dimanche 31 janvier 2016

Ben Nicholson (1894-1982)


Ben Nicholson (1894-1982) 
Table Still life (1941) 
Private collection.

Que voit-on ? Dans un décor qui représente le dessin d'une chambre rendu de façon très géométrique, une table carrée, elle aussi dessinée au trait, sur laquelle sont posées trois éléments:  une carafe d'eau, un mug et une bouteille de vin avec des ombres portées très disproportionnées. Contrairement à tout le reste de la composition qui est dessinée, ces éléments sont peints. Sommairement, puisqu'il s'agit d'un trait rouge pour le mug, de deux traits gris et noirs pour la bouteille de vin et deux trois traits dont un gris et deux rouges pour la carafe d'eau. 

Rappel biographique : Le peintre britannique Ben Nicholson est connu pour être un des promoteurs de l'abstraction dans son pays. d'abord influencé par les cubistes. Au tournant des années 1928-30, son travail va progressivement évoluer du cubisme vers une abstraction géométrique proche de celle de Mondrian qu'il rencontre à Paris. Lauréat du premier prix Guggenheim en 1956, ses œuvres sont exposées dans les collections de la Tate Gallery de Londres, entre autres.



samedi 30 janvier 2016

Adriaen van Utrecht (1599-1652) - Nature morte avec gibier, légumes, fruits et perroquet

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Adriaen van Utrecht (1599-1652)
Nature morte avec gibier, légumes, fruits et perroquet (1650)
Getty Museum, Los Angeles

Que voit-on ? Exactement ce que le titre indique ...mais a profusion  ! A gauche de la composition, sur le dossier d'une chaise est perché un perroquet cacatoès blanc qui lorgne avec avidité l'amoncellement de  fruits (cerises, figues, raisins, pêches, poires) imprudemment entreposés sur le siège lui-même. Au centre de la composition, suspendu à un tourniquet de boucherie en métal, du gibier (principalement des oiseaux et un lièvre) et juste en dessous d'autres gibiers à plumes disposés au hasard à même une planche posée sur deux tréteaux. A droite et comme plus proches de l'observateur de la scène : les légumes (artichauts, choux, courges) et une pastèque négligemment jetés sur une nappe sombre. Dans cette profusion de produits alimentaires, Adriaen van Utrecht a pris grand soin de juxtaposer différentes textures : celle translucide des grains de raisin, celle plus rugueuse, velouté ou brillante des écorces et peaux des fruits, celle très particulière des plumes d'oiseaux, celle de la fourrure (lièvre), celle plus épineuse des feuilles d'artichaut et celle plus riche de la nappe en velours de soie. A l'arrière plan de cette nature morte, une fenêtre ouvre sur une paysage extérieur. Pas de silhouette d'êtres humains dans ce paysage bien que les signes de présence humaine soient partout présents. La profusion gastronomique du tableau décrit et symbolise le pouvoir de l'homme sur la nature et sa capacité à " l'apprivoiser harmonieusement ".  Cette toile fit partie, avant la première guerre mondiale, de la collection Edoaurd Kann à Paris et fit son entrée dans sles collection du Musée J. Paul Getty a la fin des années 1960.

Rappel biographique : contrairement à ce que suggère son patronyme, Adriaen van Utrecht est natif d'Anvers.  Il est d'abord influencé par Frans Snyders, puis Jan Fyt. Il voyage en France, en Allemagne et en Italie, où il découvre le style baroque et les effets du clair obscur. Après son retour à Anvers, en 1625, il est admis à la guilde de Saint-Luc. Van Utrecht dirige alors son propre atelier de 1626 à 1646. Il compte parmi ses élèves Philip Gyselaer et Cornelis van Engelen. Son style a également influencé Jan Davidsz de Heem, Evaristo Baschenis et Nicolas de Largillière. 
Il est particulièrement connu pour ses natures mortes, d'animaux, de gibier, de fruit et de légumes. Il peint également des tableaux de chasse, des vanités, des étals de poissons et des scènes de ferme, avec en particulier des dindons, des perroquets et des paons. Il a collaboré avec plusieurs autres artistes, dont il a pu ici et là  réaliser les éléments de nature morte, comme cela se pratiquait souvent à cette époque. Il a aussi collaboré avec Willeboirts Bosschaert pour le compte de Constantijn Huygens, dans la réalisation des décors de la Huis Ten Bosch à La Haye en 1646.


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vendredi 29 janvier 2016

Blaise-Alexandre Desgoffe (1830-1901)



Blaise-Alexandre Desgoffe (1830-1901)
Nature morte aux porcelaines de Saxe et autres.
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris (Musée du Petit Palais)
(Collection Welles de La Valette)

Que voit-on ? Comme toujours chez ce peintre : richesse, or et profusion... quelquefois jusqu'à l'écœurement d'ailleurs, instituant ainsi le genre de la nature morte kitch  !  Posés sur une commode peinte de style rococo italien dont on devine deux pans bien que  recouverte d'un tapis de Smyrne : un ensemble d'objets rares, principalement des vases précieux et des petites figurines en porcelaine de Saxe.  Ces objets sont présentés un peu comme dans la vitrine d'un magasin, sur plusieurs plans et jusque dans le moindre des recoins disponibles, chacun occupant un espace suffisant pour ne pas "gêner" l'objet voisin. On remarque (entre autres!) une verseuse en cristal de roche ; un calice en or incrusté d'émaux et de pierreries ; une somptueuse porcelaine de Chine sur son support en bronze doré et sur la droite une étrange objet sorte de calebasse africaine en bis précieux surmonté d'un embout en ébène. Ce déploiement de cristaux, d'ivoire, de bronze, de porcelaine et de bois précieux est couronné par une gigantesque fleur exotique, jaillissant d'un grand vase en porcelaine à motif  champêtres que l'on devine à l'arrière plan. C'est 'élément végétal obligé que ce peintre place à peu près dans toute css natures mortes d'objets  !

Rappel biographique : le peintre français Blaise-Alexandre Desgoffe a fait ses études de peinture dans l'atelier d'Hippolyte Flandrin à l'Ecole des beaux-arts de Paris et a reçu les conseils de William Bouguerreau. Après une formation en peinture d'histoire, il se tourne vers la peinture de natures mortes dans laquelle il développe une grande virtuosité rappelant celle des maîtres hollandais du 17e siècle. Il expose au  Salon de Paris de 1857 à 1882. Il remporte une médaille de 3e classe en 1861 et une médaille de 2e classe en 1863. A l'exposition Universelle de 1867, il expose Un coin de cabinet de Louis XVI.  Le succès de sa carrière de peintre de nature morte a été considérable de son vivant, malgré des problèmes relationnels avec ses contemporains attisé par un ego démesuré et sa fâcheuse tendance à se prendre pour un génie. Très académique et spectaculaire, sa peinture qui a beaucoup influencé des peintres comme William Meritt Chase est totalement tombée dans l'oubli en Europe au 20e siècle, même si elle restée assez célèbre aux Etats Unis à la même période. 

jeudi 28 janvier 2016

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779), La soupière d'argent



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Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) La soupière d'argent ou Un chat guettant une perdrix et un lièvre morts jetés près d’un pot à oille, 1727/28 (The Silver Terrine – Cat, a dead partridge and a dead hare, lying near a terrine) Huile sur toile, 2§,2 x108 cm Metropolitan Museum of Art, NYC

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
La soupière d'argent ou Un chat guettant une perdrix et un lièvre morts jetés près d’un pot à oille, 1727/28
(The Silver Terrine – Cat, a dead partridge and a dead hare, lying near a terrine)
Huile sur toile, 2§,2 x108 cm
Metropolitan Museum of Art, NYC

Que voit-on ?  Une composition  très animée qui oppose rapidité et acuité des animaux vivants ( e chat aux aguets) à la passivité et la raideur des animaux tout juste morts (la perdrix et le lièvre) dont le sang coule encore des narines. Le sujet central posée dans le titre de l'œuvre est bien la soupière en argent qui trône sur la magnifique table à gibier en pierre à angle incurvé (sans doute repeint ultérieurement par Chardin pour permettre à la tête du lièvre de pendre ans le vide). Le couvercle de la soupière est comme maintenu par une orange qui se reflète somptueusement dans l'argent.  L'oille était une potée faite avec diverses viandes et des légumes variés. Très monochrome, cette nature morte est agrémentée ici et là de touches de couleurs vives apportées par les fruits savamment réparties dans la composition. La  position aux aguets du chat et celle des animaux morts fait encore beaucoup pensé à Oudry et à Desportes dont Chardin admirait énormément les œuvres et qui l'inspirèrent beaucoup dès lors qu'il mettait des animaux en scène (c'est encore pus évident dans Le Buffet qui est conservé au Louvre).

