jeudi 31 août 2017

Maria Blanchard (1881-1932)


Maria Blanchard (1881-1932)
 Nature morte, 1922

Que voit- on ? une composition résolument cubiste de laquelle émergent un compotier en porcelaine blanche, une serviette dépliée, des papiers ou des journaux, des grains de raisins, une vase et une banane verte, quelques  uns des éléments favoris de cette peintre que l'on retrouve  dans beaucoup de ses natures mortes et notamment dans celle déjà publiée dans ce blog  et qui se Trouve au Centre Pompidou a Paris.

Rappel biographique : La peintre espagnole María Gutierrez Cueto y Blanchard, plus connue sous le nom de Maria Blanchard, est handicapée dès sa naissance par une très lourde difformité physique, provoquée par une chute de sa mère enceinte. C'est un handicap dont elle souffrira jusqu'à sa mort.  En 1902 avec l'aide de sa famille, elle s'installe à Madrid pou suivre des études de peinture avec notamment Emilio Sala Francés (1850-1910), Fernando Alvarez de Sotomayor (1875-1960) et Manuel Benedito Vives (1875-1963). Après la mort de son père en 1904, sa mère et ses quatre frères la rejoignent à Madrid. En 1909, María Blanchard obtient une bourse pour poursuivre sa formation à Paris. Elle travaille alors auprès du peintre espagnol Hermen Anglada-Camarasa (1871-1959) et de Kees van Dongen. Rentrée à Madrid en 1913, elle partage un moment un atelier avec Diego Rivera, et fait en 1914 la connaissance de Jacques Lipchitz.
Professeur de dessin durant quelques mois à Salamanque, elle peint en 1916 ses premières compositions cubistes et décide cette même année de s'installer définitivement à Paris où elle se fait remarquer par la façon originale dont elle développe l’esthétique cubiste. Maria Blanchard donne en effet à la figure humaine une place inhabituelle dans le cubisme classique.  C'est alors qu'elle se lie d'un profonde amitié avec Juan Gris et André Lhote, faisant un moment partie des peintres soutenus par Léonce Rosenberg dans sa galerie L'Effort Moderne.  À partir de 1920, María Blanchard délaisse le cubisme revient à la figuration.  Avec le décès en 1925 du mécène belge Frank Flaush qui lui assure un contrat et  le décès en 1926 de Juan Gris, Maria Blanchard traverse de longues périodes de problèmes économiques, aggravés par la charge de sa sœur et de ses enfants.
En 1927, elle s'engage dans une crise mystique qui lui fait songer à entrer dans un couvent mais elle en est dissuadée par son confesseur.
Surtout intéressée par la représentation de la figure humaine, elle a cependant peint plusieurs natures mortes, souvent très proches de celles de Juan Gris dans leur composition mais radicalement opposées du point de vue de la palette de couleurs. Son oeuvre est aujourd'hui comme une des plus importantes de la premiere moitié du 20e siècle et elle est présente dans les collections des plus grands musées d'art moderne de la planète.

mercredi 30 août 2017

Louis Valtat (1860-1952) - Nature morte aux figues

Louis Valtat (1860-1952) -  Nature morte aux figues

 Louis Valtat (1860-1952)
 Nature morte aux figues 

Que voit on ? Présentées dans un plat en céramique vernissé à motif une dizaine de figues très stylisées,  très rondes et très lisses  qui réussissent l'exploit d'être appétissantes malgré leur stylisation extrême.

Rappel biographique : le peintre français Louis Valtat est un précurseur du fauvisme. En 1895,  il va poursuivre sa convalescence d'une tuberculose à Arcachon et réalise dans cette ville de nombreuses peintures aux tons très vifs qu'il va exposer au Salon des indépendants de 1896. Ces peintures annoncent le « fauvisme » qui fera scandale dix ans plus tard au Salon d'automne de 1905.  Louis Valtat a peint beaucoup de paysages mais aussi un nombre conséquent de natures mortes, genre auquel il a apporté  un renouveau incontestable avec une étonnante diversité de styles.


mardi 29 août 2017

Eliot Hodgkin (1905-1987) - Toilets rolls


Eliot Hodgkin (1905-1987)
 Toilets rolls, 1961

Que voit on ? Ce peintre qui a plutôt habitué son publié à la représentation délicate de fruits isolés  saisi comme sur des planches  de naturalistes, ose ici s'attaquer à un objet tabou dans le domaine de la nature morte.  Peut être d'ailleurs tout simplement, personne n'y avait pensé avant lui.  En tout cas, voilà, c'est fait et avec un talent, une délicatesse et un humour  qui ne laisse pas indifférent. L'entablement est  constitué par le dessus de la porcelaine de la chasse d'eau. Tout est dit !

Rappel biographique : Le peintre britannique Eliot Hodgkin a réalisé de nombreuses natures mortes de plantes, de fruits, de légumes et d'autres objets inanimés avec une précision digne des grands illustrateurs botaniques des siècles passés. Cette grande précision et le luxe de détails de ces planches l'ont rendu grandement apprécié des botanistes et des scientifiques agissant dans le domaine environnemental. Hodgkin occupe une place réellement à part dans l'histoire de la nature morte au 20e siècle. La Royal Academy of Arts conserve, et aussi plusieurs dessins et tableaux de ce peintre dont l'oeuvre est hommage frontal, obstiné et très figuratif à l'environnement  dans un siècle qui a grandement participé à sa destruction. Après sa mort, plusieurs œuvres de sa collection furent vendues chez Christie's.

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lundi 28 août 2017

Edouard Manet (1832-1883) - Le jambon



Edouard Manet (1832-1883)
Le jambon, 1875 
Glasgow Museums, Burrell Collection 

 Que voit on ? sur une nappe blanche aux plis impeccables, occupant toute la superficie d'une plateau d'argent un jambon de Bayonne et sa couenne généreuse. Au premier plan un couteau a manche d'ivoire.  Une nature morte extrêmement célèbre de Manet.

Rappel biographique :  le peintre français Édouard Manet est un peintre majeur de la fin du 19e siècle, initiateur de la peinture moderne qu'il libère de l'académisme,  C'est une erreur de considérer Édouard Manet comme l'un des pères de l'impressionnisme : il s'en distingue en effet par une facture soucieuse du réel. Manet n'utilise pas (ou peu) les nouvelles techniques de la couleur et le traitement particulier de la lumière, utilisées par les impressionnistes. Il s'en rapproche cependant par certains thèmes récurrents comme les portraits, les paysages marins, la vie parisienne ou encore les natures mortes, tout en peignant de façon personnelle, dans une première période, des scènes de genre (sujets espagnols et  odalisques entre autres). 
On a beaucoup dit que lorsque Manet avait  peint des natures mortes, c'était  surtout pour des raisons financières qu'il l'avait fait. Il avouait lui-même avoir plus de facilités à les négocier que ses portraits. Cela ne signifie pas qu'elles aient été d'un intérêt mineur pour lui , bien au contraire : la scénographie qu'il impose à ses natures mortes est tout simplement prodigieuse, qu'il s'agisse de solo comme Le citron ou L'asperge ou de mise en scène collectives comme dans Fruits sur la table ou Panier de fruits
Manet aimait authentiquement les natures mortes : « Un peintre peut tout dire avec des fruits ou des fleurs, ou des nuages seulement », affirmait-il. Une part non négligeable de son œuvre est consacrée à ce genre, avant 1870 surtout puis dans les dernières années de sa vie où la maladie l'immobilise dans son atelier. Certains éléments de ses tableaux constituent de véritables natures mortes comme le panier de fruits dans le Déjeuner sur l'herbe, le bouquet de fleurs dans Olympia ou le pot de fleurs, la table dressée et différents objets dans le Petit déjeuner dans l'atelier. Il en va de même dans les portraits avec le plateau portant verre et carafe dans le Portrait de Théodore Duret ou la table et les livres dans le Portrait d’Émile Zola. Mais les natures mortes autonomes, qui se revendiquent comme telles,  ne manquent pas dans l’œuvre de Manet ! L'artiste a ainsi plusieurs fois peint poissons, huîtres ou autres mets Nature morte au cabas et à l’ail, 1861-1862, (Louvre-Abou Dhabi) ou La Brioche1870  (Metropolitan Museum of Art, New York), rendant ainsi un hommage appuyé au maitre du genre : Chardin. Il a peint plus souvent encore des sujets floraux qui évoquent la peinture hollandaise (roses, pivoines, lilas, violettes) ou encore des fruits et des légumes (poires, melons, pêches, citrons, asperges) .
Considérant l'importance de la nature morte chez Manet, beaucoup – et cela dès les années 1890 – y ont vu la marque la plus évidente de la révolution qu'il accomplissait, l'avènement d'une peinture uniquement préoccupée d'elle-même et débarrassée de la tyrannie du sujet. En refusant toute hiérarchie à l'intérieur même du tableau, en donnant autant d'importance à l'accessoire qu'à la figure, Manet assurément rompait avec les règles académiques. (...) Comme Cézanne et comme Monet qu'il influencera, Manet trouvait dans la nature morte, obéissante et disponible, un laboratoire d'expériences colorées dont il répercutait aussitôt les trouvailles dans d'autres compositions ; comme Cézanne et comme Monet, il dit cette curieuse obsession de l'éclatante blancheur et voulut peindre lui aussi ces tables servies avec leurs nappes blanches "comme une couche de neige fraîchement tombée" (Nature morte avec melon et pêches, Washington, National Gallery of Art). Manet, peintre de natures mortes, a médité les grands exemples anciens, celui des Espagnols et de leurs bodegones, celui des Hollandais et bien sûr  celui de Chardin. Dans les années 1860, il joue des franches oppositions du noir et du blanc, bois sombre de la table, éclat d'une nappe ou serviette sur lesquelles il dispose ses notes colorées.
A sa mort, Édouard Manet laisse plus de 400 toiles, des pastels, esquisses et aquarelles. Ses plus grandes œuvres sont aujourd'hui visibles dans tous les musées du monde. 



