vendredi 30 septembre 2016

Pierre Bonnard (1867-1947) - Pierre Bonnard (1867-1947) - Coupe de Cerises





 
Pierre Bonnard (1867-1947) 
Coupe de Cerises, 1920,
Huile sur toile , 30.2 x 41.9 cm.
The Phillips Collection, Washington DC


Que voit on ? De toutes la natures mortes que Bonnard a peintes sur le sujet des cerises (la plus connue étant Tarte à la cerise) celle ci est sans doute la moins célèbre et se trouve conservée dans un collection privée. Les cerises  - qui paraissent comme confites dans leur sucres -  sont présentées dans un compotier de cristal qui ajoute à leur fraicheur. Trois pièces de porcelaine à discret motifs de fleurs accompagnent cette présentation de cerises cadrée en plein centre de la composition et étalée sur une meuble en bois d'une tonalité de rouge qui peut faire penser à de l'acajou.  

Rappel biographique : le peintre français Pierre Bonnard est connu pour ses peintures de personnages, ses nus, ses portraits, ses paysages animés, ses intérieurs et ses natures mortes de fleurs et fruits. Bonnard est un artiste postimpressionnistemembre du groupe des Nabis, par lesquels il fut surnommé le Nabi japonard.
En réaction à  l'impressionnisme, les Nabis veulent libérer leur peinture des exigences du réalisme : « Ensemble, nous avons méprisé l'école et les écoles, les rapins, leurs traditions, leurs farces et leurs bals inutilement nudistes. Ensemble nous nous sommes sérieusement amusés ». Les artistes nabis cherchent des voies plus spirituelles au contact de philosophies et de doctrines nouvelles teintées d'Orient, d'orphisme, d'ésotérisme, et de théosophie. Ils s'appliquent à retrouver le caractère « sacré » de la peinture et à provoquer un nouvel élan spirituel par le seul  moyen de l'art.
Une fois devenu célèbre, Pierre Bonnard fut connu pour ne pouvoir s’empêcher de retoucher ses toiles une fois celle-ci achetées et exposées dans un musée. Ses amis appelaient ça « bonnarder » ou « bonnardiser ». Un journaliste relate  cette attitude devenue visiblement coutumière. « Au  musée de Grenoble et au Musée du Luxembourg,  il lui arriva de guetter le passage d'un gardien d'une salle à l'autre, de sortir d'une poche une minuscule boîte garnie de deux ou trois tubes et, d'un bout de pinceau, d'améliorer furtivement de quelques touches un détail qui le préoccupait. Et, son coup fait, de disparaître, radieux, comme un collégien après une inscription vengeresse au tableau noir. »

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jeudi 29 septembre 2016

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - Nature morte aux instruments de musique et perroquet

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Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
Nature morte aux instruments de musique et perroquet
Collection privée

Que voit on ?  C'est un Chardin très ornementé, très accessoirisé même que cette oeuvre actuellement propriété d'un collectionneur privé.  Ce qui frappe d'abord c'est l'encadrement de la composition musicale constitué de deux objets noirs et incongrus : une aiguière noire à gauche et un perroquet noire a droite posé lui-même sur un tableau noir, auxquels font échos les noirs étincelants des tuyaux de la cornemuse, de l'archet de violon et de l'âme du violon.  Une variation sur la couleur noire comme Chardin en a très peu fourni dans son œuvre.

Rappel biographique : Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, Chardin est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre. Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres. Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1750-1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux  effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.

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mercredi 28 septembre 2016

Juan van der Hamen y Leon (1596-1631) - Bodegón con porcelanas y Dulces

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Juan van der Hamen y Leon (1596-1631)
Bodegón con porcelanas y Dulces
Museo nacional del Prado, Madrid

Que voit on ? Sur un entablement gris légèrement plus clair que le fond du tableau, plusieurs ustensiles de cuisine groupés autour de quelques patisseries et douceurs qui occupent le centre de la composition.  Les ustensiles (principalement des objets en porcelaine et une boîte en écorce de bois) sont arrangés selon une manière que les surréalistes n'auraient pas renié, avec ces empilements étonnants de verre sur la porcelaine ou ce tube en verre fiché dans la boîte en bois. 

Rappel biographique : le peintre espagnol Juan van der Hamen y Leon (1596-1631) est surtout connu pour ses natures mortes et ses bouquets de fleurs bien qu'il ait peint également des motifs religieux, des paysages et des portraits. Influencé autant par Juan Sanchez Cotan que par la peinture flamande de Frans Snyders dans ses premières natures mortes, il opta finalement pour un naturalisme plus italien et introduisit beaucoup de fraîcheur dans ses compositions. Sa touche est d'une grande délicatesse et d'un absolue précision. Van der Hamen emprunte à Sánchez Cotán le style apparemment sobre de ses compositions mais aussi cette façon systématique de détacher les objets sur un fond sombre et de les éclairer d'une  lumière puissante. Les arrangements en quinconces et les ombres portées renforcent l'impression de précision et révèlent que ces compositions sont finalement tout sauf simples ! A partir de 1626, Van der Hamen peint des natures mortes plus complexes que ses premières en plaçant les objets sur différents niveaux. Ce type de composition que l'on retrouve à Rome au début des années 1620  dans les œuvres de Tomasso Salini et d'Agostino Verrocchi, était déjà présent dans les natures mortes de l'Antiquité que l'on découvrira à Pompei et Herculanum au 18e siècle. Les natures mortes de Juan van der Hamen ont exercé une grande influence sur ses contemporains comme Francisco de Zurbarán et plus tard chez des peintres comme Antonio Ponce et Juan Arellano. Une des caractéristiques de la peinture de Van der Hamen, pour laquelle il était surtout connu de son vivant,  résidait dans la représentation des coûteuses et luxueuses verreries de Venise ou d'Allemagne. Très préoccupé par l'agencement harmonieux des objets et la représentation précise des textures et des lumières, Van der Hamen livre toujours des compositions très géométriques où les cercles et les sphères ont un rôle primordial (comme c'est le cas ici). Contrastant avec cette sévérité géométrique, l'artiste dispose souvent ses objets sur les bords des structures ou sur des escaliers en pierre, en faisant ainsi varier leur distance à partir de la source lumineuse. Les objets représentés, fruits légumes, bois, terre cuite, et  cristaux sont  toujours magistralement rendus avec une science de la répartition des couleurs, des ombres, des reflets et des lumières qui en font un maître d'une sensibilité incomparable.

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mardi 27 septembre 2016

Pablo Picasso (1881-1973) - Crâne de chèvre, bouteille et bougie



Pablo Picasso (1881-1973)
Crâne de chèvre, bouteille et bougie  (1945)
Collection particulière

Que voit-on ? Exactement ce que décrit le titre, à ceci près que la bougie se trouve sur la bouteille et que le crâne de chèvre - qui rappelle celui du mouton copié de Goya par Picasso quelques années auparavant  - est posé sur un entablement carré dont on aperçoit le pied léger.  La composition fait partie des rares natures mortes monochromes de Picasso qui peignit à plusieurs reprises autour du crâne de chèvre dans les années 40.