Rappel biographique : Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, Chardin est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et  Le Buffet  qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre. Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres. Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux  effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.

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mercredi 27 janvier 2016

Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)

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Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)  attribué à...
Nature morte à la coupe de pêches, figues, melons et raisins
National Museum Stockholm

Que voit-on ? sur un entablement de marbre ancien et brisé par endroit : deux grappes de raisin accrochées à leur sarment dont l'une déborde de l'entablement à l'endroit de la cassure ; six figues dont une présentée ouverte ; un melon dont une tranche est présentée sur l'entablement a côté de la figue ouverte ; une coupe en porcelaine blanche contenant une douzaine de pêches dont la texture velouté contraste avec la brillance de la porcelaine et des grains de raisin.
Les éléments de cette nature morte se retrouvent dans plusieurs oeuvres de l'artiste.
En 1721 il choisit un panier de pêches pour évoquer « La Terre », une des quatre toiles peintes (ci- dessus) pour le château de Stockholm (toile, 145 x 113 cm, signée et datée 1721, National Museum, Stockholm).
La coupe est similaire à celle qui figure dans la «Nature morte à la coupe de porcelaine, raisins, figues, melon» et «une bourse avec des cartes à jouer posés sur un emmarchement de pierre» (toile, 92 x 73 cm, signée et datée 1722, vente Londres, Sotheby's, 6 juillet 2000, lot 212, repr.).
Les pêches sont à nouveau reprises dans une composition plus ambitieuse, la «Nature morte au singe, aux fruits et aux fleurs» (toile, 142 x 144 cm, signée et datée 1724, The Art Institue of Chicago) et la grappe de raisins est très proche de celle de la «Nature morte aux fruits, céleri et bol de porcelaine» (toile, 92 x 75 cm, signée et datée 1725, Staatliches Museum, Schwerin). Bibliographie: [Expo. Forth Worth,Kimbell Art Museum, 1983] J.-B. Oudry (1686-1755), Cat. par Hal OPPERMAN.

Rappel biographique : Le peintre et graveur français Jean-Baptiste Oudry est surtout célèbre pour ses peintures de chiens de chasse, ses natures mortes animalières et ses animaux exotiques. Fils de Jacques Oudry, maître peintre et marchand de tableaux sur le pont Notre-Dame, et de sa femme Nicole Papillon, qui appartenait à la famille du graveur Jean-Baptiste-Michel Papillon, Jean-Baptiste Oudry étudia tout d'abord à l'école de la maîtrise de Saint-Luc, dont son père était directeur. Il fut placé ensuite chez le peintre  Nicolas de Largillière, dont il devint bientôt le commensal et l'ami. 
Après avoir peint quelques sujets religieux et un portait du tsar Pierre 1er, il rencontre le marquis de Beringhen, premier écuyer du roi. Cette rencontre est décisive car le marquis commande à Oudry de nombreux ouvrages pour le roi. Dès lors on octroie  à Oudry un atelier dans la cour des princes aux Tuileries et un logement au Palais du Louvre où il forma un cabinet renommé. 
Oudry suivait les chasses royales et faisait de fréquentes études dans la forêt de Compiègne.
L'intendant des finances,  Fagon, le prit a son service et le chargea  de rétablir la manufacture de Beauvais, tombée en décadence. Oudry s'adjoignit  Boucher et Natoire pour exécuter la copie des tableaux. On lui confia également l'inspection de la manufacture des Gobelins, où l'on exécutait les tapisseries des chasses du roi d'après ses tableaux.
Jean-Baptiste Oudry a peint le portrait, l'histoire, les chasses, le paysage, les animaux, les fruits, les fleurs ; il a imité les bas-reliefs ; il a fait du pastel, de la décoration ; il aussi gravé à l'eau-forte. On lui doit deux conférences qui furent lues à l'Académie, « Sur la manière d'étudier la couleur en comparant les objets les uns avec les autres » et « Sur les soins que l'on doit apporter en peignant ».  Oudry a laissé un grand nombre de dessins dont  les plus connus sont les 275 dessins qui servirent à l'édition dite des Fermiers généraux des Fables de La Fontaine, gravées par  Charles-Nicolas Cochin. Il est également l'auteur d'un Almanach de rébus paru en 1716.

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mardi 26 janvier 2016

Luis Egidio Melendez (1716-1780) - Bodegon con higos

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Luis Egidio Melendez (1716-1780),
Bodegon con higos, 1770
Museo del Prado, Madrid.

Que voit-on ?  Sur un entablement en bois : 2 douzaines de figues bien mûres et prêtes a être consommées  posées en pyramide dans un assiette en céramique vernissée. Egalement sur la table, une miche de pain doré non entamé,et un couteau avec manche en os ; à l'arrière une petit tonneau de vin et un bouteille qui par sa couleur sombre fait penser à une bouteille d'huile d'olive.  Fermant l'arrieèe plan un grand tonneau laissant penser que la scène a été saisi dans un chai et que cette nature morte représente une collation de vigneron.

Rappel biographique : Le peintre espagnol d'origine napolitaine, Luis Egidio Melendez  a fait carrière presque exclusivement à Madrid. Contemporain de Goya, il  est considéré aujourd'hui comme l’un des meilleurs peintres de natures mortes du 18e siècle, réputation qu'il n'avait pas de son vivant qu'il a passé dans une misère noire. C'est son père, Francisco Meléndez et Louis Michel van Loo (dont il est l'assistant de 1742 à 1748) qui assurent sa formation de peintre.
Le futur  Charles IV d'Espagne lui commanda une grande série de natures mortes, dont une partie importante est conservée au musée du Prado  à Madrid.
Ses toiles peintes dans de petits formats, dans la grande tradition de l'austérité espagnole, n'en foisonnent pas moins d'une minutie des détails. toujours peints avec une absolue perfection. La composition simple et le contraste clair-obscur, s’inscrivent dans la tradition des natures mortes baroques de Zurbaran et de CotanComme eux, Meléndez étudia les effets de lumière, la texture et la couleur des fruits et des légumes, ainsi que celles des récipients en céramique, verre et cuivre ou pailles. À la différence des maîtres du 17e siècle, il présente le sujet plus près du spectateur, en légère plongée. Ce sont des objets disposés sur une table, ce qui donne à ses formes une certaine monumentalité. Le genre permet au spectateur d’étudier l’objet par lui-même. Les fonds sont neutres, et c'est un puissant éclairage qui mettent valeur les contours de l’objet. C’est ainsi qu’il représente le duvet des fruits, les transparences des peaux des raisins, les intérieurs brillants des pastèques et quelquefois les  accidents  présents à la surface des  fruits (comme ici avec les figues vertes). 
Chaque toile de Meléndez est minutieusement composée et fait l'objet d'un mise en scène précise afin de créer  le plus grand réalisme possible. Les « grands thèmes » n’intéressèrent jamais Meléndez qui portent surtout son attention sur les choses de la vie quotidienne,  sur l’observation et l’étude de la nature. Il fut souvent comparé à Chardin, jusqu'à être même parfois surnommé  le « Chardin Espagnol » ce qui est assez stupide eut égard au caractère unique de son style et à tout ce qui différencie ces deux grands peintres. 

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lundi 25 janvier 2016

Irving Penn (1917-2009) - Still life with salmon, tofu and figs


Irving Penn (1917-2009)
Still life with salmon, tofu and figs
Cholesterol revenge for Condé Nast Vogue (1994)

Que voit-on ? Une tranche de saumon, un rectangle de tofu et une figue posée les unes sur les autres. et projetant chacune leur ombre portée (artificielle). Cette composition très sophistiquée qui demanda des heures de préparation en studio (notamment pour obtenir l'illusion de la fraicheur du saumon, était destinée à illustrer un article du magazine Vogue Américain sur la meilleure façon de combattre le cholestérol par l'alimentation.

