mercredi 31 août 2016

Pompei - Nature morte aux raisins et pêches


Pompei 
Nature morte aux raisins et pêches
Musée de Naples 

Que voit on ? Sur le détail de cette nature morte qui est sans doute une des mieux préservées de celles présentes sur les fresques découvertes à Pompei et à Herculanum : de généreux raisins noirs et des pêches dodues présentées dans un coupe en céramique devant un jarre d'eau, que l'on imagine toujours - plus de 2000 ans après - bien fraîche. 

Rappel historique : Pline l'Ancien raconte que dans la Grèce antique, le peintre Piraikos qui vivait au 3e siècle avant notre ère, vendait déjà fort cher ses " Provisions de cuisine ", des tableaux de chevalets représentant des victuailles ou des instantanés d'échoppes de cordonniers et de barbiers. Dans la hiérarchie des genres picturaux d'alors, ces représentations de provisions de cuisine sont déjà considérées comme un genre mineur... et  elles le resteront pendant de longs siècles... au moins jusqu'à Chardin, si ce n'est jusqu'à Cézanne. Genre mineur donc, loin derrière les sujets religieux, les portraits et les paysages, mais genre que les commanditaires s'arrachent pourtant !
Le grec Piraikos reste le plus célèbre des peintres de ce genre. Hélas, aucun exemple n'est parvenu jusqu'à nous de ces peintures des menus objets du quotidien par Piraikos,  peinture que l'on nommait à cette époque Rhyparographie .
A la même époque, un autre peintre grec, Zeuxis rivalisait avec la nature au point que des oiseaux voulaient picorer les raisins qu'il peignait et qu'il passe être l'inventeur du réalisme et  de l'illusionnisme  ne peinture, pour ne pas dire du premier trompe-l'oeil. Il faut là encore faire confiance au récit de Pline l'Ancien, car aucun exemple de cet art ne nous est parvenu.
Les premières natures mortes connues du monde occidental sont des fresques et des mosaïques du 1er siècle de l'ère chrétienne, provenant de Campanie (Herculanum et Pompéi) ou de Rome. Elles sont exécutées dans un style réaliste et illusionniste : fruits veloutés, poissons et volailles posés sur une marche de pierre ou sur deux étagères d'un garde manger, généralement en trompe l'œil avec des ombres portées, ou quelquefois dans des coupes en verre avec des transparences subtiles.
Ces peintures évoquent le xenion antique, un cadeau fait de denrées qu'un hôte doit offrir à ses invités. Pourtant la nature morte de l'Antiquité possède une autre ambition que celle du seul plaisir mimétique. Comme le précise Charles Sterling : « Il est clair que les natures mortes hellénistiques et romaines qui représentaient des mets prêts à être consommés comportaient une allusion épicurienne ». On trouve ainsi assez fréquemment des mosaïques de natures mortes et des vanités dans les atriums d'été romains, où les convives invités aux repas étaient ainsi encouragés à cueillir le jour qui passe, Carpe diem selon la célèbre formule d'Epicure, à profiter de la vie tant qu'il était encore temps de le faire. Une déclinaison plus sophistiquée de la tradition égyptienne pharaonique qui voulait que l'on fît passer un cadavre devant les convives avant de commencer un repas pour leur rappeler l'impermanence de la vie !  Les natures mortes garderont tout au long des siècles jusqu'à nos jours,  cette signification épicurienne. 

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mardi 30 août 2016

Henri Fantin-Latour (1836- 1904) - Nature morte au panier de pommes

Henri Fantin-Latour (1836-1904)  Nature morte au panier de pommes Collection Privée

Henri Fantin-Latour (1836-1904) 
Nature morte au panier de pommes
Collection Privée 

Que voit-on ?  Sur un entablement en bois et se détachant d'un fond de même tonalité, un panier en osier à anse en forme haricot rempli de pommes jaunes et rouges. Il y a en a autant dans le panier que sur l'entablement, présentant leur galbe dodu à l'oeil du spectateur qui ne peut pas s'empêcher de rapprocher cette manière de celle de Chardin.   

Rappel biographique : le peintre et lithographe français  Henri Fantin-Latour était plus connu  de son vivant pour ses portraits de femmes, ses portraits de groupes dont il rénova le style compassé et  pour ses peintures allégoriques que pour ses natures mortes, pourtant admirables. Aujourd'hui c'est exactement le contraire  ! Membre du groupe dit « de 1863  », puis du Cénacle des Batignolles où l'Impressionnisme serait né, Fantin-Latour fait souvent figure de chaînon entre la peinture romantique et l'impressionnisme.  Ses natures mortes, fleurs ou fruits, ont souvent trouvé acquéreur grâce à son ami Whistler qui a attiré en l'attention en Angleterre sur Fantin, à une époque où la peinture impressionniste française était peu appréciée dans ce pays. 

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lundi 29 août 2016

Henri Lebasque (1865-1937) - Nature morte avec pêches



Henri Lebasque (1865-1937)
Nature morte avec pêches 
Collection Privée 

Que voit-on  ? Posé sur une nappe à rayures qui se confond peu à peu avec le fond tableau dans un aplat abstrait : un panier en osier contenant 5 pêches très précisément peintes, plus une présentée hors du panier sur l'entablement et une autre tapie dans l'ombre du panier, sur sa gauche et entourée d'une mouvement de feuilles qui évolue du dessin précis à l'abstraction totale.  

Rappel biographique : Henri Lebasque est un peintre post-impressionniste français. Issu d'une famille modeste,  Henri Lebasque s'inscrit à l'Académie Colarossi en 1886. Il collabore avec Ferdinand Humbert aux fresques du Panthéon à Paris pendant six ans à partir de 1888. Il expose au Salon de la Société des artistes français, au Salon des indépendants, et se lie avec Maximilien Luce et Paul Signac. Il expose au Salon de la Société nationale des beaux-arts et, en 1902, rencontre Camille Pissarro qui aura une grande influence sur lui. Il voyage à Londres où il découvre les œuvres de Turner.  L'État français lui achète Goûter sur l'herbe en 1903. Il collabore, en 1906,  avec Félix Vallotton et Georges Rouault à des essais de céramique chez André Metthey.  Puis  il réalise des décors pour les théâtres et différents lieux parisiens et, en 1917, sera engagé comme peintre aux armées avec Félix Vallotton. En 1922 il expose à la Galerie Eugène Druet. En 1924, il acquiert la villa « Beau site » qu'il habitera jusqu'en 1930. Henri Lebasque est promu officier de la Légion d'honneur en 1925 et, après la dissolution de la Galerie Georges Petit en 1927, il n'accepte plus de contrat avec aucun marchand d'art. Il achète sa maison de la rue des Danys au Cannet en 1930, où il fréquente Dunoyer de Segonzac et Pierre Bonnard qui s'y étaient fixés en 1925.