dimanche 27 août 2017

Blas de Ledesma (1546-1614)


Blas de Ledesma (1546-1614)
 Bodegone con esparragos, alcachofas, limones, cerezas

Que voit on ? Une composition très précise et très symétriquement ordonnancée, au milieu de laquelle triomphe, "en majesté " un panier en osier harmonieusement rempli d'artichauts et de bottes d'asperges, encadrés par deux branches de cerisiers. A l'avant de la composition ,sur l'entablement de bois,, deux bols de porcelaines de Chine rempli de citrons et une autre botte d'asperges autour de laquelle semblent danser trois citrons  plus ou moins ovales !

Rappel biographique : le peintre espagnol Blas de Ledesma fait partie des peintres de nature mortes ls plus importants d'Espagne au 17e siècle.  Sa biographie est très mal documentée et comporte beaucoup de zones d’ombres et de confusions. Ainsi l’a-t-on confondu longtemps avec un certain Blas de Prado, qui a peint des natures mortes de qualité assez médiocres. Ce que l’on sait de façon certaine c’est que Blas de Ledesma a travaillé  à Grenade en 1602 avec Pedro de Raxis sur le dôme qui couronne le grand escalier du monastère de Santa Cruz Real  En 1606, on retrouve sa trace à Andújar (Jaén) où il réalise la peinture de l'une des voûtes de l'église Santa Maria. Il est référencé comme  peintre muraliste par Francisco Pacheco, qui le cite avec beaucoup de compliments,  comme le principal introducteur des grotesques dans les fresques du  Palais de L'Alhambra. En 1614, on retrouve Ledesma à Grenade encore, où il réalise la voûte en plâtre de la salle Mocárabes de l'Alhambra et divers travaux dans la cathédrale.

samedi 26 août 2017

Bernard Lorjou (1908-1986) - Nature-morte à la pastèque et à la verseuse


Bernard Lorjou (1908-1986) Nature-morte à la pastèque et à la verseuse.


Bernard Lorjou (1908-1986)
Nature-morte à la pastèque et à la verseuse.

Que voit on ?  Sur une entablement carré gris: une tranche de pastèque présentée sur un plat oval en porcelaine blanche et une verseuse dans laquelle quelques fleurs ont été posées. Une grande fraicheur de coloris arrangés ur un fond bleu très estival. Présent également sur cette image diverses filigranes et contremarques censées protéger les droits d'auteurs et qui en réalité de nature complètement l'image.... 

Rappel biographique :  Bernard Lorjou est un peintre français qui a bénéficié de son vivant d'une importante notoriété et qui a été totalement oublié depuis son décès. Tant mieux diront certains ! Pendant les années 1950, il est, avec Bernard Buffet, Jean Carzou et Alfred Manessier l'un des peintres français les plus cités et les plus célèbres d'alors. Dans les années 1920, alors qu'il fréquente les anarchistes du Libertaire, il découvre l'oeuvre d'Edouard Manet et veut devenir peintre. En 1925, il entre à l'atelier de dessin François Ducharne, où il devient maquettiste et dessinateur en soierie. Plus tard, ses créations dans ce domaine habillent des célébrités comme la duchesse de Windsor ou Marlène Dietrich. Puis sans en avoir jamais suivi de cours  de beaux arts pour apprendre son métier ou même l'histoire de l'art, il  devient peintre de façon autodidacte et il fonde le mouvement anti-abstrait « L'Homme témoin de son temps ». La première exposition du groupe a lieu а Paris en 1948. La même année, il partage avec Bernard Buffet le Prix de la critique. Ce dernier participe à la seconde exposition de l'Homme témoin en 1949. La troisième et dernière a lieu en novembre 1962 devant une assistance très clairsemée. En 1953, il rencontre Domenica Walter-Guillaume qui le met en relation avec le marchand d'art Georges Wildenstein,  Edgar Faure, Arthur Honegger et d'autres personnalités très influentes dans ces années là.
Farouche adversaire de l'art abstrait, Lorjou le qualifia dans une lettre ouverte au président de la République de façon pour le moins"  réactionnaire" « d'imbécile, apatride, vide, art de dégénéré… devenu par la volonté de votre ministre de la Culture, l'ART officiel français ». Le ministre en question n'était autre qu'André Malraux qui n'apprécia  que très moyennement !
 Personnage irascible, fantasque, et peu sympathique,  Lorjou fait circuler en 1977 une pétition pour la défense de l'Art français et contre le Centre Beaubourg qu'il n'hésite pas à qualifier de Centre de Merde parce qu'il représente pour lui cet art officiel qu'il exècre particulièrement.
D'un style onirique figuratif, il est souvent considéré par la critique comme un expressionniste tardif. Artiste autodidacte, il s'était  définit lui-même comme « la bête noire » des conservateurs de musées. Ses excès langagiers et sa pensée souvent aigre lui garantissent un purgatoire qui durera longtemps !
 
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vendredi 25 août 2017

Bartolomeo Bettera (1639-1688) - Instruments de musique avec deux globes de verre et un buste d’homme

Bartolomeo Bettera (1639-1688)  Instruments de musique avec deux globes de verre et un buste d’homme   Coll. Remuzzi

Bartolomeo Bettera (1639-1688) 
Instruments de musique avec deux globes de verre et un buste d’homme 
 Coll. Remuzzi

 Que voit on ? La représentation d'instruments de musiques précieux habituellement présents dans les compositions de ce peintre  : ici l'effectif d'un petit orchestre de chambre baroque avec deux mandolines deux violons, une flûte à bec et une trompette à quoi s'ajoutent deux globes de verre montés sur des pieds en ébène chantourné. Ces deux globes ont la particularité de refléter ce qui se passe de l'autre coté de la scène décrite dans le tableau :  en l'occurrence le peintre peignant le tableau et la fenêtre qui éclaire la scène.