Rappel biographique : le peintre espagnol Pablo Ruiz Picasso qui a passé l'essentiel de sa vie en France, fut aussi  dessinateur et sculpteurUtilisant tous les supports pour son travail, il est considéré comme le fondateur du cubisme avec Georges Braque auquel son nom est lié surtout dans le domaine des natures mortes. Il est considéré comme l'un des plus importants artistes du 20e siècle tant par ses apports techniques et formels que par ses prises de positions politiques et que par l'immensité de sa production tous genres confondus, que l'on chiffre à près de 50 000 œuvres.
Les premiers collages et assemblages sont réalisés pendant l'hiver 1912, Nature morte à la chaise cannée (Paris, Musée Picasso), Guitare(s) en carton (Paris, Musée Picasso). A partir des années 20 ses natures mortes seront très proches, sur la même ligne de conception " cubiste analytique " que celles de George Braque, dont il devient un temps l'intime avant de s'en séparer définitivement.  Il y eut une connivence d'inspiration très rare entre ces deux peintres pendant une certaine période de leur vie et en particulier dans le domaine particulier du traitement de la nature morte. 
Après la Seconde guerre mondiale et hors de la période cubiste, Picasso  continue de peindre beaucoup d'autres natures mortes bien que ce ne soit pas un genre qui tienne une place aussi essentielle dans son oeuvre que dans l'oeuvre de Georges Braque. Malgré cela et assez bizarrement Picasso a cependant peint énormément de natures mortes, peut être même autant ou plus que Braque,  noyé dans le flot de ses 50.000 oeuvres !

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lundi 26 septembre 2016

Jacques Linard (1597-1645)



Jacques Linard (1597-1645)
Nature morte aux coquillages (1629)
(Localisation actuelle inconnue)

Que voit-on ?  Une accumulation savamment agencée de coquillages, principalement en provenance des mers tropicales qui met en vedette un Bénitier et un Nautile, l'un présenté ouverture contre terre et l'autre ouverture en l'air.  De la cinquantaine de toiles que Linard a peintes pendant toute sa vie, celle-ci pourrait paraitre la plus banale  à ceci près qu'elle réussit l'exploit (peu banal pour le coup) d'être à la fois monochrome et explosante de couleurs !  A l'heure actuelle on ne sait pas  exactement où se trouve cette toile, son ou ses propriétaires ne communiquant pas sur le sujet.

Rappel biographique : le peintre français Jacques Linard, issu d 'une famille de peintres (son père Jehan Linard était un peintre connu)  fut actif à Paris dès le début des années 1620.  Sa sœur épousa Claude Baudesson, et donna naissance au futur grand peintre de natures mortes Nicolas Baudesson. Moins d'une cinquantaine d'œuvres  de Jacques Linard  sont parvenues jusqu'à nous aujourd'hui. Ce sont  en très grande majorité des natures mortes. De tous les peintres  dit " de la réalité ", Jacques Linard paraît le plus ancien à avoir traité les thèmes des cinq sens et des quatre éléments. Ses natures mortes mettant en scène des coquillages et des coraux sont parmi ses plus célèbres.

dimanche 25 septembre 2016

Georges Braque (1882-1963) - Verre, raisin et poire

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Georges Braque (1882-1963)
Verre, raisin et poire, 1929

Que voit on ?  Sur un entablement de bois dont les veines sont nettement dessinées, posée sur un plat blanc et rond déformé en ovale (pour ne pas dire en forme de baignoire)  : une grappe de raisins, très stylisée, graphique et totalement monochrome. Monochrome également - dans les mêmes tonalités grises et beiges du reste de la composition résolument cubiste : un verre à pieds dont les godrons sont accentués jusqu'au la caricature. Seul élément coloré de cette nature morte très pâle : une poire d'une vert éclatant et une feuille elle aussi d'un vert incongru comme échappée du sarment de la grappe de raisin.

Rappel biographique : le peintre Français Georges Braque qui fut aussi sculpteur et graveur est le maître incontestable de la nature morte au 20e siècle, genre qu'il a profondément transformé et renouvelé tout au long de sa vie, s'inscrivant  (consciemment  ou inconsciemment) dans une démarche similaire à celle de Chardin au 18e siècle. Engagé dans le sillage du fauvisme, influencé par Matisse, Derain et Ohon Friesz, il peint, à l'été 1906 les paysages de l'Estaque avec des maisons en forme de cubes (Maisons à L'Estaque) que Matisse qualifie de cubistes.  A partir de 1909,  il entre dans ce que les spécialistes appellent la période du  " cubisme analytique ".  Les paysages qui prédominaient  jusqu'alors dans son œuvre vont céder la place aux natures mortes. 
Ce sont principalement des natures mortes d'objets et/ou d'instruments de musiques (violons, guitare, pipe, journaux et magazines, objets divers de décorations intérieurs comme les nappes, les guéridons...) qu'il peint délaissant volontiers les thématiques habituelles du genre (fruits, légumes, pâtisseries, porcelaines).   Dès avant la Première Guerre Mondiale, sa peinture s'enrichit de combinaisons imprévues, avec une multiplication des facettes. Les formes sont géométrisées et simplifiées. Comme le remarque Bernard Zurcher, dans son ouvrage Braque vie et œuvre :   « Si l'on considère que la bataille du cubisme s'est jouée  sur le thème de la nature morte, Braque y était le mieux préparé ou plutôt il a été à même, en consolidant chacune des étapes de son évolution, d'aller plus sûrement à ce « signe qui suffit » tel que l'a nommé Matisse »
Entre 1919 et 1939, son style et ses recherches vont évoluer. De son passé cubiste, il conserve la simultanéité des points de vue et il opère une partition des objets et des plans qui les éloignent de tout réalisme. Guitare et nature morte sur la cheminée  1925, et Fruits sur une nappe et compotier, sont caractéristiques de cette évolution. Les objets semblent des accessoires de la composition," l'effort porte sur la couleur". Braque pousse l'usage du contraste encore beaucoup plus loin dans Nature morte à la clarinette,  avec des formes qualifiées de « naturalistes » Avec Le Guéridon, 1928 et Le Grand guéridon, qu'il continue à travailler jusqu'en 1936-1939, Braque opère un long mûrissement des formes. Il retravaille même en 1945 le Guéridon rouge, commencé en 1939 en réduisant le motif ornemental. Le thème du guéridon revient souvent dans l'œuvre de 1911 à 1952 qui reçoit en 1937 le premier prix de la Fondation Carnegie  de Pittsburgh
Cloîtré dans son atelier pendant toute la durée de la Seconde guerre Mondiale, il refuse toute compromission avec les nazis et le régime de Vichy, malgré les nombreuses propositions qui lui sont faites.  Braque se consacre au thème des Intérieurs avec un retour en force du noir qui donne une impression de dépouillement et de sévérité. Pendant cette période, Braque poursuit son sujet favori  le nature morte et particulier les natures mortes aux instruments de musique qui n'ont cessé d'apparaître dans ses tableaux depuis 1908 .  « L'instrument de musique, en tant qu'objet, a cette particularité qu'on peut l'animer en le touchant, voilà pourquoi j'ai toujours été attiré par les instruments de musique » .1942 est une année particulièrement féconde pour le peintre qui commence plusieurs toiles sur le thème de la musique, qu'il terminera plus tard comme L'Homme à la guitare (1942), 1942-1961. 
A cette époque là il réalise une nature morte à sujet animalier Deux poissons dans un plat avec une cruche, (1949-1941) qui inaugure une série de poissons sur fond noir Les Poissons noirs, 1942, et  plusieurs Vanités.  
A la Libération, après la guerre, Aimé Maeght devient son nouveau marchand parisien, et publie la première édition des Cahiers G. Braque. En 1948, lorsqu'il  présente la série des Billards à la Biennale de Venise il reçoit le Grand Prix pour l'ensemble de son œuvre. Suit une série d'expositions en particulier au MoMa de New York, qui parachève la reconnaissance internationale de son œuvre immense et essentielle.

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samedi 24 septembre 2016

Ottmar Elliger l'Ancien (1633-1679)


Ottmar Elliger l'Ancien (1633-1679)
Nature morte au Nautile  (1667) 
Private collection


Que voit-on ? Sur un fond neutre et sombre, posé sur un entablement mural recouvert d'un tissu de soie vert, un empilement d'objets et de victuailles qui célèbre la richesse et l'abondance (raisin, homard, porcelaine rare, coupe Nautile et cristaux) mais aussi la fragilité des biens de ce monde et de la condition humaine, fragilité symbolisée par le papillon qui s'envole en haut à gauche de la toile et par le citron pelé qui ponctue la composition comme un avertissement...