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dimanche 28 août 2016

Bela de Kristo (1920-2006) - Bouteille aux fruits


Bela de Kristo (1920-2006)
Bouteille aux fruits
Collection privée 

Que voit-on ? Sur un entablement traité de façon cubiste, on distingue nettement deux coupes en porcelaine blanche clairement tracées, sur lesquelles sont posées une pomme et une poire. Un bouteille de vin rouge dont l'étiquette est blanche les sépare.

Rappel biographique :  Le travail de Bela de Kristo est extrêmement varié. Tout au long de sa carrière, il n’a cessé de renouveler son mode d’expression, faisant des maquettes, des photomontages, illustrant des livres pour enfants, réalisant des décors de théâtre et de cinéma avec son ami Alexandre Trauner. Au début de sa carrière, il est influencé par les constructivistes russes tels que Malevitch. Bela de Kristo s’inspire des événements de la vie de tous les jours. Il utilise l’abstraction de la même manière que les Surréalistes mais c’est dans son approche du cubisme qu’il excelle. Son œuvre d’un cubisme rigoureux affiche une sensibilité chargée d’humour et de poésie.
Bela de Kristo  est un artiste, franco-hongrois qui a commencé ses études supérieures à l’École des beaux-arts de Budapest. Après avoir obtenu son diplôme, il arrive à Paris où il organise une exposition d’artistes hongrois en 1947 à Saint-Germain-des-Prés. Son pays étant occupé par l’armée soviétique, il décide de s’installer définitivement à Paris et fréquente régulièrement l’Académie Julian et  la Grande Chaumière. En 1948, il est un des fidèles piliers de l’académie d’André Lhote (rue d'Odessa) avec qui il partage les théories du cubisme. En 1954, il s’installe dans un atelier de la rue Vignon et nombre de ses dessins et cartons paraissent dans Paris Match entre autres. Cependant il passe la majorité de son temps à se consacrer à la peinture. Il se retire de la vie parisienne pour s’installer en Normandie qu’il découvre grâce à son ami Fernand Léger qui possède déjà une ferme atelier à Lisores. Il restera fidèle à la Normandie jusqu’à sa mort en mai 2006.



vendredi 26 août 2016

Henri Matisse (1869-1954) - Nature morte aux coloquintes



Henri Matisse  (1869-1954) 
Nature morte aux coloquintes (1915-1916) 
MOMA, New York

Que voit on  ? Matisse a peint à plusieurs reprises le sujet des coloquintes tout au long de sa vie et au moins quatre fois entre 1915 et 1916, dans des styles extrêmement différents les uns des autres.   Il semblerait que la forme tout en arrondi de ces végétaux l'attirait partiluirèrement. Cette nature morte conservée au MOMA frappe par le modernisme de sa composition déjà presque abstraite ou qui rappelle les collages que l'artiste réalisa à la fin de sa vie.  Une marmite, un entonnoir et un pichet soudainement étrange, ferment le fond de la composition dont le plan est verticalement séparé en deux parties : l'une sombre, l'autre claire... ou l'inverse ! 

Rappel Biographique : Le peintre français Henri Matisse  exprimait sa joie par son choix de motifs, d'ornements et ses couleurs vives. C'est en recevant un coffret de peinture pendant une convalescence que Matisse a découvert l'art, « une sorte de paradis ». Considéré dans un premier temps comme un fauviste, il a livré des premières toiles empreintes d'une maturité remarquable. A la suite de sa rencontre avec l'impressionnisme et l'art japonais, Matisse a donné à la couleur une place essentielle dans ses œuvres et a commencé à explorer l'expression abstraite. Il a également décoré la chapelle dominicaine de Vence au tournant de ses 80 ans. D'une grande nervosité, Matisse se détendait en peignant.

jeudi 25 août 2016

Claude Monet (1840-1926) - Le service a thé



Claude Monet (1840-1926)
 Le service à thé 1872
Collection privée 


Que voit on ?  Saute littéralement aux yeux : une nappe à tissage blanc brillant sur blanc mat selon le procédé dit du Jacquard français, nappe dont Monet s'amuse à compliquer la composition  - tout comme on le fait d'un mécanisme d'horlogerie - en y ajoutant le rendu de plis irréguliers résultant de la façon dont la nappe a été posée sur la table. Sur la nappe : un plateau en laque de Chine rouge contenant une théière en porcelaine de Chine blanc-bleue à dessin de fleurs et deux tasses et sous tasses assorties. La théière et les deux tasses se reflètent à la surface du plateau en laque. Un pot en porcelaine de Chine de même facture contenant une plante grasse d'apparence veloutée finit de parfaire l'étude idéale de matières et de lumière qu'est cette nature morte d'un maître du genre. Elément étrange enfin, quoique d'apparence banale : une cuillère en argent est isolée sur la nappe dans ce " thé pour deux " où il n'y  donc qu'une seule cuillère pour deux.  Prend-elle la pose de la perspective en lieu et place du couteau présents dans les  nature mortes de l'âge d'or ? Pourquoi pas une cuillère après tout ?  Il y a de l'humour dans chaque coup de pinceaux de cette nature morte où l'on sent bien que Monet s'est beaucoup amusé. 

Rappel biographique : le peintre français Claude Monet, l'un des fondateurs de l'impressionnisme, est surtout connu pour ses paysages et ses portraits.  " La couleur, disait-il " est mon obsession quotidienne, ma joie et mon tourment ".  Claude Monet est l’un des fondateurs de l'impressionnisme. En 1859, il part à Paris tenter sa chance sur le conseil d'Eugène Boudin. Après des cours à l'académie Suisse puis chez Charles Gleyre et la rencontre de Johan Barthold Jongkind, le tout entrecoupé par le service militaire en  Algérie, Monet se fait remarquer pour ses peintures de la baie d'Honfleur. En 1866, il connait le succès au Salon de la peinture. Toute cette période est cependant marquée par une grande précarité. Il fuit ensuite la  guerre de 1870  à Londres puis aux Pays-Bas. Dans la capitale anglaise, il fait la rencontre du marchand d'art Paul Durand-Ruel qui lui assurera sa principale source de revenu pendant le reste de sa carrière. Revenu en France, la première exposition des futurs impressionnistes a lieu en 1874. À partir de 1890, Monet se consacre à des séries de peintures, c'est-à-dire qu'il peint le même motif à différentes heures de la journée, à diverses saisons. Il peint alors parfois des dizaines de toiles en parallèle, changeant en fonction de l'effet présent. La fin de sa vie est marquée  par une maladie, la  cataracte, qui affecte son travail.
Monet peint devant le modèle sur l'intégralité de sa toile dès les premières ébauches, il retouche ensuite de nombreuses fois jusqu'à ce que le résultat le satisfasse. Contrairement à ce qu'il affirme, il termine la plupart de ses toiles en atelier, prenant modèle sur les premières peintures d'une série pour peindre les autres. D'un caractère parfois difficile, prompt à la colère comme au découragement, Claude Monet était un grand travailleur qui n'hésitait pas à défier la météo pour pratiquer sa passion. Monet résume sa vie ainsi de la meilleure manière : « Qu'y a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d'un homme que rien au monde n'intéresse que sa peinture - et aussi son jardin et ses fleurs ».

mercredi 24 août 2016

Grace Cossington-Smith (1892-1984)



Grace Cossington-Smith (1892-1984)
Things on an iron tray on the floor (1928)
National Gallery of Australia

Que voit-on ?  Sur un plateau mauve : un amoncellement d'objets de cuisine qui va de la cafetière au mug en passant par le couvercle de casserole, la casserole sans couvercle, la bouteille en verre, et les cruches à eau.  En réalité pour cette peintre australienne, l'identité des objets importe peu  à tel point qu'elle les qualifie d'ailleurs de  "choses" dans le titre de l'oeuvre.  Ce qui l'intéresse ce sont surtout les formes, les couleurs, les matières en contraste saisissant avec celles des tissus sur lesquels reposent les " choses ". Ce sont les associations qu'elles permettent qui fascinent cette peintre. C'est une grande oeuvre très innovatrice pour son époque (1928) et très troublante en ce qu'elle réunit des éléments stylistiques très différents.

