mercredi 30 juillet 2014

Adriaen Coorte (1665–1707) - Nature morte avec trois nèfles et un papillon



Adriaen Coorte (1665–1707) 
Nature morte avec trois nèfles et un papillon
Collection  particulière

Que voit-on ?  Sur un entablement de pierres polies et jointées, trois nèfles présentées sous différents angles de vues, deux montrant  la base du fruit, une (à gauche)  étant posée la tige en l'air avec un feuille séchée pendant le long du fruit. Un papillon blanc brise la noirceur du fond noir. Cette composition est très caractéristique du style de Coorte qui n'est pas sans rappeler celui de l'espagnol Cotan.

Rappel biographique : le peintre hollandais Adriaen Coorte est spécialisé exclusivement dans la peinture de natures mortes. Au contraire de la tendance de l'époque en Europe du Nord qui déployait argenterie et cristaux dans les natures mortes monumentales, Coorte a peint des natures mortes de petits formats et au sujets très intimistes pour ne pas dire minimalistes. 
On sait très peu de sa vie, si ce n'est qu'ill fut l'élève de Melchior d'Hondecoeter vers 1680 à Amsterdam et qu'il a installé son petit atelier de natures mortes à Middelburg, en 1683. Il peignait souvent sur du papier (quelquefois au dos de simples feuilles de compte) qu'il collait ou que l'on colla par la suite sur un panneau de bois ou sur un canevas pour mieux les préserver. 
Environ 80 oeuvres signées par lui ont été cataloguées, et presque toutes suivent la même composition à savoir de très petites quantités de fruits, de légumes ou coquillages, voir même quelquefois un seul fruit ou légume, posés le rebord d'une dalle de pierre, éclairé par le haut, avec le fond sombre typique de natures mortes du début du 17e siècle.
Les fraises des bois et les asperges sont ses motifs les plus fréquents. Les premières sont parfois représentées soit dans le même pot en terre cuite, soit dans de jolis bols bleus et blancs en porcelaine Wan-Li importés de Chine par la Compagnie des Indes. Quelques rares papillons brisent la noirceur de l'arrière-plan, ajoutant une tâche de couleur à ces compositions d'une magnifique austérité. Le fait qu'elle soient peintes sur du papier ajoutent à leur fragilité et à leur délicatesse infinie.  
Coorte ne fut pas très connu de ses contemporains en dehors de la petite ville de Middelburg et, comme Vermeer un siècle avant, il est totalement tombé  dans l'oubli  jusqu'à ce que les années 1950, l'historien d'art hollandais Laurens J. Bol, publie une première monographie suivie en 1977 d'un catalogue raisonné de l'oeuvre de  Coorte.

mardi 29 juillet 2014

Jean-Étienne Liotard (1702-1789) - Nature morte aux figues

Jean-Etienne Liotard ( Genève, 1702 - Genève, 1789 ) Nature morte. Fruits sur une serviette, un petit pain, un couteau, été 1782 Pastel sur toile fine 33,0 x 38,0 cm Musée d’Art et d’Histoire, Genève

Jean-Etienne Liotard ( Genève, 1702 - Genève, 1789 )
Nature morte. Fruits sur une serviette, un petit pain, un couteau, été 1782
Pastel sur toile fine 33,0 x 38,0 cm
Musée d’Art et d’Histoire, Genève
 
Le peintre genevois  Jean-Etienne Liotard (1702-1789) a voyagé à Naples, à Rome, à Constantinople, à Vienne, en Hollande  et à Londres.  Surnommé le peintre turc à cause du costume oriental qu'il avait choisi de porter depuis son passage à Constantinople il a peint beaucoup de portraits (dont celui d'un pape) et un nombre très restreint de natures mortes.  Collectionneur, expert de peintures pour les anciens maîtres, il est également l'auteur d'un Traité des principes et des règles de la peinture (1781). Sur cette nature morte il a pris soin de  noter qu'elle a é été peinte alors qu'il avait 80 ans ! 
Rappel biographique : Le peintre genevois Jean-Etienne Liotard (1702-1789) a voyagé à Naples, à Rome, à Constantinople, à Vienne, en Hollande et à Londres. Surnommé le peintre turc à cause du costume oriental qu'il avait choisi de porter depuis son passage à Constantinople, il a peint beaucoup de portraits (dont celui d'un pape) et un nombre très restreint de natures mortes. Collectionneur, expert en peintures pour les anciens maîtres, il est également l'auteur d'un Traité des principes et des règles de la peinture (1781). Son œuvre varié et prolifique est reconsidéré depuis les années 2000 à travers de nombreuses rétrospectives. Jean-Étienne Liotard est né en république de Genève le dernier né d'une fratrie, dont un frère jumeau, Jean-Michel (1702-1796), sera  un célèbre dessinateur et graveur. Peu de détails semblent nous être parvenus sur son enfance. En 1720, Antoine, son père est en partie ruiné à la suite du krach du système de Law3. Malgré tout, Jean-Étienne Liotard reçoit l'enseignement du miniaturiste et professeur de dessin genevois Daniel Gardelle (1673-1753), qu'il surpasse au bout de quelques mois dans l'art de la copie1. Puis, il entre au service de Jean-Louis Petitot (1692-1730), dont il copie les émaux et des miniatures avec une remarquable compétence. Par la suite, il mèna une vie de voyages et d'aventures toujours abondamment nourrie de portraits des célébrités ou  des anonymes qu'il  croisait  et qui le conduisirent à devenir un des peintres les plus célèbres de son temps. 

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lundi 28 juillet 2014

James Ensor (1860-1949)



James Ensor (1860-1949)
Nature morte aux bibelots (1937)


Le peintre belge James Ensor se revendiquait du mouvement anarchiste et a laissé 
une œuvre expressionniste très importante. Il est un des membres fondateurs du groupe  bruxellois d'avant garde Les Vingt. En 1898, il est l'un des instigateurs du bal du Rat mort qui a lieu à la fin du carnaval d'Ostende. Ensor doit attendre le début du 20e siècle pour assister à la reconnaissance de son œuvre : expositions internationales, visite royale, anoblissement avec titre de baron, Légion d'honneur ... on le  surnomme alors  le prince des peintres. Et c'est précisément ce moment qu'il choisit pour abandonner la peinture et consacrer les dernières années de sa vie exclusivement à la musique !
C'est entre 1887 et 1893 qu'il peint ses plus beaux tableaux : la gamme chromatique prend feu au milieu des nacres translucides des ciels, des marines et y compris jusque dans ses natures mortes, comme ici avec la  transparence de bleu dans le vase de fleurs.
Contemporaine de Van Gogh  et d'Edvard Munch, son œuvre contient beaucoup des futures révolutions du fauvisme au mouvement Cobra.
Il va s'appliquer à mettre en évidence les aspects grotesques des choses, et s'orienter vers une vision radicale, sarcastique et insolente du monde. Comme chez Pieter Brueghel l'Ancien ou Jérôme Bosch, l'inanimé respire et crie. Ses obsessions et ses peurs jouent un rôle manifeste dans les traits menaçants qu'il attribue aux objets utilitaires, aux revenants et aux masques. Ces derniers, à partir des années 1880  dominent son inspiration et renvoient au carnaval, ce « monde à l'envers », anarchique où les rapports sociaux sont démontrés par l'absurde.
Artiste pluraliste, il l'est également dans son style et ses techniques: toile, bois, papier, carton, couteau à palette, pinceau fin ou spatule… : « Chaque œuvre devrait présenter un procédé nouveau », écrit-il. 
Dans un but purement alimentaire, il édite des eaux-fortes, les fameux « biftecks d'Ensor », œuvres purement commerciales mais qui ont fait alors la fierté des marchands de souvenirs. Il réalise aussi des caricatures à la manière de Bruegel et de Bosch. 