Rappel biographique : Le photographe américain Irving Penn connu comme très grand photographe de mode est également connu pour les  nombreuses séries de photographies(en noir et blanc et en couleurs) de nature mortes qu'il réalise pour le magazine Vogue américain et sa société éditrice, Condé Nast. Sa première couverture pour le magazine Vogue, en 1940 est d'ailleurs une nature morte. Il est le frère du cinéaste Arthur Penn.

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dimanche 24 janvier 2016

Henri Le Sidaner (1862-1939) - Nature morte


Henri Le Sidaner (1862-1939) 
Nature morte (1917) 
Collection privée, Belgique.

Que voit-on ? Sur une table recouverte d'une nappe blanche et posée devant une fenêtre dont des voilages filtrent la lumière extérieure : six objets dont une cuillère en argent, une tasse à café doré, une petite coupe de liqueur presque vide de contenu, une cafetière en argent, un grand sucrier en porcelaine et une bouteille de vin ou de liqueur jaune oranger. Bizarrement le contenu de ce qui est posé sur la table n'est pas à contre jour, sans doute éclairé par une autre source de lumière opposée à la fenêtre ou placée au-dessus de la table. Ce qui est remarquable dans ce tableau sont les trois points de couleur dorée formés par par la bouteille, la tasse et le reste de liqueur dans le la coupe (le café et l'alcool) qui viennent réveiller la douceur assoupie de cette scène symbolisé dans une certaine blancheur ambiante  

Rappel biographique : Le peintre français post impressionniste Henri Le Sidaner fut ami de Claude Monet et élève aux Beaux Arts de Paris de Cabanel qu'il soutint toute sa vie. C'est  à partir de l'année 1900 qu'il se consacre à une peinture intimiste dont il exclut systématiquement toute figure humaine : jardins déserts, tables servies pour d'hypothétiques hôtes et présentant de magnifiques natures mortes (qui disent rarement leur nom,) campagnes solitaires expriment une vision silencieuse et paisible, nimbée de mystère. Son succès ne se démentira pas de son vivant. Dans la recherche de l'instant intime, de « l'arrêt sur image », les toiles que Le Sidaner peint à  Gerberoy où il habite à partir de 1900,  dépeignent une incomparable douceur de vivre en même temps qu'elles déclinent selon l'heure et la saison des accords chromatiques variés. A partir de l'été 1903  c'est le début des motifs d'intérieur à la fenêtre ouverte et des tables de jardin, des crépuscules... À l'aide d'un soigneux arrangement de nature morte, le peintre décline harmonieusement la sensation du « temps qui s'arrête ». C'est ce qui lui a souvent valu d'être comparé à Marcel Proust dans le domaine de la littérature.
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samedi 23 janvier 2016

Henri Matisse (1869-1954) - Les oignons roses


Henri Matisse (1869-1954)
Les oignons roses (1906)
Collection privée

Que voit-on ?  Sur un entablement blanc posé sur un fond vert et turquoise : quatre oignons dont deux plutêt roses et deux plutôt rouges  qui ont tous pour point commun de germer. Derrière ces oignons trois pots en céramique vernissée a motifs géométriques hispanisant et orientalisant.

Rappel Biographique : le peintre français Henri Matisse, chef de file du Fauvisme figure majeure du 20e siècle, a peint tout au long de sa vie, un très grand nombre de natures mortes dans des styles aussi différents que les périodes qu'il a traversées.  Il aimait particulièrement ce genre à tel point qu'une de ses toutes premières peintures connues, actuellement conservée au Musée Malraux du Havre (France) est une nature morte, Nature morte au pichet peinte en 1896-97.

vendredi 22 janvier 2016

Henri Le Secq (1818-1882)



Henri Le Secq (1818-1882)
Deux harengs n°17 vers 1852 1860
Négatif sur papier ciré
Bibliothèque nationale de France. Paris

Que voit-on ? Pendus à un crochet  contre un mur dont la tapisserie à motifs géométrique est très présente : deux harengs séchés dont aperçoit les squelette comme dans une radiographie.

Rappel Biographique : Le peintre français Jean-Louis-Henri Le Secq des Tournelles, fut aussi graveur, photographe et collectionneur. À partir de 1848, il débute une activité de photographe. En 1850, ses vues de la cathédrale d'Amiens, préparatoires à la restauration menée par l'architecte Viollet-le-Duc, sont remarquées. En 1851, membre de la Société Héliographique, il est retenu par la Commission des monuments historiques pour participer à la Mission Héliographique. Œuvrant sur les édifices religieux en Champagne, en Alsace et en Lorraine, Le Secq utilise à la prise de vue le procédé du calotype, qu'il traduit en épreuves sur papier salé.
Bien que reconnu comme un puriste de la photographie d'architecture, Henri Le Secq s'en détourne peu à peu au profit de natures mortes et d'images plus symbolistes. Il reste, avec ses quatre compagnons de la Mission héliographique, un « primitif » essentiel de  l'histoire de la photographie.

jeudi 21 janvier 2016

Gustave Caillebotte (1848-1894)



Gustave Caillebotte (1848-1894)
Tête de veau et langue de boeuf (1882)
Art Institute of Chicago


Que voit-on ?  Cette peinture qui fut présentée pour la première fois dans la rétrospective des oeuvres de Caillebotte de 1894 à la Galerie Durand-Ruel à Paris, fait partie des nombreuses oeuvres de la même époque où le peintre décrit des scènes de la vie ménagère quotidienne, des étales de boucher, des animaux morts pendus à leur crochet d'étalage, des fruits ou des poissons à l'étalage des boutiques. Caillebotte prenait des notes (dessinées) sur le vif c'est à dire sur les marchés et les devantures de boutiques,  qu'il restituait ensuite sur la toile dans son  atelier. En mettant en scène ces sujets on ne peut plus quotidiens que sont une tête de veau et une langue de boeuf, Caillebotte subvertit de façon assez amusante les normes du Réalisme. Ces deux éléments présentés dans toute leur nudité sont les matières premières de deux des mets les plus appréciés des tables bourgeoises et des brasseries parisiennes au 19e siècle : la tête de veau sauce gribiche et la langue de boeuf sauce piquante ou sauce Madère selon les goûts. Mais dans cette nature morte (et bien morte!) il ne s'agit pas de représenter les mets (éventuellement appétissants) mais les ingrédients (peu appétissants eux, par contre). Avec cette langue de boeuf crue et cette tête de veau suspendues ainsi à des crochets dans la boutique du boucher, la composition de Caillebotte favorise la dissociation du signe et de la substance. Isolées, les parties démembrées sont suspendues dans une sorte de purgatoire commercial, quelque part entre la mort et la consommation. La matière morte se retrouve dans un état coupé de la vie alors qu'elle n'est pas encore encore transformée et renouvelée, comme peut l'être un met consommable. Les roses, les mauves et les rouges magnifiques de la subtile palette de Caillebotte ont tout de même beaucoup de mal à transformer cette vision de mort en vision d'horreur. Il y a même dans cette composition très esthétique quelque chose d'amusant qui inclinerait presque à sourire, malgré la morbidité du sujet.

