comme si cela lui était dû. Affaibli, fatigué de lutter, il meurt au printemps 1903. Il est enterré dans le cimetière d'Atuona. La tombe du chanteur Jacques Brel est juste à côté de la sienne.

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vendredi 26 mars 2021

Henricus Franciscus Wiertz (1784-1858) - Coquillages et plantes marines

Henricus Franciscus Wiertz (1784-1858),  Coquillages et plantes marines, 1809, nature morte marine, coquillages, coraux,   Rijksmuseum, Amsterdam


Henricus Franciscus Wiertz (1784-1858)
Schelpen en zeegewassen, 1809
Coquillages et plantes marines, 1809) 
Huile sur toile, 106.5 x 86 cm.
Rijksmuseum, Amsterdam

Que voit on ? Une accumulation assez fournie de coquillages et de plantes marines (en  l'occurrence des coraux)  réunis sur un rocher en bord de mer comme l'attestent  les vaguelettes du premier plan. Une toile assez bine maitrisée  qui s'inspirent  un siècle  plus tard des compositions de l'Age d'or et notamment de celles de Jacques Linard, le maître incontesté du genre.  

Rappel biographique : Le peintre hollandais Henricus Franciscus Wiertz (1784-1858), fut  devenu l'élève du peintre de genre Jacobus Johannes Lauwers et après sa mort en 1800, du beau-frère de Lauwers Johannes de Frey.  Il a ensuite étudié la perspective avec Pieter Pietersz Barbiers et a commencé à peindre des paysages. et quelsu natures mortes.  Il  est surtout célèbre pour ses nus peints entre 1809 et 1811. 

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jeudi 25 mars 2021

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - Nature morte avec les attributs des arts, 1766


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Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
Nature morte avec les attributs des arts, 1766
Musée de l'Ermitage, Saint Petersbourg

Que voit on ? Plusieurs compositions de Chardin portent ce titre des Attributs des Arts. L'une se trouve au Louvre Paris et consiste en un dessus de porte commandée en 1764 pour le Château royal de Choisy, où elle fut le pendant des Attributs de la Musique. Une autre, propriété du Musée Jacquemard-André à Paris, fait pendant des Attributs des Sciences commandées par Conrad de Rothenburg pour orner sa bibliothèque de la Rue du Regard.  Une autre Nature morte aux Attributs des Arts propriété du Musée Pouchkine date de 1750 et  présente un buste d'Hermès avec sa coiffe ailée, cependant différent de celui de la nature morte ci-dessus, commandée en 1766 pour l'Académie des Beaux art de St Petersbourg, qui présente elle aussi une statue d'Hermès mais en entier. Lors de sa présentation, la toile  charma  " par sa composition sobrement ordonnée et par son coloris délicat et sûr ". L'Hermès mis en scène dans cette nature morte  est à mi-chemin entre L'Hermès Ingenui copie d'un original grec du Ve siècle avant JC, propriété du Musée Pio Clementino au Vatican et des Hermès (plus espiègles) qui peuplent les allées des jardins du Château de Versailles. Il est entouré de plusieurs objets dont  palette de peintre, un briquet, quelques pièces d'argent, des papiers, des livres des cartons, une sorte de samovar et une croix d'une Ordre russe. Toutes ces natures mortes étaient destinées à orner des dessus de porte et donc à être vues d'en dessous.

 
Rappel biographique : Jean-Baptiste-Siméon Chardin est considéré comme l'un des plus grands peintres français et européens du 18e siècle. Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, il est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. A partir du Salon de 1748, Chardin expose de moins en moins de scène de genre, il multiplie désormais les natures mortes. Ce retour à ce type de peinture va durer une vingtaine d'années. Il est difficile de donner des raisons à ce changement de cap. On sait que pendant cette période la vie de Chardin est en pleine mutation. Il se remarie, il reçoit une pension du roi. Il est désormais à l'abri du besoin. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre (salle 39) . Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres.
  Les natures mortes qu'il peindra à partir de 1760 sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres... Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.
Chardin cherchait à reproduire la matière, ces fruits semblent aussi vrais que nature, Diderot s'extasiait devant ce réalisme dans son compte-rendu du Salon de 1759 : " Vous prendriez les bouteilles par le goulot si vous aviez soif ". ou encore en 1763, " C'est la nature même; les objets sont hors de la toile et d'une vérité à tromper les yeux. (...)
 Pour regarder les tableaux des autres, il semble que j'ai besoin de me faire les yeux ; pour voir ceux de Chardin, je n'ai qu'à regarder ce que la nature m'a donné et m'en bien servir ".  " O Chardin ! ce n'est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette: c'est la substance même des objets, c'est l'air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau et que tu attaches sur la toile ".

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mercredi 24 mars 2021

Eugène Delacroix (1798-1863) - Vase de fleurs 1833


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Eugène Delacroix (1798-1863)
Vase de fleurs, 1833
Huile sur toile 74 x 92 cm
Musée du Louvre, Paris

Que voit on ? Ce n’est pas le moindre paradoxe de la carrière de Delacroix que l’auteur de La Liberté guidant le Peuple, 28 juillet 1830 ait voulu présenter au Salon de 1849, au lendemain d’une nouvelle révolution, cinq tableaux de fleurs. Habitué du parc du château de Nohant, où l’invitait George Sand, Delacroix  y peignit cette nature morte, avant d'acquérir sa  propre maison de  Champrosay.  La nature morte ci-dessus Vase de Fleurs, présente le sujet sans artifice, avec une touche légère et presque joyeuse et  surtout beaucoup d'imagination puisque la fleur jaune à droite de la composition n'a jamais existé dans la nature !   Une trait d'humour que Delacroix  s'est autorisé dans la plupart de ces natures mortes florales ! On sent en tout cas tout le plaisir que Delacroix a pris  à peindre ce bouquet, le plus petit de ceux qu'il peignit à partir de 1833 et qui furent présentés dans la mémorable exposition de 2013 dans son atelier de la Place de Furstenberg devenu Musée Delacroix.  