dimanche 27 juillet 2014

Henri-Horace Roland de La Porte (1724-1793) - La petite collation


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Henri-Horace Roland de La Porte (1724-1793)
La petite collation (1787) 
Musée du Louvre Paris


" Cette collation raffinée fut très tôt associée au plus rustique panier d'oeufs, de construction et de coloris analogues. Avec son entablement devant un fond neutre, la sobre composition en frise fait penser à Chardin, dont Delaporte fut un estimable rival."
Notice du tableau au Louvre   

Le peintre français Henri-Horace Roland de la Porte  fut un  élève de Jean-Baptiste OudrySpécialisé dans les natures mortes  animalières , natures mortes avec  fruits mais aussi  trompe l'oeil, De La Porte est reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture avec Vase de lapis, sphère et instruments de musique comme morceau de réception. Peignant de nombreuses natures mortes aux instruments de musique, il expose très fréquemment au Salon de 1761 à 1789. La proximité de son style avec celui de Chardin a été souvent une source d’erreurs d’attribution comme précisément pour cette nature morte a la vielle encore quelquefois attribué aujourd'hui à Chardin.  Les deux peintres sont pourtant assez différents et leur touche n'a rien de commun. 
En 1765, Diderot écrit, excédé par ce rapprochement permanent entre De La Porte et Chardin  : 
« Dites à ceux qui passent devant Roland de La Porte sans s’arrêter, qu’ils n’ont pas le droit de regarder Chardin. Ce n’est pourtant ni la touche, ni la vigueur, ni la vérité, ni l’harmonie de Chardin ; c’est tout contre, c’est-à-dire à mille lieues et à mille ans. C’est cette petite distance imperceptible, qu’on sent et qu’on ne franchit point. Travaillez, étudiez, soignez, effacez, recommencez, peines perdues. La nature a dit : Tu iras là, jusque là, et pas plus loin que là. Il est plus aisé de passer du pont Notre Dame à Roland de La Porte, que de Roland de La Porte à Chardin. » 

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vendredi 25 juillet 2014

Albert Anker (1831-1910) - Stillleben mit Kaffee (2)



Albert Anker (1831-1910)
Stillleben mit Kaffee (2)
Private  Collection 

Le peintre et illustrateur suisse Albert Anker jouit d'une grande célébrité dans son pays surtout  pour les représentations populaires de la vie des villages du 19e siècle qu'il a restituer dans ses tableaux.  
Elève  à Paris, avec Pierre-Auguste Renoir de Charles Gleyre, il suit les cours de L'Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris où il va résider longtemps. Anker a peint, entre autres, des portraits d'enfants, (pour lesquels il fut extrêmement célèbre) des représentations historiques et religieuses, des natures mortes et des paysages ruraux typiquement suisse. Il se distingue de son maître Gleyre par une représentation des personnages très animée, pas du tout stylisée et qui ne cherche surtout pas pas à atteindre la perfection. Dessinateur accompli (il a laissé plusieurs milliers de dessins sur toutes sorte de format, on retrouve la précision  extrême de son trait dans ses natures mortes. On connait de lui des travaux au crayon, fusain, plume, craie, sanguine, pastel ou sépia et des mélanges de divers techniques sur des formats variés. Le style de son langage pictural va du travail au crayon finement exécuté au dessin au noir de charbon vigoureusement tracé qui est à la base de ses aquarelles, peintures à l'huile et faïence, qui représentent une partie importante de son œuvre.


jeudi 24 juillet 2014

Jacques-Emile Blanche (1861-1942) - Nature morte


Jacques-Emile Blanche (1861-1942)
Nature morte
Collection privée

Que voit-on ? une table dressée pour un café a trois dans une atmosphère capiteuse  d'où surnage  une grande branche de fleurs de lys. Le service a thé en porcelaine blanche et bleu est dressé sur une nappe qui semble être une lourde tapisserie aux motifs  imprimés., comme on peut en trouver dans la Russie impériale. On y voit des petits biscuits, un cake aux fruits,  et  surtout un grand samovar confirmant l'idée que nous sommes bien dans un intérieur russe, celui de quelque archiduc en exil peut-être....

Rappel biographique : Le peintre, graveur et écrivain français Jacques-Emile Blanche a été élevé dans une atmosphère parisienne de grand raffinement et il n'est pas un seul de ces tableaux qui n'en portent la marque.  Très vite qualifié de peintre mondain eut égard à la société parisienne choisie  que recevait ses parents et dans laquelle il s 'inséra très vite, sous la protection bienveillante du comte Robert de Montesquiou, Jacques-Emile Blanche  peut être considéré comme un peintre autodidacte, exception faite de l'enseignement en pointillé qu'il reçut de la part d' Henri Gervex.
 ll fréquentait le salon de  Genevieve Bizet devenue ensuite Madame Strauss, bien connu du  Tout Paris littéraire et artistique de l'époque qui comptait, entre autres, parmi ses membres Edgar Degas et Marcel Proust, dont Jacques Emile Blanche le portrait le plus célèbre comme il le fit pour Audrey Bearsdley, Igor Stravinsky ou le Groupe des Six et Germaine Taillefer..
Il a peint  beaucoup de portraits de ses contemporains mais très peu de natures mortes  toutes d'une grande simplicité et d'un raffinement consommé !  

mercredi 23 juillet 2014

Willem van Aelst (1625-1683) - Still life with fish, bread and a Nautilus cup



Willem van Aelst (1625-1683)
Still life with fish, bread and a Nautilus cup  (1678)
Private collection, Germany