Rappel Biographique : le peintre français Gustave Caillebotte fut aussi mécène, collectionneur  et organisateur des expositions impressionnistes de 1877, 1879, 1880 et 1882. Le talent de Caillebotte fut longtemps méconnu (sauf aux États-Unis) au profit de son rôle de « mécène éclairé ». Le peintre fut redécouvert dans les années 1970 à l'initiative de collectionneurs américains. Les rétrospectives de ses œuvres sont désormais fréquentes. Certains de ses tableaux se trouvent maintenant au musée d'Orsay à Paris.
Caillebotte est l'un des premiers grands peintres français à exposer régulièrement aux États-Unis, où il rencontre un vif succès, et où se trouvent aujourd'hui nombre de ses toiles. Il est l'un des fondateurs du courant « réaliste », qu'illustrera par exemple au 20e siècle l'américain  Edward Hopper.
Fortuné, il n'a pas besoin de vendre ses toiles pour vivre, si bien que ses descendants possèdent encore près de 70 % de ses œuvres. À sa mort, Martial et Auguste Renoir son exécuteur testamentaire, prennent les dispositions pour que l’État accepte le legs de ses tableaux impressionnistes.
Les historiens d'art qualifient volontiers cet artiste « d’original et audacieux ». Sa technique ne l'est pas moins assez proche de l'art photographique, mais, par de puissants effets de perspectives tronquées, les distances et les premiers plans sont écrasés et l'horizon absent, d'où la perception instable et plongeante (Caillebotte invente la vue en plongée dans la peinture). Les effets de vue plongeante s'imposent dans son art à travers les personnages au balcon et ses vues en surplomb des rues et des boulevards. 
Dans ses natures mortes saisies souvent dans des cadrages et sous des angles inhabituels, il s'intéresse surtout à l'aspect préparé et alimentaire. Il affectionne les natures mortes à l'étalage dont il croque le plan sur les marchés, dans les restaurants, ou dans les boutiques et qu'il retravaille entièrement dans son atelier, car contrairement aux impressionnistes qui peignent en plein air, Caillebotte retravaille toutes ses esquisses à l'atelier. 

mercredi 20 janvier 2016

Giuseppe Arcimboldo (1527-1593) - Le diner

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Giuseppe Arcimboldo (1527-1593)
Le diner
Private collection, Stockholm, Sweden

Que voit on ? Une main qui soulève un dessus de plat pour découvrir un porcelet, une caille rôtie et une autre pièce de gibier (lièvre ?). Cet ensemble pourrait, comme c'est souvent le cas chez ce peintre, former un visage caricatural (ghiribizzi) mais ce n'est pas le cas ici... ou alors il s'agirait d'un visage particulièrement déformé et monstrueux. Arcimbldo s'est plutôt appliqué à rendre le reflet de ces pièces de viandes mêlé au reflet de ce qui se passe autour, sur le rebord du plat en argent dont il rehausser la perspective par une tranche de citron.

Rappel biographique :  Le peintre italien Giuseppe Arcimboldo est issu d’une famille de peintres.
Il commence à se faire connaître à 24 ans en travaillant avec son père, artisan peintre à la cathédrale de Milan où il  réalise alors des cartons de vitraux. Là, il se fait remarquer par Ferdinand de Bohème qui lui commande cinq blasons pour la cathédrale. En 1562,  il est  appelé à Prague au service de Ferdinand Ier du Saint-Empire pour être le portraitiste de la famille impériale. Peu après son arrivée à Prague Giuseppe Arcimboldo commence la première série des Quatre saisons et révèle ce style pictural surprenant : les « têtes composées » portraits caricaturaux (ghiribizzi) ou allégoriques formés d’une juxtaposition de fruits, légumes, végétaux, symbolisant les saisons ou les métiers. Cette œuvre suscite un engouement considérable à la cour. Il peindra d’autres séries des quatre saisons en 1572 et 1573. Si l'on considère Arcimboldo comme un novateur dans la systématisation de ses portraits, il faut se rappeler qu'à son époque il existe déjà une tradition, depuis l'antiquité, de masques bachiques ou hellénistiques, formés d'éléments pris dans la Nature. Plusieurs des artistes de la Renaissance artistique, dont Léonard de Vinci et Jérôme Bosch, s’étaient déjà intéressés aux faciès monstrueux, aux portraits déformés par des jeux de glace, ainsi qu’aux compositions à base d’éléments détournés.
Si Arcimboldo n'a pas eu d’élève, il a inspiré de nombreux copistes en son temps et le genre des têtes composées se perpétue aux 17e et 18e siècles. Il est repris au 19e siècle par les caricaturistes. Il est redécouvert au 20e siècle par les surréalistes, adeptes du jeu de mots visuel.

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mardi 19 janvier 2016

Georg Flegel (1566-1638)


Georg Flegel (1566-1638)
Stillleben mit Kastanien und Haselnüssen in einer Porzellanschüssel einem Römer, einem Apfel, Aprikosen, einem Käfer und einer Maus.
Collection privée

Que voit- on ?  sur un entablement de bois simple, une nature morte  représentant une collation modeste qui symbolise une certaine austérité. Au centre de la composition, dans un bol en porcelaine de Chine  : des fruits secs, noisettes, noix de Pécan, figues séchées, dattes. représentées avec un sens très abouti du détail  réaliste... A même l'entablement : une noix entière et une demi noix ouverte et vide ; deux abricots ;  une pomme ; quelques friandises en barrettes de fruits confits et bonbons ; un verre Römer au trois quart rempli de vin. Mais il y a surtout cette souris et ce scarabée, symbole de disparition très probable et très prochaine de la nourriture, et aussi de sa putréfaction à venir sous peu. Cette nature morte invite donc le détenteur de ses " richesses " à en profiter au plus vite.

Rappel biographique : Le peintre allemand Georg Flegel, est un des peintres majeurs de natures mortes des 16e et 17e siècle. Né en Moravie, il déménage à Vienne,en 1580 et  devient l'assistant de Lucas van Valckenborch peintre et dessinateur.  En tant qu'assistant, son travail consiste à insérer dans les tableaux de son maître, des éléments " décoratifs " tels que des fruits, des fleurs et des ustensiles de table. Flegel et son employeur  déménagent ensuite à Francfort, qui à cette époque là était un centre d'art très important. Puis on retrouve Flegel à Utrecht où il fait partie de la très influente Guilde de Saint-Luc qui compte parmi ses membres des grands maîtres de la nature morte tel que Roelandt Savery et Balthasar van der Ast. Georg Flegel a peint exclusivement des natures mortes, dont certaines très fournies, incluent des animaux, familiers et /ou exotiques, de riches mets, du gibier ou du poisson, des ustensiles de cuisine, de la vaisselle en métal précieux et en porcelaine, des fruits et des fleurs et des friandises. D'autres natures mortes qu'il a peintes détaillent avec la même richesse et le même soin  quelques fruits, des coins de table ou des petits déjeuners, des goûters ou des collations modestes avec des bretzels aux formes étranges trempés dans du schnaps. Il fit école et eut parmi ses élèves ses deux fils, Friedrich et Jacob  Leonhard, ainsi que le peintre floral Jacob Marrel.

lundi 18 janvier 2016

Francesco Noletti Fieravino dit Il Maltese (1611-1654)



Francesco Noletti Fieravino dit Il Maltese (1611-1654)
Nature morte au tapis d'Orient
Musée Fesch. Ajaccio

Que voit-on ? une nature morte d'apparait tout à fait dans le goût de celle dont l'aristocratie romaine aimait passer commande à Il Maltese. Celle-ci mêle fleurs et fruits encadrant un riche coussin en brocards de fil d'or sur lequel sont posés quelques lettres ou papiers. Mais les pièces importantes de cette nature sont bien entendu les tissus : d'une part le somptueux tapis de Smyrne sur lequel les objets sont posés et qui est peint avec une précision et une maestria qui s'applique aussi bien à décrire la texture et les couleurs de l'endroit du tapis que son revers (à gauche) où se dévoilent les points du métier à tisser ; d'autre part une tenture en velours de soie et fil d'or ornée d'une profusion de passementeries diverses (galons brodés au fil d'or et glands), le peintre poussant la précision jusqu'à rendre le relief du fil d'or sur le velours.de soie. Comme si cela ne suffisait pas ,le fond du décor est occupé par une verdure, une tapisserie dont Il Maltese s'amuse à laisser deviner les motifs dans la pénombre. Un exercice de virtuosité tout à fait impressionnant, ce qui était juste le but à atteindre auprès du commanditaire.