Rappel biographique :  Ottmar Elliger (1633-1679) était un peintre baroque flamand. spécialisé dans les natures mortes et en particulier les fleurs. Selon l'Institut néerlandais pour Histoire de l'art, il est né à Göteborg, mais il a été formé à Anvers par Daniel Seghers. Sa première œuvre datée est de 1653. Il est inscrit à Copenhague en 1654, Amsterdam en 1660, Dordrecht en 1662 et Hambourg en 1665.  En 1670, il est devenu peintre de la cour de Friedrich Wilhelm von Brandebourg à Berlin, où il a séjourné.  Il fait partie des peintres de l'âge d'or de la Nature morte et en est un des plus éminents et des plus dogmatiques représentants, toutes ces natures mortes  de victuailles comportant une mise en garde morale sur la fragilité et l'impermanence des richesses du monde. 




vendredi 23 septembre 2016

Max Beckmann (1884-1950)



Max Beckmann (1884-1950)
Still life with musical instruments
Private collection

Que voit-on ?  Une nature morte très colorée, ce qui n'est pas dans les habitudes tonales de cet artiste dont la palette fut plutôt monochrome et sombre. La musique sans doute propice à l'éclatement de cette joie et de cette danse des instruments qui font éclater les jaunes et les rouges.

Rappel biographique : Le peintre allemand Max Beckmann était aussi graveur, sculpteur et écrivain  et appartenait au mouvement Expressionniste et plus précisément à la tendance Neue Sachlichkeit (Nouvelle objectivité) de ce mouvement.  Il connut un immense succès en Allemagne jusqu'en 1933,  date à laquelle Hitler arriva au pouvoir en Allemagne et décide que la peinture moderne est dégénérée. Beckmann faisait partie de ces peintre dégénérés que les Nazis persécutèrent pour leur expression artistique.  Il dut démissionner de tous ses fonctions pédagogiques officielles avant que 500 de ses oeuvres ne soient saisies  dans ls musées. Il quitta l'Allemagne le jour même ou Hitler fit son discours sur l'art dégénéré à la radio.  Beckmann se réfugia en Hollande pendant 10 ans, puis s'exila définitivement aux Etats-Unis, après la guerre. Le petit nombre de ses natures mortes qui sont parvenues jusqu'à nous sont toutes empreintes d'un symbolisme très puissant.


jeudi 22 septembre 2016

Jules Boitouzet (1822- ?)


Jules Boitouzet (1822- ?) 
Nature morte vers 1854 in  "Etudes variées" vers 1854
Tirage sur papier salé d'après négatif sur verre au collodion
BnF (Bibliothèque nationale de France), Paris 

Que voit-on ?  Sur un guéridon, un amoncellement d'objets hétéroclites formant une nature morte assez précieuse et inattendue : une buste féminin en plâtre, un petit cadre entourant un paysage peint, une bonbonne de parfum, une assiette vide en équilibre instable sur le rebord du guéridon... et posé sur un livre ouvert format  "à l'italienne", un bouquet de fleurs artificielles qui semble faire corps avec un chapeau de femme assez imposant. 

Rappel biographique : Très peu de renseignements -  pour ne pas dire aucun - sur ce pionnier de la photographie qui ne figure cependant dans aucune liste connues des pionniers de cet art publiés à ce jour et sur lequel même la Bibliothèque nationale de France ne dispose pas d'informations.  Un mystérieux saltimbanque donc, que son interêt pour l'art nouveau de la photographie aura sauvéà jamais  de l'oubli des siècles. 



mercredi 21 septembre 2016

Jean Lurçat (1892-1966) - Nature Morte



Jean Lurçat (1892-1966)
Nature Morte (1923)
Collection privée

Que voit-on ?  Une composition cubiste où domine le noir, le bleu et le beige. On peut imaginer un instrument de musique disposé au centre de la composition : une mandoline... et dès lors on devine que l'instrument est posé sur une table dont le piètement apparait nettement avec à droite un pied droit assez "moderne" et à gauche un pied plus dans le goût des meubles du 19e siècle.

Rappel biographique : Le peintre, céramiste et créateur de tapisseries monumentales français, Jean Lurçat doit principalement sa notoriété à ses travaux de tapisserie dont il rénova en profondeur le langage. Après des études dans  l'atelier de Victor Prouvé, le chef de l'Ecole de Nancy Jean Lurçat s'installe à Paris où  s'inscrit à  l'académie Colarossi puis à l'atelier du graveur Bernard Naudin. Il découvre alors  Matisse Cézanne, Renoir. l devient ensuite apprenti auprès du peintre fresquiste Jean-Paul Lafitte avec lequel il mène, en 1914, un premier chantier à la faculté des sciences de Marseille. 
En 1917, Jean Lurçat fait exécuter par sa mère, ses premiers canevas : Filles vertes et Soirées dans Grenade. Dès la fin de la guerre, en 1918, il revient en Italie où il passe, en 1919 des vacances en compagnie de Rilke,  Busoni,  Hermann Hesse et Jeanne Bucher. Sa deuxième exposition se tient à Zurich cette année-là.
En 1920, il s'installe à Paris avec Marthe Hennebert (qui avait été, à partir de 1911, la muse de Rainer Maria Rilke). C'est elle qui tisse au petit point deux tapisseries : Pêcheur et Piscine. Il expose cette année-là au Salon des indépendants deux tapisseries et quatre toiles. En 1927,  il décore le salon de la famille David Weill  : il s'agit de quatre tapisseries au petit point et réalise L'Orage pour  Georges Salles (Musée d'art moderne) ). En 1928. il fait sa  première exposition à  New York. 
En 1930, il expose à Paris, Londres, New-York,  Chicago.
En juillet 1937, à Angers  la vision de L'Apocalypse (14e siècle) provoque chez lui un choc esthétique et artistique annonciateur de l'œuvre à venir. En 1938, Moisson (2,75 × 5,50 m) est tissée chez Tabard. La manufacture de  Beauvais  tisse les tapisseries pour quatre fauteuils, un divan et un paravent destinés à accompagner la tenture d'Icare. En 1939, il expose à New-York et Paris . En septembre, il s'installe à Aubusson avec  Gromaire et Dubreuil pour essayer de redonner vie à la tapisserie qui, à l'époque, subit une grave crise. Il met au point un nouveau langage technique : carton numéroté, palette réduite, tissage robuste à large point. Et désormais, il abandonne le travail à l'huile au profit de la gouache  Le Musée d'art moderne 
En 1944, ses tapisseries sont exposées à Paris et ses peintures à New-York.
Comblé d'honneur et au fait de la gloire, Jean Lurçat meurt subitement en janvier 1966 à  Saint Paul de Vence.  Sur sa tombe un soleil gravé dans la pierre avec une devise : « C'est l'aube ». Ces deux mots sont le début de la phrase, écrite par lui, qu'il avait fait graver sur son épée d'académicien :
« C'est l'aube d'un temps nouveau où l'homme ne sera plus un loup pour l'homme… »






mardi 20 septembre 2016

Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)



Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Nature morte aux instruments de musique et au singe
Collection Privée

Que voit on ?  Sur un entablement de marbre vraisemblablement en bordure d'une terrasse sur fond de parc : une nature morte aux instruments de musiques (cornemuse, violon et flûte à bec) avec quelques partitions froissées et dépliés sur lesquelles on a visiblement beaucoup travaillé. Cet amoncellement  semble beaucoup distraire une macaque qui gesticule à l'arrière plan du tableau pendant qu' un perroquet affolé prend son envol.