Que voit-on ? Une des grandes innovations de Willem Van Aelst fut l'intégration inattendue de poissons dans des natures mortes au contenu somptueux. La nature morte avec poisson fut promus au rang de genre à part entière par Pieter Aertsen et Joachim Beuckelaer, au début du 17e siècle qui ignoraient  alors que ce genre existait déjà dans la Rome Antique. Pourtant dans la hiérarchie des genres picturaux, la nature morte avec poissons est au bas de l'échelle des natures mortes, loin derrière celles avec fruits, fleurs ou objets, elles-mêmes d'ailleurs considérées comme un genre mineur derrière les paysages, les portraits et les sujets religieux. Il faut savoir que dans les natures mortes, le poisson symbolise - dès l’époque paléo chrétienne - Jésus-Christ. Dans les écrits du Moyen âge, le poisson est un symbole de Jésus-Christ ; il est aussi un symbole du baptême car, de même que le poisson ne peut pas vivre sans eau, de même le chrétien ne peut pas l'être sans le baptême.
Pour la première fois en Hollande, Willem Van Aelst combine dans ses tableaux, les reflets chatoyants et argentés des poissons avec la représentation d'œuvres d'art ou d'objets de très grande  valeur. Ce tableau en est un exemple remarquable. Il présente tous les éléments caractéristiques de style de la maturité de l'artiste. Un entablement de marbre veiné de gris et recouvert d'un drapé de velours rouge foncé, permettant au peintre de réaliser un jeu de lumière plutôt habile. Les éléments quotidiens et rustiques de la nature morte comme les oignons et les poireaux sont  ici combinés avec l'argent et le cristal,  et en particulier avec une somptueuse coupe Nautilus posée sur un pied sculpté en argent et or, symbole de la valeur mais aussi de la vanité des oeuvres humaines.

Rappel biographique : le peintre néerlandais Willem van Aelst, né à Delft,  est essentiellement un peintre de natures mortes, de fleurs et de chasse qui appartient à ce que l'on appelle le " Siècle d'or ". Il est célèbre pour avoir introduit l’asymétrie dans la nature morte mais aussi pour la savante harmonie des coloris déployée dans toutes ses compositions. Au cours de sa vie, Willem van Aelst a vécu et travaillé en France, à Rome et à Florence où, en compagnie de deux autres Néerlandais, Matthias Withoos et Otto Marseus Van Schrieck, il est actif à la cour de Ferdinand II de Medicis. Le grand-duc de Toscane lui remettra une médaille d’or comme récompense de ses services. Ont été conservées de cette époque plusieurs natures mortes de fleurs et de chasse, visibles au Palazzo Pitti à Florence. En 1856 il rentre au Pays Bas et se fixe à Amsterdam. Ses œuvres sont notamment conservées à la Mauritshuis de La Haye, à la National Gallery of Art de Washington et au  Rijksmuseum d’Amsterdam. Ses tableaux sont parfois signés Guill.mo (Gullielmo,  forme italienne de son prénom). Sa peinture se caractérise par une palette à la fois d'une grande fraicheur, baignant dans une lumière éclatante et argentée.

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mardi 22 juillet 2014

Willem Kalf (1622-1693) - Nature morte à l'aiguière d'argent


Willem Kalf  (1622-1693)
Nature morte à l'aiguière d'argent, 1655-57
Rijksmuseum, Amsterdam

Que voit-on ?  Sur un entablement qui semble être de marbre sombre poli,  des objets posés en porte-à-faux rappelle qu'aucune position n’est immuable.  Parmi les objets : une aiguière en argent  extrêmement ouvragée et somptueuse avec anse et bec verseur ouvert,  un verre ou un vase  d'apparat reposant sur un pied sculptée en or, allégorie de la Vanité, une coupe en porcelaine de Chine posée en porte-à-faux dans laquelle glissent des citrons et oranges. Comme tous les fruits à pépins, l'orange  est le symbole de fécondité. Dans la société occidentale, le voile de la  jeune mariée est retenu par une couronne de fleurs d’oranger. Cette coutume repose sur la légende selon laquelle Zeus aurait offert des fleurs d’oranger à sa future épouse Héra. Les fleurs blanches symbolisent l’innocence de la future
mariée, et les fruits annoncent une descendance. Un des citrons es  pelé en spirale,  motif extrêmement fréquent dans les natures mortes peut représenter le déroulement de la vie terrestre, au long duquel l’individu libère son esprit de son enveloppe matérielle, pour arriver à la pulpe de l’essence spirituelle.

Rappel biographique : le peintre néerlandais Willem Kalf est le l'un plus grands peintres de nature morte de son époque. Il travaille à Paris entre 1642 et 1646. Il retourne aux Pays-Bas et vit d'abord à Hoorn, puis s'installe en 1653 à Amsterdam. La qualité de ses œuvres le fait comparer à  Johannes Vermeer (1632-1675) pour le velouté des rendus de matières.

lundi 21 juillet 2014

Pompei - Nature morte au vase et au merle




Pompei 
Nature morte au vase et au merle
Musée de Naples

Que voit-on ?  Sur un fond d'un vert intense, posé sur un rebord de balustrade  : un précieux vase sculpté à deux anses fermé par un petit couvercle en son sommet. Sur l'une des anses est venu se poser un merle,  qui fait mine de ne pas s'intéresser du tout à l'objet sur lequel il est posé, ce qui est bine entendu une ruse.  Bien qu'intitulé Nature morte par la conservation du musée de Naples, on peut s'interroger ici la qualification de cette composition... 

Rappel historique : Pline l'Ancien raconte que dans la Grèce antique, le peintre Piraikos qui vivait au 3e siècle avant notre ère, vendait déjà fort cher ses " Provisions de cuisine ", des tableaux de chevalets représentant des victuailles ou des instantanés d'échoppes de cordonniers et de barbiers. Dans la hiérarchie des genres picturaux d'alors, ces représentations de provisions de cuisine sont déjà considérées comme un genre mineur... et  elles le resteront pendant de longs siècles... au moins jusqu'à Chardin, si ce n'est jusqu'à Cézanne. Genre mineur donc, loin derrière les sujets religieux, les portraits et les paysages, mais genre que les commanditaires s'arrachent pourtant !
Le grec Piraikos reste le plus célèbre des peintres de ce genre. Hélas, aucun exemple n'est parvenu jusqu'à nous de ces peintures des menus objets du quotidien par Piraikos,  peinture que l'on nommait à cette époque Rhyparographie .
A la même époque, un autre peintre grec, Zeuxis rivalisait avec la nature au point que des oiseaux voulaient picorer les raisins qu'il peignait et qu'il passe être l'inventeur du réalisme et  de l'illusionnisme  ne peinture, pour ne pas dire du premier trompe-l'oeil. Il faut là encore faire confiance au récit de Pline l'Ancien, car aucun exemple de cet art ne nous est parvenu.
Les premières natures mortes connues du monde occidental sont des fresques et des mosaïques du 1er siècle de l'ère chrétienne, provenant de Campanie (Herculanum et Pompéi) ou de Rome. Elles sont exécutées dans un style réaliste et illusionniste : fruits veloutés, poissons et volailles posés sur une marche de pierre ou sur deux étagères d'un garde manger, généralement en trompe l'œil avec des ombres portées, ou quelquefois dans des coupes en verre avec des transparences subtiles.
Ces peintures évoquent le xenion antique, un cadeau fait de denrées qu'un hôte doit offrir à ses invités. Pourtant la nature morte de l'Antiquité possède une autre ambition que celle du seul plaisir mimétique. Comme le précise Charles Sterling : « Il est clair que les natures mortes hellénistiques et romaines qui représentaient des mets prêts à être consommés comportaient une allusion épicurienne ». On trouve ainsi assez fréquemment des mosaïques de natures mortes et des vanités dans les atriums d'été romains, où les convives invités aux repas étaient ainsi encouragés à cueillir le jour qui passe, Carpe diem selon la célèbre formule d'Epicure, à profiter de la vie tant qu'il était encore temps de le faire. Une déclinaison plus sophistiquée de la tradition égyptienne pharaonique qui voulait que l'on fît passer un cadavre devant les convives avant de commencer un repas pour leur rappeler l'impermanence de la vie !  Les natures mortes garderont tout au long des siècles jusqu'à nos jours,  cette signification épicurienne.