Rappel biographique : Les œuvres de Francesco Noletti, surnommé il Maltese en raison de son origine Maltaise, ont longtemps été attribuées sous le nom de Francesco Fieravino jusqu'à la découverte de son identité véritable au début des années 2000Spécialiste des natures mortes avec tapis et tentures qu'il peint somptueusement, Noletti s'est installé à Rome, probablement entre 1636 et 1640, où il meurt en 1654.

dimanche 17 janvier 2016

William-Michael Harnett (1848-1892) - The old violin


William Michael Harnett  (1848-1892)
The old violin, 1886
National Gallery of Art, Washington D. C


Que voit on ? Ce trompe-l'oeil est d'une simplicité ...trompeuse ! On y voit un violon, une partition de musique, une petite coupure de journal et une enveloppe bleue présentées sur un fond constitué par une porte en bois de couleur verte foncée. Considéré comme l'un des plus célèbres tableaux de Harnett issu de la collection de Paul Mellon, The Old Violin (Le Vieux Violon) va plus loin que le simple trompe-l'oeil en explorant les jeux de relations complexes entre l'illusion et la réalité, à travers la représentation de l'ancien et du neuf, de l'éphémère et du pérenne. Le principal thème exploré ici par Harnett est la fugacité du temps, que l'artiste illustre en insistant sur les signes d'usure et de passage du temps disséminés sur l'ensemble de la toile (comme sur les ferrures rouillées et/ou manquantes de la porte) et pas seulement sur le violon lui-même. Même les deux feuilles de papier présentant, l'une la partition de La Sonnambula de Bellini, et l'autre le texte d'une chanson populaire "Hélas, Quelle Douleur", sont concernées par ce passage du temps et comportent des déchirures. Le violon lui-même, désormais muet, et accroché à une porte pour longtemps, évoque avec une précision presque maniaque les plaisirs désormais passés de son utilisation intensive ,comme en témoignent les absences du vernis sur le bois, causées par les frottements répétés du menton de l'instrumentiste et les traces encore restantes de colophane saupoudrée sur les cordes et le bois.

Rappel Biographique : Le peintre américano-irlandais William-Michael Harnett est connu pour ses natures mortes en trompes-l'oeil faites à partir d'objets du quotidien au sens large puisque l'on y trouve aussi bien des livres que des ustensiles de bureau, de cuisine, des attributs de chasse ou des instruments de musique folklorique. Il se situe, dans ce sens, dans la tradition des grands peintres de trompes l'oeil et de natures mortes hollandais du 17e siècle et de Peter Claesz en particulier. Beaucoup d'autres peintres américains se sont engouffrés dans cette tendance à la suite de William-Michael Harnett, comme Raphaelle Peale ou John Peto, mais il en demeure le représentant le plus spectaculaire. 
 
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2016 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau 

samedi 16 janvier 2016

Evert Collier (1640-1708) - Still life with jewels, violin, globe, book and Erasmus portrait

Evert Collier (1640-1708 Still life with jewels, violin, globe, book and Erasmus portrait Private collection


Evert Collier (1640-1708
Still life with jewels, violin, globe, book and Erasmus portrait
Private collection

Que voit-on ? Sur un grande table  recouverte d'un drap en velours de soie frangé, des instruments de musique, des oeuvres d'art, des livres, des bijoux, une épée partiellement cachée, un brûle-parfum et un globe terrestre symbolisant plusieurs thèmes différents. Cette vanité se réfère principalement au savoir avec quelques uns de ses symboles habituels dont un livre (un ouvrage consacré à Joseph, vraisemblablement Joseph de Tibériade, un auteur judéo-chrétien du 4e siècle), une partition de musique, un portrait légendé comme étant celui d'Erasme, des instruments de musique (violon, flûte, cornet), des instruments scientifiques dont une mappemonde maritime et une boussole...  autant d'éléments familiers à ce peintre qui produisait beaucoup  et qu'il avait l'habitude de transposer d'une nature à morte à l'autre.  De toute évidence cette nature morte s'adresse à un érudit (et à un musicien) à qui le brule parfum situé au centre la composition vient rappeler que les choses les plus douces se consument aussi très vite, pour ne laisser que des cendres.

Rappel biographique : le peintre Evert Collier est un peintre de natures mortes et de trompes-l'oeil de la fin de la période de l'âge d'or hollandais. Plusieurs orthographes existent pour son prénom et son nom, ce qui en rend l'identification mal aisée : le prénom est parfois orthographié Edward ou Edwaert ou Eduwaert ou Edwart et son nom est parfois orthographié Colyer ou Kollier.
Evert Collier a été formé à Haarlem. Ses premières peintures montrent l'influence très nette de Vincent Laurensz van der Vinne, membre de la Haarlem Guilde de Saint-Luc dès 1649, qui a probablement  été son professeur lorsque Collier a été inscrit lui-même dans cette Guilde de Haarlem en 1664. Ils ont tous deux plus tard influencé le peintre de natures mortes Barend van Eisen. Collier a vécu et travaillé à Leyde, à Amsterdam et enfin à Londres où il a terminé sa carrière et où il est enterré. Ses natures mortes, principalement constituées d'objets partagent la caractéristique d'être avant tout spectaculaires et fastueuses, quel que soit le sujet traité.

vendredi 15 janvier 2016

Vincent van Gogh (1853-1890) - Nature morte, 1885

Vincent van Gogh (1853-1890) Nature morte, 1885. Huile sur toile, 78 x 65 cm Van Gogh Museum, Amsterdam.


Vincent van Gogh (1853-1890)
Nature morte, 1885.
Huile sur toile, 78 x 65 cm
Van Gogh Museum, Amsterdam.

Que voit-on ?  Sur une table recouverte d'un drapé qui pourrait figurer un autel dressé à la hâte : une bible ouverte, un recueil de cantiques  qui porte un titre presque lisible et deux bougies éteintes dont une perdue dans le lointain. Les couleurs (rouge, jaune, bleu) apposées ici et là sur les pages de la Bible laissent imaginer qu'il s'agit d'un ouvrage ancien et enluminé. Ce sont d'ailleurs les seules touches de couleur de cette œuvre presque monochrome. On remarquera accessoirement que cette nature morte mêle le plus élevé des genres picturaux de la peinture hollandaise ancienne (le genre religieux) et le plus bas (la nature morte). Les spécialistes du peintre pensent que l'hyper-religiosité de Van Gogh était liée à ces problèmes médicaux et serait un des symptômes de l'épilepsie du lobe temporal dont il était atteint. Il faut ajouter à cela que, d'une façon générale, Van Gogh n'a jamais été complètement à l'aise avec la perte de la foi qui l'avait conduit pendant toute sa jeunesse et le début de sa vie d'adulte. Dans sa vie de peintre, il passa souvent d'un excès à l'autre dans ce domaine, peignant des tableaux religieux qu'il détruisait aussitôt. Il alla même jusqu'à faire promettre à ses amis du groupe de Pont-Aven, et en particulier à Emile Bernard et Paul Gauguin, de cesser définitivement de peindre des sujets religieux. Cette Nature morte fait partie comme sa Pieta des quelques sujets qui ont échappé à la destruction.
On peut remarquer devant la Bible, le roman d'Emile Zola, La joie de vivre, dans l'édition Charpentier-Fasquelle.Van Gogh admirait Zola  qui était  son auteur préféré. Il le découvrit en 1882 et le lut jusqu'à la fin de sa vie (1890). Zola influença son œuvre. au point que l'on trouve trace de  ses romans dans trois tableaux : deux avec La Joie de vivre et un avec Au Bonheur des Dames (Nature morte : Trois livres). Dans la correspondance de Van Gogh,  le nom de Zola est le plus cité (91 fois).

Rappel biographique : Le peintre franco-hollandaisVincent van Gogh a peint énormément de natures mortes dont les plus célèbres sont sans doute constituées par la série des sept tableaux "Les tournesols " qu'il peignit à Arles entre Août 1888 et Janvier 1889. D'autres natures mortes moins célèbres  permettant de passer en revue a peu près tous les styles du peintre, ont été exécutées à diverses époques de sa vie. Van Gogh peignait sur des toiles souvent déjà apprêtées, qu'il pouvait réutiliser, soit en grattant l'œuvre précédente, soit en la recouvrant d'une nouvelle couche. Il employait  certains pigments instables, entraînant une modification des couleurs sous l'effet de la lumière, dont la laque géranium qui perd sa teinte rouge avec le temps. Les couleurs originelles sont donc souvent perdues, entraînant des difficultés de restauration. Pour certains tableaux les restaurateurs ont décidé de ne pas « recoloriser » le tableau, mais se contentent  de stopper les dégradations et de proposer un éclairage avec des filtres colorés pour restituer les teintes d'origine. Pour les historiens de l’art, Van Gogh est un précurseur qui a ouvert à la peinture de nouvelles voies. Par exemple, Derain et Vlaminck sont directement rattachés à l'art de Van Gogh « par l'emploi de couleurs pures en larges touches ». Pour les amateurs d'art, il reste un maître à l’égal de Leonard de Vinci ou de Rembrandt avec une production très importante et une trajectoire artistique fulgurante en durée et par ses styles.  Pour d'autres par contre comme Salvador Dali, dont les avis à l'emporte pièce étaient connus, Van Gogh était " tout sauf un peintre ". Pour le grand public, l'œuvre  de Van Gogh est aujourd'hui accessible dans les plus grands musées du monde.  Dans sa dernière lettre, trouvée dans sa poche le jour de son suicide, Vincent van Gogh  écrit : « Eh bien vraiment nous ne pouvons faire parler que nos tableaux »

jeudi 14 janvier 2016

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779), Une corbeille de prunes