Rappel biographique : Le peintre et graveur français Jean-Baptiste Oudry est surtout célèbre pour ses peintures de chiens de chasse, ses natures mortes animalières et ses animaux exotiques. Fils de Jacques Oudry, maître peintre et marchand de tableaux sur le pont Notre-Dame, et de sa femme Nicole Papillon, qui appartenait à la famille du graveur Jean-Baptiste-Michel Papillon, Jean-Baptiste Oudry étudia tout d'abord à l'école de la maîtrise de Saint-Luc, dont son père était directeur. Il fut placé ensuite chez le peintre Nicolas de Largillière, dont il devint bientôt le commensal et l'ami. 
Après avoir peint quelques sujets religieux et un portait du tsar Pierre 1er, il rencontre le marquis de Beringhen, premier écuyer du roi. Cette rencontre est décisive car le marquis commande à Oudry de nombreux ouvrages pour le roi. Dès lors on octroie  à Oudry un atelier dans la cour des princes aux Tuileries et un logement au Palais du Louvre où il forma un cabinet renommé. 
Oudry suivait les chasses royales et faisait de fréquentes études dans la forêt de Compiègne.
L'intendant des finances,  Fagon, le prit a son service et le chargea  de rétablir la manufacture de Beauvais, tombée en décadence. Oudry s'adjoignit  Boucher et Natoire pour exécuter la copie des tableaux. On lui confia également l'inspection de la manufacture des Gobelins, où l'on exécutait les tapisseries des chasses du roi d'après ses tableaux.
Jean-Baptiste Oudry a peint le portrait, l'histoire, les chasses, le paysage, les animaux, les fruits, les fleurs ; il a imité les bas-reliefs ; il a fait du pastel, de la décoration ; il aussi gravé à l'eau-forte. On lui doit deux conférences qui furent lues à l'Académie, « Sur la manière d'étudier la couleur en comparant les objets les uns avec les autres » et « Sur les soins que l'on doit apporter en peignant ».  Oudry a laissé un grand nombre de dessins dont  les plus connus sont les 275 dessins qui servirent à l'édition dite des Fermiers généraux des Fables de La Fontaine, gravées par  Charles-Nicolas Cochin. Il est également l'auteur d'un Almanach de rébus paru en 1716.

lundi 19 septembre 2016

Jean-Baptiste Belin de Fontenay (1653-1715)


Jean-Baptiste Belin-de-Fontenay (1653-1715)
Nature morte au vase-doré, fleurs,  buste de Louis XIV,  armure et panier  de fruits.
Musée du Louvre, Paris 

Que voit-on ? Pour ce tableau monumental qui fut le morceau de réception du peintre à l'Académie. Royale de Peinture, on voit exactement ce que décrit le titre qui omet cependant de nommer le contenu du panier de fruits (la partie la moins noble de la toile) aàsavoir grappes de raisins, et pêches s'échappant  à la fois du  panier jeté sous la table et de la pénombre qu'elle jette elle-même sur lui.  

Rappel biographiqueJean-Baptiste Belin de Fontenay, ou Blain de Fontenay  est un peintre français, célèbre en son temps  pour ses tableaux de fleurs et de fruits.  Il fut l’élève Jean-Baptiste Monnoyer dont il épousa la fille Marie. Protestant,  sa conversion fut une démarche visant à faciliter sa réception à l’Académie en 1687 avec, comme morceau de réception, cette Nature morte au vase-doré, fleurs,  buste de Louis XIV,  armure et panier  de fruits. aussi connue comme Buste de Louis XIVGrâce aux commandes des châteaux royaux et des bâtiments publics, il obtint bientôt la faveur de la cour, en particulier celle de Louis XIV, qui se traduisit par de multiples commandes pour les  châteaux de Versailles, Marly, Meudon, Compiègne et Fontainebleau (notamment des dessus de porte). Il reçut un appartement gratuit au Louvre et  une pension de 400 livres. Il livra également un grand nombre de présentations aux Gobelins et il fut recherché pour décorer les palais des familles les plus illustres du royaume. Il peignit  aussi beaucoup de bordures florales pour des portraits féminins dont un nombre considérable se trouve dans les musées. Il a richement décoré de fleurs l’« escalier de la Reine » au château de Versailles. On trouve aussi un choix riche de ses œuvres au Grand Trianon. Outre deux œuvres conservées au  Louvre, ses autres toiles se trouvent dans les musées des beaux arts de Caen, Bayeux, Rennes, Orléans, Avignon, Tours et Marseille.

dimanche 18 septembre 2016

Ben Nicholson (1894-1982)



Ben Nicholson (1894-1982)
Still life (1934)
Private collection

Que voit on ? Une nature morte aussi cubiste qu'abstraite, ou se devine la forme d'une anse d'un gigantesque mug (un des objets fétiches du peintre)  et les contours d'un verre sans pied, pris dans une composition très sombre comme éclairée de l'intérieur par un aplat rouge, sorte d' éclair de couleur très bref et très intense.  L'ensemble peut être lu aussi comme un visage déstructuré,  aussi bien de face que de profil.

Rappel biographique : Le peintre britannique Ben Nicholson est connu pour être un des promoteurs de l'abstraction dans son pays. d'abord influencé par les cubistes. Au tournant des années 1928-30, son travail va progressivement évoluer du cubisme vers une abstraction géométrique proche de celle de Mondrian qu'il rencontre à Paris. Lauréat du premier prix Guggenheim en 1956, ses œuvres sont exposées dans les collections de la Tate Gallery de Londres, entre autres.


samedi 17 septembre 2016

Bernard Buffet (1928-1999) - Nature morte aux poissons



Bernard Buffet (1928-1999)
Nature morte aux poissons (1945)
Musée Bernard Buffet

Que voit on ?  Sur un fond très sombre qui peut représenter un coin de cuisine, une raie présentée dans la même position que celle de Chardin (mais avec un rictus beaucoup plus goguenard que celle de Chardin), deux dorades royales comme brutalement jetées l'une sur l'autre sur un amoncellement de sardines... se détachant à peine du fond sombre, une bouteille de vin dont le bouchon a été enlevé puis remis.