dimanche 20 juillet 2014

Amédée Ozenfant (1886-1966)



Amédée Ozenfant (1886-1966), 
Nature Morte à la bouteille et au verre (1925)

L'artiste et architecte français Amédée Ozenfant est connu pour avoir fondé - en pleine Première Guerre mondiale -  avec Max Jacob et Guillaume Apollinaire la revue L'Élan pour établir une liaison entre les artistes et le front (1915-1917). En 1917, il rencontre Charles-Édouard Jeanneret, (qui sera célèbre  sous le nom de Le Corbusier). Ils publient ensemble, en 1918, Après le cubisme, ouvrage qui décrit sous le nom de purisme l'héritage qu'ils comptent donner au cubisme, dévoyé à leurs yeux dès avant la guerre. 
De 1920 à 1925, leurs idées sont exprimées dans leur revue, L'Esprit nouveau
La peinture puriste d'Ozenfant, point de départ de celle de Le Corbusier, donne la primauté à la construction de la toile, à la représentation « standard » des objets, elle use de couleurs neutres et atténuées. Ozenfant identifie la création picturale à la création mécanique et réduit les formes à des schémas sans modelé. Il tente d'appliquer ses idées à la peinture murale et publie un nouveau livre en 1928, Art. Il travaille de 1931 à 1938 à une immense composition, Vie (Musée national d'art moderne, Paris), enchevêtrement de corps humains qui contraste avec la retenue des natures mortes puristes. Il s'installe à New York en 1938 et y fonde l'Ozenfant School of Fine Arts. Son activité pédagogique se poursuit à Cannes de 1955 jusqu'à sa mort. À la fin de sa vie, Ozenfant modifiera son style et fera, dans sa peinture, une plus large place à la vibration atmosphérique et à la matière.

Michel FRIZOT, « OZENFANT AMÉDÉE - (1886-1966)  », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 6 octobre 2015. 

samedi 19 juillet 2014

Vincent van Gogh (1853-1890) - Nature morte au verre d'absinthe


Vincent van Gogh  (1853-1890)
Nature morte au verre d'absinthe (1887)
Van Gogh Museum, Amsterdam


Que voit on ? Bien que Van Gogh ait consommé de l'absinthe partout où il passait, cette nature morte a été peinte à Auvers-sur-Oise, sur la table de la salle a manger de l'Auberge Ravoux où il résidait  dans la chambre n° 75 et ou il vécut ses 70 derniers jours. Qui connait l'auberge Ravoux - que l'on peut toujours visiter aujourd'hui -  est surpris par la lumière ensoleillée et la dominante jaune qui baigne ce tableau et que l'on ne retrouve à aucun moment ans cette auberge plutôt sombre.  L’absinthe apparait ici dans sa plus simple expression. Il est remarquable que la couleur jaunâtre de la  " fée verte " imprègne la toile comme dans une transparence. Elle se trouve partout  sur la nappe, dans les reflets de l’eau, dans la carafe et même dans la rue derrière la vitre.
C’est Toulouse Lautrec qui initia Vincent van Gogh à l’absinthe. Ils s’étaient rencontrés à l’atelier Cormon. Ensemble ils passaient des nuits entières au café le Tambourin nouveau lieu de rendez-vous des néo impressionnistes. C’est sur les conseils de Toulouse Lautrec que Vincent van Gogh qui ne se plaisait pas à Paris était parti en Arles. Les témoignages selon lesquels Vincent consommait beaucoup d’absinthe sont nombreux. Paul Signac rendant visite à Vincent écrit : « … n’ayant pas de vraie maison dans cette ville, il prenait un siège à la terrasse d’un café. Et les eau-de-vie et les absinthes se succédaient à un rythme rapide »
Certaines théories médicales ont  laissé entendre que le goût de Van Gogh pour l'utilisation de la couleur jaune pourrait être lié à son amour de l'absinthe. En effet, cet alcool dans la formulation où on le consommait à l'époque  (et qui a été interdite par décret préfectoral depuis lors) contenait une neurotoxine, la thuyone (extrait du Thuya), qui à forte dose, pouvait causer un trouble de la vision connu sous le nom de la xanthopsie et amenant à voir les objets en jaune. Une étude réalisée en 1991 a mis en évidence qu'un consommateur d'absinthe sombrerait dans l'inconscience en raison de la teneur en alcool avant d'avoir pu ingérer suffisamment de thuyone, mais il est possible que van Gogh ait été suffisamment imbibé pour  présenter ce trouble. 
Une autre théorie suggère que le docteur Gachet aurait prescrit à Van Gogh de la digitaline pour traiter ses troubles épileptique, substance qui pourrait entraîner une vision teintée de jaune et des changements dans la perception de la couleur d'ensemble. 
Qu'elle qu'en soit la raison, c'est une des seules toiles de van Gogh qui soit baignée à ce point et très étrangement d'une  telle lumière... de bonheur.