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)  Une corbeille de prunes (1728) The Phillips Collection, Washington

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) 
Une corbeille de prunes (1728)
The Phillips Collection, Washington

Que voit- on ? Sur un fond neutre et abstrait mais qui comporte deux plans distincts (un entablement et un mur de fond) : une corbeille en porcelaine ajourée contenant des prunes.  Le rendu de la texture et des couleurs de ces prunes, la modernité de la touche tiennent du génie. Près de la corbeille, une aiguière en porcelaine à motifs floraux  ; cet objet aurait pu être le sujet central du tableau si la vedette ne lui avait été définitivement volée par ces prunes aux coloris magiques. Le collectionneur Duncan Phillips qui acquit ce tableau en 1920 pour sa collection américaine (avant qu'elle ne devienne le musée que l'on connait aujourd'hui) le classa  parmi  " les plus extraordinaires peintures de Jean-Baptiste Siméon Chardin ". Il la qualifia de " treè personnelle et poétique, en dépit de sa volonté apparente de vouloir être réaliste et objective ". Quand Phillips publia en 1930 une brochure publicitaire pour le lancement de sa galerie sous l'intitulé " Un Musée d'Art Moderne et ses sources ", c'est ce tableau de Chardin qu'il choisit en couverture ; il positionnait ainsi, auprès du public américain, Chardin comme un précurseur de l'Art moderne et en tout cas de l'impressionnisme. Pour Phillips, il ne faisait aucun doute que Chardin était l'un des premiers peintres qui " s'exprima  personnellement  dans ses tableaux " et l'un des premiers qui  " percevait ses sujets non pas comme des objets mais comme des compositions de couleurs pures, de lumière, anticipant la vision des impressionnistes ". La Philips Collection qui conserve cette  Corbeille de prunes dans ses collections permanentes l' a exposée sans discontinuer en compagnie de peintures d'artistes comme Cézanne, Braque, Derain ou Bonnard avec la volonté affichée de tracer des parallèles au-delà des siècles entre Chardin et ces grands peintres du 20e siècle.

Rappel biographique :  Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, Chardin est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre. Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres. Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux  effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.

2016 - A Still Life Collection 
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mercredi 13 janvier 2016

Eliot Hodgkin (1905-1987) - Five brioches




Eliot Hodgkin (1905-1987)
Five brioches
Private collection, London.

Que voit- on ? Posées sur une linge blanc fripé plutôt que drapé, 5 brioches un peu molles et dont les imperfections apparaissent à mesure qu'on les observe individuellement. Dans l'état, aucune n'a en effet les qualités esthétiques requises pour apparaître dans la vitrine d'une bon boulanger. Ce sont des brioches domestiques cabossées et qui ont visiblement souffert, ce qui ne les empêche pas d'ailleurs de rester appétissantes ! Avec la dernière à droite dans laquelle se devine les traits d'un visage humain bougon et fatigué malgré son embonpoint, Hogdkin ose l'anthropomorphisme, comme l'avait fait Dali en son temps avec sa série de Pains anthropomorphiques.

Rappel biographique : Le peintre britannique Eliot Hodgkin a réalisé de nombreuses natures mortes de plantes, de fruits, de légumes et d'autres objets inanimés avec une précision digne des grands illustrateurs botaniques des siècles passés. Cette grande précision et le luxe de détails de ces planches l'ont rendu grandement apprécier des botanistes et des scientifiques agissant dans le domaine environnemental. Après sa mort, plusieurs œuvres de sa collection furent vendues par les soins de Christie's. Son prix record est une nature morte intitulée Violet II, tempera sur panneau, 7 par 15 cm, vendu 51 700 £ chezChristie's  South Kensington, le 6 septembre 2000. Hodgkin occupe une place réellement à part dans l'histoire de la nature morte au 20e siècle. La Royal Academy of Arts conserve, et aussi plusieurs dessins et tableaux de ce peintre dont l'oeuvre est hommage frontal, obstiné et très figuratif à l'environnement  dans un siècle qui a grandement participé à sa destruction.

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mardi 12 janvier 2016

De Scott Evans (1847-1898) - Free Sample take one - Peanuts


De Scott Evans (1847-1898)
Free Sample take one - Peanuts (1890)
Museum of Fine Arts, Boston 

Que voit-on ? Evans a peint de nombreuses versions de Free Sample, Take One (Echantillons gratuit- prenez en un) dans lesquelles il a placé des amandes, des cacahuètes ou des noix dans le niche évoquant les présentoirs d'épicerie de son époque. Evocation en effet puisque ce contenant, malgré son réalisme, ne correspond à aucun de ceux dans lesquels étaient présentées les arachides au 19e siècle. Il a été totalement imaginé par De Scott Evans !  Les noix, noisettes et amandes sont apparues dès le 17e siècle dans les natures mortes, mais il faut attendre la fin du 19e siècle pour voir apparaitre des variétés plus exotiques comme les cacahuètes mis à l'honneur par les artistes américains à partir de 1880, notamment  par Joseph Decker, John Haberle ou John Frederick Peto. Evans quant  à lui traite ce sujet dès 1847 avec un premier trompe-l'oeil représentant des noisettes, (présenté sur ce blog) puis plus tard, en 1890  peu de temps après son arrivée à New-York. A cette époque, de nombreux artistes américains se faisaient une spécialité de peindre des trompe-l'œil, mais Evans en prolongeant le réalisme jusqu'à rendre le grain de bois de même que les clous qui retiennent la vitre brisée, atteint véritablement un somment! Cette  peinture, qui n'était pas destinée à être encadrée, cherche a cultiver l'illusion que son propriétaire a placé une niche en bois sur son mur ! Pour renforcer le réalisme, Evans n'hésite pas à ajouter des entailles sur le bois ou des traces dues à des chocs ainsi que  des trous laissés pâr les puces à bois. Les facéties de ce peintre qui avait un sens de l'humour très développé vont plus loin : ainsi alors qu'une petite note manuscrite encourage le spectateur à goûter une des cacahuètes, les bords coupants de la vitre brisée l'en dissuadent.  Doit-il  malgré tout en prendre une au risque de faire dégringoler toute la pile ?!!! Evans fige littéralement la question en l'état, avec pour seule porte de sortie de se demander si un spectateur précédent, irrité par ce verre qui lui refuse obstinément ce que la note l'invite à prendre,  n'aurait pas fini par  le casser pour s'emparer du contenu de la niche.


Rappel biographique : Le peintre américain De Scott Evans s'est illustré avec un égal talent dans des genres très différents du portrait mondain  de dame de la haute société américaine dont il flattait élégamment les anatomies à la nature morte en trompe-l'oeil. Élevé dans l'Indiana, il a réalisé une grande partie de sa carrière dans l'Ohio avant de venir s'installer à New-York City. Sa réputation posthume est largement basée sur un certain nombre de trompe-l'œil de natures mortes, à tel point que l'on pas hésité à lui attribuer des tableaux qu'il n'avait jamais peints. La marque absolue de la célébrité dans les Etats-Unis du 19e siècle !

lundi 11 janvier 2016

Claude Monet (1840-1926) - Le bocal de pêches



Claude Monet (1840-1926)
Le bocal de pêches (1866)
Collections nationales de Dresde - Galerie Neue Meister

Que voit-on ? Un entablement de marbre rouge très caractéristique du marbre rouge du Languedoc extrait des carrières de Caunes Minervois depuis l'Antiquité Romaine et particulièrement apprécié de Louis XIV qui l'avait choisi pour Versailles. Sur cet entablement royal - peut être choisi par Monet pour mieux accentué l'hommage à Chardin qu'est cette nature morte - sont posées 5 pêches saisies sous divers angles et degrés de murissement et un bocal transparent rempli de pêches au sirop serrées les unes contre les autres. Le bocal est fermé par un papier sulfurisé entouré d'une ficelle. Son volume est rendu par deux reflets du verre en haut au centre et en bas près d'un bâton de cannelle qui trempe dans le sirop. Le bocal de même que celui des pêches posées sur l'entablement se reflètent à la surface brillante du marbre. Le fond du tableau est neutre dans une couleur taupe uniforme excepté sur la droite de la composition où une retouche semble avoir été faite.