Rappel biographique : Bernard Buffet est un peintre français expressionniste, qui a peint aussi bien des personnages que des figures, animaux, nus, paysages, intérieurs, natures mortes, fleurs. Aquarelliste, c'est également un peintre de décors de théâtre et un illustrateur. Il remporte le concours d’entrée de l'École nationale supérieure des beaux-arts en décembre 1943 à quinze ans, passant deux ans dans l'atelier du peintre Eugène Narbonne où il est déjà considéré comme très doué. Il s'y lie notamment d'amitié avec les peintres Maurice Boitel et Louis Vuillermoz.
En 1947, il expose L'Homme accoudé au Salon des indépendants et en décembre a lieu sa première exposition particulière présentée par Pierre Descargues, à la Librairie des impressions d'art.  On y reconnait déjà un graphisme très caractéristique qui sera tout au long de sa vie, la marque du peintre. L'État, par l'intermédiaire de Raymond Cogniat, lui fait son premier achat pour le Musée national d'art moderne de Paris avec la peinture Nature morte au poulet. En 1955, il obtient la première place au référendum organisé par la revue Connaissance des arts désignant les dix meilleurs peintres de l'après-guerre. Il peint les maquettes des décors et des costumes pour La Chambre argument de Georges Simenon qui devient son ami. Élu à l’Académie des beaux-arts au fauteuil de Paul Jouve, Bernard Buffet est alors le plus jeune académicien jamais élu sous la coupole.
En 1978, à la demande de l’administration des postes, Bernard Buffet réalise une maquette pour un timbre de trois francs L’Institut et le Pont des arts. À cette occasion le musée postal à Paris présente une exposition rétrospective de ses œuvres. Dans les années 1970-80, Bernard Buffet est un artiste au sommet de sa gloire que les critiques n'épargnent pas, comme tout artiste qui connait un grand succès de son vivant. Ils lui reprochent principalement le  " statisme " de sa touche dans laquelle ils décèlent peu d'évolutions au cours des années, le traitant volontiers de  " peintre académique ".
Au début des années 1980 son œuvre immense, est plus appréciée à l'étranger qu'en France, et principalement en Extrême Orient, aux Etats Unis, en Amérique du sud et au surtout Japon où elle connait un succès considérable et où lun musée est spécifiquement construit pour lui à Surugadaira, ce qui, à cette époque, est inédit pour un peintre vivant.
En 1986, sa femme et modèle favori, Annabel, publie D’amour et d’eau fraîche ; la même année sortent les deux premiers volumes de la monographie de Yann Le Pichon Bernard Buffet  couvrant la période 1947-1982, qui obtiennent immédiatement le Prix Élie Faure.
Bernard Buffet, diminué par la maladie de Parkinson, se suicide par asphyxie, le 4 octobre 1999, dans son atelier du Domaine de la Baume près de Tourtour (Var), étouffé dans un sac en plastique noir sur la surface duquel son nom était dessiné avec sa calligraphie si caractéristique ; dernière mise en scène un rien macabre d'un très grand artiste du 20e siècle, qui toute sa vie avait adoré mettre en scène sa propre existence. En novembre 2007, paraît le troisième et dernier volume de la monographie de Yann Le Pichon, couvrant la période de 1982 à 1999.
En 2016- 2017, le MAM (Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris), rend hommage au peintre a travers une exposition ou sont présentées toutes les acquisitions du musée  faites dans les années 47- 55 et quelques chef d'oeuvres prêtées par le musée Bernard Buffet de Surugadaira.


vendredi 16 septembre 2016

Marie Laurencin (1883-1956) - Nature morte 1938




Marie Laurencin (1883-1956)
Nature morte, 1938

Que voit on ?  Posé sur une nappe froissée, jeté contre un mur à la  tonalité pastel, un verre opaque de même couleur que le mur, un citron et un fruit (mandarine ?  orange ? clémentine ?)  émergeant d'un papier transparent  d'épicier qui fait ressembler le fruit à une fleur. Une douceur affichée qui n'efface pas une inquiétude omniprésente.

Rappel biographique  :  Marie Laurencin est une peintre française étroitement associée à la naissance de l'art moderne. Portraitiste, illustratrice et graveuse, elle fut également une épistolière  et a composé des poèmes en vers libres, indissociables, dans le cours de son processus de création, de l'expression picturale des scènes fantasmatiques qu'elle représente.
Co-disciple de Braque, créature de Roché, muse d'Apollinaire, disciple de Matisse soutenue par Derain, amie de Picasso jusqu'à leur rupture et amante de Nicole Groult, Marie Laurencin a fait de son style un dépassement du fauvisme que du cubisme. Sa vie entière apparait comme une œuvre emblématique, tant du point de vue artistique que de la libération de la femme. Si sa gloire internationale de l'entre-deux-guerres a été ternie durant l'Occupation par ses mondanités déplacées et sa collaboration muette, sa vie comme sa peinture ont fasciné de nouveau, après une longue période de purgatoire. Très peu exposée en France, il faut attendre 2011 pour qu'une biographie explore sa part d'ombre et le printemps 2013 pour qu'une exposition parisienne la fasse redécouvrir au grand public. Antithèses des cauchemars de Goya, qui fut son seul idéal, ses aquarelles vives et glacis pastel répètent indéfiniment le mystère ambigu et hallucinant de « princesses » et de bêtes féeriques, de fleurs et d'adolescentes à la pâleur irréelle. En une réminiscence des fêtes galantes de Watteau, le trait fluide saisit l'instant extatique d'une pose dansante par leurs regards muets comme ceux d'un masque. Ses natures mortes, qui ne sont pas très nombreuses, sont toutes très fluides et pour certaines même presque diaphanes, entraînant les sujets qu’elle traite vers une abstraction douce assez étrange...

jeudi 15 septembre 2016

Marc Chagall (1887-1985) - Nature morte avec ananas


Marc Chagall (1887-1985)
Nature morte avec ananas
Private collection

Que voit-on ?  Surgissant d'un fond où sont esquissées plusieurs formes dansantes, un gigantesque ananas jaune et son panache vert occupent le haut de la toile. Juste sous le fruit, un homme allongé semble experimenter les bienfaits du farniente auquel ce fruit exotique fait immanquablement référence dans l'esprit du peintre ! A l'extrême gauche du cadre :  un verre à pied, vide et chancelant. Au premier plan : un assiette de porcelaine blanche dans laquelle sont posés trois fruits du soleil, qui a défaut d'être complètement exotiques sont bel et bien méditerranéens : une grenade, une orange et un citron.

Rappel biographique : Le peintre français d'origine biélorusse Marc Chagall est l'un des plus célèbres artistes installés en France au 20e siècle avec Pablo Picasso. Son œuvre, sans se rattacher à aucune école, présente des caractéristiques du surréalisme et du néo-primitivisme. Inspirée par la tradition juive, la vie des villages juif en Europe de l'Est et le folklore russe, elle élabore sa propre symbolique, autour de la vie intime de l'artiste. L'emploi de la couleur chez Chagall est très personnel. Dans ses illustrations de la Bible et le Message biblique, notamment, on voit qu'une barbe peut être tour à tour violette, bleue ou verte. Il renverse les impressions chromatiques habituelles, et emploie la palette pour structurer l'espace de la toile davantage que pour traduire la réalité.   " Mon cirque se joue dans le ciel, disait il,  il se joue dans les nuages parmi les chaises, il se joue dans la fenêtre où se reflète la lumière "  Il  a peint plusieurs natures mortes.

2016 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau

mercredi 14 septembre 2016

Edouard Manet (1832-1883) - Nature morte avec melon et pêches


Edouard Manet (1832-1883)
Nature morte avec melon et pêches
National Gallery, London  (UK) 

Que voit on ? Ce qui frappe d'emblée dans cette nature morte de Manet c'est le contraste entre le noir et le blanc voulu dans l'exposition de deux nappes en jacquard dont aperçoit très nettement l'impression ton sur ton : l'une est blanche, l'autre est noire.  Sur la nappe blanche, le peintre a placé une pivoine, une grappe de raisin, blanc, une pêche blanche et une plat en céramique  vernissée rempli de coings. Sur la nappe noire, il a disposé un plat rond en argent dans lequel il y a un énorme melon rond dont les dégradés de jaunes et de verts sont à eux seuls un chef d'œuvre ; à l'arrière un verre à pied précieux (non pas en cristal mais en verre très épais) et une vase de type japonais dans le vernis noir duquel se reflète la partie invisible de la piece, à la façon des peintres hollandais du 19e siècle. Une splendeur ! 