Rappel biographique :  A l’époque où Vincent arrive à Paris. Théo connaît bien Camille Pissarro, dont il vend les tableaux depuis plusieurs années. Celui-ci est un artiste très accessible, toujours ouvert aux questions de la jeune génération. Vivant avec sa famille en province, à Eragny, il se consacre surtout aux scènes rurales qui l’entourent. Son intérêt pour les paysans et les travaux des champs ne peut qu’éveiller de profondes résonances chez Van Gogh, qui se passionne lui-même pour ce thème.  De toute évidence, la personnalité et l’œuvre de cet artiste apportent à Van Gogh un réconfort rare dans la capitale française. L’influence des Pissarro sur la découverte du néo-impressionnisme par Van Gogh est incontestable. Camille, séduit par ce nouveau style, modifie sa manière de peindre en conséquence. Sans doute Pissarro aide-t-il aussi Van Gogh à entrer en relations avec Ies néo-impressionnistes. Au printemps 1886, Seurat présente au Salon des indépendants sa grande toile « Un dimanche à la Grande Jatte-1884 ». Son nouveau style pictural, qui diffère radicalement de l’impressionnisme, tant par la théorie que par la technique, est aussitôt acclamé par la critique. Van Gogh visite probablement le Salon des indépendants de 1886 peu après son arrivée à Paris, mais il lui faut au moins jusqu’à la fin de l’année pour mesurer l’importance du néo-impressionnisme. Cet hiver-là, il rencontre Signac, avec qui il ira, au printemps suivant, peindre en banlieue. Signac l’aide à comprendre les nouveaux principes néo-impressionnistes, afin que Vincent puisse appliquer cette connaissance à ses propres oeuvres. 


vendredi 18 juillet 2014

Paul Wonner (1920-2008)



Paul  John Wonner (1920-2008)
Dutch Still Life With Lemon Tart and Engagement Calendar (1979)
SF MOMA (San Fransisco Museum of Modern Art)

Le peintre américain Paul John Wonner est des grands maîtres des natures mortes californiennes  réalisées dans le style hyperréaliste puis dans le style expressionniste abstrait associé au Mouvement Figuratif Bay Area. Ce mouvement né à San Fransisco dans les années  1950 et qui dura 20 années  comptait aussi parmi ses membre l'ami et partenaire de Wonner, Theophilus Brown (1919-2012), qu'il a rencontré en 1952 alors qu'il suivait ses études supérieures.

jeudi 17 juillet 2014

Irving Penn (1917- 2009) - Still life with tomato, mozarella di buffala and olive



Irving Penn (1917- 2009) 
Still life with tomato, mozarella di buffala and olive
Condé Nast Vogue.

Que voit-on ?  Sur un fond blanc, cadrés en plein centre de la photo, trois éléments dont deux sont posés sur le premier : une poche de mozarella di buffala (débarrassée de tout son liquide habituel). Les deux autres éléments sont constitués à gauche par un tomate oblongue de type " romaine", à droite par une olive verte saumurée. Ombre portée de la poche de mozzarella sur l'entablement.

Rappel biographique : Le photographe américain Irving Penn connu comme très grand photographe de mode est également connu pour les  nombreuses séries de photographies(en noir et blanc et en couleurs) de nature mortes qu'il réalise pour le magazine Vogue américain et sa société éditrice, Condé Nast. Sa première couverture pour le magazine Vogue, en 1940 est d'ailleurs une nature morte. Il est le frère du cinéaste Arthur Penn.

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mercredi 16 juillet 2014

Roberto Greco (bn 1984)



Roberto Greco (bn 1984) 
Nature morte (commande du magazine Les Echos)

Depuis que le magazine Vogue américain en avait lancé l'idée dans les année 1940 à des fins publicitaires, en passant commande de photos a Irving Penn notamment,  la nature morte de magazine  puisqu'il faut bien l'appeler ainsi, s'est trouvée de nombreux supports à sa taille mais a- t-elle fait  évolué les genre lui-même  ? Y-a-t-il des Claezs, des Chardin, des Manet et des Picasso, dans cette armée de photographes quelquefois s grands artistes, quelquefois tâcherons (quelquefois les deux d'ailleurs) qui fournissent semaines après semaines,  les magazines en image prêtes à consommer.  N'y-a-t-il jamais eu d'autres natures mortes que des natures mortes commerciales dès lors qu'il s'agissait d'élever le banal, le quotidien, au rand d'extraordinaire. 

mardi 15 juillet 2014

Fernand Léger (1881-1955) - Nature morte aux pommes



Fernand Léger (1881-1955)
Nature morte aux pommes (1948)
Collection Privée

Que voit on ?  Sur un fond marron assez terne, posés sur une table ou un plateau aux couleurs explosives  bleu, vert, blanc, jaune très cubiste : un nappe rouge très déformée sur laquelle on voit de gauche à droite un verre à pied blanc et une assiette blanche dans laquelle il y a 4 pommes dont une a plutôt l'aspect d'un navet. A l'évidence de n'est pas le réalisme qui est recherché ici par Léger mais plutôt un agencement de masses colorées qui capte immédiatement l'attention.  

Rappel biographique : Le peintre français Fernand Léger fut un peintre aussi créateur de cartons de tapisseries et de vitraux, décorateur, céramiste, sculpteur, dessinateur, illustrateur. Il a été l’un des premiers à exposer publiquement des travaux d’orientation cubiste. Cet amoureux du modernisme, du machinisme et de l'industrie, va cependant peindre énormément de natures mortes tout au long de sa carrière. Déjà remis au goût du jour par les cubistes, "le genre traditionnel de la nature morte est réinterprété par Léger par le biais de sa théorie de l’objet. Tandis que les surréalistes l’intègrent à leurs œuvres pour sa charge symbolique, lui l’utilise comme point de départ d’une formulation plastique. La nature morte sert de prétexte à l’affirmation radicale de la valeur plastique de l’objet" (voir texte de référence :« Un nouveau réalisme, la couleur pure et l’objet », extrait d’une conférence au MoMA, New York, 1935).

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lundi 14 juillet 2014

Pablo Picasso (1881-1973) - Nature morte avec cartes à jouer, verres, bouteille de rhum, " Vive la France "



Pablo Picasso (1881-1973)
Nature morte avec cartes à jouer, verres, bouteille de rhum, " Vive la France " (1914)
Collection privée

Que voit-on ? Une composition cubiste  très dense  d'ou se détache deux petits drapeaux auc ouleurs de la France. Au-delà des diverses périodes de la peinture de l'artiste, on ne peut pas être insensible à la date et au thème de cette nature morte.  Sans être aussi engagée que le sera  plus tard Guernica, cette nature morte dont le titre se termine par un Vive la France contenu dans le tableau même prend position  pour la France alors que la Première Guerre Mondiale vient d'être déclarée et que -  rappelons le-Picasso a toujours été de nationalité espagnole. Pendant  toute la durée de la  Première Guerre Mondiale, Picasso séjourne à  Rome avec Jean Cocteau. Il s'installe Via Margutta, d'où il voit la Villa Medicis, siège de l'Académie de France à Rome.


Rappel biographique : le peintre espagnol Pablo Ruiz Picasso qui a passé l'essentiel de sa vie en France, fut aussi  dessinateur et sculpteurUtilisant tous les supports pour son travail, il est considéré comme le fondateur du cubisme avec Georges Braque  auquel son nom est lié surtout dans le domaine de la nature morte. Il est considéré comme l'un des plus importants artistes du  20e siècles tant par ses apports techniques et formels que par ses prises de positions politiques et que par l'immensité de son production tout genre confondus que l'on chiffre à près de 50 000 œuvres.
Les premiers collages et assemblages sont réalisés pendant l'hiver 1912, Nature morte à la chaise cannée (Paris, Musée Picasso), Guitare(s) en carton (Paris, Musée Picasso). A partir des années 20 ses natures mortes seront très proches, sur la même ligne de conception " cubiste analytique " que celles de George Braque, dont il devient un temps l'intime avant de s'en séparer définitivement.  Il y eut une connivence d'inspiration très rare entre ces deux peintres pendant une certaine période de leur vie et en particulier dans le domaine particulier du traitement de la nature morte. 
Picasso peint  beaucoup d'autres natures mortes après la Seconde guerre mondiale et hors de la période cubiste, mais ce n'est pas un genre qui tient une place aussi essentielle dans son oeuvre que dans l'oeuvre de Georges Braque.