Rappel biographique : Le peintre italien originaire de Bergame, Bartolomeo Bettera a séjourné à Rome ainsi qu'à Milan où il demeura probablement jusqu'à sa mort survenue à la fin du 17e siècle. Dans le domaine des  natures mortes, Bartolomeo Bettera est assez proche du style d'Evaristo Baschenis dont il s'inspira beaucoup  pour certains thèmes, et avec lequel on l'a souvent confondu, notamment dès qu'il s'agit de représentations d'instruments de musique. Les compositions non signées de Bettera provoquent d'ailleurs souvent des erreurs d'attribution avec  Evaristo Baschenis, bien que les deux styles puissent être clairement différenciés : couleurs plus opaques pour l'un ou regroupement des objets plus compact et rendu des tissus et des draperies moins raffiné pour Bettera. Néanmoins, la plupart des travaux de Bettera sont signés avec deux initiales séparées par une petite croix (B x B). C'est un formidable inventaire de l'instrumentarium de leur époque que ces deux peintres ont, en tout cas, permis de dresser à travers leurs oeuvres respectives.
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jeudi 24 août 2017

Antoine Watteau (1684-1721) - Etude de coquillage

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Antoine Watteau (1684-1721) 
Etude de coquillage  (Cassis inflata) 
Craie noir et rouge sur papier teinté

 Que voit on ?  Comme Rembrandt avant lui, Watteau s'est essayé à l'exercice de la représentation de coquillage et de ses contrechamps érotiques que seul Odilon Redon explorera avec le même succès  après lui. Cette craie noire et rouge est une grande réussite et la seule incursion connue de Watteau dans un genre approchant celui de la nature morte. 

Rappel biographique : Jean-Antoine Watteau, plus connu sous le nom d’Antoine Watteau, est un peintre français,  créateur et  représentant du mouvement rocaille. Inspiré par la commedia dell'arte, il aime représenter le théâtre dans ses tableaux. Sa carrière très brève, d'une quinzaine d'années, lui a malgré tout permis de laisser une oeuvre considérable et de connaitre un grand succès de son vivant. On compte ainsi des milliers de dessins et plus de 200 tableaux que les princes d'Europe et les collectionneurs privés s'arrachaient.  Une des principales sources de renseignements sur sa vie est la biographie rйdigйe par son ami le comte de Caylus.


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mercredi 23 août 2017

Antoine Vollon (1833-1900) - Nature morte avec roue de brie

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Antoine Vollon (1833-1900)
Nature morte avec roue de brie
The MET

 Que voit on ? Sur un entablement d'office : un jarre en céramique vernissée jaune, remplie de crème fraiche ; quelques tomates très rouges ; une roue de brie au quart entamée et posée sur son lit de paille qui cache la moitié d'un couteau. Le brie est crémeux à souhait et peint avec la même intelligence de touche et splendeur du rendu de texture que l'était la motte de beurre du même peintre déjà postée sur ce blog. Pendus au mur : quelques oignons au rendu très réaliste, une botte de fanes nouées et ce qui semble être un hareng qui sèche près des oignons. Un merveilleux tableau de ce peintre encore presque inconnu en France et que la notice du MET présente (avec raison) comme un digne successeur de Chardin.

Rappel biographique : le peintre français Antoine Vollon est considéré comme appartenant au mouvement réaliste, bien que son style s'adapte toujours en fonction du sujet traité. Artiste productif, fougueux et extrêmement doué, Antoine Vollon affichait une préférence marquée pour les effets de lumière. Il a peint des ports, des marines aux grands cieux tourmentés et des pêcheurs mais c'est surtout comme peintre de natures mortes qu'il aimait se présenter lui-même.
Il débute sa carrière à Lyon, où il apprend la gravure sur métaux et fréquente l 'Ecole des beaux-arts de la ville où il est l'élève de Théodule Ribot. Il développe rapidement une attention particulière surtout pour les natures mortes qui relèvent d’un défi technique et artistique. Ce défi couvre un champs très large qui va de la représentation d'une motte de beurre, à la peinture de fruits et de fleurs isolés (poires, prunes, cerises, pêches, tomates, courges, violettes...) en passant par le rendu des reflets du métal des ustensiles de cuisines jusqu'à la représentation des matières vivantes quotidiennes de la cuisine (plateau d'huîtres, œufs, carcasse de cochon pendu et vidé, poissons de mer en attente de cuisson...).  Ses œuvres sont aujourd’hui conservées dans les plus grands musées du monde entier (Amsterdam, Londres, New York...) et chez quelques chanceux collectionneurs privés principalement aux Etats-Unis où Vollon est beaucoup plus connu qu'en Europe (Washington, New York, Boston, Philadelphie…). En France, le musée d'Orsay à Paris conserve une de ses toiles (Autoportrait), de même que les musées de Lyon (sa ville natale), Amiens et Rouen. Le Musée des Beaux arts de Dieppe quant à lui conserve deux toiles : Femmes du Pollet à Dieppe et Poissons de mer.
Alexandre Dumas fils était le grand collectionneur  français de l'œuvre de Vollon, ainsi que de riches américains, comme Henry Frick (Frick Collection) ou le peintre William Merritt Chase qui l'admirait beaucoup et s'inspira, dans la plupart de ses propres natures mortes de celles d'Antoine Vollon. Le MET à New York conserve l'une des plus belles toiles de Vollon.

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mardi 22 août 2017

Alexandre-François Desportes (1661-1743) - Prunes, figues et bécasses


Alexandre-François Desportes (1661-1743)
Prunes, figues et bécasses
Musée des beaux-arts de Lyon

 Que voit-on ?  Avec une somptuosité de coloris et des rendus de texture rarement atteint, on voit exactement ce que décrit le titre dans cette nature morte autrefois intitulée " à la besace " et dont les sujets reposent au pied d'un arbre aux feuilles rougissantes d'un automne commençant.  Une splendeur de ce très grand maître de la nature morte française, bien qu'il fut, avant tout, peintre animalier.

Rappel biographique : Issu d’une famille modeste, Alexandre-François Desportes à ne pas confondre avec Nicolas Desportes ou Jean Desportes, deux autres peintres de nature mortes ayant vécu à la meme époque)  était destiné à être paysan mais, à la suite d’une longue période de convalescence, il s’initia au dessin et acquit peu à peu une grande maitrise de cette technique. Il devint l’élève de Nicasius Bernaerts d'origine flamande, alors membre de l’Académie royale et spécialisé dans la peinture animalière et de Frans Snydersil s’est largement imprégné de la tradition flamande. Au cours de ses premières années, il découvrit ainsi la peinture flamande dont il va subir l’influence tout au long de sa carrière.  A la mort de Bernaerts, Desportes ne se fia plus qu’à la nature. En 1695-1696, il fut nommé portraitiste à la cour de Pologne avant d’être rappelé en France où il abandonna le genre du portrait pour se consacrer presque exclusivement à la peinture animalière. Reçu à l’Académie royale en 1699, il participa à la décoration de la ménagerie de Versailles. Outre la peinture animalière, Alexandre-François Desportes se distingua aussi par ses natures mortes où il excella véritablement. On y perçoit l’approche réaliste flamande qui se traduit aussi bien dans les fonds de paysage que dans le rendu riche et méticuleux des matières alliée à une délicatesse alors réputée être très française.

lundi 21 août 2017

Pablo Picasso (1881-1973) - Pot, Verre à vin et Livre


Pablo Picasso (1881-1973)
Pot, Verre dà vin et Livre 1908.
Musée de l'Ermitage, St. Petersbourg, Russie

 Que voit on ?  Exactement ce que décrit le titre saisi dans un coin de mur sur lequel une partie non visible du livre repose. Trois textures différentes : le verre, la terre cuite et le papier pour cet exercice pré-cubiste très émouvant en ce qu'il fait référence (dans son agencement) au grand peintre espagnol de natures mortes Juan Sanchez Cotan.

Rappel biographique : le peintre espagnol Pablo Ruiz Picasso qui a passé l'essentiel de sa vie en France, est l'auteur d'un oeuvre immense, tous genres confondus, que l'on chiffre à près de 50 000 pièces. Les premiers collages et assemblages sont réalisés pendant l'hiver 1912, Nature morte à la chaise cannée (Paris, Musée Picasso), Guitare(s) en carton (Paris, Musée Picasso). A partir des années 20 ses natures mortes seront très proches, sur la même ligne de conception " cubiste analytique " que celles de George Braque, dont il devient un temps l'intime avant de s'en séparer définitivement.  Il y eut une connivence d'inspiration très rare entre ces deux peintres pendant une certaine période de leur vie et en particulier dans le domaine du traitement de la nature morte. 
Picasso a peint énormément d'autres natures mortes après la Seconde guerre mondiale et hors de la période cubiste, mais malgré leur impressionnante quantité, rapportées à la masse énorme de sa production, elles ne constituent pas un genre qui tient autant de place dans son oeuvre que dans l'oeuvre de Georges Braque.

