samedi 31 mai 2014

Cristoforo Munari (1667-1720)



Cristoforo Munari (1667-1720)
Natura morta con melone, una tazza blu e bianca ottagonale su un caricatore d'argento
Private collection

Que voit-on ?  Dans ce tableau extrêmement célèbre de Munari, on peut voir un bel exemple de sa capacité  à rendre un sujet avec des détails remarquables et une grande fidélité à la nature. L'artiste oppose ici la douce texture de la chair du melon et la texture de l'émail étincelant des pièces de porcelaine chinoise. Il peint le jeu subtil des reflets et des transparences entre les objets et le plateau d'argent sur lequel ils reposent. avec une justesse rare. Le fond sombre du tableau est aussi une des caractéristiques stylistiques de Munari pour découper  plus nettement les formes des  objets, en l'occurrence les bols (l'hexagonale et le rond) et le melon. 
Francesca Baldassari rappelle dans sa monographie de Munari parue en 2008, que cette nature morte qui se trouvait dans la collection Lodi,  possédait un " pendant " représentant 3 coquillages et 2 tasses de porcelaine. Il était courant que Munari peigne ses natures mortes en paire, sans doute pour satisfaire aux exigences de décoration des palais de sa riche clientèle. Le pendant se trouve aussi aujourd'hui dans un collection privée, mais séparé de cette toile.

Rappel biographique : le peintre italien Cristoforo Munari, aussi connu comme Cristofano Monari, était spécialisé dans les natures mortes. Il suivit sa formation initiale à Reggio Emilia, sa ville natale, puis vient à Modène sous le patronage de Rinaldo d'Este, duc de Modène. En 1703-1706, il vécut à Rome, puis à Florence pendant une dizaine d'années, où il fut attaché à la cour des Médicis.   Très apprécié de ses contemporains,  le collectionneur Gabburri le décrivait au 18e siècle comme  : " un peintre remarquable de natures mortes aux ustensiles de cuisine, instruments de musique, étoffes, verres, fruits et fleurs "
La profusion mais aussi le raffinement qui s'étalent dans ses natures mortes (porcelaines de Chine, verre de Venise, tapis d'Orient, instruments de musique, etc...) suggèrent le luxe et l'abondance qui régnait à la cour des Médicis. Il a peint aussi des panoplies et des trophées de guerre. En 1715, il déménagea à Pise, où il  travailla presque exclusivement dans la restauration d'oeuvres d'art et où il mourut en 1720.
Une retrospective de ses tableaux a été organisée en 1998 à Reggio Emilia, où elle a connu un énorme succès.

vendredi 30 mai 2014

Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901)




Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) 
Nature morte avec fruits et bouilloire. 
(Coll. part.)

Que voit- on ?  Sur un entablement qui peut être une commode ou une étagère, de gauche a droite : deux fruits esquissés et qui semblent être des poires, une assiette elle aussi esquissée au dessin dans laquelle figure trois poires et deux pommes peintes et achevées. Derrière ce premier plan un peu sur la droite su cadre une bouilloire, parfaitement dessinée et peinte et à l'arrière de la bouilloire,  la silhouette d'une cruche simplement évoquée. 

Rappel biographique : le célèbre peintre  français Henri de Toulouse-Lautrec, né Henri Marie Raymond de Toulouse-Lautrec-Monfa étai aussi  dessinateur, lithographe et illustrateur.  Né dans l'une des plus vieilles familles nobles de France, descendant en effet en droite ligne des comtes de Toulouse qui furent jusqu'au 13e siècle parmi les plus puissants féodaux du royaume, Henri de Toulouse-Lautrec hérita de ce nom illustre, mais sans fortune et avec une infirmité génétique due aux mariages consanguins fréquents dans sa famille, la pycnodysostose. 
Toulouse-Lautrec vécut pour son art.  Le  catalogue raisonné de ses œuvres publié en 1971 énumère 737 peintures, 275  aquarelles, 369  lithographies (y compris ses célèbres affiches) et environ 5 000 dessinsDans sa jeunesse les chevaux constituaient pour lui un sujet habituel. Depuis l’enfance, il aimait l'équitation et devoir y renoncer à cause de sa maladie fut pour lui quelque chose de très douloureux, c’est pourquoi il décida de continuer à faire vivre dans ses œuvres sa passion pour les chevaux.
Au début de sa carrière, il peignit quelques nus masculins comme exercices, mais ses meilleurs nus sont ceux des femmes. qu'il peignit, pas forcément de belles jeunes filles, mais plutôt des femmes qui commencent à vieillir. Pour peindre ce genre de tableaux il s’inspirait d’Edgar Degas.
Il ne cessait de dessiner : quelques dessins sont des œuvres en eux-mêmes, mais beaucoup sont des ébauches pour des peintures ou des lithographies. Quelquefois ses dessins ressemblaient à des caricatures qui, en quelques traits, rendaient un geste ou une expression 
Il créa 31 affiches et 325 lithographies, inventant une technique de "spray" originale, consistant à gratter une brosse à dents chargée d'encre ou peinture avec un couteau.
N’ayant pas besoin d’exécuter des œuvres sur commande, Lautrec choisissait des sujets qu'il connaissait bien ou des visages qui l’intéressaient et, comme il fréquentait des gens de toute sorte, ses tableaux couvrent une vaste gamme de classes sociales : nobles et artistes, écrivains et sportifs, médecins, infirmières et figures pittoresques de Montmartre. Beaucoup de ses tableaux montrent des prostituées parce qu’il les considérait comme des modèles idéaux pour la spontanéité avec laquelle elles savaient se mouvoir, qu’elles fussent nues ou à moitié habillées. Il peignait leur vie avec curiosité, mais sans moralisme ni sentimentalisme et, surtout, sans chercher à leur attribuer le moindre caractère fascinant.
En tant qu'illustrateur, Henri de Toulouse-Lautrec a réalisé des affiches devenues célèbres et, partie moins connue de son œuvre, il a également illustré une quarantaine de chansons, des succès principalement interprétés dans les trois grands cabarets parisiens de l'époque : Le Moulin Rouge  et Le Mirliton d' Aristide Bruant. 
La nature morte n'était pas son sujet de prédilection, cependant il en dessina quelques une quelques une comme celle ci, restée inachevée et d'un grand modernisme. D'autres (avec verre d'absinthe notamment) sont incluses dans certains de ses portraits de personnage de Montmartre ou ou de prostituées. On ne peut que regretter que Toulouse Lautrec n'ait pas plus illustré ce genre, pour lequel il était comme pour tout le reste,  extrêmement doué.

jeudi 29 mai 2014

Henri Matisse (1869-1954) - La Desserte rouge

Henri Matisse (1869-1954) La Desserte rouge (1908) Huile sur toile, 180 x 220 cm  Musée de l'Hermitage,  Collection Chtcoukine, Saint-Petersburg


Henri Matisse (1869-1954)
La Desserte rouge (1908)
Huile sur toile, 180 x 220 cm 
Musée de l'Hermitage,  Collection Chtcoukine, Saint-Petersburg

Cette œuvre peinte en 1908 est dans le domaine public depuis 1969, années de guerre incluse dans le calcul