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dimanche 13 juillet 2014

Robert Delaunay (1885-1941)



Robert Delaunay (1885-1941) 
Nature morte portugaise (1915-1916)
Musée Fabre. Montpellier-France

Que voit-on ?  Dans une atmosphère très chaude, peut être due à un éclairage nocturne, où domine le jaune, une nature morte résolument géométrique dans laquelle le peintre décline de gauche à droite plusieurs objets que l'on retrouve dans toute la série des natures mortes portugaises à savoirposées sur la table de gauche à droite : la grande cruche, la pastèque dont on a ôté une tranche, l'assiette en céramique bleu qui contient trois poires et une tomate, le pot à lait ou à café en terre cuite en céramique vernissée bleu foncé. A l'arrière plan : le petit vase en terre cuite vernissée à décor géométrique bleu et vert, le melon jaune, l' assiette bleu et vide, le vase de fleurs, et un élément nouveau qui justifierait la tonalité jaune de ce tableau,  ce qui semble être une lampe à pétrole. Pendant la Première Guerre Mondiale, Sonia Delaunay et lui vont s'exiler au Portugal, et y resteront jusqu'en 1922. Il continue de peindre, avec notamment une  série de Natures mortes portugaises ou il reprendra les mêmes éléments en les déformant de façon de plus en plus géométriques. Celle-ci est une des plus géométriques de la série.

Rappel biographique : le peintre français Robert Delaunay est connu pour être avec sa femme Sonia Delaunay, le fondateur et le principal artisan du mouvement orphique, une variation du cubisme qui fut un important mouvement d'avant garde du début du 20e siècle. Ses travaux sur la couleur très inspiré par les travaux de Cézanne sont reconduits dans ses composition cubiste. Puis Robert Delaunay entre en correspondance avec tous les artistes de l'avant-garde russe et les présente au public français. À cette époque, Apollinaire considère qu'il est le peintre le plus influent avec Picasso : « Il y a dans la peinture moderne de nouvelles tendances ; les plus importantes me semblent être, d'une part le  cubisme de Picasso, d'autre part, l'orphisme de Delaunay. »  
Rappel biographique : le peintre français Robert Delaunay est connu pour être avec sa femme Sonia Delaunay, le fondateur et le principal artisan du mouvement orphique, une variation du cubisme qui fut un important mouvement d'avant garde du début du 20e siècle. Ses travaux sur la couleur très inspiré par les travaux de Cézanne sont reconduits dans ses composition cubiste. Puis Robert Delaunay entre en correspondance avec tous les artistes de l'avant-garde russe et les présente au public français. À cette époque, Apollinaire considère qu'il est le peintre le plus influent avec Picasso : « Il y a dans la peinture moderne de nouvelles tendances ; les plus importantes me semblent être, d'une part le  cubisme de Picasso, d'autre part, l'orphisme de Delaunay. »  

samedi 12 juillet 2014

Henri-Horace Roland de La Porte (1724-1793) - Nature morte au panier d'oeufs du jour

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Henri-Horace Roland de La Porte (1724-1793)
Nature morte au panier d'oeufs du jour (1793)
Musée du Louvre - Paris

Que voit-on ?  Sur un entablement de pierre, de gauche a droite  : 4 châtaignes emblèmes à la fois de simplicité, de pauvreté mais aussi de prévoyance, de chasteté et de continence (castanea en latin)  ; deux pommes symboles de féminité, de beauté et de prospérité mais aussi, dans la tradition alchimique, d’immortalité ; un panier en osier tressé à anse contenant une douzaine d'œufs blancs dont 10 sont visibles symbolisant l’espérance d’une renaissance (peut être Christique dans le cas précis) ; un épi de blé, emblème de la communion des espèces et du Christ ; un champignon symbole du parasite mais qui périra à son tour et redeviendra poussière. Le goût de Delaporte pour le trompe-l'oeil apparaît ici à travers l'épi de blé, qui retombe sur l'entablement et indique la profondeur.

Rappel biographique  : Le peintre français Henri-Horace Roland de la Porte  fut un  élève de jean Baptiste OudrySpécialisé dans les natures mortes  animalières , natures mortes avec  fruits mais aussi  trompe l'oeil, De La Porte est reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture avec Vase de lapis, sphère et instruments de musique comme morceau de réception. Peignant de nombreuses natures mortes aux instruments de musique, il expose très fréquemment au Salon de 1761 à 1789. La proximité de son style avec celui de Chardin  a été souvent une source d’erreurs d’attribution comme précisément pour cette nature morte a la vielle encore quelquefois attribué aujourd'hui à Chardin.  Les deux peintres sont pourtant assez différents et leur touche n'a rien de commun. 
En 1765, Diderot écrit, excédé par ce rapprochement permanent entre De La Porte et Chardin  : 
« Dites à ceux qui passent devant Roland de La Porte sans s’arrêter, qu’ils n’ont pas le droit de regarder Chardin. Ce n’est pourtant ni la touche, ni la vigueur, ni la vérité, ni l’harmonie de Chardin ; c’est tout contre, c’est-à-dire à mille lieues et à mille ans. C’est cette petite distance imperceptible, qu’on sent et qu’on ne franchit point. Travaillez, étudiez, soignez, effacez, recommencez, peines perdues. La nature a dit : Tu iras là, jusque là, et pas plus loin que là. Il est plus aisé de passer du pont Notre Dame à Roland de La Porte, que de Roland de La Porte à Chardin. » 

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jeudi 10 juillet 2014

Pyotr Konchalovsky (1876-1956) - Still life with Apples and a Dog

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Pyotr Konchalovsky (1876-1956) 
Still life with Apples and a Dog (1939)

Le peintre russe Pyotr Konchalovsky était  membre du mouvement artistique Valet de CarreauPendant cette période, il a principalement dessiné des natures mortes et des paysages. Ses peintures, comme celles des autres artistes du Valet de Carreau, étaient fortement influencées par  Cézanne, comme on peut le voir sur cette extraordinaire nature morte avec pommes  présentées de touts les manières possibles, en vrac, à l'étal, en caisse, en panier...  avec un grande poésie et un indéniable talent de coloriste.
Plus tard, il commença à peindre des portraits qui furent considérés comme des exemples du style du réalisme socialiste soviétique.
Piotr Kontchalovski était un peintre très prolifique, et est connu pour avoir créé plus de 5000 œuvres.