201è - A Still Life Collection 


Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 

dimanche 20 août 2017

Nicolas Issaiev (1891-1977)


Nicolas Issaiev (1891-1977)
Nature morte a la cruche
 Private collection

Que voit-on ? Dans une atmosphère assez sombre, posée sur un entablement difficile à identifier : une cruche à anse à motif étrange de masque grillagé ou d'oeuf grillagé projette un puissant jet de lumière en manière d'ombre. A gauche de la composition : trois autres oeufs peints comme les oeufs offerts en cadeaux au moment de la Pâques orthodoxe, une des plus importantes fêtes religieuses russes. Dans certaines regions de Russie, peindre un oeuf équivalait même à faire un voeu : ainsi peignait-on des petits soleils pour obtenir du beau temps, des épis pour de belles récoltes, etc. On les mettait sur les toits des maisons pour se protéger de l'orage ou dans les sillons des champs pour que la récolte soit bonne.  C'est pourtant sur la cruche que le titre attire l'attention du spectateur...

Rappel biographique : Nicolas Issaiev est un artiste français né près d'Odessa en 1891. Peintre, graphiste et décorateur de théâtre, Issaiev a étudié à Odessa et Kharkiv dans les studios de V. Shuchajev et A. Yakovlev et à l'Académie Ranson à Paris. Il était dans l'armée pendant la Première Guerre mondiale avant d' immigrer en 1919 à Belgrade où il travailla au Théâtre national comme décorateur. En 1925 il s'installe à Paris où il se fait connaître du milieu artistique du Montparnasse en peignant des paysages, des natures mortes et quelques portraits.  Il ne sera cependant jamais intégré parmi les peintres célèbres de Montparnasse comme Soutine et Foujita et encore moins parmi les peintres de l'Ecole de Paris dont il faisait pourtant bel et bien partie. Le seul mouvement et groupe auquel il parvient à s'intégrer fut l'assez obscur groupe tcheco-belge Circle (Krug) Group avec lequel il exposa de nombreuses fois, aussi bien à Bruxelles, Paris que Belgrade. En 1940-1945, il s'installa dans le sud de la France pour y vivre seul. Après la Seconde Guerre mondiale, il fit de fréquents séjours en Suisse, Italie et Espagne. Entre 1945 et 1950, Issaiev réalisa de nombreuses  illustrations pour des ouvrages d'éditions d'art notamment sur les publications de Pierre de Ronsard, Edgar Allan Poe et Nikolay Gogol. Dans les années 1950 et 1960, il exposa à Paris dans les galeries La Boétie et A. Weil de même qu'à la galerie P. Bernet à New York.  Il participa avec plusieurs de ses toiles à la grande exposition qui eut lieu à Paris en 1961 puis en Russie en 1974 sous le titre Les Artistes russes de l'École de Paris, trouvant ainsi trois ans avant son décès un début de reconnaissance.

samedi 19 août 2017

Max Beckmann (1884-1950)


Max Beckmann (1884-1950)
Still Life with large green fruits
Private collection

Que voit-on ?  Sur un entablement improvisé sur la partie supérieure d'une malle  dont on aperçoit la serrure centrale et les fermoirs ou d'une cantine de militaire d'un jaune éclatant : un plat long et de forme ovoïde contenant 3 gros fruits verts (mangues ?) qui donnent son titre à cette composition tout en jaune et vert. Deux serviettes du meme jaune que la cantine invitent le ou les spectateur(s) à la dégustation ...

Rappel biographique : Le peintre allemand Max Beckmann était aussi graveur, sculpteur et écrivain  et appartenait au Mouvement Expressionniste et plus précisément à la tendance Neue Sachlichkeit (Nouvelle objectivité) de ce mouvement.  Il connut un immense succès en Allemagne jusqu'en 1933,  date à laquelle Hitler arriva au pouvoir et décide que la peinture moderne est dégénérée. Beckmann faisait partie de ces peintres dégénérés que les Nazis persécutèrent pour leur expression artistique. Il dut démissionner de toutes ses fonctions pédagogiques officielles avant que 500 de ses oeuvres ne soient saisies dans les musées. Il quitta l'Allemagne le jour même où Hitler fit son discours sur l'art dégénéré à la radio. Beckmann se réfugia en Hollande pendant 10 ans, puis s'exila définitivement aux Etats-Unis, après la guerre. Le petit nombre de ses natures mortes qui sont parvenues jusqu'à nous sont toutes empreintes d'un symbolisme très puissant.

vendredi 18 août 2017

Léon Bonvin (1834-1866)


Léon Bonvin (1834-1866)
Nature morte avec viande et légumes
Museu Nacional de Belas Artes-Rio de Janeiro

Que voit on ?  Sur un entablement à peine esquissé  cette composition remarquablement peinte fait figurer une marmite en terre cuite, de celles où l'on faisait les "potées" et tous les ingrédients nécessaires à un pot au feu : une pieces de boeuf, des poireaux liés en bottes et des carottes? Aucune mise en scène pour ce sujet très rustique si ce n'est sa présentation sur un fond intégralement et intensément noir, et une très belle maitrise des couleurs et des textures.  On remarque ici aussi, comme dans beaucoup d'autres natures mortes de ce peintre,  l'un des sujets favoris présenté au tout premier plan : des pelures.

Rappel Biographique : Le peintre français Léon Bonvin, né dans la banlieue parisienne dans un famille très modeste, eut des ambitions artistiques à un âge très précoce. En grande partie autodidacte, il fut encouragé par son demi-frère aîné François, reconnu parmi les peintres réalistes de Paris, qui lui fournit gratuitement de quoi peindre. Les premiers dessins de Léon Bonvin furent de petites esquisses au fusain représentant son environnement immédiat, des petits dessins  assez sombre.  Gagnant sa vie comme aubergiste, Léon Bonvin commence à peindre des sujets tirés de la nature, des champs de fleurs entourant de sa maison ou des intérieurs d' auberge.
Dans les années 1860, il se consacre exclusivement à l'aquarelle, et peint des paysages et aux  natures mortes  qu'il rend avec une luminosité remarquable qui ne laisse personne indifférent. François Bonvin son frère plus connu, l'a encouragé à étudier le réalisme et la précision du rendu des  maîtres hollandais et flamands. Après son mariage en 1861, la situation financière de Bonvin empire, son auberge perd de l'argent. C'est alors qu'il se rend à Paris pour essayer de vendre ses aquarelles. Il rencontre un  seul marchand d'art qui lui refuse assez sèchement et grossièrement ses toiles. Il a 32 ans.  Le lendemain de cette rencontre, on  le retrouve pendu dans la forêt de Meudon.
Une vente posthume de ses aquarelles a rapporté plus de 8000 francs de l'époque au profit de sa famille qui était dans la misère.
On mesure aujourd'hui la stupidité de ce marchand qui n'a pas su voir le grand talent de Léon Bonvin, talent de dessinateur, de coloriste mais aussi talent novateur dans le choix des sujets... il est un des premiers  en effet à avoir peint presque systématiquement en les rendant beaux, des déchets (ce que l'on appelait aux 18e siècle "des restes ") mêlés aux sujets de ses natures mortes (pelure de fruits et de légumes, coques vides de fruits secs, feuilles délaissés de légumes vert, miettes de pain...)
Aujourd'hui, les quelques toiles et aquarelles que Léon Bonvin a peint dans sa trop courte carrière sont très présentes dans les collections publiques nord et sud américaines et très peu dans les collections  françaises où sont nom est toujours aujourd'hui presque inconnu !!!

jeudi 17 août 2017

Maurice de Vlaminck (1876-1958) - Nature morte aux citrons


Maurice de Vlaminck (1876-1958) 
Nature morte aux citrons, aquarelle
Collection Privée

Que voit on ? Sur un fond ou domine le bleu  un saladier en porcelaine blanche à motif rempli de  huit citrons et un pot à eau en porcelaine  à motif floral.  A l'arrière plan des points rouges et jaunes semblent figurer des fleurs à moins qu'il ne s'agisse de reflets sur des toitures.  La composition est très estivale....