 Rappel biographique :  le peintre français Édouard Manet est un peintre majeur de la fin du 19e siècle, initiateur de la peinture moderne qu'il libère de l'académisme,  C'est une erreur de considérer Édouard Manet comme l'un des pères de l'impressionnisme : il s'en distingue en effet par une facture soucieuse du réel. Manet n'utilise pas (ou peu) les nouvelles techniques de la couleur et le traitement particulier de la lumière, utilisées par les impressionnistes. Il s'en rapproche cependant par certains thèmes récurrents comme les portraits, les paysages marins, la vie parisienne ou encore les natures mortes, tout en peignant de façon personnelle, dans une première période, des scènes de genre (sujets espagnols et  odalisques entre autres). 
Lorsque Manet a peint des natures mortes, c'est  surtout pour des raisons financières qu'il l'a fait. Il avouait lui-même avoir plus de facilités à les négocier que ses portraits. Cela ne signifie pas qu'elles soient d'un intérêt mineur, bien au contraire : la scénographie qu'il impose à ses natures mortes est tout simplement prodigieuse, qu'il s'agisse de solo comme Le citron ou L'asperge ou de mise en scène collectives comme dans ces Fruits sur la table ou Panier de fruits. 
Manet aimait aussi les natures mortes : « Un peintre peut tout dire avec des fruits ou des fleurs, ou des nuages seulement », affirmait-il. Une part non négligeable de son œuvre est consacrée à ce genre, avant 1870 surtout puis dans les dernières années de sa vie où la maladie l'immobilise dans son atelier. Certains éléments de ses tableaux constituent de véritables natures mortes comme le panier de fruits dans le Déjeuner sur l'herbe, le bouquet de fleurs dans Olympia ou le pot de fleurs, la table dressée et différents objets dans le Petit déjeuner dans l'atelier. Il en va de même dans les portraits avec le plateau portant verre et carafe dans le Portrait de Théodore Duret ou la table et les livres dans le portrait d’Émile Zola. Mais les natures mortes autonomes ne manquent pas dans l’œuvre de Manet : l'artiste a ainsi plusieurs fois peint poissons, huîtres ou autres mets (Nature morte au cabas et à l’ail, 1861-1862, Louvre-Abou Dhabi, ou La Brioche, 1870 - Metropolitan Museum of Art, New York), rendant ainsi une sorte d'hommage à Chardin. Il a peint plus souvent encore des sujets floraux qui évoquent la peinture hollandaise (roses, pivoines, lilas, violettes) ou encore des fruits et des légumes (poires, melons, pêches, citrons, asperges) .
A sa mort, Édouard Manet laisse plus de 400 toiles, des pastels, esquisses et aquarelles. Ses plus grandes œuvres sont aujourd'hui visibles dans tous les musées du monde. 
" Considérant l'importance de la nature morte chez Manet, beaucoup – et cela dès les années 1890 – y ont vu la marque la plus évidente de la révolution qu'il accomplissait, l'avènement d'une peinture uniquement préoccupée d'elle-même et débarrassée de la tyrannie du sujet. En refusant toute hiérarchie à l'intérieur même du tableau, en donnant autant d'importance à l'accessoire qu'à la figure, Manet assurément rompait avec les règles académiques. (...) Comme Cézanne et comme Monet qu'il influencera, Manet trouvait dans la nature morte, obéissante et disponible, un laboratoire d'expériences colorées dont il répercutait aussitôt les trouvailles dans d'autres compositions ; comme Cézanne et comme Monet, il dit cette curieuse obsession de l'éclatante blancheur et voulut peindre lui aussi ces tables servies avec leurs nappes blanches "comme une couche de neige fraîchement tombée" (Nature morte avec melon et pêches, Washington, National Gallery of Art). Manet, peintre de natures mortes, a médité les grands exemples anciens, celui des Espagnols et de leurs bodegones, celui des Hollandais, celui de Chardin). Dans les années 1860, il joue des franches oppositions du noir et du blanc, bois sombre de la table, éclat d'une nappe ou serviette sur lesquelles il dispose ses notes colorées. (...)"

mardi 13 septembre 2016

De Scott Evans (1847-1898) - A plate of onions


De Scott Evans (1847-1898) 
A plate of onions (1889)
Private collection 

Que voit on ?  Comme ce peintre le faisait souvent : un seul sujet, ici des oignons, sans doute les moins nobles des légumes du 19e siècle, ce qui n'a pas toujours été le cas puisque les pharaons de l'Egypte antique prenaient soin d'emporter des bottes entières de cet aliment précieux dans leur vie future. Les oignons sont au nombre de 5  : un gros oignon blanc ;  deux petits oignons jaunes ; deux petits oignons rouges. Contrairement à son habitude  le peintre ne les a pas - dans cette nature morte -  suspendus à un fil ni présentés dans une boîte mais simplement posés dans une assiette en porcelaine blanche (dont on remarquera la finesse de la pâte) sur un entablement de bois clair.

Rappel biographique : Le peintre américain De Scott Evans s'est illustré avec un égal talent dans des genres très différents du portrait mondain  de dame de la haute société américaine dont il flattait élégamment les anatomies à la nature morte en trompe-l'oeil. Élevé dans l'Indiana, il a réalisé une grande partie de sa carrière dans l'Ohio avant de venir s'installer à New-York City. Sa réputation posthume est largement basée sur un certain nombre de trompe-l'œil de natures mortes, à tel point que l'on pas hésité à lui attribuer des tableaux qu'il n'avait jamais peints. La marque absolue de la célébrité dans les Etats-Unis du 19e siècle !

lundi 12 septembre 2016

Karl Blossfeldt (1865-1932)


 Karl Blossfeldt (1865-1932)
 Untitled V, 1929

Que voit on ?  Il s'agit d'un macro plan d'une plante dont le procédé de prise de vue - immuable- est expliqué ci-dessous dans sa biographie

Rappel biographique : Karl Blossfeldt  est un photographe allemand. Représentant de la Nouvelle Objectivité (Neuen Sachlichkeit), surtout  connu pour son inventaire des formes et des structures végétales fondamentales.
On peut comparer le résultat de son travail а celui d'un herbier mais photographique.
Dans la préface de son livre Wundergarten der Natur, Blossfeldt écrit :
« Les documents imagés parlent d'eux-mêmes. »
 « Mes documents sur les plantes doivent participer au rétablissement du lien avec la Nature. Ils devraient réveiller à nouveau le sens pour la Nature, indiquer les trésors riches dans la nature et favoriser l'observation de notre faune locale. »
L'image de la plante est agrandie entre 12 et 45 fois, а partir du négatif pris lui à l'échelle 1:1. Techniquement, les plantes devaient rester immobiles car le temps de pose était long. Blossfeldt s'est donc servi d'un coffrage en vitres placé autour de l'objet а photographier. Les reflets apparaissant sur l'image étaient supprimés durant le développement. Certaines photos comportaient des erreurs, mais il les conservait quand même dans sa collection. Ensuite, la photo était convertie en diapositive. Il a également utilisé des plantes synthétiques pour renforcer les contrastes de certaines images.
Il a utilisé une chambre photographique dite aussi chambre noire qu'il a probablement construite lui-même.
Les négatifs ont plusieurs formats : 6x9, 9x12, 13x18, et plus rarement 9x18. Les plaques en verre étaient enduites généralement d'émulsions orthochromatiques plus rarement panchromatiques. C'est pourquoi les images des plantes sont si précises.

dimanche 11 septembre 2016

Cy Twombly (1928-2011) - Cy Twombly (1928-2011) - Lemons, 2005




Cy Twombly (1928-2011)
Lemons, 2005
Private collection

Que voit on ?  Un macro plan d'un citron amarré comme un bateau à un entablement. La peau de ce citron visiblement atteint d'une maladie a été travaillée par l'artiste pour amplifier le malaise ressenti... Twombly a peint ou photographié peu de natures mortes. Celle-ci est une de ces plus fascinantes, l'intensité  inhabituelle de cette couleur jaune appliquée sur une grande surface (car cette toile est démesurée par rapport a la taille d'un citron) n'étant pas étrangère à la fascination exercée par cette œuvre.