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mercredi 9 juillet 2014

Harmen Steenwijck (1612-1656)


Harmen van Steenwijck (1612-1656)
Nature morte à la corbeille de fruits, aux oiseaux morts  et au chat
(Coll. priv.)

 Que voit-on ?  Une composition très fournie  dans la grande tradition de l'âge d'or hollandais qui présente sur entablement de pierre sombre de gauche à droite au premier plan une moitié de  tome de fromage surmontée d'une coupe de porcelaine contenant du pain  l'ensemble cachant à l'arrière plan une coupe de sirop.  Au centre de la composition mais à l'arrière plan : un baquet en bois sur lequel repose un plat en céramique vernissée contenant du gibier (un canard et une grive) qui intéresse beaucoup un jeune chat prêt à les saisir.  A droite, une corbeille en osier pleine à ras bords des grappes de raisin rouge et blanc avec leur sarments et leur feuilles séchées, des pommes et des pêches.  Au premier plan sur toute la longueur du tableau : divers petits fruits (cerises, groseilles a maquereau, grains de raisins) éparses et tombés de la corbeille auxquels se mêle un morceau de pain rond incongru et déjà rongé.  On accuserait vite le chat de tout ce désordre   !

Rappel biographique : le peintre néerlandais du siècle d'or Harmen Steenwijck ou Harmen van Steenwyck est connu pour ses natures mortes et ses vanités. Il est le frère de Pieter Steenwijck,qui fut également peintre de natures mortes. Il demeure peintre actif à Leyde de 1628 à 1633. Il retourne dans sa ville natale de 1633 à 1656. En 1654-1655, il entreprend un voyage vers les Indes orientales néerlandaises. Il est connu pour son œuvre Une allégorie des vanités de la vie humaine visible à la National Gallery de Londres. 

lundi 7 juillet 2014

Frida Kahlo (1907-1954) - Naturaleza muerta con perico y bandera

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Frida Kahlo (1907-1954)
Naturaleza muerta con perico y bandera (1951)
Diaz Ordaz Collection - Mexico City

La peintre mexicaine Magdalena Frida Carmen Kahlo Calderónn plus connue sous le nom de Frida Kahlo a passé toute sa vie à Mexico City, bien qu'elle ait travaillé et voyagé aux Etats-Unis. Son œuvre comporte environ 250 tableaux, très souvent de petits formats, un certain nombre ayant été peints alors qu'elle était alitée. Elle a peint beaucoup d'autoportraits,  témoignant souvent de sa souffrance physique et morale (Hôpital Henry-Ford, 1932, Sans espoir, 1945), seule ou en compagnie d'animaux (Autoportrait au collier d'épines et colibri (1940), Moi et mes perroquets (1941)…), parfois des portraits de famille. Ses toiles sont empreintes de culture mexicaine : tenue traditionnelle, bijoux locaux, portraits d'indigènes
Quelques nature mortes, toutes très fortes se glissent au milieu de ces autoportraits ; elles ont la particularité de concerner en majeure partie des fruits ronds : pastèques, melons, courges, pamplemousse, avocats, kiwi, fruits de la passion, mangue. Ces fruits sont souvent traités comme des chairs ouvertes sur des plaies ou des organes sexuels, ce qui est le cas  précisément ici  : à l'extrême droite du tableau pour le melon ouvert ou à droite pour la banane et les figues de barbarie et même, en haut au centre, dans le dos du perroquet ou apparait un étrange contour un peu à la manière des montages anthropomorphiques d'Archimboldo, sauf qu'ici il ne s'agit pas d'un nez ou d'un doigt ! 

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dimanche 6 juillet 2014

Donald Beauregard (1884-1914)



Donald Beauregard (1884-1914)
Still life with Lemon (1900)
Springville Museum of Art

L'artiste américain Donal Beauregard disparu prématurément à l'âge de 30 ans  est surtout connu pour être le peintre de Canyons, des paysages de l'Utah, du Grand Ouest américain, de l'exploration des mines et de l'épopée des premières  familles de colons. Il n'a peint beaucoup de natures mortes, mais visiblement il n'ignorait pas le genre et celle-ci - très impressionniste- au citron coupé, d'une grande délicatesse et d'une grande beauté, avec l'opposition très maitrisée du noir de la théière et du blanc de la nappe, nous le fait beaucoup regretter.

samedi 5 juillet 2014

Anne Vallayer-Coster (1744-1818) - Panache de mer, lithophytes et coquilles



Anne Vallayer-Coster  (1744-1818)
Panache de mer, lithophytes et coquilles (1769)
Musée du Louvre Paris

Notice du Louvre : Salon de 1771 ; vente Du Barry, prévue le 22 décembre 1775 finalement annulée ; vendu par l'artiste en janvier 1776 à Louis-François de Bourbon, prince de Conti, collectionneur de tableaux et de coquillages, qui meurt en août de la même année ; sa vente, 8 avril - 6 juin 1777 ; le tableau a jusque-là un pendant, disparu depuis ; diverses collections jusqu'à la vente, Paris, hôtel Drouot, 14 décembre 1992, où il est acquis par le Louvre.

Rappel biographique : L'artiste peintre française Anne Vallayer-Coster, fille d'un orfèvre connu, fut, en peinture, l'élève de Madeleine Basseporte et de Claude Joseph Vernet.  Elle est admise à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1779 en tant que peintre de natures mortes et elle expose au Salon dès l’année suivante.  Elle devient chef du cabinet de peinture de la reine Marie-Antoinette qui la prit sous sa protection ainsi que son professeur de dessin. Un appartement lui est même attribué au Louvre sous la Grande Galerie. D'abord spécialisée dans le portrait, elle abandonne ce genre pour ce consacrer au nature morte vers la fin de sa vie et s’illustre aussi dans les tableaux de genre et la miniature. Elle poursuit sa carrière avec succès jusqu’à sa mort.

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vendredi 4 juillet 2014

Gustave Caillebotte (1848-1894)



Gustave Caillebotte (1848-1894)
 Roses Jaunes dans un vase (1862)
Dallas Museum of Art.

Que voit on ? sur un entablement de marbre, que Caillebotte peint avec précision,  un vase blanc d'une grande simplicité contenant  un bouquet de roses jaunes à tous les stades de la maturation : en bouton pour certaines, en pleine éclosion pour d'autres, presque fanées et disséminant leurs pétales sur le marbre pour les dernières. En peignant cette nature morte, acquise depuis 2010 par le Dallas Museum of Art, Caillebotte se situe dans la même démarche pictural que Chardin ou Fantin Latour. Le sujet lui plait temps que dans la seule année 1883, il peindra pas moins de 5 tableaux uniquement sur ce thème.