Rappel biographique : Le peintre français Maurice de Vlaminck s'est illustré dans les courants Fauviste et Cubiste. Peintre de figures, portraits, nus, paysages, paysages animés, paysages urbains, intérieurs, natures mortes, fleurs et fruits, peintre à la gouache, aquarelliste, graveur, dessinateur et illustrateur, il fut aussi écrivain et publia vingt-six livres, romans, essais et recueil de poèmes. Ses natures mortes quelquefois très inspirées de celles de Cézanne sont des explosions de couleurs et de formes qui font assez souvent de lui, un peintre abstrait avant la lettre.


mercredi 16 août 2017

Karl Blossfeldt (1865-1932)


Karl Blossfeldt (1865-1932)
Untitled III, 1929.

 Que voit on ? une plante sauvage en bourgeon  qui offre ses futures fleurs comme autant de bras tendus vers le ciel.

Rappel biographique : Karl Blossfeldt  est un photographe allemand. Représentant de la Nouvelle Objectivité (Neuen Sachlichkeit), surtout connu pour son inventaire des formes et des structures végétales fondamentales. On peut comparer le résultat de son travail à celui d'un herbier... mais photographique. Dans la préface de son livre Wundergarten der Natur, Blossfeldt écrit :
« Les documents imagés parlent d'eux-mêmes. »
 « Mes documents sur les plantes doivent participer au rétablissement du lien avec la Nature. Ils devraient réveiller à nouveau le sens pour la Nature, indiquer les trésors riches dans la nature et favoriser l'observation de notre faune locale. »
L'image de la plante est agrandie entre 12 et 45 fois, а partir du négatif pris lui à l'échelle 1:1. Techniquement, les plantes devaient rester immobiles car le temps de pose était long. Blossfeldt s'est donc servi d'un coffrage en vitres placé autour de l'objet а photographier. Les reflets apparaissant sur l'image étaient supprimés durant le développement. Certaines photos comportaient des erreurs, mais il les conservait quand même dans sa collection. Ensuite, la photo était convertie en diapositive. Il a également utilisé des plantes synthétiques pour renforcer les contrastes de certaines images.
Il a utilisé une chambre photographique dite aussi chambre noire qu'il a probablement construite lui-même.
Les négatifs ont plusieurs formats : 6x9, 9x12, 13x18, et plus rarement 9x18. Les plaques en verre étaient enduites généralement d'émulsions orthochromatiques plus rarement panchromatiques. C'est pourquoi les images des plantes sont si précises.



mardi 15 août 2017

Evgenia Antipova (1917-2009) - Quinces on a green table

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Evgenia Antipova (1917-2009)
Quinces on a green table, watercolour
Private collection

Que voit-on ? sur une guéridon de jardin en fer, de couleur bleu turquoise et vert céladon, plusieurs coings entourant un pot à eau en verre transparent, rempli d'eau. Sur un coin du guéridon mais au premier plan un revue posée remplace l'antique couteau qui souligne la perpective. Une grande fraîcheur dans cette harmonie de couleurs estivales saisis à l'extérieur devant la fenêtre de la maison...

Rappel biographique : Evgenia Petrovna Antipova (Евгения Петровна Антипова) était une peintre russe soviétique, aquarelliste, dessinatrice et professeure d'art, membre de l'Union des artistes de St Petersburg (avant 1992 : Union des artistes de Leningrad). Elle a vécu et travaillé à Leningrad / Saint-Pétersbourg et elle est considérée comme l'une des représentantes les plus éminentes de cette Ecole de peinture de Leningrad. Les oeuvres d'Evgenia Antipova ont fait l'objet de plusieurs expositions personnelles en 1967, 1988, 1999 (avec son mari et artiste Victor Teterin), et en 2007. En 1989-1992, les  peintures d'Antipova ont été exposées pour la première fois en France dans une vente aux enchères très suivie concernant les artistes de l'École de Leningrad. Ses peintures sont exposées au  Musée d'Etat Russe et dans de nombreux musées d'art et collections privées en Russie, France, Allemagne, États-Unis, Royaume-Uni... Son succès international loin de se démentir s'accroit d'année en année.

2017 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau

lundi 14 août 2017

Carducius Plantagenet Ream (1837-1917)


Carducius Plantagenet Ream (1837-1917)
Small purple plums
Private collection 

Que voit on ?  Sur un lit de mousse, comme tombées de l'arbre, deux douzaines de prunes dont la texture et les reflets sont peintes avec un soin extrême et le souci constant  et touchant de rendre hommage au grand Chardin. On remarque ce contraste très appuyé entre la zone d'ombre et la pleine lumière d'un rayon de soleil perçant à travers le feuillage, signalant discrètement mais efficacement le fait que cette une nature morte a été saisie à l'extérieur.

Rappel biographique : Le peintre américain Carducius-Plantagenet Ream (Ream étant le nom de famille et Carducius-Plantagenet le prénom) a laissé une grand nombre de natures mortes et de tableaux dans les diverses galeries à travers tous les Etats-Unis qui les prenaient en dépôt de son vivant.  Leur succès a été immédiat car c'est tout à fait le type de peinture que les américains de la classe moyenne du 19e et du début du 20e siècle rêvaient de posséder pour " aristocratiser " un peu leurs intérieurs. De nombreuses œuvres de l'artiste ont été vendues aux enchères et continue de l 'être puisque Ream fait toujours le bonheur des salles de vente, 100 ans après sa mort. Par contre, on possède très peu de renseignements fiables sur sa vie qui reste un mystère...

dimanche 13 août 2017

Eliot Hodgkin (1905-1987) - Two green peppers and four red


Eliot Hodgkin (1905-1987)
Two green peppers and four red

Que voit-on ?  Exactement ce que décrit le titre deux poivrons verts et quatre rouges, soigneusement rangés tête bêche. On note toute meme que les rouges prennent  et reflètent mieux la lumière que les verts.

Rappel biographique : Le peintre britannique Eliot Hodgkin a réalisé de nombreuses natures mortes de plantes, de fruits, de légumes et d'autres objets inanimés avec une précision digne des grands illustrateurs botaniques des siècles passés. Cette grande précision et le luxe de détails de ces planches l'ont rendu grandement apprécié des botanistes et des scientifiques agissant dans le domaine environnemental. Hodgkin occupe une place réellement à part dans l'histoire de la nature morte au 20e siècle. La Royal Academy of Arts conserve, et aussi plusieurs dessins et tableaux de ce peintre dont l'oeuvre est hommage frontal, obstiné et très figuratif à l'environnement  dans un siècle qui a grandement participé à sa destruction. Après sa mort, plusieurs œuvres de sa collection furent vendues chez Christie's.

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2017 - A Still Life Collection
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samedi 12 août 2017

Emmanuel Sougez (1889-1972)


Emmanuel Sougez (1889-1972) 
Trois litres 1953
BnF, Paris 

 Que voit on ? Sur un buffet de cuisine posé contre une mur blanchi à la chaux, trois bouteilles bouchées, dont une aux trois quarts pleine de vins. Devant les bouteilles qui donnent le titre à cette photographie, un verre à moitié rempli de vin et un bol de petit déjeuner avec une cuillère à l'intérieur.