Rappel biographique : Le grand peintre romantique français Ferdinand-Victor-Eugène Delacroix n'est a priori pas vraiment connu pour ses natures mortes  et c'est un tort car il en peignit quelques unes de très remarquables  ! On lui connait  Nature morte aux homards (1826-27) conservée aussi au Louvre  à l"époque où il il copiait les maîtres anciens dans les galeries du Louvre.  Il peignit aussi plusieurs  natures mortes florales dont quelques unes très spectaculaires à partir de 1844,  quand il loue à Draveil au lieu-dit Champrosay, une « bicoque » où il se fait installer un atelier de 10 m2.  En pleine campagne accessible par le train directement Delacroix vient s'y reposer à l'écart de Paris, où sévit le choléra. Là il peut, accompagné de sa gouvernante Jenny,  faire de longues promenades dans la campagne pour soigner sa tuberculose. Il travaille de nombreux paysages, plusieurs vues de Champrosay tant au pastel (musée du Louvre) qu'à la peinture à l'huile (musée du Havre). Il réalise de nombreux tableaux de mémoire suivant ses notes et carnets du Maroc, interprétant des scènes antiques à la mode orientale. Son travail se fait plus intimiste, les tableaux de petite taille sont vendus par les marchands parisiens. Il peint également ses natures mortes florales, souvent composées de fleurs imaginaires, (comme ci dessus)  affectionnant particulièrement les lys jaune à cinq pétales. Les relations avec George Sand quoique suivies, se distendent. Après avoir réalisé le portrait de l'écrivain en 1834, Delacroix vient régulièrement à Nohant-Vic où il peint pour l'église de Nohant une Éducation de la Vierge138. Il offre un Bouquet de fleurs dans un vase139 à l'écrivain, qui l'accroche140 au-dessus de son lit, mais quand celle-ci tombe amoureuse du graveur et élève de Delacroix, Alexandre Manceau, Delacroix en prend ombrage d'autant qu'il est opposé à la révolution de 1848 dont Sand a été une des figures. La rupture est consommée.  Restent les  natures mortes florales qui datant de cette idylle, ont traversé les temps.

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mardi 23 mars 2021

Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) - Nature morte avec Fruits et Légumes


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Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Nature morte avec Fruits et Légumes
Huile sur toile, 1721, 145 x113 cm
Nationalmuseum Stockholm 
 
 
Que voit on ? Une des plus belles natures mortes d'Oudry, peintre dont le Musée de Stockholm possède plusieurs chefs d'œuvres. Le plus étonnant étant que cette nature morte est saisie en plein air, dans la nature, les deux paniers remplis à ras bords, l'un de légumes l'autre de fruits, placés soit sur une rocher  qui fait office d'entablement soit à même la terre, au milieu des roses trémières et des herbes sauvages.  Un délice pour les yeux, très peu conformiste si on le rapporte aux règles qui régissaient ce genre au 18e siècle.  

Rappel biographique : Le peintre et graveur français Jean-Baptiste Oudry est surtout célèbre pour ses peintures de chiens de chasse, ses natures mortes animalières et ses animaux exotiques. Fils de Jacques Oudry, maître peintre et marchand de tableaux sur le Pont Notre-Dame, et de sa femme, Nicole Papillon, qui appartenait à la famille du graveur Jean-Baptiste-Michel Papillon, Jean-Baptiste Oudry étudia tout d'abord à l'Ecole de la Maîtrise de Saint-Luc, dont son père était directeur.
Il fut placé ensuite chez le grand peintre du roi Nicolas de Largillière, dont il devint bientôt l'ami. Après avoir peint quelques sujets religieux et un portait du Tsar Pierre 1er, il rencontre le marquis de Beringhen, premier écuyer du roi. Cette rencontre est décisive car le marquis commande à Oudry de nombreux ouvrages pour le roi. Dès lors on octroie à Oudry un atelier dans la cour des princes aux Tuileries et un logement au Palais du Louvre où il forma un cabinet renommé.
Oudry suivait les chasses royales et faisait de fréquentes études dans la forêt de Compiègne.
L'intendant des finances, Fagon, le prit à son service et le chargea de rétablir la manufacture de Beauvais, tombée en décadence. Oudry s'adjoignit Boucher et Natoire pour exécuter la copie des tableaux. On lui confia également l'inspection de la manufacture des Gobelins, où l'on exécutait les tapisseries des chasses du roi d'après ses tableaux.
Jean-Baptiste Oudry a peint le portrait, l'histoire, les chasses, le paysage, les animaux, les fruits, les fleurs ; il a imité les bas-reliefs ; il a fait du pastel, de la décoration ; il aussi gravé à l'eau-forte. On lui doit deux conférences qui furent lues à l'Académie, « Sur la manière d'étudier la couleur en comparant les objets les uns avec les autres » et « Sur les soins que l'on doit apporter en peignant ». Oudry a laissé un grand nombre de dessins dont les plus connus sont les 275 dessins qui servirent à l'édition dite des Fermiers généraux des Fables de La Fontaine, gravées par Charles-Nicolas Cochin. Il est également l'auteur d'un Almanach de rébus paru en 1716.

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lundi 22 mars 2021

Felice Boselli (1650 - 1732) - Viandes de Boucherie

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Felice Boselli (1650-1732)
Viandes de Boucherie
Huile sur toile 60,8 x 73,3 x 2 cm
Musée des beaux-arts de Nantes

Que voit-on ? Une nature morte pas du tout politiquement correcte et pas du tout végétarienne, comme il s'en peignait énormément au 16e et 17e siècle !  La peinture de pièces de boucherie est une tradition qui remonte à l'Antiquité romaine et qui a perduré pendant très longtemps, jusqu'à ce que l'on décrète récemment le sujet cruel et choquant.  Cette toile dénote une extrême maitrise de son sujet et de remarquables variations sur seulement 3 couleurs (rouge, noir et blanc) tout en donnant l'impression d'une explosion de la palette.  Concernant ce thème si décrié de nos jours, on trouvera sur ce blog même plusieurs œuvres aussi bien de Goya  dans son Trozos de Carnero ou Bodegón con costillas, lomo y cabeza de cordero propriété du Musée du Louvre que de  Gustave Caillebotte avec Côte de boeuf  ou sa Tête de veau et langue de bœuf conservée à l'Art Institute de Chicago ou son Poulets et gibiers à l'étalage  ou encore de Pablo Picasso   qui ne se priva de rendre à sa façon un hommage au tableau de Goya précédemment cité avec son Crâne de Chèvre, Bouteille et Bougie.