Rappel biopraphique : Le peintre français Gustave Caillebotte fut aussi mécène, collectionneur  et organisateur des expositions impressionnistes de 1877, 1879, 1880 et 1882. Le talent de Caillebotte fut longtemps méconnu (sauf aux États-Unis) au profit de son rôle de « mécène éclairé ». Le peintre fut redécouvert dans les années 1970 à l'initiative de collectionneurs américains. Les rétrospectives de ses œuvres sont désormais fréquentes. Certains de ses tableaux se trouvent maintenant au musée d'Orsay à Paris.
Caillebotte est l'un des premiers grands peintres français à exposer régulièrement aux États-Unis, où il rencontre un vif succès, et où se trouvent aujourd'hui nombre de ses toiles. Il est l'un des fondateurs du courant « réaliste », qu'illustrera par exemple au 20e siècle l'américain  Edward Hopper.
Fortuné, il n'a pas besoin de vendre ses toiles pour vivre, si bien que ses descendants possèdent encore près de 70 % de ses œuvres. À sa mort, Martial et Auguste Renoir son exécuteur testamentaire, prennent les dispositions pour que l’État accepte le legs de ses tableaux impressionnistes.
Les historiens d'art qualifient volontiers cet artiste « d’original et audacieux ». Sa technique ne l'est pas moins assez proche de l'art photographique, mais, par de puissants effets de perspectives tronquées, les distances et les premiers plans sont écrasés et l'horizon absent, d'où la perception instable et plongeante (Caillebotte invente la vue en plongée dans la peinture). Les effets de vue plongeante s'imposent dans son art à travers les personnages au balcon et ses vues en surplomb des rues et des boulevards. 
Dans ses natures mortes saisies souvent dans des cadrages et sous des angles inhabituels, il s'intéresse surtout à l'aspect préparé et alimentaire. Il affectionne les natures mortes à l'étalage dont il croque le plan sur les marchés, dans les restaurants, ou dans les boutiques et qu'il retravaille entièrement dans son atelier, car contrairement aux impressionnistes qui peignent en plein air, Caillebotte retravaille toutes ses esquisses à l'atelier.

jeudi 3 juillet 2014

Emile Schuffenecker (1851-1934)



Emile Schuffenecker (1851-1934)
Nature morte avec une coupe de fruits (1886) 

Kröller-Müller Museum Otterlo.

Claude-Émile Schuffenecker, dit Émile Schuffenecker,  est un peintre postimpressionniste très peu connu du public en général.   Très grand ami de  Paul Gaughin tout au long de sa vie, Schuffenecker, le rencontre pour la première fois alors qu'il a 21ans. Les deux hommes étudient  et copient ensemble les tableaux des grands  maîtres au musée du Louvre et travaille à l'Académie Colarossi à Paris.
Vers 1880,  il décide comme Gaughin de se lancer dans la carrière  d'artiste peintre.et il commence à enseigner le dessin au Lycée Michelet à Vanves.  Schuffenecker donne une lettre de recommandation au peintre Émile Bernard pour l'introduire auprès de Gauguin et de cette rencontre qui a  a lieu en 1886  naitra l'École de Pont-Aven.  Émile Schuffenecker en est un disciple appliqué et certains de ses tableaux sont très typiques (voir même caricaturaux) du style de Pont Aven. 
Par la suite on a parfois soupçonné Schuffenecker d'utiliser ces taletns de copistes à des faux (Van Gogh notamment) 
Dans les années 1920, il fréquente à la Ruche le peintre fauve Victor Dupont, qui l'appelle de manière affectueuse Schuff le Rouge,  à cause de ses sympathies anarchistes.
En 1888, Paul Gauguin lui écrit  : « Un conseil, ne copiez pas trop d'après nature, l'art est une abstraction, tirez-la de la nature en rêvant devant, et pensez plus à la création qu'au résultat. C'est le seul moyen de monter vers Dieu en faisant comme notre divin Maître, créer. »

mercredi 2 juillet 2014

Lucian Freud (1922-2011) - Still-life with quinces

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Lucian Freud (1922-2011)
Still-life with quinces (1982)

Petit fils de Sigmund Freud, le peintre britannique Lucian Freud est considéré comme un des peintres figuratifs les plus importants du 20e siècle et l'un des plus exemplaires grâce à un style à la fois réaliste, acéré et presque caricatural. Surtout connu pour ses portraits, dont celui de la reine Elizabeth II, il a peint aussi quelques nature mortes en soulevant le défi d'être à la fois d'un absolu modernisme et d'un grand classicisme.

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Tamara de Lempicka (1898-1980) - Still Life with SeaShells


Tamara De Lempicka 
Still Life with Seashells, 1949
Private owner 

 Que voit on ?  Une nature avec coquillage qui s'inspire beaucoup du coquillage d'Odilon Redon dont Tamara de Lempicka accentue encore ici la symbolique sexuelle. Les perles, la nacre, la branche de corail  et le verre vide posé sur une pièce de soie imprimée et chatoyante ajoute à l'hyper féminité de cette  composition

Rappel biographique : Tamara de Lempicka est une peintre polonaise représentative du mouvement Art déco. Fille de Boris Gorski, juif russe, et d'une mère polonaise, son enfance se passe dans un milieu aisé et cultivé entre Saint-Pétersbourg, Varsovie, Lausanne et Paris. En 1920, à l'Académie Ranson à Paris, elle reçoit l'enseignement de Maurice Denis et à l'Académie de la Grande Chaumière celui d'André Lhote. C'est là qu'elle forge petit à petit son style qui, dans une synthèse de l'art maniériste de la Renaissance et du néo-cubisme, va correspondre parfaitement à la mode de son temps. L'envol de sa carrière coïncide avec sa première exposition personnelle à Milan en 1925. En France, elle participe pleinement à la vie artistique et mondaine parisienne où elle rencontre André Gide, Suzy Solidor, de riches industriels, des princes russes émigrés, etc. En 1928, elle installe sa maison-atelier au no 7 de la rue Méchain, dans le 14e arrondissement, conçue par Robert Mallet-Stevens. A partir de 1929,  elle expose simultanément en Pologne (médaille de bronze à l'exposition internationale de Poznan), à Paris (dans quatre salons et à la galerie Colette Weil) et aux États-Unis (Carnegie Institute de Pittsburgh).
Tamara de Lempicka occupe une place à part dans l'art du 20e siècle : malgré une production modeste (à peine 150 tableaux dans sa meilleure période, qu'on situe entre 1925 et 1935), ses œuvres évoquent et reflètent le style et la mode des années folles de l'entre-deux-guerres. Avec une stylisation néo-cubiste, ses œuvres, principalement des portraits, se caractérisent par un modelé accentué, des couleurs vives mais dans une gamme restreinte, mises en valeur par des fonds gris ou noirs. La composition très resserrée s'inspire du cadrage cinématographique. Bien que la nature morte ne soit pas sa spécialité, elle en a peint une vingtaine.

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