 Ce que l'on voit : Ce tableau La Desserte rouge appelé aussi quelquefois Harmonie en rouge est sans doute l'un des plus célèbres d'Henri Matisse. Il s’agit d’une scène d’intérieur où l’on peut voir une femme, qui dresse une table (la desserte) sur laquelle sont posés des fruits, des carafes constituant ainsi une nature morte  à la composition très aérée. Il y a deux chaises. A gauche, une fenêtre permet de voir la végétation à l’extérieur.  La couleur dominante est le rouge, qui donne son nom au tableau et se trouve à al fois sur la table comme sur le mur, de telle manière que l’on se sent comme envahi par cette couleur vive. Le dessin est simplifié, beaucoup de détails sont supprimés. Cependant, des formes occupent tout le tableau, notamment les motifs bleus que l’on retrouve aussi bien sur la nappe que sur le mur. De fait, on n’arrive pas facilement à distinguer les deux.
La peinture est déposée en aplats de couleurs : il n’y a pas de dégradé, pas d’effet de modelé. Le paysage  (dans le style Nabis) vu par la fenêtre parait tellement plat qu’on pourrait penser qu'il s'agit non pas d'une fenêtre mais d'un tableau posé contre le mur.  Seuls la chaise, qui est légèrement de 3⁄4, et le coin de table permettent de donner de la profondeur ; l’impression générale du tableau est qu’il n’y a pas de perspective, que l’ensemble est plat.   On retrouve dans ce tableau l' intérêt de Matisse pour le motif décoratif. Ici, les décorations bleues sont plus visibles que les autres figures du tableau. La couleur ne sert pas seulement à identifier des éléments, mais elle est elle-même un des éléments importants du tableau, comme elle l'était déjà dans la desserte blanche  (publiée aussi  sur ce blog). Lorsque l'on compare les deux dessertes (la blanche et la rouge ) on mesure l'immense  chemin pictural parcouru par Matisse.

Rappel biographique : le peintre français Henri Matisse, chef de file du Fauvisme figure majeure du 20e siècle, a peint tout au long de sa vie, un très grand nombre de natures mortes dans des styles aussi différents que les périodes qu'il a traversées.  Il aimait particulièrement ce genre à tel point qu'une de ses toutes premières peintures connues, actuellement conservée au Musée Malraux du Havre (France) est une nature morte, Nature morte au pichet peinte en 1896-97.




mercredi 28 mai 2014



Pablo Picasso (1881-1973)
Nature morte à la tête  et aux côtes de mouton

Avec cette toile, Picasso poursuit  la longue tradition des natures mortes espagnoles . Il exécute la toile en 1939. Sentant la menace de guerre mondiale et déchiré par le malheur de la guerre civile espagnole, il peint une série de têtes de mouton écorchées, d'après le tableau de Goya accroché au musée du Louvre peint lui aussi  par Goya en son temps en prélude aux Désastres de la guerre. L'intensité est maximale. Il ne s'agit pas de pièces de boucherie, mais de cris de douleur et de désespoir, matérialisés par la denture menaçante et les couleurs de chair sanguinolente.
Picasso a découvert Goya, comme les autres peintres espagnols, en 1897, durant ses études à Madrid.




Fransisco de Goya (1746-1828) - Trozos de Carnero ou Bodegón con costillas, lomo y cabeza de cordero


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Fransisco de Goya (1746-1828)
Trozos de Carnero ou Bodegón con costillas, lomo y cabeza de cordero
Musée du Louvre - Paris


Trozos de Carnero ou Bodegón con costillas, lomo y cabeza de cordero, en français Nature morte avec les côtes et une tête d'agneau est une des peintures les plus célèbres et les plus dérangeantes de Francisco de Goya. Elle est  conservée depuis 1937 est dans les collections du Louvre à Paris. 
La composition est constituée de deux pièces d'agneau, une tête et des côtes disposées sur la table.  La tête de l' agneau porte la signature de l’artiste (de petites lettres rouge  formant le nom de Goya). Le fond est sombre et uniforme, il est peint dans des couleurs plus fortes pour que la viande soit bien visible. Le peintre ne se concentre pas sur le destin culinaire de cette viande, mais sur la mort de l’animal, sa dignité fragmentée et son corps manquant, ce qui est interprété comme une référence aux tragédies de la guerre et à ses victimes.Ce travail a été une source d'inspiration pour la nature morte avec une tête d’agneau peinte en 1939 par Pablo Picasso.
La nature morte n'était pas un thème fréquent des œuvres de Goya. Dans l’Espagne du 18e siècle, ce type de peinture avait été représenté surtout par  Luis Eugenio Meléndez dont les oeuvres sont plutôt marquées par le naturalisme et le souci du détail.
Bien que ce ne soit pas son genre favori, Goya a peint deux grandes séries de natures mortes, l'une pendant la guerre d'indépendance espagnole (1807-1814), l'autre  lors de son exil à Bordeaux. Elles sont caractérisées par d’épais coups de pinceau et une palette de couleurs limitée. Goya rejette le concept traditionnel de la vie encore et revient à l'esthétique de Rembrandt. Les natures mortes de Goya  plus que d'autres, sont une  métaphore de la mort, les animaux morts sont des victimes dont les corps sont présentés de façon directe et cruelle. La mort et l'éphémère reviennent souvent dans les œuvres ultérieures du peintre vieillissant, devenant presque une obsession dans les peintures noires.
Il est impossible de déterminer l'origine exacte de nature morte à la tête d'agneau, mais les historiens de l'art la situent entre 1808 et 1812 en raison des analogie avec les Désastres de la guerre réalisées au même moment et leurs nombreuses scènes de violence.
Le fils de Goya, Javier, hérita de la série de natures mortes qu’il transmis à son petit-fils Mariano. Mariano Goya donna ces tableaux Rafael Garcia Palencia, comte Yumuri pour rembourser des dettes. Après la mort du comte en 1865, les peintures ont été vendues et furent dispersées dans diverses collections dans le monde, certains ont été perdues.  Le Louvre s'est portée acquéreur de celle-ci en 1937.
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dimanche 25 mai 2014

Horst P. Horst (1906-1999)



Horst P. Horst (1906-1999) 
Peony in Blue Vase (1986)
Private collection

Que voit-on ?  Sur un surface partagé de façon très géométrique en un plan rouge (inférieur) et noir 
(supérieur), un vase de chine bleu dans lequel une pivoine rose a été posée. L'ombre de la pivoine se projette de façon démesurée et inquiétante sur le plan rouge. 

Rappel biographique : le photographe Horst P. Horst réfugié à Paris puis aux Etats-Unis est surtout connu pour ses photographies de mode et pas tellement pour ses natures mortes qu'il a d'ailleurs peu  porté en photos. Photographe de studio, aimant préparer minutieusement ses prises de vue, il fut très influencé par la sculpture grecque. Combinant des éclairages dramatiques, le souci du détail et des poses théâtrales, il donne une image de la femme pleine de sensibilité et de grâce. On a dit de lui qu’« il photographiait les femmes comme des déesses : inaccessibles et d'un calme Olympien ».

samedi 24 mai 2014

Beauford Delaney (1901-1979)




Beauford Delaney (1901-1979) 
Still Life with Pears (1945)


Le peintre américain Beauford Delaney  a  fait ses études  artistiques à la Massachusetts School of Art , à la South Boston School of Art, à  l'université d'Harvard, et  au cours du soir de nature morte de la Copley Society Il s'installe à  New York en 1929 puis à Paris en 1953. 
Ses œuvres sont visibles dans plusieurs grands musées américains. 
Ami  et amant de l'écrivain James Baldwin, avec lequel il séjourne  longtemps à St Paul de Vence, il est obsédé par la lumière du sud de la France.   L'œuvre de Beauford Delaney est redécouverte en 1988 par le galeriste français Philippe Briet (1959-1997), qui, de 1988 à  1994 en l'espace de trois expositions dans sa galerie new-yorkaise, contribuera progressivement à faire sortir le peintre de l'oubli aux  Etats-Unis. La presse américaine (Art in America, The New York Times, The Village Voice, The New Yorker, Arts Magazine, Vie des Arts) souligne alors cette résurrection, et s'interroge aussi sur les raisons qui conduisirent à la disparition de l'œuvre.
Aujourd'hui, galeries et musées outre-atlantique multiplient les expositions. Ann Eden Gibson considère que  " la reconnaissance des artistes expressionnistes américains de l'après-guerre passe par la construction d'une image de mâle hétérosexuel en rupture avec les poncifs jusqu'alors véhiculés dans l'imaginaire collectif. Femmes et homosexuels - dont Beauford Delaney- seraient alors laissés en marge de la reconnaissance publique immédiate et de la couverture par la presse d'information générale ".
En 2004 le Minneapolis Institute of Arts   en collaboration avec le Philadelphia Museum of Art ont propose la première rétrospective de grande ampleur de l'œuvre de Delauney. 

vendredi 23 mai 2014

Claude Monet (1840-1926) - Les deux Rougets




Claude Monet (1840-1926) 
Nature Morte aux deux Rougets
Collection privée

Que voit-on ?  Sur un torchon blanc posé sur un table en bois, deux rougets tête bêche émergeant des plis du torchon. Magnifique travail sur le reflets des écailles à peine esquissées.

Rappel biographique : le peintre français Claude Monet, l'un des fondateurs de l'impressionnisme, est surtout connu pour ses paysages et ses portraits.  " La couleur, disait-il " est mon obsession quotidienne, ma joie et mon tourment ".   Claude Monet est l’un des fondateurs de l'impressionnisme. En 1859, il part à Paris tenter sa chance sur le conseil d'Eugène Boudin. Après des cours à l'académie Suisse puis chez Charles Gleyre et la rencontre de Johan Barthold Jongkind, le tout entrecoupé par le service militaire en  Algérie, Monet se fait remarquer pour ses peintures de la baie d'Honfleur. En 1866, il connait le succès au Salon de la peinture. Toute cette période est cependant marquée par une grande précarité. Il fuit ensuite la  guerre de 1870  à Londres puis aux Pays-Bas. Dans la capitale anglaise, il fait la rencontre du marchand d'art Paul Durand-Ruel qui lui assurera sa principale source de revenu pendant le reste de sa carrière. Revenu en France, la première exposition des futurs impressionnistes a lieu en 1874. À partir de 1890, Monet se consacre à des séries de peintures, c'est-à-dire qu'il peint le même motif à différentes heures de la journée, à diverses saisons. Il peint alors parfois des dizaines de toiles en parallèle, changeant en fonction de l'effet présent. La fin de sa vie est marquée  par une maladie, la  cataracte, qui affecte son travail.
Monet peint devant le modèle sur l'intégralité de sa toile dès les premières ébauches, il retouche ensuite de nombreuses fois jusqu'à ce que le résultat le satisfasse. Contrairement à ce qu'il affirme, il termine la plupart de ses toiles en atelier, prenant modèle sur les premières peintures d'une série pour peindre les autres. D'un caractère parfois difficile, prompt à la colère comme au découragement, Claude Monet était un grand travailleur qui n'hésitait pas à défier la météo pour pratiquer sa passion. Monet résume sa vie ainsi de la meilleure manière : « Qu'y a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d'un homme que rien au monde n'intéresse que sa peinture - et aussi son jardin et ses fleurs ».






jeudi 22 mai 2014

Adriaen Coorte (1665–1707) - Still Life with Asparagus



Adriaen Coorte (1665–1707)
Still Life with Asparagus
Rijksmuseum Amsterdam


Que voit-on ?   Posée en bordure d'un entablement de pierre brisé en son centre, une botte d'asperges blanches nouée par un lien de paille dont on aperçoit la délicate attache. Dans la botte, une asperge qui n'est pas parvenue à maturité est présenté à l'envers, une autre a perdu sa tête qui git en équilibre sur l'entablement. Ce tableau inspirera notamment  Claude Monet pour la célèbre botte d'asperges que le baron Ephrussi lui commanda en 1880.

Rappel biographique : le peintre hollandais Adriaen Coorte est spécialisé exclusivement dans la peinture de natures mortes. Au contraire de la tendance de l'époque en Europe du Nord qui déployait argenterie et cristaux dans les natures mortes monumentales, Coorte a peint des natures mortes de petits formats et au sujets très intimistes pour ne pas dire minimalistes. 
On sait très peu de sa vie, si ce n'est qu'ill fut l'élève de Melchior d'Hondecoeter vers 1680 à Amsterdam et qu'il a installé son petit atelier de natures mortes à Middelburg, en 1683. Il peignait souvent sur du papier (quelquefois au dos de simples feuilles de compte) qu'il collait ou que l'on colla par la suite sur un panneau de bois ou sur un canevas pour mieux les préserver. 
Environ 80 oeuvres signées par lui ont été cataloguées, et presque toutes suivent la même composition à savoir de très petites quantités de fruits, de légumes ou coquillages, voir même quelquefois un seul fruit ou légume (comme ici) , posés le rebord d'une dalle de pierre, éclairé par le haut, avec le fond sombre typique de natures mortes du début du 17e siècle.
Les fraises des bois et les asperges sont ses motifs les plus fréquents. Les premières sont parfois représentées soit dans le même pot en terre cuite, soit dans de jolis bols bleus et blancs en porcelaine Wan-Li importés de Chine par la Compagnie des Indes. Quelques rares papillons brisent la noirceur de l'arrière-plan, ajoutant une tâche de couleur à ces compositions d'une magnifique austérité. Le fait qu'elle soient peintes sur du papier ajoutent à leur fragilité et à leur délicatesse infinie.  
Coorte ne fut pas très connu de ses contemporains en dehors de la petite ville de Middelburg et, comme Vermeer un siècle avant, il est totalement tombé  dans l'oubli  jusqu'à ce que les années 1950, l'historien d'art hollandais Laurens J. Bol, publie une première monographie suivie en 1977 d'un catalogue raisonné de l'oeuvre de  Coorte.   


mardi 20 mai 2014

Marsden Hartley (1877-1943) - Movement n°10



Marsden Hartley (1877-1943)
Movement n°10 (1917)
Frye Art Museum Collection

Rappel biographique : Le peintre américain Marsden Hartley (1877-1943) a séjourné à Paris dès 1912, période à la laquelle il a fait partie du cercle de Gertrude Stein. L'année suivante il rencontre à Berlin, Vassily Kandinsky par lequel il est très impressionné au point de commencer à peindre une série de peintures abstraites, avec des formes aux contours très nets et des couleurs vives  C'est a cette époque aussi qu'il entame une histoire d'amour avec un officier allemand qui sera tué au combat pendant la Première Guerre mondiale et le laissera inconsolable.  Il enchaînera ensuite les aller-retour entre l'Europe et les Etats-Unis avant de se fixer en 1937 dans le Maine après avoir déclaré qu'il voulait devenir «le peintre du Maine» et dépeindre la vie américaine à un niveau local. Hartley se rapproche alors du  mouvement régionaliste,  un groupe d'artistes actif du début au milieu du 20ème siècle et  qui a tenté de représenter un" art américain différent ". Il a continué à peindre dans le Maine, jusqu'à son décès en 1943. Hartley a trouvé un expressionnisme original et très personnel qui donne toute sa mesure non pas tant dans ses natures mortes (assez rares) que dans les peintures des paysages austères et tourmentés du Maine qu'il a  merveilleusement peint.

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lundi 19 mai 2014

Katsushika Hokusai - 葛飾 北斎 (1780-1849) - Still Life with Double Cherry-Blossom Branch...



Katsushika Hokusai - 葛飾 北斎  (1780-1849)
Still Life with Double Cherry-Blossom Branch, Telescope, Sweet Fish, and Tissue Case 
(ca.1804–13). 
The MET, New York

Que voit-on ?  C'est un dessin dans le dessin !  Dans la bas du cadre ce qui attire l'oeil c'est le télescope et sa magnifique protection de soie brodée. Ce sont aussi ces deux poissons (mets favoris des japonais) solidement attachés à une lien de paille tressée. Cela peut être aussi la pochette de soie  entrouverte près de la lentille du télescope et qui abrite peut être le chiffon qui permet de garder l'optique toujours propre.  Mais en réalité l'élément principal de ce dessin, ne serait ce pas plutôt la délicate branche de cerisier en fleur dessinée sur le papier où reposent les autres éléments ? 

Rappel biographique : le dessinateur et peintre japonais Katsushika Hokusai  connu plus simplement sous le nom de Hokusai  est un  spécialiste de l’ukiyo-e, graveur et auteur d'écrits populaires. Son œuvre influença de nombreux artistes, en particulier Paul Gauguin, Vincent van Gogh, Claude Monet et Alfred Sisley, et le mouvement artistique appelé japonisme. Il signa parfois ses travaux, à partir de 1800, par la formule Gakyōjin« le Fou de dessin ». Certains historiens d'art le voient comme le père du manga, mot qu'il a inventé et qui signifie à peu près  : « esquisse spontanée »
Hokusai laisse derrière lui près de 30 000 dessins.

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dimanche 18 mai 2014

Henri Fantin-Latour (1836-1904) - Nature morte de fiançailles (1910)

Henri Fantin-Latour (1836-1904) Nature morte de fiançailles (1910) ,Musée de Grenoble


Henri Fantin-Latour (1836-1904)
Nature morte de fiançailles (1910)
Musée de Grenoble

Le peintre et lithographe français Henri Fantin-Latour était plus connu  de son vivant pour ses portraits de femmes, ses portraits de groupes dont il rénova le style compassé et  pour ses peintures allégoriques que pour ses natures mortes, pourtant admirables. Aujourd'hui c'est exactement le contraire  ! Membre du groupe dit « de 1863  », puis du Cénacle des Batignolles où l'Impressionnisme serait né, Fantin-Latour fait souvent figure de chaînon entre la peinture romantique et l'impressionnisme.  Ses natures mortes, fleurs ou fruits, ont souvent trouvé acquéreur grâce à son ami Whistler qui a attiré en l'attention en Angleterre sur Fantin, à une époque où la peinture impressionniste française était peu appréciée dans ce pays.


samedi 17 mai 2014

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - La brioche (1763)

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) La brioche (1763) Musée du Louvre. Paris


Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
La brioche (1763)
Musée du Louvre. Paris  

Ce que l'on voit : Sur un entablement de pierre, de gauche à droite, un sucrier en porcelaine de Sèvres à décor de fleurs et bronze deux pêches qui donnent le premier plan en masquant légèrement la base droite du sucrier et la base gauche du plat en argent sur lequel est posé une somptueuse brioche. Au sommet de la brioche est piquée une branche d'oranger avec une fleur à peine éclose, introduisant l'idée d'un parfum en peinture, suggérant que la brioche est peut être aromatisée à l'essence de fleur d'oranger... Sur la moitié droite de la composition, trois biscuits sous le plateau en argent (dont un biscuit à la cuillère) débordant de l'entablement donnent la profondeur de champ. A l'extrême droite du cadre enfin ponctuant la composition un précieux carafon en verre taillé rempli de vin ou de liqueur et fermé par un bouchon doré devant lequel sont posés trois cerises.
La Brioche et son pendant, Raisins et grenades, illustrent l'évolution de Chardin qui, après avoir peint surtout des ustensiles les plus quotidiens, se plaît, dans les natures mortes de la maturité, à décrire des objets rares ou précieux, comme ici un sucrier de porcelaine, un carafon en verre taillé.

Rappel biographique :
Chardin est nommé Trésorier de l'Académie en 1755, et deux ans après, Louis XV lui accorde un logement dans les Galeries du Louvre, ce dont il se montre très fier. Marigny, dont la bienveillance à l'égard de Chardin ne sera jamais démentie, est à l'origine de cet honneur rendu au peintre et l'en avertit lui-même. Très occupé par ses fonctions de trésorier et par la responsabilité qui lui incombe de l'arrangement des tableaux pour le Salon de l'Académie (office dit de « tapissier » qui lui vaudra des démêlés avec Oudry), Chardin, qui se consacre à nouveau à son premier « talent » depuis 1748, compose de plus en plus de natures mortes. Il expose toujours des peintures de genre mais cesse d'en créer: ce sont, la plupart du temps des œuvres antérieure ou des variantes. Les natures mortes qu'il expose dans cette période sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres, etc. Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, voire des effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. 
Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi.
 Durant cette période le style de Chardin va évoluer : « En un premier temps, l'artiste peint par larges touches qu'il dispose côte à côte sans les fondre entre elles (…) ; après avoir pendant quelques années, vers 1755-1757, multiplié et miniaturisé les objets qu'il éloigne du spectateur, tenté d 'organiser des compositions plus ambitieuses, il accordera une place de plus en plus grande aux reflets, aux transparences, au « fondu » ; de plus en plus ce sera l'effet d'ensemble qui préoccupera l'artiste, une vision synthétique qui fera surgir d'une pénombre mystérieuse objets et fruits, résumés dans leur permanence. » (Pierre Rosenberg, Catalogue de l'Exposition de 1979, p. 296).
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vendredi 16 mai 2014

Paul Cézanne (1839-1906) - Nature morte aux pêches et cerises



Paul Cézanne (1839-1906)
Nature morte aux pêches et cerises 
Los Angeles County Museum of Art

Que voit-on ?  dans un intérieur provençal, devant une tenture a impression vertes  sur une table en bois recouverte d'un linge blanc de gauche a droite, posée sur le  linge blanc un assiette en céramique vernissée blanche pleine de cerises,  sur la table elle même un vase en céramique vernissée verte sans contenu, à même la table en bois un autre assiette blanche avec 6 pêches. Une pêche a roulé hors du plat sur la table.

Rappel biographique : Cézanne a peint environ trois cents tableaux et parmi ses premières « obsessions picturales », ce sont les natures mortes qui arrivent en tête, et notamment les pommes. Pour Cézanne, la nature morte  est un motif comme un autre, équivalent à un corps humain ou à une montagne, mais qui se prête particulièrement bien à des recherches sur l'espace, la géométrie des volumes, le rapport entre couleurs et formes : « Quand la couleur, est à sa puissance, la forme est à sa plénitude » disait-il. Incomprises en leur temps, les natures mortes de Cézanne sont devenues depuis lors l'un des traits caractéristiques de son génie.

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jeudi 15 mai 2014

Osias Beert (1580-1623) - Nature morte avec trois verres, avec cerises et olives vertes

Osias Beert (1580-1623) Nature morte  avec trois verres, avec cerises et olives vertes (1608) Staatliche Museen, Gemäldegalerie, Berlin


Osias Beert (1580-1623)
Nature morte  avec trois verres, avec cerises et olives vertes (1608)
Staatliche Museen, Gemäldegalerie, Berlin

Que voit on ? Sur une table de pierre qui est sans soute un marbre dépoli, la composition s'articule autour de trois verres posées en diagonale et de deux coupes de porcelaines de Chine (contenant des cerises) et d'une assiette en étain (contenant des olives vertes)  disposées en triangle. Les verres a pieds extrêmement précieux (surtout le premier dont le pied est en bronze doré) contiennent du vin rouge (pour le plus précieux), de l'eau (pour le plus "flûté") et du vin blanc (pour le verre de Venise). Un pain (a gauche) un couteau( adroite) et une libellule au centre parachèvent l'équilibre de cette composition très symbolique. 

Rappel historique : Il existe aujourd'hui douze tableaux signés Osias Beert, auxquels s'ajoute une trentaine d'œuvres qui lui sont attribuées. Deux autres artistes, Isaac Soreau et Jacob van Hulsdonck, travaillent alors dans le même esprit. Les œuvres d'atelier présentent généralement une qualité plastique un peu plus faible et un certain archaïsme de la composition. Beert aime disposer sur la profondeur les éléments de sa composition, n'hésitant pas à les faire déborder sur les côtés du cadre. La présence d'éléments étrangers, par exemple une libellule  lui permet d'évoquer le côté périssable et la vanité des biens terrestres. L'introduction d'insectes dans une nature morte quelle qu'elle soit a toujours au 16e et 17e siècle cette même signification. En comparaison du nombre de tableaux qu'il a peints, la proportion de ceux qui contiennent des huîtres et des friandises est impressionnante. Ce furent deux de ses thèmes les de prédilection, symbolisant eux aussi la fragilité du vivant. Considéré comme un précurseur dans le développement de la nature morte, Beert, demeuré longtemps méconnu, a été redécouvert en 1938 lorsque les collectionneurs ont commencé à s'intéresser aux natures mortes. Simultanément à ses activités de peintre, Beert travailla dans le négoce du liège pour augmenter ses ressources. Il habitait dans le quartier des pêcheurs et il fut membre de la Chambre de réthorique Den Olijftak à partir de 1615. Il forma dans son atelier quelques élèves dont : Jean Ykens, Pierre Doens, François Ykens, Paulus Pontius, Jean Willemssen et François van der Borcht. Il aurait aussi collaboré avec Rubens.

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mardi 13 mai 2014

Juan Gris (1887-1927) - Fruits, dish and lemon



Juan Gris (1887-1927)
Fruits, dish and lemon, 1916 
The Phillips Collection, Washington

Que voit on ? Une composition des débuts  de Juan Gris, très cubiste, splendidement cubiste et entièrement monochrome où le blanc et le noir s'octroient les rôles principaux  bien que ce soit le citron et son jaune éteint qui occupe le premier plan. Ni Braque ni Picasso ne parvinrent jamais,  à technique égale, à une telle force expressive qui rivalise avec celle d'un Zurbaran.


Rappel Biographique : Le peintre espagnol Juan Gris vécut et travailla en France à partir de 1906, où il fut proche du mouvement cubiste mais occupa une place très à part dans la peinture de son temps, sans doute toujours dans l'ombre de Picasso qui l'aurait volontiers  " éliminé de la carte "  selon les dires de Gertrude Stein. Salvador Dali disait de lui : « Juan Gris est le plus grand des peintres cubistes, plus important que Picasso  parce que plus vrai.  Picasso était constamment tourmenté par le désir de comprendre la manière de Gris dont les tableaux étaient techniquement toujours aboutis, d'une homogénéité parfaite, alors qu'il ne parvenait jamais à remplir ses surfaces de façon satisfaisante, couvrant avec difficulté la toile d'une matière aigre. Il interrogeait sans cesse : « Qu'est-ce que tu mets là ? — De la térébenthine. » Il essayait le mélange, échouait, abandonnait aussitôt, passant à autre chose, divin impatient. »
Aujourd'hui Juan Gris apparait comme un génie injustement resté dans l'ombre. Il a peint quasiment autant de natures mortes que de paysages ou de portraits.

Jusqu’en 1920, sa peinture est encore marquée par l’Espagne, celle des natures mortes de l’école de Séville des 16e-17e siècles – d’un Sanchez Cotan, d’un Valdes Léal ou d’un Zurbaran, par exemple – Gris aime profondément ces peintures des « blancs chartreux qui, dans l’ombre, glissent silencieux sur les dalles des morts ». Des blancs contrastant avec les noirs, il va donc tirer le parti le plus fort. Les œuvres des années de guerre 1916-1917 se distinguent par une sobriété, une austérité toutes particulières des couleurs sombres autant que des motifs : « C’est bien là cette ardeur castillane qui s’habille de noir, s’interdit tout éclat, et qui paraît de la froideur à un observateur superficiel », écrit Kahnweiler. Et Maurice Raynal de renchérir : « Toute l’Espagne est dans son œuvre : l’Espagne des tons livides, sulfureux et sombres du Greco, de Zurbaran, de Ribera, de Herrera. Rien ne servait davantage la notion du tableau-objet en soi que les choses les plus simples, les plus humbles et les plus maniables, auxquelles ils feront subir toutes les déformations possibles pour réaliser la plénitude de cet « objet ». 

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lundi 12 mai 2014

Fideli Sundqvist



Fideli Sundqvist 

Nature morte en papier : artichaut, ail et cruche (2012)

L'artiste Suédoise Fideli Sundqvist,  réalise  dans son atelier de Stockholm des  créations en papier, dont  une série de natures mortes, qu’elle compose avec des éléments en papier Kraft. Reprenant les codes de la photographie et de la peinture des natures mortes, ses créations en papiers sont mises en scènes dans une atmosphère feutrée et sombre rappelant les peintures classiques du 16 ème siècle… Cette série contraste fortement avec le reste de son univers pop et coloré, porteur de nombreuses histoires…

dimanche 11 mai 2014

Luis Egidio Melendez (1716-1780) - Bodegón con alcachofas y guisantes

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Luis Egidio Melendez (1716-1780)
Bodegón con alcachofas y guisantes
National Gallery, London

Que voit-on ?   Dans un paysage où apparaissent une cime d'arbre dont un tronc a été brisé et une montagne assez escarpée,  posés à même la terre, sur le flanc d'une petite colline qui permet de tracer un jolie perspective,  un bouquet d'artichauts et de petits pois.


Rappel biographique : Le peintre espagnol d'origine napolitaine, Luis Egidio Melendez  a fait carrière presque exclusivement à Madrid. Contemporain de Goya, il  est considéré aujourd'hui comme l’un des meilleurs peintres de natures mortes du 18e siècle, réputation qu'il n'avait pas de son vivant qu'il a passé dans une misère noire. C'est son père, Francisco Meléndez et Louis Michel van Loo (dont il est l'assistant de 1742 à 1748) qui assurent sa formation de peintre.
Le futur  Charles IV d'Espagne lui commanda une grande série de natures mortes, dont une partie importante est conservée au musée du Prado  à Madrid.
Ses toiles peintes dans de petits formats, dans la grande tradition de l'austérité espagnole, n'en foisonnent pas moins d'une minutie des détails. toujours peints avec une absolue perfection. La composition simple et le contraste clair-obscur, s’inscrivent dans la tradition des natures mortes baroques de Zurbaran et de CotanComme eux, Meléndez étudia les effets de lumière, la texture et la couleur des fruits et des légumes, ainsi que celles des récipients en céramique, verre et cuivre ou pailles. À la différence des maîtres du 17e siècle, il présente le sujet plus près du spectateur, en légère plongée. Ce sont des objets disposés sur une table, ce qui donne à ses formes une certaine monumentalité. Le genre permet au spectateur d’étudier l’objet par lui-même. Les fonds sont neutres, et c'est un puissant éclairage qui mettent valeur les contours de l’objet. C’est ainsi qu’il représente le duvet des fruits, les transparences des peaux des raisins, les intérieurs brillants des pastèques et quelquefois les  accidents  présents à la surface des  fruits (comme ici avec les figues vertes). 
Chaque toile de Meléndez est minutieusement composée et fait l'objet d'un mise en scène précise afin de créer  le plus grand réalisme possible. Les « grands thèmes » n’intéressèrent jamais Meléndez qui portent surtout son attention sur les choses de la vie quotidienne,  sur l’observation et l’étude de la nature. Il fut souvent comparé à Chardin, jusqu'à être même parfois surnommé  le « Chardin Espagnol » ce qui est assez stupide eut égard au caractère unique de son style et à tout ce qui différencie ces  deux grands peintres. 

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samedi 10 mai 2014

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - Nature morte avec carafe d'eau et fruits




Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
Nature morte avec carafe d'eau et fruits (1750)
55, 7 x 46 cm
Staatliche Kunsthalle, Karlsruhe.

Que voit-on ?  Sur un entablement de pierre baignant dans une atmosphère assez sombre,  de gauche a droite, un citron pelé  (symbole chez les peintre hollandais de la vie qui s'écoule) posé devant une timbale en argent (la même timbale que Chardin a peint au moins dans 12 de ces tableaux)  et à côté d'une carafe remplie au quart d'eau. Sur la partie droite, une fruit rouge qui pourrait être un kaki ou une tomate,  posé a coté et devant deux poires, l'une verte l'autre mûre,  le fruit rouge se reflétant à la fois dans le verre et dans l'eau de la carafe. Cette nature morte est d'ailleurs avant tout un travail sur les reflets et les textures : reflets sur l'argent et reflets sur le verre, prise de la lumière sur la peau des fruits.

Rappel biographique :  Jean-Baptiste-Siméon Chardin est considéré comme l'un des plus grands peintres français et européens du 18e siècle. Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, il est aussi  reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maitre incontesté.  D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre.  Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres.
Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux  effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.

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vendredi 9 mai 2014

Daisy Linda Ward (1883-1937)



Daisy Linda Ward (1883-1937)
Still Life with a Matchbox
The Ashmolean Museum of Art and Archaeology
Oxford. England


L'artiste britannique   Daisy Linda Ward a fait sa première apparition professionnelle à l'exposition d'été de la Royal Academy  en 1925. Sa spécialité était encore les natures mortes. Avec son mari, Theodore Ward, elle a collectionné  la série de natures mortes hollandaises et flamandes qui ont été léguée à l'Ashmolean en 1939.  Pour peindre ses propres natures mortes elle s'inspirait beaucoup des effets de lumières et des compositions de Willem Kalf et ses disciples.

jeudi 8 mai 2014

Alexander Archipenko (1887-1964) - Still Life on Table

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Alexander Archipenko (1887-1964)
Still Life on Table  (1918)
The Austin and Irene Young Trust

Le sculpteur américain d'origine ukrainienne  Alexander Archipenko  est connu pour être passionné par les relations entre art et science.
Pour Archipenko, il est difficile de classer l'œuvre en périodes. Il écrit lui même: « Je n'ai jamais appartenu à des écoles : j'ai été renvoyé des écoles. J'ai fait des recherches, j'ai inventé et expérimenté, ensuite on m' a imité... Pour chaque artiste, l'art est un courant créateur ascendant vers la découverte individuelle de la vérité dans les formes de la nature et les périodes ne constituent que des cases dans l'esprit des critiques. »
La problématique soulevée par la sculpture selon Archipenko, est le volume et la liaison des masses entre elles. Il est en cela encore plus extrémiste que les sculpteurs modernes tels Brancusi ou Duchamp-Villon qui sont membres comme lui du groupe de la Section d'or. Son enjeu principal est celui du vide qui a la force de l'objet absent et crée par là-même le volume. La simplification, l'évidemment des volumes tout en maintenant l'aspect figuratif sont les principes de sa sculpture. 
Picasso avait élaboré les premières règles de cette grammaire sculpturale : polychromie, intégration des matériaux les plus divers, utilisation rythmique des plans, apparitions de formes en claire-voie. Comme la peinture, la sculpture cubiste se préoccupe principalement des relations entre les objets et l'espace, des volumes et des vides qui les séparent ou dans lesquels ils s'insèrent. 
Archipenko a plus spécialement exploré la dialectique des formes concaves et convexes.
Il a développé un style personnel avec des masses corporelles simplifiées d'une façon stéréométrique, des figures dressées dans l'espace, des formes en biseau, des angles aigus, des fractures cristallines issues de l'inventaire formel du cubisme et s'inspire aussi du  maniérisme.
 Il a unifié en une forme les quatre insaisissables : l'espace, la transparence, la lumière et le reflet avec comme conséquence une sculpture moderne avec une forme concave. 
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Albert Marquet (1875-1947) - Nature morte avec pommes et bouteille.



Albert Marquet (1875-1947)
Nature morte avec pommes et bouteille.

Que voit-on ?  Des éléments très précis, ce qui est assez rare chez Marquet. Posés sur un table ronde ou un guéridon recouvert d'une nappe à motifs, de gauche à droite : un citron, un assiette contenant deux pommes entières et une pomme coupée en deux par le couteau qui prend appui sur le bord de l'assiette . Au second plan, une bouteille de vin, une pile d'assiettes en verre  bleues et un pot en céramique vernissée à motif géométrique. Sur le mur du fond : un dessin impossible à identifiable. 

Rappel biographique : Maître du paysage au regard aiguisé, le peintre français Albert Marquet a gardé de sa période fauve un certain sens de la couleur et de la lumière. Ami de Matisse et de Derain, il fait partie  du mouvement des post impressionnistes. Les natures mortes qui sont  assez rares chez ce grand paysagiste sont toujours un régal pour les yeux.

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mercredi 7 mai 2014

Robert Mapplethorpe (1946-1989)



Robert Mapplethorpe (1946-1989)
Watermelon with Knife (1985)

Que voit-on ?  Posée sur entablement étroit et sombre, sur un fond aux vapeurs tourmentés : une pastèque entière et non tranchée présentée sur le flanc. Au sommet de la pastèque exactement en son centre on voit un couteau de cuisine légèrement planté dans l'écorce et cependant triomphant.


Rappel biographique : le photographe américain  Robert Mapplethorpe est beaucoup plus célèbre pour ses portraits en noir et blanc très stylisés et ses nus masculins. que pour ses natures mortes. Le caractère cru et érotique des œuvres du milieu de sa carrière a déclenché de nombreuses polémiques  aux États-Unis toujours très puritains même en matière de création artistique et lui ont valu une réputation sulfureuse... qu'il revendiquait avec fierté ! Ses natures mortes sont en nombre très limitées et sont souvent porteuses, elles aussi,  de références sexuelles ou érotiques, plus ou moins prononcées.  

mardi 6 mai 2014

Henri Le Secq (1818-1882)



Henri Le Secq (1818-1882) 
Pichet, pipe N° 31 (vers 1852-1860)
Négatif sur papier ciré (BnF)

Le peintre français Jean-Louis-Henri Le Secq des Tournelles, fut aussi graveur, photographe et collectionneur. À partir de 1848, il débute une activité de photographe. En 1850, ses vues de la cathédrale d'Amiens, préparatoires à la restauration menée par l'architecte Viollet-le-Duc, sont remarquées. En 1851, membre de la Société Héliographique, il est retenu par la Commission des monuments historiques pour participer à la Mission Héliographique. Œuvrant sur les édifices religieux en Champagne, en Alsace et en Lorraine, Le Secq utilise à la prise de vue le procédé du calotype, qu'il traduit en épreuves sur papier salé.
Bien que reconnu comme un puriste de la photographie d'architecture, Henri Le Secq s'en détourne peu à peu au profit de natures mortes et d'images plus symbolistes. Il reste, avec ses quatre compagnons de la Mission héliographique, un « primitif » essentiel de  l'histoire de la photographie. 

lundi 5 mai 2014

Leonor Fini (1908-1996) - Nature morte aux fruits et à la bouteille

Leonor Fini (1908-1996) Nature morte aux fruits et à la bouteille Coll. part.


Leonor Fini (1908-1996)
Nature morte aux fruits et à la bouteille
Coll. part.

Rappel biographique  : L'artiste peintre d'origine italienne  Léonor Fini née à Buenos Aires et morte a Paris fut une peintre appartenant au mouvement surréaliste, une décoratrice de théâtre et une écrivaine. S'inspirant des théories des surréalistes, elle expérimente le « dessin automatique ». Elle se lie d'amitié avec Georges Bataille, Victor Brauner, Paul Éluard et Max Ernst sans jamais intégrer le groupe, n'ayant aucun goût, selon elle, "pour les réunions ni les manifestes". C'est en solitaire qu'elle explore un univers onirique mettant en scène des personnages aux yeux clos : des femmes le plus souvent où des jeunes gens androgynes, alanguis face à des sphinges protectrices évoluant ou rêvant dans un climat de fête cérémonielle où l'érotisme flirte avec la cruauté. Pour elle, la femme est sorcière ou prêtresse, belle et souveraine. Leonor Fini a réalisé de nombreux portraits,  confectionné des costumes pour le théâtre, le ballet et l'opéra et illustré de nombreux textes littéraires d'Edgar Poe à Sade en passant par Jean  Genet. De nombreux poètes, écrivains, peintres et critiques lui ont consacré des monographies, essais ou poèmes dont  Jean Cocteau, Giorgio De Chirico, Éluard, Ernst, Alberto Moravia... Leonor Fini séjournait souvent retirée du monde, mais non sans festivités, ayant eu des maisons en Loire, en Corse. Leonor fini était plus connue pour paysages et ses peintures  de chats - qu'elle adorait-  que pour ses natures mortes qu'elle peignit en nombre très restreint. 
 
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Man Ray (1890-1976)- Peach and leaf (1931)



Man Ray (1890-1976)
Peach and leaf (1931)
Private collection

 Que voit-on ? Sur un fond plan posée exactement au centre d'un feuille de vigne dont l'ombre se projette légèrement en bas à gauche du cadre : une pêche. C'est la texture de la pêche et le symbolisme  érotique de la forme qui intéresse ici le photographe  surréaliste.  

 Rappel biographique :  Emmanuel Radinsky plus connu sous le pseudonyme de Man Ray fut un  peintre, photographe et réalisateur de cinéma, acteur du mouvement Dada à New York, puis du  surréalisme à Paris. Son pseudonyme emprunte trois lettres à son prénom et trois à son nom, et signifie littéralement homme rayon (de lumière), ce qui doit être entendu comme l'homme qui écrit avec la lumière, c'est-à-dire la signification du mot photographe
À Montparnasse, durant trente ans, Man Ray révolutionne l'art photographique. Les grands artistes de son temps posent sous son objectif, comme James Joyce, Gertrude Stein ou Jean Cocteau. Il contribue à valoriser l'œuvre d'Eugène Atget qu'il fait découvrir aux  surréalistes  En 1934, Meret Oppenheim pose pour Man Ray, cette série de photos de nus devient l'une de ses séries les plus célèbres. En 1940, après la défaite de la France, Man Ray s'embarque pour les Etats-Unis en compagnie de  Salvador Dali, de sa femme Gala et du cinéaste René Clair.  Il  a photographié peu de natures mortes. Quand Man Ray, photographe surréaliste, choisit en toute liberté le vocabulaire de sa nature morte, il n'en reste pas moins fidèle au souci générique de rendre la complexité subtile des formes et les effets de reflets. Dans une de ces natures mortes (Objets 1926) il reprend, par ailleurs, sous la forme d'un briquet gravé à son nom, la tradition ancestrale de la signature d'artiste au cœur du tableau. 

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dimanche 4 mai 2014

Louyse Moillon (1610-1696) - Nature morte avec coupe de cerises et melons

Louyse Moillon (1610-1696) Nature morte avec coupe de cerises et melons (1630)  Huile sur toile, 48 x 65 cm  Musée du Louvre, Paris


Louyse Moillon (1610-1696)
Nature morte avec coupe de cerises et melons, 1630
Huile sur toile, 48 x 65 cm 
Musée du Louvre, Paris


Louyse Moillon est l'une des rares femmes peintres du XVIIe siècle français dont l’œuvre est aujourd'hui bien identifiée, la signature et la datation de ses tableaux ayant permis qu'elle échappe à l'anonymat. Depuis la redécouverte de l'artiste en 1934 lors de l'exposition des Peintres de la réalité en France au XVIIe siècle au musée de l'Orangerie, la reconnaissance de son art est longtemps restée tributaire des préjugés envers les femmes peintres. La réhabilitation de l'artiste à la fin des années 1970 est liée à l'intérêt nouveau porté aux femmes peintres et, depuis 2009, à la publication du catalogue raisonné de son œuvre par Dominique Alsina. Répertoriant précisément 69 tableaux, il replace l'artiste dans le contexte de "La nature morte au Grand Siècle" au même rang que ses contemporains masculins, Jacques Linard (1597-1645), Nicolas Baudesson (1611-1680) ou Lubin Baugin (1612-1663). Equilibre et stabilité sont les fondements des compositions de Louyse Moillon, fidèles à un schéma répétitif centré sur des corbeilles ou des paniers de fruits, posés sur une table ou une margelle, dépeints en légère contre-plongée, dans un cadrage resserré et sur un fond sombre. Le réalisme minutieux de ses œuvres, une touche précise, des coloris pleins et le rendu du velouté ou de la transparence des fruits témoignent de la maîtrise du métier, hérité de l'art flamand et acquis en côtoyant la colonie des peintres hollandais de Saint-Germain. Après la mort, de son père, Nicolas, peintre lui aussi, alors qu'elle a seulement 9 ans, sa mère se remarie avec le peintre protestant de natures mortes, François Garnier, dont le titre de « bourgeois de Paris » laisse supposer une situation prospère. Il est aussi marchand de tableaux lié au milieu de Saint-Germain-des-Prés. La fillette qui a entamé sa formation auprès de son père défunt la poursuit avec son beau-père, dont on reconnait nettement l'influence dans ses œuvres.

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samedi 3 mai 2014

Pablo Picasso (1881-1973) - Fruits dans un fruitier



Pablo Picasso (1881-1973) 
Fruits dans un fruitier (1918)
Collection particulière

Que voit-on ? Au centre du cadre un compotier plein avec seulement une pomme, une poire, un abricot et des friandises. Cette nature morte, très dans le goût des peintures de la Période Rose est à première vue d'un grand classicisme... mais à première vue seulement ! La composition des fruits et des friandises serrées dans ce petit compotier de style artisanal espagnol a déjà quelque chose de surréaliste : un embryon de visage, une pomme en forme de sein ou de tête de mort... on ne sait pas. On peut y voir ce que l'on veut et même ce que l'on ne veut pas. Un certain malaise est créé à partir de ce compotier pourtant bien naïf... à première vue....


Rappel biographique : le peintre espagnol Pablo Ruiz Picasso qui a passé l'essentiel de sa vie en France, fut aussi  dessinateur et sculpteurUtilisant tous les supports pour son travail, il est considéré comme le fondateur du cubisme avec  Georges Braque auquel son nom est lié surtout dans le domaine de la nature morte. Il est considéré comme l'un des plus importants artistes du  20e siècles tant par ses apports techniques et formels que par ses prises de positions politiques et que par l'immensité de son production tout genre confondus que l'on chiffre à près de 50 000 œuvres.
Les premiers collages et assemblages sont réalisés pendant l'hiver 1912, Nature morte à la chaise cannée (Paris, Musée Picasso), Guitare(s) en carton (Paris, Musée Picasso). A partir des années 20 ses natures mortes seront très proches, sur la même ligne de conception " cubiste analytique " que celles de George Braque, dont il devient un temps l'intime avant de s'en séparer définitivement.  Il y eut une connivence d'inspiration très rare entre ces deux peintres pendant une certaine période de leur vie et en particulier dans le domaine particulier du traitement de la nature morte. 
Picasso peint  beaucoup d'autres natures mortes après la Seconde guerre mondiale et hors de la période cubiste, mais ce n'est pas un genre qui tient une place aussi essentielle dans son oeuvre que dans l'oeuvre de Georges Braque.

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vendredi 2 mai 2014

Vincent Van Gogh (1853-1890) - Nature morte avec choux et oignons




Vincent Van Gogh (1853-1890) 
Nature morte avec choux et oignons (1887) 
Musée d'Orsay. Paris

Que voit-on ?  Dans cette Nature morte avec choux et oignons, peinte à l'automne 1887 à Paris, la mise en page oblique et en surplomb de même que le graphisme raffiné accusent l'influence du Japonisme.

Rappel biographique : À Paris dans les années 1886 - 1887, Van Gogh fréquente un moment l’Académie du peintre Cormon, où il fait la connaissance de Henri de Toulouse-Lautrec, de Louis Anquetin, d’Émile Bernard ainsi que de John Peter Russell. Ce dernier réalise son portrait. Il rencontre également, par l’intermédiaire de son frère, presque tous les impressionnistes, en particulier Georges Seurat et Camille Pissarro, ainsi que Paul Gauguin. Dans la boutique du père Tanguy, il devient l'ami de Paul Signac. Sous l’influence des estampes japonaises, ses compositions acquièrent peu à peu davantage de liberté et d’aisance, tandis qu’il s’essaie à la technique de l'aplat coloré. Pissarro l’initie également aux théories nouvelles sur la lumière et au traitement  divisionniste  des tons. La palette de l'artiste s’enrichit alors de couleurs vives et sa touche s’anime et se fragmente, ceci grâce également à Signac avec qui il travaille en 1887.Exalté par la ferveur du climat artistique parisien, Van Gogh brûle les étapes de son renouvellement artistique grâce à la fréquentation des peintres les plus anticonformistes du moment : il s'essaye au néo-impressionnisme auprès de Signac et Pissarro, enquête sur les profondeurs psychologiques du portrait avec son ami Toulouse-Lautrec, est précocement informé de la synthèse du cloisonnisme  par ses compagnons Louis Anquetin et Émile Bernard, et peut apprécier les toiles exotiques réalisées par Gauguin. Régénéré par cette modernité, il est prêt à réaliser son rêve méditerranéen, à la recherche de la lumière aveuglante de la Provence, qui fait resplendir les couleurs pures de la nature, étudiées jusque-là dans sa collection d'estampes japonaises. C'est une période très fertile où son art s'oriente vers l'impressionnisme mais  l'absinthe et la fatigue aggravent son état mental.
Le 19 février 1888, il quitte Paris.