Rappel biographique : le peintre français Claude Monet, l'un des fondateurs de l'impressionnisme, est surtout connu pour ses paysages et ses portraits.  " La couleur, disait-il " est mon obsession quotidienne, ma joie et mon tourment ".   Claude Monet est l’un des fondateurs de l'impressionnisme. En 1859, il part à Paris tenter sa chance sur le conseil d'Eugène Boudin. Après des cours à l'académie Suisse puis chez Charles Gleyre et la rencontre de Johan Barthold Jongkind, le tout entrecoupé par le service militaire en  Algérie, Monet se fait remarquer pour ses peintures de la baie d'Honfleur. En 1866, il connait le succès au Salon de la peinture. Toute cette période est cependant marquée par une grande précarité. Il fuit ensuite la  guerre de 1870  à Londres puis aux Pays-Bas. Dans la capitale anglaise, il fait la rencontre du marchand d'art Paul Durand-Ruel qui lui assurera sa principale source de revenu pendant le reste de sa carrière. Revenu en France, la première exposition des futurs impressionnistes a lieu en 1874. À partir de 1890, Monet se consacre à des séries de peintures, c'est-à-dire qu'il peint le même motif à différentes heures de la journée, à diverses saisons. Il peint alors parfois des dizaines de toiles en parallèle, changeant en fonction de l'effet présent. La fin de sa vie est marquée  par une maladie, la  cataracte, qui affecte son travail.
Monet peint devant le modèle sur l'intégralité de sa toile dès les premières ébauches, il retouche ensuite de nombreuses fois jusqu'à ce que le résultat le satisfasse. Contrairement à ce qu'il affirme, il termine la plupart de ses toiles en atelier, prenant modèle sur les premières peintures d'une série pour peindre les autres. D'un caractère parfois difficile, prompt à la colère comme au découragement, Claude Monet était un grand travailleur qui n'hésitait pas à défier la météo pour pratiquer sa passion. Monet résume sa vie ainsi de la meilleure manière : « Qu'y a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d'un homme que rien au monde n'intéresse que sa peinture - et aussi son jardin et ses fleurs ».






samedi 9 janvier 2016

Tomás Yepes (1595-1674) - Bodegon con frutero




Tomás Yepes (1595-1674)
Bodegon con frutero
Museo de bellas artes, Valencia

Que voit-on ? Sur une console en marbre sculpté, un bol en porcelaine rempli de pommes et de poires. Sur le bol en porcelaine une scène est précisément décrite : on y voit une caravelle au mouillage dans une baie près d'un village côtier,  un paysage qui semble assez similaire à que celui qui sert de fond à cette nature morte.  Ici, les éléments venant encadrés la nature morte sont nombreux et très détaillés, mais le peintre expose remarquablement le sujet qui reste malgré tout au centre du tableau : la récolte de pommes et de poires.

Rappel biographique : Le  peintre espagnol originaire de Valencia, Tomás Yepes est une personnalité mal connue qui occupe une place à part dans l'histoire de la nature morte espagnole, peignant dans le style traditionnel des premières décennies du siècle, des compositions d'une symétrie impeccable et rigoureuse. Ses œuvres  datées à partir de 1642 comprennent des bouquets de fleurs, des corbeilles de fruits,  des ustensiles de cuisine dans une technique  "ténébriste " et une gamme de tons foncés, dont le style proche de celui d'Espinosa.


vendredi 8 janvier 2016

Raymond Rochette (1906-1993)


Raymond Rochette (1906-1993)
Poissons
Collection privée

Que voit-on ?  Un plat en céramique vernissée rempli de poissons différents, auxquels ont été ajoutés  un crabe et une étoile de mer. un sujet naturel assez rare  et très inhabituel pour ce peintre qui préférait de beaucoup les paysages industriels et les intérieurs d'usine.

Rappel Biographique : l'artiste peintre français Raymond Rochette est né aux frontières de la forêt morvandelle et de l’usine métallurgique du Creusot. Malgré ses nombreux échanges avec des peintres Parisiens et de province, malgré ses nombreuses lectures artistiques, ses voyages à Paris, en Italie, au Maroc, il reste en dehors des écoles et des tendances tout en réussissant à être un peintre témoin de son temps. Avant la guerre, ses sources essentielles d’inspiration sont les scènes de vie dans le Morvan, les vues du Creusot et de nombreux portraits. Pendant la guerre, les difficultés pour trouver du matériel le conduisent à réaliser une peinture très lisse, et une cinquantaine de tableaux de cette époque sont peints recto/verso.
Son obsession reste cette envie de représenter la vie dans les ateliers. d'usine. En 1949, 13 ans après sa première demande, il obtient l’autorisation de venir peindre à l'usine : « J’aime les machines comme on peut aimer les fontaines de Provence ; les ateliers me font penser aux nefs des cathédrales, et leurs lueurs aux fêtes nocturnes sur le grand canal. Les danseurs de l’opéra n’ont pas de gestes plus beaux que ceux des ouvriers, Claude Lorrain peignant ses palais n’avait pas de plus pure joie que celle que j’éprouve en dessinant les ateliers, le foisonnement des titanesques assemblages métalliques me donne la joie du Piranèse, mais c’est la joie de Le Nain que je goûte en en glorifiant soudeurs, meuleurs, lamineurs qui deviennent dans mes tableaux les magiciens d’une flamboyante forêt, celle de la métallurgie lourde. » 
En 1962, il apprend la construction de l’immense usine de Dunkerque et passe ses congés d’été à en peindre l’évolution. Très intéressé aussi par la mine, il descendra à plusieurs reprises au fond et en rapportera des paysages et des portraits de mineurs saisissants.
Malgré cette soif de peindre le milieu industriel, tous les sujets, même les plus communs, lui donnent le désir le les peindre ; il est un peintre de l’actualité, du quotidien, fixant dans tous les aspects de son environnement le temps qui passe.
Pendant 70 ans, Raymond Rochette n’a cessé de peindre : un paysage, un visage, un fruit, des objets simples, tout fascinait son regard. Il décède en 1993 dans sa maison natale.
Depuis 2006, centenaire de sa naissance, de nombreuses expositions ont eu lieu en Bourgogne,  à Paris, Dijon mais aussi  au Luxembourg et en Allemagne (au Rheinisches Industriemuseeum d'Oberhausen), au siège social d'Arcelor Mittal Paris.

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jeudi 7 janvier 2016

Sebastian Stoskopff (1597-1657)



Sebastian Stoskopff (1597-1657)
Nature morte  à la pipe (1640)
Private Collection

Que voit-on ?  Sur un entablement de bois posé contre une fond noir, au centre de la composition, une plaque sur laquelle est posée une longue pipe en porcelaine blanche et un petit tas de tabac A gauche de la pipe : une mèche fumante qui a servi à allumer la chandelle qui se trouve dans le chandelier en étain. A droite de la pipe, un petit pot à tabac utilisé pour le voyage. Au fond de la composition : un plat en étain sur lequel sont posées 6 tartelettes au contenu difficilement identifiable (pommes ? poires ?)  et  un verre  Römer rempli d'un breuvage translucide  dans lequel le reste de la pièce dans la quelle la scène se reflète notamment la fenêtre et la table.