Rappel biographique : L'artiste peintre australienne Grace Cossington Smith est l'une des plus importantes représentante  du mouvement moderniste australien. Sa peinture The Sock Knitter (1915) est généralement considérée comme la première œuvre moderniste d'Australie. Elle a fait ses  études d'art а la Société royale d'art de la Nouvelle-Galles du Sud. Elle a ensuite rejoint l'Europe en 1912 et étudié pendant deux ans en Angleterre et en Allemagne. Avec des amis étudiants, elle a constitué le Groupe d'art contemporain en 1926, avec lequel elle a contribué de manière significative au mouvement moderniste australien. Sa peinture la plus connue est  The Bridge in-Curve (1926), qui dépeint la construction du Sydney Harbour Bridge (lui-même une œuvre d'architecture moderniste). Elle a peint une série d'intérieurs de sa maison en 1938. Ses intérieurs des années 1950 dépeignent des scènes intimes de ménage et des natures mortes. Elle est devenue célèbre pour ses peintures de la vie quotidienne à Sydney et son usage de couleurs particulièrement vibrantes.



mardi 23 août 2016

Evgenia Antipova (1917-2009) - Still-Life 1964

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Evgenia Antipova (1917-2009) 
Still-Life 1964
Private collection, Russia

Que voit-on ?  Sur une nappe imprimée déjà très colorée, une véritable explosion de couleurs matérialisée - dans une composition extrêmement sophistiquée - par plusieurs fruits et légumes exotiques très appréciés par cette artiste russe de l' Ecole de Leningrad. On y trouve notamment des tomates présentées en vedette sur un plat de céramique bleue et blanche ; une botte de betteraves émergeant d'un sceau en métal, véritable centre de la composition ; un melon d'Espagne d'un variété ancienne très colorée, quantités de légumes ronds (oignons, navets, petits cucurbitacés...) et des choux et salades dont ne sait plus trop si les généreux feuillages verts sont  réels ou s'ils appartiennent aux impressions de la nappe.  En contraste : un pot en céramique vernissée noire contenant du lait : effet assuré !  

Rappel biographique : Evgenia Petrovna Antipova (Евгения Петровна Антипова) était une peintre russe soviétique, aquarelliste, dessinatrice et professeure d'art, membre de l'Union des artistes de St Petersburg (avant 1992 : Union des artistes de Leningrad). Elle a vécu et travaillé à Leningrad / Saint-Pétersbourg et elle est considérée comme l'une des représentantes les plus éminentes de cette Ecole de peinture de Leningrad. Les oeuvres d'Evgenia Antipova ont fait l'objet de plusieurs expositions personnelles en 1967, 1988, 1999 (avec son mari et artiste Victor Teterin), et en 2007. En 1989-1992, les  peintures d'Antipova ont été exposées pour la première fois en France dans une vente aux enchères très suivie concernant les artistes de l'École de Leningrad. Ses peintures sont exposées au  Musée d'Etat Russe et dans de nombreux musées d'art et collections privées en Russie, France, Allemagne, États-Unis, Royaume-Uni... Son succès international loin de se démentir s'accroit d'année en année.

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lundi 22 août 2016

Fairfield Porter (1907-1975) - Dinner Table at Night


Fairfield Porter (1907-1975) 
Dinner Table at Night, 1965  
Private collection.

Que voit-on ?  Titre assez énigmatique que ce" Table de diner la nuit", les diners ayant généralement lieu la nuit !... mais qui décrit bien le malaise de la situation décrite sous une apparence (trompeuse) de calme et de sérénité. La blancheur immaculée de la nappe, l'ordonnancement parfait des objets (porcelaines, cristaux), le bouquet de pivoines blanches au centre de la table et les impeccables ombres portées feraient presque oublier le trouble ressenti par la nature même et le nombre des objets, très hétéroclites et très inhabituels sur une table de diner :  4 verres, 2 assiettes, une théière sans tasse et une seule tasse à café sans cafetière, un beurrier fermé comme une huître, des citrons jaunes et verts épars sur la table comme des boules de billard prêtes à être frappées... une carafe à vin vide de son contenu de même que les verres et une seule chaise pour cet étrange diner...  peut être solitaire finalement ... ou  purement imaginaire !  

Rappel biographique : Fairfield Porter était un peintre et critique d'art américain, frère du photographe Eliot Porter. C’est en étudiant à Harvard, que Porter décida de se spécialiser dans les beaux-arts et de poursuivre, après son déménagement à New York en 1928, ses études à l'Art Students League. Son passage à l’Art Students League le formate plus ou moins pour produire un travail réaliste. Il sera d’ailleurs beaucoup critiqué et à la fois vénéré pour s'être obstiné dans ce style réaliste dans un époque où  le mouvement de l'expressionniste abstrait bas son plein dans le monde. Les sujets des tableaux de Porter sont principalement des paysages, des intérieurs, quelques natures mortes et beaucoup de portraits. Portraits  de famille, portraits des amis et de collègues artistes, dont beaucoup étaient affiliés de l’école littéraire de New York, comme John Ashbery, Frank O'Hara ou James Schuyler. Un grand nombre de ses peintures ont été réalisées dans ou autour de sa maison estivale de famille à Great Spruce Head Island,dans le Maine et dans sa maison de famille citadine à New York. Sa vision picturale englobe à la fois une réelle fascination pour la nature et la capacité de révéler tout ce qu’il peut y avoir d’exceptionnel dans la vie ordinaire.  Très influencé par les peintres français Pierre Bonnard et Edouard Vuillard, il a même écrit   " Quand je peins, je pense que ce qui peut me satisfaire est d'exprimer au mieux ce que Renoir conseillait à Bonnard : «  Rendre tout plus beau » ".

dimanche 21 août 2016

Gustave Caillebotte (1848-1894)



Gustave Caillebotte (1848-1894)
La côte de boeuf, 1882
Collection particulière

Que voit-on ?  Comme le laisse sobrement entrevoir le titre : une côte de boeuf ! Ce morceau de choix, que l'on servait de préférence le dimanche en alternance avec le gigot d'agneau, est un des plus onéreux que l'on puisse acheter chez un boucher. Il est présenté ici seul sur un fond neutre qui est sans doute le marbre du présentoir de la boucherie où Caillebotte avait coutume d'aller saisir ses sujets avant de les terminer dans son atelier. Cette nature morte est un remarquable exercice de maîtrise des rouges et de travail sur les contrastes des matières (viandes, os, graisse) dans un style pourtant plus impressionniste que réaliste.

Rappel biographique : le peintre français Gustave Caillebotte fut aussi mécène, collectionneur  et organisateur des expositions impressionnistes de 1877, 1879, 1880 et 1882. Le talent de Caillebotte fut longtemps méconnu (sauf aux États-Unis) au profit de son rôle de « mécène éclairé ». Le peintre fut redécouvert dans les années 1970 à l'initiative de collectionneurs américains. Les rétrospectives de ses œuvres sont désormais fréquentes. Certains de ses tableaux se trouvent maintenant au musée d'Orsay à Paris. Caillebotte est l'un des premiers grands peintres français à exposer régulièrement aux États-Unis, où il rencontre un vif succès, et où se trouvent aujourd'hui nombre de ses toiles. Il est l'un des fondateurs du courant « réaliste », qu'illustrera par exemple au 20e siècle l'américain  Edward Hopper. Fortuné, il n'a pas besoin de vendre ses toiles pour vivre, si bien que ses descendants possèdent encore près de 70 % de ses œuvres. À sa mort, Martial et Auguste Renoir son exécuteur testamentaire, prennent les dispositions pour que l’État accepte le legs de ses tableaux impressionnistes. Les historiens d'art qualifient volontiers cet artiste « d’original et audacieux ». Sa technique ne l'est pas moins assez proche de l'art photographique, mais, par de puissants effets de perspectives tronquées, les distances et les premiers plans sont écrasés et l'horizon absent, d'où la perception instable et plongeante (Caillebotte invente la vue en plongée dans la peinture). Les effets de vue plongeante s'imposent dans son art à travers les personnages au balcon et ses vues en surplomb des rues et des boulevards. Dans ses natures mortes saisies souvent dans des cadrages et sous des angles inhabituels, il s'intéresse surtout à l'aspect préparé et alimentaire. Il affectionne les natures mortes à l'étalage dont il croque le plan sur les marchés, dans les restaurants, ou dans les boutiques et qu'il retravaille entièrement dans son atelier, car contrairement aux impressionnistes qui peignent en plein air, Caillebotte retravaille toutes ses esquisses à l'atelier.

samedi 20 août 2016

James Lechay (1907-2001)


James Lechay (1907-2001)
Untitled still life (1928)
Private collection

Que voit - on ? Un ensemble de tâches jaunes sur fond marron qui pourraient former un vase et des fleurs.  Et effectivement c'est le cas ! 

Rappel biographique : Le peintre américain James Lechay peignait en particulier des paysages urbains, des paysages campagnards et des natures mortes. Il a joué un rôle important dans la peinture d'avant-garde à New-York et dans le Midwest. C'est un  artiste qui a  toujours aimé défier les catégories, et il aimait à se définir lui-même comme un " impressionniste abstrait " qui s'est appliqué  à suivre son propre itinéraire artistique tout au long de sa carrière, sans se soucier des modes, des mouvements et des catégories.

vendredi 19 août 2016

Jean Fautrier (1898-1964) - Les poissons



Jean Fautrier (1898-1964)
Les poissons (1927)
Collection particulière

Que voit on ?  Huit poissons (sardines et maquereaux)  rangés tête-bêche sur un plan neutre. Le dernier,  presque au bas du tableau est à peine esquissé au crayon.  Magnifique dessin assez difficilement observable habItuellement dans les toiles de Fautrier. Somptueuses variations sur les jaunes, les bleus et le noir.

Rappel biographique : le peintre, sculpteur et graveur  français Jean Léon Fautrier est, avec Jean Dubuffet, le plus important représentant du courant de  "l'Art Informel"  appelé aussi " Art Brut " ou   " Tachisme ". L’Art Informel regroupe à la fois le courant de  l’abstraction lyrique avec ses techniques d’expressions essentiellement gestuelles, le matiérisme dont l’objet est de travailler les matières sur les surfaces de la toile, et par rapprochement, le spatialisme dont les recherches portent sur les dimensions de l’espace et du temps et sur la lumière. D’autres courants, comme le mouvement CoBrA, le Groupe Gutail’expressionnisme abstrait en Allemagnel’Action Painting de Jacskon Pollock aux Etats-Unis peuvent être rapprochés aussi de l'art Informel. Fautrier est aussi un pionnier de la technique des hautes pâtes.  Dès l'âge de 14 ans, il étudie l’art à la Royal Academy de Londres et  découvre  les peintures de Turner qui l'impressionnent beaucoup. De retour en France, il est mobilisé en 1917. Gazé à Montdidier, il est définitivement réformé en 1921. Il expose dès 1921 des natures mortes et des portraits. En 1923, il rencontre Jeanne Castel, avec laquelle il vivra un certain temps. En 1924, première exposition personnelle et premières ventes ; l’année suivante, le marchand d’art Paul Guillaume  lui achète quelques tableaux. C’est avec ce même Paul Guillaume que Fautrier passe un contrat d’exclusivité en 1927. Jusqu'en 1933  il se partage entre sculpture, peinture et gravures. Il réalise notamment des gravures pour l'édition illustrée de l'Enfer de Dante préparée par Gallimard, projet qui n'aboutira pas. Quelques unes de ses peintures sont exposées en 1945 à la Galerie Drouin, suscitant une vive admiration de l'intelligentsia parisienne. Le catalogue de l'exposition était préfacé par André Malraux. Dans les années qui suivent, Fautrier travaille à l'illustration de plusieurs ouvrages, parmi lesquels L'Alleluiah de Georges Bataille et enchaîne sur une série consacrée aux petits objets familiers. En  1950, il invente avec sa compagne,  Jeanine Aeply, un procédé complexe mêlant reproduction chalcographique et peinture, qui permet de tirer ses œuvres à plusieurs exemplaires, pour obtenir ce qu’ils appelleront des « originaux multiples ».
Jean Fautrier est un très grand peintre français, injustement oublié de ce début de 21e siècle. 

jeudi 18 août 2016

Foujita (1886-1968) - Nature morte à l'encrier



Foujita (1886-1968)
Nature morte à l'encrier
Collection privée

Que voit-on ?  Sur un table où s'étalent plusieurs feuilles de papier buvard imprégnées de tâches d'encre. De gauche a droite : un boîte d'allumettes, objet souvent traité par Foujita avec ici une allumette consumée présentée hors de sa boîte, un crayon à paper, une paire de ciseaux, un aimant  en fer à cheval avec quelques épingles de couture prises à son extrémité, une clé isolée, un encrier ouvert sur lequel repose un porte plume et sa plume, un presse papier en forme de main façon 19e siècle qui retient une enveloppe.