Rappel biographique :  Edwin Parker Twombly Jr., dit Cy Twombly, est un peintre, dessinateur, sculpteur et photographe américainSon œuvre croise les enjeux majeurs de l'art au 20 e siècle : le dilemme abstraction/figuration, l'intervention de la psychanalyse, le primitivisme, le rôle de l'écriture en peinture, l'hommage aux anciens (il choisit souvent ses thèmes dans l'Antiquité ou dans la littérature ancienne), les liens artistiques entre Europe et Amérique.
L'œuvre de Cy Twombly se développe en marge des courants dominants de l'art américain et s'organise en de vastes cycles qui alternent. Jamais illustratrice, ni uniquement abstraite, elle demeure en retrait des débats concernant la figuration, ce qui constitue un apparent paradoxe formel. Celui-ci lui confère un caractère multiple et unique а la fois, dont témoignent l'ampleur et la diversité de ses œuvres sur papier.
L'œuvre peintemontre une grande diversité dans ses techniques et ses enjeux. Nombre de ses toiles sont des surfaces blanches recevant toute sorte de traces : chiffres, croix, schémas géométriques, barbouillages réalisés au doigt, griffonnages en hachures ou en boucles, écoulements sanglants ou scatologiques et enfin quelques mots (noms de dieux ou de héros antiques, vers de poètes célèbres, etc.). La peinture а l'huile reprend les teintes des humeurs corporels (du blanc-crème au brun) L'écriture est heurtée, les lettres capitales se mélangent aux minuscules, les mots les plus simples sont raturés. L'œuvre achevée, l'essentiel de la surface de la toile reste vierge. 
Au cours des dernières années, et malgré son âge avancé, l'artiste s'est considérablement renouvelé.  Chaque motif apporte ses propres couleurs si bien que le bas de certains tableaux est une juxtaposition de coulures dont les teintes alternent aléatoirement. Le gribouillage énergique a laissé sa place а un geste plus ample avec une peinture liquide sur laquelle la gravité agit. De plus, la palette est plus riche et les couleurs (notamment les jaunes ou les rouges) atteignent une intensité rare . Twombly prouve ici ses qualités de coloriste. Un thème nouveau est venu accompagner cette entrée dans la couleur : les fleurs. Sur des toiles ou des planches de plusieurs mètres de long, Twombly peint des roses ou des pivoines hors d'échelle en de grands mouvements d'enroulement. Les vers d'Emily Dickinson ou de Ingeborg Bachmann accompagnent ces motifs. Reste une constante : le rejet de la maîtrise. L'écriture est raturée, biffée, parfois effacée sommairement ; les motifs feignent la maladresse ; la gravité, associée à la texture du support et а la viscosité de la peinture, déstructure les formes. Les cycles Lepanto, Blossoms, Roses témoignent le mieux de ces récentes nouveautés.
Twombly est également photographe, activité dans laquelle on retrouve la modestie et la douceur poétique qui imprègne toute son œuvre.

samedi 10 septembre 2016

Jacob Foppens van Es (1596-1666) - Still-Life of Grapes, Plums and Apples



Jacob Foppens van Es (1596-1666)
Still-Life of Grapes, Plums and Apples.
Private collection (UK)

 Que voit on ?  Sur un entablement en bois clair, un plateau d'argent contenant des grappes de raisins noirs encore attachés à leurs sarments et des grappes de raisins blancs dont les grains sont brillants à souhait,  des pommes si luisantes qu'elles ressemblent à des Reine-Claude et deux pêches à la peau si pâles qu'elles pourraient être aussi de très grosses amandes. Le reflet des fruits sur le rebord du plateau d'argent est parfait, de même que son ombre portée vers un vase de pivoines qui occupe la droite du cadre. Deux oeillets sur l'entablement ponctuent la composition.

Rappel biographique : Jacob Foppens van Es est un peintre né à Anvers dans les Pays-Bas espagnols, spécialisé dans les peintures de repas, les natures mortes et les fleurs, comme bon nombre de peintres flamands de cette époque. Les données biographiques sur la vie de Jacob Foppens van Es sont rares. L’inscription sur un portrait de Foppens van Es gravé par Venceslas Hollar d’après un tableau de Joannes Meyssens indique qu’il est né à Anvers. En 1617, il devient maître de la Guilde de Saint-Luc à Anvers. Le fait qu’il n’ait pas été inscrit comme élève à la Guilde avant de devenir maître indique qu’il s’est probablement formé en dehors d’Anvers. Au moment de son enregistrement en tant que maître à Anvers, il était déjà marié à Joanna Claessens avec qui il avait un fils appelé Nicolaas. Nicolaas devint maître de la Guilde en 1648. Son succès en tant qu’artiste est attesté par la présence de ses oeuvres odans de nombreuses collections anversoises au 17ème siècle. Même l’inventaire du principal peintre baroque flamand Peter Paul Rubens comprenait deux de ses œuvres. Jacob Foppens van Es jouissait d’un statut élevé parmi les plus grands artistes anversois et a été actif pendant 50 ans. Jacob Foppens van Es fut un artiste très prolifique. Environ 125 de ses œuvres sont parvenues jusqu'à nous , toutes signées de son nom complet « I. (ou IACOB) VAN ES ». Mais étant donné qu'il ne datait jamais ses œuvres, il est impossible aujourd'hui de retracer la chronologie de sa production et l’évolution de son travail. Ses natures mortes décrivent généralement une accumulation d’objets sans rapport entre eux, posés sur un plan fortement inclinée, la principale préoccupation du peintre semblant être non pas la signification des symboles mais la réalisation de couleurs riches. Ses natures mortes sont dites "archaïsantes" sur le modèles de celles des grands maîtres flamands Osias Beert et Clara Peeters. Certaines subissent directement l'influence de Floris van Schooten. 
 
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2016 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau 

vendredi 9 septembre 2016

Henri Le Sidaner (1862-1939) - Goûter dans un sous bois à Gerberoy


Henri Le Sidaner (1862-1939) 
Goûter dans un sous bois à Gerberoy (1925)
Collection privée (New York)

Que voit on ? Avec toute la délicatesse propre à ce très grand peintre impressionniste français : un picnic dans un sous-bois. Sur la nappe blanche étendue au sol sur les feuilles jaunissantes : une miche de pain, deux bouteilles devin dont l'une vide, deux verres dont l'un plein, deux assiettes en porcelaine, vides, une coupe contenant 3 pêches et des grappes de raisins blancs à même la nappe... autant de fruits de l'été finissant. On remarque, accroché à la branche d'un arbre par son ruban de soie jaune, une capeline feminine devenue superflue dans la fraîcheur et l'ombre du sous bois. 
Un chef d'œuvre ! 

Rappel biographique : Le peintre français post impressionniste Henri Le Sidaner fut ami de Claude Monet et élève aux Beaux Arts de Paris de Cabanel qu'il soutint toute sa vie. C'est  à partir de l'année 1900 qu'il se consacre à une peinture intimiste dont il exclut systématiquement toute figure humaine : jardins déserts, tables servies pour d'hypothétiques hôtes et présentant de magnifiques natures mortes (qui disent rarement leur nom,) campagnes solitaires expriment une vision silencieuse et paisible, nimbée de mystère. Son succès ne se démentira pas de son vivant. Dans la recherche de l'instant intime, de « l'arrêt sur image », les toiles que Le Sidaner peint à  Gerberoy où il habite à partir de 1900,  dépeignent une incomparable douceur de vivre en même temps qu'elles déclinent selon l'heure et la saison des accords chromatiques variés. A partir de l'été 1903  c'est le début des motifs d'intérieur à la fenêtre ouverte et des tables de jardin, des crépuscules... À l'aide d'un soigneux arrangement de nature morte, le peintre décline harmonieusement la sensation du « temps qui s'arrête ». C'est ce qui lui a souvent valu d'être comparé à Marcel Proust dans le domaine de la littérature.