Rappel biographique : Felice Boselli fut un peintre actif principalement à Piacenza, où il a étudié et a été introduit dans le monde de la peinture par Michel-Ange Nuvolone, frère du célèbre peintre Joseph Nuvolone. C'est avec eux qu'il a rencontré Angelo Crivelli, (connu aussi sous le nom Crivellone), peintre animalier spécialisé dans la peinture de gibier. Cette rencontre a considérablement influencé le style de Boselli qui fut avant tout, un peinte autodidacte, acquérant ses connaissances par l'observation des oeuvres des maîtres passés ou étrangers (hollandais principalement) ou de ses contemporains comme Parmigianino ou Annibale Carracci. Boselli a peint près d'une centaine de natures mortes, dont la plupart sont conservées dans les musées de la Lombardie et d'Emilie et représentent des événements de la vie quotidienne de son temps, des cuisines avec des quartiers de porcs ou de bœuf, des poulets, du gibier et des poissons, éléments morts auprès desquels il introduisait souvent un animal vivant, de préférence un petit chat. Il a également peint des fresques comme celles de l'église de Santa Brigidade Piacenza et des scènes mythologiques pour la forteresse de Fontanellato.

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dimanche 21 mars 2021

Richard Diebenkorn (1922-93) - Untitled (Lemons and Jar)

 

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Richard Diebenkorn (1922-93)
Untitled (Lemons and Jar)
Oil on canvas, 1958
Private collection

Que voit -on ? Il s 'agit d'une de ces natures mortes que Diekenborn appela Found still life, c’est à dire peintes d’après ce qu’il trouvait sur une table, en ayant soin de ne surtout rien retoucher à ce qu'il voyait... Le résultat était souvent saisissant et transmettait une atmosphère,  un état d'esprit particulier : détresse, tristesse, désespoir,  inquiétude ...rarement joie et sérénité. 

Rappel biographique : Richard Diebenkorn est un peintre américain du 20e siècle dont le style oscille entre l’abstrait et le figuratif en fonction des périodes qu’il a traversées. Après une première exposition au California Palace of the Legion of Honor à San Francisco en 1948, ses débuts sont associés à l'expressionnisme abstrait et à l'Ecole de San Francisco, mouvement figuratif des années 1950-1960. De 1955 à 1966, il vit à Berkeley (Californie), change de style et devient un peintre figuratif important, dans un genre qui réunit à la fois la manière de Henri Matisse qu’il admire et l'expressionnisme abstrait. Diebenkorn, Elmer Bischoff, Henry Villierme, David Park, James Weeks participent ensemble à une renaissance de la peinture figurative, qu'on appelle l'École de San Francisco (Bay Area Figurative Movement). En 1967, Diebenkorn s'installe à Santa Monica et devient professeur à l'UCLA. Il installe son atelier dans le même immeuble que son vieil ami Sam Francis. Pendant l'hiver 1966-1967, il revient une nouvelle fois à l'abstraction, cette fois avec une vision très personnelle, un style géométrique qui se démarque clairement de ses débuts de la période expressionniste abstraite. La série Ocean Park, qu’il commence en 1967 se poursuit pendant les dix-huit années suivantes. Elle est devenue la partie de son œuvre la plus célèbre aujourd’hui. Elle se compose d'environ 135 peintures. Basées sur le paysage vu depuis la fenêtre de son atelier, ses compositions abstraites à grande échelle sont nommées d'après une communauté de Santa Monica où il a eu un temps son atelier. A la même époque, il peint aussi ce qu’il appelle des found still life, c’est à dire des toiles d’après ce qu’il trouve sur sa table sans rien retoucher à l’arrangement qu’il voit (c'est le cas du tableau présenté ici).
La première rétrospective importante de son oeuvre a eu lieu à la Albright–Knox Art Gallery а Buffalo en 1976 et 1977. En 1989, John Elderfield, conservateur au MOMA (New York) organise une exposition d’oeuvres de Diebenkorn sur papier, qui constitue d’ailleurs la partie la plus prolifique de sa production.
En 2012, l'exposition Richard Diebenkorn : The Ocean Park Series, organisée par Sarah C. Bancroft, a lieu simultanément à la Corcoran Gallery of Art, à l'Orange County Museum of Art et au Forth Worth Museum of Modern Arts de Washington.

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2021- A Still Life Collection
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samedi 20 mars 2021

James Amos Porter (1905 -1970) - Still Life with Peonies

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James A. Porter ( 1905-1970) 
Still Life with Peonies
Huile sur toile, 1949
Collection privée

Que voit-on ?  Un bouquet de pivoines blanches dans un vase rond posé sur une colonne de présentation  en pierre dure noire avec entablement de marbre. Au bas de la nature morte ainsi présentée, on aperçoit une  toile représentant une femme en robe blanche et chapeau de paille. La touche et le style évoquent à la  fois Matisse à ses débuts et Raoul Dufy que ce peintre afro-américain n'eut cependant jamais l'opportunité de connaitre.

Rappel biographique  :
James Amos Porter (1905 -1970) était un historien de l'art, artiste et enseignant,  surtout connu pour son influence dans la reconnaissancet du  mouvement artistique afro-américain. Porter a enseigné à l'Université Howard pendant plus de quarante ans. Il a publié Modern Negro Art en 1943, première étude approfondie aux États-Unis sur l'art afro-américain et a donné ainsi leur place aux artistes afro-américains dans l'Histoire de  l'art américain. Il a été le premier à reconnaître et à documenter les contributions significatives de ces artistes. L'intérêt de Porter pour les artistes d'origine africaine presque oubliés ouignorés a été déclenché par la lecture d'un bref article sur le paysagiste afro-américain Robert Scott Duncanson. La brièveté de cet article incita Porter à mener de plus amples recherches sur Duncanson puis sur  d'autres artistes d'origine africaine.  En 1945, Porter reçut  une bourse de la Fondation Rockefeller  puis partit  étudier l'art de Cuba et l'art Haïtien.  En février 2010, Swann Galleries a mis aux enchères l'immense quantité  de matériel de recherche amassé par Porter, composé de photographies, de lettres, de catalogues d'expositions, de livres d'art, de dépliants et de données bibliographiques sur d'importants artistes afro-américains. Acquis par l'Université Emory  ces archives  incluent la correspondance de pratiquement tous les grands artistes afro-américains des années 1920 : Romare Bearden, Lois Mailou Jones  Meta Fuller, Elizabeth Catlett, Hughie Lee-Smith, dont certains encore encore aujourd'hui méconnus.

 
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vendredi 19 mars 2021

Pierre Hodé (1889-1942) - Nature morte au pot blanc

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Pierre Hodé (1889-1942)
Nature morte au pot blanc
Huile sur toile, 60 × 73 cm,
Collection Claude Pillement

Que voit on ?  A n'en  pas douter une toile cubiste et qui réunirait tous les tics du genre (on reconnait  un peu de Juan Gris, un peu de Braque, un peu et même un pot de Picasso ! ) si elle n'allait au-delà de ces repères techniques convenus et ne reflétait une réelle personnalité. A quoi cela est-il dû ? Plutôt à l'emploi de couleurs vives qui vont à l'encontre de la palette un peu éteinte des grands cubistes que de la composition elle-même qui mêle fruits et ustensiles de cuisine.  Il faut noter que le contraste entre le pot blanc et la sombre bouteille de vin équilibré par le beau bleu de la cafetière en émail est véritablement hypnotique.

Rappel biographique : Pierre Hodé (1899-1942) de son vrai nom Georges Ducenne, est un artiste peintre et décorateur de théâtre français affilié à l'École de Rouen. Il realise sa première exposition à Rouen a lieu en 1913. puis il part pour Paris où  il fait partie de ceux qui logent au Bateau-Lavoir de Montmartre. Rencontrant les principaux acteurs du cubisme, « ami de Juan Gris, proche de Maximilien Luce et de Pierre Mac Orlan, apprécié de Raoul Dufy, brossant le portrait de Maurice Utrillo », c'est dans une veine résolument cubiste que se situera son premier envoi (1919) au Salon d'automne dont il deviendra immédiatement sociétaire. En 1917, il choisit de s' engager volontairement dans les services de santé des armées, ses missions de brancardier dans les tranchées des Flandres l'exposant à de sévères gazages chimiques, il est évacué à l'Hôpital du Mont-Dore (Puy-de-Dôme)  mais  en réalité il ne se rétablira jamais de ces attaques chimiques.  En 1924, ses problèmes de santé  et les nécessités pécuniaires l'amènent à exercer pendant six mois la gérance du Café de Paris à Honfleur, réalisant pour cet établissement et pour l'Hôtel du Cheval blanc des fresques murales (disparues aujourd'hui), peignant aussi une série de toiles sur le Port et la Lieutenance. En 1925, il fonde  le Groupe des peintres normands. En 1931, afin de se consacrer au décor de théâtre, il raréfie son activité de peintre jusqu'en 1937, date à laquelle Robert Delaunay sollicite sa contribution au Pavillon des chemins de fer par deux grandes fresques murales.

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jeudi 18 mars 2021

Marius Borgeaud (1861-1924) - La Chambre Blanche

Marius Borgeaud (1861-1924) La Chambre Blanche, 1924 Huile sur toile, 54 x 65 cm Collection privée


Marius Borgeaud (1861-1924)
La Chambre Blanche, 1924
Huile sur toile, 54 x 65 cm
Collection privée

Que voit on ? Comme souvent dans les toiles de ce grand peintre suisse, cette nature morte raconte une histoire dans la continuité de La Table et les deux bols  ou de Le Diner déjà publiés dans ce blog. Ici il s'agit d'un petit déjeuner à deux sur le point d'être pris avant un promenade dans la campagne bretonne que l'on entrevoit pas la fenêtre. A droite :  le canotier et la canne de l'homme déjà sur la chaise ; à gauche : le chapeau de paille de la femme pendu à un clou près de la fenêtre.  Le bouquet de muguet posé sur la table situe la saison : fin avril début mai. Une histoire de bonheur simple... si tant est que le bonheur puisse être simple ! 


Rappel biographique : le peintre suisse Marius Borgeaud est connu pour être un des chefs de file européen d'un mouvement pictural contemporain de l'impressionnisme et très célèbre aux Etats-Unis : le luminisme. Arrivé à la peinture vers l'âge de 40 ans, il fréquente des artistes plus jeunes que lui d’une génération comme Francis Picabia, Paul de Castro ou Maurice Asselin qui deviendront ses amis. Puis il part s'installer en Bretagne, à Rochefort-en-Terre (Morbihan), localité dans laquelle naissent deux de ses séries les plus connues, effectuées dans la mairie et dans la pharmacie du village. Elles lui valent un grand succès au Salon des Indépendants et lancent pour ainsi dire sa carrière. Borgeaud a peint peu de natures natures isolées (à peine 5 et toujours sur de sujets très surprenants) mais dans presque chacune de ces œuvres, il est possible de trouver une nature morte (ou plusieurs) dans un coin de pièce ou devant une fenêtre.

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mercredi 17 mars 2021

William-Michael Harnett (1848-1892) - The Banker's Table

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William-Michael Harnett (1848-1892)
The Banker's Table, 1877
Oil on canvas, 20.3 x 30.5 cm.
The Metropolitan Museum of Art, New York

Que voit on  ? Comme le titre l'indique assez clairement, il s'agit du bureau d'un banquier.  En rupture avec les fruits et légumes peints par Harnett au  tout début de sa carrière,  cette "table still life" que l'on peut traduire par  "nature morte de bureau" ou "de salon"  représente des objets manufacturés, tout à fait dans la continuité des nombreuses natures mortes décrivant un univers masculin  (tabac, pipes, journaux...) que peignit Harnett. La tonalité générale (beige-tabac) ajoute à la célébration de cette atmosphère masculine si chère à Harnett. Dans cette nature morte, les volumes reliés en cuir, la bouteille d'encre tachée et la plume très usée décrivent «les effets adoucissants du temps», que l'artiste avait déjà célébrés dans une interview. Ces objets très différents révèlent aussi la grande habileté de Harnett à restituer différentes textures.  On est frappé aussi par la précision du trompe-l'œil dans les striures des pièces d'argent. Selon le MET qui conserve cette œuvre : bien que les rouleaux de pièces et les autres devises aient déterminé le titre, rien dans l'histoire de cette œuvre  n'indique qu'elle a été commandée par ou pour un banquier en particulier.


Rappel Biographique : Le peintre américano-irlandais William-Michael Harnett est connu pour ses natures mortes en trompe-l'œil faites à partir d'objets du quotidien au sens large puisque l'on y trouve aussi bien des livres que des ustensiles de bureau, de cuisine, des attributs de chasse ou des instruments de musique folklorique. et même quelquefois  - à ses dénbuts - des fruits et des fleurs . Il se situe, dans ce sens, dans la tradition des grands peintres de trompes l'oeil et de natures mortes hollandais du 17e siècle et de Pieter Claesz en particulier. Beaucoup d'autres peintres américains se sont engouffrés dans cette tendance à la suite de William-Michael Harnett, comme Raphaelle Peale ou John Peto, mais il en demeure le représentant le plus spectaculaire et le maître incontesté. 


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mardi 16 mars 2021

Edmund Charles Tarbell (1862 -1938) - Peonies

 

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Edmund Charles Tarbell (1862 -1938)
Peonies
Huile sur toile
Collection privée 

Que voit on ?   Deux bouquets de pivoines dans deux vases, posés sur un entablement laqué qui les reflète.  Le petit vase à gauche de la composition,  en céramique vernissée sombre, n'est pas celui que l'on aperçoit en premier : comportant de grandes anses, il contient quelques timides boutons de  pivoines rouges. Le grand vase rond à motifs qui occupe la droite de la composition et  l'essentiel du cadre contient un magnifique bouquet de pivoines blanches à tous les stades de leur développement, du bouton à la fleur mature. La lumière qui éclaire ce bouquet blanc est remarquable et contraste avec l'obscurité qui dissimule le bouquet rouge...

Rappel biographique : Le peintre impressionniste américain Edmund Charles Tarbell était membre des Ten American Painters connu aussi sous l'appelation de  The Ten,  une association de dix peintres  impressionnistes qui démissionnèrent en 1897 de la Société des artistes américains pour protester contre le mercantilisme de leurs expositions. Formé  à la School of the Museum of Fine Arts de Boston, Tarbell fut rapidement encouragé, en raison de son talent, à poursuivre ses études à Paris.  Il fit partie de ses très nombreux artistes étrangers formé à  l'Académie Julian, où il suivit les cours de Gustave Boulanger et Jules-Joseph Lefebvre. Cette formation fut à la fois marquée par l'académisme et par le mouvement impressionniste, par les classiques qu'il voyait au  Louvre et lar les œuvres alors en vogue dans les galeries de la ville. Cette double influence se retrouve dans ses travaux. En 1884, Tarbell commença son Grand Tour qui le mena en Italie, en Belgique, en Allemagne et en Bretagne (alors très en vogue). Tarbell revint à Boston en 1886 et se fit illustrateur, professeur d'art privé, et portraitiste.  Son influence sur la peinture à Boston fut si majeure que ses disciples étaient surnommés les Tarbellites. En 1914, il cofonda la Guild of Boston Artists, dont il fut le premier président jusqu'en 1924 ; en 1919, il devint principal de l'école d'art de la Corcoran Gallery of Art, à Washington (district de Columbia).


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lundi 15 mars 2021

Bernard Boutet de Monvel (1881-1949) - Tulipes sur un fond noir

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Bernard Boutet de Monvel (1881-1949)
Tulipes sur un fond noir 1925
Huile sur panneau, 65 x 53,2 cm.
Collection privée


Que voit on ? Ce vase de tulipes roses, mauves et jaunes sur fond noir semble être le pendant de Tulipes roses dans un vase  déjà publié dans ce blog, et qui en est comme l'opposé décoratif. Fond blanc pour l'un ; fond noir pour l'autre. Bien que les vases soient très différents : cylindrique à l'élégant col évasé caractéristique du style Art Deco pour l'un ; cylindrique aussi mais en forme d'obus  plus massif pour le vase de la nature morte ci-dessus. Certains ont voulu voir dans ces deux vases  une allégorie de l'homme et de la femme,  Boutet de Montvel étant plus célèbre pour ses portraits que pour ces natures mortes.


Rappel biographique : Eclectique et jouissant déjà d'une certaine notoriété en France, Bernard Boutet de Monvel se rend pour la première fois aux Etats-Unis en novembre et décembre 1926 lors d'une rétrospective de ses œuvres organisée par Anderson Galleries à New York, que suit en 1927 une exposition de ses peintures au musée d'art de Baltimore. Son succès aux Etats-Unis est immédiat et tel qu’il devient le portraitiste le plus demandé par la café society américaine, grâce notamment à l'entremise de Mary Benjamin Rogers, épouse de l'industriel Henry H. Rogers. Ses modèles ont alors pour nom Frick, du Pont, Vanderbilt... Le krach boursier de 1929, et l’annulation de plusieurs commandes de portraits, sont pour lui l’occasion de peindre enfin librement une série de paysages de New York, par lesquels il s’attache à saisir la modernité de la ville en construction. Réalisée entre abstraction et réalisme photographique, cette partie de l’œuvre de Bernard Boutet de Monvel, à laquelle il faut ajouter plusieurs vues d’une aciérie de Chicago qu’il exécute en 1928, fait de lui l’égal de figures majeures du mouvement précisionniste, telles Charles Sheeler.
En 1934, il expose à la galerie Wildenstein de New York les portraits de la Maharane et du Maharadjah d’Indore en costumes de cour. En 1936, tandis qu’il se fait construire à Palm Beach par Maurice Fatio un pavillon octogonal appelé La folie Monvel, il entreprend une série de portraits de profil dont les figures les plus emblématiques sont celles de Lady Charles Mendl (1936) et du marquis de Cuevas (1938).
Boutet de Monvel  a peint très peu de natures mortes et c'est bien dommage car, bien qu'elle soient toutes principalement destinées à un usage décoratif, elles ne manquent jamais d'intérêt ...

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dimanche 14 mars 2021

Claude Monet (1840-1926) - Trois Tulipes en Pots

https://astilllifecollection.blogspot.com/2021/03/claude-monet-1840-1926-trois-tulipes-en.html

Claude Monet (1840-1926)
Trois Tulipes en Pots
Collection privée 

 
Que voit on ? Ce qui frappe toujours chez claude Moment c'est la diversité de ses sources d'inspiration et l'apparente  facilité avec laquelle il passe des sujets les plus classiques, des natures mortes les plus fournies comme ces Asters récemment publié sur ce blog à la description de simples pots de jardiniers posés à même le sol et  reproduits sur sa toile, comme " en passant", mais avec un angle de vue et un cadrage qui laisse le spectateur stupéfait par sa modernité.


Rappel biographique : le peintre français Claude Monet, l'un des fondateurs de l'impressionnisme, est surtout connu pour ses paysages et ses portraits. " La couleur, disait-il " est mon obsession quotidienne, ma joie et mon tourment ". Claude Monet est l’un des fondateurs de l'impressionnisme. En 1859, il part à Paris tenter sa chance sur le conseil d'Eugène Boudin. Après des cours à l'académie Suisse puis chez Charles Gleyre et la rencontre de Johan Barthold Jongkind, le tout entrecoupé par le service militaire en Algérie, Monet se fait remarquer pour ses peintures de la baie d'Honfleur. En 1866, il connait le succès au Salon de la peinture. Toute cette période est cependant marquée par une grande précarité. Il fuit ensuite la guerre de 1870 à Londres puis aux Pays-Bas. Dans la capitale anglaise, il fait la rencontre du marchand d'art Paul Durand-Ruel qui lui assurera sa principale source de revenu pendant le reste de sa carrière. Revenu en France, la première exposition des futurs impressionnistes a lieu en 1874. À partir de 1890, Monet se consacre à des séries de peintures, c'est-à-dire qu'il peint le même motif à différentes heures de la journée, à diverses saisons. Il peint alors parfois des dizaines de toiles en parallèle, changeant en fonction de l'effet présent. La fin de sa vie est marquée par une maladie, la cataracte, qui affecte son travail.
Monet peint devant le modèle sur l'intégralité de sa toile dès les premières ébauches, il retouche ensuite de nombreuses fois jusqu'à ce que le résultat le satisfasse. Contrairement à ce qu'il affirme, il termine la plupart de ses toiles en atelier, prenant modèle sur les premières peintures d'une série pour peindre les autres. D'un caractère parfois difficile, prompt à la colère comme au découragement, Claude Monet était un grand travailleur qui n'hésitait pas à défier la météo pour pratiquer sa passion. Monet résume sa vie ainsi de la meilleure manière : « Qu'y a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d'un homme que rien au monde n'intéresse que sa peinture - et aussi son jardin et ses fleurs ».

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samedi 13 mars 2021

Henri Fantin-Latour (1836-1904) - Roses et Lys

Henri Fantin-Latour (1836-1904) , Roses et Lys, still life, bodegon, nature morte,Huile sur toile,The MET

 

Henri Fantin-Latour (1836-1904)
Roses et Lys, 1888
Huile sur toile, (59.7 x 45.7 cm)
The MET

Que voit on ?  Cette toile, en excellent état, fournit une démonstration  éclatante (si besoin était!) de la virtuosité technique de  Fantin-Latour, non seulement dans l'usage des pinceaux, mais aussi dans l'usage de la crosse du pinceau et des grattoirs (transparence du vase). Le résultat est époustouflant  à la fois de délicatesse, d'élégance et de poésie.


Rappel biographique : Le peintre et lithographe français Henri Fantin-Latour était plus connu de son vivant pour ses portraits de femmes, ses portraits de groupes dont il rénova le style compassé et pour ses peintures allégoriques que pour ses natures mortes, pourtant admirables. Aujourd'hui c'est exactement le contraire ! Membre du groupe dit « de 1863 », puis du Cénacle des Batignolles où l'Impressionnisme serait né, Fantin-Latour fait souvent figure de chaînon entre la peinture romantique et l'impressionnisme. Ses natures mortes, fleurs ou fruits, ont souvent trouvé acquéreur grâce à son ami Whistler qui a attiré en l'attention en Angleterre sur Fantin, à une époque où la peinture impressionniste française était peu appréciée dans ce pays.
Son père Théodore Fantin-Latour fut aussi un peintre de natures mortes, assez similaires à celles de son fils, si bien que attribue régulièrement aujourd'hui à tort des œuvres du père à son fils (mais rarement l'inverse !)

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vendredi 12 mars 2021

Henri Le Sidaner (1862-1939) - Table devant une Fenêtre à Villefranche-sur-Mer


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Henri Le Sidaner (1862-1939) 
Table devant une Fenêtre à Villefranche-sur-Mer
Collection privée

Que voit-on ?  Le thème de la table dressée devant une fenêtre, sur une terrasse ou dans un jardin est le thème favori d'Henri Le Sidaner  qui l'a décliné sous toutes les lumières possibles y compris au clair de lune. Voici donc la table devant la mer qui fournit au peintre l'opportunité d'un travail éclatant sur les bleus et les verts. 

Rappel biographique : Le peintre français post impressionniste Henri Le Sidaner fut ami de Claude Monet et élève aux Beaux Arts de Paris de Cabanel qu'il soutint toute sa vie. C'est à partir de l'année 1900 qu'il se consacre à une peinture intimiste dont il exclut systématiquement toute figure humaine : jardins déserts, tables servies pour d'hypothétiques hôtes et présentant de magnifiques natures mortes (qui disent rarement leur nom,) campagnes solitaires expriment une vision silencieuse et paisible, nimbée de mystère. Son succès ne se démentira pas de son vivant. Dans la recherche de l'instant intime, de « l'arrêt sur image », les toiles que Le Sidaner peint à Gerberoy où il habite à partir de 1900, dépeignent une incomparable douceur de vivre en même temps qu'elles déclinent selon l'heure et la saison des accords chromatiques variés. A partir de l'été 1903 c'est le début des motifs d'intérieur à la fenêtre ouverte et des tables de jardin, des crépuscules... À l'aide d'un soigneux arrangement de nature morte, le peintre décline harmonieusement la sensation du « temps qui s'arrête ». C'est ce qui lui a souvent valu d'être comparé à Marcel Proust dans le domaine de la littérature.


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jeudi 11 mars 2021

Gustav Klimt (1862-1918) - Bouquet de fleurs dans un vase


https://astilllifecollection.blogspot.com/2021/03/gustav-klimt-1862-1918-bouquet-de.html

 

Gustav Klimt (1862-1918)
Bouquet de fleurs dans un vase
Huile sur toile
Collection particulière 

Que voit on ? Sur un fond sombre un bouquet de fleurs qui semblent être des "pensées " jaunes et mauves, dans un vase en verre transparent. De part et d'autre du vase,  une assiette en porcelaine à décor central floral et un bol en céramique vernissée vraisemblablement d'origine japonaise. si l'on se réfère à l'influence prépondérante que le Japon exerça sur lui.  Une des  très rares natures mortes de Klimt, remise récemment en circulation sur le marché privé.  

Rappel biographique : le célèbre peintre viennois Gustav Klimt, incarnant le mouvement symboliste autrichien, et l'un des membres les plus en vue du mouvement Art nouveau et de la Sécession de Vienne. Peintre de figures, sujets allégoriques, nus, portraits, paysages, il est aussi dessinateur, décorateur, peintre de cartons de tapisseries et de mosaïques, céramiste et lithographe. Son œuvre comprend 230 tableaux, dont 54 tableaux représentant des paysages. Ses principaux travaux incluent les peintures, les fresques, les croquis et autres objets d'art, dont plusieurs sont exposés à la galerie Vienna Secession. La profusion des détails, la richesse des décors et de la coloration en sont caractéristiques, ainsi que la précision des portraits. Klimt est aussi connu pour son utilisation de l'or dans les peintures, qu'il découvre après avoir vu des mosaïques byzantines de Ravenne, mais ses inspirations sont éclectiques. Les historiens de l'art répertorient des inspirations aussi diverses que celles de la Grèce classique, minoenne et égyptienne. Il est aussi inspiré par les ciselures d'Albrecht Dürer, les peintures européennes de la fin du Moyen Âge et de l'école japonaise de Rimpa.
Klimt peint également quelques paysages, privilégiant le format carré (comme beaucoup d'artistes de la Sécession), avec uneabsence de personnage, ce qui donne une ambiance de particulière sérénité. Ces tableaux sont peints sur le motif et terminés en atelier.
Klimt a beaucoup dessiné aussi : . plus de 3 700 dessins mais il est probable que ce nombre soit largement sous évalué, l'artiste n'ayant guère été conservateur de ses feuillets.

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mercredi 10 mars 2021

François-Emile Barraud (1899-1934) - Le Chardon à la Bourse Bleue



François-Emile Barraud (1899-1934)
Le Chardon à la Bourse Bleue, 1930
Huile sur toile
Collection privée

Que voit-on ?  Sur un entablement en planches de chantier, matériau reconduit sur le fond du tableau : trois chardons dans un petit vinaigrier assez ouvragé en verre transparent, ne contenant aucun liquide. De part et d 'autre de cette nature morte aride, une paire de lunettes et une bourse bleue.

Rappel biographique : François-Emile Barraud, est un artiste peintre suisse, aussi dessinateur, graveur et sculpteur. Issu d'une fratrie de quatre enfants et d'un père graveur sur boîtiers de montres, François Barraud a œuvré à Paris dans les Années folles, multipliant natures mortes et portraits dans l'esprit pictural d'un Balthus. Il meurt de la tuberculose à l'âge de 34 ans, à Genève.
Ses frères, Aurèle, Aimé et Charles, sont également peintres.
Des expositions de son œuvre ont eut lieu au Kunstmuseum de Winterthur, et au Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds en 2005.

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mardi 9 mars 2021

Floris Verster (1861-1927) - Nap met eieren



 


Floris Verster (1861-1927)
(Nap met eieren)
Entablement avec œufs, 1915
Huile sur toile
Centraal Museum, Utrecht

 Que voit on ? Six œufs durs débarrassés de leur coquille dans une écuelle de bois sculptée à la main.  Le sujet a l'air banal, mais le fait que l'œil remarque tout de suite qu'il s'agit d'œufs cuits et débarrassés de leurs coquilles et non d'œufs  frais avec leur coquilles est déjà un exploit technique en soi ! C'est aussi un clin d'œil dont ce peintre  est coutumier,  les lecteurs de ce blog ayant déjà pu apprécier ses jeux très aboutis avec les textures et les matières dans ses Pichets d'étain  publiés voici peu.

Rappel biographique : Le peintre néerlandais Floris Verster était issu d'une famille d'artistes. Son père, Abraham Florentius Verster van Wulverhorst, était un érudit, administrateur du Museum national d'histoire naturelle de Leiden et lui-même peintre ornithologique renommé. Son frère cadet, Cees, devint critique d'art puis conservateur du Stedelijk Museum De Lakenhal à Leiden.
Entre 1880 et 1884, Floris Verster poursuit ses études à la Royal Academy of Art de La Haye puis après avoir obtenu son diplôme, il suit des cours avec Amédée Bourson à Bruxelles.
Jusqu'en 1885 environ, il travailla dans le style de l' Ecole de La Haye. Les sept années suivantes, il expérimente la nature morte sous l'influence de son beau-frère et des peintres français Antoine Vollon et Théodule Ribot. On peut dire qu'il excella en tant que coloriste, avec un vision très passionnée des couleurs très différente du style habituel des peintres de l' Ecole de La Haye .
À Bruxelles, il rencontra Jan Toorop et d'autres membres du groupe d'artistes d'avant-garde Les Vingt. En partie sous leur influence, Verster commença à travailler à coups de pinceau rugueux et de couleurs intenses. Il connut un immense succès avec ses natures mortes exubérantes et ses véritables paysages floraux. Entre 1892 et 1900, son travail subit une métamorphose pour se consacrer presque entièrement aux dessins au crayon contenant. À partir de 1900, il commence à peindre et se positionne comme un artiste reconnu aux Pays-Bas. La plupart de ses œuvres, outre les collections particulières, se trouvent au Musée Kröller-Müller et au Musée Stedelijk De Lakenhalà Leiden. 
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lundi 8 mars 2021

Ernst Haeckel (1834–1919) - Ascidiacea



Ernst Haeckel (1834–1919)
Ascidiacea - Kuntsformen der Natur, 1904
Plate n° 85

Que voit-on ?   Il ne s'agit  pas d'une nature morte au sens classique, mais il ne s'agit pas non plus d'une planche anatomique. La frontière est ténue entre les deux et Haeckel la franchissait avec un certain plaisir et... une bonne dose de mauvaise foi !  Pour Ernst Haeckel la biologie était fortement liée à l'art. Ses images d'organismes, de plancton et de méduses, destinées à démontrer la beauté du monde biologique, obtinrent une célébrité particulière. Ses populaires ouvrages Kunstformen der Natur (Formes artistiques de la nature)  dont est tirée la planche ci dessus, parurent de 1899 à 1904 sous la forme de nombreux cahiers, que chaque personne cultivée se devait de posséder. Ses représentations - dont on a pu constater depuis qu'elles n'étaient pas exactes et donc pas scientifiques - influencèrent grandement l'art du début du 20e siècle. Ainsi les lustres en verre de Constant Roux du musée océanographique de Monaco utilisent des modèles de Haeckel, tout comme la porte monumentale de l'architecte français René Binet à l'exposition universelle de Paris en 1900. L'œuvre  de Binet « Esquisses décoratives », inspirée de Haeckel, fut une des bases de l'Art nouveau.

Rappel Biographique : Ernst Haeckel était un biologiste, philosophe et libre penseur allemand. Il a fait connaître les théories de Charles Darwin en Allemagne et a développé une théorie des origines de l'homme. Haeckel était médecin, puis professeur d’anatomie comparée et fut l’un des premiers scientifiques qui comprit la psychologie comme une branche de la physiologie. Il participa également à l'introduction de certaines notions de la biologie moderne comme celles d’« embranchement » ou d'« écologie ». Haeckel désigna également la politique comme de la biologie appliquée. Il esquissa sur des bases scientifiques l'idéologie Weltanschauung du monisme et fonda le 11 janvier 1906 la Deutscher Monistenbund (union moniste allemande) à Iéna. Ernst Haeckel contribua beaucoup par ses écrits à la diffusion de la théorie de l'évolution. Il passe pour un pionnier de l'eugénisme, bien qu'il n'ait eu lui-même aucune conception eugéniste, car il escomptait, confiant dans les progrès dus à l'évolution, un plus grand développement et aucune « dégénération ». Comme d'autres organisations de libres penseurs, l'union moniste allemande fut interdite en 1933 par les nazis. Les idéologues nazis ont utilisé des extraits de ses écrits comme justification de leurs théories racistes et du darwinisme social, mais en même temps déclaré que des éléments essentiels de la vision du monde de Haeckel étaient incompatibles avec le point de vue du national-socialisme. D'après Michael Richardson, embryologiste à la St. George’s Medical School, les dessins de Haeckel sont « un des pires cas de fraude scientifique. Il est choquant de se rendre compte que quelqu'un qu'on croyait avoir été un grand scientifique induisait volontairement ses lecteurs en erreur. Cela me met en colère. Ce que Haeckel a fait était de prendre un embryon humain et de le dessiner, en prétendant que la salamandre, le porc et tous les autres avaient la même apparence au même stade de développement. Ce n'est pas vrai. Ces dessins sont des faux. »
Stephen Jay Gould a écrit, après avoir qualifié certains dessins de Haeckel de frauduleux : « Nous ne devons donc pas nous étonner si les dessins de Haeckel entrèrent dans les manuels du dix-neuvième siècle. Mais nous avons le droit, je pense, d'être étonnés et honteux en songeant que durant un siècle, un réutilisation insouciante a fait persister ces dessins dans un grand nombre, sinon la majorité, des manuels scientifiques moderne ! »

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dimanche 7 mars 2021

Albert Eckhout (c.1610 – c. 1666) - Nature morte à la Palme de Cocotier en Fleurs, Noix et Piments Rouges



 

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Albert Eckhout (c.1610 – c. 1666)
Nature morte à la Palme de Cocotier en Fleurs, Noix et Piments Rouges
Huile sur toile, 94 x 94cm
National museum of Denmark

Que voit on ? Une fois de plus, une étonnante nature morte exotique de cet immense peintre danois du 17e siècle, qui livra un véritable répertoire des fruits et légumes des tropiques, en plein âge d'or des voyages et des découvertes.  On est frappé, ici comme dans chacune de ses toiles, par la modernité de la composition et les choix de mise en  place des divers éléments !  Ce peintre était un véritable génie de l'ordonnancement  dont le Musée national du Danemark conserve jalousement la majeure partie de la fabuleuse œuvre.

Rappel biographique : Le peintre hollandais Albert Eckhout, est connu pour ses toiles de la flore, de la faune et des habitants du Brésil. Eckhout et Frans Post étaient les artistes les plus célèbres de l'entourage de Johan Maurits de Nassau alors qu'il était gouverneur général du Brésil néerlandais de 1637 à 1644. On sait peu de choses sur la formation d'Eckhout, ses débuts de carrière et les raisons de sa nomination, et on ne sait pas exactement quand il est arrivé au Brésil. Parce que certaines peintures attribuées à Eckhout représentaient des peuples Araucano et africains ainsi que des lamas, des plantes et des arbres, certains ont suggéré qu'Eckhout aurait pu faire partie de l'expédition de Hendrick Brouwer au Chili en 1643 ou aurait pu visiter l'Afrique de l'Ouest avec les forces du colonel Hans Coen qui a capturé Elmina en 1637. D'autres pensent qu'il faisait partie de l'expédition de l'amiral Cornelis Jol et du colonel James Henderson quand ils ont occupé l'Angola en 1641. Enfin, on ne sait pas exactement quand Eckhout est revenu en Europe ou combien de temps il est resté au service de Maurits, mais l'on sait qu'en 1645, Eckhout était de retour à Groningen. Entre 1648 à 1652, il vécut à Amersfoort avant de s'installer à Dresde, où il passa dix ans (1653 à 1663) comme peintre à la cour de l'électeur de Saxe, Johann Georg II. On pense qu'Eckhout est mort à Groningen en 1665.


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