Rappel biographique : le peintre alsacien Sébastien Stoskopff a été formé par Frédéric Brentel puis par Daniel Soreau. Sébastien Stoskopff vit à Paris entre 1621 et 1641 environ et voyage en Italie vers 1629. Il vit ensuite à Strasbourg, et meurt en 1657chez son protecteur Jean de Nassau.
Très apprécié à son époque, il est considéré comme l'un des maîtres européens de la nature morte très à l'aise dans le traitement des textures opposées comme le verre et l'osier d'un côté, ou le verre et l'étain etc...  L'œuvre  de Sebastian Stoskopff a été redécouverte très tardivement, au milieu du 20e siècle, dans les années 1930, ce qui signifie qu'elle est restée dans l'ombre pendant plus de 3 siècles !   Il reste de l’œuvre de Stoskopff entre 60 et 69 tableaux, selon les critiques. 10 d’entre eux sont datés et 26 à 29 sont signés de la main du maître. Toutes les œuvres signées sont des natures mortes. Mais des correspondances attestent que Stoskopff était aussi portraitiste, et qu’il a notamment exécuté un double portrait du comte Jean de Nassau-Idstein et de son épouse Anna. Pour la plupart, les œuvres de l’artiste ont pour thème la représentation d’objets quotidiens, très souvent dans le domaine de la cuisine ou de la nourriture.

mercredi 6 janvier 2016

Pierre Tal Coat (1905-1985) - Nature morte au poisson et citrons



Pierre Tal Coat (1905-1985)
Nature morte au poisson et citrons
Collection privée

Que voit-on ? Sur un entablement à encoignure ronde derrière laquelle on devine une chaise vide : une assiette contenant 2 citrons, un poisson dont seules la tête et la queue subsistent, l'arête étant évoquée par une trait zigzagant derrière les citrons,  et un verre de vin.

Rappel biographique : Le peintre, graveur et illustrateur français Pierre Tal Coat (pseudonyme de Pierre Jacob pour éviter l'homonymie avec Max Jacob quimpérois comme lui), apparenté au mouvement de l'École de Paris a peint une série importante de natures mortes, toutes réalisées en 1942, en pleine guerre, alors qu'il se trouvait réfugié  à Aix-en-Provence. De toutes ces peintures très dépouillées et exécutées avec une grande économie de moyens, il se dégage une grande force.

mardi 5 janvier 2016

Pieter Claesz (1597-1661) - Nature morte avec gobelet d'or



Pieter Claesz (1597-1661)
Nature morte avec gobelet d'or  (1624)
Gemäldegalerie, Dresden

Que voit on ? Sur une console en marbre : une nature morte d'apparat composée d'objets rares et précieux dont un nautile qui expose la nacre rutilante de son intérieur comme de son extérieur ;  deux verres Beckmeyer dont un brisé ; une montre en or à gousset présentée ouverte ; des coquillages de collection extraits d'un cabinet de curiosités ; un livre entr'ouvert. La pièce centrale de cette accumulation de richesses est un immense et somptueux calice ou gobelet en or sculpté dont le couvercle est couronné d'une statuette. La composition est placée (fait assez rare pour une nature morte d'apparat de ce type) devant un rideau noir qui s'ouvre sur un paysage extérieur où l'on aperçoit deux silhouettes en conversation. Plusieurs éléments la montre, le rubans (dont un bleu) qui pendent de l'entablement, l'oeillet et le verre brisé, viennent rappeler au propriétaire de toutes ces richesses matérielles et spirituelles (symbolisées par le livre) qu'il n'en est guère que le dépositaire temporaire et que la mort, tôt ou tard, viendra les lui ôter... si ce n'est déjà fait, comme le drap noir tendu devant le paysage et les personnages en conversation dans le lointain (les héritiers ?) pourrait le laisser supposer.

Rappel biographique : Le peintre Pieter Claesz  ou Pieter Claesz Van Haarlem  (du nom de la ville ou il fut le plus actif), est un des plus grands représentants de la nature morte hollandaise de l'époque baroque, un maître auquel la plupart des peintres de natures mortes se sont référés à un moment ou a un autre de leur carrière.  Willem Claeszoon Heda avec lequel on peut le confondre tant celui ci s'inspira de  Pieter Claezs jusqu'à signer ses tablaux de son prénom abrégé (Claez), il fut l’un des peintres les plus importants de ce genre très diversifié qu'est la nature morte.
Au 17 siècle, les natures mortes se divisaient en plusieurs catégories :
pronkstilleven  (natures mortes d’apparat),  comme c'est le cas ici, dans cette Nature morte à la tourte avec une dinde,  dans lesquelles sont représentés des coupes en argent ou en or lourdement décorées, des nautiles, des verres de vins, et beaucoup de fruits ou de fleurs. Beaucoup d’aliments composent ces natures mortes comme du pain, du fromage, du vin, des huîtres, du poisson, de la volaille, du jambon, des olives et des noix. Le citron est également souvent représenté, comme touche jaune dans la palette monochromatique. Il faut savoir  toutefois que Pieter Claesz introduisait rarement des fruits dans ses peintures. Quand il le faisait, c'était toujours sur la demande du commanditaire  Dans ce cas Claesz recours à un de ses collègues peintres, Roelof Koets, qui était chargé de remplir  alors le quart ou la moitié du tableau de fruits et de feuilles de vigne et y plaçait une corbeille ou une porcelaine. Les deux peintres signaient alors le tableau, Claesz lui-même signait des initiales PC, ou PCH (« H » pour Haarlem) comme c'est le cas ici. 
-  ontbijtgens  (petits déjeuners) qualifiant des natures mortes avec du pain, des couteaux, et du poisson et qui correspondait à ce que l’on mangeait dans un repas situé en fin de matinée.
banketgens  (petits banquets) qualifiant des natures mortes dans lesquelles était représenté  spécifiquement et exclusivement un pâté bien rempli. 
toebackjes ( petits tabacs) : qualifiant des natures mortes contenant du tabac, une pipe, et d'autres objets du même type.
les vanités enfin, natures mortes qui renvoient à la mort et au caractère éphémère de la vie et du plaisir et que Claesz a peint en nombre important. Dans ce cas, il peint des bougies éteintes ou complètement consumées, des instruments de musique, des montres, de vieux livres, des ustensiles d'écriture telle qu'une plume d’oie, qu'il place en perspective des crânes. Ces Vanités de Claesz étaient destinées à encourager le public à mener une vie simple et religieuse et a tempérer les excès de plaisir auxquels invitaient ses autres natures mortes. 
Bien que très construites et obéissant a un style très défini,  une évolution dans la composition des natures mortes de Claez est perceptible. Si, au début, il disposait fréquemment les objets en croix ou dans une diagonale rigoureuse, par la suite il utilisa beaucoup plus le chevauchement des objets, ce qui crée une plus grande profondeur. En outre, au cours de sa vie, il élargit son point de vue  et la vue latérale sur la table de la nature morte devient plus fréquente que la vue en plongée.
Claesz, souvent, utilisa les mêmes objets dans ses natures mortes : un couteau avec un lourd manche en nacre,  une bouteille de verre brun, des assiettes en étain et des cruches à col de cygne, ainsi que de fin coquillages  des porcelaines importés de Chine.  On retrouve ces éléments d'une nature morte à l'autre, on les reconnait comme des objets familiers. Souvent, un verre est représenté couché, ce qui confère une certaine tension à la composition.
Si, au début de sa carrière, Claesz utilisait assez souvent des couleurs vives, il adoucit considérablement sa palette par la suite, employant des couleurs presque monochromatique et conférant ainsi à ses tableaux une  atmosphère plus intimiste. 
L’utilisation qui est faite de la lumière et de l’ombre par Claesz est remarquable. Il  donner un tel rendu des textures par  l'effet de la lumière sur les surfaces, que l'on peut reconnaître immédiatement une assiette en étain d’une assiette en argent, un roemer d'un pot en céramique. Cette maîtrise dans le traitement de la matière et des textures (les reflets du vin dans les verres sont des effets de pur génie !) est une caractéristique partagée par plusieurs peintres néerlandais du 17e siècle. C'est ce qui fait leur spécificité..  
Claesz, avec Heda, fut à l’origine d’une véritable école de la nature morte, donnant à ce genre un statut véritablement noble.   À partir de 1628, une sérieuse concurrence apparaît à Haarlem entre Pieter Claesz et Willem Claeszoon Heda, lequel s’inspirait fortement de lui et le suivait de près dans toutes ses innovations.
Nicolaes Berchem, le fils de Claesz, fut  quant à lui un peintre de paysage  très réputé.
En 2004/ 2005, une exposition itinérante rassemblant quarante-cinq œuvres de Claesz fut montée et présentée au Musée Frans Hals à Haarlem, ensuite au Kunsthaus de Zurich, et enfin au National Gallery of Art de Washington.

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2016 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau