mardi 31 mai 2016

Guillaume Fouace (1827-1895) - Nature morte avec un carafon





Guillaume Fouace (1827-1895) 
Nature morte avec un carafon, 1883
Musée Thomas-Henry, Cherbourg-Octeville

Que voit-on ? Posé sur un plateau en laque rouge précieuse qui se détache d'un fond gris, trois verres dont deux remplis de Calvados de même qu'un carafon (décanteur) contenant le breuvage. 

Rappel biographique :  Né fils de cultivateur, il reprend la ferme familiale à la suite de la mort de son père, au hameau de Jonville à Réville, à l'âge de 24 ans. Dessinant depuis son enfance, son talent fut remarqué par le conservateur du Musée de Cherbourg de l'époque. Grâce à lui, il obtient, comme son illustre prédécesseur cotentinais Jean-François Millet, deux bourses de la municipalité cherbourgeoise afin de poursuivre ses études de peintre à Paris. En 1870, trois ans après son arrivée dans la capitale, il expose au Salon comme peintre-portraitiste. En 1873, il présente ses premières natures mortes qui, pour beaucoup, sont assez novatrices. Il a réalisé plus de 700 tableaux à tendance réaliste, principalement des portraits, des natures mortes et quelques paysages. Le Musée d'Orsay à Paris possède quelques-unes de ses toiles. Le Musée Thomas-Henry de Cherbourg-Octeville consacre une salle à une quarantaine de ses oeuvres.
Peintre romantique jusque dans sa vie, Fouace meurt en 1895, d'une maladie pulmonaire avant de recevoir la médaille de Chevalier de la Légion d'honneur que le gouvernement venait de lui attribuer. Sa tombe, que l'on peut voir au cimetière de Réville, est ornée d'un gisant en marbre blanc de sa fille Beatrix, née en 1875 et décédée en 1888.

2016 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 


lundi 30 mai 2016

Georg Flegel (1566-1638)



Georg Flegel (1566-1638)
Dessert Still Life with Parrot
Private collection 

Que voit on ? Posée sur un entablement neutre, et sur fond noir :  une nature morte tout en douceurs et sucreries avec un coupe en porcelaine de Delft remplie de fruits secs (figues séchées, noisettes, amandes, raisins de Corinthe séchés) sur laquelle trône en maîtresse des lieux une perruche discrète que l'on pourrait presque confondre avec le fond noir du tableau . A droite de la composition à côté de la coupe : un magnifique verre vénitien ouvragé que l'on pourrait croire à première vue vide, mais qui est en réalité rempli jusqu'à la moitié d'une breuvage presque transparent (eau sucrée ? sirop de fruits? vin léger?) .Sur la table une grappe de raisin, deux poires, une noix et demi, des bonbons de sucres cristallisés, des pièces de monnaies, un oeillet blanc  une souris aux aguets et derrière elle un petit insecte de type blatte ou cafard.  Un autre insecte de même type attend près de la grappe de raisin. Ils sont là pour profiter du festin laissé sans surveillance bien entendu, mais aussi et surtout pour symboliser la fragilité des biens terrestres et la putréfactions qui guette toute chose vivante.   Le message, comme souvent chez ce peintre est  épicurien : profiter au plus vite de cette belle table avant qu'il ne soit trop tard ! 

Rappel biographique : Le peintre allemand Georg Flegel, est un des peintres majeurs de natures mortes des 16e et 17e siècle. Né en Moravie, il déménage à Vienne,en 1580 et  devient l'assistant de Lucas van Valckenborch peintre et dessinateur.  En tant qu'assistant, son travail consiste à insérer dans les tableaux de son maître, des éléments " décoratifs " tels que des fruits, des fleurs et des ustensiles de table. Flegel et son employeur  déménagent ensuite à Francfort, qui à cette époque là était un centre d'art très important. Puis on retrouve Flegel à Utrecht où il fait partie de la très influente Guilde de Saint-Luc qui compte parmi ses membres des grands maîtres de la nature morte tel que Roelandt Savery et Balthasar van der Ast. Georg Flegel a peint exclusivement des natures mortes, dont certaines très fournies, incluent des animaux, familiers et /ou exotiques, de riches mets, du gibier ou du poisson, des ustensiles de cuisine, de la vaisselle en métal précieux et en porcelaine, des fruits et des fleurs et des friandises. D'autres natures mortes qu'il a peintes détaillent avec la même richesse et le même soin  quelques fruits, des coins de table ou des petits déjeuners, des goûters ou des collations modestes avec des bretzels aux formes étranges trempés dans du schnaps. Il fit école et eut parmi ses élèves ses deux fils, Friedrich et Jacob  Leonhard, ainsi que le peintre floral Jacob Marrel.

dimanche 29 mai 2016

Floris Gerritsz van Schooten (1585-1656) - Nature morte avec timbale, fromages, beurre et biscuits

Floris Gerritsz van Schooten (1585-1656)  Nature morte avec timbale, fromages, beurre et biscuits  Collection privée


Floris Gerritsz van Schooten (1585-1656) 
Nature morte avec timbale, fromages, beurre et biscuits 
Collection privée

Que voit on ? Sur un entablement de pierre partiellement recouvert d'une fine nappe en lin, en plein centre de la composition une assiette en argent en équilibre sur le bord de l'entablement et sur laquelle est posée une grande timbale en argent. A gauche de cette timbale, du beurre dans une assiette en porcelaine  un couteau, une noix et deux noisettes. Le beurre dans son assiette présenté en dehors de la nappe est reproduit à l'identique d'une nature  morte sur l'autre dans beaucoup de toiles de ce peintre, de même que le liseré de la nappe qui dessine une sorte de frontière sur la table.  
A droite de la timbale deux biscuits et deux demi tomes de fromages à pâte cuite posées l'une sur l'autre et présentées sur une assiette en argent.

Rappel biographique : Peintre néerlandais du siècle d'or, Floris Gerritsz van Schooten (1585-1656) est principalement connu pour ses natures mortes. Entre 1617 et 1642,  il va peindre une centaine de natures mortes. Les premières, dans des coloris très vifs et explosifs et les dernières avec une touche qui évolue progressivement vers des compositions plus monochromes privilégiant souvent les accords de bruns et des gris, déjà sensible plusieurs de ces toiles précédentes.
Floris Gerritsz van Schooten signait ses tableaux avec le monogramme FvS.
Le catalogue de ses œuvres fut établi, assez tardivement,  dans les années 1960.

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samedi 28 mai 2016

Evaristo Baschenis (1617-1677) - Nature morte avec instruments de musique et coffret chinois

Evaristo Baschenis 1617-1677) Nature morte avec instruments de musique et coffret chinois Gallerie dell'Académia, Venetia


Evaristo Baschenis 1617-1677)
Nature morte avec instruments de musique et coffret chinois
Gallerie dell'Académia, Venetia

Que voit on ? Sur un table recouverte d'une nappe rouge à motif de rayures, posée devant un rideau de lourd brocard doublé de soie dont le drapé est maintenu par des glands de passementerie très ouvragée : une accumulation d'instruments de musique (un violon de Crémone au vernis clair, une flûte piccolo, 1 hautbois, 2 luths dont un seule enrobé d'un ruban de soie et l'autre présenté de dos comme c'est l'habitude chez ce peintre) autour d'une boite chinoise noire assez intrigante et d'une mappemonde à l'équateur de laquelle repose, de façon assez étrange, un œillet !

Rappel biographique : Prêtre, dernier né d'une dynastie d'artistes italiens, ami d’une famille notable de luthiers de Crémone, on ignore cependant quel maître exactement enseigna la peinture à Evaristo Baschenis. Contemporain du bergamasque Carlo Deresa, connu pour ses natures mortes, il est considéré aussi comme le créateur de ce genre particulier qu'est la peinture de trophées, d’instruments et de cahiers de musique, mêlés d’écritoires, de boîtes, de fruits, d’encriers et autres objets arrangés sur des tables couvertes des plus beaux tissus, avec un réalisme presque photographique que peu de peintres ont approché depuis. Il est célèbre notamment pour avoir rendu la poussière qui recouvrait certains instruments avec tant d’art que le spectateur s'y trompait. Les effets des tableaux (toujours de petites tailles) de cet artiste sont tels qu’ils sont, encore aujourd'hui, très recherchés dans les ventes et que beaucoup sont dans des collections particulières. Ses natures mortes aux instruments de musique, toutes titrées à l'identique sont, pour la plupart, des œuvres de série, issues d'une douzaine de modèles de compositions originales. La figure du luth en raccourci, réalisé à la perfection, est un écho de ce qui apparaissait comme un défi de perspective aux peintres et dessinateurs du 17e siècle. Concernant les tissus, passementeries et tapis, Evaristo Baschenis en rend toute la réalité uniquement au pinceau, alors que Bettera - avec lequel on l'a confondu quelquefois - maroufle sur une pièce de toile de jute grossière dont le relief sert de base au rendu des tapis.

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2016 - A Still Life Collection
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vendredi 27 mai 2016

Evert Collier (1640-1708) - Vanité avec livre

Evert Collier (1640-1708) Vanité avec livre Collection privée

Evert Collier (1640-1708)
Vanité avec livre
Collection privée 

Que voit on ? Sur un entablement recouvert d'une drapé de velours vert, non seulement des livres comme le titre de l'oeuvre le laisse entendre mais aussi  une accumulation  d'objets très hétéroclites groupés autour de la Vanité (la tête de mort)  dont le haut du crâne est ici entouré de lierre, ce qui symbolise une  existence terrestre comblée de bienfaits autant intellectuels  que matériels. Parmi les objets qui ont tous valeurs de symboles : un instruments de musique (richesses culturelles), une montre à gousset (temps qui passe), un tibia, une carafe en verre vide et renversée (une vie pleine de plaisirs mais achevée) et, caché derrière un  grand livre ouvert, un sablier symbole du temps qui passe inexorablement sur toutes choses et sur tous les êtres.  

Rappel biographique : le peintre Evert Collier est un peintre de natures mortes et de trompes-l'oeil de la fin de la période de l'âge d'or hollandais. Plusieurs orthographes existent pour son prénom et son nom, ce qui en rend l'identification mal aisée : le prénom est parfois orthographié Edward ou Edwaert ou Eduwaert ou Edwart et son nom est parfois orthographié Colyer ou Kollier.
Evert Collier a été formé à Haarlem. Ses premières peintures montrent l'influence très nette de Vincent Laurensz van der Vinne, membre de la Haarlem Guilde de Saint-Luc dès 1649, qui a probablement  été son professeur lorsque Collier a été inscrit lui-même dans cette Guilde de Haarlem en 1664. Ils ont tous deux plus tard influencé le peintre de natures mortes Barend van Eisen. Collier a vécu et travaillé à Leyde, à Amsterdam et enfin à Londres où il a terminé sa carrière et où il est enterré. Ses natures mortes, principalement constituées d'objets partagent la caractéristique d'être avant tout spectaculaires et fastueuses, quel que soit le sujet traité.



jeudi 26 mai 2016

Balthus (1908-2001) - Nature morte avec coing et poire.



























Balthus (1908-2001)
Nature morte avec coing et poire.
Collection privée

Que voit-on ? Un coing et son feuillage,et une poire et son feuillage comme un symbole du couple, un symbole de  la masculinité (le coing) et de la féminité (la poire).

Rappel biographique : Le peintre français d'origine polonaise Balthus (pseudonyme de Balthasar Kłossowski de Rola) est un peintre du 20e siècle qui appartient au mouvement figuratif  dans une époque où l'abstraction est reine. Il est le frère de l'écrivain et dessinateur Pierre Klossowski.
« La meilleure façon de commencer est de dire, Balthus est un peintre dont on ne sait rien. Et maintenant, regardons les peintures » telle est la réponse laconique que le peintre adresse à la Tate Gallery, qui, organisant une exposition de ses œuvres, souhaitait également agrémenter le catalogue de quelques éléments biographiques.
L'œuvre peint de Balthus est relativement peu abondant puisqu'on ne compte qu'environ 300 peintures, dont beaucoup ne sont pas datées. Artiste méticuleux - certains tableaux nécessitant plusieurs années pour être achevés après de nombreuses études préparatoires - Balthus est resté célèbre pour ses tableaux de jeunes filles nubiles, souvent peintes dans des poses ambiguës, jouant sur l'idée de l'innocence perdue à l'adolescence.  
Ses natures mortes sont assez rares et toujours assez énigmatiques.

2016 - Wandering Vertexes...

by Francis Rousseau 

mercredi 25 mai 2016

Andy Warhol (1928-1987)- Brillo Boxes



Andy Warhol (1928-1987)
Brillo boxes, 1969

Que voit-on ? un compilation de 6 boites de tampons à récurer,  ustensiles de cuisine en aluminium  de la marque Brillo. Avec ce type de natures mortes que Marcel Duchamp n'aurait pas renier, Warhol a révolutionné le genre, pour le meilleur... et pour le pire.  Le thème de la boite de tampons Brillo a été traité à plusieurs reprises par Warhol seule ou en accumulations de plus grand nombre, de même que celui de la soupe en boite Campbell ou des bouteilles de Coca-Cola, offrant à ces objets quotidien de consommation du 20e siècle, à leur formes et à leur graphisme, un statut d'œuvres d'art.

Rappel biographique : On ne présente plus l'artiste américain Andy Warhol, pape du Pop art, (Pope of the pop), sujet de multiples expositions, livres, et films avant et depuis sa mort... Warhol est généralement reconnu comme l'un des très grands artistes du  20e siècle. Avec lui la nature morte peut prendre toutes les formes humoristiques imaginables (et même inimaginables!) des célèbres boîtes de Campbell soup à des oeufs en forme de pastilles colorées (déjà publiés dans ce blog), en passant par des trèfles à 4 feuilles traitées façon capucines et vendus en rouleaux de papier peint. Warhol iconoclaste adoré de son vivant par les grands de ce monde, les élites intellectuelles, les stars d'Hollywood et les riches aristocrates anglos saxons qu'il aimait malmené, était en fait un puritain, très religieux et assez " coincé "...
Tout commence pour lui au début des années 1960, lorsque publicitaire déjà  reconnu, il utilise dans ses dessins une technique directe sur du papier hydrofuge et repasse les contours avec de l'encre encore humide sur des feuilles de papier absorbant, en adoptant le vieux principe du buvard. Bien qu'à cette époque, beaucoup d'artistes soient illustrateurs publicitaires pour des entreprises, tous le font discrètement. Pour Warhol, c'est le contraire : il est tellement connu en tant que publicitaire que son travail artistique n'est pas pris au sérieux. Il présente dans une galerie quelques-unes de ses œuvres, mais c'est un échec. Reconsidérant alors son travail alimentaire et son travail de peintre, plutôt que de les opposer, il pense à les réunir. Il a l'idée d'élever les images de la culture populaire au rang de l'art élitiste, rejoignant ainsi les artistes du pop art, mouvement lancé à Londres au milieu des années 1950 par Richard Hamilton et Eduardo Paolozzi, qui l'expérimentent indépendamment les uns des autres. Si Roy Lichtenstein et Jasper Johns en sont les pionniers, Andy Warhol  en sera véritablement le pape.
En 1963, il adopte la technique qu'il utilisera pour ses œuvres les plus célèbres : la photographie sérigraphiée sur toile. 
Les photographies simplifiées en noir et blanc, sans gris, sont imprimées en sérigraphie sur la toile peinte de grands aplats de couleurs. Le motif est parfois reproduit plusieurs fois sur la toile, comme un motif de papier peint. C'est le stéréotype du pop art.
Ses motifs de prédilection sont des noms célèbres de marques déposées, le symbole du dollar, les visages de célébrités...  
Le thème des Comics, qui avait d'abord intéressé l'artiste, était déjà largement exploité  par le peintre Roy Lichtenstein qui en avait fait sa marque de fabrique. Jasper Johns avait choisi la typographie. Pour se démarquer, Warhol comprit qu'il devait lui aussi trouver sa marque. Ses amis lui ayant conseillé de peindre ce qu'il aimait le plus, il choisit de représenter les conserves de Campbell's Soup, pour sa première exposition majeure. Les boîtes de Campbell's Soup ouvertes ou neuves, rouillées, aux étiquettes déchirées, uniques ou multipliées, en séries, en damiers, seront le thème récurrent de Warhol. Pour lui, l'image, son pouvoir au sein de la société de consommation est en lien avec la mort. La répétition de la figure se rapporte souvent à son extinction. Le choix des sujets est en rapport avec cette obsession de la mort, y compris pour les toiles célèbres sérigraphiées de Marilyn Monroe (peintes après sa mort, notamment les Diptyque Marylin) ou de Liz Taylor (peinte alors que l'actrice était gravement malade), icônes reproductibles à l'infini qui deviennent des images de consommation.
Dans les dernières années de son œuvre, Warhol presque peintre officiel, appliquera son style à de nombreux portraits de commande, tout en continuant à expérimenter d'autres techniques picturales dans ses séries ShadowsOxydation paintings, et ses reprises de toiles de Botticelli ou de Léonard de Vinci.

mardi 24 mai 2016

Paula Modersohn-Becker (1876-1907) - Stilleben mit Milchsatte



Paula Modersohn-Becker  (1876-1907)
Stilleben mit Milchsatte 1905
Paula Modershon Becker Museum, Bremen

Que voit on ? Sur une nappe parsemée de petites fleurs blanches séchées et dont on aperçoit tous les plis, une assiette contenant le lait du chat et une coupelle contenant une motte de beurre. A côté : une miche de pain coupé et un oeuf coque dans son coquetier (ustensile très fréquemment représenté dans les natures de cette peintre).

Rappel biographique : Paula Modersohn-Becker est une artiste peintre allemande qui est l’une des représentantes les plus précoces du mouvement expressionniste dans son pays. Originaire de Dresde, Paula Becker s'engage dans des études de peinture et rejoint les artistes indépendants réunis dans le village de Worpswede, qui prônent un retour à la nature et aux valeurs simples de la paysannerie. Elle y épouse le peintre Otto Modersohn. Le manque d'audace des peintres worpswediens, toutefois, la pousse à s'ouvrir aux inspirations extérieures et à effectuer des séjours répétés à Paris, auprès de l'avant-garde artistique. Au cours des quatorze courtes années durant lesquelles elle exerce son art, elle réalise pas moins de 750 toiles, 13 estampes et environ un millier de dessins. Son style est le fruit d'influences multiples, aux confins de la tradition et de la modernité. Sa peinture présente des aspects mêlant l'impressionnisme de Cézannevan Gogh ou Gauguin, le cubisme de Picasso, le fauvisme, l'art japonais ou encore l'art de la Renaissance allemande. La force expressive de son œuvre résume à elle seule les principaux aspects de l’art au début du 20e siècle.
Elle meurt prématurément а trente-et-un ans, des suites d'un accouchement.
L'œuvre de Paula Modersohn-Becker est essentiellement constituée de natures mortes, de paysages et de portraits d'adultes ou d'enfants évoquant la vie paysanne à Worpswede. Quant aux autoportraits, l'artiste en réalisa tout au long de sa vie. Contrairement aux règles académiques les plus élémentaires, les œuvres sont bien souvent d'un format très réduit : Paula, de ce fait,  peignait sur tout l'espace de toile disponible, et il n'est pas rare que le cadre du tableau dissimule une partie de la composition.
Jusqu'à l'exposition que lui consacre le  MAM (Musée d'art moderne de la ville de Paris) en 2016, elle restait assez peu connue au-delà des pays germanophones.

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lundi 23 mai 2016

Georges Braque (1882-1963) - Nature morte à la clarinette

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Georges Braque (1882-1963)
Nature morte à la clarinette, 1927
The Phillips Collection, Washington

Que voit on ? Sur un entablement de console en bois très identifiable au premier plan, la clarinette qui  a donné son nom à l'oeuvre.  La clarinette comme celui des instruments de musiques en général est un thème souvent traité  par Braque dans ses natures morte ; il avait découvert cet instrument au pays Basque en l'entendant jouer par des groupes folkloriques du village de Ceret. Au second plan une gourde espagnole de berger, en peau;   à l'arrière plan un soucoupe remplie de fruits (raisins et poires) et un verre. La couleur dominante de ce tableau cubiste est le vert.

Rappel biographique : le peintre Français Georges Braque qui fut aussi sculpteur et graveur est le maître incontestable de la nature morte au 20e siècle, genre qu'il a profondément transformé et renouvelé tout au long de sa vie, s'inscrivant  (consciemment  ou inconsciemment) dans une démarche similaire à celle de Chardin au 18e siècle. Engagé dans le sillage du fauvisme, influencé par Matisse, Derain et Ohon Friesz, il peint, à l'été 1906 les paysages de l'Estaque avec des maisons en forme de cubes (Maisons à L'Estaque) que Matisse qualifie de cubistes.  A partir de 1909,  il entre dans ce que les spécialistes appellent la période du  " cubisme analytique ".  Les paysages qui prédominaient  jusqu'alors dans son œuvre vont céder la place aux natures mortes. 
Ce sont principalement des natures mortes d'objets et/ou d'instruments de musiques (violons, guitare, pipe, journaux et magazines, objets divers de décorations intérieurs comme les nappes, les guéridons...) qu'il peint délaissant volontiers les thématiques habituelles du genre (fruits, légumes, pâtisseries, porcelaines).   Dès avant la Première Guerre Mondiale, sa peinture s'enrichit de combinaisons imprévues, avec une multiplication des facettes. Les formes sont géométrisées et simplifiées. Comme le remarque Bernard Zurcher, dans son ouvrage Braque vie et œuvre :   « Si l'on considère que la bataille du cubisme s'est jouée  sur le thème de la nature morte, Braque y était le mieux préparé ou plutôt il a été à même, en consolidant chacune des étapes de son évolution, d'aller plus sûrement à ce « signe qui suffit » tel que l'a nommé Matisse »
Entre 1919 et 1939, son style et ses recherches vont évoluer. De son passé cubiste, il conserve la simultanéité des points de vue et il opère une partition des objets et des plans qui les éloignent de tout réalisme. Guitare et nature morte sur la cheminée  1925, et Fruits sur une nappe et compotier, sont caractéristiques de cette évolution. Les objets semblent des accessoires de la composition," l'effort porte sur la couleur". Braque pousse l'usage du contraste encore beaucoup plus loin dans Nature morte à la clarinette,  avec des formes qualifiées de « naturalistes » Avec Le Guéridon, 1928 et Le Grand guéridon, qu'il continue à travailler jusqu'en 1936-1939, Braque opère un long mûrissement des formes. Il retravaille même en 1945 le Guéridon rouge, commencé en 1939 en réduisant le motif ornemental. Le thème du guéridon revient souvent dans l'œuvre de 1911 à 1952 qui reçoit en 1937 le premier prix de la Fondation Carnegie  de Pittsburgh
Cloîtré dans son atelier pendant toute la durée de la Seconde guerre Mondiale, il refuse toute compromission avec les nazis et le régime de Vichy, malgré les nombreuses propositions qui lui sont faites.  Braque se consacre au thème des Intérieurs avec un retour en force du noir qui donne une impression de dépouillement et de sévérité. Pendant cette période, Braque poursuit son sujet favori  le nature morte et particulier les natures mortes aux instruments de musique qui n'ont cessé d'apparaître dans ses tableaux depuis 1908 .  « L'instrument de musique, en tant qu'objet, a cette particularité qu'on peut l'animer en le touchant, voilà pourquoi j'ai toujours été attiré par les instruments de musique » .1942 est une année particulièrement féconde pour le peintre qui commence plusieurs toiles sur le thème de la musique, qu'il terminera plus tard comme L'Homme à la guitare (1942), 1942-1961. 
A cette époque là il réalise une nature morte à sujet animalier Deux poissons dans un plat avec une cruche, (1949-1941) qui inaugure une série de poissons sur fond noir Les Poissons noirs, 1942, et  plusieurs Vanités.  
A la Libération, après la guerre, Aimé Maeght devient son nouveau marchand parisien, et publie la première édition des Cahiers G. Braque. En 1948, lorsqu'il  présente la série des Billards à la Biennale de Venise il reçoit le Grand Prix pour l'ensemble de son œuvre. Suit une série d'expositions en particulier au MoMa de New York, qui parachève la reconnaissance internationale de son œuvre immense et essentielle.

2016 - A Still Life Collection 



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dimanche 22 mai 2016

Miquel Barceló (bn. 1957) - Deux livres




Miquel Barceló  (bn. 1957)
Deux livres, 1987
Collection privée

Que voit on ?  Une empreinte  de livres en feutrine usagée avec leur ombre portée, typique de sa période dite  de "minimalisme désertique " (1986-1987).  Les œuvres de la période  1986-1987 sont de grands tableaux de paysages blancs sur fonds colorйs généralement plus ou moins visibles, si ce n'est grâce à leur titre, sur lesquels sont disposés pierres, « coprolithes », et objets divers (coupes, verres) avec leurs ombres portées. А propos de cette période artistique qui correspond à sa vie à New York durant la période 1986-1987 et à son immédiat retour de son premier voyage en Afrique, Barceló  déclare : « Je suis parti vers l'Afrique parce que mes tableaux devenaient blancs, non pas à force d'y mettre rien, mais а force de tout enlever. Je suis allé dans le désert, parce que mes tableaux ressemblaient au désert ». Ces tableaux, très minimalistes dans leur apparence mais riches de matières diverses dans les couches de peintures accumulées, laissent apparaître des transparences qui  sont  comme un « effacement des choses et une genèse ».

Rappel Biographique  : Miquel Barceló  est un artiste espagnol majorquin associé au mouvement néo expressionniste et l'un des artistes contemporains les plus en vue après avoir  obtenu une reconnaissance internationale très jeune. Bien qu'il se soit initialement consacré à la peinture et au dessin, il s'est également orienté dans le courant des années 1990 vers la sculpture et le travail des céramiques comme supports alternatifs de ses créations artistiques.  Miquel Barceló a également reçu deux importantes commandes, l'une pour la réalisation des décorations de la chapelle Sant Pere de la cathédrale de Palma de Majorque en 2007 et l'autre de la part de l'Etat espagnol pour la coupole du Palais des Nations de l'ONU а Genève en 2008.Depuis le milieu des années 1990,  Miquel Barceló  vit et travaille en alternance à Majorque, à Paris, et au Mali sur la célèbre  falaise de Bandiagara. Il a reçu, en 2003, le prix Prince des Asturies pour les Arts.

samedi 21 mai 2016

Francesco Noletti Fieravino dit Il Maltese (1611-1654)




Francesco Noletti Fieravino dit Il Maltese (1611-1654)
Nature morte avec partition de musique
Musée Fesch, Ajaccio

Que voit-on ? Sur un entablement de pierre dont apparaît seulement un coin taillé en balustre (à gauche) et recouvert d'un épais tapis de Smyrne à longues franges : une accumulation de passementeries somptueuses et de livres anciens  sur lesquels repose, en équilibre instable, une partition ouverte  Cette nature morte symbolise ea fragilité du savoir face à l'opulence  et au luxe mais en même temps leur étroite interdépendance.

Rappel biographique : Les œuvres de Francesco Noletti, surnommé il Maltese en raison de son origine Maltaise, ont longtemps été attribuées sous le nom de Francesco Fieravino jusqu'à la découverte de son identité véritable au début des années 2000Spécialiste des natures mortes avec tapis et tentures qu'il peint somptueusement, Noletti s'est installé à Rome, probablement entre 1636 et 1640, où il meurt en 1654.



vendredi 20 mai 2016

Florence Henri (1893-1982)



Florence Henri (1893-1982) 
Pomme, poire et raisin, 1931 
Tirage argentique
BnF, Paris.

Que voit on ?  Un cadre séparé en deux par une forme flou qui semble être un avant-bras qui passe au premier plan.  C'est une des nombreuses tentatives de cette photographe pour transposer l'approche cubiste de la peinture dans l'espace dans la photographie. A gauche : une pomme et son ombre projetée sur une encoignure de table ; à droite :  une poire et une grappe de raisins.  Au fond deux ustensiles de cuisine ou éléments  de mobiliers inindentifiables et mystérieux. 

Rappel biographique : Florence Henri, est une photographe et une peintre suisse d'origine française par son pиre et allemande par sa mère. Après avoir étudié et pratiqué la musique en tant que pianiste de concert, elle se tourne vers la peinture  А Berlin, elle étudie Kurt Schwitters et а Paris Fernand Léger, puis elle rejoint le Bauhaus en 1927, à Dessau, où elle compte Josef Albers parmi ses enseignants. Enfin, elle étudie la photographie avec Lбszlу Moholy-NagyА son retour d'Allemagne, elle rejoint la scène artistique parisienne et crée son propre studio où elle se consacre au portrait, à la photo de mode et publicitaire. А Paris, elle rencontre notamment Man Ray, Germaine Krull et le photographe hongrois Andrès Kertèsz, qui sont autant d'impulsions importantes pour son travail photographique. Elle développe une œuvre très personnelle, en s'appuyant sur des expériences utilisant des miroirs et des prismes, où son style oscille entre Bauhaus, Dadaïsme et Surréalisme, n'hésitant а adopter des angles de vue originaux et а produire des images fragmentées, comme les cubistesFlorence Henri participe, en 1929, а une exposition pionnière de la nouvelle photographie, film et photo (FiFo), à Stuttgart. En tant que peintre, elle est proche des courants contemporains des années vingt et se consacre exclusivement а cet art après la Seconde Guerre mondiale. En 1930, elle collabore а la revue Cercle et carrй fondée par Michel Seuphor et Joaquнn Torres-Garcia.

jeudi 19 mai 2016

Felix Vallotton (1865-1925) - Nature morte avec cruche en étain et en céramique


Felix Vallotton (1865-1925) 
Nature morte avec cruche en étain et en céramique  
Collection Privée 

Que voit-on ?  Sur un entablement de bois recouvert d'un drapé blanc, quelques pommes, et deux cruche; l'une en étain, mate et absorbant la lumière, l'autre en céramique vernissé verte, brillante et réfléchissant la lumière  Ce sujets(la cruche) que le peintre a traité à de nombreuses reprises  trouve dans cette toile une sorte d'accomplissement avec l'opposition côte à côte de ces deux textures contraires. 

Rappel biographique : Félix Vallotton, peintre d'origine suisse naturalisé français en 1900, est un artiste à cheval sur deux siècles, deux pays et plusieurs tendances esthétiques, des Nabis à la Neue Sachlichkeit [Nouvelle Objectivité]. S'il est aujourd'hui moins connu en France qu'en Suisse, c'est pourtant à Paris, dans les années 1890, que ses gravures sur bois novatrices lui ont valu une renommée qui s'est rapidement étendue à l'Europe entière. Tout au long de sa vie le " Nabi étranger ", comme il était surnommé, s'est intéressé à une gamme étendue de sujets récurrents - intérieurs, toilettes, nus féminins, paysages, natures morte, rendus étranges par son style lisse et froid, aux couleurs raffinées, aux découpages et aux cadrages audacieux. Et bien qu'il ne fût pas toujours compris par la critique de son temps, Vallotton a su s'imposer comme une figure en vue de la scène artistique parisienne et trouver sa place dans le courant moderne, notamment en participant à de nombreuses manifestations internationales d'avant-garde devenues mythiques. C'est surtout à  partir de 1910, que Félix Vallotton s’intéresse au genre de la nature morte et le transforme dans chacune de ces toiles.

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mercredi 18 mai 2016

Eliot Hodgkin (1905-1987) - Four Turnips




Eliot Hodgkin (1905-1987) 
Four Turnips
The Ashmolean Museum, Oxford, (U.K)

Que voit on ? Précisément ce qui est décrit dans le titre et rien de plus: quatre navets présentés sous différents angles de vues pour mieux compléter leur silhouette générale, munis ou non de leur fane.
Les navets ont souvent été peints par Hodgkin. 

Rappel biographique : Le peintre britannique Eliot Hodgkin a réalisé de nombreuses natures mortes de plantes, de fruits, de légumes et d'autres objets inanimés avec une précision digne des grands illustrateurs botaniques des siècles passés. Cette grande précision et le luxe de détails de ces planches l'ont rendu grandement apprécier des botanistes et des scientifiques agissant dans le domaine environnemental. Après sa mort, plusieurs œuvres de sa collection furent vendues par les soins de Christie's. Son prix record est une nature morte intitulée Violet II, tempera sur panneau, 7 par 15 cm, vendu 51 700 £ chezChristie's South Kensington, le 6 septembre 2000. Hodgkin occupe une place réellement à part dans l'histoire de la nature morte au 20e siècle. La Royal Academy of Arts conserve, et aussi plusieurs dessins et tableaux de ce peintre dont l'oeuvre est hommage frontal, obstiné et très figuratif à l'environnement  dans un siècle qui a grandement participé à sa destruction.

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mardi 17 mai 2016

Charles Sheeler's (1883-1965)



Charles Sheeler's (1883-1965)
Interior still life  1926
MoMA,  New York

Que voit on ? C'est un détail dans une chambre que ce tableau  place au centre de la composition : une tablette très étroite sur laquelle trois pommes et un pot a eau composent une nature morte. Une amorce de table avec une assiette, une amorce de lit et d'armoire encadre cette tablette. Trois tapis  aux dessins géométriques occupent également cet espace dont l'angle de vue opte pour la vision  très cynétique  " en plongée ", directement  inspirée de la photographie que ce peintre pratiquait aussi avec bonheur.

Rappel Biographique : Ce photographe et peintre américain du 20e siècle est l'un des fondateurs du mouvement  dit du " Précisionnisme"Au cour d'un voyage à  Paris, en 1908, il découvre le Cubisme au moment ace mouvement commence à être connu. Il y découvre les  grands artistes de ce genre comme CézannePicasso ou Braque. De retour aux Etats-Unis, il se rend compte qu'il ne pourra pas vivre de sa peinture, et s'oriente plutôt vers la photographie commerciale. C'est un photographe autodidacte,  qui apprend son métier avec un appareil à 5 dollars, un Brownie de Kodak. Il se spécialise dans les photos d'architecture, d'usines et de machines. Il travaille sur commande, par exemple en 1927 pour Ford, dont il peint et photographie les usines, ou, en 1940, pour le magazine Fortune, qui lui commande une série de six photographies. Ses tableaux, comme ses photographies, traitent aussi d'architecture ou de machines. Une photographie est d'ailleurs souvent à l'origine du tableau, comme pour Upper Deck, l'une de ses œuvres les plus célèbres peinte en  1929 et conservée au Fogg Art museum de Cambridge dans le Massachusetts. D'autres de ses peintures sont conservées au MoMA ou au Metropolitan Museum de New York avec d'ailleurs certaines de ses photographies.


lundi 16 mai 2016

Fernand Léger (1881-1955) - Nature morte aux cartes,


Fernand Léger (1881-1955) 
Nature morte aux cartes, 1920
Collection privée

Que voit on ? dans cette nature morte cubiste, Léger met en scène un jeu de cartes  partiels ou n'apparaissent que les rouges (as de coeur et  as de carreau) au détriment des noirs (trèfle et pic). Aucune figure dans ce jeu. Un certaine mystère. Une ondulation du noir au blanc qui donne l'impression d'un drapeau a damier comme ceux qui sont utilisés dans les courses. Une inscription ou l'on peut peut lire "JEUZ" avec un Z a la place du X habituel. Un éteignoir à bougie disposé au bas de la composition sans doute pour venir sonner la fin de la partie. 

Rappel Biographique : le peintre français Fernand Léger fut un peintre aussi créateur de cartons de tapisseries et de vitraux, décorateur, céramiste, sculpteur, dessinateur, illustrateur. Il a été l’un des premiers à exposer publiquement des travaux d’orientation cubiste. Cet amoureux du modernisme, du machinisme et de l'industrie, va peindre énormément de natures mortes tout au long de sa carrière. Déjà remis au goût du jour par les cubistes, "le genre traditionnel de la nature morte est réinterprété par Léger par le biais de sa théorie de l’objet. Tandis que les surréalistes l’intègrent à leurs œuvres pour sa charge symbolique, lui l’utilise comme point de départ d’une formulation plastique. La nature morte sert de prétexte à l’affirmation radicale de la valeur plastique de l’objet" (voir texte de référence :« Un nouveau réalisme, la couleur pure et l’objet », extrait d’une conférence au MoMA, New York, 1935).

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dimanche 15 mai 2016

Maria Blanchard (1881-1932)




Maria Blanchard (1881-1932)
Bodegon cubista, 1917
Colección particular, Madrid

Que voit on ?  une nature morte de fruits (pomme ? tranche de melon ? orange ? pêche ?)  dans une coupe dressée sur la droite de la composition alors qu'au centre de la composition  une bouteille en verre de couleur verte dont un liquide blanc semble s'échapper en cascade, sépare le tableau en deux. Sur la droite de la toile : des formes géométriques pouvant symboliser un extérieur vu par une fenêtre ... Une nature morte très typée, presque plus abstraite (à la Delaunay) que cubiste, contrairement à ce que ce titre, donné par Maria Blanchard a beaucoup  d'autres de ses oeuvres,  annonce...


Rappel biographique : La peintre espagnole María Blanchard, appartient à l'École de Paris, ville dans laquelle elle s'installe définitivement  à partir de 1916. Elle se lie avec Juan Gris et André Lhote, faisant un moment partie des peintres soutenus par Léonce Rosenberg dans sa galerie L'effort moderne.  À partir de 1920, María Blanchard revient à la figuration. Elle traverse en 1927 une crise religieuse qui l'engage dans un profond catholicisme, songe à entrer dans un couvent mais en est dissuadée par son confesseur. Surtout intéressée par la représentation de la figure humaine, elle a cependant peint plusieurs natures mortes, très proches de celles de Juan Gris dans leur composition mais radicalement opposées du point de vue de la palette de couleurs.

samedi 14 mai 2016

William H. Johnson (1901-1970)



William H. Johnson (1901-1970) 
Still life 1938
Smithsonian Institution  Washington, USA

Que voit on ? une nature morte abstraite ce qui est un genre assez rare (surtout chez ce peintre)  où l'on peut deviner a travers les formes et les couleurs proposées et compartimentées par de larges traits noirs, divers ustensiles de cuisine  :  un broc et des carafes a l'arrière plan, une théière au centre de la composition  et peut être des des fruits au premier plan. Un jeu  d'interprétation...

Rappel biographique :  William Henry Johnson est un peintre afro-américain, né а Florence, en Caroline du Sud,  considèré par beaucoup  comme l'un des grands peintres américains du 20e siècle.
Issu d'un mariage mixte, William Henry Johnson naît  d'une mère noire avec des origines amérindiennes et d'un père blanc. À l'âge de 17 ans, il part s'installer à New York où il exerce de nombreux petits métiers afin de pouvoir se payer des études d'art. Il parvient à entrer à la National Academy of Design où, entre 1921 et 1926, il étudie différentes techniques sous la direction de Charles Webster Hawthorne qui parvient à lui obtenir une bourse de fin d'études en France.
De 1926 à 1929, il s’établit d'abord à Paris, se passionnant pour le mouvement expressioniste, en particulier pour Chaïm Soutine, dont il reconnaît l'influence sur ses premières œuvres. Durant un long séjour à Cagnes-sur-Mer, il rencontre l'artiste danoise Holcha Krake (1885-1943), de quinze ans son aînée, et avec qui il se marie.
Entre 1930 et 1938, il commence à voyager en Europe puis en Tunisie (1932) d'où il rapporte de nombreux tableaux ; Holche, elle, s'inspire des techniques locales de tissage et de céramique. Le couple s'installe ensuite au Danemark, puis aux îles Lofoten et enfin sur l'île de Fionie. Ils organisent des expositions et tentent de vivre de leur art, Holcha se spécialisant dans le design textile et céramique. Fin 1938, le couple part s'installer à New York et connaît des difficultés financières. William parvient à intégrer le Federal Art Project, enseigne à Harlem et produit beaucoup : son art évolue vers des formes plus simples, contrastées, très imprégnées par la vie urbaine des quartiers qui l'entourent. Il se qualifie lui-même de  « primitif artist ».
En 1943, son épouse, atteinte d'un cancer, meurt. William décide alors de retourner au Danemark vivre avec sa belle-famille. Malade à son tour, rattrapé par les symptômes d'une syphilis dégénérescente (contractée sans doute dans sa jeunesse), il doit être interné, d'abord en Norvège, puis est rapatrié aux États-Unis avec tous ses tableaux. Sa lucidité étant atteinte, il est interné en 1947 dans une institution publique à Central Islip (Long Island) spécialisée dans les traitements neuropsychiatriques. Il meurt à une date inconnue, en 1970, après 23 années d'internement.
Le legs de ses œuvres avait été entre-temps effectué auprès de la Harmon Foundation qui organisa en 1967 le transfert de tous ses travaux à la Smithsonian Institution grâce aux efforts de la conservatrice Adelyn Dohme Breeskin. La première rétrospective de William Johnson eut lieu en 1971 et son impact sur la communauté noire, mais pas seulement, est alors sensible, rendant à l'artiste sa place au sein de l'histoire moderne de la peinture américaine.
En 2012, la Poste américaine émet un timbre en l'honneur de William H. Johnson, le 11e de la série « American Treasures » qui rassemble les grandes figures artistiques américaines du xxe siècle.

vendredi 13 mai 2016

Fairfield Porter (1907-1975) - Crowded table



Fairfield Porter (1907-1975)
Crowded table
Private collection 

Que voit-on ? Une table encombrée proclame le titre de cette nature morte et  effectivement c'est le cas pour cette de petit déjeuner a deux qu'il faut lire comme un rébus sur la vie familiale de cette maison où elle nous fait pénétrer. Il s'agit d'un petit déjeuner pour deux mais auquel au moins une autre personne pourrait s'adjoindre ; un petit déjeuner à base de café et non de thé car il n'y pas de tasse a thé. C'est une nature morte d'ustensile de cuisine, les seuls aliments présents  étant une motte de beurre et un citron. 

Rappel biographique : Fairfield Porter est un peintre et critique d'art américain. Fils de James Porter, architecte, et de  Ruth Furness Porter,  poétesse de  " littérature familiale ", il était le frère du photographe Eliot Porter. C’est en étudiant à Harvard, que Porter décida de se spécialiser dans les beaux-arts et de poursuivre,  après son déménagement à New York en 1928, ses études à l'Art Students League. Son passage à l’Art Students League le formate plus ou moins pour produire un travail réaliste. Il sera d’ailleurs beaucoup critiqué et à la fois vénéré pour s'être obstiné dans ce style réaliste dans un époque où  le mouvement de l'expressionniste abstrait bas son plein dans le monde. Les sujets des tableaux de Porter sont principalement des paysages, des intérieurs, quelques natures mortes et beaucoup de portraits. Portraits  de famille, portraits des amis et de collègues artistes, dont beaucoup étaient affiliés de l’école littéraire de New York, comme John Ashbery, Frank O'Hara ou James Schuyler. Un grand nombre de ses peintures ont été réalisées dans ou autour de sa maison estivale de famille à Great Spruce Head Island,dans le Maine et dans sa maison de famille citadine à New York. Sa vision picturale englobe à la fois une réelle fascination pour la nature et la capacité de révéler tout ce qu’il peut y avoir d’exceptionnel dans la vie ordinaire.  Très influencé par les peintres français Pierre Bonnard et Edouard Vuillard, il a même écrit   " Quand je peins, je pense que ce qui peut me satisfaire est d'exprimer au mieux ce que Renoir conseillait à Bonnard : «  Rendre tout plus beau » ".

jeudi 12 mai 2016

Luis Egidio Melendez (1716-1780) - Bodegon con pan, chocolate y uvas

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Luis Egidio Melendez (1716-1780) 
Bodegon con pan, chocolate y uvas
Museo nacional del  Prado, Madrid 

Que voit-on ? Sur un entablement de bois présentés sur plusieurs plans, du premier plan vers le fond : à gauche, des plaques de chocolat noir de formes rondes avec enrobés dans du papier quelques friandises ; au deuxième plan : une série de pain briochés dorés et dodus et un empilement de quatre soucoupes et tasses à chocolat ; au troisième plan : une chocolatière en cuivre encadrée par un plateau en argent sur lequel est posé un pot qui doit contenir de la crème fraiche nécessaire à la préparation du chocolat et un pot caché derrière la pile de tasse ; au troisième plan une panier de raisins blancs et une pastèque.  Tout le nécessaire pour une collation très sucrée et l'opportunité pour le peintre de montrer son talent dans le traitement des diverses textures (porcelaine, cuivre, argent, paille, céramique) et de la façon dont elles jouent des reflets !

Rappel biographique : Le peintre espagnol d'origine napolitaine, Luis Egidio Melendez  a fait carrière presque exclusivement à Madrid. Contemporain de Goya, il  est considéré aujourd'hui comme l’un des meilleurs peintres de natures mortes du 18e siècle, réputation qu'il n'avait pas de son vivant qu'il a passé dans une misère noire. C'est son père, Francisco Meléndez et Louis Michel van Loo (dont il est l'assistant de 1742 à 1748) qui assurent sa formation de peintre.
Le futur  Charles IV d'Espagne lui commanda une grande série de natures mortes, dont une partie importante est conservée au musée du Prado  à Madrid.
Ses toiles peintes dans de petits formats, dans la grande tradition de l'austérité espagnole, n'en foisonnent pas moins d'une minutie des détails. toujours peints avec une absolue perfection. La composition simple et le contraste clair-obscur, s’inscrivent dans la tradition des natures mortes baroques de Zurbaran et de Cotan. Comme eux, Meléndez étudia les effets de lumière, la texture et la couleur des fruits et des légumes, ainsi que celles des récipients en céramique, verre et cuivre ou pailles. À la différence des maîtres du 17e siècle, il présente le sujet plus près du spectateur, en légère plongée. Ce sont des objets disposés sur une table, ce qui donne à ses formes une certaine monumentalité. Le genre permet au spectateur d’étudier l’objet par lui-même. Les fonds sont neutres, et c'est un puissant éclairage qui mettent valeur les contours de l’objet. C’est ainsi qu’il représente le duvet des fruits, les transparences des peaux des raisins, les intérieurs brillants des pastèques et quelquefois les  accidents  présents à la surface des  fruits (comme ici avec les figues vertes). 
Chaque toile de Meléndez est minutieusement composée et fait l'objet d'un mise en scène précise afin de créer  le plus grand réalisme possible. Les « grands thèmes » n’intéressèrent jamais Meléndez qui portent surtout son attention sur les choses de la vie quotidienne,  sur l’observation et l’étude de la nature. Il fut souvent comparé à Chardin, jusqu'à être même parfois surnommé  le « Chardin Espagnol » ce qui est assez stupide eut égard au caractère unique de son style et à tout ce qui différencie ces deux grands peintres. 

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mercredi 11 mai 2016

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - Carafe à demi pleine de vin gobelet d'argent (1728)

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Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
Carafe à demi pleine de vin  gobelet d'argent (1728) 
Saint Louis Art Museum (USA) 

Que voit-on ? Sur un entablement sombre qui pourrait être constitué par deux marches d'escaliers en  pierre ou une desserte à double niveaux : au premier plan des cerises, des pêches dont une ouverte, une amande et une noisette décortiquées, une pomme verte ; au second plan un gobelet d'argent dans lequel se reflète scrupuleusement pêches et cerises ; au troisième plan une carafe en verre à demi rempli de vin où se reflète la partie de la pièce d'où vient la lumière. C'est le deuxième et le troisième plan qui donne son  nom a cette toile   

Rappel biographique : Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, Chardin est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre. Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres. Les natures mortes qu'il peindra plus tard (à partir de 1750-1760) sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux  effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.

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mardi 10 mai 2016

Louyse Moillon (1610-1696) - Panier de pêches et raisins

Louyse Moillon (1610-1696) Panier de pêches et raisins (1631) Staatliche Kunsthalle Karlsruhe



Louyse Moillon (1610-1696)
Panier de pêches et raisins (1631)
Staatliche Kunsthalle Karlsruhe

Que voit on ? Sur un étagère de pierre, légèrement décentré sur la gauche du cadre, un corbeille en osier tressé noir et blanc contenant des pêches et des raisons rouges. Le velouté des pêches atteint  une perfection de même que l'aspect à la fois translucide et  soyeux des grains de raisins. On remarque dans ce tableau de Louyse Moillon une tonalité plus sombre que dans ces autres oeuvres, tonalité sombre destiné a mettre en valeur sans trop le souligner l'éclat  rosé et la texture si particulière de la peau des pêches. Une oeuvre d'une grande sensualité...

Rappel Biographique : Louyse Moillon, est l'une des rares femmes peintres du XVIIe siècle français dont l’œuvre est aujourd'hui bien identifiée, la signature et la datation de ses tableaux ayant permis qu'elle échappe à l'anonymat. Depuis la redécouverte de l'artiste en 1934 lors de l'exposition des Peintres de la réalité en France au XVIIe siècle au musée de l'Orangerie, la reconnaissance de son art est longtemps restée tributaire des préjugés envers les femmes peintres. La réhabilitation de l'artiste à la fin des années 1970 est liée à l'intérêt nouveau porté aux femmes peintres et, depuis 2009, à la publication du catalogue raisonné de son œuvre par Dominique Alsina. Répertoriant précisément 69 tableaux, il replace l'artiste dans le contexte de "La nature morte au Grand Siècle" au même rang que ses contemporains masculins, Jacques Linard (1597-1645), Nicolas Baudesson (1611-1680) ou Lubin Baugin (1612-1663). Equilibre et stabilité sont les fondements des compositions de Louyse Moillon, fidèles à un schéma répétitif centré sur des corbeilles ou des paniers de fruits, posés sur une table ou une margelle, dépeints en légère contre-plongée, dans un cadrage resserré et sur un fond sombre. Le réalisme minutieux de ses œuvres, une touche précise, des coloris pleins et le rendu du velouté ou de la transparence des fruits témoignent de la maîtrise du métier, hérité de l'art flamand et acquis en côtoyant la colonie des peintres hollandais de Saint-Germain. Après la mort, de son père, Nicolas, peintre lui aussi, alors qu'elle a seulement 9 ans, sa mère se remarie avec le peintre protestant de natures mortes, François Garnier, dont le titre de « bourgeois de Paris » laisse supposer une situation prospère. Il est aussi marchand de tableaux lié au milieu de Saint-Germain-des-Prés. La fillette qui a entamé sa formation auprès de son père défunt la poursuit avec son beau-père, dont on reconnait nettement l'influence dans ses œuvres.

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lundi 9 mai 2016

Anne Vallayer-Coster (1744-1818)- Nature morte avec pêches et raisins



Anne Vallayer-Coster (1744-1818)
Nature morte avec pêches et raisins, 1779 
Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa

Que voit on ? Sur un entablement de pierre, une pyramide de pêches posée sur des lits de feuilles de vignes et des grappes de raisins encore accrochés à leur sarments.

Rappel biographique : L'artiste peintre française Anne Vallayer-Coster, fille d'un orfèvre connu, fut, en peinture, l'élève de Madeleine Basseporte et de Claude Joseph Vernet.  Elle est admise à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1779 en tant que peintre de natures mortes et elle expose au Salon dès l’année suivante.  Elle devient chef du cabinet de peinture de la reine Marie-Antoinette qui la prit sous sa protection ainsi que son professeur de dessin. Un appartement lui est même attribué au Louvre sous la Grande Galerie. D'abord spécialisée dans le portrait, elle abandonne ce genre pour ce consacrer au nature morte vers la fin de sa vie et s’illustre aussi dans les tableaux de genre et la miniature. Elle poursuit sa carrière avec succès jusqu’à sa mort.

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dimanche 8 mai 2016

Marie Laurencin (1883-1956) - Nature morte au bol de fruits



Marie Laurencin (1883-1956) 
Nature morte au bol de fruits
Barnes Foundation, Philadelphia, USA

Que voit-on ?  Posé sur une table en bois où traîne une amorce de drapé bleu, au milieu de trois formes esquissées :  un bol rond, sans doute en bois ou terre cuite, contenant des fruits (poires ou prunes a l'envie à encore vertes.  Palette presque monochrome et extrême douceur de ces coloris irréels enrobant des formes identifiables mais en même temps abstraites. 

Rappel biographique  :  Marie Laurencin est une peintre française étroitement associée à la naissance de l'art moderne. Portraitiste, illustratrice et graveuse, elle fut également une épistolière  et a composé des poèmes en vers libres, indissociables, dans le cours de son processus de création, de l'expression picturale des scènes fantasmatiques qu'elle représente.
Co-disciple de Braque, créature de Roché, muse d'Apollinaire, disciple de Matisse soutenue par Derain, amie de Picasso jusqu'à leur rupture et amante de Nicole Groult, Marie Laurencin a fait de son style un dépassement du fauvisme que du cubisme. Sa vie entière apparait comme une œuvre emblématique, tant du point de vue artistique que de la libération de la femme. Si sa gloire internationale de l'entre-deux-guerres a été ternie durant l'Occupation par ses mondanités déplacées et sa collaboration muette, sa vie comme sa peinture ont fasciné de nouveau, après une longue période de purgatoire. Très peu exposée en France, il faut attendre 2011 pour qu'une biographie explore sa part d'ombre et le printemps 2013 pour qu'une exposition parisienne la fasse redécouvrir au grand public. Antithèses des cauchemars de Goya, qui fut son seul idéal, ses aquarelles vives et glacis pastel répètent indéfiniment le mystère ambigu et hallucinant de « princesses » et de bêtes féeriques, de fleurs et d'adolescentes à la pâleur irréelle. En une réminiscence des fêtes galantes de Watteau, le trait fluide saisit l'instant extatique d'une pose dansante par leurs regards muets comme ceux d'un masque. Ses natures mortes, qui ne sont pas très nombreuses, sont toutes très fluides et pour certaines même presque diaphanes, entraînant les sujets qu’elle traite vers une abstraction douce assez étrange...

samedi 7 mai 2016

Tamara de Lempicka (1898-1980) - Still life with bottle of milk

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Tamara de Lempicka (1898-1980)
Still life with bottle of milk 1942
Private collection.

Que voit on ? Sur une desserte de cuisine, où un torchon blanc à liseré rouge a été déposé en drapé désordonné, une demi boule de pain et une bouteille de lait carrée et opaque, de forme typiquement  "art déco",  fermée par une bouchon hermétique qui trône au milieu de la table et de la composition. Le fond du tableau est occupée par un rideau en drapé s'ouvrant sur un fond noir uniforme.Ce qui frappe dans cette composition c'est le caractère monochrome de l'ensemble chez une artiste habituellement réputée pour son usage de la couleur.

Rappel biographique : Tamara de Lempicka est une peintre polonaise représentative du mouvement Art déco. Fille de Boris Gorski, juif russe, et d'une mère polonaise, son enfance se passe dans un milieu aisé et cultivé entre Saint-Pétersbourg, Varsovie, Lausanne et Paris. En 1920, à l'Académie Ranson à Paris, elle reçoit l'enseignement de Maurice Denis et à l'Académie de la Grande Chaumière celui d'André Lhote. C'est là qu'elle forge petit à petit son style qui, dans une synthèse de l'art maniériste de la Renaissance et du néo-cubisme, va correspondre parfaitement à la mode de son temps. L'envol de sa carrière coïncide avec sa première exposition personnelle à Milan en 1925. En France, elle participe pleinement à la vie artistique et mondaine parisienne où elle rencontre André Gide, Suzy Solidor, de riches industriels, des princes russes émigrés, etc. En 1928, elle installe sa maison-atelier au no 7 de la rue Méchain, dans le 14e arrondissement, conçue par l'architecte Robert Mallet-Stevens. A partir de 1929,  elle expose simultanément en Pologne (médaille de bronze à l'exposition internationale de Poznan), à Paris (dans quatre salons et à la galerie Colette Weil) et aux États-Unis (Carnegie Institute de Pittsburgh).
Tamara de Lempicka occupe une place à part dans l'art du 20e siècle : malgré une production modeste (à peine 150 tableaux dans sa meilleure période, qu'on situe entre 1925 et 1935), ses œuvres évoquent et reflètent le style et la mode des années folles de l'entre-deux-guerres. Avec une stylisation néo-cubiste, ses œuvres, principalement des portraits, se caractérisent par un modelé accentué, des couleurs vives mais dans une gamme restreinte, mises en valeur par des fonds gris ou noirs. La composition très resserrée s'inspire du cadrage cinématographique. Bien que la nature morte ne soit pas sa spécialité, elle en a peint une vingtaine.

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