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2016 - A Still Life Collection
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jeudi 8 septembre 2016

Henri Matisse (1869-1954)- Nature morte au tapis rouges



Henri Matisse (1869-1954)
Nature morte aux tapis rouges (1906)
Musée de Grenoble

 Que voit on ?  Dans une atmosphère d'intérieur clos et douillet plein de tentures, de tapis et de châles en cashmere, comme Vuillard les affectionnait : plusieurs éléments disparates posés sur deux tapis rouge recouvrant une banquette murale.  On trouve sur cette banquette : un livre fermé qui pourrait être aussi une boîte en carton blanc, une pastèque, un plat en céramique à motif contenant des pêches, un éventail chinois, un coupe contenant trois fruits impossibles à identifier. En marge de la banquette, sur un guéridon d'appoint recouvert de tissu, un vase en céramique à motifs marrons.

Bref rappel biographique : le peintre français Henri Matisse, chef de file du Fauvisme figure majeure du 20e siècle, a peint tout au long de sa vie, un très grand nombre de natures mortes dans des styles aussi différents que les périodes qu'il a traversées.  Il aimait particulièrement ce genre à tel point qu'une de ses toutes premières peintures connues, actuellement conservée au Musée Malraux du Havre (France) est une nature morte, Nature morte au pichet peinte en 1896-97.

mercredi 7 septembre 2016

Emmanuel Sougez (1889-1972)


Emmanuel Sougez (1889-1972) 
Ananas, 1936 
BnF, Paris 

Que voit on ? C'est ce que l'on appellerait  de nos jours un  "macro plan", mais qui dans ce milieu des années 1930 ne portait pas encore cette appellation.  Le sujet traité est un ananas ou plus précisément une peau d'ananas saisie dans la multitude de variations qu'elle peut offrir à  un regard aussi scrutateur, presque scientifique.

Rappel biographique :  Jeune étudiant aux Beaux-arts de Bordeaux, Emmanuel Sougez voit bientôt dans la photographie le moyen de circonvenir le risque d'un éventuel insuccès artistique. L'histoire de la photographie est heureusement riche de ces détournements de vocations, et Paris puis Lausanne offrent à Sougez les moyens de ses ambitions. Dans les studios qui l'emploient, il perfectionne une pratique de l'image appliquée à la publicité et l'illustration.
Par le hasard d'une rencontre, Sougez est conduit en 1926 à fonder le service photographique du journal l'Illustration. Devenu acteur important du Paris photographique, il contribue par ailleurs à perfectionner un système de prise de vue en couleur : le procédé Finlay.
Dans la florescence éditoriale de l'entre-deux guerres, Emmanuel Sougez publie dans la revue Arts et Métiers Graphiques, éditée par l'indéfectible Charles Peignot. Les plus grandes signatures, Kertész, Man-Ray, Krull, Moholy-Nagy s'y expriment et cet illustre voisinage finit d'asseoir sa renommée.
Expositions et succès critique s'enchaînent. En 1937, Emmanuel Sougez participe à l'émergence du groupe Le Rectangle, qui défend une photographie technique, professionnelle et maîtrisée. Pourtant, la situation de la France occupée, dans le conflit mondial, jette sur l'entreprise un voile de malentendu qui s'estompera en 1946 avec la fondation du Groupe des XV.
Adepte des grands formats, rigoureux à la prise de vue comme au tirage, et créditant l'objet de sa photographie d'un équilibre et d'une exactitude formels intrinsèques, Emmanuel Sougez peut s'inscrire dans le grand courant de la photographie objective, qui s'étendrait d'Albert Renger-Patzsch à Edward Weston. Puriste par ferme conviction il n'a de cesse de pratiquer la photographie qu'en " ennemi du hasard ".

mardi 6 septembre 2016

Marie Bracquemond (1840-1916) - Bouquet de crevettes 1887

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Marie Bracquemond ( 1840-1916) 
Bouquet de crevettes 1887
Private collection 

Que voit on ?  Posé sur un entablement de pierre : un sac en papier ouvert contenant des crevettes roses. A côté :  dans un beurrier en porcelaine beaucoup plus précieux que le contenant des crevettes, du beurre.  Marie Braquemont - grande portraitiste - a peint très peu de natures mortes, ce qui rend celle-ci peinte presque accidentellement d'autant plus précieuse.

Rappel biographique : Beaucoup d'experts considèrent Marie Bracquemond  comme l'une des trois peintres féminines majeures de l'impressionnisme en compagnie de Berthe Morisot et  de Mary Cassatt. Elève du grand Ingres, elle peignit notamment des fleurs, des natures mortes, des paysages et des scènes d'intérieur ;  elle a aussi exécuté des décorations murales et des dessins pour des vases en céramique. La reconnaissance de son talent est relativement récente. Longtemps influencée par Ingres, notamment dans le portrait qu'elle fait de son fils en 1878, Marie s'éloigne de son maître avec des couleurs claires et des variations dans les tons de blanc dans son t Portrait de femme présenté à la cinquième exposition impressionniste.
Ses débuts de peintre date du Salon de 1859, manifestation où elle expose régulièrement des toiles jusqu’en 1864.  Pour l'Exposition universelle de 1878, elle présente un grand panneau en carreaux de céramique (aujourd'hui disparu) sur le thème des muses des arts réalisé pour le manufacturier Charles Haviland. Edgar Degas en fait le compliment et c’est ce qui conduit Marie Bracquemond à participer en 1879 à la quatrième exposition du groupe impressionniste. Très liée avec Édouard Manet auquel elle tiendra compagnie dans ses derniers moments, elle reproduit son style dans certaines de ses natures mortes (Les Crevettes, 1887) ou des vues de jardin (L'Allée). Elle est aussi très liée avec le couple Sisley qui lui sert de modèle pour le tableau En bateau (Sisley et sa femme)Femme à l'ombrelle (esquisse de Madame Sisley), Sous la lampe (portrait du couple Sisley).
Une grande partie des œuvres de Marie Bracquemond appartient à des collectionneurs privées. On ne les voit que très rarement lors d'expositions de femmes-peintres ou d'impressionnistes. Les œuvres ont généralement pour sujet le paysage de Sèvres ou les coteaux de Bellevue, mais aussi des portraits oщ les variations de couleurs montrent un savoir-faire  très apprécié par ses contemporains, mais hélas injustement tombé un peu dans l'oubli depuis lors. 
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2016 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau


lundi 5 septembre 2016

Emil Nolde 1867-1956) - Still life with dancers



Emil Nolde 1867-1956)
Still life with dancers (1910)
Private collection (Spain)

Que voit-on ?  Sur un entablement d'un bleu profond qui contraste fortement avec le rouge très prononcé du mur : deux vases de  céramique jaune-canari dont chacun contient des fleurs (tulipes). A droite de l'un des vases une petite statue représentant une vache de type Holstein à la robe noire et blanche. Sur le mur : un petit tableau est accroché qui représente deux danseuses aux cheveux rouges habillés de pagnes ou de tutu noir et dont les seins sont nus, figurant sans doute des danseuses tahitiennes ou - au moins - exotiques.

Rappel biographique : L'aquarelliste et  peintre expressionniste allemand Emil Nolde pratique la sculpture ornementale avant de s'intéresser à la peinture  La partie la plus connue de son œuvre reste ses tableaux de style expressionniste.  Ses thématiques sont variées, allant du religieux aux paysages et aux nature mortes d'objets.  Quelques thèmes sont plus développés, comme la danse ou les masques. Emil Nolde a souvent peint à  l'aquarelle mêlant aux couleurs diluées dans l'eau de l'encre de Chine ou de la craie. Il utilise particulièrement ces techniques durant la  Seconde Guerre mondiale où il peint plus de 1300 œuvresLe peintre a eu une activité importante de gravure dont la lithographie.  Une seule toile de lui est conservée dans les collections publiques en France, il s'agit de  Nature morte aux danseuses, 1914, au Musée National d'art moderne du Centre Georges Pompidou.