Rappel biographique : l'artiste français d'origine japonaise Tsugouharu Foujita aussi connu sous le nom de Léonard Foujita ou Foujita est aussi bien peintre que dessinateur, graveur, illustrateur, céramiste, photographe, cinéaste ou créateur de mode.... Il a illustré énormément d'ouvrages de librairie dans le Montparnasse des Années Folles et bien après (plus d'une centaine entre 1919 et 1970)  et un nombre non négligeable de natures mortes - ou intitulées comme telles - parsèment son oeuvre du début à la fin.

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mercredi 17 août 2016

Eva Gonzales (1849-1883) - Nature morte aux oignons

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Eva Gonzales (1849-1883)
Nature morte aux oignons (1871-1872)
Collection Privée

Que voit-on ? Deux oignons et leurs fanes sur un fond neutre. Un traitement extrêmement minimaliste pour l'époque (1871) et pour ce sujet réputé pauvre. Il est traité ici un peu à la façon des planches scientifiques, au détail près que le traitement est impressionniste avant la lettre, en bonne élève de Manet que fut cette  grande  peintre, hélas encore trop méconnue.

Rappel biographique :  Eva Gonzalès est née à Paris dans une famille bourgeoise d’origine espagnole installée en France. Son père est l’écrivain célèbre Emmanuel Gonzalès. Elle entre, en 1866, à 16 ans, dans l’atelier de Charles Chaplin, homonyme du célèbre acteur de  cinéma mais qui était un peintre à la mode chez lequel se précipitait beaucoup de jeunes filles de bonne famille. En mai 1867, elle abandonne sans regret l’atelier, jugeant l’enseignement dispensé par Chaplin, trop classique. Deux ans plus tard, elle rencontre Edouard Manet et devient son élève. Une grande amitié et une admiration réciproque les lient, suscitant la jalousie de Berthe Morisot qui lui envie son amitié avec le maître. Manet exécute le portrait d’Eva en 1869, et l’expose au Salon de 1870 pendant qu’elle présente Le Clairon directement inspiré du Fifre.  Eva Gonzalès travaille dans l’esprit du maître de nombreuses natures mortes, des scènes de plein air et sujets intimistes, des aquarelles, des huiles et des pastels. Bien que les sujets de ses toiles soient les mêmes que ceux choisis par les impressionnistes, le style en est différent, plus proche des peintures « espagnoles » des débuts de Manet. Après plusieurs années d’indifférence face à son travail, à partir de 1879 et après l’exposition au Salon d’ Une loge aux Italiens, le public et les critiques d’art s’enthousiasment pour ses œuvres et reconnaissent son talent. Elle se refuse à participer aux Salons Impressionnistes, mais reste très proche de ce courant artistique et de ses amis. En 1879, Eva Gonzalès épouse Henri Guérard, graveur de Manet et peintre occasionnel. Elle meurt brutalement, en 1883, d’une embolie peu après la naissance de leur fils Jean-Raymond Guérard et seulement six jours après le décès de son maître Édouard Manet, alors qu’elle lui préparait un hommage.

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mardi 16 août 2016

Emmanuel Sougez (1889-1972)


Emmanuel Sougez (1889-1972) 
Bar, 1929, 
BnF, Paris 

Que voit- on ? Une nature morte sur un comptoir ou le photographe se livre à un jeu sur les transparence et les différence de texture, l'orange étant la pour accentuer la différence.

Rappel biographique : Jeune étudiant aux Beaux-arts de Bordeaux, Emmanuel Sougez voit bientôt dans la photographie le moyen de circonvenir le risque d'un éventuel insuccès artistique. L'histoire de la photographie est heureusement riche de ces détournements de vocations, et Paris puis Lausanne offrent à Sougez les moyens de ses ambitions. Dans les studios qui l'emploient, il perfectionne une pratique de l'image appliquée à la publicité et l'illustration.
Par le hasard d'une rencontre, Sougez est conduit en 1926 à fonder le service photographique du journal l'Illustration. Devenu acteur important du Paris photographique, il contribue par ailleurs à perfectionner un système de prise de vue en couleur : le procédé Finlay.
Dans la florescence éditoriale de l'entre-deux guerres, Emmanuel Sougez publie dans la revue Arts et Métiers Graphiques, éditée par l'indéfectible Charles Peignot. Les plus grandes signatures, KertészMan-RayKrullMoholy-Nagy s'y expriment et cet illustre voisinage finit d'asseoir sa renommée.
Expositions et succès critique s'enchaînent. En 1937, Emmanuel Sougez participe à l'émergence du groupe Le Rectangle, qui défend une photographie technique, professionnelle et maîtrisée. Pourtant, la situation de la France occupée, dans le conflit mondial, jette sur l'entreprise un voile de malentendu qui s'estompera en 1946 avec la fondation du Groupe des XV.
Adepte des grands formats, rigoureux à la prise de vue comme au tirage, et créditant l'objet de sa photographie d'un équilibre et d'une exactitude formels intrinsèques, Emmanuel Sougez peut s'inscrire dans le grand courant de la photographie objective, qui s'étendrait d'Albert Renger-Patzsch à Edward Weston. Puriste par ferme conviction il n'a de cesse de pratiquer la photographie qu'en " ennemi du hasard ".

lundi 15 août 2016

Jacob Foppens van Es (1596-1666) - Still life with oysters



Jacob Foppens van Es (1596-1666)
Still life with oysters
Ashmoleum Museum Oxford.

Que voit on ? Des huitres certes comme l'annonce le titre mais surtout un extraordinaire assemblage de textures entre les transparence des verres, la matière huilée des olives, les reflets sourds des nacres, le citron pelé et le pain.  Le tout exprimé dans une belle palette de couleurs très accordées.

Rappel biographique : Jacob Foppens van Es est un peintre né à Anvers dans les Pays-Bas espagnols, spécialisé dans les peintures de repas, les natures mortes et les fleurs, comme bon nombre de peintres flamands de cette époque. Les données biographiques sur la vie de Jacob Foppens van Es sont rares. L’inscription sur un portrait de Foppens van Es gravé par Venceslas Hollar d’après un tableau de Joannes Meyssens indique qu’il est né à Anvers. En 1617, il devient maître de la Guilde de Saint-Luc à Anvers. Le fait qu’il n’ait pas été inscrit comme élève à la Guilde avant de devenir maître indique qu’il s’est probablement formé en dehors d’Anvers. Au moment de son enregistrement en tant que maître à Anvers, il était déjà marié à Joanna Claessens avec qui il avait un fils appelé Nicolaas. Nicolaas devint maître de la Guilde en 1648. Son succès en tant qu’artiste est attesté par la présence de ses oeuvres odans de nombreuses collections anversoises au 17ème siècle. Même l’inventaire du principal peintre baroque flamand Peter Paul Rubens comprenait deux de ses œuvres. Jacob Foppens van Es jouissait d’un statut élevé parmi les plus grands artistes anversois et a été actif pendant 50 ans. Jacob Foppens van Es fut un artiste très prolifique. Environ 125 de ses œuvres sont parvenues jusqu'à nous , toutes signées de son nom complet « I. (ou IACOB) VAN ES ». Mais étant donné qu'il ne datait jamais ses œuvres, il est impossible aujourd'hui de retracer la chronologie de sa production et l’évolution de son travail. Ses natures mortes décrivent généralement une accumulation d’objets sans rapport entre eux, posés sur un plan fortement inclinée, la principale préoccupation du peintre semblant être non pas la signification des symboles mais la réalisation de couleurs riches. Ses natures mortes sont dites "archaïsantes" sur le modèles de celles des grands maîtres flamands Osias Beert et Clara Peeters. Certaines subissent directement l'influence de Floris van Schooten.
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dimanche 14 août 2016

Johannes Leemans (1633-1688)



Johannes Leemans (1633-1688)
Still Life with Fowling Equipment (1666)
Private collection

Que voit- on ? Une nature morte en trompe l'oeil représentant, accrochés ensemble, tous les éléments utilisés à cette époque là par les chasseurs hollandais. Devant le succès de ce genre de sujets, ce peintre a multiplié les exemplaires sur  le même thème, aux différences près des équipements personnels des chasseurs qui lui commandaient ces peintures. Dans toutes ses peintures, les mêmes éléments reviennent donc constamment et en particulier la cage et la besace, souvent exactement disposées à la même place que sur cette toile de 1666.

Rappel biographique : Le peintre néerlandais  Johannes Leemans (1633-1688)  appartient au Siècle d'or de la peinture néerlandaise.  Il fut extrêmement célèbre de son vivant et mena une existence très confortable grâce à son commerce de trompe-l'oeil à sujets d'attirail de chasse, de cages à oiseaux et d'armurerie. Johannes Leemans était également un marchand de vin réputé. Il a vécu et travaillé à La Haye, où il faisait partie des notables de la ville. Certaines de ses natures mortes pouvaient très largement prêter à double interprétation et devait fournir, entre chasseurs, des sujets de plaisanteries et de moqueries inépuisables...

samedi 13 août 2016

Johann Georg Hinz (1630-1688)- Nature morte au cabinet de curiosités


Johann Georg Hinz (1630-1688)
Nature morte au cabinet de curiosités, 1666
Brukenthal National Museum, Sibiu / Hermannstadt (Romania)

Que voit on ?  Ce tableau est souvent confondu avec une composition assez similaire faite par le même peintre la même année, intitulé " le cabinet à bijoux" et qui se trouve exposée au Musée des beaux arts de Hambourg (Hamburger Kunsthalle). Celle-ci représente un cabinet de curiosités. A distinguer d'une "chambre des merveilles", le cabinet de curiosité  était un lieu où étaient entreposés et exposés des objets hétéroclites autant qu'étranges pour leur époque. On y trouvait couramment des médailles et camais, des antiquités, des objets d'histoire naturelle  (animaux empaillés, coquillages, squelettes, carapaces, insectes séchés, herbiers, fossiles) ou des œuvres d'art (rares pièces d'orfèvrerie, ivoires précieux, miniatures) quelquefois (comme ici) des armes  finement ornées. Apparus а la Renaissance en Europe, les cabinets de curiosités (studiolo en italien) sont l'ancêtre des musées et des muséums. Aussi bien privés (collections de particuliers) que publics (collections institutionnelles d'écoles de vétérinaire, de facultés de médecine), ils ont joué un rôle fondamental dans l'essor de la science moderne même s'ils gardaient les traces des croyances populaires de l'époque (il n'était pas rare d'y trouver du sang de dragon séché ou des squelettes d'animaux mythiques). L'édition de catalogues qui en faisaient l'inventaire souvent illustré, permettait d'en diffuser le contenu auprès des savants européens. Le principe du cabinet de curiosités a disparu durant le 19e siècle, remplacé par des institutions officielles et les collections privées. 

Rappel biographique  :  Très peu de renseignements sur le peintre Johann Georg Hinz qui signait Hainz, Heintz ou Hintz, si ce n'est qu'il était originaire de Hambourg.  Hinz est considéré comme le tout premier et le plus important peintre de natures mortes de l'Ecole de Hambourg. Son travail atteste de sa parfaite connaissance des maitres Néerlandais qu'il est supposé avoir connu à Amsterdam et Haarlem. Il fut renommé pour ses natures mortes d'apparats, ses trompes l'oeil, et ses compositions florales. 


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vendredi 12 août 2016

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - Orange de Seville, gobelet en argent, pommes, poires et deux bouteilles

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Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
Orange de Seville, gobelet en argent, pommes, poires et deux bouteilles 
Collection privée 

Que voit-on ?  Sur un entablement  de bois, de gauche à droite :  exactement ce que décrit le titre, Chardin jouant à l'envie avec l'équilibre subtil des matières et des textures entre trouvé entre l'argent  du gobelet qui reflète les fruits, le verre sombre de la grande bouteille qui reflète la lumière et non les fruits et le verre transparent de la petite bouteille qui reflète lumière et fruits.

Rappel biographique : Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, Chardin est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre. Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres. Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1750-1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux  effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.


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Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 

jeudi 11 août 2016

Gevork Kotiantz (1909-1996)



Gevork Vartanovich Kotiantz (1909-1996)
Black-grapes (1950)
Private Collection 

Que voit-on ?  Dans un intérieur, posée  à la fois contre une linge blanc a franges et un livre dont on aperçoit la tranche et la reliure d'un bleu céleste, une assiette de céramique blanche  sur laquelle sont posées deux citrons et une généreuse grappe de raisins rouges. Avec la sobriété de composition qui est la caractéristique de ce peintre  de l'époque soviétique, le contraste et la complémentarité des couleurs  atteignent un sommet ... ou fonctionnent à leur  meilleur rendement (pour employer une  phraséologie plu  kremlinesque ! 

Rappel biographique : le peintre russo-arménien soviétique Gevork Vartanovich Kotiantz est des membres les plus représentatifs de L'Ecole de Leningrad ( aujourd'hui Saint Petersbourg). Il est connu pour ses remarquables talents de coloriste et ses compositions très inspirées par ses rencontres avec les Impressionnistes. 


mercredi 10 août 2016

Bessie Davidson (1879-1965) - Autumn table at Villetaneuse


Bessie Davidson (1879-1965) 
Autumn table at Villetaneuse (1935) 
Private collection

Que voit-on ?  Sur une table de salle à manger, d'un intérieur chaleureux, désertée par ses occupants, une fin de repas matérialisée par de la viande ou du pâté dans une assiette, des poires, un saladier de fruits (des raisins principalement) et du vins. Un repas pour 3 personnes dont une a bu un petit peu plus que les autres. 

Rappel Biographique :  Bessie Davidson  est une importante artiste australienne qui a fait la plus grande partie de sa carrière en France. Née dans une famille d'origine écossaise où l’enseignement des beaux art était très présent, elle a toujours cultivé la fierté de ses racines. En Australie, elle reçoit jusqu'en 1904 une formation de peintre avec son professeur Margaret Preston, une autre figure majeure de la peinture australienne. А l’âge de 24 ans, elle obtient de son père l'autorisation d'aller poursuivre des études artistiques en Europe. Elle part en compagnie de Margaret Preston. Elle passe d'abord quelques mois à Munich avant de pouvoir s'installer а Paris, son véritable but. Elle fréquente а Montparnasse l'atelier de la Grande Chaumière où elle deviendra l’élève de René-Xavier Prinet. Elle y rencontre également Germaine Desgranges avec laquelle elle se liera d'une amitié qui dura jusqu’à la mort des deux amies. 
De retour en Australie de 1907 а 1910, elle y peint et expose à la South Australian Society d'Adйlaпde, puis revient а Paris en 1910.
Elle s'intègre très vite au milieu artistique du moment, celui de Maurice Denis, Albert Besnard,  Jacques-Emile Blanche, Lucien Simon, Aman-Jean, etc.
Son atelier, qu'elle conservera toute sa vie, est installé rue Boissonade. Elle aura ultérieurement comme voisin, de l'autre côté de la rue, Conrad Kickert, peintre néerlandais qui restera toute sa vie en France et restera profondément lié à Bessie.
Retournée visiter sa famille en Australie en 1914, elle y apprend sur le bateau le déclenchement de la Première Guerre mondiale et décide de repartir aussitôt "soutenir ses amis" en France. Elle s'engage alors dans la Croix-Rouge française et servira comme infirmière dans les hôpitaux militaires, notamment а l'Hôpital Molitor. C'est dans ces circonstances, qu'elle fera la connaissance de celle qui deviendra sa mécène, son mentor et une compagne dans la vie, Marguerite Leroy, dite "Dauphine". Cette dernière mourut en 1938.
La période 1918-1920 voit dans sa production des peintures en teintes douces (détrempe), des portraits, des fleurs, des intérieurs. Elle obtient en 1918 une commande de l’état qui la charge de peindre un tableau devant orner le carré des officiers du cuirassé Bretagne qui fut coulé plus tard à Mers-el-Kebir.
Les années 1920 а 1938 sont marquées par une grande évolution et une abondante production pleine de vigueur, franchise et ampleur. C'est dans son atelier qu'elle reprend les esquisses réalisées en extérieur lors de ses séjours en Savoie (château de Villeneuve à Cognin, Talloires), sur la côte basque (Guéthary), en Normandie ou en Ecosse, ou encore durant les voyages qu'elle fit en Autriche, Russie, Italie, Maroc et Suisse.
Bessie Davidson fut vice-présidente du groupe des Femmes Artistes Modernes (FAM) de 1932 а 1936, groupe exposant dans des lieux variés (Théвtre Pigalle en 1932, Maison de France en 1933 et 1934, Galerie Bernheim-Jeune en 1935 et 1936). Les expositions et salons se succéderont alors et l'on verra Bessie Davidson exposer avec  Mary Cassatt, Olga Boznańska, Tamara de Lempicka, Mela Muter, Chana Orloff, Anita Conti, Marie Laurencin, Jacqueline Marval, Marie Bracquemond, Camille Claudel, Suzanne Valadon, etc.
Jusqu'en 1939, ses apports aux divers salons et expositions prouvent la fécondité de son œuvre. 
Et c'est en tant que peintre qu'elle est décorée en 1931 de la Légion d'honneur à titre artistique essentiellement (son engagement comme infirmière pendant la Grande Guerre est bien sûr mentionné, mais c'est l'artiste, notamment la cofondatrice du Salon des Tuileries, qui est rйcompensée).
Les musées de Canberra, Adélaide, Edimbourg, Kirkcaldy, La Haye, et, en France, Paris, Rouen, Beaune, Belfort et Roubaix (La Piscine) possèdent quelques-unes de ses œuvres.
Durant la Seconde Guerre mondiale, elle est astreinte en tant que citoyenne britannique à séjourner dans la région de Grenoble, à La Tronche. Elle vécut alors de sa peinture, qu'elle exposa à Grenoble et à Lyon. Les toiles de cette époque sont superbes, sa touche est forte, lumineuse et vivante.
Revenue à Paris, ses grandes toiles sont plus rares. Elle peint de préférence des extérieurs sur petits panneaux de bois (plus d'une centaine d’études). 1951 est la dernière année où elle participe à un salon et marque, pratiquement, la fin de sa production de tableaux de grand format.
Bessie Davidson n'a guère cherché le succès. "Grande Dame" pleine de noblesse et de générosité, elle fut aussi une grande artiste : son œuvre reste celle d'une intransigeante écossaise née en Australie, pays de grands espaces, et profondément imprégnée de culture française.
Elle meurt à Paris, dans son atelier du no 40 de la rue Boissonade, le 22 février 1965.




lundi 8 août 2016

Akseli Gallen-Kallela (1865-1931)

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Akseli Gallen-Kallela (1865-1931)
Fruits (1909)

Que voit-on ?  Sur un fond vert lamellé qui pourrait représenter un fragment de persiennes en très gros plan ou des sillons creusés dans des champs lointains... quelques tâches rouges disposées le longs de branchages qui sont comme des petites lignes de fractures. Les tâches rouges sont les fruits anonymes qui donnent son nom à cette nature morte mystérieuse et d'une extrême modernité si l'on  remarque la date sous la signature : "1909".

Rappel biographique :Akseli Gallen-Kallela de son vrai nom Axel Waldemar Gallen est un peintre et graveur finlandais d'origine suédoise de la fin du 19e et du début du 20e siècle. Il fut l'un des artistes finlandais les plus connus internationalement. Son œuvre est associée aux styles nationaliste romantique, symboliste et réaliste. Après avoir débuté par une peinture réaliste en puisant ses sujets dans la vie rurale, Akseli Gallen-Kallela se forge un style personnel d'inspiration néo-romantique, caractérisé notamment par des contours marqués et des couleurs vives. Il est célèbre pour ses grands tableaux illustrant des épisodes du Kalevala, l’épopée nationale finlandaise (La Défense du Sampo, 1896 ; La Mère de Lemminkдinen, 1897). Il a peint un nombre très restreint de natures mortes et Fruits est certainement parmi les plus extraordinaires que l'on puisse voir aujourd'hui.

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dimanche 7 août 2016

Fernand Léger (1881-1955) - La théière rouge



Fernand Léger (1881-1955)
La théière rouge  (1952)
Collection privée

Que voit-on ? une théière rouge disposée devant une bouilloire, les deux étant prise dans une jungle de bambous et de fleur exotiques, de gousses de vanille et de bâtons de cannelle... Un thé parfumé a n'en pas douter !

Rappel biographique : le peintre français Fernand Léger fut un peintre aussi créateur de cartons de tapisseries et de vitraux, décorateur, céramiste, sculpteur, dessinateur, illustrateur. Il a été l’un des premiers à exposer publiquement des travaux d’orientation cubiste. Cet amoureux du modernisme, du machinisme et de l'industrie, va peindre énormément de natures mortes tout au long de sa carrière. Déjà remis au goût du jour par les cubistes, " le genre traditionnel de la nature morte est réinterprété par Léger par le biais de sa théorie de l’objet. Tandis que les surréalistes l’intègrent à leurs œuvres pour sa charge symbolique, lui l’utilise comme point de départ d’une formulation plastique. La nature morte sert de prétexte à l’affirmation radicale de la valeur plastique de l’objet" (texte de référence :« Un nouveau réalisme, la couleur pure et l’objet », extrait d’une conférence au MoMA, New York, 1935)

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samedi 6 août 2016

Childe Hassam (1859-1935) - Still Life in Mrs Hassam Garden in East Hampton


Childe Hassam (1859-1935) 
Still Life in Mrs Hassam Garden in East Hampton (1912)
Private Collection

 Que voit on ? Un peu comme dans les natures mortes du très proustien Henri Le Sidaner, Childe Hassam représente une scène d'intimité, un moment suspendu, dans le jardin de la maison de sa femme à East Hampton, la villégiature estivale  favorite de la bonne société de la côte Est des Etats Unis.  Une plateau contenant des fruits, un vase de fleurs et un châle indien, ont été laissé sur ce magnifique banc de jardin qui a été pensé et dessiné autour du tronc de l'arbre.

Rappel biographique :  le peintre, graveur, dessinateur, illustrateur et lithographe américain Frederick Childe Hassam est un impressionniste, membre du groupe des Ten American PaintersPeintre de scènes de genre, figures, nus, intérieurs, paysages, paysages urbains, marines, natures mortes il a aussi bien utilisé  l'huile, la gouache, l'aquarelle ou  le pastel. De 1886 à 1889, il séjourne à Paris  où il étudie l'art à  l'Académie Jullian. Ses professeurs sont Gustave Boulanger et Jules Joseph Lefebvre. L'impressionnisme français et l'art de Claude Monet ont une forte influence sur lui. Parmi ses œuvres les plus connues, réalisées à la fin de sa vie, figure la Flag series. Il s'agit d'une trentaine de tableaux qu'il commença en 1916, inspirés par la parade de préparation des engagés volontaires américains pour la Première Guerre mondiale sur la Cinquième avenue. Le tableau le plus célèbre de la série, The Avenue in the Rain (1917), représentant des drapeaux américains et leur reflets sous la pluie, fait partie de la collection de la Maison Blanche. Barack Obama l'a fait installer dans le bureau ovale dès le début de sa  présidence.

vendredi 5 août 2016

Henri Le Sidaner (1862-1939) - La table de pierre




Henri Le Sidaner (1862-1939) 
La table de pierre  (1903)
Collection Privée

 Que voit-on ?  Un veritable arrêt sur image  : un thé dans un jardin  l'été, sans doute le jardin  de la maison du peintre à Gerberoy qu'il peignit au moins une centaine de fois.  Dans la recherche de l'instant intime, ll émane des toiels de Gerberoy une douceur de vivre incomparable en même temps que se déclinent selon l'heure et la saison des accords chromatiques infinis. L'artiste passe le printemps et l'été de l'annйe 1903 à Gerberoy. C'est le début des motifs d'intйrieur à la fenêtre ouverte et des tables de jardin dressés comme celle ci,  à l'heure du thé ou au crépuscule. А l'aide d'un soigneux arrangement de nature morte, le peintre décline harmonieusement la sensation du « temps suspendu ». C'est ce qui lui a souvent valu d'être comparé à Marcel Proust dans le domaine de la littérature. 

Rappel biographique : Le peintre français post impressionniste Henri Le Sidaner fut ami de Claude Monet et élève aux Beaux Arts de Paris de Cabanel qu'il soutint toute sa vie. C'est  à partir de l'année 1900 qu'il se consacre à une peinture intimiste dont il exclut systématiquement toute figure humaine : jardins déserts, tables servies pour d'hypothétiques hôtes et présentant de magnifiques natures mortes (qui disent rarement leur nom,) campagnes solitaires expriment une vision silencieuse et paisible, nimbée de mystère. Son succès ne se démentira pas de son vivant. Dans la recherche de l'instant intime, de « l'arrêt sur image », les toiles que Le Sidaner peint à  Gerberoy où il habite à partir de 1900,  dépeignent une incomparable douceur de vivre en même temps qu'elles déclinent selon l'heure et la saison des accords chromatiques variés. A partir de l'été 1903  c'est le début des motifs d'intérieur à la fenêtre ouverte et des tables de jardin, des crépuscules... À l'aide d'un soigneux arrangement de nature morte, le peintre décline harmonieusement la sensation du « temps qui s'arrête ». C'est ce qui lui a souvent valu d'être comparé à Marcel Proust dans le domaine de la littérature.

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jeudi 4 août 2016

André Dunoyer de Segonzac (1884-1974)



André Dunoyer de Segonzac (1884-1974) 
Nature morte au deux verres de vins (1959)
Collection privée

 Que voit-on ? Deux verres de vin comme l'annonce le titre, mais pas seulement. Figurent aussi dans la composition : la  bouteille de vin dont les deux verres viennent d'être extraits, une cruche d'eau, une assiette de fruits et un saladier de citrons, le tout posé sur des torchons eux même disposés sur la nappe d'un guéridon de jardin, dont le tracé et certains éléments sont esquissés. Cela aurait pu s'appeler aussi "Une collation d'été au jardin". 

Rappel biographique : André Albert Marie Dunoyer de Ségonzac est un peintre, graveur et illustrateur français. Dans sa jeunesse, Dunoyer de Segonzac fréquente le lycée Henri-IV où il rencontre Gus Bofa qui restera un de ses proches. En 1900, il est élève libre de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris.  En 1908, il commence à exposer au Salon d'automne et au Salon des indépendants, avec Paul Signac et Maximilien Luce. En 1910, il connaît le couturier Paul Poiret et rencontre Max Jacob, Raoul Dufy et Maurice de Vlaminck.
À peu près indifférent aux révolutions esthétiques contemporaines, Dunoyer de Segonzac entreprend, avec le graveur Jean-Louis Boussingault et Luc-Albert Moreau, de ressusciter le réalisme de Gustave Courbet en exécutant des natures mortes, des nus, des paysages, dans une pâte épaisse et maçonnée.
Initié à la gravure par Jean Émile Laboureur, il réalisera près de mille six cent cuivres de 1919 à 1970. Il fut président de la Société des peintres-graveurs français.
Dans l'une de ses lettres au peintre Maurice Boitel, il écrit, dans les années 1950 : « Je n'ai pas oublié la période héroïque des indépendants - quand nous étions groupés autour de Paul Signac, du charmant et vaillant Maximilien Luce - dans ces baraques où l'Art vivant et authentique se groupait en dehors des formules académiques - ou des tendances littéraires et systématiques - qui devaient aboutir à cette esthétique abstraite dont crève la peinture. »