Rappel biographique : Jeune étudiant aux Beaux-arts de Bordeaux, Emmanuel Sougez voit bientôt dans la photographie le moyen de circonvenir le risque d'un éventuel insuccès artistique. L'histoire de la photographie est heureusement riche de ces détournements de vocations, et Paris puis Lausanne offrent à Sougez les moyens de ses ambitions. Dans les studios qui l'emploient, il perfectionne une pratique de l'image appliquée à la publicité et l'illustration.
Par le hasard d'une rencontre, Sougez est conduit en 1926 à fonder le service photographique du journal l'Illustration. Devenu acteur important du Paris photographique, il contribue par ailleurs à perfectionner un système de prise de vue en couleur : le procédé Finlay.
Dans la florescence éditoriale de l'entre-deux guerres, Emmanuel Sougez publie dans la revue Arts et Métiers Graphiques, éditée par l'indéfectible Charles Peignot. Les plus grandes signatures, Kertész, Man-Ray, Krull, Moholy-Nagy s'y expriment et cet illustre voisinage finit d'asseoir sa renommée.
Expositions et succès critique s'enchaînent. En 1937, Emmanuel Sougez participe à l'émergence du groupe Le Rectangle, qui défend une photographie technique, professionnelle et maîtrisée. Pourtant, la situation de la France occupée, dans le conflit mondial, jette sur l'entreprise un voile de malentendu qui s'estompera en 1946 avec la fondation du Groupe des XV.
Adepte des grands formats, rigoureux à la prise de vue comme au tirage, et créditant l'objet de sa photographie d'un équilibre et d'une exactitude formels intrinsèques, Emmanuel Sougez peut s'inscrire dans le grand courant de la photographie objective, qui s'étendrait d'Albert Renger-Patzsch à Edward Weston. Puriste par ferme conviction il n'a de cesse de pratiquer la photographie qu'en " ennemi du hasard ".

vendredi 11 août 2017

Edward Wadsworth (1889-1949) - Still life 1926

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Edward Wadsworth (1889-1949) 
Still-life, 1926

Que voit-on ?  Cette composition  où dominent deux grands coquillages exotiques, s'ordonne devant un paysage marin paisible sur fond de ciel nuageux. Sur la gauche cependant une étrange planche de bois trouée peinte en trompe l'oeil,  joue à la guillotine avec un drapé de tissu blanc qui finit par se déchirer et  interroger le spectateur.   De quoi s'agit-il ? d'un long pansement ? d'une écharpe oubliée sur la plage ? d'une nuage échappé du ciel et qui voudrait s'étirer sur la plage avec les coquillages? Toujours et il que le tissu coule dans le bois comme une cascade et joue avec la logique et les sens spectateur. Le surréalisme n'est pas loin....

Rappel biographique : Le peintre et graveur sur bois anglais Edward Wadsworth a souvent peint des vues de la côte, des comptes rendus d'évènements, des portraits et des natures mortes. Pendant la Première Guerre mondiale, il fut engagé par la Royal Navy pour dessiner le camouflage des navires. Après la guerre, il a continué à peindre des thèmes lié à la mer. Wadsworth était très impliqué dans le Vorticisme qui n'était rien de plus ou de moins qu'une déclinaison britannique du Cubisme européen. A peine un mois après que le manifeste du Vorticisme ait été publié dans BLAST, la guerre était déclarée à l'Allemagne. Le Vorticisme put cependant s'exprimer pendant le conflit puisque le 15 juin 1915 une exposition vorticiste fut organisée à la Galerie Doré.
Les natures mortes marines d'Edward Wadsworth, puisqu'elles tiennent des deux genres à la fois (les natures mortes et les marines), se rapprochent  en réalité plus des peintures surréalistes européennes (de Chirico ou de Magritte par exemple) que du cubisme dont elles se revendiquaient.  Elles sont une exception dans l'oeuvre très structurée de Wadsworth, comme on peut le voir à travers ses multiples peintures de bateaux extrêmement géométriques et ordonnées.

2017 - A Still Life Collection 
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jeudi 10 août 2017

Daniel Spoerri (bn1930)


Daniel Spoerri (bn1930)
Mettre le paquet  II, 1965 
Centre Georges Pompidou, Paris 

Que voit-on ? Un entablement très encombré après un repas qui semble avoir réuni 10  ou 11 convives.  Toutes les assiettes sont sales.. tous les verres aussi... comme les couverts et les plats. Seul le panier a pain en osier semble avoir échappé au massacre... à moins que ce ne soit un chapeau de paille égaré là par hasard !

Rappel biographique  : Artiste suisse contemporain du 20ème siècle, Daniel Spoerri est né en 1930 en Roumanie. Il débute d’abord à l’opéra de Berne en temps que danseur puis metteur en scène et décorateur. C’est sa rencontre avec Tinguely, qui l’orientera vers une carrière d’artiste.
C’est lors de son arrivée à paris en 1959 qu’il crée ses premiers tableaux pièges : des objets du quotidien sont collés sur une planche, un table ou des tiroirs puis accrochés sur un mur à la verticale. Ce travail le conduira à fonder, avec huit autres artistes le groupe des nouveaux réalistes, prenant alors conscience de leur « singularité collective ». En parallèle aux tableaux pièges, Spoerri développe les détrompes l’œil en 1963 puis les pièges à mots vers 1964.
En 1963, Spoerri commence à collectionner des repas à la Galerie J., alors qu'il est en contact avec George Maciunas et Fluxus. Il ouvre ensuite un restaurant Spoerri à Düsseldorf en 1968, servant de la nourriture préparée par lui-même, puis une Eat-Art Gallery, où il invite clients et artistes à confectionner des œuvres comestibles comme les personnages en pain d'épices de Richard Lindner ou les sucres d'orge de César. Il devient célèbre en collant les restes et les plats du repas à la table, tels que le client les avait laissés, pour réaliser des tableaux-pièges. Il collectionne également les recettes de cuisine et imagine des rites gastronomiques extravagants (J'aime les keftédès, 1970).
À partir de 1967, dans l'île grecque de Symi, Spoerri joue de la charge magique des objets avec ses Conserves de magie à la noix, qu'il prolonge au début des années 1970 avec des Natures mortes constituées de cadavres d'animaux, affirmant l'ambiguïté du piégeage par rapport à la mort et à la conservation.
Au cours de la décennie suivante, il devient assembleur, transformant en idoles parodiques formes à chapeaux, hachoirs à viande ou instruments orthopédiques ; certains de ces assemblages sont ensuite fondus en bronze. Son goût pour les masques et les objets cultuels s'exprime dans des « objets ethnosyncrétiques » qui rassemblent masques primitifs, rebuts des Puces et signes religieux, pour tourner en dérision toute croyance et toute convention artistique.
Il va encore plus loin dans le concept d'évacuation de toute créativité, faisant supprimer certaines de ses œuvres en brevet par des tiers (notamment par un enfant de onze ans), les tableaux portant au dos un texte de l'artiste, une signature et une date. À la question posée devant les tribunaux de savoir s'il fallait considérer ces tableaux comme d'authentiques œuvres de Spoerri, la jurisprudence a répondu négativement.
En 1972, le Centre national d'art contemporain à Paris lui consacre une rétrospective. Dans les années 1990, il donne un one man show au Centre Georges-Pompidou à Paris.


mercredi 9 août 2017

Estêvão Silva (1844-1891)


Estêvão Silva (1844-1891) 
Natureza morta com caju e manga 
Museu Afro Brasil, Sao Paulo

 Que voit-on ?  Exactement ce que décrit le titre, saisi dans un clair obscur qui peut faire penser à certaines natures mortes que Gustave Courbet peignit à la même époque à 7000 kilomètres de là !

Rappel biographique : Stephen Roberto da Silva plus connu sous le nom d' Estêvão Silva est né et mort  au Brésil. Peintre, dessinateur et professeur, il eut une importance majeure dans son pays dans la seconde moitié du 19e siècle. Premier éminent peintre d'origine africaine diplômé de l'Académie impériale des Beaux-Arts du Brésil, il fut célèbre pour ses natures mortes, dont il est considéré comme l' un des plus grands maîtres brésilien. A l'Académie impériale des Beaux-Arts de Rio de Janeiro, il fut été très influencé par son professeur Agostinho José da Mota, le tout premier peintre de natures mortes brésiliennes. Dans les années 1880, il se joint au groupe Grimm, renforçant la proposition novatrice de ses membres : l'étude de la nature par l' observation directe et la peinture en plein air.

mardi 8 août 2017

Giorgio Morandi (1890-1964)- Natura morta 1929


Giorgio Morandi (1890-1964)
Natura morta 1929
Collection privée

Que voit on ? Comme à l'habitude chez Morandi, des contenants alignés en rangs d'oignons qui ont fait la célébrité de son oeuvre. Mais dans cette composition datant de 1929,  les contenants n'ont pas le même aspect abstrait et immatériel que les moulages en plâtre d'objets qu'il fera plus tard.  On reconnait ici de véritables objets : un broc à eau, une lampe à pétrole, une boite à thé, une tisanière, une boite d'allumettes suédoises, un bougeoir, une urne funéraire, un lampe veilleuse à mèche de cordes... L'aspect daté de ces objets ajoutent une émotion supplémentaire à l'univers déjà si particulier de Morandi.

Rappel biographique : Le peintre italien Giorgio Morandi, bien que qualifié de futuriste ne peut être identifié à aucun mouvement pictural du 20e siècle en particulier. Ayant peint de très nombreuses natures mortes, l’œuvre de Cézanne représente évidemment une influence majeure pour lui ; il lui emprunte la monumentalité des formes et les zones denses de couleurs. Mais simultanément, il développe une approche beaucoup plus intime de l’art.
Les natures mortes de Giorgio Morandi représentent des objets toujours ordonnés avec soin sur une table dans l'atelier, pour être observés et peints. Ces objets qu'il a lui même achetés chez des brocanteurs, qui lui ont été donnés par des amis ou qu'il a ramassés dans la rue, sont facilement identifiables de toile en toile ; ce sont des bouteilles, cubes,  entonnoirs auxquels viennent se mêler, à l'occasion mais rarement, un coquillage ou un fruit. Le positionnement des objets dans le cadre est réalisé avec une attention particulière portée à la " géométrisation" de l'espace qui peut alors se lire en carrés et diagonales. Un lent travail de maturation est mis en œuvre par le dessin et la peinture par reprises successives, superpositions de couleurs faites d'une pâte ample avec des dégradés de gris d'une extrême sensibilité, qu'amplifie une sorte de délectation morose. Morandi avait la réputation de broyer lui-même ses couleurs.

lundi 7 août 2017

Georg Baselitz (bn.1938)


Georg Baselitz (bn.1938)
Stil life
Private collection 

Que voit-on ? Qui ne connait pas l'œuvre de ce peintre pourrait imaginer, à première vue, qu'il s'agit d'une calligraphie dans un alphabet inconnu. Qui connait le peintre sait qu'à la condition de faire l'effort de  retourner le tableau dans sa rétine ou de risquer un torticolis, il aura la stupéfiante révélation d'une bouteille bleue, d'un verre et d'une pot de fleurs posés sur un entablement ! D'autres préfèreront s'arrêter sur l'expressivité brute de cette composition et  ces trois couleurs fortes (bleu-beige-noir).

Rappel biographique :  Georg Baselitz est un peintre et graveur allemand. Né en Saxe où il étudie, ce n'est que plus tard qu'il vient vivre en Allemagne de l'Ouest. Sa carrière prend son élan à la fin des années 1980, après une intervention policière contre un de ses autoportraits (Die große Nacht im Eimer) dans lequel il se dépeint en jeune garçon se masturbant. Il est aujourd'hui professeur à l'Université des arts de Berlin. Plusieurs de ses toiles présentent leurs sujets à l'envers provoquant chez le spectateur un effort d'attention. Baselitz déconstruit la matière pour en faire émerger la vie. L'association de pigments et du façonnage des matériaux, sélectionnés pour leur couleur, leur chaire et leurs possibilités esthétiques, amène l'artiste à détourner, à perturber les formes et les volumes. Influencé par le primitivisme et l'art tribal notamment, Baselitz fait résonner l'expressionnisme allemand, auquel il se refuse d'appartenir, avec les arts premiers. "Je pense que la sculpture est un chemin plus direct que la peinture pour arriver au même résultat parce que la sculpture est plus primitive, plus brutale et moins réservée comme la peinture l'est parfois." 
En 2007, une grande rétrospective  a été consacrée a son oeuvre à la Royal Academy of Arts à Londres.

dimanche 6 août 2017

Suzanne Valadon (1865 -1938)


Suzanne Valadon (1865 – 1938)
Nature morte aux fruits rouges, 1917
Private collection

Que voit-on  ? Sur un guéridon en bois clair, partiellement recouvert d'un étroit chemin de table blanc: trois éléments. Au premier plan : un récipient contenant de la crème contenant une cuillère ; au second plan un plat à gratin rempli de fruits rouges (groseilles) ; à l'arrière plan bien que se retrouvant au centre de la composition: un coupe à champagne contenant un fond de breuvage rouge (sirop de fruits rouges ou vin ?)

Rappel biographique  :  Suzanne Valadon est une des plus importantes peintres françaises du 20e siècle et la premiere femme admise, en 1894,  à la Société nationale des beaux-arts. Elle a commencé sa carrière comme acrobate de cirque en 1880, jusqu’à ce qu’une chute mette fin prématurément à cette activité. Dans le quartier de Montmartre où elle habite avec sa mère, puis avec son fils naturel, le futur peintre Maurice Utrillo, né 1883, elle a la possibilité de s’initier à l’art. Devenue modèle d’artistes, elle les observe en posant, et apprend ainsi leurs techniques. Modèle de Pierre Puvis de Chavannes, Pierre-Auguste Renoir, Henri de Toulouse-Lautrec, elle noue des relations avec certains. Habituée des bars de Montmartre où la bourgeoisie parisienne vient s’encanailler, Toulouse-Lautrec durant cette période, fait d’elle le portrait intitulé Gueule de bois. Edgar Degas (pour qui elle n'a jamais posé), remarquant les lignes vives de ses dessins et de ses peintures, encourage ses efforts. Elle connaît de son vivant le succès et réussit à se mettre à l’abri des difficultés financières de sa jeunesse. Suzanne Valadon peint des natures mortes, des bouquets et des paysages remarquables par la force de leur composition et leurs couleurs vibrantes. Elle est aussi connue pour ses nus. Ses premières expositions au début des années 1890 comportent principalement des portraits, dont celui d’Erik Satie avec qui elle a une relation en 1893. Il lui propose le mariage au matin de leur première nuit.
Suzanne Valadon est alors connue pour travailler plusieurs années ses tableaux avant de les exposer.
La peintre trouve dans la galeriste Berthe Weill, une alliée solide qui soutient son travail. La marchande fait ainsi participer l'artiste à près de dix-neuf expositions entre 1913 et 1932, dont trois rétrospectives personnelles. Son mariage, en 1896, avec un agent de change, prend fin en 1909, Suzanne quitte son mari pour l'ami de son fils, le peintre André Utter (1886-1948), qu’elle épouse en 1914. Cette union, houleuse, dure près de trente ans. André Utter en Adam et elle-même en Eve figurent sur l’une de ses toiles les plus connues, Adam et Eve. En 1923 elle achète avec Utter le château de Saint-Bernard, au nord de Lyon, pour couper son fils Maurice Utrillo de ses penchants pour l'alcool. Ce dernier  qui signait ces toiles Maurice Utrillo V. (pour Valadon) peint le château ainsi que l’église ou encore le restaurant du village. Suzanne Valadon morte, le 7 avril 1938, entourée de ses amis peintres André DerainPablo Picasso et Georges Braque, est enterrée au cimetière parisien de Saint-Ouen.
Ses oeuvres sont conservées dans de nombreux musées, dont le Musée national d'art moderne à Paris, le Metropolitan Museum of Art à New York, le Musée de Grenoble, le Musée des beaux-arts de Lyon. Une exposition permanente lui est dédiée à Bessines-sur-Gartempe (Haute-Vienne), sa ville natale.

samedi 5 août 2017

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - Le gobelet d'argent

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Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
Le gobelet d'argent (vers 1730)
Palais des Beaux-Arts, Lille

Que voit on ?  Au premier plan : un gobelet d’argent appartenant à l’artiste et qu'il s'est plu à  représenter dans ses tableaux tout au long de sa carrière. Autour du gobelet, disposés dans le décor dépouillé d’une niche de pierre, comme négligemment abandonnés, d'autres objets familiers qui sont en réalité parfaitement ordonnés. Ils semblent dialoguer entre eux comme les protagonistes d’une conversation familière et intime. Le couteau, projeté en oblique vers le spectateur, vient contredire le rythme calme des verticales et des horizontales de la composition. Quelques détails accrochent le regard : les miettes de pain tombées sur le rebord de la margelle en pierre ou le magnifique reflet de la cuillère sur le gobelet...  Le brillant du gobelet et du rebord du plat est rendu par quelques touches de blanc qui viennent égratigner la surface de la toile.
Selon la notice du  Musée des Beaux Arts de Lille, une radiographie du tableau a révélé de nombreux repentirs : un chou et un agrume ont été finalement recouverts par le peintre pour obtenir une construction plus sobre. La scène baigne dans une lumière douce unifiée par une grande harmonie des couleurs. L’atmosphère est silencieuse, recueillie. Le sujet en soi n’a rien de bien extraordinaire,  il fait partie des multiples natures mortes d'objets de cuisine peintes par Chardin, mais la façon dont le peintre restitue leur présence et leur matérialité  force l’admiration. Austère et sensuel, l’ensemble est d’un réalisme éblouissant.

Rappel biographique : Jean-Baptiste-Siméon Chardin est considéré comme l'un des plus grands peintres français et européens du 18e siècle. Célèbre pour ses scènes de genre et ses pastels, il est aussi reconnu pour ses natures mortes dont il reste le maître incontesté. D'après les frères Goncourt, c'est Coypel qui en faisant appel à Chardin pour peindre un fusil dans un tableau de chasse, lui aurait donné le goût pour les natures mortes. A partir du Salon de 1748, Chardin expose de moins en moins de scène de genre, il multiplie désormais les natures mortes. Ce retour à ce type de peinture va durer une vingtaine d'années. Il est difficile de donner des raisons à ce changement de cap. On sait que pendant cette période la vie de Chardin est en pleine mutation. Il se remarie, il reçoit une pension du roi. Il est désormais à l'abri du besoin. Ces deux tableaux de réception à l'Académie Royale de peinture sont tous deux des natures mortes, La Raie et Le Buffet qui se trouvent aujourd'hui au Musée du Louvre (salle 39) . Chardin devient ainsi peintre académicien « dans le talent des animaux et des fruits », c'est-à-dire au niveau inférieur de la hiérarchie des genres alors reconnus. Et c'est sans aucun doute Chardin qui va lui donner ses lettres de noblesse et en faire un genre pictural égal, voire même supérieur à bien des égards, aux autres.
Les natures mortes qu'il peindra à partir de 1760 sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres...  Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, ou aux effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi. On peut souvent parler d'impressionnisme avant la lettre.
Chardin cherchait à reproduire la matière, ces fruits semblent aussi vrais que nature, Diderot s'extasiait devant ce réalisme dans son compte-rendu du Salon de 1759 : " Vous prendriez les bouteilles par le goulot si vous aviez soif ". ou encore en 1763, " C'est la nature même; les objets sont hors de la toile et d'une vérité à tromper les yeux. (...)
 Pour regarder les tableaux des autres, il semble que j'ai besoin de me faire les yeux ; pour voir ceux de Chardin, je n'ai qu'à regarder ce que la nature m'a donné et   m'en bien servir ".
" O Chardin ! ce n'est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette: c'est la substance même des objets, c'est l'air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau et que tu attaches sur la toile ".

2017 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau, #AStillLifeCollection, #NaturesMortes 

vendredi 4 août 2017

John Ruskin (1819-1900) - Bleinheim orange Apple


John Ruskin (1819-1900)
Bleinheim orange Apple, 1873 
Watercolor and bodycolour on heavyweight white watercolour paper 
Private collection

Que voit-on ? Une pomme d'un réalisme et d'une précision de coloris d'autant plus surprenante qu'elle a été peinte par Ruskin à l'aquarelle. Une merveille absolue de ce grand poète  (accessoirement peintre paysagiste) très peu tenté par le genre de la nature morte.  

Rappel biographique : John Ruskin fut un écrivain, poète, peintre et critique d'art britannique.
Fils unique d'une riche famille, il fut éduqué à domicile, avec une insistance particulière sur l'art et la religion. Il poursuivit son éducation en dilettante, en tant qu'auditeur libre à Oxford. Malgré des problèmes de santé, il y obtint son MA en 1843. Surtout, il s'y lia d'amitié avec nombre d'intellectuels. Il fut publié dès son adolescence. Grâce а la fortune de sa famille, il put consacrer sa vie а l'écriture. Il devint rapidement célèbre dans les années 1840 grâce à son travail de critique dans Modern Painters (1843 а 1860) où il proposait une nouvelle façon d'appréhender l'art. Il écrivit ensuite The Seven Lamps of Architecture en 1849 et surtout The Stones of Venice en 1853. Il fit aussi passer ses idées par l'enseignement. Il participa à la création de l'University Museum, donna des cours de dessin au Working Men's College, un établissement de formation continue fondé par ses amis socialistes chrétiens. Il en donna aussi dans une école pour jeunes filles et par correspondance. En 1870, il devint le premier titulaire de la chaire Slade à Oxford.
Son mariage avec Effie Gray annulé pour non-consommation continue à alimenter de nos jours des légendes nombreuses et variées, des suppositions. Effie épousa très vite le peintre John Everett Millais, un membre du mouvement préraphaélite dont Ruskin fut le mécène et le soutien après s'être engagé pour Turner.
Grâce aux cours de dessin qu'il reçut lors de son enfance, avec James Duffield Harding par exemple, John Ruskin fut un dessinateur de talent. Même s'il ne se considéra jamais comme un artiste en tant que tel ou exposa peu, il produisit quelques toiles et aquarelles. Il fut ainsi élu membre honoraire de la Royal Watercolour Society en 1873.


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2017 - A Still Life Collection 
Un blog de Francis Rousseau 

jeudi 3 août 2017

Henri Matisse (1869-1954) - Nature morte avec vase, bouteille et fruit.


Henri Matisse (1869-1954)
Nature morte avec vase, bouteille et fruit. 1903-1906 
Hermitage Museum, St Petersburg, Russie

Que voit on ?  Sur une table recouverte d'une somptueuse nappe à impressions bleues et blanches qui est un tableau à elle toute seule, on voit exactement ce que décrit le titre, à quoi s'ajoutent quelques fruits disposés dans des coupes, comme autant de tâches de couleurs. Une composition très structurée qui s'offre le luxe de flirter sans arrêt avec une abstraction qui n'a pas encore dit officiellement son nom à ce moment de l'Histoire de l'Art... Un des grands chefs-d'oeuvre de Matisse qui démontre à quel point il avait tout compris du siècle qui s'annonçait. Une toile d'une beauté saisissante, soigneusement conservée dans les fabuleuses collections dites  "d'impressionnistes français" du Musée de L'Hermitage à St Petersbourg.

Rappel Biographique : Le peintre français Henri Matisse, chef de file du Fauvisme figure majeure du 20e siècle, a peint tout au long de sa vie, un très grand nombre de natures mortes dans des styles aussi différents que les périodes qu'il a traversées. Il aimait particulièrement ce genre à tel point qu'une de ses toutes premières peintures connues, actuellement conservée au Musée Malraux du Havre (France) est une nature morte, Nature morte au pichet peinte en 1896-97. Les animaux marins, les poissons et les mollusques dont les huitres, fréquents chez Matisse, sont toujours des signes de son évolution vers une peinture simplifiée et synthétique. Son maître, Gustave Moreau lui avait dit avec clairvoyance et d’un léger ton de reproche : « Vous allez simplifier la peinture… » ou encore, « Vous n’allez pas simplifier la peinture à ce point-là, la réduire à ça. La peinture n’existerait plus… ». Il a aussi beaucoup regardé les estampes d’Hiroshige ou d’Hokusaï, dont on retrouve souvent  l’influence chez lui dès lors qu'il s 'agit de peindre la mer et les poissons.